LA CITE DES REVES, LES RICHES DE SEOUL ET UN MAITRE NIPPON CYBERPUNK 
BABYLON
Un éléphant, des chevaux, un lézard et un serpent à sonnette… Comme une métaphore du Los Angeles des années vingt ? Un univers bestial ? Le pachyderme que le malheureux Manny Torrès tente de faire grimper une côte sur un camion branlant, est l’une des attractions d’une soirée offerte dans son manoir par un tycoon du Hollywood des années vingt. Et comme la pauvre bête défèque de trouille, l’épanchement donne déjà le ton… Babylon entre dans le vif du sujet avec une longue séquence orgiaque où l’alcool coule à flots et les bouteilles de champagne finissent dans un endroit que la pudeur nous interdit d’évoquer ici. L’Hollywood des années vingt est un bordel à ciel ouvert. Damien Chazelle invite, dans les pas de Manny, jeune immigrant mexicain fasciné par le cinéma et prêt à tout pour entrer dans cet univers, à une visite guidée à travers une chronique qui lève le voile sur les coulisses de la cité des rêves. Le cinéaste franco-américain s’inscrit dans un genre -le cinéma sur le cinéma- où il est précédé par Fellini (Huit et demi), Tornatore (Cinema Paradiso), Truffaut (La nuit américaine) ou son confrère Tarantino avec Once Upon a Time… in Hollywood dans lequel on trouvait déjà Brad Pitt. Chazelle ausculte les débuts d’une forme d’art et d’une industrie, lorsque toutes deux étaient encore en train de trouver leurs marques, la mutation la plus cataclysmique étant évidemment le passage du muet au parlant. Une rupture qui précipita la chute de stars qui n’avaient pas la voix adéquate pour durer… Le cinéaste de La La Land excelle à mettre en scène des tournages… C’est le cas pour une scène de bar dans lequel une certaine Nellie LaRoy, recrutée pour suppléer une actrice camée jusqu’aux yeux, va faire montre, seins en bataille, d’un beau talent. Dans une vaste galerie de personnages, le spectateur cinéphile peut se livrer à un amusant jeu de piste où il s’agit de débusquer, derrière les noms d’emprunt, Clara Bow, Gene Kelly, Anna May Wong ou Irvin Thalberg… Mais il n’est pas nécessaire d’avoir lu tous les livres sur Hollywood pour apprécier cet enthousiasmant Babylon dans lequel Brad Pitt et Margot Robbie sont éblouissants. Babylon s’achève par une pure déclaration d’amour au 7e art. Dans un long générique de fin, Chazelle salue aussi bien Le chien andalou de Luis Bunuel que Ben Hur de William Wyler en passant par Louise Brooks et Ingmar Bergman. « Parce que, comme le dit un personnage du film, ce qui est projeté là-haut, ça a de l’importance pour les gens. » (Paramount)
PARASITE
Vivant dans son sous-sol d’un quartier pauvre de Séoul, la famille Ki-taek est dans la mouise. Si l’endroit est sinistre, la cocasserie pourtant s’installe avec une « course » au réseau que Ki-woo et sa sœur Ki-jung finiront par retrouver, quasiment perchés sur les toilettes… Le montage de boîtes en carton pour la compagnie de pizzas voisine ne suffit pas à la survie de ces chômeurs au long cours. Lorsque un ami du fils des Ki-taek lui parle de la richissime famille Park et de leur fille qui a besoin de cours particuliers d’anglais, l’univers semble soudain s’éclairer… Le premier, Ki-woo, devenu Kevin, va s’introduire chez les Park. Beaux quartiers, pelouse parfaite, superbe maison d’architecte, gouvernante impeccable, on est loin du gourbi où croupissent Ki-taek et sa famille. Et comme la diaphane et superficielle Mme Park semble d’une insondable naïveté, Kevin obtient le job. Bientôt, Kevin évoque une certaine Jessica (qui n’est autre que sa sœur) grande spécialiste en art-thérapie, tout à fait à même de canaliser la « folie » du jeune Da-song, le petit dernier des Park… En 2019, le cinéaste sud-coréen Bong Joon-ho décroche la Palme d’or à Cannes avec une œuvre foisonnante en forme de fable sociale, qui, dans un subtil dosage d’humour, de suspense et d’émotion, décrit une société dévorée par les inégalités… Les rebondissements s’enchaînent dans un jubilatoire jeu de massacre. Une comédie sans clowns, une tragédie sans méchants… On sait depuis Jean Renoir et La règle du jeu (1939) que les grands bourgeois vivent dans les pièces d’apparat alors que la domesticité exerce ses talents dans les sous-sols. Au maître français, on peut désormais adjoindre l’excellent Bong Joon Ho (déjà remarqué pour Memories of Murder ou The Host) qui contribue, avec un humour corrosif et une férocité certaine, à cette réflexion sociétale… Allègre, noir, cruel, vertigineux, imprévisible, mystérieux, drôle, terrifiant, triste, bouffon, vénéneux, violent, déroutant, timbré, métaphorique, voilà des qualificatifs qui conviennent tous à une œuvre impressionnante qui laisse entendre que tout cela va mal finir… (The Jokers)
SHINA TSUKAMOTO
On ne dira jamais assez combien le blu-ray et le dvd sont de magnifiques outils pour découvrir des perles de cinéma ! C’est ce que Carlotta démontre, une nouvelle fois, avec le coffret consacré à Shinya Tsukamoto. Né en janvier 1960 à Tokyo, le réalisateur est considéré comme le chef de file de la mouvance cyberpunk au Japon. Dès la fin des années 80, Tsukamoto s’impose comme l’un des maîtres du cinéma transgressif nippon avec des œuvres radicales et nerveuses comme Tokyo Fist (1995), Bullet Ballet (1998) et les deux premiers volets de Tetsuo (1989 et 1992). Bien que visuellement très différents les uns des autres, les films de Tsukamoto, qui explorent fréquemment les thèmes de l’aliénation urbaine, de la transformation physique et de l’obsession psychosexuelle, sondent chacun l’âme humaine et ses penchants les plus extrêmes, qu’il n’hésite pas à mettre en scène de façon très graphique. En suggérant que cette violence serait le nouveau mal moderne, le cinéaste pose un regard critique sur son pays et sur la société de consommation dans son ensemble, mais refusant toute nostalgie ou glorification du passé. Un coffret réunit dix films de Tsukamoto dont les quatre cités plus haut mais aussi Les aventures de Denchu Kozo (1987), A Snake of June (2002), Vital (2004), Haze (2005), Kotoko (2011) ou Killing (2018). Le coffret comprend aussi plus de cinq heures de suppléments dont Une agression des sens, une analyse du style Tsukamoto et enfin un livret de 80 pages illustrée de photo de plateau exclusives. (Carlotta)
VIVRE
Londres, en 1953, panse encore ses plaies. Fonctionnaire discret au bureau des travaux publics municipaux, M. Williams est un rouage impuissant du système administratif. Sa vie est morne et sans intérêt. Tout bascule lorsque son médecin lui annonce qu’il lui reste six mois, au mieux neuf mois à vivre. Déchiré par la nouvelle mais n’en laissant rien paraître, Williams est contraint de faire le point sur son existence. Au lieu de prendre, une nouvelle fois, le train de banlieue du matin qui va l’amener à Waterloo Station puis à son travail, il choisit de passer outre… Dans un café au bord de la mer, il croise un inconnu auquel il se confie et qui va l’aider à rejeter son quotidien banal et routinier. Au sortir d’un pub, une fille lui vole son chapeau melon qui sera remplacé par un feutre mou. Williams peut commencer enfin à vivre pleinement sa vie. Remarquable acteur de comédie, Bill Nighy est, ici, magnifique de dignité en homme né à l’époque édouardienne, rigide, conformiste mais qui va faire sauter un verrou. Le Sud-africain Oliver Hermanus signe un remake du film japonais éponyme (1952) dAkira Kurosawa, lui-même inspiré du roman La Mort d’Ivan Ilitch de Léon Tolstoï publié en 1886. Dans une reconstitution historique soignée mais pas trop envahissante, le cinéaste se concentre sur un homme digne mais engoncé dans les convenances auquel une ultime et utile réalisation va permettre de se regarder en face et d’affronter, avec un fin sourire, la dernière épreuve. (Metropolitan)
GODLAND
Jeune prêtre danois, Lucas est envoyé en mission en Islande à la fin du 19e siècle par sa hiérarchie pour deux raisons : d’un côté, photographier la population locale devant les paysages du pays et de l’autre, aider à la construction d’une église dans un petit village… D’abord soucieux de remplir convenablement son rôle, malgré sa position dominatrice de colon danois face à la plèbe islandaise, Lucas essaye d’apprendre la langue locale. Sauf que le jeune homme déchante devant sa complexité. Bientôt, il voit son périple prendre une autre tournure. Après une traversée en bateau marqué par un solide mal de mer, il s’effondre à genoux sur la plage du pays, d’ores et déjà exténué par un voyage qui vient à peine de débuter. En s’enfonçant chaque jour un peu plus dans l’Islande profonde pour rejoindre le village où il doit bâtir son église, Lucas (le comédien danois Elliott Crosset Hove) va être happé par le doute. Remarqué pour ses deux premiers longs-métrages, Winter Brothers (2017) et Un jour si blanc (2019), le réalisateur islandais Hlynur Palmason observe comment le jeune prêtre, incapable de dompter l’environnement qui l’entoure, va d’abord voir s’étioler sa bienveillance première avant de connaître une aigreur d’autant plus forte que Ragnar, le rustique guide de l’expédition, ne croit pas spécialement en Dieu. Entre Lucas et Ragnar, les échanges deviennent de plus en plus vifs… L’odyssée de Lucas, entre rivières en crue et volcans en éruption, se transforme en un voyage en terre inconnue. Dans des paysages superbes mais très rudes, le jeune prêtre s’interroge sur une foi vacillante. Arrivé cependant à son but, Lucas va devoir affronter d’autres remises en cause et notamment l’émergence de sentiments que son statut de prêtre lui interdit. Une œuvre superbement photographiée et une réflexion profonde sur l’existence. (Jour2fête)
DU ROUGE POUR UN TRUAND
Frappée par un père abusif alors même qu’elle a été prise en otage dans un hold-up, Polly Franklin décide de quitter la ferme familiale pour Chicago. Elle sera tour à tour couturière, danseuse, prostituée et serveuse, et fera même un séjour en prison. Son parcours la rapproche du monde de la pègre des années 1930, jusqu’au jour fatidique où Polly fait la rencontre d’un certain John Dillinger… Un an avant leur collaboration sur L’Incroyable alligator, le réalisateur Lewis Teague et le scénariste John Sayles s’attaquent au film de gangsters. En dépit d’un budget modeste, leur reconstitution de l’Amérique des années 1930 force le respect. Du rouge pour un truand tire également son épingle du jeu par son point de vue exclusivement féminin : l’univers du crime et de la Grande Dépression est ici vu à travers les yeux de Polly Franklin, l’épatante Pamela Sue Martin. En un seul rôle, elle incarne toutes celles qui se sont brisées devant le rêve américain. Quelque part entre Bonnie & Clyde et Il était une fois en Amérique, Du rouge pour un truand est disponible pour la première fois en Blu-ray. Restauré HD, ce film, sorti en 1979, est accompagné de bons suppléments dont un entretien inédit avec Lewis Teague qui évoque sa découverte du métier auprès de Roger Corman et aussi de l’influence de la Nouvelle vague française sur son premier long-métrage… (Carlotta)
LA PASSAGERE
Quelque part, dans un bateau sur l’océan, au large des côtes de la Vendée, un couple de marins-pêcheurs ramène dans ses filets crabes et homards. Bientôt, cette belle pêche ira garnir les tables… Chiara Maertens a quitté sa Belgique natale pour venir vivre sur une île de la côte atlantique, là où son mari Antoine a grandi. Ils forment un couple heureux et amoureux. Chiara a appris le métier d’Antoine, la pêche, et travaille à ses côtés depuis deux décennies. Pour l’aider dans sa tâche, le couple a décidé de recruter un apprenti. Le nouveau venu, Maxence, va peu à peu bousculer les certitudes de Chiara… Lors du mariage d’un vieil ami du couple, dans une maison vide, commence alors un jeu érotique où Chiara cède à Maxence. Heloïse Pelloquet signe son premier « long » et parle d’un personnage autonome et fort, ici une femme de la quarantaine, une travailleuse, qui va vivre une histoire d’amour adultère avec un très jeune homme. De manière agréable, le film s’inscrit dans un milieu réaliste sur fond de mer et de vent et se développe dans un récit romanesque et sensuel où une femme bien dans sa peau (Cécile de France, parfaite) revendique son droit au plaisir de façon naturelle, en suivant son élan, sans que cela ne provienne pas d’une blessure intime à panser ou d’une réflexion élaborée. (Blaq Out)
L’ENVOL
Dans le Nord de la France, du côté de la Baie de Somme, Juliette, jeune fille solitaire passionnée par le chant, la musique et la lecture, grandit seule avec son père, Raphaël, un soldat rescapé de la Première Guerre mondiale. Celui s’est découvert, au retour du conflit, père d’une petite Juliette dont Madame Adeline s’est occupée depuis le décès de Marie, la maman. En raison de sa nature rêveuse qui la pousse à s’isoler, Juliette n’est pas appréciée des autres villageois, en particulier des hommes. Un jour, au bord de la rivière, une sorcière prédit que des « voiles écarlates » arriveront pour l’emmener loin de là… Juliette continue de l’espérer jusqu’au jour où la prophétie semble se réaliser, lorsque Jean, un bel aviateur lui tombe littéralement dessus du ciel. Avec son premier film en langue française, le réalisateur italien Pietro Marcello (qui adapte la nouvelle Les voiles écarlates de l’écrivain russe Alexandre Grine) se penche sur l’émancipation d’une jeune femme qui n’a pas froid aux yeux. On passe d’une chronique sociale réaliste à une sorte de comédie musicale poétique, notamment à cause des chansons qu’interprète Juliette. Celle-ci est incarnée par Juliette Jouan dont c’est la première apparition à l’écran. A ses côtés, on remarque Raphaël Thiéry (Raphaël), Louis Garrel (Jean), Noémie Lvovsky (Adeline) et Yolande (a magicienne de la forêt). (Le Pacte)
LA LIGNE
Au ralenti, des objets divers et variés volent à travers l’espace et se fracassent sur les murs. Parmi eux, des partitions de musique… Dans la maison familiale, un violent affrontement violent oppose une mère et sa fille. Touchée au visage, Christina chute et frappe lourdement le bord d’un piano… Margaret, 35 ans, est littéralement expulsée hors de la maison par les membres de sa famille. Pour avoir ainsi agressé violemment sa mère, Margaret doit se soumettre à une mesure stricte d’éloignement: elle n’a plus le droit, pour une durée de trois mois, de rentrer en contact avec sa mère, ni de s’approcher à moins de cent mètres de la maison familiale. Mais cette distance qui la sépare de son foyer ne fait qu’exacerber son désir de se rapprocher des siens. Margaret est littéralement « enfermée dehors ». La ligne, tracée à la peinture bleue par Marion, la jeune sœur de Margaret, devient une quasi-frontière contre laquelle Margaret se frotte, bute, se cogne. Devant ce mur invisible, l’impuissance de Margaret s’amplifie et se nourrit encore de sa propre violence. Avec ce western urbain et hivernal dans la Suisse d’aujourd’hui, Ursula Meier orchestre de permanentes tensions. Pianiste de talent, Christina, la mère blessée (Valeria Bruni-Tedeschi) perd le contact avec le réel. Margaret (Stéphanie Blanchoud) se bat contre elle-même, taisant un besoin effréné d’amour et de reconnaissance trop enfoui au fond du cœur. Il y a cependant, ici de belles séquences apaisées, ainsi celle où Margaret retrouve Julien, son ancien amoureux (Benjamin Biolay) auprès duquel elle mesure tout ce qu’elle a gâché. (Diaphana)
L’IMMENSITA
Dans la Rome des années 1970, tout ne va pour le mieux dans la famille Borghetti. Clara, la mère venue d’Espagne et Felice, le père sicilien, ne s’aiment plus mais n’arrivent pas à se quitter. Dans cette famille, les enfants vont à la dérive, surtout Adriana, l’aînée, née dans une corps qui ne lui correspond pas. Sous le regard de son jeune frère et de sa petite sœur, « Adri », 12 ans, tente de trouver ses marques en traversant les hautes herbes qui séparent les nouveaux beaux quartiers de la Cité éternelle d’une zone en construction occupée par des migrants. Celle qui se fait appeler Andrea va y rencontrer une fille de son âge avec laquelle le courant passe… Le film prend une connotation particulière lorsque l’on sait qu’Emanuele Crialese a révélé à la Mostra de Venise, qu’il était née femme et qu’il avait fait sa transition… Si le cinéaste romain s’est défendu du caractère strictement autobiographique de son film, il n’a pas nié que L’immensita, son cinquième long-métrage, puisait largement à sa propre histoire et à ses souvenirs. Crialese enquête sur une famille qui ne parvient pas à offrir une protection, où les enfants ne trouvent pas la sécurité, où manque l’amour conjugal, la complicité et la maturité des figures de référence. Penelope Cruz incarne une figure maternelle désemparée et fragile trouvant refuge dans la relation complice avec ses trois enfants, en particulier avec « Adri ». Faisant fi d’un mari macho et brutal qui l’étouffe mais aussi des jugements de son entourage, Clara s’ingénie à insuffler de la fantaisie dans sa vie… (Pathé)
LE DESERTEUR DE FORT ALAMO
En 1836, le Texas lutte pour son indépendance. Le Fort Alamo résiste face aux attaques de l’armée mexicaine du général Santa Anna. Tiré au sort pour quitter le fort et aller prévenir les familles des environs du danger des envahisseurs mexicains, John Stroud arrive trop tard. Sa femme et son fils ont été tués par des hors-la-loi. Le Fort Alamo tombe. Stroud gagne Franklin où le lieutenant Lamar le fait arrêter pour désertion… Les habitants ayant appris que Fort Alamo était tombé et, prenant Stroud pour un lâche, tentent de le lyncher. Trois ans avant Sept hommes à abattre, sa plus belle réussite, Budd Boetticher signe, en 1953, The Man from The Alamo dont l’intrigue trouve sa source dans un fait historique marquant : le siège de Fort Alamo au Texas où 180 soldats et miliciens menés par William Travis, Jim Bowie et Davy Crockett opposèrent jusqu’à leur dernier souffle une résistance farouche aux 3000 hommes dr l’armée mexicaine. En 1960, John Wayne s’emparera, à son tour avec Alamo, de ce fait d’histoire. Boetticher centre son récit sur la figure de Stroud (Glenn Ford), un anonyme milicien du Texas et un héros très discret considéré par tous comme un lâche… Pour l’anecdote, on remarque, dans un petit rôle de sergent, Guy Williams qui sera le futur et célèbre Zorro de la télévision. (Sidonis Calysta)
VIOLENCE A JERICHO
Aux États-Unis, sur le chemin qui mène à la petite ville de Jericho, Alex Flood attaque la diligence en blessant Ben Hickman, son conducteur et s’enfuit sans être identifié. En arrivant en ville, Dolan, ex-shérif reconverti en joueur professionnel de poker), passager de la diligence, apprend que Flood, ex-policier devenu chef de gang, veut prendre le contrôle du service de transport dirigé par Hickman (John McIntire) et son associée Molly Lang. Celle-ci s’oppose à Flood et, essayant de rallier les habitants à sa cause, trouve un volontaire en la personne de Dolan qui s’est épris d’elle. Avec l’aide d’une petite troupe, Dolan défie Flood en s’emparant de son bétail et en dynamitant son ranch. S’ensuit une violente fusillade à l’issue de laquelle Flood tue lâchement Hickman avant de s’enfuir dans les collines. Il est rattrapé et abattu par Dolan (George Peppard). Le réalisateur Arnold Laven (qui a fait le plus gros de sa carrière à la télévision) n’est pas l’un des grands maîtres du western. Mais, malgré une idée de base usée jusqu’à la corde (le tyran local qu’il faut expulser) et une mise en scène pas spécialement surprenante, son Rough Night in Jericho, réalisé en 1977, a quand même des atouts et spécialement le personnage de Flood avec Dean Martin, dans l’un de ses très rares rôles de méchant. Autour de lui, on retrouve Jean Simmons (Molly Lang) qui avait été une belle « westernienne » en 1958 dans Les grands espaces de William Wyler, George Peppard (Dolan) ou John McIntire (Hickman). À l’heure de gloire du western spaghetti outre-Atlantique, Violence à Jericho est quasiment une valeur sûre du western américain classique. (Sidonis Calysta)
LA GUERRE DES LULUS
À l’aube de la Première Guerre mondiale, dans un village de Picardie, Lucas, Luigi, Lucien et Ludwig, quatre amis inséparables, forment la bande des Lulus. Ces orphelins sont toujours prêts à unir leurs forces pour affronter la bande rivale d’Octave ou pour échapper à la surveillance de l’Abbé Turpin… Lorsque leur orphelinat est évacué en urgence, les Lulus manquent àah, t’entend l’appel. Oubliés derrière la ligne de front ennemie, les voilà livrés à eux-mêmes en plein conflit. Bientôt rejoints par Luce, une jeune fille séparée de ses parents, ils décident coûte que coûte de rejoindre la Suisse, le « pays jamais en guerre »… Les voilà projetés avec toute l’innocence et la naïveté de leur âge dans une aventure à laquelle rien ni personne ne les a préparés ! Onze ans après avoir porté au cinéma La guerre des boutons, Yann Samuell, passionné d’arts graphiques et révélé au grand écran avec Jeux d’enfants (2003), adapte la bande dessinée éponyme (2013) de Régis Hautière et Hardoc pour signer une aventure qui raconte, avec fraîcheur, la guerre à hauteur d’enfant. François Damiens, Alex Lutz, Isabelle Carré, Ahmed Sylla ou Didier Bourdon encadrent de jeunes comédiens très à l’aise. (Wild Side)
FIEVRE MEDITERRANEENNE
Palestinien vivant à Haïfa avec sa femme et ses deux enfants, Walid, 40 ans, cultive sa dépression (il refuse de prendre le traitement prescrit par son psychiatre) et n’arrive pas à coucher son roman sur le papier. Il fait la connaissance de son nouveau voisin, Jalal, un escroc à la petite semaine. Les deux hommes deviennent bientôt inséparables : Jalal est persuadé d’aider l’écrivain en lui montrant ses combines et Walid y voit l’opportunité de réaliser un projet secret… Connue pour Personal Affairs (2016), Maha Haj orchestre une savoureuse comédie noire aux dialogues ciselés et à l’humour pince sans rire. Avec cette histoire d’une amitié improbable entre deux hommes que tout oppose, la cinéaste se penche aussi, en filigrane, sur le conflit israélo-palestinien. Le titre du film renvoie à une maladie dont un médecin dit que le plus jeune des enfants de Walid, pourrait être atteint. À l’annonce de cette nouvelle, Walid demande ce qu’est la fièvre méditerranéenne. On lui répond qu’il s’agit de quelque chose d’héréditaire, spécifique à cette région. C’est une réponse si ouverte qu’elle pourrait s’appliquer au Moyen-Orient tout entier. La fièvre méditerranéenne à laquelle le film s’intéresse n’est pas la maladie physique du fils, mais plutôt le fardeau politique, social et psychologique qu’être palestinien à Haïfa implique… Présenté à la section Un Certain regard du Festival de Cannes 2022, le film a obtenu le prix du meilleur scénario. (Blaq Out)
