LA (TRÈS) BELLE DE NAPLES ET UNE DÉAMBULATION POLONAISE

ParthenopePARTHENOPE
En cette année 1950, une fillette vient au monde. Sa mère accouche dans la mer. On la nommera Parthénope, comme la sirène qui, dit la mythologie grecque, donna, au 8e siècle avant J.-C., son nom à Naples. En 1968, le bébé est devenu une jeune femme qui fait tourner la tête, dans les rues de Naples, à tous les beaux vitelloni. « Parthè » est superbe quand, le dos à la mer, elle apparaît nue sur une immense terrasse, enveloppée dans un immense drap blanc… On va retrouver la jeune femme devant un jury d’université où elle passe un examen pour ses études d’anthropologie. C’est là qu’elle croise le professeur Marotta, un universitaire qui comptera beaucoup de sa vie. Ainsi « Parthè » va de rencontres en rencontres, avec de jeunes hommes frisés, de riches séducteurs mais aussi John Cheever, un écrivain américain (Gary Oldman) à la dérive qui se désole que « les jeunes optent toujours effrontément pour le désespoir » et observe, devant la beauté de la jeune femme, qu’elle peut tout obtenir sans rien demander… A quoi, Parthénope répondra que le désir est un mystère et le sexe, son enterrement. Dixième long-métrage de Paolo Sorrentino, Parthénope est une célébration. De Naples et de la beauté à travers une existence qui s’étend des années 1950 à nos jours. L’auteur de La grande bellezza (2013) ou Youth (2015) s’embarque dans les amours indicibles ou sans lendemain qui condamnent à la douleur mais qui n’empêchent pas de recommencer, dans les pas, dans l’été languide de Capri, de riches oisifs confrontés à un horizon sans issue et évidemment dans la vie des Napolitains à travers leurs dérives mélancoliques ou leurs ironies tragiques. Pour Sorrentino, il s’agit de mettre en scène, en s’appuyant sur la beauté latine de Celeste Dalla Porta, ce qu’en 73 ans de vie, une femme n’a pu oublier. Un premier amour candide, d’autres amours ratés ou à peine esquissés et, forcément, la vitalité exaspérante de Naples que « Parthè » sillonne et où l’incroyable peut surgir au coin de la rue… Cette déambulation prend parfois des accents sous-felliniens mais s’invite aussi dans quelques flamboyances mâtinées de fantastique avec un cardinal mystérieux et débauché qui se désole de ne pas voir se liquéfier le sang du Christ lors du miracle San Gennaro mais se réjouit du dos parfait de la belle Napolitaine ! Les moments les plus touchants sont assurément ceux qui réunissent la jeune diplômée en anthropologie et son patron universitaire (Silvio Orlando), un homme trimballant un lourd secret. Entre eux, s’établit une relation père-fille qui va les bouleverser. Et c’est beau ! A Naples, dit un personnage, l’insignifiant et le décisif se confondent. C’est aussi le sentiment que procure le dernier film de Sorrentino. On est pris et on décroche, on est repris et on lâche à nouveau. Ni tout à fait séduit, ni tout à fait hostile! Il ne reste alors à Richard Cocciante qu’à chanter Era Gia Tutto Previsto et la douleur de la fin d’un amour. (Pathé)
A Real PainA REAL PAIN
« Si la guerre n’avait pas eu lieu, c’est ici que je vivrais. À quoi ressemblerait ma vie ? Qui serais-je ? » C’est la question que le comédien américain Jesse Eisenberg se pose lors d’un voyage en Pologne qui l’a conduit à la maison de sa tante Doris dans le petit village où elle avait vécu avant que toute la famille ne soit déplacée lors de l’Holocauste. De cette expérience, Eisenberg avait tiré une pièce à succès mais il voulait aussi tirer un film de ce périple polonais. Il lui fallu une quinzaine d’années pour trouver le bon récit. En l’occurrence l’aventure des cousins (bien dissemblables) David et Benji Kaplan. Les voilà, quittant les Etats-Unis pour un voyage de mémoire en Pologne, là où vécut Dory, leur grand-mère bien-aimée. Dans ce pays dont ils ne saisissent pas tous les codes, les deux Américains vont tenter, malgré de vieilles tensions, d’honorer l’histoire de leur famille… Avant de retourner à l’adresse où vécut Dory, l’improbable duo rejoint un voyage organisé qui va les conduire, dans la proche banlieue de Lublin et pratiquement à portée de vue des immeubles de la ville, au camp de concentration et d’extermination de Majdanek. Le réalisateur avait aussi lu une publicité « fortuite et déprimante » (sic) qui proposait des « visites de l’Holocauste (avec déjeuner) » et y a trouvé un cadre phénoménal pour son film. Le plus compliqué a été de tourner, on l’imagine, dans les lieux de Majdanek. Les producteurs ont suggéré de reconstruire les décors mais, finalement, le cinéaste a réussi à contacter le personnel de Majdanek, aujourd’hui site historique : « Ils ont réalisé que c’était quelque chose que nous n’avions jamais vu auparavant. Le film se déroule à Majdanek, ce qu’aucun film sur l’Holocauste ne fait parce que personne ne le sait. Mais le mien s’y déroule parce que c’est de là que vient ma famille. Et ils ont dit, oh, c’est contemporain, et ça montre Majdanek tel qu’il est aujourd’hui ». Si cette