FASSBINDER ANTHOLOGIQUE ET LES MAUX DE L’AMÉRIQUE

Fassbinder_vol3RAINER WERNER FASSBINDER VOL. 3
A la fin des années soixante-début des seventies, la télévision allemande diffuse les films de Fassbinder. En Alsace, où les habitants comprennent la langue, l’ARD ou la ZDF font de belles audiences. Les cinéphiles alsaciens, petits vernis, se régalent en découvrant les films de l’emblématique figure du Nouveau cinéma allemand. Votre serviteur conserve un souvenir ému du malheureux Hans Epp poussant sa carriole dans Le marchand de quatre saisons et finissant lamentablement ses jours… Après deux premiers volumes, Carlotta Films poursuit sa grande quête fassbinderienne avec un coffret collector édition limitée n°3 qui célèbre le 80e anniversaire de la naissance du génie du cinéma allemand. De son premier court-métrage réalisé en 1966 à sa mort prématurée en 1982, Rainer Werner Fassbinder a réalisé plus de quarante films pour le cinéma et pour la télévision, brossant au fil de son œuvre un tableau extraordinairement riche et complexe de l’Allemagne au 20e siècle. Les longs-métrages de coffret collector vol. 3 (trois Blu-ray) attestent du génie de l’auteur, tout en montrant sa cohérence et sa diversité mêlées. De son hommage réussi au film noir américain (Les dieux de la peste en 1969) à sa fresque monumentale située en plein IIIe Reich avec un magnifique Hannah Schygulla (Lili Marleen, 1980), en passant par ses deux courts-métrages de jeunesse que sont Le clochard (1966 – 12 mn) et Le petit chaos (1967- 11mn), voici sept œuvres culte dans de splendides restaurations 4K inédites. Parmi les titres du coffret, Le soldat américain (1970) est un thriller où Ricky, un tueur à gages américain (mais natif de Munich) est engagé par trois policiers pour éliminer plusieurs personnes. A propos de Maman Küsters s’en va au ciel (1975), RWF se tourmentait, selon son assistant Harry Baer, de savoir, pourquoi après 68, il n’avait pas choisi la même voie que Baader et Meinhof ? Il évita toujours de répondre à cette question, préférant se dire que faire des films était plus important pour la cause que descendre dans la rue. Ouvrier d’usine, Herman Küsters tue son patron et se suicide. La presse s’empare de l’affaire, brosse un portrait humiliant de Hermann. Emma Küsters, sa femme (Brigitte Mira), se pose comme objectif de réhabiliter l’honneur de son mari. Délaissée par ses enfants, elle se tourne vers un groupe communiste et ensuite vers un groupe anarchiste. Avec Le rôti de Satan (1976), voici l’histoire d’un poète ex-révolutionnaire au bout du rouleau mais qui, soutenu par un orgueil sans borne, est prêt à tout pour refaire surface. Il s’engage ainsi dans une quête d’argent immorale et destructrice. En n’hésitant pas à copier le célèbre poète Stefan George dont il se croit une réincarnation, il se fourvoie complètement et rejoint ainsi le caractère pathétique de son propre ménage. Comme toujours, le coffret comprend de multiples suppléments, notamment Alter Ego : Harry Baer à propos de RWF (41 mn), Fassbinder tourne Film n° 8, un documentaire de Michael Ballhaus et Dietmar Buchmann (30 mn), Travailler avec Fassbinder : l’assistante réalisatrice Renate Leiffer à propos de Maman Küsters… ou encore Fassbinder à Hollywood, un documentaire de Robert Fischer (57 mn). Les deux premiers volumes étaient épuisés. Carlotta annonce qu’ils sont à nouveau disponibles à l’occasion de la sortie du volume 3. Pour mémoire, le coffret n°1 présente en version restaurée inédite sept films de Fassbinder réalisés entre 1969 et 1973 : L’amour est plus froid que la mort, Le bouc, Prenez garde à la sainte putain, Le marchand des quatre saisons, Les larmes amères de Petra Von Kant, Martha, Tous les autres s’appellent Ali. Pour sa part, le coffret n°2 réunit huit films tournés par RWF entre 1974 et 1981, en l’occurrence Effi Briest, Le droit du plus fort, Roulette chinoise, L’année des treize lunes, Le mariage de Maria Braun, L’Allemagne en automne, Lola, une femme allemande et Le secret de Veronika Voss. Une somptueuse anthologie du cinéaste qui disait : « Tout ce qui est raisonnable ne m’intéresse pas » ! (Carlotta)
