LA FAVORITE, LE GRAND BORIS ET L’ENARQUE EN PERIL 
JEANNE DU BARRY
Jeune femme d’origine modeste, Jeanne Gomard de Vaubernier cherche à s’élever socialement en utilisant ses charmes. Son mari, le comte Du Barry, qui s’enrichit largement grâce aux galanteries lucratives de Jeanne, la présente au Roi, avec l’aide du duc de Richelieu. Le Roi s’éprend de sa nouvelle conquête et décide d’en faire sa favorite officielle. Tout commence en 2006 lorsque Maïwenn va voir au cinéma le Marie-Antoinette de Sofia Coppola. La cinéaste est fascinée chaque fois que le personnage de Jeanne campée par Asia Argento paraît sur l’écran. Maïwenn tombe amoureuse de Jeanne et de l’époque. Une grosse biographie la renseigne. Le désir de faire un film sur elle est immédiat. Il sera contrarié pendant dix ans par un sentiment d’illégitimité de la part de la réalisatrice. Elle met en scène Le bal des actrices (2009), Polisse (2011), Mon roi (2015) et ADN (2020). À chaque fois qu’elle achève un film, elle revient à la biographie de Jeanne du Barry mais sans jamais parvenir à triompher de son complexe d’infériorité. C’est désormais fait. Et avec quelle exposition ! L’ouverture de Cannes. Avec Jeanne du Barry, la cinéaste se frotte à un genre fortement codifié, celui du film historique. Si elle transforme l’essai en matière de beauté des images, elle n’innove en rien. Mais Maïwenn ne cherche pas du tout à brosser un tableau de la vie à la Cour de Louis XV. Ce qui l’intéresse -et elle a le mérite de s’y tenir de bout en bout- c’est le parcours d’une femme qui s’élève jusqu’au sommet du pouvoir royal tout en courant inexorablement à sa perte. On comprend aisément que Maïwenn ait été sensible à une trajectoire sulfureuse, à une existence liée à jamais au scandale, celui du corps prostitué, de la sexualité chèrement tarifée. Il y a là, à l’évidence, une riche matière romanesque. Plus qu’un créature du scandale, la cinéaste humanise « une femme qui a dû sans cesse faire montre de volonté, de courage et d’ambition. En un siècle où les femmes ne peuvent accéder au pouvoir politique, le lit du roi est le lieu de passage obligé pour connaître une telle élévation sociale. Satisfaire les sens du souverain, ne serait- ce que pour un temps, garantit à une jeune femme d’être à l’abri du besoin et ce pour le reste de ses jours. » Evidemment surprenant en roi de France, Johnny Depp s’empare, avec une force grave, de Louis XV. Avec forcément dans son esprit une vision du féminisme moderne, Maïwenn incarne, avec une grâce à la fois carnassière et contemporaine, une libertine décidée à atteindre les sommets en méprisant les railleries et les coups bas. A leur côté, Benjamin Lavernhe tire magnifiquement son épingle du jeu en campant La Borde, le valet du roi, qui, finalement, veillera, avec le plus de sollicitude, voire de tendresse, sur Jeanne… (Le Pacte)
LA CIBLE
Célèbre acteur de films d’épouvante, Byron Orlok a décidé de mettre un terme à sa carrière. Sa dernière apparition publique aura lieu le lendemain dans un vaste drive-in où il présentera son dernier film. Ce jour-là, Bobby Thompson, ancien du Vietnam fasciné par les armes à feu, abat de sang froid sa mère et sa femme. Bien décidé à ne pas s’arrêter là, le type monte sur une haute cuve d’hydrocarbures d’où il fait feu sur les voitures qui passent sur l’autoroute voisine avant de poursuivre sa route, jalonnée de cadavres, jusqu’au drive-in… Après avoir débuté comme acteur dans le mythique Les Anges sauvages (1966) de Roger Corman, Peter Bogdanovich passe à la réalisation avec un premier long-métrage (réalisé sous le patronage de Roger Corman) où il livre une réflexion glaçante sur la violence ordinaire. Construit sous forme d’intrigues parallèles, La cible confronte deux formes de terreur : l’une fictive, à travers l’évolution du cinéma d’épouvante, et l’autre bien réelle – l’essor des tueurs de masse et le culte des armes à feu. Car le cinéaste (1939-2022) qui est aussi un cinéphile averti et un critique renommé, propose un subtil de jeu de miroir cinéphilique. Le film s’ouvre d’ailleurs sur les ultimes images de L’halluciné (1963) dans lequel Roger Corman mettait en scène Boris Karloff dans le rôle du baron von Leppe, obsédé par le fantôme de son épouse… C’est le même Karloff, illustre interprète du monstre dans Frankenstein (1931), qui incarne Orlok dans son ultime apparition au grand écran. Targets (en v.o.) sort pour la première fois (en dvd et Blu-ray) dans une restauration 2K effectuée à partir d’un scan 4K et supervisée par Peter Bogdanovich. Dans les suppléments, on trouve notamment une introduction de Bogdanovich (14 mn) réalisée par Laurent Bouzereau où il évoque sa rencontre avec Roger Corman, la genèse du film, et comment le tristement célèbre tueur en série Charles Whitman lui a inspiré certaines scènes clés. Enfin Jean-Baptiste Thoret, dans un entretien inédit, éclaire la trajectoire du cinéaste et de son film : « Le cinéma dans La cible permet de guérir momentanément un drame survenu dans la vie. Il fait de la cinéphilie un mode de vie, une philosophie. » (Carlotta)
DE GRANDES ESPERANCES
Sur une plage de Corse, Madeleine Pastor prend le soleil d’été. Mais elle attend les résultats du concours de l’ENA. Le même soir, elle croise, dans une réception, une ancienne ministre de gauche qui estime : « Je suis persuadée que l’homme ou la femme politique avec un vrai discours écologiste et féministe sera le prochain président… ou la prochaine présidente ». Las, sur une petite route déserte de l’île, une camionnette n’avance pas vite. Coup de klaxon, dépassement brusque, doigt d’honneur… Le drame guette. Avec De grandes espérances, Sylvain Desclous développe une réflexion politique, au travers du thriller, en dessinant le portrait d’une jeune femme brillante et idéaliste. Madeleine sort de Sciences-Po. Sa mère est morte tôt et elle s’est affranchie de ses origines modestes. Elle a perdu le contact avec son père. Avec le sémillant Antoine qui, lui aussi, prépare l’ENA, elle forme un couple promis à un bel avenir du côté des hautes sphères du pouvoir. L’altercation mortelle va précipiter Antoine (Benjamin Laverhne) et Madeleine dans un vertigineux tourbillon de secrets et de mensonges ! Peut-on changer le monde si on a les mains sales ? Le cinéaste pose ici un regard quelque peu acéré sur la gauche et notamment sur le Parti socialiste, cette grande famille dysfonctionnelle, aujourd’hui noyée dans la Nupes. L’excellente Rebecca Marder ajoute, ici, une nouvelle corde à son arc avec sa Madeleine offensive et troublée. Ni sainte, ni arriviste, elle se bat autant contre le déterminisme social que contre les préjugés de classe et n’hésite pas pour cela à rendre coup pour coup et parfois plus. Un vrai thriller où il est question d’économie sociale et solidaire et de retraite à taux plein, il fallait le faire ! Et c’est très bien fait. (The Jokers)
SUR L’ADAMANT
Centre de Jour unique en son genre, L’Adamant est un bâtiment flottant. Édifié sur la Seine, en plein cœur de Paris, il accueille des adultes souffrant de troubles psychiques, leur offrant un cadre de soins qui les structure dans le temps et l’espace, les aidant à renouer avec le monde. L’équipe qui l’anime est de celles qui tentent de résister autant qu’elles peuvent au délabrement et à la déshumanisation de la psychiatrie… Dans un lieu hors du commun, presque utopique, où la psychiatrie est menée différemment et où l’on soigne par la parole, l’écoute, l’échange et l’expression artistique, Nicolas Philibert a posé sa caméra discrète pour, avec son regard bienveillant, poser des questions aussi essentielles que: Qu’est-ce que la normalité, qu’est-ce que la folie? Le réalisateur-documentariste (il a signé Etre et avoir, prix Louis Delluc 2002) donne, ici, le premier opus d’une trilogie sur la psychiatrie et interroge sur les frontières entre la maladie et la normalité voulue par notre société, le tout avec une galerie de portraits magnifiques, de visages inoubliables et de personnalités attachantes. Véritable leçon d’humanité et de dignité, Sur l’Adamant, film juste et sensible qui tente de déjouer les clichés et les préjugés sur la folie, a été récompensé de l’Ours d’or 2023, le prix suprême du Festival international du film de Berlin. Dans les suppléments, on trouve un entretien avec Nicolas Philibert (23 min) et Nicolas Philibert, hasard et nécessité (1h30) réalisé en 2019 par Jean-Louis Comolli. (Blaq Out)
BATMAN CONTRE LE FANTÔME MASQUÉ
Quand Andrea Beaumont, une ancienne connaissance de Bruce Wayne, revient dans sa vie, celui-ci se demande s’il ne serait pas tant d’arrêter de défendre Gotham et de raccrocher le costume de Batman. Mais cette remise en question est de courte durée lorsque l’un des parrains de la pègre est assassiné et que Batman se retrouve accusé. Le Chevalier Noir va alors tenter de rétablir la vérité et découvrir un nouvel ennemi masqué : le Fantôme Masqué. Pour le 30e anniversaire du film, le voici pour la première fois en Steelbook 4K UHD ! Inspirée des plus grands films noirs, cette version remasterisée a été réalisée à partir du négatif original de 1993 et respecte le grain du film de l’époque. Le film s’inscrit directement dans la lignée de la série culte des années 90 Batman, La série animée, par son style d’animation, ses thèmes, y compris par ses voix. En effet, Batman est également doublé par Richard Darbois, voix emblématique et inimitable de Batman dans la série. Quand le chevalier noir doit sauver Gotham d’une nouvelle menace… (Warner)
L’HOMME A LA PEAU DE SERPENT
Vagabond et guitariste bohème, Val Xavier quitte La Nouvelle-Orléans, où il a des ennuis avec la justice, et s’installe dans une petite localité du Mississippi avec la ferme intention de se racheter une conduite. Il est embauché par Lady Torrance, la patronne d’un commerce. C’est une femme nettement plus âgée que lui, aigrie par son mariage malheureux avec Jab, un homme qui, souffrant, ne quitte pratiquement plus le lit. Celle-ci (Anna Magnani) tombe bientôt sous le charme du nouveau venu qui ne laisse pas non plus indifférentes Vee (Maureen Stapelton), l’épouse du shérif et Carol (Joanne Woodward), une jeune femme alcoolique et nymphomane… Révélé en 1957 par son premier long-métrage, Douze hommes en colère, Sidney Lumet hérite du titre de « maître du polar juridique ». Mais on ne saurait réduire le cinéaste à cette étiquette même s’il est encore question d’un vagabond musicien en délicatesse avec la loi. En 1960, pour son quatrième long-métrage, il adapte La descente d’Orphée de Tennessee Williams (qui co-écrit le scénario) et offre à Marlon Brando l’un de ces personnages où s’expriment son charisme, son magnétisme et une présence hors normes. Le tout dans l’atmosphère moite et étouffante du Sud américain qui est souvent la marque de fabrique du dramaturge. La photographie noir et blanc de Boris Kaufman, déjà directeur de la photo pour Douze hommes en colère, est superbe. (Sidonis Calysta)
MASSACRE A LA TRONCONNEUSE
Au fin fond du Texas, des habitants font une découverte macabre : leur cimetière vient d’être profané et les cadavres exposés sous forme de trophées. Pendant ce temps, cinq amis traversent la région à bord d’un van. Ils croisent en chemin la route d’un autostoppeur et décident de le prendre à bord. Mais lorsque les jeunes gens s’aperçoivent que l’individu a un comportement inquiétant et menaçant, ils finissent par s’en débarrasser. Bientôt à court d’essence, le groupe décide de se rendre dans une vieille bâtisse abandonnée, appartenant aux grands-parents de deux d’entre eux. Chacun leur tour, les cinq amis vont être attirés par la maison voisine. La rencontre avec ses étranges habitants va leur être fatale… Dans le générique, un propos (« Le film que vous allez voir relate la tragédie que vécut un groupe de cinq jeunes gens, en particulier Sally Hardesty et son frère invalide Franklin […] » suggère -faussement- que Massacre… est basé sur des événements réels. Gros succès dans les salles à sa sortie en 1974 et ayant acquis un statut de film-culte, l’oeuvre de Tobe Hooper est l’un des plus terrifiants chocs du grand écran. Près de 50 ans après sa sortie, Massacre…, film de toutes les expérimentations et de tous les excès, dénonçant à la fois la famille traditionnelle américaine, le « capitalisme cannibale » et les mensonges répétés du gouvernement face à la débâcle de la guerre du Vietnam, est depuis toujours considéré comme l’œuvre la plus terrifiante de tous les temps. Le film (coffret 2 disques) sort pour la première fois en France en 4K Ultra HD. Dans les suppléments, on trouve une abondance de pépites dont L’effroyable vérité (2000 – 73 mn) dans lequel David Gregory décortique le phénomène à travers de nombreuses archives et témoignages, retour sur un tournage particulièrement éprouvant qui, à la surprise générale, mènera à un succès mondial et à l’avènement d’une franchise des plus lucratives. (Carlotta)
LE PRINCIPAL
Sabri Lahlali n’est pas un type à s’en laisser conter. Principal adjoint d’un collège de Mulhouse, il passe pour rigide aux yeux du plus grand nombre mais, sévère mais juste, l »homme ne plaisante ni avec la discipline, ni avec le règlement. Séparé de sa compagne, il s’occupe de son adolescent de fils qui prépare le brevet dans son propre collège. Mais le gamin semble donner des signes de fléchissement dans ses études. Alors, ce fonctionnaire irréprochable va franchir la limite. Largement tourné à Mulhouse, le sobre film de Chad Chenouga (qui évoquait déjà l’institution scolaire dans l’autobiographique De toutes mes forces en 2017) propose l’intéressant portrait d’un homme spartiate qui bafoue absurdement ses principes moraux. Dans le rôle de Sabri, renvoyé soudain à ses origines sociales (son frère est bien toxique), Roschdy Zem (entouré de Yolande Moreau et Marina Hands) est remarquable. (Le Pacte)
WAR PONY
Deux jeunes hommes de la tribu Oglala des Lakotas vivent dans la réserve indienne de Pine Ridge dans le Dakota du Sud. À 23 ans, Bill cherche à joindre les deux bouts en faisant des livraisons ou en élevant des caniches. Il est déterminé à se frayer un chemin pour atteindre le « rêve américain ». Matho, jeune adolescent de 12 ans, est quant à lui impatient de devenir un homme. Cherchant désespérément à obtenir l’assentiment de son jeune père, Matho prend une série de décisions impulsives qui bouleversent sa vie et ne lui permettent pas de faire face aux dures réalités de ce monde. Liés par leur quête d’appartenance à une société qui leur est hostile, Bill et Matho vont tenter tant bien que mal de tracer leur propre voie vers l’âge adulte. Bafoués par l’histoire, malmenés par la société actuelle, les Indiens d’Amérique n’ont jamais eu une vie facile. Le premier film de Gina Gammel et Riley Keough suit le quotidien âpre de deux jeunes natifs américains au sein d’une réserve, dans un récit aux allures de conte, entre perte d’innocence et espoirs déçus. Cette fresque extraordinaire de justesse, montre l’envers du décor, en l’occurrence un visage peu reluisant de l’Amérique. Loin du rêve américain… Une œuvre singulière, vibrante, avec une photographie somptueuse permettant à la beauté et à l’horreur, à la misère et à l’espoir, de coexister dans un même lieu. Présenté dans la section Un certain regard au Festival de Cannes 2022, le film remporte la prestigieuse Caméra d’or qui récompense une première œuvre. (Blaq Out)
CASBAH
Alger. Le truand Pépé le Moko monopolise toute l’attention des forces de police qui attendent qu’il sorte des bas-fonds de la ville pour lui mettre les menottes aux poignets. Un jour, son cœur chavire pour Gaby, une belle touriste parisienne sur le point de se marier avec un homme qu’elle n’aime pas. Une occasion en or pour les autorités de tendre un piège à l’insaississable Pépé. En manipulant celle pour laquelle il en pince et en suscitant la jalousie de son ancienne compagne qui le trahit, la police le pousse à s’aventurer hors de la casbah… « Pépé le Moko, c’est l’installation officielle, dans le cinéma français d’avant-guerre, du romantisme des êtres en marge, de la mythologie de l’échec. C’est de la poésie populiste à fleur de peau : mauvais garçons, filles de joie, alcool, cafard et fleur bleue ». C’est Jacques Siclier qui le dit, rapporté par Claude Beylie dans son ouvrage Les films-clefs du cinéma. Lorsqu’en 1937, Julien Duvivier tourne (dans les studios de Joinville-le-Pont) son Pépé le Moko avec Jean Gabin et Mireille Balin en tête d’affiche, il signe un fleuron du réalisme poétique qui connaîtra un immense succès. Hollywood, évidemment, remarque le film et en fera deux remakes. Le premier en 1938 Algiers de Robert Cromwell avec Charles Boyer et Hedi Lamarr. Le second, dix ans plus, est signé John Berry (qui sera l’une des victimes du maccarthysme) et réunit lui aussi un beau casting avec Yvonne de Carlo, l’une des plus ravageuses brunes du cinéma américain et l’excellent Peter Lorre dans le rôle de Slimane, le policier appliqué à faire tomber Pépé… (Sidonis Calysta)
LA FEMME DE TCHAIKOWSKI
Piotr Ilitch Tchaïkovski, le fameux compositeur vient de mourir à Saint-Petersbourg… Le film s’ouvre sur le visage hanté de sa veuve… Dans un immense flash-back, le film va revenir sur leurs noces funestes. Dans sa biographie, Modeste Tchaïkovski, frère du compositeur, écrit que, suivant les termes mêmes de Piotr, son épouse Antonina « s’est comportée honnêtement et sincèrement », sans vouloir tromper intentionnellement son mari, et elle a été la cause du profond malheur de son mari sans le vouloir, inconsciemment. Quant au compositeur, il s’est également comporté « honnêtement, ouvertement, sans la tromper en rien ». Tous deux, en se mariant, « ont réalisé avec horreur… qu’entre eux il y avait un gouffre d’incompréhension mutuelle, qui jamais ne pourrait se combler, qu’ils s’étaient comportés comme dans un rêve, et qu’ils s’étaient inconsciemment trompés en tout. Une rupture totale était le seul moyen non seulement de retrouver leur bien-être intérieur à tous deux, mais aussi de sauver la vie de Piotr Ilitch ». Dès 2013, le réalisateur Kirill Serebrennikov travaillait sur un projet autour du célèbre compositeur russe. Connu pour des films comme Leto (2018) ou La fièvre de Petrov (2021), le cinéaste russe (volontiers considéré comme un provocateur par les autorités de Moscou) filme la descente aux enfers d’une femme aveuglée par son propre désir masochiste. (Condor)
OPERATION DRAGON
Membre du temple Shaolin, Lee est contacté par la police qui lui demande d’infiltrer un tournoi d’arts martiaux. Ce tournoi se déroule en effet sur une île appartenant à Han, un ancien du temple qui vit désormais du trafic d’opium et de la traite de femmes. Lee doit simplement rapporter des preuves pour que la police puisse l’arrêter. Mais, avant de partir, Lee apprend que ce sont des hommes de main de Han qui, trois ans auparavant, tentèrent de violer sa sœur, qui se suicida pour les en empêcher. Désormais, Lee a des comptes personnels à régler avec Han… Réalisé en 1973 par Robert Clouse, Enter the Dragon (en v.o.) révéla tout à la fois, le film de kung-fu et Bruce Lee sur le marché du cinéma occidental. Avec ses rebondissements, sa bonne photographie et ses scènes de combat à couper le souffle (chorégraphiées par Lee lui-même), Opération Dragon reste l’un des plus emblématiques films d’arts martiaux du cinéma. Avec 4,4 millions d’entrées, c’est aussi le film le plus populaire de Bruce Lee sur les écrans français. Le film est entré dans la légende parce que c’est le dernier du comédien sino-américain avant sa mort le 20 juillet 1973 à l’âge de 32 ans. Dans les suppléments, on trouve notamment La Malédiction du dragon (87‘), Retour sur l‘Île de Han (10‘), Wing Chun : l‘art qui a conduit Bruce Lee au Kung Fu (20‘), Du sang et d‘acier, le making of d‘Opération Dragon (30‘), Bruce Lee avec ses propres mots (19‘) (Warner)
CARMEN
Après le décès de sa mère, Carmen, jeune Mexicaine tente de traverser la frontière et tombe sur une patrouille américaine. Aidan, jeune ex-marine qui est patrouilleur de la frontière, lui sauve la vie en tuant l’un des siens. A jamais liés par cette nuit tragique et désormais poursuivis par les forces de l’ordre, ils font route ensemble vers la Cité des Anges où la tante de Carmen tient un club de nuit. Ils devront affronter leurs démons… En s’inspirant de l’oeuvre de Georges Bizet et Prosper Mérimée, le danseur et chorégraphe Benjamin Millepied (il fut directeur de la danse à la tête du ballet de l’Opéra de Paris entre 2014 et 2016, met en scène un drame à l’esthétique curieusement datée et portée par une bande-son envahissante. Pour le rôle de Carmen, le cinéaste a choisi la comédienne mexicaine Melissa Barrera, connue dans son pays pour des telenovelas et, hors de son pays d’origine, pour les séries américaines Vida et Respirer ou les slashers Scream et Scream VI. (Pathé)
ASTERIX ET OBELIX CONTRE CESAR
Le conquérant Jules César a des ennuis avec des Gaulois… Détritus, officier fourbe et déloyal, lui a caché l’existence d’un petit village. Désireux de détruire ce dernier foyer d’insurrection et fatigué de l’incompétence du centurion Caïus Bonus, César vient en personne assiéger le village des irréductibles. Il a une bonne raison : Prolix, un faux devin, a poussé les villageois à voler le chariot renfermant l’argent de ses impôts… En 1999, Claude Zidi relève le pari d’adapter, pour la première fois sur grand écran, les aventures (qui n’avaient jusqu’à alors jamais quitté le format papier) des plus célèbres Gaulois de la planète : Astérix et Obélix. Produit par Claude Berri, Astérix et Obélix contre César devient la première grosse production tournée en langue française. Dès sa genèse, le film est confié à Claude Zidi et Gérard Lauzier, auteur de BD, scénariste et réalisateur. À eux deux, ils adaptent sept albums de la série : Astérix le Gaulois, Le Devin, Astérix et les Goths, Astérix légionnaire, Astérix gladiateur, Astérix et la Surprise de César et Obélix & Cie. Véritable blockbuster à la française, Astérix et Obélix contre César bénéficie d’un budget inédit de près de 42 millions d’euros et d’un casting impressionnant dans lequel Christian Clavier et Gérard Depardieu se glissent dans la peau des irréductibles Gaulois. Avec ses 9 millions de spectateurs, le film se hisse rapidement au sommet du classement box-office de l’hexagone. Quatre autres volets suivront… Fraichement restauré, le premier épisode de cette série emblématique sort donc dans une belle édition combo DVD/Blu-ray et s’impose comme un bon moment à savourer en famille ! (Pathé)
UNE ARTISTE ACTIVISTE, LES AMIS D’ENFANCE ET L’AMOUREUX PERDU 
TOUTE LA BEAUTE ET LE SANG VERSE
Née Nancy Goldin en septembre 1953 dans une famille juive de la classe moyenne de Washington, Nan Goldin a révolutionné l’art de la photographie et réinventé la notion du genre et les définitions de la normalité. Immense artiste mais aussi activiste infatigable, Goldin se bat, depuis des années, contre la famille Sackler, propriétaire de l’entreprise Purdue Pharma qui commercialise l’OxyContin impliqué dans la crise des opiacés aux États Unis et dans le monde. Tout à la fois rétrospective et manifeste de l’art, de la vie et de la lutte politique de la photographe américaine, Toute la beauté et le sang versé conduit le spectateur au cœur de ses combats artistiques et politiques, mus par l’amitié, l’humanisme et l’émotion. C’est Nan Goldin, elle-même, qui est à l’origine du film puisqu’elle souhaitait documenter les actions de son association militante P.A.I.N. (Prescription Addiction Intervention Now). Avec le documentaire de Laura Poitras, on saisit combien l’oeuvre de Goldin est inséparable de sa vie. Marquée par le suicide de sa sœur en 1963, elle évolue tout au long de son existence dans divers milieux qui nourrissent sa créativité. Ses photos prises sur le vif documentent une époque : drogue, prostitution, mouvement gay et lesbien, violence conjugale, crise du sida dans laquelle nombre de ses amis disparaissent. Depuis sa jeunesse, elle considère la photographie comme le médium idéal pour conserver des traces de vie, permettant ainsi de faire naître une deuxième mémoire. Connue pour avoir réalisé en 2015 Citizenfour retraçant les révélations d’Edward Snowden (et qui lui valut l’Oscar), la documentariste américaine Laura Poitras a remporté, avec Toute la beauté…, le Lion d’or à la Mostra de Venise 2022. Une récompense qui n’a pas empêché que la cinéaste soit placée, après ce film, sur la liste de surveillance du département de la Sécurité intérieure américain en tant que « menace maximale ». (Pyramide)
CHIENS DE LA CASSE
Dans un petit village paisible à quelques encablures de Montpellier, vivent Dog et Mirales, amis d’enfance, qui passent la majeure partie de leurs journées à traîner ou à jouer au foot sur une playstation… Le petit jeu entre les deux, c’est que Mirales ne cesse de taquiner Dog, de le mettre mal à l’aise, de lui clouer le bec… Mais cet automne-là, sur une petite route, Dog s’arrête pour prendre Elsa en stop. Etudiante en littérature comparée à Rennes, elle vient vivre quelque temps chez une parente. Entre Dog et Elsa, s’esquisse une histoire d’amour. Peu à peu, Dog prend ses distances avec Mirales… Le premier long-métrage de Jean-Baptiste Durand est une véritable réussite. Névrosé, déjà cabossé, Mirales est un type qui ne sait pas aimer car même s’il aime profondément son pote, il veut le changer, l’insulte et n’œuvre pas pour son bien. Son univers est à l’envi : il est mal dans sa peau, mal dans sa place et porte un regard abimé sur son monde qu’il aimerait aussi transformer, ou quitter. Durand capte avec brio un personnage constamment au bord du gouffre et de l’explosion. Dog est, lui, quelqu’un de simple dans le bon sens du terme. C’est-à-dire qu’il est aussi intelligent que Mirales mais comme il ne parle pas, on lui prête quelque chose de plus instinctif et animal. Avec l’arrivée d’Elsa, le film file la métaphore amoureuse. Car la jeune femme met en lumière les rapports dans lesquels Dog et Mirales sont englués. La bromance, cette relation émotionnelle puissante, mais sans composante sexuelle, que vivent Mirales et Dog éclaire la puissance des liens d’amitié qui unissent des êtres qui se construisent dans l’univers clos d’un village. Avec une évidente bienveillance pour ses personnages dans un film régionaliste au meilleur sens du terme, le cinéaste bénéficie de trois jeunes comédiens simplement remarquables : Anthony Bajon (Dog), Galatéa Bellugi (Elsa) et la révélation du film : Raphaël Quenard, l’impressionnant Mirales dont la gouaille fait étrangement froid dans le dos… (Blaq Out)
LA VIE POUR DE VRAI