visite constitue l’un des temps forts du film, la déambulation de ce groupe de Juifs américains, y compris Euloge, un rescapé du génocide rwandais converti au judaïsme, distille un charme doux-amer et mélancolique mâtiné d’humour. Car le décontracté mais exaspérant Benji et son cousin David ne cessent de se prendre la tête, les deux vivant, au demeurant, une même dépression mais sans parvenir à la gérer au mieux. Le chemin vers la maison de Dory leur en donnera l’occasion. Derrière la caméra pour son second long-métrage, Jesse Eisenberg incarne aussi le torturé David. A ses côtés, le charmeur Benji permet à Kieran Culkin un beau numéro d’acteur qui lui a valu le Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle et l’Oscar du meilleur comédien dans un second rôle. Sur une b.o. entièrement composée de pièces de Chopin, notamment les deux premiers Nocturnes, voici un bien bon film ! (Searchlight)
Les FuriesLES FURIES
Au Nouveau-Mexique, au 19e siècle, Temple Jeffords est un riche propriétaire terrien régnant sur l’immense domaine nommé « Les Furies ». Sa fille Vance est destinée à hériter de la propriété. Un jour, son père revient d’un voyage à San Francisco accompagné de Flo Burnett, sa première idylle sérieuse depuis son long veuvage. Temple la demande en mariage, et Flo s’installe dans la demeure. La future Mme Jeffords intrigue pour gérer le domaine à sa guise. Elle annonce à Vance qu’elle ne gérera plus l’entreprise familiale auprès de son père. Cette dernière s’inquiète pour son héritage et refuse d’être évincée. Au cours d’une dispute, Vance va défigurer Flo en lui lançant une paire de ciseaux. Temple chasse sa fille du domaine, puis fait pendre Juan Herrera, l’ami d’enfance de Vance (en qualifiant de vol, la possession d’un cheval du domaine, en fait pris par tradition). La fille chassée jure de se venger, et intrigue pour déposséder son père fortement endetté. Elle reçoit l’aide de Rip Darrow, un directeur de banque dont elle tombe amoureuse, et qui n’est autre qu’un membre de la famille voisine et ennemie des Jeffords. Considéré comme l’un des maîtres du western classique avec Ford, Hawks, Walsh ou Hathaway, Anthony Mann tourne en 1950 The Furies et met en scène des personnages ambigus et complexes, en quête de rachat et de reconnaissance d’eux-mêmes. Moins connu qu’un western comme Winchester 73 que Mann tourne également en 1950, que L’appât (1953) ou encore le remarquable film de guerre qu’est Cote 465 (1957), Les Furies mêle les genres avec le western, le drame familial et même des éléments de film noir. Reposant sur d’indéniables qualités esthétiques et thématiques et une mise en scène racée, le film joue brillamment sur la rigueur des scènes de violence et aussi sur l’exacerbation des sentiments, en particulier chez les personnages féminins. Si Anthony Mann a pu évoquer Dostoïevski et L’Idiot parmi ses références, Les Furies renvoie notablement à la tragédie grecque avec une atmosphère évoquant une tragédie familiale où la vengeance et les conflits de pouvoir prennent une dimension presque shakespearienne. Il faut dire que, dans le rôle de Temple Jeffords, Walter Huston, dans son ultime rôle sur le grand écran, propose une performance habitée et presque excessive. Judith Anderson, qui fut Mme Danvers, la morbide gouvernante du Rebecca (1940) d’Hitchcock, incarne une Flo Burnett très intéressée par la fortune de son mari mais c’est la grande Barbara Stanwick qui excelle dans le personnage de Vance Jeffords, la fille dépossédée qui décide de ne pas se laisser faire… Un film méconnu et une réussite. (Sidonis Calysta)
ZodiacZODIAC
Le 4 juillet 1969, dans une allée des amoureux à Vallejo en Californie, un mystérieux inconnu attaque Darlene Ferrin et Mike Mageau avec une arme de poing. Seul Mike survit. Un mois plus tard, le San Francisco Chronicle reçoit des lettres cryptées écrites par le tueur se faisant appeler « Zodiac », qui menace de tuer une douzaine de personnes si son message codé contenant son identité n’est pas publié. Le caricaturiste politique Robert Graysmith, qui devine à juste titre que son identité ne figure pas dans le message, n’est pas pris au sérieux par Paul Avery, le spécialiste des faits divers ni par les éditeurs et est exclu des premiers détails sur les meurtres. Lorsque le journal publie les lettres, un couple marié en déchiffre une. En septembre, le tueur poignarde un étudiant en droit et une jeune femme au bord d’un lac dans le comté de Napa. Au journal, Avery se moque de Graysmith avant de discuter des lettres codées mais les deux reporters commencent à partager des informations. L’une des idées de Graysmith à propos des lettres est que la référence de Zodiac comme « l’animal le plus dangereux de tous » est une référence au film Les chasses du comte Zaroff, qui met en scène un prédateur qui chasse des proies humaines vivantes. Tandis que la police enquête, d’autres meurtres surviennent et Zodiac poursuit ses envois de lettres. Des suspects sont arrêtés. En vain. Avery reçoit