DU HEIMATFILM A LA REALITE NUE DE MICHELE-ANGELO MERISI 
LA VILLE DOREE
Si le cinéaste berlinois Veit Harlan est entré dans la (sombre) histoire du 7e art, c’est pour un film de propagande nazi qu’il tourne en 1940 dans les studios de Babelsberg sous la supervision attentive de Joseph Goebbels, le ministre de la propagande du IIIe Reich. C’est bien sûr Le Juif Süss, archétype du cinéma national-socialiste et véritable discours de haine raciale. Ce portrait d’un Juif ambitieux, fortuné et… obsédé sexuel qui prend le pouvoir sur le faible duc de Wurtemberg connaîtra un imposant succès en Allemagne mais aussi à l’étranger, touchant trente millions de spectateurs en Europe… En 1942, Veit Harlan (1899-1964) va signer le premier long métrage en couleur réalisé en Europe (avec le procédé européen Agfacolor). Avec La ville dorée, il raconte l’histoire de la jolie Anna que son père destine à l’ouvrier Thomas. Mais Anna est attirée par les lumières de Prague. Se souvenant que sa mère, venant de la ville, s’est suicidée de désespoir à l’idée de devoir vivre à la campagne, la jeune fille décide de tenter sa chance dans la ville dorée. Ella va vite devenir la proie d’un cousin dépravé qui lui fera subir déshonneur et souillure… Veit Harlan confie le personnage d’Anna à la comédienne Kristina Söderbaum (son épouse depuis 1939) qui personnifie alors l’idéal féminin mis en avant par le régime hitlérien. Sa mort mélodramatique dans deux de ses films dont La ville dorée, où elle succombe dans l’eau, lui vaudra le surnom ironique de « noyée préférée du Reich »… Die goldene Stadt (titre original) se range parmi les Heimatfilms, genre qui fera florès de la fin des années 40 au début des années 70 en Allemagne mais aussi en Alsace où les séances en après-midi étaient largement fréquentées. C’est l’avènement du nouveau cinéma allemand, avec Rainer-Werner Fassbinder en tête, qui mettra un terme au genre. Artus Films présente, dans un joli coffret, le film restauré en dvd et Blu-ray accompagné d’une présentation de Bertrand Lamargelle ainsi que d’un livret (64 pages) de Christian Lucas sur les origines du Heimatfilm, cinéma qui magnifie, loin des villes mauvaises, la vie à la campagne, où les habitants vivent, heureux, en harmonie avec la nature, même si un exploiteur peut tenter de troubler ce paradis… (Artus Films)
CARAVAGE
Plus connu sous le nom du Caravage, Michele-Angelo Merisi est un immense artiste mais c’est aussi un rebelle qui se heurte aux règles de l’Église. Celles-ci prescrivent notamment comment les thèmes religieux doivent être représentés dans l’art. Lorsque le pape Paul V apprend que le peintre utilise des filles de joie (Lena Antonietti, fameuse prostituée romaine, devint son modèle favori) des voleurs et des vagabonds comme modèles pour ses tableaux, il fait effectuer des recherches par ses services secrets. Les résultats seraient déterminants pour l’octroi d’une grâce au Caravage. Pour le meurtre d’un rival issu d’une noble famille, Merisi a été condamné à mort par décapitation. En attendant, grâce au soutien de la riche marquise Costanza Sforza Colonna (Isabelle Huppert), secrètement éprise de lui, Caravaggio a pu se réfugier à Naples. Le souverain pontife a confié à un inquiétant inquisiteur (Louis Garrel) surnommé L’ombre, de mener l’enquête sur ce génie de la peinture. Troublé par la puissance de ses oeuvres, le policier va découvrir les vices et les vertus contradictoires du Caravage, tenant de la sorte sa vie -et sa mort- est entre ses mains. Porté par Riccardo Scamarcio, le treizième film comme réalisateur du comédien Michele Placido imagine le célèbre peintre comme un artiste pop, menant la vie tourbillonnante qu’il mènerait aujourd’hui à New York ou à Londres. En suivant Merisi, obsédé par la nécessité d’appuyer son art sur la réalité nue de l’existence, le cinéaste s’est fixé un défi, celui de subvertir l’imagerie courante des films se déroulant à la fin du XVIe siècle afin de réaliser un film authentique, sale, loin de la tentation d’une reconstitution léchée. Débraillé, souillé par les marques de son métier, toujours avec une épée, prêt à se battre, il s’attirera la haine d’ennemis puissants et sera l’artisan de son propre destin tragique. (Le Pacte)
LES HUIT MONTAGNES
Pietro, enfant unique, est un garçon de la ville; Bruno, le dernier enfant à vivre dans un village oublié du Val d’Aoste. Ils se lient d’amitié dans ce coin caché des Alpes qui leur tient lieu de royaume. La vie les éloigne sans pouvoir les séparer complètement. Alors que Bruno (Alessandro Borghi) reste fidèle à sa montagne, Pietro (Luca Martinelli) parcourt le monde. Cette traversée leur fera connaître l’amour et la perte, leurs origines et leurs destinées, mais surtout une amitié à la vie à la mort. Le cinéaste belge Felix Van Groeningen se penche volontiers sur des personnages se débattant avec une certaine fatalité. En adaptant le roman éponyme de l’Italien Paolo Cognetti, le cinéaste d’Alabama Monroe (2012) et Belgica (2016), ici en compagnie de Charlotte Vandermeersch, sa compagne à la ville, poursuit, sur une vingtaine d’années, dans l’exploration du mélodrame humain sur fond d’amitié masculine inaltérable et de retour à la nature. Cette quête de soi à travers l’autre a été tournée dans les majestueuses montagnes du Val d’Ayas, une vallée latérale de la vallée d’Aoste… (Pyramide)
QUATRE MOUCHES DE VELOURS GRIS
Musicien et batteur dans un groupe de rock, Tobias est suivi depuis plusieurs jours par un homme mystérieux. Un soir, il décide alors de le prendre en chasse. Au cours de la dispute qui suit leur rencontre, il le tue accidentellement et un inconnu masqué le prend en photo, l’arme du crime à la main. Cet inconnu va le harceler et le menacer, sans pour autant se livrer à un chantage. Sur les conseils de son ami Dieudonné, dit « Dieu », Tobias engage Arrosio, un détective privé efféminé et extravagant qui n’a réussi à résoudre aucune des 84 affaires qu’il a suivies depuis le début de sa carrière. Réalisé en 1971, Quatre mouches… est le dernier volet de la trilogie animalière de Dario Argento après L’oiseau au plumage de cristal (1969) et Le chat à neuf queues (1970). Dans ce thriller, le maître italien du giallo (alors à son apogée) développe les thèmes du mystère, de la violence graphique, du cauchemar, du sexe, le tout porté par une insolite esthétique fantastique. Avec le souci du cinéaste romain de donner à voir au spectateur ce qui devrait échapper à son regard. Sur une musique d’Ennio Morricone, Argento réunit les acteurs américains Michael Brandon et Mimsy Farmer, l’Italien Bud Spencer et Jean-Pierre Marielle dans le rôle d’Arrosio. (Carlotta)
16 ANS
Lors de leur rentrée en classe de seconde, Nora et Léo se croisent et, d’un seul regard, un lien fort va s’établir entre les deux jeunes gens. Mais, parallèlement à leur rencontre, Tarek, le frère de Nora, manutentionnaire dans l’hypermarché de la ville, se fait accuser par un des cadres du magasin du vol d’une bouteille d’un grand cru, méfait qu’il nie vigoureusement en insultant ledit cadre, ce qui incite le directeur de l’établissement à le renvoyer sans autre forme de procès. A la suite de cet incident, la belle aventure naissante entre Nora (Sabrina Levoye) et Léo Teïlo Azaïs) va sérieusement prendre du plomb dans l’aile… Car le directeur du magasin n’est autre que le père de Léo. Connu pour le remarquable Welcome (2009), Philippe Lioret donne, ici, une variation moderne et fraîche de Roméo et Juliette. Nora et Léo sont bien ensemble même si leur environnement contrarie leur amour naissant et va provoquer un désastreux conflit autour des déterminismes sociaux. Le cinéaste dessine alors d’intéressants personnages comme Tarek (Nassim Lyes), véritable écorché vif mais garçon aussi violent que paumé ou encore Frank Cavani, le directeur de l’hypermarché, qui s’est hissé à la force du poignet dans la petite bourgeoisie. Un récit sur l’amour, la jeunesse et l’avenir pour lequel Nora et Léo sont prêts à se battre. (Orange Studio)
MON PAYS IMAGINAIRE
« Mon dernier film, La cordillère des songes, se termine par une séquence où je raconte que ma mère m’avait appris qu’à la vue d’une étoile filante dans le ciel, je pouvais faire un vœu en mon for intérieur et que ce vœu deviendrait réalité. Dans cette séquence finale, je dis à voix haute que mon vœu est que le Chili retrouve son enfance et sa joie. » C’est le cinéaste chilien Patricio Guzman qui évoque ainsi la genèse de son dernier documentaire sur les manifestations chiliennes de 2019. En ce mois d’octobre, une révolution sociale inattendue explose. Un million et demi de personnes manifeste dans les rues de Santiago pour plus de démocratie, une vie plus digne, une meilleure éducation, un meilleur système de santé et une nouvelle Constitution… Pour Guzman, son pays retrouve alors sa mémoire et lui l’événement qu’il attttendait depuis ses luttes étudiantes de 1973. Les manifestations débutent à la suite de l’augmentation de 30 pesos du ticket de métro. Patricio Guzman interviewe des manifestants qui témoignent de la grande précarité d’une partie de la population chilienne, notamment les mères célibataires et les indigènes. Il recueille des témoignages sur la violence de la répression policière, qui visaient aussi la presse ou les secouristes… (Pyramide)
LE PARFUM VERT
En pleine représentation, devant un public médusé, un comédien de la Comédie-Française est assassiné par empoisonnement. Témoin direct du meurtre, Martin, l’un des comédiens du Français, est bientôt soupçonné par la police et pourchassé par la mystérieuse organisation qui a commandité le meurtre. Aidé par Claire, une auteure de bandes dessinées en mal de projet, Martin va chercher à élucider le mystère de cette mort violente au cours d’un voyage très mouvementé en Europe. Du réalisateur Nicolas Pariser, on avait gardé le souvenir de l’épatant Alice et le maire où une jeune philosophe (Anaïs Demoustier) était chargée de stimuler intellectuellement et politiquement un maire de Lyon (Fabrice Luchini) au bout du rouleau… Il semble que ce soit la (re-)lecture des albums de Tintin qui a poussé le cinéaste à écrire et à mettre en scène cette comédie noire sur laquelle passent également les ombres de Hitchcock et de Brian De Palma et pourquoi pas de Spirou et Fantasio. Par delà ces références assumées et marrantes, Pariser propose un film enlevé et subtil dans lequel Vincent Lacoste en comédien passablement à l’ouest et Sandrine Kiberlain en fofolle se lancent dans une aventure d’espionnage et s’en donnent à coeur-joie dans le second degré… (Diaphana)
VOUS N’AUREZ PAS MA HAINE
Journaliste français notamment à France Info, Antoine Leiris perd son épouse Hélène, 35 ans, mère d’un enfant de 17 mois, lors de l’attentat du Bataclan le 13 novembre 2015. Trois jours après les faits, il publie sur Facebook un message intitulé Vous n’aurez pas ma haine qui connaît un fort retentissement, faisant notamment la une du Monde où Leiris déclare notamment « Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère, ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes ». Le 30 mars 2016, il publie chez Fayard son premier livre sous le même titre où il conte les douze premiers jours « d’une vie à trois qu’il faut poursuivre à deux ». Le cinéaste allemand Kilian Riedhof adapte le best-seller d’Antoine Leiris pour en tirer une émouvant récit de résilience à la fois personnel et universel, empreint d’une magnifique humanité. Car comment surmonter une tragédie sans sombrer dans la haine et le désespoir ? A la haine des terroristes, Antoine oppose l’amour qu’il porte à son jeune fils et à sa femme disparue. Cette œuvre au propos vertigineux est portée par la belle interprétation de Pierre Deladonchamps et Camélia Jordana. (Blaq Out)
GOODBYE
Mariés depuis trente ans, Grace et Edward coulent des jours paisibles dans leur cottage sur la côte anglaise. Grace est exubérante et volubile. Elle prépare une anthologie de poèmes tout en administrant la maison. Edward est discret et effacé. Il se passionne pour les conquêtes napoléoniennes et achève une carrière d’enseignant. Mais ce matin-là, cette vie bien réglée va voler en éclat. A l’occasion de la visite de leur fils Jamie, Edward trouve le courage d’annoncer à sa femme sa décision: dans une heure, il quittera la maison pour une nouvelle vie. Sans elle. Cinéaste et scénariste (il est le coauteur du Gladiator de Ridley Scott), le Britannique William Nicholson filme un couple en décalage et en rupture et une histoire d’amour qui se termine tristement. Outre les belles images des falaises d’Hope Gap, il y apporte une touche très british. Bill Nighy (Harry Potter, Love Actually, Good Morning England ou Vivre) a l’élégance anglaise même si Edward est plutôt lâche. En face de lui, on trouve l’Américaine Annette Bening en femme fracassée… (Condor)
NOSTALGIA
Après quarante ans d’absence, Felice retourne dans sa ville natale : Naples. Dans la chambre au décor froid d’un grand hôtel, il dépose, la mine grave, un objet qu’on imagine précieux dans le coffre-fort. Il part en ville, commande une pizza… Il redécouvre les lieux, les codes de la ville et un passé qui le ronge et qui l’a conduit à quitter Naples. Il arrive du Caire où il séjourne depuis des dizaines d’années. Mais Naples, c’est la ville où il est né, où il a grandi, où il vient voir Teresa, sa mère, une très vieille dame qui vit seule dans un logement très modeste. Pour tirer sa mère de la misère, Feli va renouer avec sa ville. Révélé en 1992 par Mort d’un mathématicien napoltain, Mario Martone est napolitain. Et il situe, avec une approche quasi-documentaire, son film en grande partie dans le quartier populaire de La Sanita avec ses ruelles en pente, ses vieux aux fenêtres, ses petits commerçants, ses immeubles décatis creusés dans la roche et sous la coupe de la mafia locale. Avec ses allures de film noir, Nostalgia (un titre en référence à Pasolini) développe un beau personnage, brillamment incarné par Pierfrancesco Favino, qui, grâce à un jeune prêtre, va révéler son secret. (ARP)
THE SILENT TWINS
Au début des années 70, dans une petite ville tranquille du Pays de Galles, June et Jennifer Gibbons, deux sœurs jumelles totalement fusionnelles, ont peu à peu résolu de se murer dans le silence vis-à-vis de leur famille et du monde extérieur. Tandis que leur scolarité semble de plus en plus incertaine, elles s’inventent, dans leur chambre, un univers parallèle où elles laissent libre cours à leur imagination foisonnante…En s’appuyant sur une histoire vraie évoquée dans le livre éponyme de Marjorie Wallace, la cinéaste polonaise Agnieszka Smoczyńska (The Lure en 2015 qui racontait déjà l’aventure de deux sœurs…sirènes) évoque, avec une approche formelle originale qui mêle animation en stop-motion et séquences oniriques, le repli de deux adolescentes (Letitia Wright et Tamara Lawrance) qui cherchent àretranscrire leur créativité dans des histoires qu’elles voudraient voir publier. Mais leur mutisme va les entraîner à boire et à se shooter pour pouvoir s’exprimer auprès d’un garçon qui leur plaît. Un cercle vicieux d’alcool, de drogue, de jalousie sentimentale et créative qui va les amener à se faire interner… (Universal)
LA FILLE AU VAUTOUR
Jeune montagnarde, Wally, fille unique d’Aloïs Fender, un riche veuf, agriculteur dans la vallée d’Ötztal, vit, vers 1840, dans les Alpes tyroliennes. Elle est jeune, belle, intrépide, volontaire et travaille à la ferme comme un homme. Quand au péril de sa vie, elle escalade une falaise et capture un jeune vautour dans son nid malgré les attaques d’un rapace, elle suscite l’admiration de son père mais le mépris de Joseph, surnommé L’ours, un jeune chasseur qui chasse avec le châtelain de la vallée. Joseph tourne Wally en ridicule en l’appelant « La fille au vautour » car il est persuadé qu’une jeune fille ne peut porter de pantalon et grimper dans les montagnes alentour. Dans le Heimatfilm (voir plus haut La ville dorée), le vétéran Hans Steinhoff donne, en 1940, ce Geirwally (titre original) qui concentre les thèmes du genre plein de folklore et de traditions autour de la vie saine à la campagne. Le tout mâtiné de passion amoureuse car Wally (Heidemarie Hatheyer) est follement éprise de Joseph mais trop fière pour se l’avouer. Et les choses se compliquent lorsque son père envisage de lui faire épouser Vinzenz, un fermier voisin pour lequel elle n’a que répulsion… Contrainte d’aller vivre dans une hutte proche des glaciers, Wally tiendra bon, avec pour seule compagnie Hansl, son vautour apprivoisé, fidèle compagnon de ses infortunes. (Artus Films)
PENELOPE MON AMOUR
« Depuis 18 ans je filme ma fille Pénélope, jeune adulte porteuse d’autisme. Un jour j’ai ouvert le placard qui contenait des cassettes DV et des bobines super 8. Ça m’a presque crevé les yeux. Il fallait rassembler toutes ces images. Pénélope ne cesse d’acclamer ce qu’elle est, je ne cesse de questionner qui elle est. La réponse à la question est précisément dans cette quête infinie. Tout m’est renvoyé en miroir. Ainsi, n’est-ce pas Pénélope qui par ricochet me dit qui je suis ?… » C’est Claire Doyon qui parle ainsi… Au sortir de la Fémis, la cinéaste réalise une douzaine de courts-métrages et passe au « long » en 2003 avec Les lionceaux présenté à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes. Entre témoignage intime et récit universel d’un combat dicté par l’amour, Pénélope mon amour raconte un chemin initiatique avec ses étapes cruciales : le choc du diagnostic, la déclaration de guerre, l’abdication des armes pour finalement accepter et découvrir un mode d’existence radicalement autre. Un documentaire émouvant et bouleversant. (Blaq Out)
CHOEUR DE ROCKERS
Chanteuse d’un groupe de rock qui se produit dans les bars et boîtes de Dunkerque, Alex, divorcée et mère de deux enfants, peine à subvenir à ses besoins. Un jour, son amie Élodie lui propose un drôle de job : faire chanter des comptines à une chorale de retraités…De fait, Alex découvre une bande de seniors ingérables qui ne rêve que d’une chose, chanter du rock ! Sa mission va s’avérer plus compliquée que prévu avec la plus improbable des chorales… Ida Techer et Luc Bricault se sont inspirés de l’histoire vraie de la chorale dunkerquoise Salt and Pepper, fondée en 2010 par Nathalie Manceau pour concocter une comédie où les personnages s’allument quand ils chantent. « On était des vieux cons qui chantaient des bluettes et tu es arrivée », dit d’ailleurs Betty à Alex. Et d’ailleurs les membres de Salt and Pepper ont un argument imparable : « On a tous l’âge de Mick Jagger ! » Autour de Mathilde Seigner (Alex), on retrouve des comédiens en verve : Bernard Le Coq, Anne Benoît, Andréa Férréol, Brigitte Roüan, Myriam Boyer, Patrick Rocca ou Armelle Deutsch. Et les chansons interprétées dans Choeur… sont plutôt bonnes, de Gabrielle (Johnny Hallyday) à We Will Rock You de Queen en passant par Ca, c’est vraiment toi de Téléphone. (UGC)
LES SURVIVANTS
Samuel part s’isoler dans son chalet au cœur des Alpes italiennes. Une nuit, une jeune femme se réfugie chez lui, piégée par la neige. Elle est afghane et veut traverser la montagne pour rejoindre la France. Samuel ne veut pas d’ennuis mais, devant sa détresse, décide de l’aider. Il est alors loin de se douter qu’au-delà de l’hostilité de la nature, c’est celle des hommes qu’ils devront affronter. Avec le robuste Denis Menochet (Peter von Kant et 2021 et As Bestas en 2022) et la comédienne iranienne Zar Amir Ebrahimi, prix d’interprétation à Cannes 2022 pour l’excellent Les nuits de Mashad, Guillaume Renusson signe un thriller haletant et enneigé qui tient parfaitement le spectateur en haleine. Le jeune cinéaste a imaginé ainsi le triple combat d’un homme, contre lui-même, contre la nature et contre les autres. A travers deux êtres blessés, un homme en deuil et une Afghane traquée par les milices citoyennes s’étant donné pour mission de barrer le passage aux migrants, le film évoque deux solitudes mais s’interroge avec acuité sur l’immigration et la montée de l’extrémisme. Tout en faisant un film de genre sur la traque et la survie, Renusson livre une réflexion sociale et politique. (Ad Vitam)
M3GAN
Cyber poupée de haute technologie M3gan dispose d’une intelligence artificielle programmée pour être la compagne idéale des enfants et la plus sûre alliée des parents. Conçue par Gemma, la brillante roboticienne d’une entreprise de jouets, M3gan écoute, observe et apprend tout en étant à la fois l’amie et le professeur, la camarade de jeu et la protectrice de l’enfant à qui elle est liée. Lorsque Gemma doit s’occuper de Cady, sa nièce de 8 ans, dont les parents sont soudainement décédés, elle ne se sent pas prête à assumer son rôle. Surmenée, elle décide de lier le prototype M3gan encore en développement à la petite fille… Gerard Johnstone met en scène un film de SF horrifique qui n’est pas sans faire penser à Chucky, la poupée maléfique d’il y a une trentaine d’années. Ayant réponse à tout et dotée d’une intelligence émotionnelle hors pair, M3gan comble toutes les attentes de Cody, qui devient accroc à sa poupée en silicone. Mais M3gan est tout bonnement un monstre de cruauté qui n’hésite pas devant le carnage… (Universal)
THE SYSTEM