Tridan Lagache est né dans un Club Med du Mexique. Et il a constamment vécu là avec ses parents. Le gamin a toujours été désespéré de voir partir, par le bus du retour, des amis qu’il avait connus pendant leurs huit jours de vacances… A 50 ans, Tridan décide de tourner la page. Il quitte le Club Med avec une idée précise et… fixe en tête : retrouver la petite Violette dont il était tombé à 8 ans à Los Feliz. Naïf et perdu, il débarque à Paris avec une adresse en poche. Celle du petit appartement que lui a légué son père. Lorsqu’il sonne, il se retrouve nez à nez avec Louis. Plutôt mal embouché, ce chauffeur de VTC apprend ainsi l’existence d’un demi-frère très vite encombrant. D’autant que l’ex-GO ne démord pas de trouver la piste de son amour d’enfance… Alors Louis a une idée… S’il faut une Violette, on va en trouver une… Cinéaste à très gros succès, Dany Boon développe ici deux pistes. Celle de la quête de Violette par un Tridan qui a une vision pure et quasiment naïve de l’amour et celle de la rencontre de deux demi-frères plutôt mal assortis que la comédie va rapprocher. Non sans que Louis et Tridan se soient bien pris la tête. Dany Boon campe un Tridan plein de drôlerie et d’humanité aux côtés de Kad Merad (Louis) et de Charlotte Gainsbourg. Une comédie sentimentale plutôt enlevée et agréable… (Pathé)
DRIVE
A Los Angeles, un jeune mécanicien taciturne travaille dans un petit garage et effectue à l’occasion des cascades pour des acteurs hollywoodiens. Mais de nuit, il sert aussi de conducteur à des membres du crime organisé. La combine est bien rodée jusqu’au jour où l’un des casses tourne mal et l’entraîne dans une course-poursuite infernale. Pour sauver celle qu’il aime (Carey Mulligan), il devra se venger de ceux qui l’ont trahi… Pour sa part, Shannon, le patron du garage, voudrait voir son protégé participer à des courses professionnelles de stock-car. Pour concrétiser le projet, il finit par solliciter le soutien financier du mafieux Bernie Rose… Pour la première fois en Blu-ray 4K ultra HD, on retrouve le film qui fit, en 2011, au Festival de Cannes, de Ryan Gosling un star… Influencé, selon ses dires, par Bullitt et Le jour du fléau, le cinéaste danois Nicolas Winding Refn signe un thriller en forme d’expérience sensorielle dont l’intensité infuse inexorablement avant l’explosion. Dans les compléments, le nouveau commentaire audio inédit du réalisateur. (Wild Side)
LOS ANGELES PLAYS ITSELF
Composé de plus de 200 extraits de films, d’Assurance sur la mort à L.A. Confidential en passant par Chinatown ou Blade Runner, Los Angeles Plays Itself, réalisé en 2003, dissèque avec brio la représentation, souvent mythifiée, de la mégalopole américaine dans le septième art. Figure majeure du cinéma documentaire contemporain, Thom Andersen conçoit une œuvre critique qui explique comment sa ville a été exploitée, formée et déformée par la machine à fantasmes hollywoodienne, jusqu’à façonner, à travers une multiplicité d’images incontournables, l’imaginaire des cinéphiles. Ce portrait édifiant de Los Angeles, raconté depuis les débuts du cinéma américain, déconstruit sans concession les clichés associés à la Cité des Anges. Dans les suppléments de ce film passionnant (en version restaurée et Inédit en Blu-ray), on trouve The Tony Longo trilogy (2014 – 14 mn) de Thom Andersen qui évoque cet acteur qui, bien que cantonné à des rôles secondaires, fut une figure emblématique du cinéma d’action américain. Le documentaire compile les apparitions à l’écran de l’acteur (1961-2015) dans trois de ses films les plus mémorables dont Mulholland Drive (2001). Enfin, cette sortie est accompagnée d’un livret (32 pages) où Andersen refait l’histoire de la mégalopole californienne à sa manière, et invite le point de vue sociologique de l’historien américain Mike Davis sur la ville pétrie de contradictions, entre rêve et réalité. (Carlotta)
LES BASILISCHI
Jeunes hommes privilégiés, Francesco, Sergio et Antonio vivent à Minervino Murge, ville provinciale située entre les Pouilles et la Basilicate dans le sud de l’Italie… Ils passent leurs journées à s’ennuyer, à regarder les filles sans oser franchement leur parler. Les semaines et les mois s’écoulent, interminablement semblables, meublés des mêmes discussions et de la même absence d’activité. Pour satisfaire à la tradition familiale, Antonio poursuit des études de notaire à Bari, mais le jeune homme rêve d’ailleurs… Un jour la tante d’Antonio, une universitaire apathique, lui propose d’aller vivre avec elle à Rome, en transférant son inscription de l’université de Bari à celle de la capitale… Mais Antonio renonce et retourne dans son village, incapable d’abandonner les préjugés, les clichés et les rituels de sa province natale, irréversiblement ancrés dans son être. Pour son premier film après sa collaboration avec Fellini sur 8½, Lina Wertmüller signe, en 1963, une chronique d’une jeunesse de province amorphe qui a les accents felliniens des Vitelloni sorti sur les écrans dix ans plus tôt. Grand succès à sa sortie, I Basilischi témoigne de la maîtrise précoce de la future réalisatrice de Pasquale et Film d’amour et d’anarchie qui radiographie des rêves et des ambitions souvent brisés. (Carlotta)
LE JEUNE IMAM
À 14 ans, Ali est un adolescent à la dérive. Sa mère qui l’élève seule ne trouve d’autres solutions que de l’envoyer au village au Mali pour finir son éducation. Dix ans plus tard, Ali revient. Malgré les doutes de sa mère auprès de qui il est prêt à tout pour briller, il devient l’imam de la cité. Adulé de tous et poussé par ses succès, Ali décide d’aider les fidèles à réaliser le rêve de tout musulman : faire le pèlerinage à La Mecque. En s’inspirant de différents faits-divers autour d’arnaques au pèlerinage à la Mecque, Kim Chapiron (Sheitan, Dog Pound, La crème de la crème) a écrit, avec Ladj Ly (Les misérables), une histoire qui repose sur le thème intime de la famille. « Pour Le jeune imam, dit le cinéaste, l’enjeu était de capter l’intensité extrême de ces rapports humains débarrassés de tout superficiel. On est au plus proche du cœur des personnages. On s’attelle à la gravité du réel. » Abdulah Sissoko incarne cet imam qui appartient à son époque. A travers une modernité connectée, le film montre comment la tradition est vécue par les nouvelles générations, comment la manière classique de pratiquer sa religion est pulvérisée par les nouvelles façons de communiquer et comment toutes ces nouvelles technologies au service de la foi génèrent aussi des dérives.… (Le Pacte)
SHOWING UP
A quelques semaines du vernissage de sa nouvelle exposition, Lizzie, un artiste, recueille un pigeon blessé dont sa voisine, et propriétaire, ne veut plus. Son chauffe-eau tombe en panne. Sa famille dysfonctionne… Voici le portrait réaliste d’une sculptrice plongée dans le quotidien. A travers les quelques jours qui séparent Lizzie de sa prochaine exposition, on assiste, à travers des plans rapides, aux contretemps et distractions qui perturbent ses journées de création. L’évolution des situations conduit à se demander dans quelle mesure la figure de l’animal constitue un double de l’artiste. Comptant parmi les réalisatrices les plus importants du cinéma américain contemporain, Kelly Reichardt a signé des œuvres remarquables comme Old Joy (2006), La dernière piste (2010), Night Moves (2013), Certaines femmes (2016) ou encore First Cow (2019). Elle met en scène, ici, une artiste face aux affres de la création. Applaudie dans My Week with Marilyn (2011), Manchester by the Sea (2016) ou le récent The Fabelmans de Spielberg, Michelle Williams retrouve Kelly Reichardt pour la quatrième fois et campe brillamment une plasticienne dans le chaos du monde. (Diaphana)
AVANT L’EFFONDREMENT
Dans un Paris caniculaire, Tristan, directeur de campagne d’une candidate aux législatives, reçoit un courrier anonyme contenant un test de grossesse positif… Parce qu’il est peut-être atteint d’une maladie génétique mortelle et incurable, il devient obsédé par l’idée de retrouver la femme qui lui a envoyé ce test. Mais a-t-il affaire à une blague morbide, une vengeance froide, un appel à l’aide ou une manœuvre politique ? Au péril de sa vie professionnelle et affective, Tristan décide de mener l’enquête… Lauréate du prix Goncourt des lycéens en 2017 avec son quatrième livre L’art de perdre, la romancière Alice Zeniter signe, en compagnie de Benoît Volnais, un premier film humoristique, philosophique et politique. A la fois fable d’anticipation et enquête intime, Avant l’effondrement est aussi une réflexion autour d’un avenir écologique et social incertain. Au fil de leurs rencontres et discussions, le duo campé par Niels Schneider et Ariane Labed tente de comprendre comment vivre dans une société en pleine mutation… (Pyramide)
BORGEN – LE POUVOIR ET LA GLOIRE
Birgitte Nyborg vit seule, ses enfants sont grands, sa fille vit aux Etats-Unis et son fils Magnus est devenu un activiste écologiste et vegan qui participe à une action illégale contre un élevage porcin. Elle se consacre à son poste de ministre des affaires étrangères dans un gouvernement dirigé par une femme travailliste, Signe Kragh. Les relations entre les deux femmes sont tendues. Katrine Fønsmark, elle, devient directrice de l’information à TV1, alors que la chaîne connaît une forte baisse de son audience. Au Groenland, on découvre un gisement de pétrole. Si le gouvernement groenlandais y voit une manne permettant d’assurer l’indépendance du territoire, Birgitte, elle, se préoccupe des conséquences environnementales et climatiques de l’exploitation de cette ressource. Elle est en conflit sur ce point avec Signe Kragh. Birgitte apprend que Signe Kragh a l’intention de nommer Michael Laugesen chef de cabinet avec des pouvoirs étendus, et en informe secrètement Torben pour que TV1 rende l’information publique. Il en résulte un scandale et la première ministre est obligée de renoncer à cette nomination. Neuf années après la fin de la saison 3, la fameuse série politique danoise a fait son retour avec une suite de huit épisodes où l’on retrouve évidemment l’emblématique Sidse Babett Knudsen qui, malgré les embûches, n’entend toujours pas s’en laisse conter…. Comme le disait Sénèque : « Ce n’est pas parce que c’est difficile qu’on n’ose pas, c’est parce qu’on n’ose pas que c’est difficile. » (Arte)
LES COMPLICES
Depuis que sa femme l’a quitté, Max, un impitoyable tueur à gages de cinquante ans, découvre qu’il a un problème : il s’évanouit désormais devant la moindre goutte de sang. Son avenir dans la profession étant compromis, il va devoir se reconvertir. Mais pas si simple quand sa seule compétence professionnelle est de tuer des gens. Comme il est incapable de continuer, ses précédents employeurs lui envoient une armée d’assassins afin de se débarrasser de lui. Face à cette menace, Max reçoit l’aide d’un couple de jeunes voisins, Karim et Stéphanie, qui n’imaginent pas un instant à qui ils ont affaire… Max s’attache, malgré lui, au jeune couple, jusqu’à ce que son passé le rattrape. Pour son troisième long-métrage après Je me suis fait tout petit (2012) et Photo de famille (2018), Cécilia Rouaud réussit une agréable comédie d’humour noir où les meurtres se succèdent tandis qu’on rit allègrement. Il est vrai que la cinéaste peut compter sur l’excellent François Damiens. Avec son personnage au bout du rouleau, il nous régale ! En plus, il est bien entouré par la Mulhousienne Laura Felpin (Stéphanie), William Lebghil (Karim) ou encore Vanessa Paradis et Bruno Podalydès. (M6)
BEAU IS AFRAID
Beau Wassermann est un homme doux mais paranoiaque qui s’embarque dans une odyssée surréaliste pour retrouver sa mère, affrontant ses plus grandes peurs en chemin. Car Beau a peur de se faire voler ses clefs quand il attrape son fil dentaire. Il a peur de son quartier, de tomber nez à nez avec le maniaque des infos. Il a peur des gens trop bienveillants, des ados et des syndromes post-traumatiques. Il a peur de de l’introspection, de creuser son passé et son futur au détour d’une représentation théâtrale. Il a peur des retrouvailles avec son amour de jeunesse. Il a peur du gonflement suspect de ses testicules. Et bien entendu, il a peur de sa mère, spectre qui plane sur sa vie depuis sa tendre enfance, voire depuis sa naissance. Pour son troisième long-métrage après Hérédité (2018) et Midsommar (2019), l’Américain Ari Aster observe un solide névrosé qui déforme le monde alentour au gré de ses montées de stress. Grâce au talent de Joaquin Phoenix, le spectateur est emporté dans un long (2h59) mäelstrom de surréalisme, d’humour noir et d’horreur existentielle… (Seven)
UNE HISTOIRE D’AMOUR
Katia et Justine tombent amoureuses. Malgré la peur de l’engagement et le regard des autres, elles décident de faire un enfant, laissant le hasard décider de qui le portera. Mais alors que Katia tombe enceinte, Justine la quitte soudainement. Douze ans plus tard, Justine (Marie-Camille Soyer) est retournée à une vie rangée et Katia (Juliette Delacroix), qui a gardé l’enfant, apprend qu’elle est condamnée. Contrainte de trouver en urgence un tuteur pour sa fille, elle se tourne vers sa seule option : son frère William, écrivain cynique et désabusé… Comme il l’avait fait en 2019 pour Edmond, son premier long-métrage consacré à Edmond Rostand, le dramaturge Alexis Michalik adapte à nouveau la pièce de théâtre éponyme qu’il avait lui-même mis en scène à La Scala, à Paris, en 2020. Le film reprend non seulement la même histoire, mais aussi le même casting que la pièce de théâtre initiale. Une comédie tendre sur la famille et la transmission. (Le Pacte)
LE PRIX DU PASSAGE
Jeune mère célibataire, Natacha, 25 ans, travaille comme serveuse dans un bar de Calais et galère pour élever son fils Enzo, 8 ans. Elle cherche à tout prix de l’argent pour réparer le ballon d’eau chaude de sa salle de bains. Walid, lui, migrant d’origine irakienne, attend de réunir assez d’argent pour financer son passage vers l’Angleterre. Quand Natacha l’interroge sur son voyage d’Irak jusqu’aux rivages de la Manche, il dit : « Turquie, Grèce, Macédoine, Serbie, ensuite Budapest, Autriche, Allemagne, Calais ». Aux abois, ces deux-là vont improviser de concert une filière artisanale de passages clandestins… Le prix du passage, c’est alors la prise de conscience douloureuse de l’existence d’un autre que soi, qui a besoin d’asile, de protection. Thierry Binisti (L’outremangeur, Une bouteille à la mer) donne un solide thriller social sur deux personnages bloqués par la vie qui fait songer au Welcome de Philippe Lioret. Alice Isaaz incarne une Natacha fragile et forte à la fois, immature aussi. Adam Bessa est un Walid survivant mais pas victime, amateur de littérature qui cite Voltaire : « L’homme est libre au moment qu’il veut l’être ». (Diaphana)
KANDAHAR
Agent d’élite de la CIA, Tom Harris officie comme « infiltré » en Iran. Il est parvenu à saboter, par piratage informatique, une centrale d’enrichissement d’uranium. Harris doit désormais se rendre à Londres pour assister à la remise de diplôme de sa fille. Mais, sur le chemin du retour, son officier traitant le convainc de faire un détour par l’Afghanistan, accompagné d’un interprète, Mohammed Doud, alias « Mo ». Cependant, son identité et son rôle réel dans le sabotage sont rendus publics par une journaliste et il devient la cible de tous les ennemis de l’Occident dans la région. Le seul espoir de Tom et Mo consiste à traverser le désert jusqu’à un aérodrome dans la province de Kandahar, où un avion britannique pourra les exfiltrer. Bientôt ils sont traqués non seulement par les Gardiens de la Révolution iraniens, mais aussi par les talibans inféodés aux Renseignements pakistanais. Sans grande surprise, l’Américain Ric Roman Waugh a taillé sur mesure un personnage de gros dur, forcément infaillible, pour l’Ecossais Gerard Butler, un habitué du genre action musclée… (Metropolitan)
TEMPS MORT
Pour la première fois depuis longtemps, trois détenus obtiennent une permission de sortir pour un week-end. L’occasion de renouer avec leurs proches, tout en rattrapant le temps perdu. Pour son premier film de fiction, la réalisatrice Eve Duchemin se penche sur la problématique de la réhabilitation des détenus. Auparavant, la cinéaste avait longuement étudié les enjeux autour de la privation de liberté, notamment à travers un précédent documentaire En bataille, portrait d’une directrice de prison. A travers trois histoires distinctes, Temps mort dresse le minutieux portrait de trois détenus qui goûtent brièvement à la liberté. Sans s’arrêter sur le passé de ces trois hommes et les raisons de leur présence derrière les barreaux, Eve Duchemin préfère montrer l’instant présent, les fêlures causés par le passé. Les difficultés des trois hommes ne sont pas de même nature (problèmes psychiatriques pour l’un, liens familiaux rompus pour les deux autres) mais les trois personnages souffrent tous d’un enfermement mental que la permission n’efface pas. Au côté de Issaka Sawadogo et du jeune rappeur Jarod Cousyns, Karim Leklou domine la distribution. (Pyramide)
LA DERNIERE REINE
En 1516, le corsaire Aroudj Barberousse libère la ville d’Alger du pouvoir des Espagnols, prenant ainsi le contrôle du royaume. Pourtant, il s’était allié au roi Salim Toumi, mais ce dernier décède dans des circonstances inexpliquées. Progressivement, la rumeur se répand que c’est Barberousse lui-même qui aurait assassiné le roi. L’épouse de ce dernier, la reine Zaphira, décide de lui tenir tête. C’est en lisant un livre sur l’histoire de l’Algérie, parlant notamment de la reine Zaphira, que le cinéaste Damien Ounouri a eu l’idée de ce film coréalisé avec Adila Bendimerad qui incarne aussi la reine Zaphira. A travers l’histoire et la légende de cette reine, les deux réalisateurs ont vu la possibilité de faire surgir la question de l’effacement des femmes dans l’Histoire ». Un thème d’autant plus important que Zaphira n’est pas une figure consensuelle, parfois remise en question mais d’autant plus humaine. Un film romanesque à grand spectacle avec des costumes et des décors superbes autour du portrait d’une femme qui va s’affirmer dans une époque où le pouvoir est à priori l’apanage des hommes. Le mythe et l’Histoire s’entremêlent dans cette fresque avec, en prime, un message féministe et anticolonial. (jour2fête)
A MON SEUL DESIR
Etudiante à Paris, Manon, lasse de sa colocation et en situation financièrement très précaire, pousse, un jour, par curiosité, la porte d’A mon seul désir, un club de striptease. Elle demande à pouvoir faire un essai et découvre un univers inconnu. Prenant le pseudonyme d’Aurore, la novice se lie d’amitié puis d’amour avec la très professionnelle et enjouée Mia (Zita Hanrot). Manon va successivement explorer une aventure sans lendemain avec le timide « Afflelou », un trio avec le gentil copain de Mia ou attirer un acteur connu dans ses filets. Après Fidelio, l’odyssée d’Alice (2014) et Chanson douce (2019), Lucie Borleteau interroge, autour de l’histoire d’une étudiante qui s’épanouit dans un univers érotique, la liberté de disposer de son corps. En s’appuyant sur l’excellente Louise Chevillotte, elle signe une comédie romantique en forme de conte baroque sur des jeux de masques qui aboutiront à une émancipation féminine… (Pyramide)
LA LEGENDE DU SAINT BUVEUR
Ancien mineur originaire de Silésie, Andreas Kartak vit désormais sous les ponts de Paris, une bouteille comme seul compagnon. Un jour, un riche inconnu lui remet une importante somme d’argent. Andreas s’engage à rembourser son bienfaiteur en rapportant l’argent à l’église Sainte-Marie des Batignolles. Désireux de tenir sa promesse, le marginal est toutefois tiraillé par la tentation de s’acheter à boire… Inspiré d’une nouvelle de l’Autrichien Joseph Roth, ce film de 1988 marque une véritable rupture dans l’œuvre d’Ermanno Olmi, le réalisateur italien du fameux Arbre aux sabots (1978) : première adaptation littéraire, première collaboration avec des acteurs professionnels et premier tournage loin de son Italie natale. Situé dans un Paris fantasmagorique, ce voyage initiatique d’un clochard céleste (Rutger Hauer, méconnaissable, impressionne dans ce rôle à contre-emploi) conte, sous forme de fable, l’histoire poignante d’une rédemption. Présenté pour la première fois en version restaurée et en Blu-ray, le film a obtenu le Lion d’or à la Mostra de Venise 1988. (Carlotta)
DALVA
Jolie comme un coeur, Dalva a 12 ans mais avec sa coiffure, son maquillage, ses vêtements, elle ressemble à une petite dame propre sur elle… Cette fillette est sous l’emprise incestueuse de son père, dont elle se croit amoureuse. Elle est brusquement retirée à ce père lorsque la police fait irruption dans leur maison. Les policiers arrêtent le père tandis que Dalva (la remarquable Zelda Samson) devient hystérique et se débat pour ne pas être arrachée à cet homme. Elle plonge alors dans l’incompréhension totale et dans la révolte. Elle rencontre un éducateur et une adolescente au sale caractère, grâce à qui la page semble tournée du moment où elle commence à se construire comme une fille de son âge… Pour son premier long-métrage, présenté à Cannes 2022, Emmanuelle Nicot signe une œuvre qui fonctionne comme une sourde explosion. On est constamment dans le malaise en suivant les tribulations d’une gamine élevée et transformée en femme. D’autant que ce film qui semble réalisé dans l’urgence, repose sur une écriture sèche… Une intéressante et subtile évocation de l’emprise dans le cercle familial. (Diaphana)
DONJONS ET DRAGONS – L’HONNEUR DES VOLEURS
Edgin Darvis décide de faire don de sa personne en rejoignant la guilde des Ménestrels. Ses affaires finissent par se retourner contre lui et sa famille. En effet, alors qu’il a participé à l’arrestation de plusieurs représentants des Sorciers rouges de Thay, certains d’entre eux débarquent chez lui et assassinent son épouse. Dégoûté que ses activités aient coûté la vie de sa femme, le barde décide de rompre son serment de ménestrel. Menant une vie de débauché, et incapable de veiller sur sa toute jeune fille, il fait la rencontre d’Holga, chassée de sa tribu pour s’être mariée par amour. Ensemble ils commettent des méfaits et des vols afin d’assurer leur subsistance. Ils décident de participer à un dernier grand coup, organisé par le voleur Forge et la sorcière Sofina qui l’accompagne : secrètement, Edgin espère voler l’amulette de renaissance pour ramener sa femme à la vie. Mais le casse tourne mal… Réalisé par Jonathan Goldstein et John Francis Daley, voici une une adaptation du jeu de rôle sur table du même nom, créé par Gary Gygax et Dave Arneson, et d’un reboot de la franchise cinématographique inspirée du jeu, après des films sans succès et à l’accueil plus que mitigé. L’action se déroule au nord-ouest de Féérune, au sein des Royaumes oubliés, un univers fictif créé en 1975 par Ed Greenwood pour ledit jeu. (Paramount)
LES TUEURS DE L’ECLIPSE
Une nuit d’éclipse, trois femmes de la même localité de Californie accouchent simultanément de trois bébés en pleine forme. Baptisés Debbie, Curtis et Steven, ils se préparent à fêter leur dixième anniversaire à leur manière. Comme poussés par une force aussi puissante que maléfique, ils éliminent méthodiquement ceux qui ont le tort de leur déplaire. Entre notamment une flèche dans l’œil, une balle dans le coeur et des coups de pelle, ils s’en prennent surtout aux adultes…Sur le thème de l’enfance maléfique cher au cinéma fantastique et d’épouvante, Ed Hunt (L’invasion des soucoupes volantes en 1977 ou Plague en 1978) réalise, en 1982, son meilleur film en multipliant des scènes chocs et en mettant en scène un trio d’enfants qui suscitent l’inquiétude à leur moindre apparition à l’écran. Une agréable série B horrifique inédite en DVD et en Blu-ray. Des visages d’ange, des âmes de démon ! (Sidonis Calysta)
LES CAVALIERS DE L’ENFER
Evadés de prison, quatre hors-la-loi arrivent de nuit dans la tranquille bourgade de Paradise, Arizona. A leur tête, l’impitoyable Crip n’hésite pas à assassiner les habitants de sang-froid afin d’instaurer la terreur, espérant ainsi se faire obéir au doigt et à l’oeil. Après quatre assassinats dont celui du shérif, les bandits prennent la fuite non sans avoir dévalisé la banque et pris en otage Helen Caldwell, une jeune femme qu’ils violent et laissent pour morte dans un coin désertique. Les notables de la ville font appel à un ex-associé de l’homme de loi décédé, le tireur d’élite Banner Cole (Audie Murphy), pour organiser une expédition punitive et récupérer la jeune femme ainsi que l’argent de la banque. Mais la cruauté inaccoutumée des hors-la-loi fait que peu sont prêts à prendre de tels risques. Banner ne trouvera qu’une poignée de citoyens pour le suivre dont un jeune employé de banque qui ne supporte pas la violence de l’Ouest, un ex-soldat, Jock une tête brûlée et Johnny, un Indien. Leur quête sera semée d’embûches. Peu en sortiront indemnes… Pour son premier film en 1961, Herbert Coleman (qui fut l’assistant de Willy Wyler ou d’Alfred Hitchcock) signe une palpitante chasse à l’homme et l’un des meilleurs westerns du légendaire Audie Murphy qui avant d’être un star à Hollywood, fut le soldat américain le plus médaillé de la Seconde Guerre mondiale. Egalement, chez le même éditeur, Les sept chemins du couchant avec également Audie Murphy. (Sidonis Calysta)
HAWAII
Le 13 janvier 2018 au matin, une alerte au missile balistique déclenche le Emergency Alert System à Hawaï. Une bande d’amis français, venus passer des vacances sur l’île américaine du Pacifique, reçoit comme tout le monde le message d’alerte. Ils sont alors tous persuadés qu’ils vont mourir. Face à la mort, ils se disent leurs « quatre vérités » et s’avouent tous ce qu’ils n’ont jamais dit les uns sur les autres. Sébastien leur apprend finalement qu’il s’agit d’une fausse alerte. Mais le mal est fait et le reste des vacances va être très tendu… L’idée du long-métrage (tourné, pour cause de Covid, à La Réunion) est issue d’une histoire vraie. Le 13 janvier 2018 une alerte au missile nucléaire est diffusée dans l’État américain d’Hawaï, avant qu’elle ne soit rapidement démentie. Découvrant l’anecdote en lisant un journal, le co-scénariste Vincent Juliet, propose ce postulat de départ à Mélissa Drigeart. Celle-ci, qui signe ici sa troisième comédie pour le cinéma, bénéficie d’un beau casting avec Bérénice Bejo, Elodie Bouchez, Émilie Caen, Eye Haïdara, Pierre Deladonchamps, Nicolas Duvauchelle, William Lebghil ou Manu Payet… (Warner)
OUT OF ORDER
Un vendredi soir, à l’heure de fermeture des bureaux, quatre personnes se retrouvent bloquées dans le même ascenseur : Jörg, un publicitaire fringant ; Marion, sa ravissante collègue et ancienne maîtresse ; Gössmann, un comptable peu loquace et Pit, jeune coursier désinvolte. Comprenant rapidement que personne ne viendra à leur secours, ils décident de se libérer par leurs propres moyens. Mais l’entreprise s’avère périlleuse et des tensions surgissent bientôt au sein du groupe…En 1984, le réalisateur suisse Carl Schenkel s’empare du genre bien connu du huis clos pour réussir une œuvre explosive (en version restaurée et pour la première fois en Blu-ray) entre le thriller psychologique et le film d’action. Production allemande, Out of Order excelle à rendre palpable la sensation d’oppression et d’enfermement vécue par ses personnages incarnés notamment par Götz George et Renée Soutendijk à travers une mise en scène vertigineuse qui rajoute à l’angoisse. Avec sa métaphore de l’ascenseur en panne comme symbole d’une société en bout de course, ce film devenu culte se mue en une fable sociale sarcastique et cruelle. (Carlotta)