une lettre menaçant sa vie. Devenant paranoïaque, il se tourne vers la drogue et l’alcool. Des années plus tard, Zodiac, le livre écrit par Graysmith, est devenu un best-seller. Mike Mageau va identifier Zodiac à partir d’une photo de la police. Mais celui-ci est décédé avant que la police ne puisse l’interroger. En 1995, David Fincher rencontre un gros succès avec Seven qui raconte la traque d’un serial-killer par deux policiers. Une petite dizaine d’années plus tard, il va s’inspirer des livres de Robert Graysmith, à l’époque dessinateur de presse au San Francisco Chronicle, pour retracer l’enquête sur le tueur du Zodiaque, mystérieux tueur en série qui frappa dans la région de la baie de San Francisco dans les années 1960 et 1970. Le cinéaste américain réussit un brillant film d’investigation, à la fois fascinant et méticuleux. Dans un récit fragmenté, détaillé et très sobre, Zodiac présente, loin de tout effet sensationnel, une enquête dense et réaliste qui rend parfaitement la complexité d’un dossier qui s’étale sur plusieurs décennies. Enfin Jake Gyllenhaal dans le rôle de Graysmith et Robert Downey Jr. dans celui de Paul Avery, sont impeccables. Un remarquable thriller qui distille comme un vertige face à une quête impuissante d’un serial-killer. (Warner)
The InsiderTHE INSIDER
Plus british que ça, tu meurs ! George Woodhouse est une vraie pointure et, en plus, il travaille pour les services secrets britanniques. Lorsqu’il apprend que Kathryn, son épouse, également membre du service, pourrait être impliquée dans une trahison envers la nation, son sang ne fait qu’un tour. Dans un club, son ami Mitcham lui donne une liste de cinq traîtres potentiels. Le nom de Kathryn est bien sur la liste. A la manière d’un « action ou vérité », Woodhouse décide d’organiser un dîner dans sa superbe maison londonienne et réunit un certain nombre de collègues, tous potentiellement suspects. Il cuisine indien et, pour mieux faire se délier les langues, met une substance, la DMZ 5, dans le chana masala… Fort des renseignements réunis ce soir-là, George Woodhouse se met en chasse. Il n’a qu’une semaine pour aboutir. Lorsque Kathryn lui annonce qu’elle doit effectuer un saut rapide à Zurich, George recourt aux grands moyens. Il est prêt à faire détourner (même brièvement) un satellite de surveillance pour tout savoir, y compris par lecture labiale, sur la rencontre de sa femme et d’un certain Kulikov… Le dilemme pour Woodhouse devient déchirant : protéger son mariage ou défendre son pays. Pour qui apprécie le cinéma d’espionnage, The Insider est un petit bijou. On se régale, ainsi, de l’univers feutré des espions tout en appréciant les multiples arcanes déployées par l’élégant mais pugnace Woodhouse. Steven Soderbergh, pour son premier film d’espionnage, s’est passionné pour le scénario concocté par David Koepp, ce dernier s’y entendant pour mêler passion amoureuse, duplicité et trahison. On s’attache au couple George-Kathryn qui tient la route depuis des années et s’est juré fidélité et protection mutuelle, une gageure étant donné leur profession. Alors qu’importe si on ne sait pas trop de quoi il relève avec ce malware dénommé Severus, capable de désorganiser profondément une centrale nucléaire. Dans cet Insider, il ne faut pas chercher de l’action mais plutôt un plaisant jeu du chat et de la souris, façon John Le Carré. Le film peut enfin s’appuyer sur une belle affiche avec l’efficace duo Michael Fassbender (George) et Cate Blanchett (Kathryn) sans oublier quelques apparitions de Pierce Brosnan qui sait de quoi il est question quand on parle d’espion britannique ! (Universal)
Filles NilFILLES DU NIL
A El Barsha, un village du sud de l’Égypte, un groupe de jeunes filles coptes se rebelle en formant une troupe de théâtre de rue. Elles rêvent de devenir comédiennes, danseuses et chanteuses et surtout d’acquérir une liberté bien trop rare. « J’ai rêvé, dit l’une, que j’étais dans un espace confiné, sans porte. Je ne pouvais pas respirer ou penser. Je ne savais pas comment j’allais sortir… » La sortie, c’est justement ce théâtre qui leur permet d’exprimer leurs opinions. Réalisé par Nada Riyadh et Ayman El Amir, ce documentaire est un beau voyage en compagnie de jeunes filles qui expriment, sur scène et dans la rue, leur désir de liberté et d’émancipation face à un patriarcat conservateur. Tourné sur une période de quatre ans, le film met en lumière leurs combats, leurs doutes, leurs rêves et leur résistance face aux normes sociales et religieuses restrictives. Il aborde des thèmes tels que le mariage précoce, les droits des femmes, la liberté d’expression et la lutte contre le patriarcat. À travers leurs performances artistiques, ces jeunes filles revendiquent leur droit à la liberté et à l’autonomie, tout en révélant la complexité de leur société. Pour les auteurs, Les filles du Nil est une œuvre émouvante, engagée et universelle, qui montre que le combat pour l’émancipation des femmes peut se dérouler partout dans le monde. Mieux encore, ils évitent la caricature de l’homme tout-puissant et qui contrôle tout. Ainsi le père d’Haidy lui dit de ne pas quitter la troupe, de refuser la résignation et de ne pas s’enfermer dans un mariage avec une vie au foyer. Ces propos révèlent sans doute une évolution de la mentalité de certains hommes… Empreint d’humanisme et de combat, un film qui témoigne de la puissance de la jeunesse et de l’art face aux oppressions sociales et culturelles. (Blaq Out)