Marine récemment revenu de la guerre, Terry Savage en est réduit à cambrioler des planques de dealers pour payer le traitement médical de sa fille. Lorsque Savage (l’acteur et chanteur de R’n’B Tyrese Gibson) se fait arrêter, on lui offre une chance de se racheter en échange d’une mission d’infiltration pour dénoncer la corruption dans une prison privée dirigée par un directeur sadique, Lucas Fisher. Après l’agression de Savage par un gang, Bones le prend sous son aile et lui apprend à survivre dans le système. Tout en luttant pour rester en vie lorsque le directeur l’oblige à intégrer le Donjon – un dangereux club de combat underground dirigé par Joker, un détenu dérangé- Savage élabore un plan visant à révéler la vérité sur le système corrompu et tous ceux qui le dirigent en recrutant les mêmes détenus qui ont essayé de le tuer. Dallas Jackson signe un pur film d’action. (Universal)
LES VOYAGES DE BILLY, TOUS LES HASARDS ET LA COMPETITION DES CHEFS 
ABATTOIR 5
Le 14 décembre 1944, durant la bataille des Ardennes, le soldat Vonnegut, de la 106e division d’infanterie américaine, se retrouve isolé et, après quelques jours d’errance solitaire derrière les lignes ennemies, est fait prisonnier par l’armée allemande. En février 1945, le prisonnier de guerre Vonnegut est à Dresde et travaille dans un abattoir. Du 13 au 15 février 1945 a lieu le bombardement de Dresde par les Alliés. C’est l’un des plus grands carnages de civils de la Seconde Guerre mondiale : 7 000 tonnes de bombes (dont des bombes au phosphore) sont déversées en trois vagues qui feront plus de 35 000 morts. Vonnegut est l’un des sept rescapés américains, sauvés pour s’être enfermés dans une cave d’abattoir qu’il nomme Slaughterhouse Five. Les nazis l’affectèrent à la récupération des cadavres pour la fosse commune. Mais il y en avait tellement que l’on dut terminer au lance-flamme l’ouvrage des bombes. C’est cette expérience très traumatisante que l’Américain d’origine allemande Kurt Vonnegut Jr. (1922-2007) décrit, en 1969, dans son roman Abattoir 5 ou la Croisade des enfants. En 1972, entre Butch Cassidy et le Kid (1969) et L’arnaque (1973), deux de ses oeuvres les plus célèbres, George Roy Hill transpose au cinéma Slaughterhouse 5, devenu un classique de la SF moderne. « Ce n’est qu’une illusion terrestre de croire que les minutes s’égrènent comme les grains d’un chapelet et qu’une fois disparues elles le sont pour de bon. » Billy Pilgrim (Michael Sacks) mène plusieurs existences à la fois. Il fait des sauts dans le temps et l’espace : il est tantôt un vieil opticien américain, tantôt un tout jeune vétéran qui revit sa lune de miel ou encore un humain que les Tralfamadoriens ont enlevé pour l’exhiber dans un zoo sur leur planète… Sur une b.o. où le grand pianiste Glenn Gould joue Bach, voici, dans une belle restauration et pour la première fois en Blu-ray, une émouvante réflexion sur le sens de l’existence. (Carlotta)
LE TOURBILLON DE LA VIE
Fille d’un facteur de pianos, Julia est elle-même une pianiste très douée. Le 10 novembre 1989, elle a 17 ans et est à Amsterdam pour parfaire sa formation musicale, lorsqu’elle apprend avec ses camarades la chute du mur de Berlin. Elle, qui a toujours été très sage, décide de fuguer avec ses amis pour aller à Berlin. C’est à ce moment que le hasard va faire une première fois basculer son destin. Les grands tournants de notre existence sont parfois dus à de petits hasards. Si Julia n’avait pas fait tomber son livre ce jour-là, aurait-elle croisé Paul ? Nos vies sont faites d’infinies possibilités. Pour Julia, il suffit d’un rien tellement de fois… À 80 ans, Julia s’interroge sur la place du hasard dans sa vie et au nombre de fois où il a fait basculer son existence. Pour son premier long-métrage au scénario très inventif, Olivier Treiner réussit une brillante comédie où Julia (l’épatante Lou de Laâge entourée de Raphaël Personnaz, Isabelle Carré, Gregory Gadebois ou Denis Podalydès) peut se demander si les autres versions d’elle-même qui n’ont jamais existé seraient fières de ce qu’elle est devenue ? (M6)
MAESTRO(S)
Denis Dumas vient de triompher une nouvelle fois aux Victoires de la Musique… Une récompense qui touche sans doute ce chef d’orchestre de grande réputation même s’il fait mine de ne pas trop en avoir cure… Devant sa télévision, François Dumas, le père de Denis, lui-même grand chef à la longue et brillante carrière internationale, grimace. Il n’a que mépris pour ces festivités télévisuelles et sans doute regrette-t-il aussi que son fils se prête à ces indignes singeries. Mais, de toutes manières, entre Dumas père et fils, les ponts sont coupés depuis longtemps. Autour d’un poste de chef à la prestigieuse Scala de Milan et d’une énorme méprise, l’existence des deux maestros va être rudement bouleversée. En s’appuyant sur l’univers de la musique classique (vive Mozart, Schubert, Brahms, Beethoven, Dvorak ! ) Bruno Chiche, révélé en 2001 par Barnie et ses petites contrariétés, donne une tragi-comédie (librement adaptée du film israélien Footnote) où père et fils, concurrents dans le même domaine, se retrouvent dans une situation exceptionnelle où il faudra mettre carte sur table ou… partition sur pupitre. Car, comment dire à un père qu’il ne vivra pas le rêve de sa vie…. Evidemment Yvan Attal et Pierre Arditi sont au diapason. (Orange Studio)
LES TROIS MOUSQUETAIRES
Le fougueux Gascon n’a pas fini de faire rêver tous les amateurs de flamboyantes aventures de cape et d’épée… On sait que D’Artagnan ne décline jamais un duel et aussi qu’il est lié, pour toujours, d’amitié avec Athos, Porthos et Aramis. Alexandre Dumas savait mettre les petits plats dans les grands pour emporter son lecteur dans la France de Louis XIII. Aujourd’hui, c’est le cinéma qui se charge de perpétuer la tradition. Même s’il n’est pas interdit de relire Dumas. Alors que la superproduction de Pathé, signée Martin Bourboulon, attire de nombreux spectateurs dans les salles obscures, on peut retrouver cette fois Les trois mousquetaires en Blu-ray et en dvd avec le film de Bill Thomas. Le cinéaste britannique revisite à son tour Dumas pour mettre en scène ses personnages légendaires. Entre rivalités mortelles et intrigues amoureuses, la rencontre de la mystérieuse Milady de Winter ne sera pas sans danger… Le jeune héros devra vite apprendre à reconnaître ses ennemis (ah, les complots du machiavélique cardinal de Richelieu!) pour défendre sa vie ainsi que les intérêts de la couronne de France. Apportant une petite touche d’humour british à son propos, le réalisateur a confié le rôle de D’Artagnan à l’acteur afro-britannique Malachi Pullar-Latchman (vu dans Hounded et Shark Bay en 2022) qui apporte une énergie juvénile à son héros. (Wild Side)
TROIS JOURS A VIVRE
Avec sa belle politique de restauration, Pathé offre une nouvelle exposition aux polars de Gilles Grangier. Après notamment Echec au porteur et Meurtre à Montmartre, voici l’occasion de retrouver la « bande à Grangier » avec Michel Audiard aux dialogues et Lino Ventura ou Jeanne Moreau à l’affiche. En 1958, ce solide artisan du cinéma français, trop souvent réduit au rang de bon faiseur, raconte l’histoire de Simon Belin (Daniel Gélin), comédien dans une troupe de théâtre itinérante et las des seconds rôles qu’on lui confie. Un soir, il est témoin d’un meurtre. Il identifie Lino Ferrari, le premier suspect qu’on lui présente en y voyant une opportunité d’être sous le feu des projecteurs. Innocent, Ferrari s’évade de prison et prévient Simon : il va lui régler son compte en trois jours… Dans le milieu du théâtre mais aussi dans les décors de Rouen et du Havre, voici un polar bien mené à l’intrigue haletante. Lino Ventura, qui tourne pour la première fois avec Grangier, est le massif Ferrari qui flanque une trouille noire au lâche Simon… (Pathé)
UNE COMEDIE ROMANTIQUE
Après avoir disparu du jour au lendemain, César réapparaît dans la vie de Salomé et découvre qu’il est le père d’une petite fille de trois ans. Cette fois, il va tout faire pour être à la hauteur de leur histoire. En installant sa caméra dans Montmartre à Paris, Thibault Segouin, qui habite le quartier, a voulu donner à son premier long-métrage un cadre chaleureux à la manière dont Woody Allen filme Manhattan. Il signe ainsi une comédie romantique simple et joyeuse autour de la renaissance d’un amour entre une femme qui assume et un homme qui peine à sortir de son état de perpétuel ado. Golshifteh Farahani et Alex Lutz sont rayonnants. (M6)
COCKFIGHTER
Après avoir perdu son meilleur coq de combat lors d’un défi, Frank Mansfield fait vœu de silence jusqu’à sa victoire prochaine au championnat national. Mais lors d’un autre pari déraisonnable, Frank est contraint de se séparer de sa caravane, de sa voiture… et bientôt de sa petite amie Dody (la belle Laurie Bird, découverte par Hellman dans Macadam…). Complètement dans le trou, il ne lui reste plus qu’à se refaire pour revenir au sommet… Pour la première fois en Blu-ray, voici l’occasion de découvrir un film rare du cinéaste américain Monte Hellman, surtout connu pour son Macadam à deux voies (1971), road-trip existentialiste sur la fameuse Route 66. Ici, en 1974, dans une production du légendaire Roger Corman, il adapte un roman de Charles Willeford et plonge dans l’Amérique profonde des combats de coqs. Le chef-opérateur espagnol Nestor Almendros (qui fit la photo de films de Rohmer, Truffaut, Pialat ou Eustache avant des intermèdes américains) filme superbement le divertissement plutôt glauque et brutal d’une Amérique rurale sudiste rongée par l’ennui. Cette chronique est portée par Warren Oates, acteur-fétiche de Sam Peckinpah, qui, entouré de « gueules » comme Harry Dean Stanton ou Ed Begley Jr., est remarquable en loser magnifique et quasiment mutique. (Carlotta)
WATCHER
Fraîchement débarqués en Roumanie en provenance des Etats-Unis, Julia et son mari d’origine roumaine s’installent à Bucarest, où ce dernier a trouvé un nouvel emploi dans le marketing. Ayant tiré récemment un trait sur sa carrière de comédienne, Julia se retrouve souvent seule dans son grand appartement et essaye de s’occuper comme elle peut dans sa vie d’expatriée. Une nuit, en scrutant par la fenêtre, l’immeuble d’en face, elle aperçoit une silhouette qui semble la regarder en retour avec une inquiétante insistance… Pensant s’offrir une escapade rassurante en allant voir Charade dans un vieux cinéma de quartier, Julia est approchée par un spectateur qui, même s’il demeure mutique et immobile, la déstabilise, au point de quitter la séance précocément pour se réfugier dans la supérette voisine. Quelle n’est pas sa stupeur lorsqu’elle constate, quelques minutes plus tard, que l’individu se trouve également dans le rayon voisin. L’a-t-il suivi ? Est-il en train de l’épier ou se fait-elle des idées ? Pour son premier long-métrage, inspiré de son expérience d’expatriée lors de son adolescence, Chloe Okuno donne un élégant thriller paranoïaque finement tourné. Les références, de Polanski à Fincher en passant Fenêtre sur cour, sont au rendez-vous. En adoptant le point de vue d’une Julia isolée et repliée sur elle-même, le film distille habilement le doute qui envahit l’esprit de la jeune femme (Maika Monroe)… Surfant sur le thème du voyeurisme, le film a obtenu le prix du 30e anniversaire du festival de Gérardmer 2023. (Universal)
LE PETIT PIAF
Dans un petit village de La Réunion, Nelson, 10 ans, rêve de devenir chanteur et ainsi rendre fière sa mère qui l’élève seule. Après avoir postulé avec l’aide de ses amis Mia et Zizou, à l’émission télévisée Star Kids, un télé-crochet pour enfants, il cherche un coach pour préparer son concours. Grâce à Mia, il rencontre Pierre Leroy, un célèbre chanteur venu de métropole (Marc Lavoine) mais dont la carrière est en berne. Leroy est en tournée sur l’île et séjourne dans l’hôtel dans lequel travaille la mère de Nelson. Ce dernier, fier et obstiné, ne va cependant pas du tout s’entendre avec l’artiste solitaire et désabusé. Reste leur passion commune pour le chant. Pour sa douzième réalisation depuis Pinot simple flic en 1984, Gérard Jugnot signe une agréable comédie familiale pleine d’air frais et de bons sentiments… Soan Arhimann, natif de La Réunion et vainqueur de la saison 6 de The Voice Kids, incarne Nelson… (Gaumont)
THE COMMUNION GIRL
Dans l’Espagne de la fin des années 80, Sara tente de s’intégrer parmi les adolescents d’une petite ville de la province de Tarragone. Si seulement elle était aussi extravertie que sa meilleure amie Rebe. Un soir, alors qu’elles rentrent de boîte de nuit, elles croisent une petite fille en tenue de première communiante tenant une poupée dans ses bras… Après le succès de ses réalisations hollywoodiennes, notamment Retour à la maison de l’horreur et Mirrors 2, Victor García renoue avec ses racines espagnoles en revenant à l’épouvante avec une œuvre (présentée au festival du film fantastique de Gérardmer) qui séduit par sa belle photographie et l’atmosphère inquiétante du village avec ses secrets bien gardés qu’une bande d’adolescents attachants tentent de découvrir, jusqu’à sombrer dans l’horreur. Le cauchemar peut commencer et il reste à prier pour ne jamais croiser la petite communiante. (Wild Side)
CASINO DE PARIS
Célèbre dramaturge, Alexandre Gordy décide de confier le premier rôle de sa prochaine pièce à Catherine Miller, une charmante chanteuse de music-hall. Déterminé à la séduire, il l’invite dans sa villa de la Côte d’Azur pour préparer et répéter la pièce. Catherine va faire la connaissance de Jacques Merval, l’assistant d’Alexandre, qui est en réalité le véritable auteur des pièces à succès de Gordy… Quand Jacques tombe éperdument amoureux de Catherine, un combat s’engage entre les deux hommes pour conquérir le cœur de la belle. En 1957, André Hunebelle, réalisateur du Bossu avec Jean Marais et de trois aventures de Fantômas, signe l’unique comédie musicale de sa carrière. Cet inventif touche-à-tout du divertissement réunit un joli casting avec Vittorio de Sica (Gordy), Gilbert Bécaud (Merval) et la pétillante Caterina Valente. Le tout a un petit charme vintage et fortement coloré. Bécaud interprète cinq chansons… (Pathé)
MONSTRUOUS
Traumatisée par son passé conjugal, Laura, une mère de famille, s’enfuit avec Cody, son fils de sept ans. Dans la Californie des années 50, ils s’installent loin de la ville dans une charmante maison à côté d’un lac. La nuit, Cody entend des bruits. Bientôt, il affirme à sa mère qu’une créature en émergerait la nuit pour lui rendre visite. Oscillant entre le drame et l’horreur, Chris Sivertson développe, dans un univers pop et coloré, une aventure où la menace venue des abysses se fait de plus présente autour d’une mère et de son gamin. Révélée à l’âge d’onze ans dans le rôle de Mercredi dans La famille Addams (1991), Christina Ricci fait courageusement face au monstre… (Metropolitan)
LA MERE MEURTRIERE, LA TABAC FORCE ET LES VOLEURS DE BEBES 
SAINT OMER
Dans la nuit, à la faible lumière de la lune, une femme marche sur une plage… On entend le bruit sourd et lointain des vagues. Un enfant dans les bras, la femme, filmée de trois quarts dos, avance, suivie en travelling, vers la mer tandis que le grondement de la marée montante devient plus puissant… Romancière et universitaire, Rama se rend à Saint Omer pour assister au procès de Laurence Coly. Devant la cour d’assises, cette jeune femme est accusée d’avoir tué sa fille de quinze mois en l’abandonnant à la marée montante sur une plage du nord de la France. Le premier long-métrage de fiction d’Alice Diop (après des documentaires de société comme La mort de Danton (2011), Vers la tendresse (2016) ou Nous (2021), tous récompensés dans des festivals du cinéma du réel) est une plongée terrible dans l’inconcevable et l’horreur. Tandis que l’accusée (Guslagie Malanda) semble complètement refermée sur elle-même, la cinéaste sonde ses traits fermés. Écoutée avec attention par la présidente de la cour, interrogée sans ménagement par un procureur qui la croit manipulatrice et affabulatrice, défendue par une avocate empathique, Laurence Coly tarde à se « dévoiler », à tomber le masque. Sur fond de préjugés racistes, elle semble vouloir se dédouaner de son crime en se cachant derrière des actes de sorcellerie, du maraboutage et des sorts lancés par les siens demeurés au Sénégal… Comment peut-on être amenée à tuer son propre enfant ? Le fait-divers introduit une tragédie qui vient révéler quelque chose de nous-mêmes, d’Alice Diop et du spectateur… (Blaq Out)
FUMER FAIT TOUSSER
Sur la route des vacances, un gamin a envie de faire pipi. Dans la voiture, la radio susurre « Dieu est un fumeur de havanes » de Gainsbourg. Soudain, le môme aperçoit les cinq membres de la Tabac Force aux prises avec une tortue géante. Qu’ils vont ventiler, façon puzzle. Du sang et de la viande volent alentour, ce qui n’empêche pas la famille de faire une photo souvenir avec la Tabac Force. Benzène, lui, prend le gosse à part et lui conseille de ne pas faire comme son crétin de père qui tire sur sa clope. « Fumer, ça fait tousser. C’est nul ! » Réalisateur, scénariste et aussi artiste de musique électronique, Quentin Dupieux tient une place à part dans le paysage du cinéma français. On l’a découvert en 2010 avec Rubber (tourné à Los Angeles en 14 jours avec deux appareils photo) qui racontait l’histoire d’un… pneu aux pouvoirs psychokinétiques pris d’une frénésie meurtrière en plein désert californien. On a pu le vérifier récemment avec Incroyable mais vrai et sa villa à l’étrange conduit rajeunissant… On sait que le cinéma de Quentin Dupieux est complètement déjanté. C’est encore le cas, ici, avec l’improbable aventure de justiciers nommés Benzène, Méthanol, Nicotine, Mercure et Ammoniaque. Si les thèmes abordés sont connectés au monde contemporain, le récit est du pur délire. A savourer sans modération avec Gilles Lellouche, Vincent Lacoste, Anaïs Demoustier et les autres. (Gaumont)
LES BONNES ETOILES
Un soir de pluie, une jeune mère dépose son bébé dans une « boîte » destinée à recueillir les enfants abandonnés. Les deux hommes de l’association chargée de récupèrer les bébés, décident de le garder. Sang-huyn (Song Kang-ho), porte-bébé sur le ventre et sourire attendri collé au visage, n’a pas le profil d’un trafiquant d’enfant. C’est pourtant ce qu’il est, patron d’un pressing endetté et roublard. Il est surveillé par deux policières qui veulent l’arrêter en flagrant délit. Les choses se compliquent quand la mère du bébé revient le chercher. Pour son second film tourné hors de son Japon natal après La vérité (2019), en l’occurrence en Corée, Hirokazu Kore-eda retrouve sa thématique favorite : la famille et ses tourments. Sous la forme d’un road-movie insolite, l’auteur d’Une affaire de famille (Palme d’or 2018) évoque, avec empathie et délicatesse, des personnages englués dans leurs secrets et leurs souffrances. (Metropolitan)
F FOR FAKE
« L’art est un mensonge qui nous fait comprendre la vie… » Vérités et mensonges (en vf) est l’un des ultimes moments dans l’oeuvre de ce monument qu’est Orson Welles ! Dans la gare d’Austerlitz, habillé en prestidigitateur, le cinéaste de Citizen Kane et de La dame de Shanghaï annonce qu’il va dire toute la vérité sur Elmyr de Hory. Emigré hongrois retiré à Ibiza aux Baléares, ce dernier est le plus célèbre faussaire du 20e siècle et ses œuvres, de Braque à Kees van Dongen en passant par Picasso, Matisse et Modigliani, abusèrent les meilleurs experts. Dans ce film-essai (sorti en 1973 et que François Reichenbach a achevé) Orson Welles interroge les rapports de l’art et de l’argent et questionne sa pratique du cinéma où la tricherie avec le réel révèle sa nature véritable… (Potemkine)
LE SERMENT DE PAMFIR
Leonid, surnommé Pamfir, retrouve sa femme Olena et son fils Nazar dans un village de l’ouest de l’Ukraine, proche de la frontière roumaine. Nazar voudrait que son père reste au village pour participer ensemble au carnaval de Malanka, une fête traditionnelle. L’incendie d’une église va bouleverser leurs vies… Pour régler le problème, Pamfir (Oleksandr Yatsentyuk) va revenir à la contrebande qu’il pratiquait plus jeune. Mais M. Oreste, un caïd, ne l’entend pas de cette oreille. Pour son premier long-métrage, l’Ukrainien Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk, 40 ans, réussit un somptueux « western » à l’écriture stylisée qui réunit la tragédie grecque et les traditions slaves dans une superbe chronique familiale. (Condor)
HARKA
Jeune Tunisien d’une vingtaine d’années, Ali survit en vendant de l’essence de contrebande dans les rues. Il rêve d’une vie meilleure mais la mort soudaine de son père le laisse responsable de ses deux jeunes sœurs. Cinéaste anglo-saxon d’origine égyptienne copte, Lotfy Nathan se penche, dans les rues de Sidi Bouzid, berceau du Printemps arabe, sur une société en proie à la corruption et un environnement gangrené par la misère et l’absence d’espoir. A travers Ali (l’excellent Adam Bessa, comédien franco-tunisien vu dans Les Bienheureux, Mosul ou Haute couture) qui s’éveille à la colère, une fable humaniste et saisissante sur la Tunisie d’aujourd’hui et une jeune génération qui essaie toujours de se faire entendre… (Blaq Out)
LES PIRES
A Boulogne-sur-Mer, dans le nord de la France, la cité Picasso va devenir, pour un temps, le plateau d’un tournage de cinéma. Le réalisateur (l’excellent Johan Heldenberg) fait passer un casting à le recherche de personnalités atypiques. Il choisit deux filles et deux garçons. Tout le monde dans la cité se demande pourquoi il a choisi les pires. Pour leur premier long-métrage, Lise Akoka et Romane Gueret font leur Nuit américaine avec le portrait de gamins « difficiles » comme Lily, jeune séductrice, Jessy, le poseur ou Ryan, gamin plein de rage. Quand la vie et la fiction fusionnent pour donner une œuvre touchante et généreuse… Prix Un certain regard au Festival de Cannes 2022. (Pyramide)
JOYLAND
Sans emploi, Haider a le sentiment de ne rien maîtriser de sa vie. Il vit à Lahore avec sa femme Mumtaz qui, elle, a un travail, son père et son frère aîné. Il passe ses journées à s’occuper de ses nièces pour aider Nucchi, sa belle-soeur. Un jour, il est embauché comme danseur dans un cabaret. Aspirant à une liberté inédite, il s’éprend de la vedette des lieux, Biba, une femme transgenre.