NOTRE TOUT PETIT PETIT MARIAGE
Max et Lou forment un couple heureux et épanouis. Pour confirmer cet amour, le couple cherche à adopter un enfant. Malheureusement pour eux, l’administration leur fait comprendre que s’ils veulent une chance réelle d’adoption, le mariage est nécessaire. Toutefois, le couple n’est pas plus désireux que cela de s’unir devant le maire. Après réflexion, ils se disent que ce n’est qu’une formalité : un petit mariage, rien qu’entre eux et leurs deux témoins, et l’affaire est entendue. Mais bientôt, familles et amis s’invitent aux festivités, et de 4, ils finissent 300. Avec Ahmed Sylla et Camille Lou en tête d’affiche, le réalisateur Frédéric Quiring (Sales gosses en 2017 ou La très très grande classe en 2022) signe une modeste comédie, reposant sur des images live prises par les personnages du film. (UGC)
LE PRIX DE LA VERITE
A la fin des années 1990, dans l’état d’Orissa en Inde, Manav, un journaliste indien, est chargé d’enquêter sur Graham Staines, un missionnaire australien soupçonné d’acheter la conversion des pauvres au christianisme. Manav accepte d’investiguer sur cet homme avec la promesse d’obtenir un poste important en retour. Mais il découvre une série de révélations qui vont ébranler ses préjugés. Il se retrouve face à un choix crucial : favoriser son ambition professionnelle ou faire éclater la vérité. Le film d’Aneesh Daniel s’appuie sur l’histoire vraie de Graham Staines (Stephen Baldwin), qui soignait les lépreux en Inde depuis plus de trente ans. Le 23 janvier 1999, il est brûlé vif dans sa voiture avec deux de ses jeunes enfants par des fondamentalistes hindous. Entre drame social, enquête captivante et tragédie familiale, le film observe la face sombre de l’Inde, montrant le sort des lépreux rejetés par la société, explorant le sujet des tensions religieuses entre hindouisme et christianisme. (Saje)
ALICE DARLING
Jolie jeune femme, Alice cache à ses deux meilleures amies des éléments à propos de son petit ami actuel. Lors d’un week-end d’anniversaire entre filles dans la campagne américaine, ces secrets sont révélés lorsqu’une fille du coin est portée disparue et que son petit ami arrive sans prévenir. Mary Nighy, fille de l’acteur anglais Bill Nighy, signe un thriller bien interprété, notamment par Anna Kendrick (vue dans la saga Twilight), qui observe la relation toxique entre Alice et Simon, son compagnon, un pervers narcissique qui la dévalorise sans discontinuer… (Metropolitan)
LES FIERS BRETTEURS DU ROI ET LES FRAGILES ADOLESCENTES AMERICAINES 
LES TROIS MOUSQUETAIRES
Dans la France de 1627, propice aux complots et aux révoltes, Charles d’Artagnan n’a qu’une idée en tête : rejoindre Paris et la compagnie des mousquetaires du roi au sein de laquelle il compte bien faire carrière. Et d’emblée, le jeune gaillard tombe dans un vilain guet-apens. Première rencontre avec la vénéneuse Milady de Winter… Alexandre Dumas et ses mousquetaires, c’est une madeleine de Proust pour bien des lecteurs qui ont grandi avec les aventures d’Athos, Porthos, Aramis et leur jeune compagnon. Alors, forcément, on prête attention quand, mis en selle par le producteur Dimitri Rassam et la société Pathé, Martin Bourboulon relève le gant du film de cape et d’épée… Car il s’agit bien d’une forme de défi si l’on sait, tout à la fois, que le film de cape et d’épée a quelque chose de quand même bien désuet aujourd’hui et qu’il y a eu, rien qu’au cinéma, seize versions internationales de l’aventure entre 1909 et 2013… Mais Dumas, inventeur du feuilleton, de la scénarisation, du romanesque, c’est un totem ! Nous avons grandi avec ses livres. Les Trois Mousquetaires, Le Comte de Monte-Cristo, La Reine Margot, c’est la rencontre avec des personnages mythiques « bigger than life ». Au Louvre, le roi Louis XIII, pourtant poussé par le cardinal de Richelieu et son entourage, n’a guère envie de déclencher une nouvelle Saint Barthélémy. A la cour, l’ambiance est délétère. Louis XIII ne sait plus trop sur qui compter. Fielleux, Richelieu observe : « Le roi n’a pas d’amis. Il n’a que des sujets et des ennemis ». Bien sûr, le jeune monarque a des gens qui lui sont totalement dévoués. Ce sont, évidemment, les mousquetaires, la troupe dirigée par le capitaine de Tréville. Celui-là même que D’Artagnan cherche à rencontrer… Dans sa hâte, le fougueux Gascon bouscule Athos, se prend la tête avec Porthos et ramasse un mouchoir compromettant au pied d’Aramis. Les trois le somment d’en répondre. Mais bientôt, ce sera Tous pour un ! Un pour tous ! Martin Bourboulon réussit son coup, non point en revisitant Dumas (même si la narration a été quelque peu retissée) mais en dépoussiérant le film de cape et d’épée. Exit les beaux costumes chamarrés et les couvre-chefs impeccables du film de Borderie (1961), voire même les élégants atours du film de Lester (1974). Ici, les mousquetaires portent des tenues informes et de vilains galurins. Mais cela n’altère en rien leur bravoure… Le plaisir des Trois mousquetaires repose évidemment sur les péripéties conçues par Dumas et que l’on connaît bien. Mais c’est surtout le bonheur de retrouver des personnages simplement emblématiques. D’Artagnan est un condensé de courage sans borne, de joie de vivre en bande, d’optimisme, de loyauté, de naïveté et d’opiniâtreté. Il est jeune, loyal, honnête, insolent, téméraire, naïf, inexpérimenté. François Civil, dans un rôle iconique, a des allures de Belmondo en héros d’un intense récit initiatique. Car, en moins d’une journée et d’une nuit, il frôle la mort, voyage, provoque, tombe amoureux, frôle la mort une seconde fois, tue un homme, rencontre un roi et se fait des amis qu’il gardera toujours, le tourmenté Athos, le séducteur Aramis, l’épicurien Porthos… Des héros comme on n’en fait plus ! (Pathé)
VIRGIN SUICIDES
Dans une ville américaine tranquille et puritaine des années soixante-dix, Cecilia Lisbon, treize ans, tente de se suicider. Elle a quatre sœurs, de jolies adolescentes. Cet incident éclaire d’un jour nouveau le mode de vie de toute la famille. L’histoire, relatée par l’intermédiaire de la vision des garçons du voisinage, obsédés par ces sœurs mystérieuses, dépeint avec cynisme la vie adolescente. Petit à petit, la famille se referme et les filles reçoivent rapidement l’interdiction de sortir. Alors que la situation s’enlise, les garçons envisagent de secourir les filles. Dès son premier long-métrage en 1999, la réalisatrice Sofia Coppola, alors âgée de 28 ans, subjugue par son univers et son esthétique uniques d’où se dégage un goût prononcé pour une photographie éthérée (signée Ed Lachman), une musique atmosphérique, ici, du groupe Air et un stylisme raffiné. En plus de la mise en scène, la fille du grand Francis Ford Coppola (on se souvient qu’il filma « sa » mort sur les marches de l’opéra de Palerme dans Le parrain 3) signe également le scénario, d’après le roman éponyme de Jeffrey Eugenides dont la lecture, dit-elle, l’a bouleversée. Selon la jeune cinéaste, c’est l’atmosphère mélancolique et sensuelle du récit qui l’a tout de suite attirée. Rythmée par les suicides successifs de cinq sœurs d’une petite ville du Michigan, cette chronique d’une violente douceur a su rapidement la séduire et raviver en elle son désir de réalisation. L’évocation de la courte vie des soeurs Lisbon à travers le prisme de jeunes adolescents devenus adultes fait de Virgin Suicides un splendide film sur le souvenir et le vide laissé par les absents. Rarement l’adolescence n’avait été aussi justement représentée au cinéma : la grâce des premières fois, le poids des conventions sociales mais aussi la détresse et le mal-être qu’elle peut engendrer. Structuré en flash-back, le film raconte ainsi les derniers mois tragiques vécus par les cinq filles Lisbon en débutant par la première victime de ce drame. D’emblée, l’idée de la fatalité est posée : l’issue tragique était inévitable. Regarder Virgin Suicides revient à feuilleter un journal intime dont la lecture reflète parfaitement la vision innocente et candide des jeunes adolescentes. Sofia Coppola caresse les frissons des émois amoureux, pointe la cruelle douleur des premiers amours, souligne les ravages d’une liberté refusée par une mère qui exerce une surveillance abusive (Kathleen Turner, magistrale dans un rôle où on ne l’attend pas) et un père, professeur de maths dans les nuages (James Woods, grandiose), qui se range sagement derrière son épouse. Enfin ce premier film hypnotique en forme de conte enchanteur et ensorcelant doit beaucoup à la performance magnétique de Kirsten Dunst. Découverte, en 1994, dans Entretien avec un vampire puis dans Les quatre filles du docteur March, l’actrice de 17 ans donne alors, avec Virgin Suicides, un tour déterminant à sa carrière. Quant à Sofia Coppola, elle s’est fait une vraie place dans le paysage du cinéma indépendant américain. (Pathé)
C’EST MON HOMME
Julien Delaunay a disparu sur les champs de bataille de la Grande guerre. Sa femme, Julie, ne croit pas qu’il soit mort. Lorsqu’elle voit, dans la presse, le portrait d’un homme amnésique, elle est certaine de reconnaître Julien. Ils se retrouvent, réapprennent à s’aimer. Mais une autre femme réclame cet homme comme étant son mari… Pour son premier long-métrage, Guillaume Bureau signe un drame sensible sur le deuil et l’identité. Il s’appuie sur une réalité historique, celle des disparus au combat, qu’illustre évidemment le Soldat inconnu de l’Arc de triomphe parisien. Le film suit l’enquête d’un médecin pour tenter de déterminer si le soldat retrouvé est l’époux de Julie ou celui de Rose-Marie. Cette aventure intime sur un passé oublié est superbement portée par un magnifique trio d’acteurs : le toujours excellent Karim Leklou incarne, avec une fragilité bienvenue, Julien Delaunay alors que Leïla Bekhti (Julie) et Louise Bourgoin (Rose-Marie) se livrent une… guerre de tranchées… (france.tv)
TWO SUMMERS
Une bande d’amis cinquantenaires se retrouve sur une île privée paradisiaque de la Méditerranée pour passer du bon temps et évoquer leurs souvenirs de jeunesse. Sauf que la veille du départ, Peter, l’un des hôtes, reçoit sur son téléphone portable un message anonyme contenant une vidéo accablante… Il s’agit de l’enregistrement du viol d’une de leurs amies, inconsciente sur un lit, commis durant l’été 1992 où tous ces mêmes amis étaient réunis pour fêter leur passage à la vie adulte. « C’était il y a 30 ans. Maintenant tu vas payer », précise le message. C’est aussi pendant ces vacances qu’un membre de la bande avait trouvé la mort dans un tragique incendie. Tom Lenaerts et Paul Baeten Gronda distillent un thriller brûlant qui, autour d’un changement d’époque (celle d’une jeunesse insouciante d’antan et celle d’un présent où certains tendent de se défausser de leur propre violence), invite à se glisser dans un suspense palpitant. (france.tv).
L’ETABLI
Quelques mois après les évènements de Mai 68, Robert Linhart (Swann Arlaud), normalien agrégé de philosophie, se fait embaucher dans l’usine Citroën, porte de Choisy à Paris en tant qu’ouvrier spécialisé. Militant maoïste, il cherche ainsi à s’infiltrer dans le monde ouvrier pour continuer la lutte sociale à la suite du mouvement de mai — ce qu’on appelait être un « établi ». Aidé les premiers jours par un ouvrier associé au même poste, on le change de position, sa gaucherie ralentissant l’ensemble de la chaîne de production des 2 CV. Après les premiers mois d’une adaptation difficile, il réussit à déclencher une grève contre la récupération gratuite des heures perdues lors de la grève de Mai 68, la direction faisant fi des accords de Grenelle qui prévoient le paiement à 50 % des jours de grève de mai… Le réalisateur Mathias Gokalp adapte le livre autobiographique de Robert Linhart pour témoigner du monde ouvrier de l’après-68 à partir du regard d’un intellectuel face aux difficultés physiques, morales, politiques générées par l’organisation de l’usine. (Le Pacte)
POINT BREAK
Bon joueur universitaire de football américain, Johnny Utah (Keanu Reeves) a été obligé de faire un croix sur sa carrière à la suite d’une blessure au genou. Désormais agent du FBI, il est chargé d’enquêter sur le gang des « ex-présidents », auteur de vingt-sept braquages de banques. Les membres de cette bande sont appelés ainsi parce qu’ils agissent en utilisant des masques représentant d’anciens présidents des USA. L’équipier de Johnny, l’expérimenté Angelo Pappas (Gary Busey), a une théorie : pour lui, tout porte à croire que les braqueurs sont une bande de surfeurs. Johnny infiltre alors leur milieu, se lie d’amitié avec la jolie Tyler (Lori Petty) et découvre le sémillant Bodhi (Patrick Swayze). Sous l’influence du charismatique Bodhi, il fait jour alors à une partie cachée de sa personnalité qui le pousse toujours plus loin dans la prise de risques. Remarquée en 1990 avec Blue Steel, Kathryn Bigelow signe l’année suivante ce qui deviendra un film-culte sur l’univers du surf. En 2009 avec Démineurs, elle deviendra la première femme à remporter l’Oscar du meilleur réalisateur. Elle connaît encore le succès en 2012 avec Zero Dark Thirty et en 2017 avec Detroit. (Metropolitan)
L’EDEN
Garçon de la campagne, Eliú est incarcéré́ dans un centre expérimental pour mineurs au cœur de la forêt tropicale colombienne, pour un crime qu’il a commis avec son ami El Mono. Chaque jour, les adolescents effectuent des travaux manuels éprouvants et suivent des thérapies de groupe intenses ou d’étranges exercices spirituels. Un jour, El Mono est transféré dans le même centre et ramène avec lui un passé dont Eliú tente de s’éloigner. Considéré comme l’un des plus intéressants réalisateurs colombiens de la nouvelle génération, Andrés Ramirez Pulido concentre son intense récit sur le personnage d’Eliú (Jhojan Estiven Jimenez), jeune type grave et perdu dans ses pensées mais qui peut être d’une authentique douceur autant que d’une violence soudaine. Dans un univers végétal oppressant (il y a été amené les yeux bandés pour éviter toute velléité de fuite) et où il retape une hacienda abandonnée, Eliú semble sur le chemin de la rédemption. Mais l’arrivée d’El Mono pourrait l’entraîner à nouveau sur la pente de la délinquance… (Pyramide)
SHAZAM – LA RAGE DES DIEUX
Deux ans après avoir reçu les pouvoirs de Shazam (Zachary Levi) et les avoirs partagés avec ses frères et sœurs, le jeune Billy Batson continue bon gré mal gré sa carrière de super-héros, tout en s’efforçant de gérer les changements qui surviennent au sein de sa famille, dont les membres commencent à avoir des intérêts divergent en grandissant. Mais sa récente ascension provoque des effets inattendus: en effet, pour empêcher Silvana d’acquérir ses pouvoirs deux ans auparavant, Billy Batson a accidentellement brisé la barrière entre son monde et le monde des dieux. En conséquence, une nouvelle menace apparaît lorsque les trois filles d’Atlas (Hespera, Kalypso et Anthea) veulent récupérer leurs pouvoirs et détruire le monde des hommes. Shazam et sa famille vont devoir unir leur force afin de trouver la solution pour vaincre les trois déesses, devenir de véritables héros et sauver le monde. Voici, réalisé par David F. Sandberg, le douzième film de l’univers cinématographique DC qui met en scène le personnage de DC Comics Shazam, nommé Captain Marvel jusqu’en 2011… (Warner)
PARADISE HIGHWAY
Sally parcourt les routes américaines au volant de son camion. Elle est très proche de son frère Dennis qui est en prison et qu’un gang de prisonniers l’oblige à des activités illicites. Pour l’aider, Sally a été plusieurs fois contrainte de transporter pour le gang des marchandises non déclarées et illégales. L’agent Gerick (Morgan Freeman) et son collègue Sterling du FBI enquêtent sur les agissements du gang. Sally doit se remettre en question lorsqu’elle découvre que sa nouvelle « livraison » est une fille nommé Leila, enlevée à sa famille par un réseau de prostitution. Avec cette dernière à bord de son camion, elle est poursuivie par les autorités ainsi que des tueurs du gang. Anna Gutto met en scène un film d’action plutôt classique qui a la particularité d’offrir le rôle de Sally à la Française Juliette Binoche… (Metropolitan)
DESIR FATAL
Auteur de voies de fait, Connor Bates a été condamné à la prison. Le jeune homme qui a purgé sa peine, travaille désormais dans une bibliothèque et passe le plus clair de son temps libre à courir, nager et essayer de remettre sa vie sur les rails. Même si son agent de probation ne cesse de le harceler. Un jour, à la bibliothèque, il rencontre Marilyn Chambers, l’épouse d’un riche homme d’affaires. Celle-ci lui fait comprendre que son mari la maltraite. Troublé, Connor (Ray Nicholson) tombe sous le charme de cette belle femme mystérieuse et plus âgée que lui. En s’appuyant sur la comédienne allemande Diane Kruger, prix d’interprétation à Cannes en 2017 pour In the Fade de Fatih Akin, l’Américain Neil LaBute met en scène une relation intense qui plonge les deux amants dans une spirale dont ils perdent peu à peu le contrôle. (Metropolitan)
IRON MONKEY
Au 19e siècle, dans une région de Sud de la Chine dirigée par Cheng, un gouverneur injuste et corrompu, la population est désespérée. Elle peut cependant compter sur un homme qui a le courage d’affronter le système. On le surnomme Iron Monkey (Rongguang Yu). Celui-ci profite de l’obscurité de la nuit pour voler, tel Robin des Bois, les riches et redistribuer aux pauvres ce qui leur est dû. C’est dans ce contexte qu’un médecin de Canton, Wong Kei-Ying (Donnie Yen), arrive avec son fils, Wong Feihong. À la suite d’une bagarre, ils sont arrêtés et présentés devant le gouverneur avec d’autres citoyens. Celui-ci les accuse tous d’être potentiellement le Iron Monkey et les menace d’exécution s’ils ne se dénoncent pas. Étant incapable de mettre la main sur le rebelle, le gouvernement finit par mettre en prison le fils de Wong Kei-Ying, par ailleurs maître en arts martiaux, pour l’obliger à traquer l’indésirable. En chemin, il trouvera de l’aide auprès du Docteur Yang et de son assistante Orchid qui font preuve d’une rare bienveillance envers la population. Mais Wong Kei-Ying n’est pas au bout de ses peines pour libérer son fils… En 1993, Yen Woo-Ping réalise un bon film d’arts martiaux où deux hommes vont unir leur force contre le gouverneur Cheng et ses sbires. (Metropolitan)
LA CLE
Débutant comme archiviste à la Cinémathèque française puis assistant de Cavalcanti et de Rossellini, Tinto Brass, 90 ans, s’est imposé comme le maître du cinéma érotique italien. En 1983, il met en scène La chiave (en v.o.) qui se déroule en 1940, à Venise, alors que l’Italie fasciste s’apprête à entrer en guerre. Homme déclinant et libertin, Nino tient le journal de ses frustrations et de ses fantasmes avec le désir inavoué que Teresa, sa très belle épouse, le lise. Laszlo, son futur gendre, est photographe. Nino obtient sa complicité en lui demandant de développer des photos de sa femme en tenue suggestive. Laszlo accepte, se rapproche de Teresa et entre dans une liaison torride avec elle… Teresa se met alors à son tour à rédiger un journal qui répond à celui de son mari. Le film a été remarqué à cause de la présence de Stefania Sandrelli, comédienne chez Bertolucci dans Le conformiste en 1970 ou 1900 en 1976, dans le rôle de la lubrique Teresa… (Sidonis Calysta)
MIRANDA
Dans la foulée de La clé, Tinto Brass enchaîne, en 1985, avec Miranda dans lequel la pulpeuse Serena Grandi va se faire connaître du grand public. Son personnage, inspiré de l’aubergiste Mirandolina de La locanderia de Carlo Goldoni, lui permettra de faire entrer dans la mémoire du cinéma son anatomie généreuse. Dans la plaine du Pô au début des années 1950, une aubergiste prospère et très serviable, nommée Miranda, attend depuis des années le retour de son mari, Gino, disparu à la guerre. Dans l’attente, Miranda multiplie les aventures avec des hommes gravitant autour de l’auberge… Jouant avec ses différents soupirants, Miranda passe d’une rencontre sentimentale et sexuelle à une autre, avec une grande facilité et légèreté. Parallèlement, elle se permet aussi de dispenser des conseils amoureux et des déclarations libertines à ses amis. (Sidonis Calysta)
LE MONSTRE QUI VIENT DE L’ESPACE
De retour des confins du système solaire avec la mission spatiale Scorpion V où il a été exposé aux radiations des anneaux de Saturne, l’astronaute Steve West est le seul survivant d’une mission spatiale historique. Gravement blessé, il découvre qu’il se détériore progressivement sur le plan physique, processus que seul le cannibalisme peut freiner. Après qu’il se soit échappé de l’hôpital, il multiplie les victimes, taraudé par un inextinguible appétit de chair humaine. L’équipe médicale, composée de deux médecins, se lance à sa recherche. Le responsable de l’opération, le général Michael Perry, lui a demandé le secret le plus absolu. L’un des médecins, Ted Nelson, est un ami de Steve West. Il est inquiet pour son épouse Judy, enceinte de trois mois après déjà deux fausses couches. En 1977, dans un production de Roger Corman et avec d’impressionants maquillages réalisés par Rick Baker William Sachs jongle entre la science-fiction et le film d’horreur et suit à la trace « l’homme fondant » (Alex Rebar) qui se décompose vivant, laissant ici un œil, là une oreille… Inédit en dvd et en Blu-ray. (Sidonis Calysta)
CRAZY BEAR
Quand un ours noir américain trouve dans les bois de Géorgie une cargaison de cocaïne, les ennuis commencent ! La comédienne et cinéaste Elizabeth Banks s’inspire librement d’un incroyable fait divers: en 1985, une cargaison de cocaïne contenue dans un sac de sport était tombée dans la forêt nationale de Chattahoochee-Oconee, à la suite du crash de l’avion qui la transportait. La drogue avait été dévorée par un ours noir qui en est mort rapidement… Le film est une comédie noire qui met en scène un groupe mal assorti de flics, de criminels, de touristes et d’adolescents. Tous convergent au cœur d’une profonde forêt vers l’endroit même où rode, enragé et assoiffé de sang, un super prédateur de plus de 200 kilos, rendu complètement fou par l’ingestion d’une dose faramineuse de cocaïne. (Universal)
LES MANIPULATRICES, LA DANSEUSE BLESSEE ET LA FILLE DE L’EAU 
MON CRIME
Après Huit femmes (2002) et Potiche (2010), François Ozon complète, avec Mon crime, sa trilogie sur les femmes. Une superbe propriété Art déco avec piscine dans un Paris cossu. Une jeune femme sort de la bâtisse, affolée. Elle s’enfuit et erre dans la capitale avant de revenir au petit appartement de la rue Jacob qu’elle partage avec son amie Pauline Mauléon… Au mitan des années 30, à Paris, Madeleine Verdier, jeune et jolie actrice sans le sou et sans grand talent, va être accusée du meurtre d’un riche et célèbre producteur. Elle nie les faits avant de craquer. Eh oui, c’est elle qui a commis le crime. Mais elle est aussi la victime d’un homme qui a tenté de s’en prendre à sa vertu. Le juge d’instruction Rabusset est aux anges. Enfin, il tient un dossier bien ficelé. Avec, en prime, des aveux. La reine des preuves. Devant les assises, Madeleine a enfin l’occasion d’être dans la lumière. Son amie Pauline, jusque là jeune avocate au chômage, lui a carrément écrit des… dialogues qui lui permettent de briller. Car il en va de la cause des femmes dans ces années trente où les femmes sont mineures quant à leurs droits et majeures quant à leurs devoirs… Pour légitime défense, Madeleine sera acquittée, sinon avec les félicitations du jury, du moins sous les applaudissements du public féminin. Pour la jeune femme, commence une nouvelle vie, faite de gloire et de succès. Mais la vérité va pourtant éclater au grand jour. Si, ces dernières années, c’est plutôt le drame qui primait dans sa filmographie (Grâce à Dieu en 2018 ou Tout s’est bien passé en 2021), Ozon amorce un sympathique retour à la comédie fantaisiste. En s’appuyant sur une pièce du théâtre boulevardier, il tire les fils d’une intrigue qui nous tient en haleine juste ce qu’il faut mais qui a le mérite de nous divertir autour des ambiguïtés de l’âme humaine, du statut des femmes et des frontières, ici plutôt floues, du bien et du mal. Tout cela servant d’écrin à de joyeux personnages féminins qui font bloc contre les hommes tout en étant passablement manipulatrices. Nadia Tereszkiewicz (Madeleine) et Rebecca Marder (Pauline) s’en donnent à coeur-joie, rejointes par Isabelle Huppert en parfaite foldingue, face à une galerie de personnages masculins (Fabrice Luchini, Dany Boon, André Dussollier, Olivier Broche, Régis Laspalès) tous plus savoureux les uns que les autres. Frank Capra disait que le pêché capital au cinéma, c’est l’ennui. De ce point de vue, François Ozon a tout juste. (Gaumont)
HOURIA
Sur une terrasse, au soleil méditerranéen, Houria, superbe en cygne noir, un casque sur les oreilles, danse, dans la séquence d’ouverture du second long-métrage de fiction de Mounia Meddour, pour préparer le casting d’un chorégraphe qui va monter Le lac des cygnes… On retrouve la jeune femme, dans les images qui clôturent le film, sur cette même terrasse où flottent des voiles. Avec un groupe de femmes, elles dansent pour l’espoir et pour la vie. « Je respire, je tourne et je m’oublie ». Entre ces deux temps baignés de musique, Houria va vivre de terribles déconvenues. Un véritable descente aux enfers pour cette jeune Algérienne qui travaille comme femme de ménage dans un hôtel en rêvant de devenir une grande ballerine. La nuit, pour s’offrir une voiture, Houria participe à des paris clandestins sur des affrontements de béliers surnommés Poutine, Shakira, Obama, Trump, Joker ou Danger nucléaire… Probablement de mèche avec l’organisateur de ces combats spécifiques de l’Algérie, Houria empoche une belle somme et disparaît dans la nuit. C’est sans compter avec Ali, un parieur qui s’estime floué. Il poursuit la jeune femme, la frappe violemment, la laisse sur le carreau… A l’hôpital, on constate une cheville fracturée mais surtout, à cause d’un oedème majeur, la jeune femme est désormais muette. Découvert en 2019 avec l’excellent Papicha, Mounia Meddour poursuit ici l’exploration de la société algérienne contemporaine à travers l’histoire d’une jeune danseuse qui va se métamorphoser à la suite d’un accident, découvrant l’isolement, la solitude, le handicap mais aussi renaître plus forte dans la solidarité des femmes… Si Houria est sans doute moins emballant que Papicha, le film se présente pourtant comme une oeuvre bourrée d’énergie. Houria suit deux danseuses, vivant sans hommes, ne portant pas le voile, superbement incarnées par Lyna Khoudri et Rachida Brakni… Mounia Meddour note : « La liberté individuelle aspire à une envie de s’épanouir, à s’exprimer et à explorer des chemins artistiques variés. En Algérie, le poids des traditions et le patriarcat sont trop présents et il est très difficile de s’émanciper quand on est une femme… » (Le Pacte)