A Cause AssassinatA CAUSE D’UN ASSASSINAT
Candidat démocrate à l’élection présidentielle de 1972, le sénateur Charles Carroll est assassiné le 4 juillet 1971, jour-anniversaire de l’indépendance des Etats-Unis, à Seattle lors d’une conférence de presse-buffet, par l’un des serveurs. Une commission d’enquête ne retient pas l’hypothèse d’une quelconque conspiration et conclut qu’il s’agit d’un acte isolé commis par un déséquilibré qui, poursuivi, s’est tué en se jetant du toit. Au cours des trois années qui suivent, la plupart des personnes qui ont assisté à cet événement meurent les unes après les autres à la suite de divers accidents. Témoin du meurtre de 1971, la journaliste Lee Carter pense que ces « accidents » sont en réalité des assassinats déguisés. Elle fait part de ses craintes à son collègue et ami Joe Frady, mais ne réussit pas vraiment à le convaincre. Cependant, quand Lee est victime à son tour d’un « accident » fatal, Frady, désormais persuadé que la jeune femme ne se trompait pas, décide, sans l’accord de son rédacteur en chef, de mener une enquête approfondie. Il se fait recruter sous un faux nom par l’entreprise privée et occulte Parallax qui engage sélectivement des hyperviolents agressifs pour en faire des tueurs sous contrat pour des crimes politiques impunis. Des types qui seront ensuite tués… Depuis quelque temps déjà, Carlotta Films développe sa belle série des Coffrets Ultra Collector, de luxueuses éditions sous forme de livres à la couverture illustrée d’un visuel exclusif (ici, signé de Laurent Durieux). Après Les ailes du désir (#26), L’empire des sens (#27) et Paris Texas (#28), la série fait la part avec son #29 à The Parallax View (en v.o.), le thriller politique réalisé en 1974 par Alan J. Pakula qui signera, deux ans plus tard, Les hommes du président qui poussera à son paroxysme le thème obsessionnel de la conspiration. Film emblématique des années 1970, À cause d’un assassinat illustre brillamment le climat paranoïaque qui s’est emparé de l’Amérique au lendemain des meurtres des frères Kennedy et de Martin Luther King, bientôt suivis par le scandale du Watergate. Disponible pour la première fois en France dans sa nouvelle restauration, le film de Pakula (1928-1998) est une œuvre virtuose, portée la photographie claire-obscure de Gordon Willis et interprétée par un excellent Warren Beatty dans le rôle du lanceur d’alerte Joe Frady. Comme de coutume dans cette collection, on trouve de multiples suppléments dont une présentation du film par le réalisateur Alex Cox qui explique : « Ce monde chimérique que Pakula et Beatty nous faisaient découvrir en 1974, c’est celui dans lequel on vit aujourd’hui. […] Toutes nos données appartiennent à des sociétés privées et à des agences gouvernementales et sont à vendre. » Pour sa part Jon Boorstin, assistant de Pakula, estime dans Mise au point : la genèse de A cause d’un assassinat (15 mn) que, loin d’être un film politique, le film traite de la culture du contrôle et de la paranoïa, brillamment illustrée lors de la séquence clé du test. Enfin, Révisions (27 mn) est un entretien inédit avec le cinéaste français Nicolas Pariser (Alice et le maire en 2019) qui observe : « Le thème du complot, notamment au cinéma, est revenu à cause du 11-Septembre et, évidemment, de toutes les thèses complotistes autour. Le 11-Septembre a probablement été notre assassinat de John F. Kennedy. » Enfin L’envers des totems, le livre inédit (160 p. et plus de 40 photos d’archives) de Jean-Baptiste Thoret encense le génie paranoïaque d’À cause d’un assassinat et son éblouissante esthétique du complot, avant de décortiquer le programme dit de l’« effet parallaxe » appliqué au film. L’ouvrage est agrémenté de deux entretiens avec Alan J. Pakula (dont un mené en 1998 par Steven Soderbergh). En 1979, le thème du film sera repris par le cinéma français et Henri Verneuil qui donnera, avec Yves Montand en tête d’affiche, I… comme Icare. (Carlotta)