« L’histoire est une fiction, dit le cinéaste, mais les dynamiques qui se jouent dans cette famille sont similaires à celles que j’ai connues. […] Le Pakistan repose sur un système très patriarcal. Mais c’est aussi paradoxalement un endroit où les femmes trans sont très visibles et très importantes… […] La coexistence, bien qu’elle soit superficielle, existe bel et bien. » Premier film pakistanais présenté en sélection officielle au Festival de Cannes, le drame de Saim Sadiq est une magnifique (et culottée) réflexion sur le désir. Ali Junego (Haider) et Alina Khan (Biba) portent avec grâce et volupté cet hymne à l’amour délicieusement transgressif. Le film a obtenu la Queer Palm 2022. (Condor)
NOS FRANGINS
Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986 à Paris, lors des manifestations contre la loi Devaquet, Malik Oussekine, étudiant de 22 ans, meurt sous les coups de la police. A Pantin, la même nuit, Abdel Benyahia, Algérien de 20 ans, est tué par un policier ivre alors qu’il s’interpose dans une bagarre dans un bar. Rachid Bouchareb (qui connut un imposant succès en 2006 avec Indigènes) relie deux affaires qui n’ont rien à voir sinon à travers la détresse et l’incompréhension de familles meurtries. En s’appuyant sur des images d’archives, le cinéaste s’approche au plus près de la douleur et du drame. Il peut se reposer pour cela sur de solides comédiens : Reda Kateb, Lyna Khoudri, Samir Guesmi, Raphaël Personnaz… Le film a été sélectionné pour représenter l’Algérie en 2023 à l’Oscar du meilleur film international. (Le Pacte)
ANNIE COLERE
Dans la France de 1974, peu de temps avant la loi Veil, Annie est ouvrière et travaille dans une usine de matelas. Elle a deux enfants, mais ne souhaite pas en avoir plus. Lorsqu’elle se retrouve involontairement enceinte, elle fait appel au Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) qui milite pour la légalisation de l’avortement en aidant des femmes à avorter ostensiblement. Le MLAC utilisa la méthode de Karman, par aspiration, avec l’aide de médecins et de bénévoles. Les femmes n’ont rien à payer, et si elles ont dépassé huit semaines de grossesse, le mouvement organise des voyages aux Pays-Bas où elles pourront avorter. L’avortement d’Annie se passe bien, elle est touchée par la bienveillance de l’accueil d’Hélène, infirmière, et de Monique. Dans un premier temps, elle estime ne pas avoir le temps de s’engager dans l’association car elle est déjà très occupée avec son travail et sa famille. Mais lorsque sa voisine Christiane meurt des suites d’un avortement clandestin, elle décide de s’engager… Avec une Laure Calamy magnifique d’émotion, Blandine Lenoir (elle a réalisé en 2017 Aurore avec une émouvante Agnès Jaoui) met en scène un combat indispensable, souligne la solidarité des femmes et signe un film militant et touchant sur la question du choix d’avoir un enfant ou pas… (Diaphana)
L’EPEE SAUVAGE
Prêt à tout pour conquérir le royaume d’Ehdan, le tyrannique lord Cromwell songe même à recourir à la magie noire. Avec l’appui du sorcier démoniaque Xusia de Delos, il parvient à anéantir ses ennemis et à neutraliser le roi Richard et sa famille. Seul son fils Talon réussit à échapper au massacre. Onze ans plus tard, le jeune homme, devenu un guerrier redoutable armé d’une épée à trois lames, est de retour au royaume où un complot contre Cromwell se prépare… En 1982, alors cinéaste débutant, Albert Pyun signe une page d’heroïc fantasy sortie dans les salles à l’heure d’Excalibur et de Conan le barbare. Bien que bénéficiant d’un budget beaucoup plus modeste, The Sword and the Sorcerer a lui aussi marqué les esprits grâce à son inventivité et son savoir-faire rivalisant avec les grosses productions hollywoodiennes. Dans une nouvelle restauration 4K et présentée en éditions limitées Steelbook, voici une saga d’aventures, d’action et de monstres sauvages. Parmi les suppléments, on trouve Souvenirs d’un empire ancien dans lequel Albert Pyun revient sur sa première expérience de tournage… (Carlotta)
BATAILLE SANS MERCI
Au lendemain de la guerre de Sécession, Ben Warren, ancien soldat, et son amie Jennifer Ballard font route vers la Californie où ils comptent s’installer. Leur diligence est attaquée par les soldats qui étaient censés la protéger. Ce sont en fait les hommes de Frank Slayton, un célèbre bandit, qui enlèvent Jennifer (Donna Reed). Laissé pour mort, Ben n’a plus qu’une idée en tête : retrouver sa compagne… En 1953, Raoul Walsh, l’un des maîtres du western de l’âge d’or américain, offre l’un de ses premiers grands rôles à Rock Hudson dans une aventure spectaculaire et menée à un rythme soutenu dans de magnifiques paysages de l’Arizona… (Sidonis Calysta)
ONE PIECE FILM: RED
Sur l’île en ruine d’Elegia, Luffy et son équipage s’apprêtent à assister à un festival de musique attendu avec impatience. Complètement inconnue, Uta est devenue la coqueluche du monde entier en deux ans grâce à ses concerts diffusés via escargophone. Chanteuse désormais la plus populaire du monde, Uta va monter sur scène pour la première fois. Celle qui n’est autre que la fille du légendaire pirate Shanks Le Roux et l’amie d’enfance de Luffy va révéler la puissance exceptionnelle de sa voix qui pourrait bien changer le monde… Réalisateur de séries d’animation, le Japonais Goro Taniguchi signe le quinzième film fondé sur la série One Piece, d’Eiichirō Oda, dont il célèbre le vingt-cinquième anniversaire du manga. L’occasion de se glisser dans le meilleur de l’univers One Piece avec un nouvel opus au rythme explosif et une expérience visuelle et sonore spectaculaire. Avec la voix chantée d’Ado (version originale) et d’Hoshi (voix française) (Pathé)
LES EVADEES DU CAMP D’AMOUR
Au cœur d’une forêt tropicale se trouve un camp de détention pour femmes. Isolés du monde, les gardiens en profitent pour abuser des prisonnières, leur faisant subir les pires sévices. Ne supportant plus la cruauté dont elles sont victimes, un groupe de jeunes femmes va tenter de s’évader, avec l’aide du médecin du camp. Avec les succès de Salo de Pasolini, Portier de nuit de Liliana Cavani et surtout Salon Kitty de Tinto Brass, le cinéma bis va connaître son genre le plus sulfureux, lointainement inspirés par quelques bandes d’exploitation américaines des fifites. A la trilogie canadienne des Ilsa, l’Italie, ici avec Edoardo Mulargia, répond, dans les années 80, avec une douzaine de films mettant en scène des prisonnières toutes aussi belles et fragiles face à la cruauté de leurs geôliers nazis. La France ne sera d’ailleurs pas en reste avec une poignée de films produits par la firme Eurociné. Artus Films sort également, du même Edoardo Mulargia, sous le pseudonyme d’Edward G. Muller, Les tortionnaires du camp d’amour dans lequel on découvre qu’au coeur de la jungle amazonienne, le contrebandier Jordan utilise des femmes esclaves pour exploiter une mine d’émeraudes, leur faisant subir les pires sévices. Le révolutionnaire Laredo convoite la mine pour financer sa cause, et entreprend d’attaquer Jordan, comptant sur l’aide des prisonnières. (Artus Films)
LA BATAILLE DE LEILA, LES QUESTIONS D’HELENE ET LE COURAGE DE MADELEINE 
LEILA ET SES FRERES
Une grande usine en pleine production est désormais à l’arrêt. Les ouvriers sont sommés de rentrer chez eux sans chercher à obtenir le versement de leurs salaires dus depuis des mois. Une partie des ouvriers se rebelle et s’oppose en bataille rangée à la police… Toute une famille est ainsi fragilisée par la crise économique. Pire, elle se retrouve à la merci d’un patriarche figé dans son égocentrisme. Ayant un travail stable, Leila, qui a dédié sa vie à ses parents et ses quatre frères, rêve de tous les sortir de la spirale du déclassement. Elle imagine de réunir tous leurs moyens pour acheter une boutique et lancer une affaire. Elle espère qu’Esmail, son père, qui cache des pièces d’or pour se créer une respectabilité en devenant le parrain de sa communauté, participe de gré ou de force à cette entreprise. Auteur du remarquable thriller La loi de Téhéran (2021) considéré comme le film non comique le plus rentable de l’histoire du cinéma iranien, le réalisateur Saeed Roustaee réussit cette fois une poignante histoire de famille qui sidère par le regard sans concession qu’il porte sur l’Iran d’aujourd’hui et ses criantes inégalités… Car la découverte par Leila (Taraneh Alidoosti, parfaite) des pièces d’or paternelles déclenche le chaos dans une famille déjà fragile. L’implosion est proche, d’autant que l’économie est malmenée par les sanctions internationales et l’inflation du marché de l’or vu comme une valeur refuge. Présenté au Festival de Cannes, ce regard sans concession sur l’Iran d’aujourd’hui et ses criantes inégalités a été interdit de projection dans son pays par les autorités de Téhéran… (Wild Side)
PLUS QUE JAMAIS
Jeune Française de 33 ans, Hélène (Vicky Krieps) vit à Bordeaux et connaît un mariage heureux avec Matthieu (Gaspard Ulliel) depuis de nombreuses années. Leur vie bascule lorsque Hélène reçoit un diagnostic de maladie pulmonaire rare. Perdue sur la façon de gérer cette nouvelle situation et en quête de réponses, Hélène tombe sur Mister, un blogueur norvégien. Gravement malade, il documente sa vie avec sincérité et humour. Ceci et la nature incroyable de la Norvège montrée dans certaines de ses photos attirent Hélène. Elle contacte Mister et une véritable relation commence entre eux. Même s’il lui est difficile de quitter Matthieu, Hélène écoute son instinct le plus profond et parcourt l’Europe jusqu’en Norvège seule afin de pouvoir trouver son chemin. La beauté des paysages et l’amitié inhabituelle avec Mister (Bjorn Floberg) lui font du bien. Lorsque Matthieu vient en Norvège pour la ramener en France, elle se rend compte que malgré leur amour intense, son chemin est celui qu’elle ne peut parcourir que seule. Ecrit et réalisé par Emily Atef, voici l’avant-dernier film dans lequel Gaspard Ulliel a tourné avant de mourir, mais le dernier film à sortir après sa mort. (jour2fête)
COULEURS DE L’INCENDIE
Dans le Paris de 1929, l’existence des Péricourt est bouleversée. Le patriarche est mort. Madeleine, sa fille et seule héritière, voit son fils Paul se jeter par une fenêtre. Et la banque Péricourt est de plus en plus fragile… C’est en 2018 que Pierre Lemaitre donne, chez Albin Michel, Couleurs de l’incendie qui fait suite au roman Au revoir là-haut qui lui valut le prix Goncourt 2013. « Pierre Lemaitre, dit Clovis Cornillac, est un auteur que je suis depuis ses premiers polars. (…) Ses livres font partie d’une littérature qui a trait à tout ce qui me plaît au cinéma : le romanesque qui, au même titre que le grand cinéma, allie une élégance d’écriture et une intelligence qui font que le divertissement sollicite l’esprit du spectateur. » Avec un imposant casting (Léa Drucker, Benoît Poelvoorde, Alice Isaaz, Olivier Gourmet, Jeremy Lopez, Fanny Ardant et… lui-même qui s’est fait une tête de… Lénine), Cornillac adapte donc le best-seller de Lemaître (qui signe le scénario) pour mettre en scène une grande épopée en costumes où la grande Histoire se mêle aux petits complots en tous genres tandis qu’émerge la figure d’une femme d’apparence frêle qui, sur le chemin du déclassement, va faire face à l’adversité des hommes, à la corruption de son milieu et à l’ambition de son entourage… (Gaumont)
BABI YAR. CONTEXTE
Les 29 et 30 septembre 1941, un Sonderkommando nazi, avec l’aide de deux bataillons du Régiment de police Sud et de la police auxiliaire ukrainienne, abat, sans la moindre résistance de la part de la population locale, 33 771 Juifs dans le ravin de Babi Yar, au nord-ouest de Kiev. C’est le plus grand massacre de la « Shoah par balles ». En effet, avant la mise en place des camps de concentration, les Juifs ont été assassinés par des fusillades en masse. En s’appuyant sur de rares archives inédites, bien restaurées, l’Ukrainien Sergei Loznitsa (connu pour My Joy ou Une femme douce) retrace le cadre d’une tragédie (depuis l’arrivée des troupes allemandes en Ukraine jusqu’au comblement du ravin en 1952) et observe la complexité de l’histoire contemporaine de l’Ukraine. Même si le massacre de Babi Yar n’a probablement pas été filmé, le documentaire, à travers des images brutes, sans voix off, est aussi instructif que glaçant. (Blaq Out)
MIKE DE LEON EN 8 FILMS
Emblématique cinéaste philippin, Mike de Leon, 75 ans, est un fin formaliste, un brillant directeur d’acteurs et un observateur de la réalité sociale et politique de son pays. Depuis son premier « long » en 1976 et sur presque cinq décennies, il scrute l’évolution de la société philippine à travers le cinéma de genre comme le film d’auteur. Un coffret (5 Blu-ray) réunit huit œuvres inédites et restaurées (Itim, C’était un rêve, Frisson, Kisapmata, Batch’81, Le paradis ne se partage pas, Héros du tiers-monde, Citizen Jake) qui couvrent le drame psychologique, le thriller politique, la romance et même l’espionnage parodique. Le coffret est accompagné de multiples suppléments dont un Portrait de l’artiste en philippin (1965 – 111 mn) précieux témoignage du premier âge d’or du cinéma philippin dominé par le savoir-faire des studios. Enfin, on y trouve un livret inédit (80 pages) rédigé par Charles Tesson, critique et historien de cinéma. Une superbe occasion de se plonger dans une œuvre d’une remarquable puissance stylistique par un cinéaste essentiel. (Carlotta)
LES MIENS
Moussa est un homme doux et gentil, père et employé dévoué. Divorcé, il s’est remarié avec une Marocaine qui ne répond plus à ses appels téléphoniques. Il vide donc ses armoires de ses affaires, et envisage de s’en débarrasser. Un soir, alors qu’il fête l’anniversaire d’une collègue, Moussa chute et se cogne violemment la tête. Diagnostic : traumatisme crânien. La personnalité de Moussa va changer. Sans filtre, ses accès de colère sèment la zizanie chez les siens. Ryad, le frère de Moussa, présente à la télé une émission sur le foot. Pour sa famille, il est un parfait égocentrique. Profitant d’un déplacement professionnel, Ryad emmène Moussa (Sami Bouajila) passer quelques jours en Normandie… Devant (dans le rôle de Ryad) et derrière la caméra (Les miens est sa septième réalisation), Roschdy Zem, en s’inspirant d’un épisode de sa vie privée, signe un film personnel et émouvant sur une famille, ses travers, ses tracas, son amour, ses non-dits et la nécessité de dire les choses plutôt que de les taire. (Le Pacte)
SHE SAID
« Harvey Weinstein paye des dessous-de-table pour étouffer des affaires de harcèlement sexuel depuis des décennies ». C’est la une du New York Times du 5 octobre 2017. Le sujet va provoquer une onde de choc dans le monde du show biz… Car Harvey Weinstein est loin d’être un inconnu sur la planète Hollywood. Au fil de plusieurs décennies, le nabab a régné sur l’industrie du film, engrangé des brassées d’Oscars et surtout il a fait et défait des carrières. Las, pendant toutes ces années, il a utilisé son pouvoir pour harceler et forcer des femmes à lui octroyer des faveurs sexuelles. A l’oeuvre sur les rapports entre Trump et les femmes, MeganTwohey et Jodi Kantor, journalistes au NY Times, vont révéler le scandale Weinstein, une affaire qui sera à l’origine du mouvement #MeToo… La cinéaste allemande Maria Schrader (réalisatrice de I’am your Man) dirige Carey Mulligan et Zoé Kazan dans une enquête, à l’approche féministe, sur le sexisme systémique. Autour de reporters qui galèrent pour obtenir des déclarations précises et identifiées afin de faire tomber un prédateur qui se protège en signant des accords financiers et de confidentialité, un film précis et sans bavures sur un Weinstein jamais montré, sinon brièvement de dos, tel un ours inquiétant. (Universal)
SUPER MARIO BROS
Depuis quelques dizaines de millions d’années, les dinosaures, que l’on croyait disparus, vivent paisiblement sous terre. Un infâme tyran, Koopa n’a de cesse de chercher à s’emparer du pendentif magique de la fille du roi qui lui permettra d’asservir le genre humain. Heureusement, Daisy la princesse a deux défenseurs aussi généreux qu’intrépides : les Super Mario Bros. A l’occasion des 30 ans de la sortie du film, Super Mario Bros ressort dans une édition limitée et pour la première fois en combo DVD/Blu-ray. Première adaptation live-action d’un jeu vidéo, le film est rentré dans le panthéon des nanars les plus cultes des années 90. Bien loin de l’univers coloré et enfantin du jeu éponyme, l’univers est sombre, kitsch, délirant et a séduit une large communauté de fans nostalgique des années 90 et de la folie créative de cette époque. Le combo est accompagné d’un documentaire (55 mn), inédit en France, qui retrace la genèse et le fiasco que fut le tournage. Les acteurs stars Bob Hoskins ou Dennis Hopper se souviennent d’un projet chaotique, entre réécriture au jour le jour du scénario, et décors hasardeux. (Pathé)
NOTRE-DAME DE PARIS – LE CHANTIER DU SIECLE
Comment reconstruire un monument vieux de 800 ans, alors que personne ne sait comment il a été construit à l’origine ? Au cœur du chantier et à l’abri des regards, plus de 200 experts internationaux partagent désormais avec les architectes l’objectif commun de percer les secrets de sa structure, pour réussir à rendre à cette cathédrale unique son âme, sa lumière et son caractère sacré. Grâce à un accès sans précédent, la série de Vincent Amouroux (trois épisodes de 52 mn) commence là où toutes les autres productions se sont arrêtées, et suit cette incroyable aventure. Une immersion unique d’une beauté étonnante dans le plus grand projet de restauration du siècle, aux côtés des ouvriers, des architectes, des historiens et des scientifiques qui luttent pour ramener à la vie une icône architecturale inestimable. Au menu, la quête de la hauteur, l’harmonie des forces et la fabrique du sacré… (Arte)
LE PETIT MARCEL
Jeune provincial, Marcel a hérité du camion de son père. Dans la banlieue parisienne, il pense trouver du travail comme transporteur indépendant. Il côtoie de jeunes inactifs que la police surveille. Dans cette petite ville, un groupe politique populiste, mené par le directeur du supermarché, entretient un climat malsain très réactionnaire à la limite de la légalité. Marcel, naïf, se laisse entraîner dans certaines de ses actions mais se rend compte qu’il pactise ainsi contre ses amis, puis, manipulé par un commissaire de police (Yves Robert), il accepte de devenir un indic fournissant des renseignements sur les jeunes devenus revendicatifs. En 1976, Jacques Fansten réalise son premier long-métrage porté par Jacques Spiesser et Isabelle Huppert. Dans le cadre du malaise des banlieues, il saisit avec justesse la quête d’un jeune type qui voudrait se faire une petite place au soleil. (Gaumont)
LES AMANDIERS