EL AGUA
C’est l’été dans un petit village du sud-est espagnol. Une tempête menace de faire déborder à nouveau la rivière qui le traverse. Or le village a connu des crues terribles. De plus, une ancienne croyance populaire assure que certaines femmes sont prédestinées à disparaître à chaque nouvelle inondation, car elles ont « l’eau en elles ». Une bande de jeunes essaie de survivre à la lassitude de l’été. Ils fument, dansent, se désirent. Dans cette atmosphère électrique, Ana et José vivent une histoire d’amour, jusqu’à ce que la tempête éclate… Symbole de pureté, de liberté, de vie, mais aussi de mort et de destruction, l’eau demeure un élément indomptable qui recèle encore bien des mystères. Pour son premier long-métrage présentée à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes et nommé aux Goyas, la réalisatrice Elena Lopez Riera s’empare d’une légende de son village natal, selon laquelle les femmes sont soumises aux caprices du fleuve, qui peut décider d’emporter l’une d’elles lors de ses crues dévastatrices. Conte onirique surnaturel et portrait d’une génération désorientée rêvant de liberté, cette chronique romanesque du premier amour et de ses premiers tourments dégage, entre mythologie et modernité, un magnétisme fascinant. El Agua est aussi une œuvre féministe au message subtil : les femmes devraient pouvoir faire leurs propres choix, en toute liberté. Dans le rôle d’Ana, Luna Pamies est superbe, incarnant, mystérieuse et insaisissable, une jeune femme qui essaie d’échapper à son destin. Le dvd est accompagné d’un débat avec la réalisatrice et l’actrice principale. (Blaq Out)
THE WHALE
Après un premier film -Pi- financé par sa famille et ses amis, Darren Aronofsky connaît d’emblée la consécration en 2000 avec Requiem for a Dream, plongée dans l’addiction sous toutes ses formes, montrant la décadence infernale d’un quatuor noyant son quotidien dans des visions faussées du paradis et de la célébrité… On le remarque ensuite avec The Wrestler (2008) où Mickey Rourke est un catcheur à la dérive puis Black Swan (2010) qui permet à Natalie Portman une composition mémorable. Avec The Whale, adaptation de la pièce de théâtre éponyme de Samuel D. Hunter, présentée en sélection officielle à la Mostra de Venise 2022, voici l’histoire de Charlie, homme d’âge mûr souffrant d’obésité morbide qui essaie de renouer avec sa fille de dix-sept ans. Ils se sont séparés, depuis que le père a abandonné sa famille pour son amant. Depuis la mort de ce dernier, Charlie souffre du syndrome d’hyperphagie incontrôlée en raison de son état dépressif… Le film marque le grand retour de Brendan Fraser -connu pour une comédie comme George de la jungle (1997) ou dans la trilogie de La momie (1999-2008), dans un rôle à Oscars. Et d’ailleurs la statuette de meilleur acteur sera bien au rendez-vous. Loin de tout académisme (même s’il n’évite pas quelques grosses ficelles mélodramatiques) et dans un dispositif filmique très sobre mais habile, Aronofsky s’intéresse de près, en jouant notamment, sur une remarquable bande-son, à un personnage énorme pris/emprisonné dans un petit appartement propre à la claustrophobie… Une œuvre très sensible ! (Seven 7)
LA SYNDICALISTE
Syndicaliste CFDT au sein du groupe Areva, entreprise française et multinationale de premier plan de l’industrie nucléaire, Maureen Kearney est très engagée et appréciée des salariés. Elle entretient de bonnes relations de travail avec la dirigeante de l’entreprise jusqu’au remplacement de celle-ci. Elles subissent chacune à leurs niveaux des reproches d’incompétence, rabaissées à leur condition de femmes ignorantes, usurpant leurs places dans ce monde contrôlé par des hommes. En 2012, un informateur travaillant chez EDF fait part à la syndicaliste d’un accord secret qui permettrait des transferts de technologie nucléaire et qui menace toute l’industrie française du nucléaire. Maureen va se retrouver en position de lanceuse d’alerte. Lorsqu’elle doit rencontrer les plus hautes autorités politiques françaises, elle est victime chez elle d’un viol et ud’n acte de barbarie : un « A » scarifié sur le ventre. Ligotée à une chaise, bâillonnée, un bonnet sur la tête elle est menacée d’un « C’est le deuxième avertissement, il n’y en aura pas de troisième ». En s’appuyant sur Isabelle Huppert et en adaptant le livre-enquête de Caroline Michel-Aguirre consacré à la syndicaliste, Jean-Paul Salomé signe un thriller efficace sur les rouages économiques, politiques, sociétaux au travers du parcours d’une combattante, façon Erin Brockovich à la française. (Le Pacte)
CREED III
Désormais au sommet de sa carrière, Adonis Creed voit ressurgir son passé quand un vieil ami, Damian Anderson, sort de prison après 18 ans derrière les barreaux. Alors que Damian (Jonathan Majors) désire plus que tout prouver sa valeur en tant que boxeur, Adonis va faire des choix qui vont inévitablement pousser les deux anciens amis à s’affronter sur le ring pour le titre de champion du monde. Réalisé par Michael B. Jordan, Creed III : La relève de Rocky Balboa, est le neuvième film de la série Rocky mais aussi le premier film de la saga où Sylvester Stallone ne reprend pas son rôle de Rocky Balboa. Le comédien Michael B. Jordan reprend, lui, son rôle d’Adonis Creed qu’il tenait dans les deux premiers Creed et officie pour la première fois de sa carrière comme réalisateur. Du bon cinéma de boxe dans un contexte d’arnaque entre criminels et de coups bas pour pouvoir monter sur le ring. Au moment de sa sortie dans le salles françaises, en mars dernier, les projections du film avaient donné lieu à des rixes et des scènes de violences dans le public. (Warner)
MEMENTO
Souffrant d’une amnésie antérograde à la suite d’un traumatisme crânien, Leonard Shelby (Guy Pearce) ne se souvient plus de rien dès qu’il a quitté un lieu ou un personnage. C’est pour cela qu’il a toujours avec lui un appareil photo à développement instantané, pour remplacer sa mémoire défaillante par des traces tangibles qu’il pourra décrypter plus tard, de même qu’il porte sur son corps des tatouages rappelant des phrases et des faits essentiels de sa vie… Il part à la recherche du meurtrier supposé de sa femme, un certain John G. Avec l’aide de Teddy (Joe Pantoliano) et de Natalie (Carrie-Anne Moss), il croit avoir retrouvé sa trace et décide de se venger en le tuant. Mais l’assassin n’est pas celui qu’il croit.. A sa sortie en 2000, Memento (Souviens-toi en latin) est largement applaudi par la critique. Avec son impeccable scénario et une écriture aussi brillante que déroutante, le second long-métrage de Christopher Nolan va lancer la carrière du cinéaste de Batman Begins, Inception, The Dark Knight, Dunkerque, Tenet ou Oppenheimer qui sort sur les grands écrans. Une pépite ! (Metropolitan)
LA DERNIERE DANSE DE KIRSTY McLEOD
En 1916, la ravissante Kirsty McLeod rêve de nouveaux horizons, loin de son île écossaise des Hébrides extérieures où elle mène une vie routinière. Son idylle naissante avec Murdo, un jeune poète revenu d’Amérique ouvre la porte à un nouvel avenir. Mais quand celui-ci doit partir pour le front européen, il ne reste aux deux jeunes gens qu’une dernière nuit de danse et d’amour pour se dire adieu. Cette même nuit, la vie de Kirsty est bouleversée par un événement tragique. La jeune femme n’a alors d’autre choix que d’affronter cette nouvelle épreuve, seule face au secret. Avec Hermione Corfield dans le rôle de Kristy, Richie Adams, en adaptant un roman de John MacKay, réalise, dans des paysages grandioses, une belle fresque d’amour et de mélancolie sur fond d’agression sexuelle dans une petite communauté. C’est au cours d’une soirée dansante organisée pour saluer la demi-douzaine de quasi-adolescents du village en âge de se battre, que le drame a lieu… Un récit classique et nostalgique sur fond de grossesse et de déni… (Condor)
LA CHAMBRE DES MERVEILLES
Maman célibataire obnubilée par son travail dans une entreprise de cosmétiques, Thelma se promène un jour avec Louis, son fils. Elle reçoit un énième coup de fil professionnel, ce qui a le don d’exaspérer Louis, qui s’éloigne avec son skateboard. Ces quelques secondes d’inattention suffisent pour que Louis soit percuté par un véhicule. Il est transporté à l’hôpital dans un état grave. Thelma retrouve alors dans les affaires de son fils un journal qu’il nomme son « carnet des merveilles », rempli d’actions qu’il souhaiterait accomplir dans l’avenir. Thelma se met alors en tête d’accomplir elle-même ces actions pour qu’il les vive par son intermédiaire. Lisa Azuelos adapte le premier roman de Julien Sandrel, paru en 2018 chez Calmann-Lévy, et signe un beau conte sensible, à la fois grave et joyeux, sur l’amour maternel. Dans le rôle de Thelma, Alexandra Lamy est émouvante à souhait. (M6)
JOHN WICK – CHAPITRE 4
John Wick n’en a pas fini de sa lutte contre l’organisation criminelle connue sous le nom de la Grande Table… Cette fois, il va affronter un puissant ennemi, le Marquis de Gramont, qui a tissé de nombreuses alliances à travers le monde et il a transformé de vieux amis de John en ennemis. De Berlin à Paris où il se retrouve, du côté du 7e arrondissement, de l’Etoile, du Sacré-Coeur ou du Trocadéro, avec tous les tueurs du Marquis à ses trousses, Wick va devoir se prêter à un duel selon les règles les plus traditionnelles : les deux adversaires tirent un premier coup à trente pas, un second à vingt pas et un troisième à dix pas. Wick est blessé gravement et le Marquis (Bill Skarsgard) décide de prendre l’arme des mains de son adversaire afin d’avoir le plaisir d’achever Wick. Mais celui-ci n’a pas encore tiré le coup auquel il avait droit à dix pas : il peut donc abattre le Marquis sans difficulté à bout portant… Avec l’inaltérable Keanu Reeves dans le rôle de John Wick, le réalisateur Chad Stahelski met en scène une cavalcade effrénée de près de trois heures dans laquelle le spectateur n’a pas le temps de reprendre son souffle. (Metropolitan)
LA PISTE DES CARIBOUS
Au Canada, en Colombie britannique, Jim Redfern et ses deux associés convoient leur bétail sur la Piste des Caribous, à la recherche d’une terre où ils pourront bâtir leur ranch. Bientôt rejoint par le prospecteur « Grizzly » Winters, ils se heurtent à Frank Walsh, un riche propriétaire qui voit d’un mauvais œil leur arrivée dans la région et qui tente de les intimider pour qu’ils aillent se faire pendre ailleurs. La rencontre de Redfern avec la belle Frances Harrison n’arrange rien à la situation désormais explosive… En 1950, Edwin L. Marin dirige, une nouvelle fois dans le rôle de Redfern, Randolph Scott, l’une des stars du western des années cinquante, l’entourant d’une brochette de gueules westerniennes dont le vétéran Gabby Hayes (Grizzly) qui tient, ici, son dernier rôle au cinéma. On remarque aussi la charmante Karin Booth dans le rôle de Frances… Un western rythmé porté par une belle bande musicale de Paul Sawtell.. (Sidonis Calysta)
SAGE-HOMME
Ayant raté le concours d’entrée en médecine, Léopold opte pour des études au sein d’une école de sage-femmes, sans en avoir informé ses proches. Lors de sa formation qu’il entame sans trop de motivation, il rencontre Nathalie, une sage-femme expérimentée et passionnée par son métier qui va lui donner une autre vision de cet univers. Autant dire que ses certitudes seront bouleversées. Après Et soudain tout le monde me manque (2011) dans lequel elle réunissait Mélanie Laurent et Michel Blanc, la réalisatrice Jennifer Devoldère revient avec une comédie dramatique qui alterne humour et émotion pour se pencher sur les aspirations d’une jeunesse qui tente de trouver sa place dans la société. Et la cinéaste les évoque à travers les problèmes d’un métier méconnu qui nous vaut quelques bonnes scènes dans le quotidien de l’hôpital… La chevronnée Karin Viard incarne Nathalie tandis que Melvin Boomer, danseur de breakdance, révélé en 2022 dans la mini-série Le Monde de demain (où il incarne le jeune JoeyStarr), est, dans son premier film de cinéma, un Léopold tout à fait crédible. (Warner)
SCREAM VI
Réalisé par Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin, ce sixième film de la franchise Scream combine, comme les opus précédents, le slasher et la comédie noire tout en proposant une satire des franchises de films. L’histoire se concentre sur le nouveau départ des sœurs Samantha et Tara Carpenter et des jumeaux Mindy et Chad Meeks-Martin à New York, un an après les derniers meurtres survenus à Woodsboro auxquels ils ont survécu. Alors qu’ils tentent d’oublier les récents évènements, et malgré la surprotection de Sam auprès de Tara, un nouveau tueur caché sous le masque de Ghostface arrive en ville tout en laissant derrière lui les masques de tous les précédents tueurs de la saga sur chaque scène de crime… Tout le monde est un suspect potentiel et personne n’est en sécurité dans ce nouveau thriller horrifique dans lequel on retrouve, pour la sixième fois, Courteney Cox dans le rôle de Gale Weathers… Plus gore que jamais ! (Paramount)
BLUEBACK – UNE AMITIE SOUS-MARINE
Enfant, Abby prend plaisir à pratiquer la plongée. A cette occasion, elle se lie d’amitié avec un magnifique blue groper sauvage. Quand elle comprend que ce beau mérou, tout comme son habitat, est menacé, elle s’inspire de Dora, sa mère, une active militante, pour s’attaquer aux braconniers et sauver ainsi son ami… C’est le début d’un combat pour sauver les récifs coraliens du monde entier. En s’inspirant du livre éponyme, le réalisateur Robert Connolly signe un film familial qui développe un message écologiste et militant pour la protection des animaux à travers un emblématique gros poisson en péril. Même si le discours n’est pas nouveau, le film se regarde comme un beau livres d’images. Mia Wasikowska, vue dans Jane Eyre (2011), Stoker (2013), Blackbird (2019) ou Bergman Island (2021) incarne Abby à l’âge adulte. (Metropolitan)
CANADIAN PACIFIC
Employé de la Canadian Pacific Railroad, Tom Andrews reçoit pour mission de trouver un passage dans les Montagnes Rocheuses pour finaliser un itinéraire de chemin de fer entre le Canada et les Etats-Unis. Une entreprise qui n’est pas du goût de tout de monde, en particulier des trappeurs qui mettent tout en œuvre pour saboter le projet, allant jusqu’à provoquer une révolte indienne afin de préserver leurs intérêts dans le commerce de la fourrure… Dans le contexte de la construction du réseau de la compagnie ferroviaire du Canadien Pacifique et tourné en 1949 dans les paysages magnifiques des Montagnes Rocheuses, le réalisateur Edwin L. Marin (qui dirigea huit fois Randolph Scott, l’interprète de Tom Andrews) signe un western à grand spectacle qui s’appuie sur des faits réels, en l’occurrence la construction de la ligne qui donne son titre au film. Dans le rôle du Dr Cabot, on remarque la pétillante Jane Wyatt. (Sidonis Calysta)
LE WONDERBOY, LA JEUNE FRANCO-COREENNE ET DELON EN TRUAND ITALIEN 
THE FABELMANS
Dans La nuit américaine, chant d’amour au cinéma, Truffaut disait que les films sont plus harmonieux que la vie… A son tour, Steven Spielberg lance un cri d’amour au 7e art. Tout commence lorsque Mitzi et Burt Fabelman décident d’aller au cinéma en famille. Dans l’Amérique des années 50, c’est la sortie par excellence. Les salles sont immenses, le public est présent en masse et les enfants ont les yeux immensément ronds devant l’écran de lumière. Pour le petit Sammy, la rencontre avec le cinéma, ce sera Sous le plus grand chapiteau de monde. C’est le choc, la révélation, l’instant fondateur ! Désormais Sammy dort, mange, lit, court, rêve cinéma. Et un train électrique va devenir son premier plateau de tournage. Le gamin organise à son tour un accident qu’il filme avec la petite caméra paternelle. Son père l’encourage pleinement. Car lorsque l’accident sera sur la pellicule, Sammy pourra le revoir autant de fois qu’il le souhaite… sans abîmer définitivement ses beaux jouets… Cette passion désormais chevillée au corps, Sammy Fabelman passe son temps à filmer sa famille. « Parce que les films sont des rêves qu’on oublie jamais ». Au fil des années, Sammy, à force de pointer sa caméra sur ses parents et ses sœurs, est devenu le documentariste de l’histoire familiale! A 73 ans le wonderboy a désormais pris de la bouteille. Il est l’une des personnalités les plus influentes d’Hollywood. De Duel à Pentagon Papers en passant par Les dents de la mer, E.T., Indiana Jones, Jurassic Park, Munich, ses succès ne se comptent plus. Et son audience mondiale se chiffre en millions d’entrées. Chronique familiale intimiste, The Fabelmans, c’est une déclaration d’amour. Au cinéma mais aussi à une famille magnifique avec un père tendre et lunaire et une mère, brillante pianiste concertiste qui renonça à son art pour s’occuper des siens. Une famille parfois un peu meschugge. Ainsi l’oncle Boris qui lui glisse qu’entre la famille et l’art, il va être déchiré en deux. Sammy ne sait pas encore que les images familiales qu’il filme avec soin, révéleront une rude secret familial. On est emporté, avec jubilation, dans cette chronique tendre, cruelle, vintage, colorée, chaotique et bouleversante où la vie est rythmée par une caméra Bolex, une table de montage 8mm Mansfield ou une Arriflex16 pour laquelle Sammy se reconvertirait presque au catholicisme. Gabriel LaBelle est un double attachant. Paul Dano est touchant en père parfois pathétique. Quant à Michelle Williams, elle est formidable en mère aimante qui se reproche tout et le reste… (Universal)
RETOUR A SEOUL
Sur un coup de tête, Frédérique Benoît dite Freddie, 25 ans, retourne pour la première fois en Corée du Sud, le pays où elle a vu le jour. Avec une fougue qui surprend ses interlocuteurs coréens, la jeune femme se lance à la recherche de ses origines sur une terre qui, pourtant, lui est étrangère. Même si un personnage lui glisse qu’elle a un vrai visage de Coréenne. Tandis que ses parents adoptifs en France, s’inquiètent, l’existence de Freddie va basculer dans des directions nouvelles et inattendues. Car la jeune Française va rencontrer son père et la famille de celui-ci pour lequel elle est Yeoh-See… Avec tristesse, le jour de son anniversaire, Freddie se demande si, à cet instant, sa mère pense à elle… Connu pour avoir réalisé, en 2012, le documentaire Le sommeil d’or sur les témoins survivants de l’âge d’or (1960-1975) du cinéma cambodgien, le cinéaste franco-cambodgien Davy Chou explore le thème de l’adoption internationale mais Retour à Séoul va bien au-delà au fur et à mesure que Freddie se cherche et s’émancipe aussi des identités qu’on lui assigne… Une errance coréenne contemporaine qui suit la la trajectoire d’un personnage qui refuse constamment de rentrer dans une définition pré-établie ou encore qu’on parle en son nom. Qui suis-je ? Quelle est ma place ? Où me situer par rapport aux autres ? Cette thématique universelle de l’identité donne lieu à une chronique intime qui se déroule sur huit années, durant lesquelles Freddie n’aura de cesse de se réinventer, de se reconstruire, de se réaffirmer. De souffrir aussi car Davy Chou résiste à l’idée un peu facile de la réconciliation avec soi comme finalité. Il n’y a pas de coup de baguette magique. La rencontre avec les parents biologiques ne referme pas la blessure. Pour Freddie, guerrière en colère incarnée magnifiquement par Park Ji-Min, c’est même le début de ses problèmes… (Blaq Out)
BIG GUNS
Tueur à gages pour le compte d’une mafia internationale, Tony Arzenta décide un jour de se retirer pour se consacrer davantage à sa femme et son fils. L’organisation ne l’entend pas de cette oreille et décide de le liquider. Pour Arzenta, commence une fuite en avant où il va tout perdre. A la suite de la mort tragique de sa femme et de son fils, le tueur à gages va se lancer dans une vendetta sans espoir. Thriller palpitant installé dans le milieu de la pègre à une époque où les films de mafieux sont à la mode (Le parrain de Francis Ford Coppola est sorti en 1972), Big Guns, réalisé en 1973, mêle les ingrédients indispensables à un film de mafia. Le réalisateur italien Duccio Tessari plonge dans l’ambiance noire de la pègre italienne et distille une atmosphère pesante et prenante. Le cinéaste montre la froideur du milieu et dresse de fait un portrait authentique, où les femmes et les enfants ne sont pas épargnés et où l’inhumanité persiste. Tout du long, la violence, des mots et des actions, règne de façon haletante jusqu’au dénouement. Dans ce polar urbain franco-italien, rien ne semble laisser au hasard. Les courses-poursuites sont dignes des grands films américains, le scénario est parfaitement construit, la violence est frontale, l’action st féroce. Au début des années 70, Alain Delon est une star internationale. Tessari lui confie un personnage de tueur méthodique, presque carnassier mais tout en retenue dont les ultimes bribes d’humanité ont disparu. Deux années plus tard, le duo renouvellera l’expérience avec Zorro… Ici, Delon est entouré de « gueules » comme Richard Conte ou Roger Hanin sans oublier la belle Carla Gravina. Restauré par Pathé, le film sort dans une belle édition (3 disques) dvd/Blu-ray DVD/Blu-ray avec les restaurations de la version française et de la version longue italienne du film, inédite en France. Un fleuron du poliziottesco, le polar bis italien en vogue dans les années de plomb de la péninsule. (Pathé)
GOUTTE D’OR
Ramsès, trente-cinq ans, tient un cabinet de voyance à la Goutte d’or à Paris. Habile manipulateur et un peu poète sur les bords, il a mis sur pied, en feignant une clairvoyance surnaturelle, un solide commerce de la consolation. L’arrivée d’enfants venus des rues de Tanger, aussi dangereux qu’insaisissables, vient perturber l’équilibre de son commerce et de tout le quartier. Jusqu’au jour où Ramsès va avoir une réelle vision. En 2015, Clément Cogitore signait son premier long-métrage de cinéma avec Ni le ciel ni la terre où il suivait un groupe de soldats des forces françaises en Afghanistan aux prises avec des talibans. Avec son second long-métrage de fiction, le cinéaste colmarien (qui est aussi un artiste et plasticien réputé) plante sa caméra dans un quartier parisien qu’il connaît bien pour y avoir vécu. En filmant « en bas de chez lui », Cogitore entend saisir l’énergie et la beauté, la violence et la tension de ce quartier populaire du 18earrondissement de Paris. A côté d’un terreau très documenté, il développe aussi un conte sombre autour d’un escroc manipulateur qui joue avec les croyances et les voix des morts pour faire fructifier une petite économie de la consolation… Ce fameux comédien qu’est Karim Leklou s’empare avec brio et empathie du personnage de Ramsès, le voyant-charlatan, qui va se retrouver face à ses propres peurs. Une œuvre intense et impressionnante ! (Diaphana)
S’EN FOUT LA MORT
Venus en France pour gagner rapidement beaucoup d’argent, Dah (Isaach de Bankolé) et Jocelyn (Alex Descas) sont engagés par Pierre Ardennes, un patron de boîte véreux (Jean-Claude Brialy), pour organiser des combats de coqs clandestins dans les sous-sols d’un restaurant désaffecté. Si les premiers combats sont un succès, Ardennes veut pourtant plus de spectacle et de sang, heurtant Jocelyn et sa passion mystique pour son combattant favori « S’en fout la mort » … Deuxième film réalisé par Claire Denis en 1990, S’en fout la mort est souvent considéré par la critique comme l’une des plus belles œuvres de la cinéaste. Nourri de son enfance africaine, de sa vie parisienne, de ses lectures, de ses réalisateurs américains vénérés, le film raconte le quotidien de deux amis, l’un africain, l’autre antillais, l’un dealer de coqs, l’autre éleveur de bêtes. Cinéaste de la sensation, du désir et du désordre, Claire Denis dépeint ici la violence des rapports humains avec une grande intensité. En prenant pour point de départ l’essai de Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs (1952), qui s’interroge notamment sur l’origine des rapports divergents qu’entretiennent les Antillais et les Africains avec l’homme blanc, la cinéaste livre un poème jazzy, une réflexion sur l’exil, une étude sur les liens que peuvent entretenir l’homme et l’animal, un traité sur le racisme ordinaire. Une œuvre cruelle et forte, qui sublime à elle seule le septième art. (Pathé)
PAR COEURS
« Le seul moment où je n’ai pas le trac, c’est au moment d’aller jouer » tonne Fabrice Luchini qui ajoute, presque véhément, « Il n’y a pas d’acteurs sans technique, sans science ». Festival d’Avignon, été 2021. Une comédienne, un comédien, face à leur rôle, leur texte, juste avant les représentations. En 1999, Benoît Jacquot réunissait Isabelle Huppert et Fabrice Luchini dans Pas de scandale, une comédie où ils jouaient un mari et une femme qui ne s’entendaient guère. Le cinéaste retrouve ces deux comédiens pour un intéressant documentaire qui les montre au travail. Bien sûr, le réalisateur est fasciné par la relation particulière entre un acteur et son texte. A Avignon, Isabelle Huppert donne La cerisaie, adaptation par Tiago Rodrigues de l’ultime pièce de Tchekhov. De son côté, Luchini distille son talent dans un Seul en scène. Devant une caméra attentive et complice, les deux comédiens se livrent pleinement et permettent d’entrer dans l’intimité de l’avant-représentation. Isabelle Huppert est bouleversante lorsqu’elle s’abandonne, entière, à la puissance du texte et Luchini est un volcan de démesure (maîtrisée!) lorsqu’il s’empare, déguste et savoure les mots ! (Blaq Out)
LA VIE CONJUGALE
Quels sont les grands moments qui marquent la vie d’un couple ? Sont-ils vécus de la même manière pour chacun ? Cinéaste volontiers raillé par la Nouvelle vague pour son académisme, André Cayatte se lance en 1964 dans un audacieux diptyque qui suit sept ans de la vie conjugale d’un homme et d’une femme. Chacun leur tour, de façon personnelle, Françoise et Jean-Marc racontent les moments les plus forts qui ont marqué leur union et leur rupture : la rencontre, les études, la réussite professionnelle, le mariage, la venue d’un enfant, le déménagement en province, la jalousie, les doutes… Ces deux films, l’un tourné du point de vue de la femme, l’autre de celui de l’homme, représente un défi (raconter les mêmes événements traversés par deux personnes qui les ont vécus côte à côte) que le cinéaste relève avec brio et a ainsi signé deux œuvres qui ne ressemblent à aucune autre. La genèse de Françoise & Jean-Marc ou la Vie conjugale, qui viennent d’être restaurés, est sans doute à rechercher du côté de la première profession du cinéaste. En tant qu’ancien avocat spécialisé dans les dossiers de divorces, Cayatte a pu constater les visions radicalement opposées d’époux en instance de rupture sur leur vie commune. Marie-Josée Nat et Jacques Charrier portent avec talent ce portait très juste de la société des années 60. (Pathé)
