Juste une image…

 

Monte_cristo
Alexandre Dumas est décidément un auteur en vogue… dans le cinéma français contemporain ! Après le succès des deux volets du film Les trois mousquetaires, le « Alexandre Dumas Cinematic Universe » continue de s’épanouir sur le grand écran.
Déjà scénaristes de D’Artagnan et Milady dans la mise en scène de Martin Bourboulon, Alexandre De La Patellière et Matthieu Delaporte enfilent, à leur tour, la casquette de réalisateurs pour diriger une distribution haut de gamme pour leur adaptation du Comte de Monte-Cristo. Pierre Niney tiendra le rôle-titre et donnera la réplique à Bastien Bouillon, Anaïs Demoustier, Anamaria Vartolomei, Laurent Lafitte et l’Italien Pierfrancesco Favino.
Les réalisateurs présentent le roman originel comme « un véritable mythe qui permet de traverser plusieurs genres du cinéma : l’aventure, le thriller, sur fond d’une très grande histoire d’amour » tandis que Ardavan Safaee, le président de Pathé Films, jette un pont entre cette histoire et les super-héros actuels en précisant : « Le Comte de Monte-Cristo, il faut le dire, est l’histoire originale d’un vengeur masqué, une histoire de trahison et de rédemption impossible. »
Le Comte de Monte-Cristo est un roman d’Alexandre Dumas, écrit avec la collaboration d’Auguste Maquet et dont la publication commence durant l’été 1844. Il est partiellement inspiré du récit d’un fait divers, Le Diamant et la Vengeance, publié en 1838 dans les Mémoires tirés des archives de la police, mémoires apocryphes rédigés en large partie par l’écrivain Étienne-Léon de Lamothe-Langon à partir des notes de Jacques Peuchet, archiviste de la Préfecture de police.
Au début du règne de Louis XVIII, le 24 février 1815, alors que Napoléon se prépare à quitter l’île d’Elbe pour les Cents Jours, Edmond Dantès, jeune marin de 19 ans et second du navire Le Pharaon, débarque à Marseille pour, le lendemain, épouser la belle Catalane Mercedes. Trahi par des « amis » jaloux, il est dénoncé comme conspirateur bonapartiste et incarcéré.
Après quatorze années de captivité au château d’If, d’abord réduit à la solitude et au désespoir puis régénéré et instruit en secret par l’abbé Faria, un compagnon de captivité qui lui donne une carte avec l’emplacement d’un trésor, Dantès parvient à s’évader et à prendre possession du trésor caché sur l’île de Montecristo. Désormais immensément riche et puissant, il se fait passer pour divers personnages, dont le comte de Monte-Cristo. Il entreprend de garantir le bonheur et la liberté aux rares qui lui sont restés fidèles et de se venger méthodiquement de ceux qui l’ont accusé à tort et fait emprisonner.
Avec Les trois mousquetaires, Le Comte de Monte-Cristo est sans doute l’oeuvre la plus célèbre de Dumas. Les deux romans ont donné lieu à de multiples adaptations à l’écran. Dès 1908, le cinéma américain s’empare, avec un film muet de Francis Boggs et Thomas Persons, des aventures de Dantès et les productions vont s’enchaîner sans relâche…
Initialement prévu pour le mois de décembre, Le Comte de Monte-Cristo sortira finalement avec six mois d’avance, le 26 juin prochain. En plein Euro de foot ! Un pari audacieux et qui, on peut l’espérer, s’avérera payant pour cette production à 43 millions d’euros.

© Photo DR

La critique de film

L’Amérique à feu et à sang  

Le président américain (Nick Offerman) s'adresse à la nation. DR

Le président américain (Nick Offerman)
s’adresse à la nation. DR

Alors que le président en exercice semble singulièrement yoyoter de la touffe et que son adversaire à la présidence se débat, devant la justice, avec une moche affaire de fesses tout en n’étant dans une forme physique parfaite, ce n’est cependant pas Biden ou Trump qui apparaît sur l’écran noire de nos nuits blanches dans Civil War. Devant la bannière étoilée, au coeur de la Maison blanche, c’est un président américain grave qui s’adresse à la nation : « Nous sommes plus proches que jamais de la victoire… »
Il a beau achever son intervention par le fameux God bless America, dans les rues des villes, dans les campagnes, dans les zones commerciales, l’émeute est totale, les combats entre les forces fidèles au gouvernement et les troupes sécessionnistes de l’Armée de l’Ouest soutenue notamment par l’Alliance de Floride et les maoïstes de Portland, font des milliers de morts…
Avec Civil War, Alex Garland nous plonge au coeur d’une guerre qui touche directement l’Amérique sur son terrain. Tout y est : les frappes aériennes, les cibles civiles, les dommages collatéraux. « Toute nation engagée dans un conflit, dit le cinéaste, est confrontée aux mêmes problèmes. Qu’il s’agisse d’une guerre civile ou d’une guerre avec un pays voisin, la réalité de la guerre reste la même. »
Cette réalité-là, on va la vivre en suivant une poignée de journalistes qui couvrent au plus près l’événement. Tout commence dans les rues de Brooklyn à feu et à sang alors que la police tente de disperser des manifestants qui scandent : « On veut de l’eau ! » Les reporters sont là, qui tapent des photos tous azimuts. Les coups, les panaches de fumée qui s’élèvent, les cadavres qui jonchent le sol, les flaques de sang. Au milieu de ce chaos urbain, la jeune Jessie Cullen, photographe débutante, reconnaît Lee Smith, photo-reporter chevronnée et lui dit : « Vous êtes mon héroïne… En plus, vous portez le même prénom que la grande Lee Miller ! » Lee Smith aura juste le temps de sauver Jessie d’un attentat suicide…