C’est l’histoire d’étudiants de l’école du théâtre des Amandiers de Nanterre, gérée par Patrice Chéreau et Pierre Romans, particulièrement en 1986 avec la mise en scène du Platonov d’Anton Tchekhov. Le long-métrage est autobiographique, les personnages de Stella (Nadia Tereszkiewicz) et d’Étienne (Sofiane Bennacer, ancien élève de la classe préparatoire de théâtre de La Filature de Mulhouse avant de rejoindre l’école du TNS) sont des alter-ego de Valeria Bruni Tedeschi et de Thierry Ravel, jeune comédien tragiquement disparu d’une overdose à 28 ans. Entre tragique et légèreté, Valeria Bruni Tedeschi, en évoquant ses débuts de comédienne, orchestre une œuvre paroxystique sur une jeunesse vivante dans un brassage entre le théâtre et l’existence de chacun. Avec une belle troupe de comédiens (Louis Garrel dans le rôle de Patrice Lescot et Micha Lescot dans celui de Pierre Romans) voici une réflexion chorale sur le théâtre et la manière d’être comédien. La sortie du film a donné lieu à une polémique : Sofiane Bennacer (qui dément les faits) est accusé, entre 2018 et 2019, de viols et violences conjugales sur de précédentes compagnes. L’Académie des César décidera de le retirer de la liste des révélations masculines proposée pour les César 2023. (Ad Vitam)
LES ECUMEURS
Solide artisan de l’âge d’or des studios, Ray Enright réunit, en 1942, pour le compte d’Universal, un épatant trio avec deux figures du western, Randolph Scott et John Wayne mais aussi Marlène Dietrich qui incarne Cherry, une patronne de saloon très glamour… En 1900, l’Alaska est en plein boom de la ruée vers l’or. De prétendus agents du gouvernement volent les concessions. Spoliés, les chercheurs d’or s’associent avec Glennister (Wayne), patron de l’un des plus gros gisements, pour contrer les « écumeurs » menés par un commissaire aux mines sans scrupules (Scott). Un bon western de série B sans prétention mais tout à fait divertissant. (Sidonis Calysta)
DESIRE
Au long de sa carrière, Sacha Guitry s’est beaucoup penché sur ce qu’il connaissait, ainsi le théâtre, les mœurs des bourgeois… et leurs gens de service. En s’appuyant sur sa propre pièce, le grand Sacha détaille, en 1937, les aventures de l’actrice Odette Cléry (Jacqueline Delubac), maîtresse d’un ministre, qui s’apprête à partir pour Deauville. Ils s’avisent alors qu’il leur manque un valet de chambre. Se présente Désiré, jeune homme dépourvu de style comme de certificats. Odette l’embauche néanmoins. A Deauville, la nuit, Désiré et Odette rêvent l’un de l’autre. Situation inavouable. D’autant qu’ils rêvent tout haut ! Du Guitry pur jus ! (Gaumont)
LE NOUVEAU TESTAMENT
Médecin prospère, Jean Marcellin découvre un jour que sa femme le trompe avec le fils d’un de leurs amis. Il rédige alors un nouveau testament qui change beaucoup les dispositions de son héritage. Lors d’une réunion, ses amis réceptionnent un veston rapporté par un tailleur et y trouvent le testament. Sa lecture va les surprendre… En 1936, Sacha Guitry adapte l’un de ses pièces et réussit une brillante comédie conjugale qui pose un regard désabusé sur l’humaine condition et les couples qui ne résistent pas au temps qui passe. Dans le rôle de Marcellin, Guitry est brillant de férocité insolente. Un pur et délicieux plaisir ! (Gaumont)
CHARLOTTE
« Ce qui compte, ce n’est pas que la vie nous aime mais que nous aimons la vie ! » Berlin, 1935. Charlotte Salomon se rend à l’opéra avec sa famille. Sa belle-mère Paula chante. Des nazis entre dans la salle et tentent d’interrompre la représentation. Les grands-parents maternels de Charlotte ont décidé de quitter l’Allemagne pour aller vivre à Rome. Charlotte va leur rendre visite. Dans la chapelle Sixtine, elle rencontre Ottilie Moore, une Américaine d’origine allemande qui l’invite à venir s’installer dans sa maison sur la Côte d’Azur. Mais Charlotte doit rentrer en Allemagne auprès de ses parents. Acceptée comme élève à l’Académie des Beaux-Arts, malgré ses origines juives, elle finira néanmoins par être expulsée de cette école prestigieuse. Comme le dit un fonctionnaire nazi, « il y a la fâcheuse question de votre race… » Face au tourbillon de l’histoire et à la révélation d’un secret de famille, seul un acte extraordinaire pourra la sauver. Charlotte entame alors l’œuvre de sa courte vie puisqu’elle meurt en déportation, à Auschwitz, en octobre 1943, à l’âge de 26 ans… Réalisé par Éric Warin (déjà co-auteur avec Eric Summer de Ballerina en 2016) et Tahir Rana. Charlotte (dont le scénario est librement adapté du roman graphique Vie ? ou théâtre ? de Charlotte Salomon) est un film d’animation bouleversant. (Citel)
LE TORRENT
Chef d’entreprise, Alexandre est heureux : il vient de signer un gros contrat pour des maisons antisismiques en Extreme-Orient. Il rentre chez lui pour fêter l’événement avec Juliette, son épouse. Comme ils doivent se rendre au théâtre, Alexandre propose à sa fille Lison, née d’un premier lit, de passer la nuit chez eux pour garder leur jeune fils… En essayant en cachette les robes de Juliette, Lison découvre une clé USB cachée dans une chaussure. Elle contient des images explicites montrant Juliette dans une situation compromettante avec un amant. Lorsqu’Alexandre découvre, à son tour, ces images, une violente violente dispute éclate. Juliette s’enfuit dans la nuit et fait une chute mortelle. Le lendemain, des pluies torrentielles ont emporté son corps. La gendarmerie entame une enquête et Patrick, le père de Juliette, débarque, prêt à tout pour découvrir ce qui est arrivé pendant cette nuit d’inondations. Petit à petit, Alexandre (José Garcia) se retrouve dans la peau du suspect n°1. Anne Le Ny met en scène un thriller vosgien au centre duquel se trouve Lison, presque gamine (Capucine Valmary), coincée entre un père qu’elle aime et qui lui demande de la couvrir, des enquêteurs curieux et son grand-père (André Dussollier) prêt à la piéger. Une redoutable spirale de mensonges va se mettre en place… (M6)
EXTREME PREJUDICE
A Los Angeles, Jason Walk vivote entre son boulot de chauffeur de taxi et ses petits trafics pour un bookmaker. Un jour, il charge une certaine Christine Holloway (Nancy Kwan). Témoin du meurtre ignoble de son mari et de son fils par un sinistre gang, cette femme a décidé de se venger en abattant chaque membre de la bande. Embarqué malgré lui dans cette violente croisade et contraint d’encaisser des coups, Jason décide cependant de l’aider… Dans la « Midnight collection », en version restaurée et pour la première fois en Blu-ray, voici un thriller urbain nerveux et bien poisseux (1983) avec Robert Forster (vu dans Reflets dans un œil d’or, Jackie Brown ou Mullholland Drive) en tête d’affiche. Quand la Cité des anges porte très mal son nom… (Carlotta)
L’ENFANT DU QUEENS, L’ETUDIANT D’AL-AZHAR ET LE VIEUX CHENE 
ARMAGEDDON TIME
Dans le Queens des années 80, voici l’histoire du jeune Paul Graff… Avec Johnny, un camarade mis au ban de la classe à cause de sa couleur de peau, ils font les 400 coups. Paul (Michael Banks Repeta) pense être protégé par sa mère, présidente du conseil des parents d’élèves, et par son grand-père dont il est très proche. Mais à la suite d’un incident, il est envoyé à la Kew-Forest School, un établissement en partie administré par Fred Trump, le père du futur président des États-Unis. Avec une oeuvre très autobiographique, James Gray revient dans son New York natal et évoque le passage à l’âge adulte d’un gamin, artiste en devenir mais aussi la perte de l’innocence. Révélé en 1974 par Little Odessa, James Gray a ensuite été applaudi pour des œuvres fortes comme The Yards (2000), La nuit nous appartient (2007), Two Lovers (2008) ou The Immigrant (2013) toutes ancrées dans New York. Ici, avec les images magnifiques de Darius Khondji, le cinéaste observe, avec tendresse et humour, l’amour qui règne dans une famille juive entre Esther, la mère (Anne Hathaway), femme fragile, qui espère le meilleur pour ses deux fils, et Irving, un père (Jeremy Strong) qui vit mal sa condition d’artisan plombier… Merveilleux grand-père constamment à l’écoute de Paul et soucieux de le voir devenir un Mensch, Aaron Rabinovitz (Anthony Hopkins) porte le poids de l’histoire tragique des Juifs d’Europe… Emouvant ! (Universal)
LA CONSPIRATION DU CAIRE
Simple fils de pêcheur du Nil, Adam obtient une bourse pour l’université al-Azhar, mythique épicentre de l’islam sunnite… Même si son père regrette de voir partir Adam, il considère que « nul ne peut entraver le désir du Seigneur ». Le timide presqu’adolescent grimpe donc dans le car qui va l’emmener au Caire. Il s’installe discrètement dans son dortoir parmi les nombreux étudiants de cette prestigieuse institution. Mais le jour de la rentrée, son destin va basculer lorsque le Grand Imam de la mosquée al-Azhar meurt, presque devant les étudiants. Le pouvoir politique égyptien, persuadé que les Frères musulmans ont infiltré al-Azhar, veut reprendre la main face au pouvoir religieux. Et il lui faut un espion dans la place. « Coaché » par un flic de la Sureté de l’État et inquiet pour sa vie, Adam se retrouve dans un redoutable merdier. Malgré un récit dense et complexe, Tarik Saleh (révélé à l’international en 2017 avec Le Caire confidentiel, un remarquable polar autour du meurtre, dans une chambre d’hôtel du Nile Hilton, d’une célèbre chanteuse) réussit un thriller politique palpitant sur les arcanes du pouvoir… (Memento)
LE CHENE
Il était une fois, un chêne ! Vieux de 210 ans, situé en forêt de Sologne, à quelques kilomètres de Chambord. Haut comme un immeuble de dix-sept mètres, ce majestueux pilier d’un royaume de nature, héberge de beaux habitants : écureuils, balanins, geais, fourmis, mulots tandis qu’à son pied, des marcassins folâtrent. Symbole de la puissance et de la pérennité, le roi des arbres est au coeur d’un superbe documentaire, à la somptueuse photographie, réalisé par Laurent Charbonnier et Michel Seydoux. Sans commentaires, ni voix off (mais avec un remarquable travail sonore), voici, autour d’un petit monde vrombissant et merveilleux, une ode poétique à la nature, à la biodiversité et à la beauté sauvage. Une magnifique manière de sensibiliser les spectateurs (de tous âges!) à la fragilité de la nature! (Gaumont)
MES RENDEZ-VOUS AVEC LEO
Dans la chambre d’hôtel qu’elle a retenue, Nancy Stokes (mais est-ce bien son vrai nom?) attend le prostitué dont elle a acheté les services sur un site internet. Enseignante de religion à la retraite et veuve depuis peu, cette femme de la soixantaine n’a jamais connu une vie sexuelle épanouie. Lasse d’une existence sage et prise d’un inavouable désir d’aventure, elle a décidé de sauter le pas. Et Leo, le jeune escort boy (Daryl McCormack), est tout à fait charmant. Dans un habile huis clos (l’essentiel du film se déroule dans la chambre d’hôtel), l’Australienne Sophie Hyde distille une comédie qui parle avec humour de sexualité et de rapports intimes autour d’une femme d’âge mûr tellement inhibée qu’elle ne supporte même pas qu’on la touche… Peu à peu, elle va cependant entrer dans une relation fondée sur une grande proximité dépourvue de sentiment amoureux… Si sa Nancy est bien coincée (au départ!), Emma Thompson est, elle, absolument craquante ! Et l’ultime plan du film est sacrément culotté… (Wild Side)
PACIFICTION
Et si les essais nucléaires français reprenaient ? Tahiti bruisse de rumeurs et le haut-commissaire de la République en Polynésie française, De Roller tente de prendre le pouls de l’île, de la population et des différents intérêts en jeu… Roublard ou sincère, De Roller est un homme de calcul (Benoît Magimel, épatant et primé aux récents César) à la parole mesurée et aux manières toujours parfaites qu’il soit dans une réception officielle ou dans une boîte interlope. En costume blanc ou en chemise à fleurs, De Roller est omniprésent et le cinéaste Albert Serra le suit partout qu’il retrouve un amiral en goguette ou la belle et mystérieuse Shannah. Avec ce thriller politique et paranoïaque sous-titré Tourment sur les îles, le cinéaste (connu pour La mort de Louis XIV en 2016) embarque le spectateur dans un récit hypnotique et envoûtant sur un univers exotique où le spectre colonial et l’arrogance impériale font planer une ombre menaçante. (Blaq Out)
CLOSE
Garçons de treize ans, Léo et Rémi sont amis depuis toujours. Mais leur étroite amitié est bouleversée alors que la perspective de l’adolescence se profile… En secondaire, Léo est perturbé par des élèves qui se demandent si, avec Rémi, ils sont en couple. Un événement impensable va les séparer. Léo se rapproche alors de Sophie, la mère de Rémi, pour essayer de comprendre… Remarqué pour Girl (2018), le Belge Lukas Dhont se penche à nouveau, avec une impressionnante subtilité, sur la question de l’identité et sur la difficulté de trouver sa place dans une société qui veut mettre tout le monde dans des cases… Dans cette réflexion sur l’amitié, les jeunes Eden Dambrine (Léo) et Gustav De Waele (Rémi) sont parfaits ! (Diaphana)
ROCKY I & II
Le 24 mars 195, Mohammed Ali affronte Chuck Wepner. Au mépris de tous les pronostics, Wepner, un illustre inconnu, tient quinze rounds face à la star des rings. Ce combat inspira Sylvester Stallone qui écrivit le scénario du film réalisé en 1976 par John G. Avildsen. Tourné en 28 jours avec un budget modeste, l’histoire de Rocky Balboa, boxeur de seconde zone qui se voit offrir la chance unique de donner un sens à son existence en affrontant le redoutable Apollo Creed, fut un succès planétaire, remporta trois Oscars dont celui de meilleur film et propulsa Stallone au rang de star. Dans le cadre des 100 ans de la Warner, on trouve Rocky dans un beau steelbox en Blu-ray 4K ultra HD. L’hommage au rêve américain se poursuit dans Rocky II (1979), toujours écrit par Stallone et cette fois mis en scène par ses soins. Après sa victoire contre Apollo Creed, Balboa annonce qu’il prend sa retraite et demande la main d’Adrian… Lassé des attaques contre lui, Creed pousse Rocky à remonter sur le ring. Les deux boxeurs finiront par s’affronter dans un combat d’une violence inouïe… (Warner)
TRAINING DAY
Jeune recrue idéaliste de la police de Los Angeles, Jake Hoyt rêve de passer inspecteur. Pour son premier jour de service, il est mis à l’essai pendant 24h -un « training day »- auprès du sergent chef Alonzo Harris, star de la lutte antidrogue. Après une interpellation de jeunes étudiants ayant acheté du cannabis, Alonzo piège Hoyt (Ethan Hawke) en lui faisant fumer du PCP et en lui faisant croire que c’est un test d’initiation… Mais très vite, en voyant Harris à l’oeuvre, Hoyt sera choqué par sa manière de faire régner la justice. Alonzo lui réplique que ses enquêtes ont mené à 15 000 années d’incarcération et affirme qu’il est un loup pour sauver les brebis d’un monde sans pitié. Dans le cadre des 100 ans de la Warner, voici une édition collector Blu-ray 4K Ultra HD avec, en bonus, une affiche du film et quatre cartes collector. Sorti en 2001, le troisième long-métrage d’Antoine Fuqua est un thriller d’un réalisme haletant dans lequel Denzel Washington réussit une composition impressionnante qui lui valut l’Oscar du meilleur acteur en 2002. Alonzo Harris est tellement inquiétant que le personnage est classé dans la liste des 100 héros et méchants établie en 2008 par l’American Film Institute ! (Warner)
TROIS NUITS PAR SEMAINE
Par hasard, Baptiste, 29 ans, employé à la Fnac, en couple avec Samia (Hafsia Herzi), rencontre Cookie Kunty, une jeune drag queen de la nuit parisienne. Poussé par l’idée d’un projet photo autour de Cookie (Romain Eck remarquable), il s’immerge dans un univers dont il découvre tout, jusqu’à entamer une relation avec Quentin, le jeune homme derrière le maquillage de la drag queen. Passionné par le monde de la scène Drag, Florent Gouelou met en scène son premier long-métrage pour raconter un voyage initiatique et intime… Fasciné par un exubérant personnage charmeur à la voix rauque et constamment troublé par lui, Baptiste (Pablo Pauly, vu dans Patients et Blanche comme neige) est emporté dans un tourbillon de sentiments et d’émotions qui lui font perdre pied… (Pyramide)
ESTERNO NOTTE
Rome, 16 mars 1978. Aldo Moro, président de la Démocratie chrétienne (DC), premier parti politique italien depuis trente ans, se rend au parlement. Il tombe alors dans un guet-apens organisé par un commando des Brigades rouges. Son escorte est abattue sans sommation, lui est kidnappé. Le pays est sous le choc…. Le cinéaste italien Marco Bellochio réalise sa première série en retraçant l’enlèvement et l’assassinat de l’homme politique italien. Dans le lourd contexte des Années de plomb, Bellocchio revisite une histoire secrète, intime, familiale, spirituelle, fantastique et politique de son pays. Déroulant comme une tragédie ce moment de 1978 où bascule l’histoire italienne, le cinéaste de 83 ans explore dans toute son ampleur l’affaire Aldo Moro, qui lui avait inspiré, il y a vingt ans, le film Buongiorno, notte. Se posant comme une « interprétation artistique » des faits, cette série qui met en scène un tournant majeur de l’histoire de l’Italie du XXe siècle, fonctionne comme une tragédie, doublée d’un récit d’espionnage, sombre et captivante. (Arte)
UN BEAU MATIN
Sandra (Léa Seydoux) vit seule avec sa fille de huit ans dans un petit appartement parisien. Alors que son père (Pascal Greggory) s’enfonce dans une maladie dégénérative et qu’elle doit s’engager dans un parcours du combattant entre hôpitaux et Ehpads pour l’installer en lieu sûr, elle fait la rencontre inattendue de Clément (Melvil Poupaud), un ami perdu de vue avec qui s’ouvre une relation passionnée, mais incertaine. La vie nous joue parfois des tours étranges, apportant simultanément douleur intense et pur bonheur… Comme souvent dans l’œuvre de Mia Hansen-Løve, le film semble inspiré d’éléments autobiographiques. De fait, le père de la réalisatrice, a souffert d’une maladie dégénérative dans les dix dernières années de sa vie. Cette délicate tranche de vie, entre drame familial poignant et comédie sentimentale touchante, repose sur une mise en scène fluide et des dialogues chargés d’émotion. (Blaq Out)
UNE ROBE POUR MRS HARRIS
Dans le Londres de l’après-guerre, Ada Harris (Lesley Manville, vue dans Phantom Thread et interprète de la princesse Margaret dans la série The Crown) gagne sa vie en faisant des ménages. Si elle mène une vie très solitaire depuis le décès de son mari, Eddie, porté disparu au combat, elle n’est pourtant pas du style à se plaindre, ni même s’appesantir sur son sort. Pourtant, elle qui se croyait les pieds bien ancrés dans la réalité, est tout à coup submergée par une vague de rêve et d’émerveillement quand elle découvre une magnifique robe signée Dior, nonchalamment accrochée dans la chambre d’une de ses riches clientes. Elle se surprend alors à penser qu’une si belle œuvre d’art, si pure, si éthérée ne peut que changer la vie de quiconque la possède. Anthony Fabian (qui met aussi en scène Isabelle Huppert et Lambert Wilson) adapte un roman de Paul Gallico paru en 1958 et réussit une attachante comédie sentimentale… (Universal)
LES FEMMES DU SQUARE