TROIS AMIGOS
À Mexico en 1916, Carmen et Rodrigo, venus d’un petit village du nom de Santo Poco, demandent de l’aide dans un bar afin de chasser El Guapo (le beau), qui les tyrannise. Mais le seul volontaire qui se présente ne s’intéresse qu’aux beaux yeux de Carmen. S’enfuyant du bar, Carmen et Rodrigo se retrouvent dans une église, où sur un écran, elle aperçoit trois justiciers en action : Lucky Day, Ned Nederlander et Dusty Bottoms aussi connus sous le nom des Trois Amigos, qui viennent en aide à un petit village en y chassant des bandits. Carmen décide de leur envoyer un télégramme, les invitant à venir dans leur village, pour y faire subir le même sort à El Guapo. Ce que Carmen ignore, c’est que Lucky, Ned et Dusty ne sont en fait que des acteurs de cinéma, spécialisés dans les rôles de cow-boys justiciers. Déjà auteur de plusieurs films culte des années 1980, comme Les Blues Brothers (1980), Le Loup-garou de Londres (1981), Un fauteuil pour deux (1983) ou encore le clip Thriller (1983) de Michael Jackson, John Landis réalise, en 1986, un western forcément atypique puisqu’il s’ingénie à multiplier les clins d’oeil (et les hommages!) au genre. Et à ce petit jeu, les trois têtes d’affiche, Steve Martin (Lucky), Martin Short (Ned) et Chevy Chase (Dusty) s’en donnent à coeur joie, y compris dans les gags largement ringards ou non-sensiques. Et c’est délicieux ! (Carlotta)
THE SON
Nicholas, âgé de 17 ans, n’est plus le garçon souriant qu’il était avant. Alors qu’il ne va même plus en cours, sa mère Kate est désemparée. Il va alors demander d’aller vivre chez son père, Peter. Ce dernier va tenter de redonner le goût de vivre à son fils. Avec The Father (2020), adaptation de sa propre pièce de théâtre, le dramaturge français Florian Zeller s’est immédiatement installé dans l’univers du cinéma. Ce film, couronné de l’Oscar du meilleur acteur pour Anthony Hopkins et de l’Oscar du meilleur scénario adapté, était la première transposition de sa trilogie familiale autour de La Mère, Le Père et le Fils. Face au succès mérité de The Father, Zeller s’est attaqué au dernier pan de cette saga, The Son, centré sur un adolescent dépressif et l’incompréhension de ses parents, incarnés par Hugh Jackman et Laura Dern. On replonge, ici, dans des appartements, dont celui de Peter, au cœur de Manhattan, où il vit avec sa femme Beth (Vanessa Kirby) et leur bébé. C’est là que Kate, l’ex-femme de Peter, vient frapper pour expliquer que leur fils (Zen McGrath), ne va pas bien. Autour de la réalité complexe de la dépression, Zeller construit une œuvre cinématographique subtile et forte… (Orange Studio)
LE MAITRE DU MONDE
En Pennsylvanie, à la fin du 19e siècle, un volcan pourtant éteint crache le feu, le tout accompagné d’un message apocalyptique. Deux scientifiques, Strock et Prudent, accompagnés d’un jeune couple, se rendent sur les lieux en dirigeable. Arrivés près du sommet, touchés par des fusées, ils s’écrasent dans le cratère. Les naufragés des airs sont désormais prisonniers de Robur -scientifique génial ou savant fou ?- qui veut pacifier la Terre en détruisant les armées de toutes les nations depuis l’Albatros, sa forteresse volante… Vincent Price, dans un rôle taillé sur mesure pour lui, incarne un Robur solidement halluciné alors que Charles Bronson presque encore débutant (malgré un intéressant Mitraillette Kelly par Roger Corman) est le scientifique Strock. Habitué du cinéma de Corman (La chute de la maison Usher, L’empire de la terreur), le romancier et scénariste Richard Matheson adapte et « mixe » deux œuvres de Jules Verne (Maître du monde et Robur le conquérant) que William Witney, en 1961, va traiter dans le ton de la science-fiction e du fantastique à l’ancienne… (Sidonis Calysta)
DEMONIA
Une équipe d’archéologues canadiens se rend en Sicile pour y entreprendre des fouilles. Dès son arrivée, la jeune Liza (Meg Register) se sent mystérieusement attirée par un étrange monastère médiéval autour duquel circulent de sombres histoires. En explorant ses ruines, elle met à jour l’existence d’une crypte secrète où furent jadis crucifiées cinq nonnes adoratrices de Satan. Suite à cette macabre découverte, une série de meurtres surnaturels vont avoir lieu… Au même titre que ses compatriotes cinéastes Dario Argento ou Mario Bava, le Romain Lucio Fulci (1927-1996) est l’une des figures les plus emblématiques du cinéma d’exploitation italien. Spécialiste du giallo, un genre typiquement transalpin qui mêle policier, horreur et érotisme, Fulci a réalisé de très nombreux films dont L’enfer des zombies (1979) ou La longue nuit de l’exorcisme (1972). Coécrit avec Piero Regnoli, Demonia (1990) est un film choc et sulfureux dans lequel le grand maître du macabre renoue avec ses chefs-d’œuvre des années 1970 à l’atmosphère gothique et aux excès gore. Demonia, pour la première fois en Blu-ray et restauré 4K, c’est du surnaturel (forcément?) démoniaque. (Carlotta)
JOURS D’AMOUR
Dans un village de la Ciociaria, à mi-chemin entre Rome et Naples, deux jeunes gens, Pasquale et Angela s’aiment d’amour tendre et veulent se marier. Mais ils sont trop pauvres pour faire (et surtout financer!) la noce selon les rites traditionnels… Leurs deux familles (qui se vouent une haine tenace depuis des années) décident alors d’user d’un stratagème pour éviter les dépenses inutiles: Pasquale enlèvera Angela, ils passeront un jour ou deux seuls et, au retour, il ne restera plus qu’à les marier sans cérémonie, donc sans frais. Ils simulent une fugue. Emus par leur passion et révoltés par l’attitude de leurs familles, les habitants de leur village prennent fait et cause pour les jeunes gens. Même le curé de la paroisse décide d’ajouter son grain de sel à l’affaire… En 1954, Giuseppe De Santis, l’un des fondateurs du néoréalisme italien avec des films comme Riz amer ou Pâques sanglantes, met en scène, dans sa ville natale de Fondi et dans une tonalité sentimentalo-romanesque, une franche comédie sur un amour contrarié par les difficultés matérielles. Quelque part entre la commedia dell’arte et la chronique sociale et de moeurs, les aventures comico- tragiques d’Angela et Pasquale sont incarnées par deux beaux interprètes : Marcello Mastroianni et Marina Vlady. (Carlotta)
A LA BELLE ETOILE
Depuis son plus jeune âge, Yazid Ichemrahen n’a qu’une passion, la pâtisserie. Elevé entre famille d’accueil et foyer, le jeune homme s’est forgé un caractère indomptable. D’Epernay, sa ville natale à Paris en passant par Monaco, il va tenter de réaliser son rêve : travailler chez les plus grands chefs pâtissiers et devenir le meilleur. Pour son premier long-métrage de cinéma, Sébastien Tulard, passé par les clips, les pubs, les courts et les séries, s’intéresse au parcours d’un jeune gamin à l’enfance difficile…mais porté depuis tout petit, par sa passion pour les Paris-Brest, les babas et les éclairs. La pâtisserie ou une porte vers un destin plus grand que soi. Sur un sujet somme toute assez léger, le cinéaste propose une aventure positive. La mise en scène est plate mais l’épopée de ce pâtissier qui remporta en 2014 le titre de champion du monde des desserts glacés, a un gentil goût sucré. C’est l’influenceur, vidéaste, humoriste et donc désormais acteur Riadh Belaïche qui incarne le pâtissier… (M6)
FRERES DU DESERT
Jeune nomade de 12 ans, Zodi découvre, dans le désert, un bébé dromadaire orphelin. Il le recueille, le nourrit, le baptise Téhu et devient son meilleur ami. Zodi apprend par une vétérinaire, Julia (Alexandra Lamy), que Téhu est un coureur exceptionnel et qu’il peut rapporter beaucoup d’argent à sa tribu. Mais les qualités de son jeune dromadaire suscitent la convoitise de Tarek, un braconnier de la région. Pour éviter que Téhu ne soit vendu, Zodi décide alors de s’enfuir et de traverser le Sahara. C’est pendant ce voyage que Zodi affrontera Tarek (Youssef Hajdi), survivra à une tempête de sable et traversera la mer de sel avec pour ultime objectif d’inscrire Téhu à la plus grande course de dromadaires au monde à Abu Dhabi. Avec l’aide de Julia, Zodi (le jeune Yassir Drief) va se démener pour réaliser son rêve, faire de Téhu un champion et sauver sa tribu. Remarqué en 1991 avec Le brasier, un mélodrame social sur l’univers minier et l’immigration polonaise, Eric Barbier a signé, récemment, Petit pays, une forte adaptation du roman éponyme de Gaël Faye. Il réalise, ici, une pure comédie d’aventures familiale. (M6)
INTERDIT AUX CHIENS ET AUX ITALIENS
Au début du 20e siècle, dans le nord de l’Italie, à Ughettera, berceau de la famille Ughetto, la vie est devenue très difficile. Les Ughetto envisagent de quitter la région et rêvent de tout recommencer à l’étranger. Selon la légende, Luigi Ughetto traverse alors les Alpes et entame une nouvelle vie en France, changeant à jamais le destin de sa famille tant aimée. On trouve, sur le net, une image ancienne en noir et blanc, celle d’un panneau accroché à la devanture d’un vieux café : « Interdit aux chiens et aux Italiens ». Rude évocation de la façon dont les migrants italiens étaient accueillis à l’époque en France. Dans un superbe film d’animation réalisé en stop-motion, à la fois original et touchant, Alain Ughetto (prix du jury au festival d’Annecy pour son film) reconstitue l’histoire de sa famille, raconte le destin de toute une génération de migrants fuyant le fascisme et la misère. Un travail de mémoire beau et nécessaire dans une émouvante fresque intime et historique. Avec un regard plein d’humour et de tendresse sur le périple d’une famille, ses joies et ses peines, voici une bouleversante saga familiale, qui reste d’une déchirante actualité, et qui célèbre la résilience face à l’adversité et aux préjugés. Le film est accompagné d’un making of et d’un entretien avec le réalisateur qui revient sur la genèse d’Interdit aux chiens… (Blaq Out)
JUSTE CIEL
Dans un petit village de campagne, des religieuses s’occupent des retraités de l’EHPAD local. Celui-ci tombant en ruine, elles décident d’aller à la mairie demander une subvention. Là-bas, elles apprennent que la mairie n’attribue plus de subvention cette année car tout le budget est passé dans le premier prix d’une course de vélo. Les sœurs décident alors de s’y inscrire. Problème : elles ne ne sont pas plus douées que cela pour la petite reine… Elles font donc appel à M. Pierre, plus débrouillard sur la question, pour les entrainer. D’autant qu’un autre groupe de religieuses, plus expérimentées cette fois, est aussi sur la ligne de départ. Remarqué avec son Molière (2007) et auteur de deux films avec Jean Dujardin (Un homme à la hauteur en 2016 et Le retour du héros en 2018), Laurent Tirard donne, avec Valérie Bonneton en tête d’affiche, une petite comédie sans grande ambition mais sans vulgarité non plus. Bonté divine ! (Le Pacte)
LE PRIVÉ TAISEUX, LE CHEVALIER SANS TERRE ET LE SECOND OFFICIER 
MARLOWE
Philip Marlowe n’est pas un type banal. Le privé né sous la plume de Raymond Chandler en 1934, apprécie les échecs, la poésie, les concertos de Bartok et la littérature de Roger Wade. Mieux encore, il a tout vu, tout lu, tout bu (pas mal…) et pourtant il n’est toujours pas immunisé contre les vilenies de l’existence. Lorsqu’une belle blonde à chapeau cloche vient solliciter son aide, Marlowe n’est pas du genre à la mettre à la porte. D’autant que, pour être charmante, l’inconnue -elle répond au nom de Clare Cavendish mais est-ce bien son nom ?- est surtout mystérieuse. Au cinéma, Philip Marlowe devient, dès l’âge d’or d’Hollywood, le héros d’une brassée de films porté par Dick Powell, Robert Montgomery, James Garner, Elliott Gould, Robert Mitchum et évidemment Humphrey Bogart ! Ici, c’est le vétéran irlandais Neil Jordan, solide routier du cinéma qui s’y colle et qui coche toutes les cases. En 1939, les troupes d’Hitler ont envahi la Tchécoslovaquie… Du côté de Bay City en Californie, tout cela semble lointain. La modeste agence de détective privé de Philip Marlowe va petitement. Autant dire que lorsque Miss Cavendish (Diane Kruger) vient réclamer son aide, Marlowe tend l’oreille. L’affaire est simple : retrouver une certain Nico Peterson, amant de la dame et mystérieusement disparu. Mais elle n’est évidemment simple qu’en apparence puisque l’enquête de Marlowe va le mener au Club Corbata, repaire des habitants les plus influents et fortunés de Los Angeles. Et ces derniers ne sont pas du genre à coopérer avec un privé fouineur teigneux et mal embouché. Heureusement, Marlowe peut toujours compter sur quelques vieux copains dans la police… Le privé, bien incarné par un Liam Neeson sombre et las, va devoir nettoyer les écuries d’Augias de l’industrie hollywoodienne. Car ce solitaire respecte certaines valeurs morales. Endurci par la vie, plus rien ne le choque chez l’être humain. Dans une Cité des anges qui ne mérite pas toujours son nom, on croit l’entendre soupirer : « Ce n’est plus de mon âge… » (Metropolitan)
LE SEIGNEUR DE LA GUERRE
Le cinéma américain, d’Ivanhoë à Quentin Duward en passant par Robin des Bois, a souvent pris ses aises avec le Moyen-âge, passant allègrement cette époque à la moulinette de l’usine à rêves hollywoodienne… Pourtant, en 1965, l’Américain Franklin J. Schaffner, connu pour des films comme Patton (1970) ou Papillon (1973), surprend le public avec une belle fresque moyenâgeuse et séduit les spécialistes de la période avec l’un des films les plus exacts sur la question. Dans la Normandie du 11e siècle, Chrysagon de la Cruex, chevalier sans fortune et sans terres, reçoit un fief avec pour mission de son suzerain normand, de le défendre avec ses quelques compagnons de guerre dont son jeune frère Draco (Guy Stockwell) et le fidèle Bors (Richard Boone), gaillard taiseux qui veille sur lui depuis sa jeunesse… Loin d’être un paradis, ce fief, en l’occurence une tour de guet en pierres qui surplombe un petit village, est au coeur d’une région côtière et marécageuse régulièrement frappée par les raids des Frisons. Les villageois, des Celtes restés païens malgré les apparences, sont ravis de la protection de Chrysagon. Mais, bien que soucieux de rendre justice et d’administrer son fief avec équité, le chevalier va provoquer le soulèvement de ses nouveaux serfs, non en voulant appliquer son droit de cuissage, ce qu’ils acceptent faute de pouvoir faire autrement, mais en gardant la jeune et belle épouse, la blonde Bronwyn (Rosemary Forsyth), dont il s’éprend malgré lui, au lieu de la rendre au mari, Marc, le fils du chef celte… Avec notamment de bonnes séquences d’action et des batailles très réalistes sans oublier une romance tragique, The War Lord (en v.o.) est un bon spectacle porté par un Charlton Heston qui venait d’enchaîner Ben-Hur (1959), Le Cid (1961), 55 jours à Pékin (1963) et Major Dundee (1964) et qui allait retrouver Schaffner, en 1968, pour la fameuse Planète des singes… (Sidonis Calysta)
LE MARIN QUI ABANDONNA LA MER
Dans la grande maison qui surplombe la mer, le jeune Jonathan Osborne, 14 ans, s’ennuie ferme. Orphelin de père, il a rejoint une petite bande dirigée par « Le chef », un adolescent sadique néo-nietzschéen. Anne, la mère de Jonathan, rêve encore toutes les nuits de son mari décédé trois ans plus tôt. Lorsque le Belle de Boston, un grand navire marchand, fait escale dans le port, Anne organise une visite du vaisseau avec son fils. Ils y rencontrent le second officier, Jim Cameron. Jim se prend d’affection autant pour le garçon que pour sa mère, avec qui il finit par avoir une liaison amoureuse. Caché derrière une paroi percée d’un trou, Jonathan observe les ébats du couple et développe une folle jalousie. Alors que Jim retourne en mer, Jonathan révèle son sentiment au « Chef ». Lorsque Jim revient pour abandonner sa vie en mer et s’installer définitivement avec Anne, le « Chef » et sa bande concoctent un sinistre complot pour éliminer l’intrus… En s’appuyant sur Le marin rejeté par la mer, le roman du Japonais Yukio Mishima paru en 1963, l’Américain Lewis John Carlino réussit, en 1976, un conte romantique et cruel qui dépeint une vision inquiétante du monde de l’enfance. Pour son premier long-métrage comme réalisateur, cet ancien scénariste (L’opération diabolique pour Frankenheimer, Les frères siciliens pour Ritt, Le renard pour Rydell) réunit l’acteur-chanteur Kris Kristofferson (La Porte du paradis) et l’icône érotique anglaise du Swinging London Sarah Miles (Blow-up). Lorsque Eros embarque des gamins vers Thanatos. Dans les suppléments, Stéphane de Mesnildot, spécialiste du cinéma asiatique, décrypte les différences entre l’oeuvre de Mishima, nihiliste et jusqu’au-boutiste et le film traversé par un vice et une perversion anglaise. Pour la première fois en Blu-ray. (Carlotta)
HEROIC TRIO – EXECUTIONERS
A 68 ans, le Hong-Kongais Johnnie Too est un cinéaste prolifique, auteur d’une grande variété de genres, même s’il est surtout reconnu à l’international pour ses films d’action et ses polars, à l’instar de The Mission (1999) ou Breaking News (2004). C’est en 1993 que le réalisateur tourne The Heroic Trio où trois héroïnes s’associent pour affronter un ravisseur d’enfant. Sept mois plus tard, Too réalise le second volet de ce diptyque, Executioners qui réunit les principaux personnages de The Heroic Trio dans un futur apocalyptique, après une guerre nucléaire. Dans une ville isolée, où l’eau est devenue la ressource la plus rare, les trois héroïnes mènent maintenant des vies indépendantes. Tung (Anita Mui) est devenue mère d’une petite fille. Ching, la femme invisible (Michelle Yeoh, oscarisée naguère pour Everything Everywhere All at Once), est maintenant au service du bien avec le bossu masqué, Kau (horriblement brûlé dans le film précédent, mais toujours aussi fort), enfin Chat (Maggie Cheung qui fut sublime dans In the Mood for Love) est toujours chasseuse de primes. Des circonstances tragiques les contraindront à reformer leur association pour le salut de la ville. Avec ces deux films (coréalisés avec le chorégraphe Ching Siu-tung), Johnnie To réinvente le film de super-héros à l’occidentale en y injectant tous les ingrédients du cinéma d’action hongkongais. Inspiré de l’univers des comics, le diptyque multiplie les scènes de combats spectaculaires sur fond de fantastique et de guérilla urbaine. Son trio d’héroïnes au charisme total dynamite tout sur son passage ! Pour la première fois en Blu-ray et dans une restauration 4K Ultra HDTM. (Carlotta)
LES ESPIONS DE l’AUBE
Au cœur des années 1930, l’État du Manchukuo est le théâtre d’une lutte d’influence entre la Chine, l’envahisseur japonais et l’URSS tout proche. Formés en URSS, quatre agents du Parti communiste reviennent dans la zone pour mener une mission secrète nommée Utrennya. Las, ils sont rapidement vendus par un traître et menacés de toutes parts… Connu pour des œuvres remarquables comme Ju Dou (1989), Epouses et concubines (1991) ou Qiu Ju (1992) toutes présentées au Festival de Cannes, le cinéaste chinois a ensuite enchaîné, dans les années 2000, avec des films de sabre. Là encore, il a pleinement touché sa cible. Hero (2002) et surtout Le secret des poignards volants (2004) étaient de vraies réussites. Avec des hommes en noir dans une neige épaisse, Zhang Yimou signe cette fois un solide thriller politique où son sens du récit et de la mise en scène fait toujours merveille… (Metropolitan)
ASHKAL L’ENQUETE DE TUNIS
Du côté des Jardins de Carthage, un programme immobilier de luxe lancé en 2010 par le président de l’époque Ben Ali et dont nombre de bâtiments sont à l’abandon depuis la Révolution de jasmin, deux policiers tentent de mettre la main sur un mystérieux personnage à capuche aperçu sur les lieux. C’est là en effet qu’a été retrouvé le corps calciné d’un gardien de nuit. Suicide ou meurtre ? Dans une capitale tunisienne hivernale, loin des clichés ensoleillés, le réalisateur Youssef Chebbi, pour son premier long-métrage en solo (présenté à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes) signe, dans un décor remarquable, un thriller captivant autour d’un fait-divers étrange. En effet, d’autres immolations par le feu vont se succéder… Dans une mise en scène qui ne craint pas de pratiquer une certaine abstraction, ni de voguer aux limites du fantastique, le cinéaste s’attache aux portraits de deux enquêteurs. D’une part, Batal (Mohamed Grayaâ), costaud taiseux au visage las et père de famille, de l’autre, Fatma (Fatma Oussaifi), jeune femme solitaire, teigneuse, butée et en délicatesse avec sa hiérarchie. Qui est ce « sorcier » avec un œil plus petit que l’autre qu’ils traquent ? Pourquoi les victimes se sont-elles laissées dévorer par le feu ? Et si les deux flics étaient eux-mêmes victimes d’une traque… (jour2fête)
CAR CRASH
Médecin réputé de retour d’un séminaire, Kim voit sa vie basculer lorsqu’il est témoin d’un accident de la route coûtant la vie à sa fille. Une autre victime du drame est la compagne d’un ambulancier. Il ne reste à Kim qu’un dernier espoir… Condamné à revivre ces quelques heures en boucle, le médecin entame une course effrénée contre le temps pour sauver son enfant. Un compte à rebours effroyable commence. Il s’agit de comprendre l’accident et éviter la mort de l’enfant. Même si Kim doit se confronter à un passé de secrets et de culpabilité. Dans l’esprit d’oeuvres comme la comédie d’Harold Ramis, Un jour sans fin (1993) ou le fantastique Source Code (2011) avec Jake Gyllenhaal, le réalisateur coréen Sun-ho Cho réussit un premier long-métrage nerveux , inventif, brillant et palpitant autour de la thématique (connue) de la boucle temporelle. Un beau suspense plein de tension et de mystère autour d’un père de famille emporté dans un tourbillon dont il refuse l’issue. Revivre ou périr… (Condor)
L’ASTRONAUTE
Ingénieur en aéronautique chez ArianeGroup, Jim Desforges se consacre depuis des années à un projet secret : construire sa propre fusée et accomplir le premier vol spatial habité en amateur. Mais pour réaliser son rêve, il doit apprendre à le partager… Loin d’une superproduction hollywoodienne et avec un budget modeste, l’acteur et réalisateur Nicolas Giraud ose imagine le premier vol aérospatial amateur sous la forme d’une « pastorale spatiale ». Avec une photo magnifique (le ciel et l’espace sont bleutés, la terre plutôt mordorée) et des comédiens de qualité (outre Nicolas Giraud dans le rôle de Jim, Mathieu Kassovitz, Hélène Vincent, Bruno Lochet, Hippolyte Girardot), voici une étonnante histoire de rêve, celui de s’aventurer, seul, dans l’espace, au moyen d’une fusée personnelle… « Je savais, à chaque instant, dit le cinéaste, ce que je voulais que Jim fasse ou pense. Jim croit en ses rêves. Et ses rêves l’éclairent, le guident et le portent dans sa vie. » Une version moderne du Petit prince… (Diaphana)
ARRETE AVEC TES MENSONGES
Qui ne se souvient pas avec nostalgie de ses premiers émois de jeunesse ? Romancier reconnu, Stéphane Belcourt a accepté de parrainer le bicentenaire d’une célèbre marque de cognac. C’est l’occasion pour l’écrivain quinquagénaire de revenir pour la première fois dans la ville où il a grandi. Sur place, il rencontre Lucas, le fils de son premier amour. Les souvenirs affluent : le désir irrépressible, les corps qui s’unissent, une passion qu’il faut taire… Ce premier amour s’appelait Thomas. Ils avaient 17 ans. Pour son sixième long-métrage, Olivier Peyon adapte le roman éponyme de Philippe Besson, paru en 2017, et qui connut un beau succès, pour plonger le spectateur dans une histoire d’amour bouleversante, entre retour aux sources, fougue de la jeunesse, secrets du passé, souvenirs fantasmés et rendez-vous manqués. Évoquant à la fois la douleur de l’amour perdu, la puissance de la passion interdite et le droit à la différence, le film sonne juste et distille une sensibilité à fleur de peau. Ce drame qui montre avec pudeur la difficulté de s’assumer homosexuel, surtout à cette époque, est porté par Guillaume de Tonquédec et Victor Belmondo. De la senteur mélancolique des amours perdus. (Blaq Out)
MAGIC MIKE’S LAST DANCE
Après la pandémie de Covid-19, Mike Lane, surnommé Magic Mike, a été contraint de fermer son entreprise de meubles. Il travaille désormais comme barman en Floride. Il y rencontre une riche femme, Maxandra « Max » Mendoza (la belle Salma Hayek), qui découvre son passé de stripteaseur. Elle le pousse alors à reprendre la danse et le convainc d’entraîner une troupe à Londres. Voilà une dizaine d’années, Steven Soderbergh (Sexe, mensonges et vidéo, Palme d’or 1989 à Cannes) obtint l’un de ses plus gros succès populaires avec Magic Mike ou les péripéties d’un danseur nu très, très doué. Librement inspiré de la vie du comédien Channing Tatum avant qu’il ne devienne vedette, le film fut très accueilli par le public comme par la critique. Le second volet en 2015 (Magic Mike XXL) ne tint pas ses promesses. Qu’importe, Soderbergh et Tatum ont repiqué au truc une troisième fois. Et cette fois, ils s’embarquent même dans une jolie et torride histoire d’amour… L’ultime tour de piste d’un personnage sexy et dansant. (Warner)
LES CHOSES SIMPLES
Célèbre entrepreneur, Vincent est un homme à qui tout réussit. Un jour, une panne de voiture sur une route de montagne interrompt provisoirement sa course effrénée. Pierre, qui vit à l’écart du monde moderne au milieu d’une nature sublime, lui vient en aide et lui offre l’hospitalité. La rencontre entre ces deux hommes que tout oppose va bouleverser leurs certitudes respectives. Et ils vont se surprendre à rire. Au fond, vivent-ils vraiment chacun les vies qu’ils ont envie de vivre ? Auteur du Goût des merveilles (2015) et de Délicieux (2021), Eric Besnard a conçu son film alors que la crise du Covid éclatait et que le monde devenait méfiant… « Ce n’est pas, dit le cinéaste, parce que vous sciez du bois sans dire un mot que vous êtes un simplet. Et ce n’est pas non plus parce que vous êtes un homme puissant qui sillonne le monde, que vous n’avez pas de fractures intérieures. » Eric Besnard imagine ainsi que ses deux personnages vont petit à petit mettre à jour leurs fragilités mutuelles et prendre prendre conscience de ce qu’ils fuyaient jusque-là, chacun à sa manière, l’un en fanfaronnant, l’autre en se planquant derrière une dégaine de bûcheron taiseux. Lambert Wilson et Gregory Gadebois servent brillamment le propos ! (M6)
UN PETIT MIRACLE