Alto KnightsTHE ALTO KNIGHTS
Dans les années 1950, Vito Genovese et Frank Costello, qui avaient entamé leur carrière sous les ordres de Lucky Luciano en pleine prohibition, sont devenus les deux grands chefs de la mafia italo-américaine de New York. Leur rivalité atteint son paroxysme en mai 1957 quand le premier ordonne d’assassiner le second. Mais Vincent Gigante, le tueur, ne parvient qu’à blesser Costello. Ce dernier va alors préférer se retirer de ses activités. Vito Genovese prend alors le contrôle de la famille Luciano qui deviendra la famille Genovese. Dans le cinéma hollywoodien, la mafia est un sujet qui a toujours fait recette. De Scarface (1932) aux Infiltrés (2006) en passant par la saga du Parrain (1972-1975) ou encore Les affranchis (1990), Les incorruptibles (1987) et Casino (1996), il y a évidemment de quoi détailler tous les vices de Cosa Nostra. A travers un certain nombre de ces films, on voit aussi passer la figure de Robert de Niro, véritable légende d’Hollywood. Et lorsque Barry Levinson (Good Morning Vietnam, Rain Man, Des hommes d’influence) confie au comédien, le soin d’incarner les deux personnages de Genovese et Costello, on ne peut s’empêcher de voir planer, ici, l’ombre des Affranchis… Cela dit, The Alto Knights, basé sur la fameuse et véritable rivalité de deux chefs mafieux emblématiques qui, autrefois amis, se retrouvent en conflit pour le contrôle de la ville, est tout simplement un bon film de mafia et un excellent moment de cinéma qui, après s’être ouvert sur la tentative de meurtre de Costello, détaille, en flash-back, l’ascension criminelle des deux patrons du syndicat du crime jusqu’au procès rocambolesque qui précipita la chute des mafieux. A l’évidence, la performance de Robert De Niro fait beaucoup pour l’attrait du film. A l’inverse de The Irishman (sur Netflix), le visage de De Niro n’est pas « rajeuni » par ordinateur. Mieux, grâce à un maquillage efficace, le comédien parvient à différencier ses deux personnages pour offrir des interprétations solides, surtout dans le rôle de Costello. Le scénario manque parfois de limpidité et la mise en scène est bien classique mais le film se regarde tout à fait agréablement. (Warner)
Mickey 17MICKEY 17
Mickey Barnes et son ami Timo se retrouvent en difficulté financière après l’échec de leur entreprise de macarons et fuient un usurier. Incapables de rembourser leur dette, ils s’engagent comme membres d’équipage sur un vaisseau spatial en partance vers la planète Niflheim pour la coloniser. Timo devient pilote, tandis que Mickey est recruté comme « Remplaçable », un poste où il est considéré comme jetable et envoyé dans des missions périlleuses ou utilisé comme cobaye pour des expérimentations mortelles : quand il meurt, il est « réimprimé » grâce à une technologie de clonage interdite sur Terre. Pendant le voyage de quatre ans, Mickey entame une relation avec Nasha Barridge, une agente de sécurité… Après leur arrivée sur la planète glacée Niflheim, la colonisation est entravée par des créatures locales surnommées « rampants ». Après une chute dans une crevasse sur la planète, Mickey 17 est donné pour perdu. Lorsqu’il réussit à rejoindre ses quartiers, il découvre avec effroi son remplaçant, Mickey 18. L’existence de multiples clones étant interdite, le dirigeant de la colonie applique la règle selon laquelle tous les clones doivent être éliminés en cas de duplication. Mickey 18 tente d’éliminer Mickey 17, mais ce dernier propose un accord pour qu’ils survivent tous les deux en alternant les tâches, les repas et les morts… Récompensé de la Palme d’or cannoise 2019 pour Parasite, Bong Joon-ho est assurément l’un des cinéastes coréens les plus inventifs. Il se situe, ici, aux limites de l’action et de la science-fiction en adaptant le roman éponyme d’Edward Ashton paru en 2022. Mais le film est aussi une réflexion politique et sociale dans une satire qui mêle humour noir et réflexion sur l’humanité. Dans une narration riche en métaphores sociales, Mickey 17 installe un univers futuriste crédible et visuellement réussi, avec des effets spéciaux et un design des créatures et du vaisseau particulièrement soignés. Quant à Robert Pattinson, il est un Mickey Barnes sensible et naïf, à la fois résilient et résigné. Une critique acerbe de la société moderne à travers une aventure spatiale. (Warner)
VermiglioVERMIGLIO OU LA MARIÉE DES MONTAGNES