Jeune femme ivoirienne et baratineuse d’enfer, Angèle s’en est toujours sortie grâce à son culot et à son bagout. Pour éviter les représailles d’une bande de malfrats, elle parvient à se faire embaucher comme nounou d’Arthur, un gamin de 8 ans des beaux quartiers. En découvrant les conditions de travail des autres nounous, Angèle, soutenue par Edouard, un jeune avocat (Ahmed Sylla) qui ne tarde pas à tomber sous son charme, décide de prendre les choses en mains. En s’appuyant pleinement sur l’énergique Eye Haïdara, Julien Rambaldi réussit une comédie de mœurs romantique qui joue la carte « feelgood » mais n’oublie pas le côté social par son regard sur la précarité des babysitters parisiennes… (Orange Studio)
L’ECOLE EST A NOUS
Alors qu’une grève générale paralyse un collège et que la plupart des professeurs sont absents, certains vont cependant tenter de faire continuer à vivre l’établissement. Professeure de mathématiques tout juste nommée, Virginie Thévenot (la pétillante Sarah Suco) va alors en profiter pour tenter une expérience inédite avec un petit groupe d’élèves. Aidée par Ousmane, professeur de technologie, elle veut laisser les élèves faire ce qu’ils veulent ! Cette idée va provoquer une petite révolution et bouleverser la vie de toutes les personnes de l’établissement, car le principal et les autres professeurs sont loin d’être convaincus. Remarqué avec Tamara (2016), adaptation au cinéma de la BD de Zidrou et Darasse, Alexandre Castagnetti mêle la comédie et le drame pour pour livrer une vision pleine de vitalité de la jeunesse et de ses aspirations… (UGC)
COFFRET ALLIGATOR 1 & 2
Dans les années 60, la petite Marisa rentre de ses vacances en Floride avec un bébé alligator. Phobique des bêtes, son père jette le saurien dans les égouts. Il va y prospérer dangereusement car, douze ans plus tard, l’alligator devenu grand, en se nourrissant de cadavres d’animaux ayant servi à des tests scientifiques, va semer la terreur dans la population. Trois avant Cujo et son chien fou, Lewis Teague réalise en 1980, une pépite de série B horrifique avec L’incroyable alligator. La bête va revenir sur le devant de la scène en 1991, avec Alligator II – la mutation dans une réalisation de Jon Hess. Dopé aux produits chimiques toxiques déversés dans les égouts par un laboratoire, le monstre se met à dévorer la population tandis que des politiciens corrompus veulent faire des affaires. Un flic irascible est sur l’enquête… En restauration 4K et pour la première en Blu-ray, on peut se régaler des redoutables aventures d’un alligator très vorace ! (Carlotta)
UN BON DEBUT
Ils ont l’âge d’entrer en troisième et déjà une réputation d’irrécupérables. Pendant des mois, ils ont vécu loin du collège, en rupture presque totale avec la vie scolaire. À Grenoble, une classe unique en France du nom de « Starter » leur ouvre ses portes. Pendant cette année particulière, on suit leur adolescence, fragile et malmenée – mais dont le cours peut encore changer. Agnès Molia et Xabi Molia ont conçu, ici, un documentaire passionnant sur un dispositif public et expérimental, unique en France, mis en place il y a une dizaine d’années. Le temps d’une année scolaire, une classe de troisième accueille quinze filles et garçons dont plus personne ne sait quoi faire. Des élèves parfois virés de tous les collèges de l’agglomération. Ces adolescents vont vivre une scolarité à l’écart des autres collégiens, dans une classe à part, mais pour mieux apprendre à se reconnecter au monde. Ils préparent leur brevet, ils font des stages pour s’essayer à différents métiers, ils cherchent un chemin alors que ce qui les guette, c’est l’exclusion sociale. Autour d’eux, une équipe enseignante refuse cette fatalité… (Blaq Out)
DIX HOMMES A ABATTRE
En Arizona, le tenace John Stewart (Randolph Scott) est parvenu, malgré les difficultés, à défendre son ranch contre les Indiens. Sous prétexte qu’il donne refuge à sa fille adoptive, son rival Campbell (Richard Boone) engage dix tueurs pour l’abattre. Mais, pour Campbell, il s’agit en réalité de faire main basse sur ces terres afin d’agrandir son propre domaine. Assiégé auprès d’une poignée de fidèles, Stewart leur résiste… Même s’il compte une cinquantaine de films à son actif, H. Bruce Humbertsone n’est pas un réalisateur-star du cinéma américain. Cependant, en 1955, il réussit un solide western nerveux et sobre avec son lot d’action, de chevauchées, de coups de feu, le tout avec des rebondissements et sans temps morts. (Sidonis Calysta)
THE ENFORCER
Fraîchement sorti de prison, un homme de main de la pègre de Miami, Cuda (Antonio Banderas) se remet au service de sa boss, Estelle (Kate Bosworth) qui lui associe désormais un partenaire, Stray, adepte de combats illégaux. Alors qu’il échoue à renouer des liens avec sa fille et son ex-compagne, Cuda reporte son affection paternelle sur une fugueuse mineure, Billie, qui est rapidement kidnappée et réduite en esclave sexuelle par un réseau clandestin qui s’avère être proche de sa supérieure… Dès lors, il est prêt à tout pour la secourir quitte à s’opposer à Estelle… Richard Hugues signe un thriller efficace même s’il n’est pas surprenant. (Metropolitan)
CAMARADE DRACULA
Dans la Hongrie des années 1970, un héros qui a participé à la révolution cubaine, de retour à Budapest pour participer à une collecte de sang pour le Vietnam, pays communiste frère. Mais il attire l’attention de la police secrète du pays. Censé avoir 60 ans, le camarade Fábián en paraît 35. Et si le séduisant mais glacial camarade était un vampire ? Un couple d’agents, pas très bien assortis, est chargé de faire la lumière sur son secret de jeunesse éternelle… Dans une comédie burlesque et délirant, Mark Bodzsar revisite la figure du suceur de sang et écorne tout autant le soviétisme vicié que l’alternative occidentale… (Extralucid Films)
CHASSE A LA MAFIA
Alors qu’il s’apprêtait à fournir à l’inspecteur Ruiz des renseignements sur Leprince, armateur influent et politicien véreux, Paco, un barman est assassiné à coups de couteau. Lorsque le cadavre du barman est déposé devant sa porte, l’inspecteur Ruiz entreprend une difficile enquête alors que les sbires de Leprince (le Français Jean Servais) tombent les uns après les autres… Avec plus de 200 films à son actif, l’Espagnol Jess Franco a touché à tous les genres. Ici, en 1963, ce boulimique de la pellicule peaufine, avec un joli sens de la mise en scène, un solide polar tiré d’un roman de Charles Exbrayat, sur fond de trafic de drogue international, de vengeur déterminé et de crimes à gogo… Le titre original du film (Rififi en la ciudad) est un hommage à peine déguisé au fameux Du rififi chez les hommes de Jules Dassin. Et ce n’est sans doute pas un hasard non plus si le Français Jean Servais incarne Leprince, lui qui était Tony le Stéphanois chez Dassin… (Artus Films)
AGENT 077 – OPERATION SEXY
En 1947, pour le compte de Bekell, un trafiquant notoire, le trompettiste Julius Smith et son ami Castro passent en fraude un chargement d’armes entre deux pays sud-américains. Lors de leur dernière livraison, une patrouille les intercepte. Castro est abattu, Smith emprisonné. Ils ont ont été balancés par Bekell. Quinze ans plus tard, Lina, la veuve de Castro, croise Smith, fraîchement sorti de prison, dans un night-club. Lina est maintenant mariée à Bekell, désormais appelé Radek, et le couple vit, tranquille, dans une luxueuse propriété jamaïcaine. Bientôt, Smith est tué par une voiture à la sortie de sa boîte de nuit mais il a le temps de mettre le commissaire Fenton sur la piste de Radek. En 1962, sous le nom de Jess Frank, Jesus Franco réussit un thriller où, sur un air de blues, se mêlent des gangsters, un agent secret, une chanteuse et indicatrice (la Française Danik Patisson), une épouse qui a tout compris des méfaits de son mari… (Artus Films)
MASCARADE
Artiste promis à une carrière de danseur, Adrien fait le gigolo sur la Côte d’Azur au bas d’une ancienne gloire du cinéma. Mais le séduisant jeune homme tombe sous le charme de Margot, « une fille qui invente ce qu’elle aimerait être ». Grâce à une mascarade sentimentale, les deux se lancent dans une arnaque autour d’un agent immobilier… Avec une belle distribution (Pierre Niney, Isabelle Adjani, Marine Vacth, François Cluzet, Laura Morante), Nicolas Bedos donne, pour son quatrième film, la chronique grinçante d’une escroquerie avec, pour toile de fond, l’univers bling-bling de la Riviera. Un peu trop ambitieux mais cynique et cruel ! (Orange Studio)
DES SOLDATS RUSSES, UN FLIC JAPONAIS ET UNE FAMILLE DE BRAQUEURS 
LE QUARANTE ET UNIEME
Au cours de la Guerre civile russe (1918-1921), une unité de l’Armée rouge en marche dans une région désertique du Turkestan fait prisonnier un officier blanc. Il doit être emmené à l’état-major par un détachement de trois soldats, parmi lesquels Marioutka, tireuse d’élite, qui a déjà abattu quarante gardes blancs. Alors que le détachement subit une tempête sur la mer d’Aral, Marioutka et le prisonnier trouvent refuge sur une île. Dans cet isolement, ils vont vivre une histoire d’amour. Mais des gardes blancs débarquent sur l’île et Marioutka, malgré la nouvelle découverte de son humanité, abat son prisonnier. Honoré à Cannes en 1957 (prix spécial à l’unanimité) pour « son scénario original, sa qualité humaine et sa grandeur romanesque », La Quarante et unième reflète une sensibilité nouvelle dans le cinéma soviétique, marqué, comme dans d’autres domaines, par la déstalinisation et l’esprit du XXe congrès du Parti communiste de l’Union soviétique. En 1956, dans le journal Les Izvestia, la journaliste Valeria Guerasimova observe : « Au premier abord, on a l’impression de voir un drame intime, personnel. Mais même l’ombre de cette pensée est évacuée par le spectacle cruel et magnifique des sables du Karakoroum. Il n’est pas difficile d’imaginer qu’on aurait pu tourner cette histoire sur le mode mélodramatique (…) ou la geler dans le dogme édifiant. Mais dès le premier plan, c’est la vérité qui tient le centre du film ». En adaptant en 1956, une nouvelle de Boris Lavrenev, considéré comme un pionnier de la dramaturgie révolutionnaire et héroïque dans la littérature soviétique, le réalisateur Grigori Tchoukhraï signe, à contre-courant de l’idéologie officielle, une fresque sur le devoir révolutionnaire confronté à une aspiration pathétique au bonheur au coeur de la tourmente de l’Histoire. (Potemkine)
LA BALLADE DU SOLDAT
Après le succès de La Quarante et unième, Tchoukhraï enchaîne, en 1959, avec une œuvre qui va lui apporter une notoriété mondiale. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Aliocha, jeune soldat russe s’étant distingué sur le front, se voit offrir une décoration. Il refuse toutefois ce grand honneur et, au lieu de cela, demande à obtenir une permission pour rendre visite à sa mère. Son voyage est long et difficile : il doit sauter de train en train, et de nombreux obstacles lui font prendre du retard. Il rencontrera tout au long de son périple diverses personnes, qui l’aideront, ou à qui il apportera son aide. Et puis il fera la rencontre de Choura, jeune fille voyageant dans la même direction que lui. Pendant le trajet, tous deux font connaissance, et tombent amoureux. Mais à peine ont-ils le temps de se le dire, à peine Aliocha (Vladmir Ivachov) serre-t-il sa mère dans ses bras, que déjà il doit repartir au front. Pour ne plus en revenir… Dans des propos reproduits dans le livre Le cinéma russe et soviétique (éd. L’Equerre), le cinéaste dit : « J’ai été soldat. C’est comme soldat que j’ai parcouru le chemin de Stalingrad à Vienne. En route, j’ai laissé beaucoup de camarades qui m’étaient chers. (…) Ce que nous avons voulu montrer, Valentin Ezhov (son scénariste, ndlr) et moi, ce n’est pas comment notre héros a fait la guerre, mais quelle sorte d’homme il était, pourquoi il s’est battu. Renonçant aux scènes de bataille (…) nous avons cherché un sujet qui flétrit la guerre. (…) Ce garçon pouvait devenir un bon père de famille, un mari affectueux, un ingénieur ou un savant, il pouvait cultiver le blé ou des jardins. La guerre ne l’a pas permis. Il n’est pas revenu. Combien d’autres ne sont pas revenus ! » (Potemkine)
LE DETROIT DE LA FAIM
En septembre 1947, sur l’île d’Hokkaido, un couple de prêteurs sur gages, les Sasada, est assassiné, leur demeure pillée et incendiée. Le ferry assurant la jonction entre Hokkaido et Honshu, l’île principale du Japon, coule en plein typhon. Parmi les noyés, on retrouve les corps de deux hommes non réclamés par les familles des victimes. Ils sont identifiés, plus tard, comme étant deux anciens détenus remis en liberté conditionnelle. Ils sont rapidement soupçonnés d’être les meurtriers des époux Sasada. Constatant des traces de violence sur le front des deux présumés assassins, l’inspecteur Yumisaka en déduit qu’il devait y avoir un troisième homme… Il découvre que cet homme a passé la nuit avec Yae, une jeune prostituée, mais celle-ci ne le dénonce pas. Dix ans plus tard, Yae le reconnaît en la personne de Tarumi, un riche industriel infiniment respecté. Elle cherche à le revoir afin de le remercier. Mais, celui-ci, affolé, la tue pour éliminer toute trace de son passé. Yumisaka va réussir à démasquer Tarumi (Rentaro Mikuni) mais les preuves de sa responsabilité dans l’assassinat du couple Sasada, puis dans l’exécution de ses deux complices ne sont pas formellement constatées. En 1965, pour la compte de la célèbre société de production Toei, Tomu Uchida, cinéaste engagé, met en scène, entre pamphlet social et film noir, une vaste et virtuose épopée policière en noir et blanc, prétexte à explorer les bouleversements sociaux qui frappèrent le Japon de l’après-guerre et à interroger la notion de culpabilité. (Carlotta)
L’INNOCENT
Abel panique quand il apprend que sa mère Sylvie, la soixantaine et animatrice d’un atelier-théâtre derrière les barreaux, va se marier avec un homme en prison. Épaulé par Clémence, sa meilleure amie, Abel va tout faire pour essayer de la protéger. Mais la rencontre avec Michel, son nouveau beau-père, lui ouvre de nouvelles perspectives. Et voilà que l’idée d’un braquage va travailler la famille. Entre histoire de famille et histoire criminelle, Louis Garrel, devant et derrière la caméra, confronte deux mondes et se régale, pour sa quatrième réalisation, de jouer la carte du cinéma de genre. Dans cette comédie savoureuse et loufoque, Anouk Grinberg, Roschdy Zem et Noémie Merlant donnent toute leur mesure. Quant à Louis Garrel, il s’amuse à casser son image de beaux ténébreux du cinéma intello français. Drôle et jubilatoire ! (Ad Vitam)
MIZRAHIM
Mizrahim, c’est le nom que les Israéliens donnent aux juifs d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, victimes dès leur arrivée sur la Terre promise d’un système discriminatoire, qui fait d’eux des citoyens de seconde zone. Dans les années 70, un mouvement de révolte s’inspirant des Black Panthers américains, émerge pour défendre leurs droits… Avec un road-movie sous-titré Les oubliés de la Terre promise qui s’appuie sur des récits déchirants et des images d’archives percutantes, la cinéaste Michale Boganim part sur la traces de son père, ancien membre de ce mouvement, pour raconter le destin des juifs orientaux victime d’une ségrégation silencieuse et approcher par l’intime les questions d’exil et de transmission. Quand l’exil en Terre promise se transforme en désillusion… (Blaq Out)
LES HARKIS
Fin des années 50, début des années 60, la guerre d’Algérie se prolonge. Salah, Kaddour et d’autres jeunes Algériens sans ressources rejoignent l’armée française, en tant que harkis. À leur tête, le lieutenant Pascal. Comme l’issue du conflit laisse prévoir l’indépendance de l’Algérie, le sort des harkis paraît extremement incertain. Pascal (Théo Cholbi, vu dans La nuit du 12) s’oppose à sa hiérarchie pour obtenir le rapatriement en France de tous les hommes et son unité. Connu pour Samia (2000), La désintégration (2011) ou Fatima (2015), Philippe Faucon évoque l’abandon des soldats algériens engagés aux côtés de l’armée française. Les harkis vont se retrouver, lorsque les négociations en vue d’un cessez-le-feu et de l’indépendance de l’Algérie commencent, exposés aux représailles du FLN. Le cinéaste qui a vécu, sur place, les dernières années de la Guerre d’Algérie, livre une œuvre courageuse et nuancée qui, en s’intéressant à ses personnages, est aussi instructive qu’émouvante. (Pyramide)
JACK MIMOUN ET LE SECRET DE VAL DERDE
Ayant survécu seul sur l’île hostile de Val Verde, Jack Mimoun est devenu une star médiatique de l’aventure doublé d’un type frimeur et volontiers odieux dans son approche des autres. La mystérieuse Aurélie Diaz (Joséphine Japy) veut ramener Mimoun sur Val Verde pour retrouver la légendaire Épée du pirate La Buse. Mimoun n’en a aucune intention mais il a envie de séduire Aurélie. Entourés de Bruno, le manager de Jack, et de Jean-Marc Bastos, un imprévisible mercenaire, ils se lancent dans une très improbable chasse au trésor dans une jungle de tous les dangers. Malik Bentalha (qui joue Jack) et Ludovic Colbeau-Justin signent une comédie loufoque qui lorgne joyeusement sur Indiana Jones. François Damiens (la séquence de l’hélicoptère est un must), Jérôme Commandeur et Benoît Magimel sont désopilants… (Pathé)
BLACK ADAM
Près de 5000 ans après avoir été doté des pouvoirs tout puissants des dieux égyptiens – et emprisonné très rapidement après – Teth-Adam est libéré de sa tombe terrestre. Son ancien royaume, Kahndaq, est désormais contrôlé par des mercenaires d’Intergang, qui exploitent les ressources locales et imposent une rude dictature aux habitants. Teth-Adam fait la connaissance d’Adrianna Tomaz et de son jeune fils qui le considère comme un héros. Ce n’est pas l’avis de la Justice Society, menée par Carter Hall / Hawkman, qui voit en lui une menace. Le cinéaste espagnol Jaume Collet-Serra fait carrière à Hollywood. Il a déjà dirigé Dwayne Johnson alias The Rock dans Jungle Cruise (2021) et il retrouve l’ancien catcheur américain en superhéros dans un blockbuster classique qui fait la part belle aux combats en tous genres sur fond d’effets spéciaux à gogo… (Warner)
LE PHARAON, LE SAUVAGE ET LA PRINCESSE
Trois contes, trois époques, trois univers : une épopée de l’Égypte antique (Pharaon!), une légende médiévale de l’Auvergne (Le beau sauvage), une fantaisie du 18e siècle dans des costumes ottomans et des palais turcs (La princesse des roses et le prince des beignets)… Quatre ans après Dilili à Paris, Michel Ocelot, maître de l’animation française, revient avec trois aventures emportés par des rêves contrastés, peuplés de dieux splendides, de tyrans révoltants, de justiciers réjouissants, d’amoureux astucieux, de princes et de princesses n’en faisant qu’à leur tête… Entre approche visuelle opulente ou épure fantaisiste, le vénérable cinéaste parle avec simplicité de liberté et d’amour… (Diaphana)
JUSTE SOUS VOS YEUX