Très investie dans son job d’enseignante de classe unique en province, Juliette craint que son aventure pédagogique ne s’achève lorsque son école est détruite par un incendie… En guise de dépannage, le maire lui propose d’occuper une salle dans une maison de retraite de la commune… Juliette saisit l’occasion et a la surprise de retrouver Edouard, son ancien instituteur. Mais celui-ci voudrait que tout ce monde, jeune et beau, lui fiche la paix. En s’appuyant sur Alice Pol, Jonathan Zaccaï et Eddy Mitchell, Sophie Boudre orchestre un premier long-métrage en forme de gentille petite comédie où se confrontent l’univers des Ehpad et celui des écoles. Etincelles et jolis sentiments à la clé. (Orange Studio)
LES ANGES SAUVAGES
Chef d’un gang de motards nommé Heavenly Blues, Blues doit récupérer dans le désert californien, la moto de Loser, l’un de ses copains. Pour cela, le gang s’attaque à une bande rivale de motards mexicains. L’affrontement a tôt fait d’alerter la police et une course-poursuite s’engage entre Loser, qui a eu la mauvaise idée de piquer une moto de police, et les forces de l’ordre… Trois avant le très culte Easy Rider, The Wild Angels, lance, en 1966, la mode du film de bikers. Grand maître américain de la série B, c’est Roger Corman qui s’y colle et, comme à son habitude, ce formidable dénicheur de talents va mettre le pied à l’étrier à des débutants comme Peter Fonda, Diane Ladd, Bruce Dern. Il offre aussi à Nancy Sinatra, la chanteuse iconique de Bang Bang, l’un de ses rares grands rôles à l’écran. Le scénario des Anges sauvages s’inspire en grande partie d’événements survenus dans la communauté Hells Angels de Californie. Le film a été produit avec sa collaboration et certains membres de la communauté y font des apparitions… Comme le dit Blues : « Nous voulons être libres ! Nous voulons être libres de faire ce que nous voulons faire ! Nous voulons être libres de rouler ! Et nous voulons être libres de rouler sur nos bécanes sans être harcelés par les flics. Et nous voulons être défoncés. Et nous voulons passer du bon temps ! Et c’est ce que nous allons faire. Nous allons passer du bon temps. Nous allons faire la fête ! » (Sidonis Calysta)
ALIBI.COM 2
Après avoir fermé l’agence Alibi.com par peur de perdre sa fiancée Flo, Greg demande cette dernière en mariage. Les parents de Flo veulent d’abord rencontrer les parents de Greg avant le mariage. Celui-ci n’assumant pas les activités de ces derniers, entre son père escroc et sa mère actrice de charme, il décide de rouvrir son agence avec l’aide de ses amis Augustin et Mehdi, pour un ultime Alibi et se trouver de faux parents plus présentables. Toutefois, comme il fallait s’y attendre, rien ne va se passer comme prévu. Le n°1 avait fait, en 2017, un beau résultat avec 3,5 millions de spectateurs et il semblait assez logique que Philippe Lacheau envisage un n°2. Qui a, lui aussi, tenu toutes ses promesses en salles avec 4,2 millions d’entrées. Une seconde réussite qui repose sur une histoire fluide, des gags à gogo et des acteurs (Lacheau lui-même, Elodie Fontan, Tarek Boudali, Julien Arruti, Nathalie Baye, Didier Bourdon, Arielle Domsbasle, Gérard Jugnot…) qui s’amusent manifestement… (Universal)
UN HOMME HEUREUX
Epouse de Jean Leroy, maire conservateur d’une petite ville du Nord de la France, Edith se sent homme depuis toujours. Lorsqu’elle décide d’annoncer sa transition de genre à son mari, c’est un séisme pour Jean, d’autant plus que se profilent les prochaines élections municipales. D’abord, il songe à une plaisanterie mais vite, il va s’arracher les cheveux. Déjà, Edith a commencé à prendre des hormones. Dans cette petite ville nordiste, cette lubie fait désordre. Burn-out ou ménopause, on se perd en conjectures. Que vont penser les électeurs ? Leroy pousse des cris : « J’aurais préféré être plaqué pour une girafe. » Sur un sujet d’actualité qui fait souvent grincer des dents et sans trop se préoccuper de vraisemblance, Tristan Séguéla opte pour une comédie légère qui se veut aussi un hymne à la tolérance. Il est aidé en cela par deux comédiens pleinement complices. Fausse moustache à l’appui, Catherine incarne cette Edith qui devient Eddy. « Ça n’est pas parce que j’ai un sexe de femme que je ne peux pas être un homme. » Yeux ronds et mine défaite, Fabrice Luchini tente de donner le change en élu impliqué, cultivant le slogan « En avant comme avant ». (Gaumont)
LA CHUTE D’UNE CHEFFE ET LE BERGER DANS LA MONTAGNE SARDE 
TAR
Brillante, géniale et insupportable, Lydia Tar est une star. Elle a tout pour elle. Comme cheffe d’orchestre, elle a foulé l’estrade des Big Five, les cinq plus prestigieux orchestres symphoniques des États-Unis (New York, Boston, Chicago, Philadelphie et Cleveland), tout en continuant à composer. Pour faire bonne mesure, elle a parallèlement remporté quatre récompenses majeures de la profession: l’Emmy, le Grammy, l’Oscar et le Tony… La cheffe avant-gardiste s’est donnée corps et âme à la musique et se retrouve désormais à la tête d’une importante institution. Pourtant cette position va mettre à jour ses faiblesses et de fâcheuses ombres. Elle se fait la championne de règles qu’elle ne respecte pas elle-même, avec ce qui semble être une absence totale de conscience de soi. Alors qu’elle travaille la 5e de Mahler à Berlin, son univers s’effondre. Insatisfaite de sa carrière, son assistante (Noémie Merlant) la lâche, son couple avec Sharon, violoniste à l’orchestre de Berlin, bat de l’aile à cause d’une jeune et ravissante soliste russe. Les réseaux sociaux vont la mettre plus bas que terre. Dans le milieu (faussement feutré) de la musique classique, l’Américain Todd Field, cinéaste rare (depuis 2001, il n’a réalisé que trois films dont l’excellent Little Children avec Kate Winslet) se livre à une observation virulente des mécanismes du pouvoir. Pour porter son film, le cinéaste (qui a expliqué qu’il n’aurait pas fait Tar sans elle) a trouvé en Cate Blanchett une interprète exceptionnelle. De fait l’actrice australo-américaine de 53 ans porte cette chronique musicale à bout de bras. Elle est dans quasiment tous les plans et sa composition de la cheffe d’orchestre est d’autant plus époustouflante qu’elle passe par tous les états de la satisfaction professionnelle, de la gourmande prédatrice, du bonheur personnel et de la tragédie. Ainsi ce moment où, dans une salle comble, devant l’orchestre, celle qui disait « Notre maison, c’est l’estrade » rate la marche du podium et chute lourdement… Métaphore de toutes les déceptions et de tous les drames qui l’attendent… (Universal)
BANDITS A ORGOSOLO
Michele, un berger, doit fuir avec son petit frère, Peppedu, après avoir été accusé à tort d’un vol de cochons et du meurtre d’un carabinier. Défiant envers les représentants de l’autorité italienne, il ne souhaite ni s’innocenter ni se rendre. Il parcourt la montagne avec son troupeau, qu’il ne se résigne pas à abandonner. Fasciné par la Sardaigne et ses habitants qu’il immortalisa en 1958 dans deux courts-métrages documentaires, Bergers d’Orgosolo et Une journée en Barbagie, le cinéaste Vittorio De Seta décide d’y tourner, deux ans plus tard, son premier long-métrage, Bandits à Orgosolo, une mise en fiction de la réalité sarde envisagée du point de vue d’un berger. Comme il l’indique en voix-off au début du film, le réalisateur souhaitait filmer la fierté des hommes et des femmes de la Barbagia : il s’intéresse au mythe du bandit sarde et cherche à comprendre quelle réalité il recouvre à partir de la narration d’un vol de bétail, courant à l’époque du tournage. À une époque où les cinéastes italiens se détournent de plus en plus du néoréalisme, De Seta (1923-2011) revendique haut et fort l’héritage de ce courant. Cousin rural du Voleur de bicyclette de Vittorio De Sica, Bandits à Orgosolo a été consacré Meilleur premier film à la Mostra de Venise 1961. Après Bandits…, le cinéaste s’éloignera de l’esprit du néoréalisme pour se tourner vers la psychanalyse pour décrire les désarrrois de personnages à la croisée des chemins. Dans son hommage à Vittorio De Seta, paru dans le magazine Positif, l’historien et spécialiste du cinéma transalpin Jean A. Gili souligne : « Il montre pour la première fois avec rigueur les problèmes des paysans pauvres amenés à devenir des hors-la-loi. En tournant Padre padrone, les Taviani se souviendront de la leçon de De Seta. » (Carlotta)
LA FAMILLE ASADA
Dans la famille Asada, chacun a un rêve secret : le père aurait aimé être pompier, le grand-frère pilote de F1 et la mère se serait bien imaginée en épouse de yakuza ! Masashi, lui, a réalisé le sien : devenir photographe. Grâce à son travail, il va permettre à chacun de réaliser que le bonheur est à portée de main. Depuis l’âge de 12 ans, initié par son père, Masashi capture des moments de vie, comme une façon de figer le temps et de donner une âme à des souvenirs éphémères. Lorsqu’il constate que sa famille a abandonné ses propres passions, il décide de les mettre en scène devant son objectif. Voilà sa mère en femme de yakuza ou son frère en chevronné pilote de F1. Grâce à la créativité de Masashi, tous se réapproprient une part de sa propre histoire. Lorsque le Japon est frappé par le tsunami dévastateur de 2011, les photos de Masashi prennent une dimension nouvelle. Elles témoignent de la tragédie, de la force et de la résilience du peuple japonais face à l’adversité. A travers les yeux de Masashi, dans une comédie drôle et touchante, le cinéaste nippon Ryota Nakano montre un Japon intime et touchant, où la photographie est une façon de se connecter à soi-même et aux autres. Une œuvre qui invite à réfléchir sur la valeur des passions, sur la force des liens familiaux et sur la capacité de l’art à transcender les épreuves de la vie. (Art House)
ASTERIX & OBELIX: L’EMPIRE DU MILIEU
C’est dans la lointaine Chine que les deux plus célèbres Gaulois de la planète s’exportent pour secourir, en l’an 50 avant J.-C., l’impératrice de Chine, emprisonnée à la suite du coup d’État de Deng Tsin Quin, un prince félon. Aidée par Graindemaïs, le marchand phénicien, et par sa fidèle guerrière Tat Han, la princesse Fu Yi, fille unique de l’impératrice, s’est rendue en Gaule pour demander de l’aide à Astérix et Obélix. La charmante Fu Yi n’ignore pas que les deux compères peuvent faire preuve d’une force surhumaine grâce à la très fameuse potion magique concoctée par Panoramix. Les voilà donc tous en route pour l’Empire du milieu. Mais, toujours en soif de conquêtes, Jules César a pris aussi la direction de la Chine… Après Zidi (1999), Chabat (2002), Forestier et Langmann (2008) et Tirard (2012), c’est donc donc au tour de Guillaume Canet d’adapter au grand écran les aventures des héros chers à Goscinny et Uderzo. Le réalisateur coiffe aussi le casque d’Astérix succédant à Clavier, Cornillac et Baer. Quant à Gilles Lellouche, il a un beau défi à relever : prendre la suite de Depardieu… Dans son ensemble, la critique n’a pas été tendre avec la grande entreprise de Canet et son budget à plus de 60 millions d’euros. On peut reprocher à ce 5e opus quelques gags prévisibles, des chutes de rythme et l’attendue kyrielle des acteurs qui viennent faire un petit tour… Cependant, ce divertissement familial qui n’a évidemment pas la verve délirante et loufoque de la version d’Alain Chabat, a été vu, en salles, par plus de 4,5 millions de spectateurs… (Pathé)
LA MONTAGNE
Ingénieur parisien, Pierre se rend dans les Alpes pour son travail. Irrésistiblement attiré par les montagnes, il s’installe un bivouac en altitude et décide de ne plus redescendre. Larguer en somme les amarres… Là-haut, il fait la rencontre de Léa (Louise Bourgoin) et découvre de mystérieuses lueurs. Découvert avec l’étonnant Vincent n’a pas d’écailles en 2014, Thomas Salvador (qui incarne Pierre) signe à nouveau une œuvre singulière en brossant le portrait d’un homme en quête de soi et d’une épiphanie. Le cinéaste réussit à captiver avec une aventure intérieure qui convoque brillamment le fantastique… Le personnage de Pierre n’a rien d’un hurluberlu excentrique. Pourtant, cet homme normal choisit de larguer les amarres, de se mettre la tête dans les étoiles et de contempler le monde (les lumières de Chamonix, en l’occurrence) d’en haut. Dans une impressionnante économie narrative, le cinéaste filme un personnage qui se met dans un état de disponibilité et d’éveil à la compréhension au monde… (Le Pacte)
UN PETIT FRERE
Arrivée en France depuis la Côte d’Ivoire, Rose s’est installée en banlieue parisienne avec ses deux fils, Jean et Ernest. Du couple ivoirien initial, le mari a disparu, deux des enfants sont restés dans leur pays. Femme de chambre dans l’hôtellerie, Rose se démène en célibataire (même si elle a des aventures sentimentales) pour que sa famille tienne. A ses enfants, elle répète : « Il faut être des champions ! » tout en leur intimant l’ordre de ne jamais pleurer… Récompensée de la Caméra d’or à Cannes 2017 pour son premier long-métrage Jeune femme, Léonor Serraille raconte ici la construction et la déconstruction d’une famille, de la fin des années 80 jusqu’à nos jours dans une solide saga sociétale en forme de trajectoire, volontiers chaotique, de l’intégration. Avec une belle lucidité dépouillée de tout pathos, la cinéaste s’attache à la destinée de trois protagonistes tout en questionnant l’arrachement au pays et l’exil… Dans le rôle de Rose, Annabelle Lengronne est une belle révélation. (Le Pacte)
RADIO METRONOM
Ana a 17 ans dans la Roumanie de 1972. Bucarest, sous l’ère Ceausescu, est une ville morose et sans joie pour une adolescente (Mara Bugarin) qui rêve autant d’amour que de liberté. Un soir, elle rejoint ses amis à une fête où ils décident de faire passer une lettre à Metronom, l’émission que Radio Free Europe diffuse clandestinement en Roumanie. C’est alors que débarque la redoutable Securitate, la police secrète de Ceausescu. « J’avais 20 ans et je ne laisserai personne dire que c’est le plus âge de la vie » disait le philosophe Paul Nizan. Ancien collaborateur de son compatriote Cristian Mungiu, Alexandru Belc met en scène une aventure intime et sobre qui confronte les rêves hippies de la jeunesse roumaine à la réalité d’une société dure et verrouillée. Sur fond de Janis Joplin, Jim Morrison et Led Zeppelin, Ana, simple lycéenne en butte à des parents qui ne veulent pas la laisser sortir avec ses amis, va perdre ses illusions. Elle fait la fête, danse à perdre haleine, connaît sa première fois avec Sorin… Quelques heures dans la vie d’Ana ! Quand, après le bonheur de la musique, la nuit bascule et la peur s’empare d’une adolescente, évidemment incapable de faire face à la machine dictatoriale… (Pyramide)
DIVERTIMENTO
« Je veux être cheffe ! » À 17 ans, Zahia Ziouani cultive-t-elle un rêve impossible ? Mais cette jeune habitante de Seine Saint-Denis, dont la sœur jumelle, Fettouma, est violoncelliste professionnelle, est bercée depuis toujours par les beautés de la musique classique. Leurs parents, passionnés de musique symphonique, soutiennent les deux filles dans leurs projets. Toutes deux sont admises en classe terminale au prestigieux Lycée Racine, où elles vont rencontrer des condisciples issus de milieux sociaux favorisés et se heurter au mépris de classe de certains d’entre eux. L’un des élèves, Lambert Lallemand, souhaite également devenir chef d’orchestre et s’entraîne en vue du concours de Besançon en dirigeant l’orchestre formé par ses camarades. La direction de cet orchestre est dans un premier temps partagée entre Lambert et Zahia, avant que Zahia ne s’en trouve écartée par le directeur de l’école qui estime que Lambert a davantage de potentiel qu’elle. Lorsque le prestigieux chef d’orchestre roumain Sergiu Celibidache (Niels Arestrup) vient à Racine, il commence par dire à Zahia que chef d’orchestre n’est pas un métier pour une femme. Mais il accepte de la prendre comme élève après l’avoir vue à l’œuvre. Zahia décide de créer son propre orchestre, qui réunit des élèves de Racine et des élèves du Conservatoire de Stains, sa ville, et de l’appeler Divertimento. Elle se démène pour convaincre le maire de la commune de la soutenir, et pour que ses camarades issus des beaux quartiers de Paris acceptent de franchir le boulevard périphérique pour aller répéter en Seine Saint-Denis… Autour de l’histoire vraie de Zahia Ziouani (incarnée par Oulaya Amamra, découverte dans Divines en 2016), la cinéaste Marie-Castille Mention-Schaar (Les héritiers en 2014) signe un biopic musical qui est tout à la fois l’histoire d’une success-story, d’un partage, d’une démarche inclusive et une réflexion sur l’égalité des chances… (Le Pacte)
NENEH SUPERSTAR
Petite fille noire de 12 ans issue d’un quartier populaire, Neneh vient d’intégrer l’école de ballet de l’Opéra de Paris. Malgré son enthousiasme, elle va devoir redoubler d’efforts pour s’arracher à sa condition… Si la gamine a tous les atouts pour réussir dans la danse, elle n’a pas la… bonne couleur de peau. Si elle réussit néanmoins l’épreuve d’admission, les débats sont houleux au sein de la prestigieuse institution. Et il faudra au directeur de l’Opéra (Cedric Kahane) mettre tout son poids dans la balance pour que Neneh entre dans l’école de ballet. Où elle aura à se battre pour se faire accepter par Marianne Belage, la directrice de l’école (Maïwenn) qui trimballe un secret. La danse classique n’a sans doute jamais été filmée sous le prisme du racisme institutionnel. Le réalisateur Ramzi Ben Sliman se lance dans l’aventure à travers une Neneh pétillante, indisciplinée, aux manières et au langage familiers qui détonnent dans un milieu dépeint comme ennuyeux et corseté… Si le cinéaste n’évite pas toujours les raccourcis, voire quelques traits caricaturaux, sa comédie dramatique se regarde agréablement. Pour tenir le rôle de Neneh, il a choisi la tonique Oumy Bruni Garrel, la fille des acteurs et cinéastes Valeria Bruni Tedeschi et Louis Garrel. (Gaumont)
LA (TRES) GRANDE EVASION
Le capitalisme est-il devenu incontrôlable ? De révélations en scandales successifs, l’évasion fiscale est devenue un marronnier médiatique et l’objet d’un concours de déclarations vertueuses pour les politiques. Alors que les multinationales et les plus riches ont de moins en moins de scrupules et de plus en plus de moyens à leur disposition pour échapper à l’impôt, pour le citoyen lamdba, les politiques d’austérité s’intensifient et les inégalités explosent. Les mécanismes de l’évasion fiscale sont-ils si difficiles à comprendre ? Sont-ils impossibles à endiguer ? Sur une scénario coécrit avec Denis Robert (le journaliste qui enquêta sur l’affaire Clearstream), le cinéaste Yannick Kergoat propose un documentaire engagé et limpide, à la fois très pédagogique, drôle et édifiant sur l’évasion fiscale à grande échelle. Vouloir réaliser un film accessible aux non-initiés sur les mécanismes très sophistiqués de l’évasion fiscale des plus grandes entreprises et fortunes mondiales et sur leur très étroite connivence avec un système politico-économique, pouvait relever de la gageure. Yannick Kergoat parvient plutôt bien à éclairer des mécanismes complexes dans un documentaire où se croisent Apple, Google, Amazon, Airbnb, « miracle » luxembourgeois, industrie du offshore et ses bataillons de consultants en optimisation fiscale, compétition entre États pour attirer les capitaux, Panama Papers, paradis fiscaux etc. (Wild Side)
L’EMPRISE DU DEMON
Tandis qu’une jeune fille juive a disparu, le fils d’un entrepreneur de pompes funèbres hassidique rentre chez lui avec sa femme enceinte dans l’espoir de se réconcilier avec Saul, son père et en même temps d’obtenir son soutien face à une situation financière difficile. Le jeune couple que forment Claire et Arthur est loin de se douter que juste en dessous d’eux, dans la morgue familiale, un mal ancien se cache dans un mystérieux cadavre, un Abyzou, une entité surnaturelle qui, une fois libérée, veut posséder l’enfant à venir du couple. Face à ce démon, personne n’est à l’abri… Le réalisateur Oliver Park signe un film d’horreur qui ne révolutionne pas le genre mais qui permet aux amateurs de frissonner. Le milieu dans lequel se passe l’action est intéressant et plutôt original puisqu’il s’agit de la communauté hassidique de New York. Enfin le cinéaste peut compter sur de bons acteurs comme le Britannique Nick Blood qui joue Arthur ou encore, dans le rôle de Saul, l’excellent Allan Corduner vu dans La femme au tableau avec Helen Mirren, Déobéissance avec Rachel Weisz et Rachel MacAdams ou Tar avec Cate Blanchett. (Metropolitan)
MAYDAY
Révélé au grand public en 2006 dans le rôle du roi Léonidas du blockbuster fantastique 300, le comédien écossais Gerald Butler s’est ensuite fait une spécialité dans les films d’action musclés, ainsi la série La chute… où il est Mike Banning, l’agent de sécurité rapprochée du président américain. Ici, il incarne Brodie Torrance, ancien membre de la Royal Air Force, désormais commandant de bord d’un avion commercial. Au départ de Singapour et à destination de Hong Kong, il a, à son bord, quatorze passagers ainsi qu’un agent de la gendarmerie royale du Canada escortant Louis Gaspare, un prisonnier recherché depuis des années pour meurtre. En plein vol, l’appareil est pris dans une violente tempête et frappé par la foudre. Brodie parvient malgré tout à faire atterrir le zinc presque sans encombre sur une île en mer de Chine méridionale. Il commence à réfléchir à un moyen de prévenir sa compagnie aérienne, Trailblazer Airlines. Cependant, les dégâts ont rendu toute communication impossible. Les rescapés vont s’apercevoir qu’ils sont en réalité sur l’île de Jolo aux Philippines, en pleine zone dirigée par des séparatistes et où l’armée de Manille ne veut pas s’aventurer par crainte de lourdes pertes. Le personnel de l’avion et les passagers sont pris en otage. Pour sauver équipage et passagers, Torrance va être aidé par Gaspare, ancien de la Légion étrangère… Mais rien ne se passera comme prévu. Connu pour Ma 6-T va craquer (1997) ou le diptyque sur Mesrine (2008), le Français Jean-François Richet fait du sur-mesure pour Butler, un héros droit dans ses bottes. On sait à quoi s’attendre mais c’est bien fait. (Metropolitan)
LA CITE DES REVES, LES RICHES DE SEOUL ET UN MAITRE NIPPON CYBERPUNK 
BABYLON
Un éléphant, des chevaux, un lézard et un serpent à sonnette… Comme une métaphore du Los Angeles des années vingt ? Un univers bestial ? Le pachyderme que le malheureux Manny Torrès tente de faire grimper une côte sur un camion branlant, est l’une des attractions d’une soirée offerte dans son manoir par un tycoon du Hollywood des années vingt. Et comme la pauvre bête défèque de trouille, l’épanchement donne déjà le ton… Babylon entre dans le vif du sujet avec une longue séquence orgiaque où l’alcool coule à flots et les bouteilles de champagne finissent dans un endroit que la pudeur nous interdit d’évoquer ici. L’Hollywood des années vingt est un bordel à ciel ouvert. Damien Chazelle invite, dans les pas de Manny, jeune immigrant mexicain fasciné par le cinéma et prêt à tout pour entrer dans cet univers, à une visite guidée à travers une chronique qui lève le voile sur les coulisses de la cité des rêves. Le cinéaste franco-américain s’inscrit dans un genre -le cinéma sur le cinéma- où il est précédé par Fellini (Huit et demi), Tornatore (Cinema Paradiso), Truffaut (La nuit américaine) ou son confrère Tarantino avec Once Upon a Time… in Hollywood dans lequel on trouvait déjà Brad Pitt. Chazelle ausculte les débuts d’une forme d’art et d’une industrie, lorsque toutes deux étaient encore en train de trouver leurs marques, la mutation la plus cataclysmique étant évidemment le passage du muet au parlant. Une rupture qui précipita la chute de stars qui n’avaient pas la voix adéquate pour durer… Le cinéaste de La La Land excelle à mettre en scène des tournages… C’est le cas pour une scène de bar dans lequel une certaine Nellie LaRoy, recrutée pour suppléer une actrice camée jusqu’aux yeux, va faire montre, seins en bataille, d’un beau talent. Dans une vaste galerie de personnages, le spectateur cinéphile peut se livrer à un amusant jeu de piste où il s’agit de débusquer, derrière les noms d’emprunt, Clara Bow, Gene Kelly, Anna May Wong ou Irvin Thalberg… Mais il n’est pas nécessaire d’avoir lu tous les livres sur Hollywood pour apprécier cet enthousiasmant Babylon dans lequel Brad Pitt et Margot Robbie sont éblouissants. Babylon s’achève par une pure déclaration d’amour au 7e art. Dans un long générique de fin, Chazelle salue aussi bien Le chien andalou de Luis Bunuel que Ben Hur de William Wyler en passant par Louise Brooks et Ingmar Bergman. « Parce que, comme le dit un personnage du film, ce qui est projeté là-haut, ça a de l’importance pour les gens. » (Paramount)
PARASITE
Vivant dans son sous-sol d’un quartier pauvre de Séoul, la famille Ki-taek est dans la mouise. Si l’endroit est sinistre, la cocasserie pourtant s’installe avec une « course » au réseau que Ki-woo et sa sœur Ki-jung finiront par retrouver, quasiment perchés sur les toilettes… Le montage de boîtes en carton pour la compagnie de pizzas voisine ne suffit pas à la survie de ces chômeurs au long cours. Lorsque un ami du fils des Ki-taek lui parle de la richissime famille Park et de leur fille qui a besoin de cours particuliers d’anglais, l’univers semble soudain s’éclairer… Le premier, Ki-woo, devenu Kevin, va s’introduire chez les Park. Beaux quartiers, pelouse parfaite, superbe maison d’architecte, gouvernante impeccable, on est loin du gourbi où croupissent Ki-taek et sa famille. Et comme la diaphane et superficielle Mme Park semble d’une insondable naïveté, Kevin obtient le job. Bientôt, Kevin évoque une certaine Jessica (qui n’est autre que sa sœur) grande spécialiste en art-thérapie, tout à fait à même de canaliser la « folie » du jeune Da-song, le petit dernier des Park… En 2019, le cinéaste sud-coréen Bong Joon-ho décroche la Palme d’or à Cannes avec une œuvre foisonnante en forme de fable sociale, qui, dans un subtil dosage d’humour, de suspense et d’émotion, décrit une société dévorée par les inégalités… Les rebondissements s’enchaînent dans un jubilatoire jeu de massacre. Une comédie sans clowns, une tragédie sans méchants… On sait depuis Jean Renoir et La règle du jeu (1939) que les grands bourgeois vivent dans les pièces d’apparat alors que la domesticité exerce ses talents dans les sous-sols. Au maître français, on peut désormais adjoindre l’excellent Bong Joon Ho (déjà remarqué pour Memories of Murder ou The Host) qui contribue, avec un humour corrosif et une férocité certaine, à cette réflexion sociétale… Allègre, noir, cruel, vertigineux, imprévisible, mystérieux, drôle, terrifiant, triste, bouffon, vénéneux, violent, déroutant, timbré, métaphorique, voilà des qualificatifs qui conviennent tous à une œuvre impressionnante qui laisse entendre que tout cela va mal finir… (The Jokers)
SHINA TSUKAMOTO