Tendresse LoupsLA TENDRESSE DES LOUPS
Dans la nuit, une femme est réveillée, dans sa chambre, par des bruits sourds provenant de l’appartement voisin. Elle frappe à la cloison et demande : « M. Haarman, vous me donnerez un peu de votre viande ? » Ce Fritz Haarman est clairement un type très étrange. Au générique du film, on découvre son ombre avançant sur un mur de briques. Crâne chauve, regard aigu, manteau long, il n’est pas apprécié, loin s’en faut, par les habitantes de l’immeuble. Parce qu’il n’est guère courtois et aussi parce qu’il reçoit souvent chez lui des jeunes gens en rupture de ban… Dans une Allemagne de Weimar, déchirée par la guerre, de Hanovre aux territoires occupés de la Ruhr, Haarman vit de petits trafics. Bien connu des services de police pour de multiples délits dont des affaires de moeurs, il est pourtant engagé, par Braun, son officier traitant, comme indic du fait de sa connaissance du milieu de la pègre tout en s’offusquant de devoir vendre ses amis. Lorsqu’une inquiétante série de meurtres de jeunes hommes commence, les policiers ne se doutent pas que le tueur travaille en fait avec eux. Pire encore, ils ignorent que Fritz Haarmann se sert de sa position pour attirer de nouvelles proies. Il se présente, en effet, en tant que commissaire à ses victimes, lui permettant de les enfermer dans son appartement. Il tue ses victimes à la manière de Dracula, par une morsure dans le cou, suçant leur sang avant de transformer leurs restes en… charcuterie, vendue notamment à une restauratrice louche mais pas regardante sur les menus qu’elle sert. Le tueur aura le temps d’assassiner quarante jeunes hommes avant d’être pris. En s’inspirant des méfaits de Fritz Haarman, surnommé le vampire de Hanovre, tueur en série allemand considéré comme l’auteur des meurtres de 27 jeunes gens entre 1918 et 1924 et exécuté en 1925, Ulli Lommel tourne, en 1973, Die Zärtlichkeit der Wölfe (en v.o.). Situé trente ans après les faits réels, ce film, à l’impressionnante atmosphère, fut produit par Rainer Werner Fassbinder avec lequel Lommel tourna, comme comédien, plus d’une dizaine de films. Présenté en ouverture de la Berlinale 1973, le film connut un beau succès critique. La tendresse des loups doit beaucoup à l’interprétation de Kurt Raab, autre comédien fétiche de Fassbinder. Tout en suavité inquiétante, Raab (qui fut emporté à 47 ans, en 1988, par le sida) rend hommage, ici, à Peter Lorre, le tueur en série du M le maudit (1931) de Fritz Lang. Dans ce second film de sa carrière de cinéaste, Ulli Lommel (1944-2017) tourne d’ailleurs une scène où Haarman ramasse un ballon et le rend à un enfant. Par ailleurs, RWF avait ramené, pour le film, sa troupe d’amis comédiens. Outre Fassbinder lui-même qui s’offre un caméo remarqué, on trouve, ici, Margit Carstensen, Ingrid Caven, Brigitte Mira, El Hedi ben Salem, Irm Herrmann, Rosel Zech ou Hans Hirschmuller. Dans cette belle édition Blu-ray inédite, on trouve, parmi les suppléments, un long entretien avec le réalisateur qui raconte les difficultés qu’il connut avec RWF pour ce film qui fit décoller sa carrière aux États-Unis. Avec Images de Fritz (24 mn), le chef opérateur Jürgen Jürges raconte la manière de filmer un tueur en série. (Carlotta)
SubwaySUBWAY