Actrice disparue des écrans depuis des années, Sang-ok est de retour en Corée. Venue des Etats-Unis où elle s’étaient installée, cette femme de la cinquantaine a posé ses affaires chez sa sœur. Autrefois ému par son jeu, le cinéaste Jae-won lui propose un rôle dans son prochain film. Malgré son désir de rejouer, Sang-ok hésite. Le Coréen Hong Sang-soo imagine, au fil d’une journée d’été, une méditation mélancolique et minimaliste sur des discussions et une attente. Le réalisateur de Sunshi et Un jour avec, un jour sans livre un film serein et grave sur la maladie et la mort, le sommeil et un beau rêve qu’il ne faut pas dévoiler avant midi de peur de le gâcher… (Capricci)
LES PILIERS DU CIEL
Dans l’Orégon de 1868, les tribus indiennes de la région, presque toutes converties au christianisme, ont enterré la hache de guerre. Sous la tutelle bienveillante du sergent Bell, gardien de leur réserve, elles se révoltent à nouveau lorsque la Cavalerie, commandée par le colonel Stedlow jette un pont sur leur rivière et commence à tracer une route à travers leurs terres. Jeune chef impétueux , Kamiakin veut partir en guerre. Seul, Bell pourrait enrayer la révolte. En 1956, avec un beau casting (Jeff Chandler, Dorothy Malone, Ward Bond, Lee Marvin) et dans les superbes paysages de l’Oregon, le vétéran George Marshall décrit, avec nuances, la relation difficile entre les Indiens et les Blancs… (Sidonis Calysta)
TICKET TO PARADISE
David et Georgia sont divorcés depuis 25 ans mais ces parents partent néanmoins, évidemment contraints et forcés, à Bali. En effet, ils ont appris que leur fille, Lily (Kaitlyn Dever), promise à une belle carrière, envisage d’épouser un homme nommé Gede, qu’elle vient de rencontrer sur place. Tous les deux décident d’oeuvrer pour saboter le mariage afin d’empêcher Lily de commettre la même erreur qu’eux il y a longtemps. Le Britannique Ol Parker signe une agréable mais pas forcément surprenante comédie du remariage. La beauté de Bali, le choc des cultures, le sourire éclatant de Julia Roberts, le charme tranquille de George Clooney et la complicité des deux stars sont les arguments de poids de cette comédie romantique écrite sur mesure pour eux. Charmant ! (Universal)
BELLE ET SEBASTIEN – NOUVELLE GENERATION
Passionné de skateboard, Sébastien doit à contre-coeur, passer son été dans les Hautes-Pyrénées chez sa grand-mère (Michèle Laroque) et sa tante. L’heure n’est pas aux vacances. Sebastien (Robinson Mensah-Rouanet) doit aider à la bergerie. Il n’y trouve pas d’intérêt jusqu’au moment où il croise Belle, une belle et robuste chienne, victime de mauvais traitements par son maître. Pour tenter de sauver sa nouvelle amie, Sébastien va se lancer dans une folle aventure. Auteur pour la jeunesse, Pierre Coré revisite la saga imaginée par Cécile Aubry et qui fut traitée dans une trilogie entre 2013 et 2017. Dans une comédie familiale, il lui donne un agréable coup de jeune et d’air frais montagnard sur fond de belle amitié. (Gaumont)
ONE DARK NIGHT
Spécialiste des pouvoirs télékinésiques, Karl Rhamarevich vient de mourir… Au même moment, la jeune Julie (Meg Tilly dans son premier rôle au cinéma) est soumise à un rite d’initiation pour intégrer une confrérie étudiante. Elle doit passer une nuit dans une crypte sous le contrôle de deux autres étudiantes. Pas de chance, cet immense mausolée est celui où Rhamarevich a été récemment enterré. En 1983, Tom McLoughlin (qui explique avoir eu l’idée de son film en visitant, dans sa jeuensse, les catacombes de Paris) joue la carte de l’ambiance, du surnaturel et du suspense plus que du gore et des effets sanglants pour offrir un solide film d’horreur un peu tombé dans l’oubli… (Rimini Editions)
SAMOURAI ACADEMY
Hank, un chien plutôt malingre, a toujours rêvé de devenir un samouraï. Lorsqu’il devient responsable de la protection de la ville de Kakamucho, il apprend que la ville est entièrement peuplée de chats. Et ceux-ci se réservent évidemment cette haute fonction. Mais Hank ne veut rien lâcher. Il va trouve en Jimbo, un gros matou grognon, un maître exigeant qui affirme : « La peur n’existe que dans ton esprit ». A quoi Hank répond : « Et un peu dans mon kimono… » En jouant sur les codes du film de sabre, Rob Minkoff (Le roi Lion) donne un film d’animation plein d’humour et d’actions spectaculaires. Un agréable petit côté King Fu Panda. (M6)
FRITZ LANG AU TEMPS DU MUET ET LE COURAGE DES FEMMES 
LES ESPIONS
Les éditions Potemkine donnent l’occasion, dans une belle restauration et en Blu-ray, de retrouver deux œuvres majeures de la période muette et allemande de l’immense Fritz Lang, les deux tirées d’oeuvres de sa compagne d’alors Théa von Harbou. Réalisé en 1928, Les espions suit le personnage de Haghi, banquier hypercapitaliste qui, saisi par la folie des grandeurs, est devenu le cerveau d’une organisation criminelle internationale. Il tire les ficelles, manipule les corps et les cœurs et anticipe chaque mouvement de ses adversaires pour la bonne et simple raison qu’il en fait partie : sous un déguisement et un numéro – 719 –, c’est un agent qui se traque lui-même… Face à lui, le râleur chef des services secrets et le héros du film (Willy Fritsch), qu’on ne connaît que sous son matricule : 326. Sans oublier Sonya (Gerda Maurus), une séduisante espionne russe, qui va s’en mêler aussi. Lang a confié le rôle de Haghi à Rudolf Klein-Rogge qui incarna le docteur Mabuse dans la premier film muet en 1922 mais aussi dans Le testament du docteur Mabuse en 1933. Lang et Von Harbou, en s’appuyant sur de vrais faits divers, imaginent, dans une mise en scène allègre, diverses péripéties à partir d’un traité entre l’Angleterre et le Japon qui, révélé, provoquerait un embrasement général. Fritz Lang qui eut une relation avec Gerda Maurus sur le tournage et qui divorça ensuite de Théa von Harbou, qualifia, plein de fausse modestie, son film de « petit, avec beaucoup d’action »… Dans les suppléments, on trouve un entretien (36 mn) avec Bernard Eisenschitz, spécialiste de Fritz Lang, The Void machine, un texte de Murielle Joudet – montage par Julien Wautier (13 min), Un petit film mais avec beaucoup d’action (documentaire, 69 min) et un texte d’Olivier Père, directeur général d’ARTE France Cinéma. (Potemkine)
LA FEMME SUR LA LUNE
Le professeur Manfeldt est moqué par ses confrères lorsqu’il prétend qu’il existe des mines d’or sur l’astre lunaire. Trente ans plus tard, Wolf Helius souhaite construire une fusée pour aller sur la Lune. Friede Velten et l’ingénieur Hans Windegger sont intéressés par ce projet. Un groupement financier contrôlant le marché de l’or impose sa participation à leur expédition. Dans la foulée des Espions, Lang adapte encore un roman de Théa von Harbou et signe en 1929 avec La femme sur la lune, son ultime muet sous la forme d’une aventure d’anticipation en deux parties. La première décrit la préhistoire du lancement mais également l’histoire de deux conjurations antagonistes, dont celle du professeur et de ses jeunes amis, qui entend prouver l’exactitude de sa théorie sur l’or lunaire. En face d’eux, on trouve quelques-uns des personnages les plus riches du monde qui veulent garder sous contrôle les réserves mondiales d’or… La seconde se passe sur la Lune où les hommes se lancent à la recherche de trésors enfouis. Dans les suppléments, on trouve un entretien avec Bernard Eisenschitz, historien et spécialiste de Fritz Lang, En apesanteur, une analyse (10 mn) par Julien Wautier et Céline Staskiewicz et un texte d’Olivier Père, directeur général d’ARTE France Cinéma. (Potemkine)
LE SIXIEME ENFANT
Les Meyer, gitans sédentarisés, ont cinq enfants et en attendent un sixième. Les Verlet ne peuvent en avoir. Les premiers habitent dans une caravane en banlieue et vivent d’expédients, les seconds sont avocats. C’est à l’occasion d’un affaire de cuivre volé que Me Verlet rencontre Franck Meyer. L’avocat lui sauve la mise en obtenant du sursis devant le tribunal. Me Verlet ramène Franck Meyer dans son campement de banlieue et celui-ci lui offre l’apéritif. Bientôt, Anna, l’épouse de l’avocat, va rencontrer Meriem Meyer. De fil en aiguille, va germer l’idée d’un arrangement improbable, impensable et dangereux. Autour du désir d’enfant, Léopold Legrand a construit, pour son premier long-métrage, un implacable thriller intime sur des trajectoires humaines douloureuses. Benjamin Lavernhe et Damien Bonnard campent des pères désemparés. Sara Giraudeau et Judith Chemla sont magnifiques en femmes qui font alliance… (Pyramide)
SIMONE – LE VOYAGE DU SIECLE
Ministre de la Santé et militante de la dépénalisation de l’IVG, première présidente du Parlement européen, Simone Veil (1927-2017) est simplement une grande dame pétrie d’humilité. Celle qui repose, avec son mari Antoine Veil, au Panthéon, méritait un biopic. C’est chose faite avec Olivier Dahan qui, en s’appuyant sur l’autobiographie de Simone Veil parue en 2007, met en scène le parcours d’une femme qui survécut à la Shoah pour s’imposer comme une femme d’Etat. Le destin de Simone Veil, son enfance, ses combats politiques, ses tragédies composent le portrait épique et intime d’une femme au parcours hors du commun qui a bousculé son époque en défendant un message humaniste toujours d’une brûlante actualité. Elsa Zylberstein et Rebecca Marder (pour les jeunes années) incarnent un personnage d’une formidable résilience. Une réalisation impeccable qui fait la part belle à l’émotion. Dans les bonus, on trouve un documentaire exclusif (52 minutes) qui retrace la vie et l’oeuvre sous le titre Simone Veil, la loi d’une femme. (Warner)
LA DERIVE DES CONTINENTS (AU SUD)
Chargée de mission pour l’Union européenne, Nathalie doit organiser la prochaine visite de Macron et Merkel dans un camp de migrants de Sicile. Par hasard, elle croise Albert, son fils (Théodore Pellerin), militant dans une ONG, qu’elle avait perdu de vue depuis longtemps. Les retrouvailles seront loin d’être paisibles. Autour d’un voyage diplomatique, le Suisse Lionel Baier organise une comédie lucide et grinçante en mêlant allégrement satire politique, immigration et liens familiaux. Le burlesque féroce prend vite le dessus et débusque notamment l’instrumentalisation politique de l’immigration. La savoureuse Nathalie (Isabelle Carré) va faire voler, au propre comme au figuré, ses doutes et sa culpabilité… (Blaq Out)
MITRAILLETTE KELLY
Braqueur de banque, George « Mitraillette » Kelly perd de sa superbe après un coup manqué. Il planifie l’enlèvement de la fille d’un riche industriel afin de redorer son blason. En 1958, Roger Corman tourne en seulement huit jours, cette série B inspirée de la vie d’un gangster qui eut son heure de gloire pendant la Grande Dépression. Fin directeur d’acteurs, Corman a choisi Susan Cabot, une habituée de ses productions, pour jouer la fiancée dominatrice de Kelly. Mais, surtout, à 36 ans, Charles Bronson obtient sa première vraie tête d’affiche en bandit brutal mais lâche qui n’est rien sans son arme fétiche. Remarquable ! (Sidonis Calysta)
NOVEMBRE
Dans les heures qui suivent les attentats du 13 novembre 2015, alors que la France a peur, la police et plus spécialement les hommes de l’anti-terrorisme s’activent frénétiquement dans une enquête rapidement hors-normes. Robuste polar sur une authentique tragédie, le film de Cedric Jimenez (qui avait fait auparavant Bac Nord) tient constamment en haleine, qu’il évoque l’impressionnante logistique mise en œuvre, la valeur de l’instinct ou le poids de l’intime conviction. Avec une belle distribution autour de Jean Dujardin en flic « super-héros », on expérimente la tension qui s’installe entre policiers et des terroristes ciblant « la capitale des abominations et de la perversion ». Palpitant. (Studiocanal)
LE PETIT NICOLAS – QU’EST-CE QU’ON ATTEND POUR ETRE HEUREUX ?
Penchés sur une large feuille blanche, dans le Paris de 1955, Jean-Jacques Sempé et René Goscinny donnent vie à un petit garçon rieur et malicieux, le Petit Nicolas. Entre camaraderie, disputes, jeux, bêtises et punitions à la pelle, Nicolas vit une enfance faite de joies et d’apprentissages. Au fil du récit, le garçon se glisse dans l’atelier de ses créateurs, et les interpelle avec drôlerie. Dans un ravissant film d’animation sous-titré Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?, Amandine Fredon et Benjamin Massoubre célèbrent deux auteurs et s’élèvent à la hauteur de leur esprit et de leur élégance en imaginant Sempé et Goscinny racontant leur rencontre, leur amitié, leurs parcours, leurs secrets, leur enfance. C’est beau ! (M6)
JE VOUS SALUE MARIE
Marie est la fille d’un gérant de station-service à Rolle et joue dans l’équipe de basket. Joseph est chauffeur de taxi. Au grand désespoir de Joseph (qui entretient une seconde relation avec Juliette), leur amour depuis deux ans n’est que platonique. Un soir, l’archange Gabriel se matérialise devant Marie. Cette apparition divine laissera quelques traces dans le corps de Marie… et chez Joseph. En 1985, le cinéaste suisse récemment disparu revisite, dans le monde contemporain et particulièrement dans les environs de Genève, l’histoire de Marie incarnée par une Myriem Roussel sublimée par JLG. En s’inspirant de L’Évangile au risque de la psychanalyse et sur des musiques de Bach et Dvorak, Godard signe, dans un mélange d’humour, de collages et de références bibliques, une œuvre contemplative qui fit scandale. Les fulgurances visuelles de JLG sont au rendez-vous. (Gaumont)
L’ETRANGLEUR
Dans un théâtre de Broadway, un meurtre a été commis au sein d’une troupe de music-hall. Une actrice de burlesque a été étranglée et très vite les soupçons se portent sur sa rivale, Dixie Daisy. Mais d’autres meurtres surviennent et Dixie décide de mettre en place un piège pour démasquer l’assassin. En 1943, Barbara Stanwyck est déjà, grâce à son tempérament et à sa fantaisie, une vraie star d’Hollywood. Connu pour Les ailes, William A. Wellman (qui retrouve Barbara Stanwyck, en tenue légère, pour la cinquième fois) embarque le spectateur, à la manière d’un film d’action, dans les coulisses, les loges et sur la scène du music-hall où évoluent de charmantes danseuses… (Artus Films)
PARANOID PARK
Alors que sa mère est au bord de la crise et que ses rares amis ne lui prêtent aucune attention, Alex, renfermé sur lui-même, se consacre au skateboard. Alors qu’il emprunte un train clandestinement, il tue involontairement un agent de sécurité. Il décide de garder le silence. En 2007, quatre après Elephant, Gus Van Sant fait une nouvelle incursion virtuose dans le monde trouble de l’adolescence sur fond de mort et de culpabilité. Avec des images magnifiques de Christopher Doyle et une bande-son remarquable, le film fouille la psyché d’un meurtrier complètement déconnecté du monde et amené à une prise de conscience libératrice. (Carlotta)
GERRY
Deux jeunes hommes nommés tous les deux Gerry s’enfoncent dans le désert californien, en voiture puis à pied. Dans cette errance et alors que s’amenuise l’espoir de retrouver leur chemin, leur amitié est mise en péril… En 2001, Gus Van Sant s’inspire d’un fait-divers pour décrire, sur des partitions d’Arvo Pärt, une errance poétique à l’hypnotique beauté. Porté par Matt Damon et Casey Affleck (également co-scénaristes), voici une objet sensoriel rare et presque métaphysique. Perdus dans un labyrinthe physique et mental, les deux Gerry finissent par symboliser à eux seuls l’humanité tout entière, interrogeant notre rapport au monde et à l’autre. (Carlotta)
LA COUR DES MIRACLES
« Les enfants ont besoin de sentir la nature… » Mais du côté de Jacques Prévert, une école primaire en Seine-Saint-Denis, la tension monte à cause de l’ouverture d’un nouvel établissement scolaire bobo-écolo. Zahia (Rachida Brakni), la directrice de l’école, en quête de mixité sociale, s’associe à Marion, jeune instit (Anaïde Rozam) pleine d’idées, pour créer la première « école verte » de banlieue et attirer les nouveaux habitants. Las, l’équipe pédagogique n’est pas vraiment tournée vers la nature. Carine May et Hakim Zouhani donnent une comédie sociale et engagée pleine de verve et de drôlerie. Un film… éco-responsable ! (france.tv)
X
A la fin des années 70, une petite équipe de tournage arrive dans le fin fond du Texas. Ils ont loué une maison isolée à un couple de personnes âgées pour en faire le décor d’un film hard. A la tombée de la nuit, les propriétaires surprennent le producteur, le réalisateur (qui a des ambitions artistiques) et les acteurs en plein travail. Pour la vieille dame, ces chauds ébats réveillent de lancinants souvenirs. Le tournage va virer au cauchemar et tourner au massacre. Habitué du cinéma d’horreur, l’Américain Ti West rend hommage au « slasher » où le massacre, souvent commis par des psychopathes masqués, est un règle du jeu. Avec Mia Goth (vue dans Nymphomaniac, volume II) dans le rôle d’une jeune hardeuse, X fait des clins d’oeil jubilatoires au genre… (Kinovista)
AMOUR EPHEMERE, GENTLEMAN BANDIT ET GLACANT RACISME… 
CHRONIQUE D’UNE LIAISON PASSAGERE
« J’avoue j’en ai bavé pas vous – Mon amour – Avant d’avoir eu vent de vous – Mon amour… » Ecrite un jour d’été 1962, la fameuse Javanaise de Serge Gainsbourg, chanson offerte à Juliette Gréco, son tout nouvel amour, ouvre le nouveau film d’Emmanuel Mouret. Le temps d’une chanson, c’est presque le temps de cette histoire d’amour éphémère qui a saisi Charlotte et Simon. Elle est mère célibataire, lui est un homme marié. Ils deviennent amants en s’engageant à ne se voir que pour le plaisir et à connaître une relation sans engagement où ils n’éprouveraient aucun sentiment amoureux, sans projection dans le temps. Pour son 11e long-métrage, Emmanuel Mouret fait du Mouret pur jus. Bon choix de musiques, dialogues élégants, comédiens brillants (Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne), délicieux fantasmes et situations volontiers loufoques, le cinéaste de 52 ans filme l’être-ensemble contre le reste du monde. Tendre et sensuel, ce cinéma, entre ce qu’il dissimule et ce qu’il dévoile, semble toujours cultiver un côté « l’air de rien » qui joue avec l’attente du spectateur et active son imaginaire… C’est bien agréable de se laisser emporter. (Pyramide)
THE GREY FOX
En 1901, après trois décennies dans la prison de San Quentin, Bill Miner est rendu à la liberté. Ce spécialiste des braquages de diligences est résolu à se ranger des voitures. Revenu auprès de sa sœur, Miner, qui subit le dédain de son beau-frère, va cependant se laisser tenter par l’action et songer à attaquer un train… Surnommé « Le gentleman bandit », Bill Miner, qui a réellement existé, fut une vraie star au Canada. Sur une bonne musique des Irlandais de Chieftains, Philippe Borsos met en scène, dans de beaux paysages, un western atypique et largement teinté de mélancolie. L’excellent et trop rare Richard Farnsworth (on se souvient avec émotion de son ultime apparition chez David Lynch dans Une histoire vraie en 1999) campe, avec brio, ce bandit d’un autre temps, un Robin des Bois réputé pour ses bonnes manières. Les agents de la société Pinkerton qui le traquaient, affirmaient qu’il était l’auteur de la formule « Haut les mains ». Une vraie légende… (Carlotta)
R.M.N.