Trois sœurs, Lucia, Ada et Flavia, vivent dans le village de montagne italien de Vermiglio avec leur père, instituteur au village, leur mère, régulièrement enceinte, et leurs quatre frères. Les sœurs partagent le même lit et échangent certains de leurs secrets. C’est la dernière année de la Seconde Guerre mondiale et le conflit est omniprésent dans les esprits. Pietro, un soldat déserteur blessé est ramené dans le village par un cousin dont il a sauvé la vie. Lucia, la sœur aînée, tombe amoureuse de lui. Ils ont une relation, Lucia se retrouve enceinte et ils se marient. À la fin de la guerre, Pietro décide, à contre-cœur, de rentrer momentanément dans sa région d’origine, la Sicile, pour revoir ses parents. Il promet d’écrire à Lucia, mais aucune lettre n’arrive. Avant d’accoucher, Lucia apprend par la presse que Pietro était déjà marié en Sicile et que sa première épouse l’a tué en apprenant son double mariage… Venue du documentaire où elle explorait la limite entre la réalité et la fiction, la cinéaste italienne Maura Delpero donne, ici, son second long-métrage de fiction après Maternal (2019) qui racontait la rencontre entre deux mères adolescentes et une jeune nonne italienne dans un foyer pour adolescentes à Buenos Aires. Avec Vermiglio, la réalisatrice se penche à nouveau sur la condition féminine mais en abordant également la morale religieuse, le régionalisme, et la gestion du désir. La famille, la religion, et les secrets sont au cœur d’un récit poétique et contemplatif qui explore aussi la vie quotidienne dans un village isolé des Alpes italiennes. Cette chronique familiale assez taiseuse privilégie, dans sa mise en scène, le silence, la simplicité et un rythme lent, installant ainsi une atmosphère introspective. La musique, notamment celle de Vivaldi et de Chopin, est utilisée avec parcimonie, renforçant cette ambiance de calme et de mélancolie. En compétition à la Mostra de Venise 2024, Le film y a remporté le Grand prix du jury. (Blaq Out)
La CacheLA CACHE
En mai 1968, Christophe, un garçon de six ans, vit chez ses grands-parents, entouré de ses oncles et de son arrière-grand-mère dans un vaste appartement familial de la rue de Grenelle à Paris. Tandis que, dehors, les événements agitent la capitale, l’appartement apparaît comme un havre de paix même si une mystérieuse cache va révéler peu à peu des secrets de famille. Remarqué en 2015 avec La vanité, une comédie sur le… suicide assisté, le cinéaste suisse Lionel Baier adapte, ici, le roman éponyme de Christophe Boltanski qui a remporté le Prix Femina en 2015. Il donne une comédie douce-amère en forme de huis-clos (on ne voit jamais les effets de Mai 68) sur le quotidien d’une famille bohème filmé avec tendresse dans une mise en scène vive et colorée. Evoquant avec fantaisie la fin des années soixante, le film prend aussi une dimension nostalgique et plus grave avec cette cache qui ramène au traumatisme de la Seconde Guerre mondiale. A travers les personnages de Mère-Grand et de Père-Grand mais aussi leurs enfants, assez âgés pour quitter le cocon familial mais qui préfèrent y rester, le cinéaste s’attache à une étonnante et fantasque famille d’intellectuels juifs liés par l’amour et l’engagement. Le film doit beaucoup à sa distribution avec Dominique Reymond (Mère-Grand), William Lebghil (Grand Oncle) ou encore Liliane Rovère en Arrière-Pays, une belle-mère rêvant de sa terre natale. Mais évidemment, c’est Michel Blanc qui attire l’attention puisque La cache est son dernier film. Son Père-Grand, médecin drôle et sensible, est très touchant comme dans cette scène où il sifflote du Brahms à côté de son petit-fils ou dans cette image où il marche au loin. Une réflexion discrète et humaniste sur la famille, l’Histoire et l’identité. (Blaq Out)
DamnésLES DAMNES
En plein hiver 1862, alors que la guerre de Sécession fait rage, l’Armée de l’Union décide d’envoyer une compagnie de volontaires patrouiller dans les régions encore inexplorées du Montana. Lorsque leur mission initiale change, les soldats nordistes, parmi lesquels se trouvent des adultes parfois âgés mais aussi beaucoup de jeunes et d’adolescents, remettent en question le sens de leurs actions. Pour sa première fiction, le cinéaste italien Roberto Minervini, connu pour son travail de documentariste (notamment The Other Side en 2015 sur les toxicomanes et les milices antigouvernementales en Louisiane et au Texas) signe une œuvre singulière à la fois introspective et minimaliste. Le réalisateur refuse en effet l’imagerie spectaculaire et patriotique traditionnelle du film de guerre. Il privilégie l’attente, l’ennui, et le doute, en filmant une petite troupe de volontaires explorant des territoires encore inconnus dans l’Ouest américain, loin des batailles classiques. La guerre y est montrée comme une absurdité, sans héros ni gloire, à travers des moments de vie quotidienne, de surveillance, et d’attente. Ce faisant, le film questionne la représentation traditionnelle de la guerre, notamment en évitant de montrer explicitement l’ennemi ou les combats. La non-identification de l’adversaire, ainsi que la mise en avant de l’incertitude et de l’absence