Voyou au grand coeur et musicien à ses heures, Fred a braqué le coffre-fort d’un certain Raymond Kerman pour lui dérober des documents compromettants. Las, Fred est tombé sous le charme d’Hélena, la femme de cet inquiétant personnage. Poursuivi par les hommes de main de celui-ci, il se réfugie dans le métro parisien. Fred va y découvrir une faune étrange, fixée à demeure, loin des lumières du jour. Les couloirs secrets deviennent son refuge favori. Il décide d’y vivre et surtout d’y attirer Héléna. Il lui donne rendez-vous mais doit fuir encore. A son corps défendant, Héléna ne reste pas insensible à l’amour de son soupirant souterrain. L’étau se resserre lentement sur lui : ses poursuivants ont flairé une piste… Au détour des couloirs, Fred rencontre aussi des musiciens, évoluant chacun dans leur coin. Il décide de les réunir et de les inciter à former un groupe. C’est en 1985, après diverses péripéties de production, que Luc Besson s’attaque à Subway. Il est connu de la critique qui a apprécié son premier long-métrage, Le dernier combat en 1983. Cette fois, c’est le grand public qui est au rendez-vous. Le film réunit près de trois millions de spectateurs et à l’époque, Subway est le troisième meilleur film français au box-office après Trois hommes et un couffin (10 millions d’entrées) et Les spécialistes (5,3 millions). Pour fêter le 40e anniversaire du film, Gaumont sort Subway en steelbook édition limitée et restaurée 4K ultra HD avec plus de trois heures de suppléments dont le making of (80 mn) par Jean-Hugues Anglade et différents interviews de collaborateurs du cinéaste. L’occasion de se plonger dans l’univers underground et désormais vintage de Besson. Le film a-t-il pris un « coup de vieux » ? Sans doute car il est emblématique des années eighties. Mais il conserve quand même de belles cartes dans sa manche. Ainsi la musique d’Eric Serra, la quête d’un monde marginal considéré comme une sorte d’opéra souterrain filmé dans des lumières blêmes et froides, la plongée, quand même rare, dans le métro. La RATP a mis beaucoup de conditions au tournage et Besson ne les a, semble-t-il, pas toutes respectées… Et enfin, une distribution de luxe avec le tandem Isabelle Adjani – Christophe Lambert. La première mode iroquois-punk de luxe et le second en voyou rock et péroxydé ! Autour d’eux, c’est épatant : Richard Bohringer, Michel Galabru, Jean-Hugues Anglade, Jean-Pierre Bacri, Jean Bouise, Jean Reno et même Luc Besson en conducteur de train du RER B. (Gaumont)
Dis Moi JusteDIS-MOI JUSTE QUE TU M’AIMES
Pour Marie, Julien et leurs deux adolescentes de filles, la vie va tranquillement. Mais une panne de la chaudière dans la petite maison qu’ils habitent près de Vannes montre bien que la vie du couple, marié depuis quelques années déjà, n’est plus aussi heureuse et paisible qu’auparavant. Dans l’entreprise où Marie travaille, un audit est en cours. Par ailleurs, Anaëlle, qui fut autrefois le grand amour de Julien, est de retour en ville où elle a décidé d’ouvrir un bar. Tout cela trouble et déstabilise la fragile Marie. Lorsqu’elle est reçue par Thomas Radiguet, le DRH, Marie s’effondre. Elle croit ou imagine que Julien revoit Anaëlle. Aveuglée par la jalousie, Marie entame alors, par dépit, une liaison avec Thomas. Elle se retrouve vite embarquée dans une spirale dangereuse qui va mettre en péril bien plus que son mariage… Avec Dis-moi juste que tu m’aimes, Anne Le Ny livre une manière de thriller domestique avec quatre personnages pris dans les rets d’une aventure intime. « En général, au cinéma, dit Anne Le Ny, on parle soit de la naissance de l’amour – du moment de la rencontre et de la passion – soit de la fin de la relation amoureuse, avec son cortège d’amertume et de ressentiment. J’avais envie d’explorer ce qui se passe au milieu de la relation ! (…) Marie et Julien sont accaparés par leurs obligations familiales et professionnelles et ils ne se parlent plus beaucoup. C’est un moment où leur couple a besoin d’un second souffle… » Las, la relation charnelle -intense, de l’avis même de Marie- va bouleverser l’existence de tous les protagonistes, peu à peu manipulés par un personnage hautement toxique. Radiguet est dans l’emprise la plus complète sur Marie, évidemment mais aussi sur sa famille dans laquelle il s’immisce au motif de « voir comme ils vivent ». Le couple Marie-Julien