Dans un paysage de forêt enneigée, un gamin marche, son sac de classe sur le dos… Soudain l’enfant s’arrête, fixe avec une crainte certaine dans le regard, un hors-champ dont on saura rien. Sinon, qu’au lendemain de cette « rencontre », le jeune Rudi ne parlera plus… Revenu d’Allemagne après une bousculade dans l’abattoir industriel où il était employé, Matthias Auer tente de retrouver ses marques dans son village roumain entre son épouse lasse d’élever seule leur fils et Csilla, sa petite amie. Palme d’or à Cannes 2007 avec 4 mois, 3 semaines, 2 jours, le cinéaste roumain Cristian Mungiu livre un constat glaçant sur le racisme ordinaire dans une petite communauté enracinée dans ses traditions séculaires et rattrapée par les effets de la mondialisation. Car la direction de la boulangerie industrielle installée dans le village, en embauchant des ouvriers venus du Sri Lanka (« Que viennent faire ici ces types avec leurs maladies et leurs virus? ») va déclencher la tempête. Une superbe réflexion sur les dilemmes de la société actuelle : la solidarité face à l’individualisme, la tolérance face à l’égoïsme, le politiquement correct face à la sincérité… (Le Pacte)
LES SECRETS DE MON PERE
« Pourquoi vous avez tous un numéro tatoué sur le bras ? » Et pourquoi Auschwitz est un mot interdit dans la maison d’Henry Kichka ? En s’appuyant sur la bande dessinée de Michel Kichka, Véra Belmont, réalisatrice notamment de Milena et Survivre avec les loups, deux films avec le nazisme en toile de fond, signe son premier film d’animation. Elle évoque, avec pudeur et retenue, le passé d’Henri Kichka, ancien déporté, hanté pour toujours par la Shoah mais aussi, dans la Belgique de 1959, le présent de ses fils Michel et Charly, à qui leur père n’a jamais rien raconté de son calvaire et s’éloigne d’eux à force de vouloir les protéger. Si le sujet a souvent été abordé au cinéma, ce film émouvant est à voir comme un précieux témoignage sur la mémoire. (Le Pacte)
NARROW MARGIN
Témoin d’un meurtre commis par un gangster, Carol Hunnicut prend la fuite et se cache dans les Montagnes rocheuses… L’assistant du procureur Caulfield part à la recherche de ce témoin capital. Ensemble, ils vont prendre un train qui doit les ramener à Vancouver mais des tueurs à la solde du gangster sont également à bord. En 1990, Peter Hyams tourne le remake de L’énigme du Chicago Express mis en scène en 1952 par Richard Fleischer. Il réussit un suspense ferroviaire prenant et même haletant par moments, porté par un bon duo d’acteurs : Anne Archer et Gene Hackman. Ce polar en quasi huis-clos est présenté dans la bonne collection Make my Day dirigée par Jean-Baptiste Thoret. (Studiocanal)
MARIA REVE
Femme de ménage réservée, timide et maladroite, Maria, mariée depuis 25 ans, ne quitte jamais son carnet à fleurs dans lequel elle écrit des poèmes en secret. Lorsqu’elle est affectée à l’École des Beaux-Arts, elle rencontre Hubert, le gardien de l’école, et découvre un lieu fascinant où règnent la liberté, la créativité et l’audace… En s’appuyant sur Karin Viard et Gregory Gadebois, excellents tous deux en personnages un peu décalés, Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller réussissent une très charmante comédie romantique. Au contact du fantasque Hubert, Maria s’initie à l’art contemporain. Et cette femme discrète va doucement se laisser envahir par la vie… (Universal)
LES ENFANTS DES AUTRES
Lors d’un cours de guitare, Rachel, enseignante de la quarantaine, rencontre Ali, un père célibataire. Ils tombent amoureux et se pose bientôt pour l’une la question de savoir quand rencontrer l’enfant de l’autre. Avant de décider s’il est encore temps d’en faire un à soi. Connue pour Belle épine (2010) et Grand central (2013), Rebecca Zlotowski s’empare d »un questionnement à la fois intime et universel pour explorer, de manière souvent bouleversante, la manière dont Rachel (Virginie Efira) va se rapprocher de Leila, la fillette d’Ali (Roschdy Zem) tout en se demandant qu’elle sera sa place, non dans le couple, mais dans la famille en devenir… (Ad Vitam)
RODEO
Jeune marginale, Julia vit d’expédients et voue une passion presque animale pour la moto. Un jour d’été, elle rencontre une bande de motards adeptes du cross-bitume, cette mode consistant à rouler à pleine vitesse et effectuer des figures acrobatiques avec sa machine, la plupart du temps sans casque. La sortie du film a donné lieu à une polémique, pourtant Lola Quivoron ne glorifie en aucune manière les rodéos urbains, comme on a voulu le laisser entendre. En s’inscrivant dans une veine naturaliste et dans une mise en scène nerveuse, ce thriller urbain et pétaradant brosse le bon portrait d’une femme (Julie Ledru, impressionnante) qui s’impose dans un milieu exclusivement masculin… (Blaq Out)
SANS FILTRE
Au sortir de la Fashion Week, Carl et Yaya, mannequins et influenceurs, ont été invités à faire une croisière de rêve sur un yacht de luxe. Sur le superbe bateau (le fameux Christina O qui appartint au milliardaire grec Onassis), les riches vacanciers se régalent avec un personnel aux petits soins pour des clients pleins aux as. Les choses se gâtent avec un capitaine perturbé qui refuse de quitter sa cabine pour le traditionnel dîner de gala. De plus, une tempête en approche… Déjà palmé à Cannes avec The Square en 2017, le Suédois Ruben Ostlund a récidivé en 2022 avec une satire sur ceux qui sont gâtés par une richesse obscène et influencés (pourris?) par les privilèges dont ils bénéficient. Construit en trois parties, cette comédie grinçante (qui n’évite pas le spectacle de… vomissements) s’achève dans une sorte de délire à la Robinson Crusoe. Pour Ostlund, le cinéma se doit d’interpeller… (M6)
GORKY PARK
Trois corps défigurées, impossibles à identifier, ont été retrouvés dans le parc Gorki à Moscou (reconstitué en… Finlande). Responsable de la police locale, Arkady Renko (William Hurt) se retrouve avec un dossier compliqué sur les bras. D’autant que le KGB semble vouloir lui mettre des bâtons dans les roues, voire attenter à sa vie tout en menaçant la jolie Irina Asanova (Joanna Pacula), témoin des faits… Renko (William Hurt) découvre que des Américains sont mêlés à l’affaire à travers un trafic de zibelines. En 1983, Michael Apted signe un thriller dans le froid moscovite avec des personnages inquiétants à souhait comme Lee Marvin en homme d’affaires peu scrupuleux. Palpitant. (L’Atelier d’images)
UNE BELLE COURSE
Chauffeur de taxi à Paris, Charles Hoffman n’a pas vraiment le moral, plombé par des soucis financiers. Madeleine Keller a décidé, malgré elle, de quitter sa maison de Brie-sur-Marne. Elle commande un taxi pour la déposer dans une résidence de Courbevoie où elle finira ses jours. Christian Carion filme un voyage à travers Paris où une vieille dame croise un taxi bougon. Ensemble, ils vont musarder dans la capitale pour retarder le moment de la séparation tandis que Madeleine se souvient d’une existence pas toujours heureuse avec un mari violent mais aussi un grand béguin, sur fond de guerre, pour un GI prénommé Matt qui retourna aux USA en lui laissant un cadeau « genre trois kilos cinq ». Line Renaud et Dany Boon sont touchants à souhait dans une comédie dramatique tendre et agréablement enlevée… (Pathé)
KOATI
Jeune coati orphelin et solitaire, Nachi vit au cœur de la forêt tropical dans le pays de Xo. Alors qu’une catastrophe naturelle approche, Saina, un serpent déloyal, tente de tourner à son avantage la confusion qui règne dans le pays et de s’emparer du pouvoir. Mais le vieux sorcier Cocopa voit en Nachi un espoir pour rétablir l’équilibre. Le jeune coati part donc dans une quête dangereuse et mystérieuse, accompagné par Pako, une grenouille hyperactive, et par Xochi, un papillon monarque intrépide. Alerte et cocasse film d’animation mexicain, Koati aborde sans mièvrerie les thèmes de la solidarité, de la tolérance et de la communauté dans une parabole sur le réchauffement climatique. Avec un héros attachant et un bon vrai méchant, l’intrigue tient le rythme d’autant qu’elle se déroule dans une nature qui permet de magnifiques dessins hypercolorés… (Orange Studio)
LA DEGUSTATION
Caviste passablement misanthrope, Jacques voit bien que sa cave est au bord de la faillite. Pour avoir droit à des abattements fiscaux, il est contraint d’embaucher Steve, un jeune garçon en réinsertion. Parallèlement, il rencontre Hortense, une jeune femme « très catho » célibataire endurcie en quête d’amour. Quand cette dernière jette son dévolu sur lui, et cherche à faire une dégustation de vin, leur vie va basculer à tous les deux. Réalisateur notamment de L’étudiante et Monsieur Henri (2015) et Venise n’est pas en Italie (2019), Ivan Calbérac met en scène, d’après sa propre pièce de théâtre éponyme (couronnée aux Molières), une agréable comédie romantique sur l’amour et le partage. Même s’il joue sur des sentiments un peu tièdes, le cinéaste peut s’appuyer pleinement sur l’alchimie entre Isabelle Carré et Bernard Campan. (Studiocanal)
BLADE OF THE 47 RONIN
Yurei, sorcière maléfique, dont l’ancêtre a été tué par l’un des 47 Ronin il y a 300 ans, refait surface à Budapest. Elle veut exterminer les derniers samouraïs en réunissant les deux moitiés du puissant sabre Tengu. Une prophétie prédit que seul un descendant des 47 Ronin pourra empoigner la lame et vaincre le mal. Luna, une New-Yorkaise, est identifiée comme l’incarnation de la prophétie. Les samouraïs restants vont mettre en oeuvre toutes leurs compétences en arts martiaux pour former Luna. Dans cette suite de 47 Ronin (2013), Ron Yuan mélange les genres, associant arts martiaux, action, horreur et cyberpunk… (Universal)
JUMEAUX MAIS PAS TROP
Après un test ADN de la justice, Anthony — âgé de 33 ans — découvre qu’il a un frère jumeau. Nés sous X, les deux frères auraient été séparés à la naissance. Anthony découvre avec d’autant plus de surprise que son frère est blanc, alors que lui est noir. De plus, il s’agit de Grégoire Beaulieu, candidat star des élections législatives à venir. Pour approcher son frère, Anthony va se faire engager comme chauffeur, sans révéler tout de suite qui il est réellement. Olivier Ducray et Wilfried Méance signent une comédie de la gémellité autour de deux types diamétralement opposés tant sur le plan physique que… politique. Ahmed Sylla (L’ascension ou Inséparables) partage la tête d’affiche avec Bertrand Usclat, connu pour la série parodique Broute… (M6)
LE TUEUR, LE CLOCHARD, LA VICTIME ET LA SOCIÉTÉ DE LA RÉUSSITE 
LITTLE ODESSA
Tueur à gages, Joshua Shapira est envoyé, un jour, par son commanditaire à Brighton Beach, le quartier juif ukrainien de Brooklyn, surnommé Little Odessa, où il vécut son enfance. C’est là que, quelques années auparavant, il avait exécuté le fils de Boris Volkoff, le parrain de la mafia du quartier. Cette fois, la mission de Joshua, type déprimé mais néanmoins d’une terrible et froide brutalité, est d’éliminer un bijoutier iranien véreux. Shapira se rend à contrecoeur dans le quartier alors que Reuben, son jeune frère, heureux de son retour, souhaite à tout prix reprendre contact avec lui. D’abord réticent, Joshua, qui craint de mettre son frère en danger, accepte quand il découvre que leur mère est mourante. Reuben vit encore chez ses parents, entre sa mère, Irina, douce et attentionnée, et son père Arkady, despotique vendeur de journaux, très soucieux de l’éducation de ses enfants. Le père avait chassé Joshua en apprenant ses activités criminelles. Lorsque ce dernier se rend à l’appartement pour revoir sa mère, Arkady gifle Reuben pour avoir ramené Joshua à la maison et Joshua frappe violemment son père. De son côté, Volkoff commence à se douter de la présence de l’assassin de son fils à Brighton. En 1994, James Gray signe un premier long-métrage au réalisme pessimiste où il est question de deux familles. La sienne propre dont il s’inspire largement mais aussi la mafia juive russe de Little Odessa dominée par un caïd paternaliste. En s’appuyant sur une distribution dominée par Tim Roth (Joshua) entouré de Vanessa Redgrave, Edward Furlong et Maximilian Schell, James Gray réussit d’entrée une chronique très puissante qui sort dans une belle édition Blu-ray… (Metropolitan)
IRONWEED – LA FORCE DU DESTIN
En 1938, Francis Phelan revient à Albany. 22 ans plus tôt, il avait quitté sa famille après avoir causé accidentellement la mort de son plus jeune enfant. Depuis, il erre en compagnie d’autres clochards et alcooliques. Après avoir retrouvé son vieil ami Rudy (Tom Waits) qui n’en a plus pour longtemps, il part à la recherche d’Helen, une ancienne chanteuse, clocharde elle aussi, qui fut sa compagne et son soutien ces dernières années. Révélé en 1981 par Pixote, la loi du plus faible, le cinéaste argento-brésilien Hector Babenco (1946-2016) connaît la consécration avec Le baiser de la femme araignée (1985) qui vaudra l’Oscar du meilleur acteur à William Hurt en 1986. En adaptant L’herbe de fer, le roman de Wiliam J. Kennedy (prix Pulitzer 1984), le cinéaste fait une entrée remarquée à Hollywood avec un hommage aux laissés-pour-compte de l’Amérique présenté dans une belle édition Blu-ray. Dans cette représentation sans fard de la pauvreté sur fond de Grande dépression, Jack Nicholson et Meryl Streep, tous deux nominés aux Oscars, sont bouleversants… (Carlotta)
REVOIR PARIS
C’est une atmosphère de sinistre mémoire qu’évoque Alice Winocour… Avec cet attentat terroriste à Paris, on songe aux événements tragiques de janvier et de novembre 2015 avec l’attaque, notamment contre le Bataclan où se trouvait le frère de la cinéaste… « Pendant qu’il était caché, explique la cinéaste, je suis restée en lien sms avec lui une partie de la nuit. Eh oui , le film s’est construit à partir des souvenirs de cet événement traumatique, puis à partir du récit de mon frère dans les jours suivant l’attaque. J’ai expérimenté sur moi- même comment la mémoire déconstruisait, et bien souvent reconstruisait les évènements… » En s’appuyant sur ce vécu, Alice Winocour a construit un récit-puzzle sur une mémoire à reconstituer. Prise dans un attentat, Mia enquête dans sa mémoire pour retrouver le chemin d’un bonheur possible. Un chemin vers la résilience qui sera long et douloureux. Tout en muette souffrance, Virginie Efira est cette Mia qui cherche la main qui l’a sauvée en la maintenant dans le monde des vivants. (Pathé)
DON’T WORRY DARLING
Dans les années 50, aux confins du désert californien, Alice et Jack vivent dans un rutilant compound où la vie s’écoule, paisible, entre le travail des maris au Victory Project et les papotages des épouses. Mais Alice n’arrive pas à partager totalement l’optimisme béat de ce meilleur des mondes. Signant une aventure intime et paranoïaque, la réalisatrice Olivia Wilde imagine un thriller psychologique qui emprunte au film d’horreur comme au cinéma d’anticipation. Avec une belle imagerie fifties et d’excellents comédiens (Florence Pugh et Harry Styles), la cinéaste distille un récit attrayant mais grinçant sur une société idéale qui n’aurait que l’amour et la réussite sociale pour but ultime. Lorsque Frank , le gourou charmeur, mielleux mais bien inquiétant, entend « sauver le monde de lui-même », Alice sait qu’il ne lui reste plus qu’à prendre la porte du « paradis ». Mais y arrivera-t-elle ? (Warner)
HARLOW, LA BLONDE PLATINE
En 1928, à peine âgée de 17 ans, la jolie Jean Harlow (1911-1937) décide, pour échapper à la misère promise par l’incapacité de son beau-père (Raf Vallone) à les faire vivre, sa mère (Angela Landsbury) et elle, de devenir une star de l’écran. L’impresario Arthur Landau (Red Buttons) l’aidera à atteindre son objectif. Sa plastique irréprochable et sa chevelure absolument blonde lui permettront, malgré les embûches, de devenir le sex-symbol américain des années trente. En 1965, Gordon Douglas adapte le best-seller Jean Harlow, biographie intime et retrace l’ascension d’une étoile filante au succès fulgurant dans l’univers impitoyable d’Hollywood. Mimétique, Caroll Baker incarne cette star qui disait : « Les hommes m’aiment parce que je ne porte pas de soutien-gorge. Les femmes m’aiment parce que je n’ai pas l’air d’une fille qui leur volera leurs maris. Enfin, pas pour longtemps. » (Carlotta)
LE TIGRE ET LE PRESIDENT
« Il faut que tout change pour que rien ne change… » écrivait Tomasi di Lampedusa dans Le guépard. C’est peut-être ce qu’inconsciemment, se disait aussi Paul Deschanel. Le 11e président de la République française, ne fut chef de l’Etat que huit mois, du 18 février au 21 septembre 1920. Et il n’a pas laissé une trace mémorable dans l’Histoire de France, sinon pour une chute de train qui fit se gausser les gazettes. En prenant ses distances avec la reconstitution souvent académique des fictions historiques, (son modèle est l’Amadeus de Milos Forman) Jean-Marc Peyrefitte se penche sur l’oublié Deschanel (Jacques Gamblin lunaire et savoureux) aux prises (électorales) avec un illustre concurrent, Georges Clemenceau alias le Tigre (André Dussollier)… A l’assemblée, Deschanel lui lance : « Laissez-nous gagner la paix » et assène un rude « Vous êtes comme la guerre. Vous êtes fini… » Voici ainsi le portrait allègre d’un perdant magnifique en avance sur son temps. (Orange Studio)
LES VOLETS VERTS
Immense figure du théâtre et du cinéma français, Jules Mangin est au sommet de sa gloire dans les années 70. Il triomphe tous les soirs sur les planches mais cet homme éperdument amoureux sait que son coeur est malade et qu’il ne devrait pas boire… Avec un scénario de Jean-Loup Dabadie tiré de Simenon, Jean Becker donne une comédie dramatique pleine de verve, de charme et de mélancolie. Un écrin pour Gérard Depardieu, grandiose et tendre en frère en théâtre de Saturnin Fabre, Jules Berry, Pierre Brasseur, Raimu ou Sacha Guitry. Les volets verts est donc un film « à l’ancienne » (ce qui lui vaudra sans doute de se faire laminer par d’aucuns) qui ne cherche jamais à faire les pieds au mur et qui, évidemment, n’a pas l’ambition de bouleverser le 7e art. Jean Becker, le fils du grand Jacques (dont il fut, à quatre reprises l’assistant, la dernière fois pour Le trou en 1960) sait construire une scène, placer sa caméra, capter les bonnes vibrations, imaginer des temps forts, émouvants ou drôles, diriger des comédiens tous au diapason qui font parfois penser à ceux qui peuplent, en nombre, les films de Claude Sautet. Une poignante chronique d’un monstre sacré qui tire sa révérence. (ARP)
TOUT LE MONDE AIME JEANNE
Jeanne Mayer a tout pour être au top ! Les médias la désignent déjà femme de l’année lorsque son beau projet écologiste tombe tristement et lourdement à l’eau. Paumée et dépressive, elle part à Lisbonne pour tenter de vendre l’appartement de sa mère, récemment disparue. Dans l’avion, elle croise Jean (Vincent Lafitte), un ancien copain de lycée. Cinéaste et illustratrice (une petite créature raconte ce qui se passe vraiment dans la tête de Jeanne), Céline Devaux signe un premier long-métrage qui observe une jeune femme dont la vie est mise en désordre par un échec. « Je voulais aussi, dit la cinéaste, parler de l’inquiétude individuelle qui nous concerne tous (comment je me comporte, suis-je une bonne personne, comment me libérer de toutes les réflexions toxiques qui m’habitent) dans un monde d’inquiétude universelle (comment vivrons-nous dans vingt ans, quelle capacité d’action ai-je dans ce monde en déréliction). (…) Le pire c’est qu’on s’habitue presque à ça. En fait, si on analyse la situation, c’est quasiment la définition clinique de la dépression : se lever, savoir que tout est merdique et n’avoir aucune possibilité d’agir. » Blanche Gardin campe cette Jeanne qui a peur de tout dans un monde d’inquiétude universelle… (Diaphana)
A PROPOS DE JOAN
Sur une route, de nuit, sous la pluie, une femme au volant de sa voiture, se raconte et se souvient. Elle se nomme Joan Verra et reviennent le coup de foudre de sa jeunesse avec un pickpocket irlandais, sa situation ensuite de mère célibataire, son travail d’éditrice tandis que grandit Nathan, son fils unique et chéri (Swann Arlaud)… Si l’allure du film a d’abord l’air classique, Laurent Larivière embarque ensuite le spectateur dans de complexes arcanes romanesques et temporelles autour des strates de la mémoire et de la reconstitution des souvenirs. Avec charisme, Isabelle Huppert habite brillamment cette intrigante Joan… (france.tv Distribution)
DIABOLIK
Dans les sixties, Clerville, une ville (fictive) d’Europe, est terrorisée par un impitoyable et insaisissable voleur. On ne connaît ni son identité, ni son visage (toujours masqué), seulement son surnom Diabolik. Seule certitude : toute personne qui entre en contact avec lui meurt. Les frères Manetti adaptent la célèbre bande dessinée des sœurs Giussani et se concentrent sur la rencontre entre Diabolik et sa complice Eva Kant. Avec cette aventure d’une sorte de Batman qui aurait été un criminel, Marco et Antonio Manetti s’empare de l’univers des comics pour en tirer une approche « à l’italienne » bien vintage sur fond de faux diamant et de braquage… (Metropolitan)
SAUVEE PAR L’AMOUR
En 1850, la Californie vit les heures chaudes de la ruée vers l’or. Vendue à la prostitution lorsqu’elle n’était encore qu’une enfant, Angel ne connaît que la trahison. Après des années de violence, de dégoût de soi-même et de mépris, elle rencontre Michael Hosea. Pour la première fois, la jeune femme entrevoit un chemin de rédemption. Mais ses vieux démons ne tardent pas à ressurgir… Connu pour Paranoiak (2007), D.J. Caruso adapte un best-seller de Francine Rivers et met en scène, dans une reconstitution de qualité, une exaltante romance historique qui aborde un sujet toujours d’actualité : les violences faites aux femmes… (SAJE Distribution)