BOROWCZYK – L’ESSENTIEL

AAAABorowczykOn connaît, chez Carlotta, la belle collection Coffret Ultra Collector qui a déjà mis Cimino, Penn, De Palma ou Schatzberg à l’honneur … Cette bonne maison sort, à l’occasion de la rétrospective consacrée à « Boro » au Centre Pompidou (24 février au 19 mars), un superbe coffret qui propose l’essentiel de l’oeuvre avant-gardiste et sulfureuse de Walerian Borowczyk, cinéaste et plasticien polonais dont André Breton, pape du surréalisme, disait qu’il avait « l’imagination fulgurante ». Dans cet ensemble qui ne peut que ravir le cinéphile, on trouve d’abord une sélection de longs-métrages (restaurés) du maître de l’érotisme poétique.
Subtil et cruel, Goto, l’île d’amour (1968) est une réflexion sur les dérives totalitaires. Blanche (1971) plonge dans la France médiévale et transforme un mélo amoureux en fresque étrange. Contes immoraux (1974), succession de quatre épisodes autour de tabous (on y découvre le jeune Fabrice Luchini prônant le plaisir masturbatoire), fut un immense succès à sa sortie en France. Histoire d’un péché (1975) est l’unique film de fiction polonais de « Boro » et, autour de l’amour passionné de la belle Ewa, une mise en cause de l’hypocrisie de l’église catholique… Avec La bête (1975), considéré comme l’un de films les plus scandaleux du cinéaste, celui-ci se laisse aller à une comédie noire qui défie le « bon goût » en chantant une sexualité totalement débridée. Enfin Dr Jekyll et les femmes (1981) est une variation sensuelle et fantastique sur le roman de Stevenson…
Né près de Poznan en 1923 et mort au Vésinet en 2006, l’inclassable Walerian Borowczyk s’empara, au milieu des années 70 et en profitant de la fin de la censure en France, de l’érotisme comme élément fondamental de son cinéma pour traiter des instincts humains, de l’amour, du rapport à l’ordre établi et des sentiments des femmes. Des femmes qui, dans l’oeuvre de « Boro » sont soit « des victimes, soit des libératrices qui ouvrent des espaces à la force de leur curiosité ou de leur désir »… Et puis, au-delà des longs-métrages, ce coffret collector (8 DVD + 3 Blu-ray) réunit, pour la première fois, une douzaine de courts-métrages (1959-1984) ainsi que le remarquable film d’animation Le théâtre de Monsieur et Madame Kabal… On est frappé in fine par le nombre impressionnant de suppléments.
On y évoque, par exemple, l’importance des décors et des objets dans les films (la comédienne Grazyna Dlugolecka affirme méchamment que, chez « Boro », les acteurs ne sont que des éléments de décor!), la part de la musique classique, on y mesure, dans Jouet joyeux (1979), la passion du cinéaste pour les précurseurs du 7e art et notamment Emile Reynaud et son Praxinoscope. Et puis, Noël Véry, chef-opérateur attitré du cinéaste, commente de très rares images de Borowczyk au travail sur le tournage de La bête où il fait montre d’une précision maniaque dans la direction d’acteurs. Pour faire bonne mesure, le coffret contient aussi deux livres dont le Dico de Boro !

(Carlotta)

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