Oh les filles, oh les filles…

Parce que je ne suis pas insensible aux chansons d’Alain Souchon, le dernier film d’Audrey Dana me semblait avoir un certain attrait… Du coup, je me retrouve dans une salle sur le coup de 14h en… compagnie exclusive -j’ai vérifié!- de spectatrices. Drôle d’impression. En décidant de faire le portrait de la femme d’aujourd’hui, Audrey Dana exclurait donc l’autre moitié cinématographique de l’humanité? On n’ose le croire…

Si on ose dire, Sous les jupes des filles nous plonge d’entrée dans le vif du sujet avec Jo (Audrey Dana) qui broie du noir parce qu’elle est en « phase descendante ». Quoi? Oui, la pauvre Jo, qui porte pourtant un tee-shirt rouge « Modern Love », a ses règles et ça lui met le moral dans les chaussettes. Mais de là, pourtant, à achever cette première séquence par la pose d’un tampon hygiénique, ça met de suite la barre à un certain niveau.

 

On a compris qu’Audrey Dana a décidé de mettre les points sur les i lorsqu’il est question de cycle hormonal, d’adultère, de solitude ou de puissante envie de baiser. J’utilise le mot puisqu’il revient volontiers dans Sous les jupes des filles. Qui devient assez rapidement (et inévitablement vu le grand nombre de personnages) un catalogue d’archétypes féminins. Voici l’executive woman au taux de testostérone trop élevé, la gentille épouse qui découvre que le couple n’est pas une affaire de bisounours, la mère de famille surmenée qui goûte avec délices aux plaisirs saphiques ou encore la fille parfaitement libérée qui cache à toutes ses copines qu’elle n’a jamais connu l’orgasme.

Rendons justice à Audrey Dana, son film ne manque pas d’énergie mais on y empile quand même pas mal de clichés. La scénariste du film explique que lorsque les hommes écrivent sur les femmes, celles-ci sont soit hystériques, soit d’une noblesse infinie. Alors, ici, on veut les femmes joyeuses, explosives, insolentes, inattendues, complexes, jalouses… Normales en somme. D’où vient alors cette impression d’avoir, sur l’écran, une galerie de personnages qui, justement, accumulent les poncifs. Et ce ne sont pas des dialogues à l’emporte-pièce qui y changeront quelque chose. Lorsqu’un personnage s’enquiert auprès de son prochain partenaire de son goût pour « le doigt dans le c… », on se sent un peu chose. Et on observe qu’une dame et une petite fille quittent la salle.

Reste alors que Sous les jupes des filles se présente aussi un catalogue de (presque) toutes les comédiennes françaises trentenaires et quarantenaires. Toutes clairement jouent sans retenue

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Audrey Dana, réalisatrice et interprète du personnage de Jo.
Photo Luc Roux

la partition imaginée par Audrey Dana pour cerner cet « être paradoxal, totalement déboussolé mais définitivement vivant » qu’est la Femme. Dans cette bande de filles, on a un petit faible pour Julie Ferrier qui apporte à sa Fanny un vrai grain de folie et pour une Alice Taglioni rayonnante. Quant à Isabelle Adjani qui fait ici figure de doyenne, elle distille, tout en masquant autant que faire se peut ses formes, un charme nostalgique. Celui d’une femme qui ne voudrait jamais vieillir. Ce qui amène à penser que les femmes sont là-dessus un peu comme les hommes.

SOUS LES JUPES DES FILLES Comédie (France – 1h58) de et avec Audrey Dana et Isabelle Adjani, Alice Belaïdi, Laetitia Casta, Julie Ferrier, Audrey Fleurot, Marina Hands, Géraldine Nakache, Vanessa Paradis, Alice Taglioni, Sylvie Testud

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