PROPRIETE PRIVEE

AAAOatesDans une station-service de la Pacific Coast Highway, deux marginaux, Duke et Boots, remarquent une élégante femme blonde dans une belle auto blanche. Ils vont la suivre jusque chez elle, une villa cossue des beaux quartiers de Los Angeles. La maison voisine étant inoccupée, Duke et Boots décident de s’y installer incognito pour épier la belle Ann… Ils constatent qu’Ann passe ses journées au bord de sa piscine à attendre le retour de son mari. Duke a un plan: proposer ses services en tant que jardinier pour pouvoir approcher l’épouse esseulée (la blonde Kate Manx, épouse du réalisateur). Avec Propriété privée, Leslie Stevens signe, en 1960, son premier long-métrage et donne un thriller en noir et blanc très efficace. On avait longtemps cru le film perdu mais une copie a été redécouverte par l’Université de Californie à Los Angeles et restaurée. Elle permet de découvrir un film noir qui glisse inexorablement de la sensualité à la violence.
Protégé d’Orson Welles et futur créateur de la série de science-fiction Au-delà du réel, Stevens réussit une mise en scène nerveuse aux cadrages sophistiqués pour une rude critique de la superficialité du rêve américain à l’ère Playboy. On songe souvent à Hitchcock mais aussi au Brian de Palma de Body Double. Enfin ce pervers jeu du chat et la souris est remarquablement servi par les deux comédiens qui incarnent des vagabonds inquiétants et dangereux. Dans le rôle de Boots, le suiveur impuissant, Warren Oates décroche l’un de ses premiers vrais rôles. Mais c’est Corey Allen, un Duke brutal et manipulateur, qui en impose dans ce film voyeuriste dont l’érotisme et la dimension homosexuelle de la relation Boots/Duke avaient fait scandale au moment de sa sortie en salles aux Etats-Unis… Dans les bonus de ce dvd bien restauré, Alexander Singer, photographe de plateau et conseiller technique sur le film, livre de précieuses indications sur la manière de filmer de Leslie Stevens.

(Carlotta)

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