va être contraint de modifier la place de chacun dans le couple. Julien ira jusqu’à braquer l’ordinateur professionnel de son épouse pour lui venir en aide. Si les personnages de Marie et Julien sont bien dessinés, Anne Ly Ny apporte un soin particulier à son affable et empathique prédateur. Elle décrit la mécanique de l’emprise chez un individu fêlé, séduit par la vulnérabilité de Marie et, persuadé que Marie ne peut avoir de volonté propre. Radiguet est dans la toute-puissance et s’imagine comme le prince charmant venant sauver la malheureuse Cendrillon. Pour incarner Radiguet, la comédienne et réalisatrice a choisi José Garcia, excellent en pervers narcissique. Omar Sy (Julien) et Vanessa Paradis (Annaëlle) lui donnent une belle réplique. Mais dans ce thriller, vite suffocant, c’est Elodie Bouchez, avec sa Marie bouleversée, qui épate ! (M6)
Prima La VitaPRIMA LA VITA
« D’abord la vie. Et ensuite le cinéma ! » C’est le cri mais aussi le viatique de Luigi Comencini à sa fille Francesca. Le premier est cinéaste, la seconde aussi. Le père (1916-2007) fut l’un des maîtres de la comédie à l’italienne (Pain, amour et fantaisie en 1953 ou L’argent de la vieille en 1972) avant de donner, dans une œuvre protéiforme, des œuvres sur le monde de l’enfance comme L’incompris (1967), Eugenio (1980) ou Un enfant de Calabre (1987). Francesca, la fille née en 1961, débute au cinéma avec Pianoforte (1984) sur l’histoire de deux jeunes drogués. Avec Il tempo che ci vuole (en v.o. litt. « Le temps qu’il faut »), Francesca Comencini raconte, pendant la sombre période des Années de plomb, l’histoire de Francesca qui, ne trouvant pas sa voie et sa place dans la société, fréquentera un groupe de toxicomanes. Son père la surprendra dans la salle de bain avec une seringue. De là, un dialogue s’instaurera entre le père et la fille, où elle lui expliquera qu’elle se trouve inutile et « bonne à rien ». Malgré la maladie de Parkinson qui l’affecte, le père décide de s’installer avec elle à Paris pour son sevrage… Avec ce quatorzième long-métrage (parmi lesquels une série de documentaires auxquels la cinéaste accorde une place importante) Francesca Comencini (interprétée, adulte, par Romana Maggiora Vergano) livre une chronique intime de sa relation avec son père (Fabrizio Gifuni, vu récemment dans L’enlèvement de Bellochio). Les images sont superbes sur l’émerveillement de l’enfance à travers une jeune fille fragile et pleine d’espoir. Il aura sans doute fallu des années à la cinéaste pour se décider à livrer cette réflexion sur le rapport très fusionnel à son réalisateur de père. Point, ici, de référence à sa mère ou à ses trois sœurs. Prima la vita, c’est un face-à-face, les yeux dans les yeux, même si parfois le regard de la fille s’échappe lorsque, devenue grande adolescente, elle se met à mentir, à se laisser aller avant de se retrouver au bord du gouffre de la drogue. Heureusement Luigi est là comme un rempart à ses démons. Et il lui dira : « Déjà essayé ! Déjà échoué ! Echoue encore ! Echoue mieux ! » Sous la forme d’un huis-clos émotionnel, un beau poème à l’enfance et à la lutte pour la survie mais aussi à l’admiration du cinéma ! (Pyramide)
Cavale FousLA CAVALE DES FOUS
Dans un accès de jalousie meurtrière, Henri Toussaint, grand professeur au Collège de France, philosophe spécialiste de Blaise Pascal, a tenté d’égorger son épouse alors surprise en flagrant délit d’adultère avec un simple serveur de bar. Il est interné depuis sept ans dans une clinique psychiatrique privée quand Bertrand Daumale, son psychiatre, lui demande, l’espace d’un week-end, de revoir une dernière fois sa femme, gravement souffrante et qui souhaite lui donner le baiser du pardon avant de mourir. Malgré les réticences du directeur de l’hôpital, Daumale obtient l’autorisation en arguant que cela demande seulement un rapide trajet de deux heures par autoroute et qu’un ultime baiser d’adieu pourrait