de héros, constituent une position politique forte, dénonçant la justification patriotique et propagandiste. Avec son directeur de la photographie Carlos Alfonso Corral, Minervini, en utilisant des focales fixes, des lumières naturelles ou des zones de netteté réduites, contribue à créer une atmosphère à la fois organique, poétique et austère pour montrer des visages fatigués ou des uniformes terreux et rendre ainsi palpable la solitude des soldats. Film de guerre atypique et récompensé du prix de la meilleure réalisation dans la section Un certain regard à Cannes 2024, Les damnés (à ne pas confondre avec le film de Visconti) privilégie la contemplation et la réflexion sur l’engagement et la condition humaine face à la violence et à l’absurdité de la guerre. (Blaq Out)
Terreur IbériqueTERREUR IBERIQUE
Parmi ses coffrets, Carlotta aime volontiers débusquer des pépites, y compris dans le domaine de l’horreur et plus spécialement, ici, dans le cinéma d’horreur espagnol des années 70. Et cela avec deux films culte disponibles pour la première fois en Blu-ray et dans une nouvelle restauration 2K et 4K. On peut donc se plonger dans deux œuvres majeures de ce cinéma hispanique avec Une bougie pour le diable (1973) d’Eugenio Martín et Poupée de sang (1977) de Carlos Puerto. Dans Une bougie…, Marta et Veronica, deux sœurs célibataires, tiennent une pension dans un petit village espagnol où afflue depuis peu une horde de touristes étrangers. Scandalisée par le comportement prétendument indécent d’une cliente anglaise, Marta la tue de sang-froid et se convainc d’avoir rempli là le premier acte d’une mission divine… Avec Poupée…, on suit Andrés et Ana, un jeune couple de citadins vivant à Madrid, qui quittent leur appartement pour passer une journée de plaisir en ville avec leur chien. En pleine rue, ils se font accoster par un homme, accompagné de sa femme, qui prétend être un ancien camarade de classe. Ils finissent par accepter l’invitation des deux inconnus, Bruno et Berta, à aller manger dans leur maison de campagne. Un orage les surprend et ils doivent passer la nuit ensemble. Les deux couples entament une séance de Ouija, un outil de communication avec les esprits. Des situations conflictuelles du passé surgissent, comme la liaison d’Ana avec le frère d’Andrés et la tentative de suicide de Bruno, critiquée par Berta. Ce sera le début des horreurs qui suivront dans la maison hantée. Si Une bougie pour le diable fait état d’une forte imprégnation du giallo italien, Poupée de sang flirte avec le courant horrifique et satanique anglo-saxon (à la manière du classique Rosemary’s Baby ou Satan, mon amour). Atmosphère macabre, désirs refoulés ou expériences transgressives font de ces deux films une radiographie surprenante de l’Espagne des années 1970, marquée par les dernières heures du franquisme et l’arrivée de la libération des mœurs. Dans ce coffret 2 Blu-ray (étui rigide + digipack) on trouve de bons suppléments comme Le gothique espagnol (21 mn), un entretien exclusif avec Ángel Sala, directeur du Festival international du film fantastique de Catalogne à Sitges, qui revient sur la carrière du cinéaste touche-à-tout Eugenio Martín et sur son grand film d’horreur au féminin. Dans Un duo diabolique (25 mn), le réalisateur Eugenio Martín se souvient du tournage en Andalousie, des problèmes de censure rencontrés sous l’Espagne franquiste ainsi que du terrible duo formé par les sœurs. Enfin L’Espagne satanique (22 mn) montre, selon Ángel Sala, que Poupée de sang s’inscrit pleinement dans la nouvelle mouvance du cinéma horrifique hispanique, davantage tourné vers l’érotisme et porté sur des thématiques surnaturelles. (Carlotta)
Reine MereREINE MERE
Femme au foyer, Amel gère d’une main de maître sa petite famille récemment immigrée en France : son mari Amor et ses deux filles, scolarisées dans une école privée catholique. Mais cette petite famille se retrouve dans l’obligation de quitter son appartement dans Paris pour la banlieue, le propriétaire de l’appartement qu’elle loue voulant récupérer son bien. En plus, leur fille aînée Mouna croit croiser Charles Martel dans un couloir après un cours d’histoire et fait de ce fantôme son ami imaginaire… On avait découvert la cinéaste franco-tunisienne Manele Labidi en 2019 avec le savoureux Un divan à Tunis dans lequel Golshifteh Farahani incarnait une jeune psychanalyste de retour dans son pays d’origine et tentant d’ouvrir son cabinet dans la banlieue de Tunis. Reine mère est son second long métrage dans lequel elle met en scène, entre comédie sociale et fantaisie fantastique, ses souvenirs d’une famille immigrée pour aborder des thèmes profonds tels que l’identité, l’exil, l’intégration et le racisme ordinaire. Voici donc l’histoire d’une famille maghrébine dans la France des années 80-90, confrontée au déclassement social et à la menace d’expulsion. Amel incarne la fierté et la résistance face au déclassement. Quant à la présence imaginaire de Charles Martel (Damien Bonnard, vu naguère dans Un silence et La pampa), elle est le symbole du trauma intergénérationnel et de la lutte identitaire, qui permet une réflexion sur l’histoire coloniale et ses répercussions. En travaillant une mise en scène qui joue sur une photographie hyper-saturée et des scènes en noir et blanc, la réalisatrice apporte une dimension poétique et lyrique à son récit. Une chronique familiale sensible, poétique et engagée. (Diaphana)