On ne dira jamais assez combien le blu-ray et le dvd sont de magnifiques outils pour découvrir des perles de cinéma ! C’est ce que Carlotta démontre, une nouvelle fois, avec le coffret consacré à Shinya Tsukamoto. Né en janvier 1960 à Tokyo, le réalisateur est considéré comme le chef de file de la mouvance cyberpunk au Japon. Dès la fin des années 80, Tsukamoto s’impose comme l’un des maîtres du cinéma transgressif nippon avec des œuvres radicales et nerveuses comme Tokyo Fist (1995), Bullet Ballet (1998) et les deux premiers volets de Tetsuo (1989 et 1992). Bien que visuellement très différents les uns des autres, les films de Tsukamoto, qui explorent fréquemment les thèmes de l’aliénation urbaine, de la transformation physique et de l’obsession psychosexuelle, sondent chacun l’âme humaine et ses penchants les plus extrêmes, qu’il n’hésite pas à mettre en scène de façon très graphique. En suggérant que cette violence serait le nouveau mal moderne, le cinéaste pose un regard critique sur son pays et sur la société de consommation dans son ensemble, mais refusant toute nostalgie ou glorification du passé. Un coffret réunit dix films de Tsukamoto dont les quatre cités plus haut mais aussi Les aventures de Denchu Kozo (1987), A Snake of June (2002), Vital (2004), Haze (2005), Kotoko (2011) ou Killing (2018). Le coffret comprend aussi plus de cinq heures de suppléments dont Une agression des sens, une analyse du style Tsukamoto et enfin un livret de 80 pages illustrée de photo de plateau exclusives. (Carlotta)
VIVRE
Londres, en 1953, panse encore ses plaies. Fonctionnaire discret au bureau des travaux publics municipaux, M. Williams est un rouage impuissant du système administratif. Sa vie est morne et sans intérêt. Tout bascule lorsque son médecin lui annonce qu’il lui reste six mois, au mieux neuf mois à vivre. Déchiré par la nouvelle mais n’en laissant rien paraître, Williams est contraint de faire le point sur son existence. Au lieu de prendre, une nouvelle fois, le train de banlieue du matin qui va l’amener à Waterloo Station puis à son travail, il choisit de passer outre… Dans un café au bord de la mer, il croise un inconnu auquel il se confie et qui va l’aider à rejeter son quotidien banal et routinier. Au sortir d’un pub, une fille lui vole son chapeau melon qui sera remplacé par un feutre mou. Williams peut commencer enfin à vivre pleinement sa vie. Remarquable acteur de comédie, Bill Nighy est, ici, magnifique de dignité en homme né à l’époque édouardienne, rigide, conformiste mais qui va faire sauter un verrou. Le Sud-africain Oliver Hermanus signe un remake du film japonais éponyme (1952) dAkira Kurosawa, lui-même inspiré du roman La Mort d’Ivan Ilitch de Léon Tolstoï publié en 1886. Dans une reconstitution historique soignée mais pas trop envahissante, le cinéaste se concentre sur un homme digne mais engoncé dans les convenances auquel une ultime et utile réalisation va permettre de se regarder en face et d’affronter, avec un fin sourire, la dernière épreuve. (Metropolitan)
GODLAND
Jeune prêtre danois, Lucas est envoyé en mission en Islande à la fin du 19e siècle par sa hiérarchie pour deux raisons : d’un côté, photographier la population locale devant les paysages du pays et de l’autre, aider à la construction d’une église dans un petit village… D’abord soucieux de remplir convenablement son rôle, malgré sa position dominatrice de colon danois face à la plèbe islandaise, Lucas essaye d’apprendre la langue locale. Sauf que le jeune homme déchante devant sa complexité. Bientôt, il voit son périple prendre une autre tournure. Après une traversée en bateau marqué par un solide mal de mer, il s’effondre à genoux sur la plage du pays, d’ores et déjà exténué par un voyage qui vient à peine de débuter. En s’enfonçant chaque jour un peu plus dans l’Islande profonde pour rejoindre le village où il doit bâtir son église, Lucas (le comédien danois Elliott Crosset Hove) va être happé par le doute. Remarqué pour ses deux premiers longs-métrages, Winter Brothers (2017) et Un jour si blanc (2019), le réalisateur islandais Hlynur Palmason observe comment le jeune prêtre, incapable de dompter l’environnement qui l’entoure, va d’abord voir s’étioler sa bienveillance première avant de connaître une aigreur d’autant plus forte que Ragnar, le rustique guide de l’expédition, ne croit pas spécialement en Dieu. Entre Lucas et Ragnar, les échanges deviennent de plus en plus vifs… L’odyssée de Lucas, entre rivières en crue et volcans en éruption, se transforme en un voyage en terre inconnue. Dans des paysages superbes mais très rudes, le jeune prêtre s’interroge sur une foi vacillante. Arrivé cependant à son but, Lucas va devoir affronter d’autres remises en cause et notamment l’émergence de sentiments que son statut de prêtre lui interdit. Une œuvre superbement photographiée et une réflexion profonde sur l’existence. (Jour2fête)
DU ROUGE POUR UN TRUAND
Frappée par un père abusif alors même qu’elle a été prise en otage dans un hold-up, Polly Franklin décide de quitter la ferme familiale pour Chicago. Elle sera tour à tour couturière, danseuse, prostituée et serveuse, et fera même un séjour en prison. Son parcours la rapproche du monde de la pègre des années 1930, jusqu’au jour fatidique où Polly fait la rencontre d’un certain John Dillinger… Un an avant leur collaboration sur L’Incroyable alligator, le réalisateur Lewis Teague et le scénariste John Sayles s’attaquent au film de gangsters. En dépit d’un budget modeste, leur reconstitution de l’Amérique des années 1930 force le respect. Du rouge pour un truand tire également son épingle du jeu par son point de vue exclusivement féminin : l’univers du crime et de la Grande Dépression est ici vu à travers les yeux de Polly Franklin, l’épatante Pamela Sue Martin. En un seul rôle, elle incarne toutes celles qui se sont brisées devant le rêve américain. Quelque part entre Bonnie & Clyde et Il était une fois en Amérique, Du rouge pour un truand est disponible pour la première fois en Blu-ray. Restauré HD, ce film, sorti en 1979, est accompagné de bons suppléments dont un entretien inédit avec Lewis Teague qui évoque sa découverte du métier auprès de Roger Corman et aussi de l’influence de la Nouvelle vague française sur son premier long-métrage… (Carlotta)
LA PASSAGERE
Quelque part, dans un bateau sur l’océan, au large des côtes de la Vendée, un couple de marins-pêcheurs ramène dans ses filets crabes et homards. Bientôt, cette belle pêche ira garnir les tables… Chiara Maertens a quitté sa Belgique natale pour venir vivre sur une île de la côte atlantique, là où son mari Antoine a grandi. Ils forment un couple heureux et amoureux. Chiara a appris le métier d’Antoine, la pêche, et travaille à ses côtés depuis deux décennies. Pour l’aider dans sa tâche, le couple a décidé de recruter un apprenti. Le nouveau venu, Maxence, va peu à peu bousculer les certitudes de Chiara… Lors du mariage d’un vieil ami du couple, dans une maison vide, commence alors un jeu érotique où Chiara cède à Maxence. Heloïse Pelloquet signe son premier « long » et parle d’un personnage autonome et fort, ici une femme de la quarantaine, une travailleuse, qui va vivre une histoire d’amour adultère avec un très jeune homme. De manière agréable, le film s’inscrit dans un milieu réaliste sur fond de mer et de vent et se développe dans un récit romanesque et sensuel où une femme bien dans sa peau (Cécile de France, parfaite) revendique son droit au plaisir de façon naturelle, en suivant son élan, sans que cela ne provienne pas d’une blessure intime à panser ou d’une réflexion élaborée. (Blaq Out)
L’ENVOL
Dans le Nord de la France, du côté de la Baie de Somme, Juliette, jeune fille solitaire passionnée par le chant, la musique et la lecture, grandit seule avec son père, Raphaël, un soldat rescapé de la Première Guerre mondiale. Celui s’est découvert, au retour du conflit, père d’une petite Juliette dont Madame Adeline s’est occupée depuis le décès de Marie, la maman. En raison de sa nature rêveuse qui la pousse à s’isoler, Juliette n’est pas appréciée des autres villageois, en particulier des hommes. Un jour, au bord de la rivière, une sorcière prédit que des « voiles écarlates » arriveront pour l’emmener loin de là… Juliette continue de l’espérer jusqu’au jour où la prophétie semble se réaliser, lorsque Jean, un bel aviateur lui tombe littéralement dessus du ciel. Avec son premier film en langue française, le réalisateur italien Pietro Marcello (qui adapte la nouvelle Les voiles écarlates de l’écrivain russe Alexandre Grine) se penche sur l’émancipation d’une jeune femme qui n’a pas froid aux yeux. On passe d’une chronique sociale réaliste à une sorte de comédie musicale poétique, notamment à cause des chansons qu’interprète Juliette. Celle-ci est incarnée par Juliette Jouan dont c’est la première apparition à l’écran. A ses côtés, on remarque Raphaël Thiéry (Raphaël), Louis Garrel (Jean), Noémie Lvovsky (Adeline) et Yolande (a magicienne de la forêt). (Le Pacte)
LA LIGNE
Au ralenti, des objets divers et variés volent à travers l’espace et se fracassent sur les murs. Parmi eux, des partitions de musique… Dans la maison familiale, un violent affrontement violent oppose une mère et sa fille. Touchée au visage, Christina chute et frappe lourdement le bord d’un piano… Margaret, 35 ans, est littéralement expulsée hors de la maison par les membres de sa famille. Pour avoir ainsi agressé violemment sa mère, Margaret doit se soumettre à une mesure stricte d’éloignement: elle n’a plus le droit, pour une durée de trois mois, de rentrer en contact avec sa mère, ni de s’approcher à moins de cent mètres de la maison familiale. Mais cette distance qui la sépare de son foyer ne fait qu’exacerber son désir de se rapprocher des siens. Margaret est littéralement « enfermée dehors ». La ligne, tracée à la peinture bleue par Marion, la jeune sœur de Margaret, devient une quasi-frontière contre laquelle Margaret se frotte, bute, se cogne. Devant ce mur invisible, l’impuissance de Margaret s’amplifie et se nourrit encore de sa propre violence. Avec ce western urbain et hivernal dans la Suisse d’aujourd’hui, Ursula Meier orchestre de permanentes tensions. Pianiste de talent, Christina, la mère blessée (Valeria Bruni-Tedeschi) perd le contact avec le réel. Margaret (Stéphanie Blanchoud) se bat contre elle-même, taisant un besoin effréné d’amour et de reconnaissance trop enfoui au fond du cœur. Il y a cependant, ici de belles séquences apaisées, ainsi celle où Margaret retrouve Julien, son ancien amoureux (Benjamin Biolay) auprès duquel elle mesure tout ce qu’elle a gâché. (Diaphana)
L’IMMENSITA
Dans la Rome des années 1970, tout ne va pour le mieux dans la famille Borghetti. Clara, la mère venue d’Espagne et Felice, le père sicilien, ne s’aiment plus mais n’arrivent pas à se quitter. Dans cette famille, les enfants vont à la dérive, surtout Adriana, l’aînée, née dans une corps qui ne lui correspond pas. Sous le regard de son jeune frère et de sa petite sœur, « Adri », 12 ans, tente de trouver ses marques en traversant les hautes herbes qui séparent les nouveaux beaux quartiers de la Cité éternelle d’une zone en construction occupée par des migrants. Celle qui se fait appeler Andrea va y rencontrer une fille de son âge avec laquelle le courant passe… Le film prend une connotation particulière lorsque l’on sait qu’Emanuele Crialese a révélé à la Mostra de Venise, qu’il était née femme et qu’il avait fait sa transition… Si le cinéaste romain s’est défendu du caractère strictement autobiographique de son film, il n’a pas nié que L’immensita, son cinquième long-métrage, puisait largement à sa propre histoire et à ses souvenirs. Crialese enquête sur une famille qui ne parvient pas à offrir une protection, où les enfants ne trouvent pas la sécurité, où manque l’amour conjugal, la complicité et la maturité des figures de référence. Penelope Cruz incarne une figure maternelle désemparée et fragile trouvant refuge dans la relation complice avec ses trois enfants, en particulier avec « Adri ». Faisant fi d’un mari macho et brutal qui l’étouffe mais aussi des jugements de son entourage, Clara s’ingénie à insuffler de la fantaisie dans sa vie… (Pathé)
LE DESERTEUR DE FORT ALAMO
En 1836, le Texas lutte pour son indépendance. Le Fort Alamo résiste face aux attaques de l’armée mexicaine du général Santa Anna. Tiré au sort pour quitter le fort et aller prévenir les familles des environs du danger des envahisseurs mexicains, John Stroud arrive trop tard. Sa femme et son fils ont été tués par des hors-la-loi. Le Fort Alamo tombe. Stroud gagne Franklin où le lieutenant Lamar le fait arrêter pour désertion… Les habitants ayant appris que Fort Alamo était tombé et, prenant Stroud pour un lâche, tentent de le lyncher. Trois ans avant Sept hommes à abattre, sa plus belle réussite, Budd Boetticher signe, en 1953, The Man from The Alamo dont l’intrigue trouve sa source dans un fait historique marquant : le siège de Fort Alamo au Texas où 180 soldats et miliciens menés par William Travis, Jim Bowie et Davy Crockett opposèrent jusqu’à leur dernier souffle une résistance farouche aux 3000 hommes dr l’armée mexicaine. En 1960, John Wayne s’emparera, à son tour avec Alamo, de ce fait d’histoire. Boetticher centre son récit sur la figure de Stroud (Glenn Ford), un anonyme milicien du Texas et un héros très discret considéré par tous comme un lâche… Pour l’anecdote, on remarque, dans un petit rôle de sergent, Guy Williams qui sera le futur et célèbre Zorro de la télévision. (Sidonis Calysta)
VIOLENCE A JERICHO
Aux États-Unis, sur le chemin qui mène à la petite ville de Jericho, Alex Flood attaque la diligence en blessant Ben Hickman, son conducteur et s’enfuit sans être identifié. En arrivant en ville, Dolan, ex-shérif reconverti en joueur professionnel de poker), passager de la diligence, apprend que Flood, ex-policier devenu chef de gang, veut prendre le contrôle du service de transport dirigé par Hickman (John McIntire) et son associée Molly Lang. Celle-ci s’oppose à Flood et, essayant de rallier les habitants à sa cause, trouve un volontaire en la personne de Dolan qui s’est épris d’elle. Avec l’aide d’une petite troupe, Dolan défie Flood en s’emparant de son bétail et en dynamitant son ranch. S’ensuit une violente fusillade à l’issue de laquelle Flood tue lâchement Hickman avant de s’enfuir dans les collines. Il est rattrapé et abattu par Dolan (George Peppard). Le réalisateur Arnold Laven (qui a fait le plus gros de sa carrière à la télévision) n’est pas l’un des grands maîtres du western. Mais, malgré une idée de base usée jusqu’à la corde (le tyran local qu’il faut expulser) et une mise en scène pas spécialement surprenante, son Rough Night in Jericho, réalisé en 1977, a quand même des atouts et spécialement le personnage de Flood avec Dean Martin, dans l’un de ses très rares rôles de méchant. Autour de lui, on retrouve Jean Simmons (Molly Lang) qui avait été une belle « westernienne » en 1958 dans Les grands espaces de William Wyler, George Peppard (Dolan) ou John McIntire (Hickman). À l’heure de gloire du western spaghetti outre-Atlantique, Violence à Jericho est quasiment une valeur sûre du western américain classique. (Sidonis Calysta)
LA GUERRE DES LULUS
À l’aube de la Première Guerre mondiale, dans un village de Picardie, Lucas, Luigi, Lucien et Ludwig, quatre amis inséparables, forment la bande des Lulus. Ces orphelins sont toujours prêts à unir leurs forces pour affronter la bande rivale d’Octave ou pour échapper à la surveillance de l’Abbé Turpin… Lorsque leur orphelinat est évacué en urgence, les Lulus manquent àah, t’entend l’appel. Oubliés derrière la ligne de front ennemie, les voilà livrés à eux-mêmes en plein conflit. Bientôt rejoints par Luce, une jeune fille séparée de ses parents, ils décident coûte que coûte de rejoindre la Suisse, le « pays jamais en guerre »… Les voilà projetés avec toute l’innocence et la naïveté de leur âge dans une aventure à laquelle rien ni personne ne les a préparés ! Onze ans après avoir porté au cinéma La guerre des boutons, Yann Samuell, passionné d’arts graphiques et révélé au grand écran avec Jeux d’enfants (2003), adapte la bande dessinée éponyme (2013) de Régis Hautière et Hardoc pour signer une aventure qui raconte, avec fraîcheur, la guerre à hauteur d’enfant. François Damiens, Alex Lutz, Isabelle Carré, Ahmed Sylla ou Didier Bourdon encadrent de jeunes comédiens très à l’aise. (Wild Side)
FIEVRE MEDITERRANEENNE
Palestinien vivant à Haïfa avec sa femme et ses deux enfants, Walid, 40 ans, cultive sa dépression (il refuse de prendre le traitement prescrit par son psychiatre) et n’arrive pas à coucher son roman sur le papier. Il fait la connaissance de son nouveau voisin, Jalal, un escroc à la petite semaine. Les deux hommes deviennent bientôt inséparables : Jalal est persuadé d’aider l’écrivain en lui montrant ses combines et Walid y voit l’opportunité de réaliser un projet secret… Connue pour Personal Affairs (2016), Maha Haj orchestre une savoureuse comédie noire aux dialogues ciselés et à l’humour pince sans rire. Avec cette histoire d’une amitié improbable entre deux hommes que tout oppose, la cinéaste se penche aussi, en filigrane, sur le conflit israélo-palestinien. Le titre du film renvoie à une maladie dont un médecin dit que le plus jeune des enfants de Walid, pourrait être atteint. À l’annonce de cette nouvelle, Walid demande ce qu’est la fièvre méditerranéenne. On lui répond qu’il s’agit de quelque chose d’héréditaire, spécifique à cette région. C’est une réponse si ouverte qu’elle pourrait s’appliquer au Moyen-Orient tout entier. La fièvre méditerranéenne à laquelle le film s’intéresse n’est pas la maladie physique du fils, mais plutôt le fardeau politique, social et psychologique qu’être palestinien à Haïfa implique… Présenté à la section Un Certain regard du Festival de Cannes 2022, le film a obtenu le prix du meilleur scénario. (Blaq Out)
DU HEIMATFILM A LA REALITE NUE DE MICHELE-ANGELO MERISI 
LA VILLE DOREE
Si le cinéaste berlinois Veit Harlan est entré dans la (sombre) histoire du 7e art, c’est pour un film de propagande nazi qu’il tourne en 1940 dans les studios de Babelsberg sous la supervision attentive de Joseph Goebbels, le ministre de la propagande du IIIe Reich. C’est bien sûr Le Juif Süss, archétype du cinéma national-socialiste et véritable discours de haine raciale. Ce portrait d’un Juif ambitieux, fortuné et… obsédé sexuel qui prend le pouvoir sur le faible duc de Wurtemberg connaîtra un imposant succès en Allemagne mais aussi à l’étranger, touchant trente millions de spectateurs en Europe… En 1942, Veit Harlan (1899-1964) va signer le premier long métrage en couleur réalisé en Europe (avec le procédé européen Agfacolor). Avec La ville dorée, il raconte l’histoire de la jolie Anna que son père destine à l’ouvrier Thomas. Mais Anna est attirée par les lumières de Prague. Se souvenant que sa mère, venant de la ville, s’est suicidée de désespoir à l’idée de devoir vivre à la campagne, la jeune fille décide de tenter sa chance dans la ville dorée. Ella va vite devenir la proie d’un cousin dépravé qui lui fera subir déshonneur et souillure… Veit Harlan confie le personnage d’Anna à la comédienne Kristina Söderbaum (son épouse depuis 1939) qui personnifie alors l’idéal féminin mis en avant par le régime hitlérien. Sa mort mélodramatique dans deux de ses films dont La ville dorée, où elle succombe dans l’eau, lui vaudra le surnom ironique de « noyée préférée du Reich »… Die goldene Stadt (titre original) se range parmi les Heimatfilms, genre qui fera florès de la fin des années 40 au début des années 70 en Allemagne mais aussi en Alsace où les séances en après-midi étaient largement fréquentées. C’est l’avènement du nouveau cinéma allemand, avec Rainer-Werner Fassbinder en tête, qui mettra un terme au genre. Artus Films présente, dans un joli coffret, le film restauré en dvd et Blu-ray accompagné d’une présentation de Bertrand Lamargelle ainsi que d’un livret (64 pages) de Christian Lucas sur les origines du Heimatfilm, cinéma qui magnifie, loin des villes mauvaises, la vie à la campagne, où les habitants vivent, heureux, en harmonie avec la nature, même si un exploiteur peut tenter de troubler ce paradis… (Artus Films)
CARAVAGE
Plus connu sous le nom du Caravage, Michele-Angelo Merisi est un immense artiste mais c’est aussi un rebelle qui se heurte aux règles de l’Église. Celles-ci prescrivent notamment comment les thèmes religieux doivent être représentés dans l’art. Lorsque le pape Paul V apprend que le peintre utilise des filles de joie (Lena Antonietti, fameuse prostituée romaine, devint son modèle favori) des voleurs et des vagabonds comme modèles pour ses tableaux, il fait effectuer des recherches par ses services secrets. Les résultats seraient déterminants pour l’octroi d’une grâce au Caravage. Pour le meurtre d’un rival issu d’une noble famille, Merisi a été condamné à mort par décapitation. En attendant, grâce au soutien de la riche marquise Costanza Sforza Colonna (Isabelle Huppert), secrètement éprise de lui, Caravaggio a pu se réfugier à Naples. Le souverain pontife a confié à un inquiétant inquisiteur (Louis Garrel) surnommé L’ombre, de mener l’enquête sur ce génie de la peinture. Troublé par la puissance de ses oeuvres, le policier va découvrir les vices et les vertus contradictoires du Caravage, tenant de la sorte sa vie -et sa mort- est entre ses mains. Porté par Riccardo Scamarcio, le treizième film comme réalisateur du comédien Michele Placido imagine le célèbre peintre comme un artiste pop, menant la vie tourbillonnante qu’il mènerait aujourd’hui à New York ou à Londres. En suivant Merisi, obsédé par la nécessité d’appuyer son art sur la réalité nue de l’existence, le cinéaste s’est fixé un défi, celui de subvertir l’imagerie courante des films se déroulant à la fin du XVIe siècle afin de réaliser un film authentique, sale, loin de la tentation d’une reconstitution léchée. Débraillé, souillé par les marques de son métier, toujours avec une épée, prêt à se battre, il s’attirera la haine d’ennemis puissants et sera l’artisan de son propre destin tragique. (Le Pacte)
LES HUIT MONTAGNES
Pietro, enfant unique, est un garçon de la ville; Bruno, le dernier enfant à vivre dans un village oublié du Val d’Aoste. Ils se lient d’amitié dans ce coin caché des Alpes qui leur tient lieu de royaume. La vie les éloigne sans pouvoir les séparer complètement. Alors que Bruno (Alessandro Borghi) reste fidèle à sa montagne, Pietro (Luca Martinelli) parcourt le monde. Cette traversée leur fera connaître l’amour et la perte, leurs origines et leurs destinées, mais surtout une amitié à la vie à la mort. Le cinéaste belge Felix Van Groeningen se penche volontiers sur des personnages se débattant avec une certaine fatalité. En adaptant le roman éponyme de l’Italien Paolo Cognetti, le cinéaste d’Alabama Monroe (2012) et Belgica (2016), ici en compagnie de Charlotte Vandermeersch, sa compagne à la ville, poursuit, sur une vingtaine d’années, dans l’exploration du mélodrame humain sur fond d’amitié masculine inaltérable et de retour à la nature. Cette quête de soi à travers l’autre a été tournée dans les majestueuses montagnes du Val d’Ayas, une vallée latérale de la vallée d’Aoste… (Pyramide)
QUATRE MOUCHES DE VELOURS GRIS
Musicien et batteur dans un groupe de rock, Tobias est suivi depuis plusieurs jours par un homme mystérieux. Un soir, il décide alors de le prendre en chasse. Au cours de la dispute qui suit leur rencontre, il le tue accidentellement et un inconnu masqué le prend en photo, l’arme du crime à la main. Cet inconnu va le harceler et le menacer, sans pour autant se livrer à un chantage. Sur les conseils de son ami Dieudonné, dit « Dieu », Tobias engage Arrosio, un détective privé efféminé et extravagant qui n’a réussi à résoudre aucune des 84 affaires qu’il a suivies depuis le début de sa carrière. Réalisé en 1971, Quatre mouches… est le dernier volet de la trilogie animalière de Dario Argento après L’oiseau au plumage de cristal (1969) et Le chat à neuf queues (1970). Dans ce thriller, le maître italien du giallo (alors à son apogée) développe les thèmes du mystère, de la violence graphique, du cauchemar, du sexe, le tout porté par une insolite esthétique fantastique. Avec le souci du cinéaste romain de donner à voir au spectateur ce qui devrait échapper à son regard. Sur une musique d’Ennio Morricone, Argento réunit les acteurs américains Michael Brandon et Mimsy Farmer, l’Italien Bud Spencer et Jean-Pierre Marielle dans le rôle d’Arrosio. (Carlotta)
16 ANS
Lors de leur rentrée en classe de seconde, Nora et Léo se croisent et, d’un seul regard, un lien fort va s’établir entre les deux jeunes gens. Mais, parallèlement à leur rencontre, Tarek, le frère de Nora, manutentionnaire dans l’hypermarché de la ville, se fait accuser par un des cadres du magasin du vol d’une bouteille d’un grand cru, méfait qu’il nie vigoureusement en insultant ledit cadre, ce qui incite le directeur de l’établissement à le renvoyer sans autre forme de procès. A la suite de cet incident, la belle aventure naissante entre Nora (Sabrina Levoye) et Léo Teïlo Azaïs) va sérieusement prendre du plomb dans l’aile… Car le directeur du magasin n’est autre que le père de Léo. Connu pour le remarquable Welcome (2009), Philippe Lioret donne, ici, une variation moderne et fraîche de Roméo et Juliette. Nora et Léo sont bien ensemble même si leur environnement contrarie leur amour naissant et va provoquer un désastreux conflit autour des déterminismes sociaux. Le cinéaste dessine alors d’intéressants personnages comme Tarek (Nassim Lyes), véritable écorché vif mais garçon aussi violent que paumé ou encore Frank Cavani, le directeur de l’hypermarché, qui s’est hissé à la force du poignet dans la petite bourgeoisie. Un récit sur l’amour, la jeunesse et l’avenir pour lequel Nora et Léo sont prêts à se battre. (Orange Studio)
MON PAYS IMAGINAIRE
« Mon dernier film, La cordillère des songes, se termine par une séquence où je raconte que ma mère m’avait appris qu’à la vue d’une étoile filante dans le ciel, je pouvais faire un vœu en mon for intérieur et que ce vœu deviendrait réalité. Dans cette séquence finale, je dis à voix haute que mon vœu est que le Chili retrouve son enfance et sa joie. » C’est le cinéaste chilien Patricio Guzman qui évoque ainsi la genèse de son dernier documentaire sur les manifestations chiliennes de 2019. En ce mois d’octobre, une révolution sociale inattendue explose. Un million et demi de personnes manifeste dans les rues de Santiago pour plus de démocratie, une vie plus digne, une meilleure éducation, un meilleur système de santé et une nouvelle Constitution… Pour Guzman, son pays retrouve alors sa mémoire et lui l’événement qu’il attttendait depuis ses luttes étudiantes de 1973. Les manifestations débutent à la suite de l’augmentation de 30 pesos du ticket de métro. Patricio Guzman interviewe des manifestants qui témoignent de la grande précarité d’une partie de la population chilienne, notamment les mères célibataires et les indigènes. Il recueille des témoignages sur la violence de la répression policière, qui visaient aussi la presse ou les secouristes… (Pyramide)