Lee Smith (Kirsten Dunst), une photo-reporter chevronnée. DR

Lee Smith (Kirsten Dunst),
une photo-reporter chevronnée. DR

Lee et son collègue Joel ont le projet de se rendre à Washington pour interviewer un président qui n’a plus parlé à la presse depuis des mois. Malgré l’opposition de Lee, Joel invite Jessie à se joindre à eux. Dans la grosse voiture blindée blanche estampillée PRESS, va aussi s’installer Sammy, un vétéran du métier qui n’arrive pas à décrocher. Commence alors un long périple à travers un pays en guerre.
Le Britannique Alex Garland n’est pas un inconnu sur la planète cinéma, loin s’en faut. Il fut le scénariste de Danny Boyle pour La plage (2000), 28 jours plus tard (2002) et Sunshine (2007) avant de se faire remarquer, comme réalisateur, dans le registre de la SF, notamment avec Ex machina (2014) puis dans l’horreur psychologique avec Men (2022). Ici, il choisit de s’installer dans un futur proche pour imaginer ce que pourrait être une Amérique en proie à une guerre civile qui embrase tout le pays et où chacun lutte pour sa survie alors que le gouvernement est devenu une dictature dystopique et que les milices extrémistes partisanes se livrent à la pire violence.
Si le point de départ de Civil War relève de la science-fiction, Alex Garland réussit à rendre terriblement angoissante et réaliste des situations où le drame et la mort sont omniprésents. Au volant de leur véhicule, les journalistes ont donc pris la route. Prendre de l’essence à une station-service devient une épopée. Parce que des types armés jusqu’aux dents veillent sur les pompes, que les reporters sont évidemment des « étrangers » suspects. En s’éloignant à peine, Jessie découvre deux pillards en piteux état pendus à une station de lavage et surveillés par un jeune homme armé. Il faudra tout le métier de Lee Smith pour permettre à Jessie de se sortir de ce guêpier.

Jessie (Cailee Spaeny), une journaliste en devenir. DR

Jessie (Cailee Spaeny),
une journaliste en devenir. DR

Au fil d’une expédition constamment périlleuse, Lee et Jessie auront le temps de partager. En rendant, à travers un plan de Lee dans une baignoire, un évident hommage à la grande Lee Miller, elle aussi photographiée (par David Sherman de Life) en 1945 dans la baignoire d’Hitler à Berlin, le cinéaste évoque les questionnements d’une reporter de guerre réputée qui lâche : « On témoigne pour que les autres se posent les questions » tout en étant hantée par de terribles images des conflits couverts au fil des ans sur la planète et désormais au coeur même de son propre pays. Dans une approche évidemment romanesque d’initiation et de passage de relais, Lee transmet à Jessie les trucs du métier : « Dors dès que tu en as l’occasion », « N’oublie pas de manger » ou « Si tu veux aller sur le front, tu penseras à prendre un casque et une tenue en kevlar ».
D’haletantes péripéties, où l’absurde le dispute au monstrueux sans que le film explique le pourquoi de cette guerre civile, se succèdent sans discontinuer comme ce combat de snipers dans un parc d’attraction à l’abandon ou cette découverte d’un charnier digne de la Shoah. Joel et Jessie seront à deux doigts d’y laisser leur peau. D’autres confrères n’auront pas cette chance. Jessie résumera le terrible paradoxe du reporter de guerre : « J’ai eu peur comme jamais mais je ne me suis jamais senti aussi vivante ».

Sammy (Stephen McKinley Henderson), un vétéran de la presse. DR

Sammy (Stephen McKinley Henderson),
un vétéran de la presse. DR

Avec des musiques remarquables (notamment Dream Baby Dream et Rocket USA du groupe Suicide ou encore le beau Breakers Roar de Sturgill Simpson), Civil War se vit comme un cauchemar éveillé où la mort rôde, omniprésente. L’excellente Kristen Dunst incarne un Lee Smith au bout du rouleau et rongée par un mal existentiel face à Cailee Spaeny découverte dans le récent Priscilla de Sofia Coppola où elle incarnait l’épouse du King, en jeune professionnelle prometteuse.
Lorsque Lee, Joel et Jessie arriveront à Washington, le chaos est total. La Maison blanche est dévastée. Les troupes avancent dans les lieux désertés. Une agente des services secrets tente bien de négocier une sortie pour le président. Dans le bureau ovale, l’homme est à terre. Joel retient les soldats pour obtenir quelques mots du président. « Ne les laissez pas me tuer ! » Joel : « Ca fera l’affaire ». Jessie peut shooter la photo de l’exécution sommaire. Au générique de fin, une photo en développement de soldats souriants posant avec le cadavre du président apparaît.
On a froid dans l’échine pendant un bon moment après avoir vu Civil War !

CIVIL WAR Drame (USA – 1h49) d’Alex Garland avec Kirsten Dunst, Wagner Moura, Cailee Spaeny, Stephen McKinley Henderson, Sonoya Mizuno, Nick Offerman, Jesse Plemons, Nelson Lee, Evan Lai, Karl Glusman. Dans les salles le 17 avril.
Civil War

Laisser une réponse