Heritier ViolenceL’HERITIER DE LA VIOLENCE
Brandon mène une vie paisible entre ses deux emplois et sa fiancée May. Un jour, il est pris au piège par Michael, un ami dealer qui le fait accuser du meurtre d’un policier corrompu. Brandon est condamné et passe huit années en prison. À sa sortie, il découvre que sa femme et son fils ont été kidnappés, ce qui le pousse à entamer une longue quête pour les retrouver et se venger de ceux qui lui ont causé tant de souffrance. En 1986, le réalisateur hongkongais Ronny Yu signe un film d’action qui donne le rôle principal à Brandon Lee, le fils du légendaire acteur et maître d’arts martiaux Bruce Lee. Brandon est né en 1965 à Oakland en Californie et Legacy of Rage est le seul film de l’acteur tourné à Hong Kong et qui marque d’ailleurs ses débuts dans le cinéma asiatique. On sait que la carrière de Brandon Lee a été courte avec seulement six films à son actif. En effet, en mars 1993, sur le tournage de The Crow d’Alex Proyas, le comédien meurt de ses blessures. Lors d’une scène, un acteur doit tirer sur lui avec un revolver chargé de cartouches à blanc. La détonation retentit et Brandon Lee s’écroule sur le plancher, comme aux répétitions précédentes. Le réalisateur crie « Coupez », mais Brandon reste à terre. Au départ, personne ne réagit sur le plateau, Brandon Lee étant connu pour son goût des plaisanteries. La réaction du personnel et des acteurs ne sera que tardive. Les secours sont finalement alertés et le transportent d’urgence à l’hôpital. Un projectile, en l’occurrence une cartouche factice avec une vraie balle mais sans poudre, est entré dans l’abdomen, a perforé l’estomac et d’autres organes vitaux, avant de finir sa course près de la colonne vertébrale. Brandon Lee avait 28 ans. L’héritier de la violence est un bon « revenge movie » dans lequel Brandon Lee, en type injustement accusé et décidé à se venger, montre une vraie justesse de jeu. La dernière demi-heure du film est un festival d’action hystérique, avec des fusillades et cascades impressionnantes, filmées sans recours au ralenti, ce qui renforce l’impact visuel. Une série B énergique, emblématique du cinéma hongkongais des années 80, avec une narration dramatique, une mise en scène stylisée et des séquences d’action spectaculaires. (Metropolitan)
Démons NuitLES DEMONS DE LA NUIT
Dora Baldini, son fils Marco, âgé de sept ans, et son nouveau mari Bruno Baldini emménagent dans l’ancienne maison de Dora, où elle vivait lors de son premier mariage avec un homme nommé Carlo. Alors que Dora était enceinte de Marco, Carlo, héroïnomane violent, s’est vraisemblablement suicidé en mer, son bateau ayant été retrouvé à la dérive. L’incident a provoqué une dépression nerveuse chez Dora, qui a été placée en soins psychiatriques. Bruno étant parti travailler comme pilote de ligne, Dora se retrouve seule avec Marco et face à sa seule mémoire brisée des événements de la mort de son ancien mari, causée par les électrochocs qu’elle a reçus pendant son séjour en institution. Inexplicablement attiré par le sous-sol de la maison, Marco fait l’expérience de plusieurs phénomènes étranges dans la maison. Dora remarque des changements bizarres dans la personnalité du garçon et est troublée de constater qu’il a déchiqueté ses sous-vêtements. Déconcertée par le comportement de Marco et par d’autres événements effrayants, Dora supplie Bruno de quitter la maison, mais il n’en tient pas compte. Un après-midi, Dora trouve le piano qui joue tout seul et voit les dessins de la chambre de Marco se mettre à léviter. Lorsqu’elle retrouve Marco, il lui demande pourquoi elle a tué son père. Cela déclenche un souvenir refoulé, dans lequel Dora raconte comment elle a tranché la gorge de Carlo avec un cutter après qu’il lui a injecté de force de l’héroïne et du LSD. Bouleversée par ce souvenir, Dora (Daria Nicolidi, la muse de… Dario Argento) est assurée par Bruno que Carlo s’est suicidé et que son souvenir n’est qu’un délire. Pourtant, elle reste persuadée que Carlo hante la maison et possède Marco… Considéré comme le maître du cinéma d’horreur italien, Mario Bava (1914-1980) tourne, en 1977, son dernier film avec Schock (en v.o.). C’est son fils Lamberto Bava qui, malgré une série de projets ratés et d’oeuvres incomplètes, pousse toujours son père à tourner. L’auteur de La baie sanglante livre, ici, une manière de testament à l’esthétique graphique soignée qui joue avec brio sur la frontière entre le paranormal et la psychose… (Sidonis Calysta)
The MonkeyTHE MONKEY