LE PARFUM VERT
En pleine représentation, devant un public médusé, un comédien de la Comédie-Française est assassiné par empoisonnement. Témoin direct du meurtre, Martin, l’un des comédiens du Français, est bientôt soupçonné par la police et pourchassé par la mystérieuse organisation qui a commandité le meurtre. Aidé par Claire, une auteure de bandes dessinées en mal de projet, Martin va chercher à élucider le mystère de cette mort violente au cours d’un voyage très mouvementé en Europe. Du réalisateur Nicolas Pariser, on avait gardé le souvenir de l’épatant Alice et le maire où une jeune philosophe (Anaïs Demoustier) était chargée de stimuler intellectuellement et politiquement un maire de Lyon (Fabrice Luchini) au bout du rouleau… Il semble que ce soit la (re-)lecture des albums de Tintin qui a poussé le cinéaste à écrire et à mettre en scène cette comédie noire sur laquelle passent également les ombres de Hitchcock et de Brian De Palma et pourquoi pas de Spirou et Fantasio. Par delà ces références assumées et marrantes, Pariser propose un film enlevé et subtil dans lequel Vincent Lacoste en comédien passablement à l’ouest et Sandrine Kiberlain en fofolle se lancent dans une aventure d’espionnage et s’en donnent à coeur-joie dans le second degré… (Diaphana)
VOUS N’AUREZ PAS MA HAINE
Journaliste français notamment à France Info, Antoine Leiris perd son épouse Hélène, 35 ans, mère d’un enfant de 17 mois, lors de l’attentat du Bataclan le 13 novembre 2015. Trois jours après les faits, il publie sur Facebook un message intitulé Vous n’aurez pas ma haine qui connaît un fort retentissement, faisant notamment la une du Monde où Leiris déclare notamment « Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère, ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes ». Le 30 mars 2016, il publie chez Fayard son premier livre sous le même titre où il conte les douze premiers jours « d’une vie à trois qu’il faut poursuivre à deux ». Le cinéaste allemand Kilian Riedhof adapte le best-seller d’Antoine Leiris pour en tirer une émouvant récit de résilience à la fois personnel et universel, empreint d’une magnifique humanité. Car comment surmonter une tragédie sans sombrer dans la haine et le désespoir ? A la haine des terroristes, Antoine oppose l’amour qu’il porte à son jeune fils et à sa femme disparue. Cette œuvre au propos vertigineux est portée par la belle interprétation de Pierre Deladonchamps et Camélia Jordana. (Blaq Out)
GOODBYE
Mariés depuis trente ans, Grace et Edward coulent des jours paisibles dans leur cottage sur la côte anglaise. Grace est exubérante et volubile. Elle prépare une anthologie de poèmes tout en administrant la maison. Edward est discret et effacé. Il se passionne pour les conquêtes napoléoniennes et achève une carrière d’enseignant. Mais ce matin-là, cette vie bien réglée va voler en éclat. A l’occasion de la visite de leur fils Jamie, Edward trouve le courage d’annoncer à sa femme sa décision: dans une heure, il quittera la maison pour une nouvelle vie. Sans elle. Cinéaste et scénariste (il est le coauteur du Gladiator de Ridley Scott), le Britannique William Nicholson filme un couple en décalage et en rupture et une histoire d’amour qui se termine tristement. Outre les belles images des falaises d’Hope Gap, il y apporte une touche très british. Bill Nighy (Harry Potter, Love Actually, Good Morning England ou Vivre) a l’élégance anglaise même si Edward est plutôt lâche. En face de lui, on trouve l’Américaine Annette Bening en femme fracassée… (Condor)
NOSTALGIA
Après quarante ans d’absence, Felice retourne dans sa ville natale : Naples. Dans la chambre au décor froid d’un grand hôtel, il dépose, la mine grave, un objet qu’on imagine précieux dans le coffre-fort. Il part en ville, commande une pizza… Il redécouvre les lieux, les codes de la ville et un passé qui le ronge et qui l’a conduit à quitter Naples. Il arrive du Caire où il séjourne depuis des dizaines d’années. Mais Naples, c’est la ville où il est né, où il a grandi, où il vient voir Teresa, sa mère, une très vieille dame qui vit seule dans un logement très modeste. Pour tirer sa mère de la misère, Feli va renouer avec sa ville. Révélé en 1992 par Mort d’un mathématicien napoltain, Mario Martone est napolitain. Et il situe, avec une approche quasi-documentaire, son film en grande partie dans le quartier populaire de La Sanita avec ses ruelles en pente, ses vieux aux fenêtres, ses petits commerçants, ses immeubles décatis creusés dans la roche et sous la coupe de la mafia locale. Avec ses allures de film noir, Nostalgia (un titre en référence à Pasolini) développe un beau personnage, brillamment incarné par Pierfrancesco Favino, qui, grâce à un jeune prêtre, va révéler son secret. (ARP)
THE SILENT TWINS
Au début des années 70, dans une petite ville tranquille du Pays de Galles, June et Jennifer Gibbons, deux sœurs jumelles totalement fusionnelles, ont peu à peu résolu de se murer dans le silence vis-à-vis de leur famille et du monde extérieur. Tandis que leur scolarité semble de plus en plus incertaine, elles s’inventent, dans leur chambre, un univers parallèle où elles laissent libre cours à leur imagination foisonnante…En s’appuyant sur une histoire vraie évoquée dans le livre éponyme de Marjorie Wallace, la cinéaste polonaise Agnieszka Smoczyńska (The Lure en 2015 qui racontait déjà l’aventure de deux sœurs…sirènes) évoque, avec une approche formelle originale qui mêle animation en stop-motion et séquences oniriques, le repli de deux adolescentes (Letitia Wright et Tamara Lawrance) qui cherchent àretranscrire leur créativité dans des histoires qu’elles voudraient voir publier. Mais leur mutisme va les entraîner à boire et à se shooter pour pouvoir s’exprimer auprès d’un garçon qui leur plaît. Un cercle vicieux d’alcool, de drogue, de jalousie sentimentale et créative qui va les amener à se faire interner… (Universal)
LA FILLE AU VAUTOUR
Jeune montagnarde, Wally, fille unique d’Aloïs Fender, un riche veuf, agriculteur dans la vallée d’Ötztal, vit, vers 1840, dans les Alpes tyroliennes. Elle est jeune, belle, intrépide, volontaire et travaille à la ferme comme un homme. Quand au péril de sa vie, elle escalade une falaise et capture un jeune vautour dans son nid malgré les attaques d’un rapace, elle suscite l’admiration de son père mais le mépris de Joseph, surnommé L’ours, un jeune chasseur qui chasse avec le châtelain de la vallée. Joseph tourne Wally en ridicule en l’appelant « La fille au vautour » car il est persuadé qu’une jeune fille ne peut porter de pantalon et grimper dans les montagnes alentour. Dans le Heimatfilm (voir plus haut La ville dorée), le vétéran Hans Steinhoff donne, en 1940, ce Geirwally (titre original) qui concentre les thèmes du genre plein de folklore et de traditions autour de la vie saine à la campagne. Le tout mâtiné de passion amoureuse car Wally (Heidemarie Hatheyer) est follement éprise de Joseph mais trop fière pour se l’avouer. Et les choses se compliquent lorsque son père envisage de lui faire épouser Vinzenz, un fermier voisin pour lequel elle n’a que répulsion… Contrainte d’aller vivre dans une hutte proche des glaciers, Wally tiendra bon, avec pour seule compagnie Hansl, son vautour apprivoisé, fidèle compagnon de ses infortunes. (Artus Films)
PENELOPE MON AMOUR
« Depuis 18 ans je filme ma fille Pénélope, jeune adulte porteuse d’autisme. Un jour j’ai ouvert le placard qui contenait des cassettes DV et des bobines super 8. Ça m’a presque crevé les yeux. Il fallait rassembler toutes ces images. Pénélope ne cesse d’acclamer ce qu’elle est, je ne cesse de questionner qui elle est. La réponse à la question est précisément dans cette quête infinie. Tout m’est renvoyé en miroir. Ainsi, n’est-ce pas Pénélope qui par ricochet me dit qui je suis ?… » C’est Claire Doyon qui parle ainsi… Au sortir de la Fémis, la cinéaste réalise une douzaine de courts-métrages et passe au « long » en 2003 avec Les lionceaux présenté à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes. Entre témoignage intime et récit universel d’un combat dicté par l’amour, Pénélope mon amour raconte un chemin initiatique avec ses étapes cruciales : le choc du diagnostic, la déclaration de guerre, l’abdication des armes pour finalement accepter et découvrir un mode d’existence radicalement autre. Un documentaire émouvant et bouleversant. (Blaq Out)
CHOEUR DE ROCKERS
Chanteuse d’un groupe de rock qui se produit dans les bars et boîtes de Dunkerque, Alex, divorcée et mère de deux enfants, peine à subvenir à ses besoins. Un jour, son amie Élodie lui propose un drôle de job : faire chanter des comptines à une chorale de retraités…De fait, Alex découvre une bande de seniors ingérables qui ne rêve que d’une chose, chanter du rock ! Sa mission va s’avérer plus compliquée que prévu avec la plus improbable des chorales… Ida Techer et Luc Bricault se sont inspirés de l’histoire vraie de la chorale dunkerquoise Salt and Pepper, fondée en 2010 par Nathalie Manceau pour concocter une comédie où les personnages s’allument quand ils chantent. « On était des vieux cons qui chantaient des bluettes et tu es arrivée », dit d’ailleurs Betty à Alex. Et d’ailleurs les membres de Salt and Pepper ont un argument imparable : « On a tous l’âge de Mick Jagger ! » Autour de Mathilde Seigner (Alex), on retrouve des comédiens en verve : Bernard Le Coq, Anne Benoît, Andréa Férréol, Brigitte Roüan, Myriam Boyer, Patrick Rocca ou Armelle Deutsch. Et les chansons interprétées dans Choeur… sont plutôt bonnes, de Gabrielle (Johnny Hallyday) à We Will Rock You de Queen en passant par Ca, c’est vraiment toi de Téléphone. (UGC)
LES SURVIVANTS
Samuel part s’isoler dans son chalet au cœur des Alpes italiennes. Une nuit, une jeune femme se réfugie chez lui, piégée par la neige. Elle est afghane et veut traverser la montagne pour rejoindre la France. Samuel ne veut pas d’ennuis mais, devant sa détresse, décide de l’aider. Il est alors loin de se douter qu’au-delà de l’hostilité de la nature, c’est celle des hommes qu’ils devront affronter. Avec le robuste Denis Menochet (Peter von Kant et 2021 et As Bestas en 2022) et la comédienne iranienne Zar Amir Ebrahimi, prix d’interprétation à Cannes 2022 pour l’excellent Les nuits de Mashad, Guillaume Renusson signe un thriller haletant et enneigé qui tient parfaitement le spectateur en haleine. Le jeune cinéaste a imaginé ainsi le triple combat d’un homme, contre lui-même, contre la nature et contre les autres. A travers deux êtres blessés, un homme en deuil et une Afghane traquée par les milices citoyennes s’étant donné pour mission de barrer le passage aux migrants, le film évoque deux solitudes mais s’interroge avec acuité sur l’immigration et la montée de l’extrémisme. Tout en faisant un film de genre sur la traque et la survie, Renusson livre une réflexion sociale et politique. (Ad Vitam)
M3GAN
Cyber poupée de haute technologie M3gan dispose d’une intelligence artificielle programmée pour être la compagne idéale des enfants et la plus sûre alliée des parents. Conçue par Gemma, la brillante roboticienne d’une entreprise de jouets, M3gan écoute, observe et apprend tout en étant à la fois l’amie et le professeur, la camarade de jeu et la protectrice de l’enfant à qui elle est liée. Lorsque Gemma doit s’occuper de Cady, sa nièce de 8 ans, dont les parents sont soudainement décédés, elle ne se sent pas prête à assumer son rôle. Surmenée, elle décide de lier le prototype M3gan encore en développement à la petite fille… Gerard Johnstone met en scène un film de SF horrifique qui n’est pas sans faire penser à Chucky, la poupée maléfique d’il y a une trentaine d’années. Ayant réponse à tout et dotée d’une intelligence émotionnelle hors pair, M3gan comble toutes les attentes de Cody, qui devient accroc à sa poupée en silicone. Mais M3gan est tout bonnement un monstre de cruauté qui n’hésite pas devant le carnage… (Universal)
THE SYSTEM
Marine récemment revenu de la guerre, Terry Savage en est réduit à cambrioler des planques de dealers pour payer le traitement médical de sa fille. Lorsque Savage (l’acteur et chanteur de R’n’B Tyrese Gibson) se fait arrêter, on lui offre une chance de se racheter en échange d’une mission d’infiltration pour dénoncer la corruption dans une prison privée dirigée par un directeur sadique, Lucas Fisher. Après l’agression de Savage par un gang, Bones le prend sous son aile et lui apprend à survivre dans le système. Tout en luttant pour rester en vie lorsque le directeur l’oblige à intégrer le Donjon – un dangereux club de combat underground dirigé par Joker, un détenu dérangé- Savage élabore un plan visant à révéler la vérité sur le système corrompu et tous ceux qui le dirigent en recrutant les mêmes détenus qui ont essayé de le tuer. Dallas Jackson signe un pur film d’action. (Universal)
LES VOYAGES DE BILLY, TOUS LES HASARDS ET LA COMPETITION DES CHEFS 
ABATTOIR 5
Le 14 décembre 1944, durant la bataille des Ardennes, le soldat Vonnegut, de la 106e division d’infanterie américaine, se retrouve isolé et, après quelques jours d’errance solitaire derrière les lignes ennemies, est fait prisonnier par l’armée allemande. En février 1945, le prisonnier de guerre Vonnegut est à Dresde et travaille dans un abattoir. Du 13 au 15 février 1945 a lieu le bombardement de Dresde par les Alliés. C’est l’un des plus grands carnages de civils de la Seconde Guerre mondiale : 7 000 tonnes de bombes (dont des bombes au phosphore) sont déversées en trois vagues qui feront plus de 35 000 morts. Vonnegut est l’un des sept rescapés américains, sauvés pour s’être enfermés dans une cave d’abattoir qu’il nomme Slaughterhouse Five. Les nazis l’affectèrent à la récupération des cadavres pour la fosse commune. Mais il y en avait tellement que l’on dut terminer au lance-flamme l’ouvrage des bombes. C’est cette expérience très traumatisante que l’Américain d’origine allemande Kurt Vonnegut Jr. (1922-2007) décrit, en 1969, dans son roman Abattoir 5 ou la Croisade des enfants. En 1972, entre Butch Cassidy et le Kid (1969) et L’arnaque (1973), deux de ses oeuvres les plus célèbres, George Roy Hill transpose au cinéma Slaughterhouse 5, devenu un classique de la SF moderne. « Ce n’est qu’une illusion terrestre de croire que les minutes s’égrènent comme les grains d’un chapelet et qu’une fois disparues elles le sont pour de bon. » Billy Pilgrim (Michael Sacks) mène plusieurs existences à la fois. Il fait des sauts dans le temps et l’espace : il est tantôt un vieil opticien américain, tantôt un tout jeune vétéran qui revit sa lune de miel ou encore un humain que les Tralfamadoriens ont enlevé pour l’exhiber dans un zoo sur leur planète… Sur une b.o. où le grand pianiste Glenn Gould joue Bach, voici, dans une belle restauration et pour la première fois en Blu-ray, une émouvante réflexion sur le sens de l’existence. (Carlotta)
LE TOURBILLON DE LA VIE
Fille d’un facteur de pianos, Julia est elle-même une pianiste très douée. Le 10 novembre 1989, elle a 17 ans et est à Amsterdam pour parfaire sa formation musicale, lorsqu’elle apprend avec ses camarades la chute du mur de Berlin. Elle, qui a toujours été très sage, décide de fuguer avec ses amis pour aller à Berlin. C’est à ce moment que le hasard va faire une première fois basculer son destin. Les grands tournants de notre existence sont parfois dus à de petits hasards. Si Julia n’avait pas fait tomber son livre ce jour-là, aurait-elle croisé Paul ? Nos vies sont faites d’infinies possibilités. Pour Julia, il suffit d’un rien tellement de fois… À 80 ans, Julia s’interroge sur la place du hasard dans sa vie et au nombre de fois où il a fait basculer son existence. Pour son premier long-métrage au scénario très inventif, Olivier Treiner réussit une brillante comédie où Julia (l’épatante Lou de Laâge entourée de Raphaël Personnaz, Isabelle Carré, Gregory Gadebois ou Denis Podalydès) peut se demander si les autres versions d’elle-même qui n’ont jamais existé seraient fières de ce qu’elle est devenue ? (M6)
MAESTRO(S)
Denis Dumas vient de triompher une nouvelle fois aux Victoires de la Musique… Une récompense qui touche sans doute ce chef d’orchestre de grande réputation même s’il fait mine de ne pas trop en avoir cure… Devant sa télévision, François Dumas, le père de Denis, lui-même grand chef à la longue et brillante carrière internationale, grimace. Il n’a que mépris pour ces festivités télévisuelles et sans doute regrette-t-il aussi que son fils se prête à ces indignes singeries. Mais, de toutes manières, entre Dumas père et fils, les ponts sont coupés depuis longtemps. Autour d’un poste de chef à la prestigieuse Scala de Milan et d’une énorme méprise, l’existence des deux maestros va être rudement bouleversée. En s’appuyant sur l’univers de la musique classique (vive Mozart, Schubert, Brahms, Beethoven, Dvorak ! ) Bruno Chiche, révélé en 2001 par Barnie et ses petites contrariétés, donne une tragi-comédie (librement adaptée du film israélien Footnote) où père et fils, concurrents dans le même domaine, se retrouvent dans une situation exceptionnelle où il faudra mettre carte sur table ou… partition sur pupitre. Car, comment dire à un père qu’il ne vivra pas le rêve de sa vie…. Evidemment Yvan Attal et Pierre Arditi sont au diapason. (Orange Studio)
LES TROIS MOUSQUETAIRES
Le fougueux Gascon n’a pas fini de faire rêver tous les amateurs de flamboyantes aventures de cape et d’épée… On sait que D’Artagnan ne décline jamais un duel et aussi qu’il est lié, pour toujours, d’amitié avec Athos, Porthos et Aramis. Alexandre Dumas savait mettre les petits plats dans les grands pour emporter son lecteur dans la France de Louis XIII. Aujourd’hui, c’est le cinéma qui se charge de perpétuer la tradition. Même s’il n’est pas interdit de relire Dumas. Alors que la superproduction de Pathé, signée Martin Bourboulon, attire de nombreux spectateurs dans les salles obscures, on peut retrouver cette fois Les trois mousquetaires en Blu-ray et en dvd avec le film de Bill Thomas. Le cinéaste britannique revisite à son tour Dumas pour mettre en scène ses personnages légendaires. Entre rivalités mortelles et intrigues amoureuses, la rencontre de la mystérieuse Milady de Winter ne sera pas sans danger… Le jeune héros devra vite apprendre à reconnaître ses ennemis (ah, les complots du machiavélique cardinal de Richelieu!) pour défendre sa vie ainsi que les intérêts de la couronne de France. Apportant une petite touche d’humour british à son propos, le réalisateur a confié le rôle de D’Artagnan à l’acteur afro-britannique Malachi Pullar-Latchman (vu dans Hounded et Shark Bay en 2022) qui apporte une énergie juvénile à son héros. (Wild Side)
TROIS JOURS A VIVRE
Avec sa belle politique de restauration, Pathé offre une nouvelle exposition aux polars de Gilles Grangier. Après notamment Echec au porteur et Meurtre à Montmartre, voici l’occasion de retrouver la « bande à Grangier » avec Michel Audiard aux dialogues et Lino Ventura ou Jeanne Moreau à l’affiche. En 1958, ce solide artisan du cinéma français, trop souvent réduit au rang de bon faiseur, raconte l’histoire de Simon Belin (Daniel Gélin), comédien dans une troupe de théâtre itinérante et las des seconds rôles qu’on lui confie. Un soir, il est témoin d’un meurtre. Il identifie Lino Ferrari, le premier suspect qu’on lui présente en y voyant une opportunité d’être sous le feu des projecteurs. Innocent, Ferrari s’évade de prison et prévient Simon : il va lui régler son compte en trois jours… Dans le milieu du théâtre mais aussi dans les décors de Rouen et du Havre, voici un polar bien mené à l’intrigue haletante. Lino Ventura, qui tourne pour la première fois avec Grangier, est le massif Ferrari qui flanque une trouille noire au lâche Simon… (Pathé)
UNE COMEDIE ROMANTIQUE
Après avoir disparu du jour au lendemain, César réapparaît dans la vie de Salomé et découvre qu’il est le père d’une petite fille de trois ans. Cette fois, il va tout faire pour être à la hauteur de leur histoire. En installant sa caméra dans Montmartre à Paris, Thibault Segouin, qui habite le quartier, a voulu donner à son premier long-métrage un cadre chaleureux à la manière dont Woody Allen filme Manhattan. Il signe ainsi une comédie romantique simple et joyeuse autour de la renaissance d’un amour entre une femme qui assume et un homme qui peine à sortir de son état de perpétuel ado. Golshifteh Farahani et Alex Lutz sont rayonnants. (M6)
COCKFIGHTER
Après avoir perdu son meilleur coq de combat lors d’un défi, Frank Mansfield fait vœu de silence jusqu’à sa victoire prochaine au championnat national. Mais lors d’un autre pari déraisonnable, Frank est contraint de se séparer de sa caravane, de sa voiture… et bientôt de sa petite amie Dody (la belle Laurie Bird, découverte par Hellman dans Macadam…). Complètement dans le trou, il ne lui reste plus qu’à se refaire pour revenir au sommet… Pour la première fois en Blu-ray, voici l’occasion de découvrir un film rare du cinéaste américain Monte Hellman, surtout connu pour son Macadam à deux voies (1971), road-trip existentialiste sur la fameuse Route 66. Ici, en 1974, dans une production du légendaire Roger Corman, il adapte un roman de Charles Willeford et plonge dans l’Amérique profonde des combats de coqs. Le chef-opérateur espagnol Nestor Almendros (qui fit la photo de films de Rohmer, Truffaut, Pialat ou Eustache avant des intermèdes américains) filme superbement le divertissement plutôt glauque et brutal d’une Amérique rurale sudiste rongée par l’ennui. Cette chronique est portée par Warren Oates, acteur-fétiche de Sam Peckinpah, qui, entouré de « gueules » comme Harry Dean Stanton ou Ed Begley Jr., est remarquable en loser magnifique et quasiment mutique. (Carlotta)
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Fraîchement débarqués en Roumanie en provenance des Etats-Unis, Julia et son mari d’origine roumaine s’installent à Bucarest, où ce dernier a trouvé un nouvel emploi dans le marketing. Ayant tiré récemment un trait sur sa carrière de comédienne, Julia se retrouve souvent seule dans son grand appartement et essaye de s’occuper comme elle peut dans sa vie d’expatriée. Une nuit, en scrutant par la fenêtre, l’immeuble d’en face, elle aperçoit une silhouette qui semble la regarder en retour avec une inquiétante insistance… Pensant s’offrir une escapade rassurante en allant voir Charade dans un vieux cinéma de quartier, Julia est approchée par un spectateur qui, même s’il demeure mutique et immobile, la déstabilise, au point de quitter la séance précocément pour se réfugier dans la supérette voisine. Quelle n’est pas sa stupeur lorsqu’elle constate, quelques minutes plus tard, que l’individu se trouve également dans le rayon voisin. L’a-t-il suivi ? Est-il en train de l’épier ou se fait-elle des idées ? Pour son premier long-métrage, inspiré de son expérience d’expatriée lors de son adolescence, Chloe Okuno donne un élégant thriller paranoïaque finement tourné. Les références, de Polanski à Fincher en passant Fenêtre sur cour, sont au rendez-vous. En adoptant le point de vue d’une Julia isolée et repliée sur elle-même, le film distille habilement le doute qui envahit l’esprit de la jeune femme (Maika Monroe)… Surfant sur le thème du voyeurisme, le film a obtenu le prix du 30e anniversaire du festival de Gérardmer 2023. (Universal)
LE PETIT PIAF
Dans un petit village de La Réunion, Nelson, 10 ans, rêve de devenir chanteur et ainsi rendre fière sa mère qui l’élève seule. Après avoir postulé avec l’aide de ses amis Mia et Zizou, à l’émission télévisée Star Kids, un télé-crochet pour enfants, il cherche un coach pour préparer son concours. Grâce à Mia, il rencontre Pierre Leroy, un célèbre chanteur venu de métropole (Marc Lavoine) mais dont la carrière est en berne. Leroy est en tournée sur l’île et séjourne dans l’hôtel dans lequel travaille la mère de Nelson. Ce dernier, fier et obstiné, ne va cependant pas du tout s’entendre avec l’artiste solitaire et désabusé. Reste leur passion commune pour le chant. Pour sa douzième réalisation depuis Pinot simple flic en 1984, Gérard Jugnot signe une agréable comédie familiale pleine d’air frais et de bons sentiments… Soan Arhimann, natif de La Réunion et vainqueur de la saison 6 de The Voice Kids, incarne Nelson… (Gaumont)
THE COMMUNION GIRL
Dans l’Espagne de la fin des années 80, Sara tente de s’intégrer parmi les adolescents d’une petite ville de la province de Tarragone. Si seulement elle était aussi extravertie que sa meilleure amie Rebe. Un soir, alors qu’elles rentrent de boîte de nuit, elles croisent une petite fille en tenue de première communiante tenant une poupée dans ses bras… Après le succès de ses réalisations hollywoodiennes, notamment Retour à la maison de l’horreur et Mirrors 2, Victor García renoue avec ses racines espagnoles en revenant à l’épouvante avec une œuvre (présentée au festival du film fantastique de Gérardmer) qui séduit par sa belle photographie et l’atmosphère inquiétante du village avec ses secrets bien gardés qu’une bande d’adolescents attachants tentent de découvrir, jusqu’à sombrer dans l’horreur. Le cauchemar peut commencer et il reste à prier pour ne jamais croiser la petite communiante. (Wild Side)
CASINO DE PARIS
Célèbre dramaturge, Alexandre Gordy décide de confier le premier rôle de sa prochaine pièce à Catherine Miller, une charmante chanteuse de music-hall. Déterminé à la séduire, il l’invite dans sa villa de la Côte d’Azur pour préparer et répéter la pièce. Catherine va faire la connaissance de Jacques Merval, l’assistant d’Alexandre, qui est en réalité le véritable auteur des pièces à succès de Gordy… Quand Jacques tombe éperdument amoureux de Catherine, un combat s’engage entre les deux hommes pour conquérir le cœur de la belle. En 1957, André Hunebelle, réalisateur du Bossu avec Jean Marais et de trois aventures de Fantômas, signe l’unique comédie musicale de sa carrière. Cet inventif touche-à-tout du divertissement réunit un joli casting avec Vittorio de Sica (Gordy), Gilbert Bécaud (Merval) et la pétillante Caterina Valente. Le tout a un petit charme vintage et fortement coloré. Bécaud interprète cinq chansons… (Pathé)
MONSTRUOUS
Traumatisée par son passé conjugal, Laura, une mère de famille, s’enfuit avec Cody, son fils de sept ans. Dans la Californie des années 50, ils s’installent loin de la ville dans une charmante maison à côté d’un lac. La nuit, Cody entend des bruits. Bientôt, il affirme à sa mère qu’une créature en émergerait la nuit pour lui rendre visite. Oscillant entre le drame et l’horreur, Chris Sivertson développe, dans un univers pop et coloré, une aventure où la menace venue des abysses se fait de plus présente autour d’une mère et de son gamin. Révélée à l’âge d’onze ans dans le rôle de Mercredi dans La famille Addams (1991), Christina Ricci fait courageusement face au monstre… (Metropolitan)