En 1999, Petey Shelburn tente de détruire au lance-flammes un singe-jouet jouant du tambour, dans un magasin d’antiquités. Avant qu’il ne puisse le faire, le singe frappe sur sa caisse et une réaction en chaîne fait que le propriétaire du magasin est éventré avec un fusil harpon. Peu de temps après, Petey disparaît, laissant sa femme, Lois, élever seule Hal et Bill, leurs jumeaux. Les gamins finissent par découvrir le singe dans un placard contenant les affaires de leur père et remontent la clé à l’arrière du jouet. Plus tard dans la soirée, le singe joue du tambour alors qu’ils sont dans un restaurant, déclenchant la décapitation accidentelle d’Annie leur baby-sitter. Et la malédiction va persister, multipliant les morts atroces et violentes, souvent absurdes et inventives, liées à l’influence maléfique du jouet. Réputé comme réalisateur de thrillers d’horreur (Gretel et Hansel en version horrifique en 2020 ou Longlegs en 2024 avec Nicolas Cage) Oz Perkins, le fils du grand Anthony Perkins adapte, ici, la nouvelle Le singe de l’incontournable Stephen King, parue en 1980. Le cinéaste (qui joue aussi le rôle de Chip, l’oncle des jumeaux) use d’une approche humoristique et gore et d’un look vintage, tout en montrant la lutte des personnages pour comprendre l’origine du jouet et arrêter la malédiction. Une comédie horrifique déjantée autour d’un singe mécanique et maléfique… Avec un bon grain de folie douce. (Metropolitan)
Reves SanglantsREVES SANGLANTS
Après avoir tenté de se noyer, un jeune homme amnésique est interné en hôpital psychiatrique. Rapidement, le médecin qui s’occupe de lui et certains patients sont victimes d’hallucinations. Le patient semble posséder un curieux pouvoir : il aurait la possibilité de transmettre ses rêves et cauchemars à d’autres personnes… Premier long-métrage du réalisateur britannique Roger Christian, qui était alors chef décorateur (Oscar de la meilleure direction artistique pour Star Wars IV : Un Nouvel Espoir), Rêves sanglants est un film intriguant qui vaut le détour. Deux ans avant Freddy Krueger et le cultissime Les griffes de la nuit, le scénario de ce long métrage fait déjà se confondre, de façon troublante, rêves et réalité. Entre suspense, surnaturel et séquences cauchemardesques, l’histoire tient le spectateur en haleine : un homme interné en hôpital psychiatrique a la capacité d’envoyer ses rêves et ses cauchemars dans l’esprit d’autres personnes ! Ses projections mentales sont si puissantes que les hallucinations semblent réelles, et deviennent de plus en plus dangereuses. Mais l’homme, amnésique, semble ne pas contrôler cet étrange pouvoir : le mystère autour de lui ne cesse de s’épaissir. Surtout quand sa mère, apparaissant en rêve au à son médecin, explique que son fils serait une réincarnation du Christ! L’intrigue de The Sender (en v.o.) est déroutante et inquiétante et le film contient des scènes d’horreur originales et bien pensées : entre combustion spontanée, invasion de rats, violente déflagration ou encore lévitation, les effets spéciaux sont spectaculaires ! À cela s’ajoute la très bonne partition musicale de Trevor Jones, à la fois atmosphérique et menaçante, qui complète parfaitement le tableau. Présenté au Festival d’Avoriaz en 1983, le film n’avait alors pas été remarqué. Mais dans les années 2010, suite à une restauration de la copie et des projections rétrospectives comme à l’Etrange Festival, Quentin Tarantino déclara que de tous les films fantastiques et d’horreur de 1982, Rêves sanglants est son favori ! (Rimini Editions)
In The Lost LandsIN THE LOST LANDS
Désespérant de trouver l’amour et afin de conjurer le sort, la reine Melange fait appel à Grey Alys, une puissante et redoutée sorcière. La reine souhaite obtenir le pouvoir de se métamorphoser en loup-garou. Avec l’aide d’un mystérieux chasseur nommé Boyce, Alys va devoir affronter de sombres créatures et des ennemis impitoyables des « Terres perdues ». Elle sait par ailleurs que chaque souhait qu’elle exauce aura des conséquences inimaginables… Sur un scénario de Constantin Werner qui adapte les nouvelles éponymes (publiées en 1982) de l’auteur américain de science-fiction George R. R. Martin, le Britannique Paul W. S. Anderson plonge le spectateur dans un futur dystopique, un monde en ruines, hanté par des démons et des monstres. Pour Constantin Werner, le film est imaginé comme un western car il possède toute l’iconographie que l’on pourrait associer à cet univers. Connu pour des films comme Mortal Kombat (1995), Resident Evil (2002) ou Course à la mort (2008) mais aussi, en 2011, une version des Trois mousquetaires, Anderson mêle, ici, fantasy, atmosphère post-apocalyptique et action. Si son scénario n’est pas très solide, les effets spéciaux comme la bande sonore sont plutôt réussis. Dans le rôle du chasseur Boyce, on trouve l’acteur-catcheur Dave Bautista et dans celui de Grey Alys, Mila Jovovich qui fut, en 1999, la Jeanne d’Arc de Luc Besson. Par ailleurs, la comédienne est, à la ville, l’épouse du réalisateur. (Metropolitan)

Laisser une réponse