permettre au savant de recoudre l’histoire de sa vie, mutilée par une bouffée de démence. Un autre pensionnaire de l’asile rentre en cachette dans la voiture du psychiatre : Angel, un psychotique qui s’est attaché à Toussaint. Sorte d’Harpo Marx qui a la fâcheuse manie de grimper sur les pieds des gens et de leur tirer les poils du nez avec un grand sourire convivial, il attire rapidement des ennuis à Bertrand Daumale. Ce dernier est par ailleurs préoccupé car il a peur que sa jeune compagne soit peut-être en train de le tromper avec un écrivain… On avait découvert le cinéma de Marco Pico en 1974 avec son premier long-métrage intitulé Un nuage entre les dents qui racontait, par le menu, les aventures de Malisard et Prévot, deux journalistes aux prises avec le (faux) enlèvement des deux enfants du second, un « événement » monté en épingle par le rédacteur en chef du journal pour faire de l’audience. Un touchante chronique des « localiers » interprétée par Philippe Noiret et Pierre Richard. Ici, c’est autour des thèmes de la folie et de la psychiatrie mais aussi de la rédemption et du pardon que le cinéaste a imaginé, en 1993, le voyage insensé d’un psychiatre accompagné de deux de ses patients. Mais le thérapeute n’est-il pas aussi atteint que les deux malades, le fou intelligent et le débile, qui sont en route avec lui ? Au-delà d’un scénario loufoquement inventif, ce sont les personnages qui sont attachants, bien servis par des interprètes au diapason avec Pierre Richard, co-auteur du scénario, en psychiatre, Michel Piccoli dans le rôle du professeur et Dominique Pinon en lunaire Angel ! (Gaumont)
Course EchaloteLA COURSE A L’ECHALOTE
Jeune et dynamique fondé de pouvoir à la 20th Century Bank, Pierre Vidal doit remplacer, le temps d’une semaine de vacances, son directeur. Alors que le poids des responsabilités le rend plus nerveux que jamais et qu’en plus sa jalousie envers Janet, sa fiancée, devient maladive, il se fait dérober une mallette contenant un (douteux) acte de cession des parts d’une société organisatrice de spectacles. Avec sa fiancée, Vidal se lance à la poursuite des voleurs. En 1974, Claude Zidi réalise La moutarde me monte au nez, une comédie farfelue avec Pierre Richard et Jane Birkin. À la suite de son énorme succès au box-office avec plus de 3,7 millions d’entrées, le producteur du film, Christian Fechner, prend le pari de réunir le trio un an plus tard. C’est donc en 1975 que Zidi, Richard et Birkin se retrouvent pour La course à l’échalote. Véritable folie cinématographique, La course à l’échalote (présenté dans une version restaurée) fait penser aux meilleures comédies burlesques américaines. Dans ce film conduit à vive allure, quiproquos et gags s’enchaînent sans aucun temps mort. Entraîné par son rythme effréné, le réalisateur fait preuve de véritables inventions burlesques aux acrobaties qui ne cessent de surprendre et de provoquer le rire. Il est vrai qu’avec un bancal banquier qui se transforme en chasseur de gangsters, le film devient une course-poursuite où les cascades en pagaille se mêlent à une atmosphère carnavalesque, le tout emporté par la belle bande originale de Vladimir Cosma. De Paris à Brighton, en passant par un train de travestis, un chalutier et une baignoire suspendue dans les airs, la comédie de Zidi cavale sans reprendre son souffle et offre des moments de drôlerie insolite et poétique, menés tambour battant par une ribambelle de bons acteurs : Michel Aumont, Jean Martin, Catherine Allégret, Claude Dauphin, Henri Attal, mais surtout, un beau duo incarné par Pierre Richard et Jane Birkin. Si Jane Birkin est fantasque et pétillante, Pierre Richard retrouve, ici, ce rôle qu’il affectionne tant, celui d’un cadre moyen poussé par le hasard ou le destin dans une aventure qui le dépasse. Avec Claude Zidi aux manettes, le rire est au rendez-vous ! (Pathé)
PresencePRESENCE
Chris Payne, sa femme Rebecca et leurs enfants, Tyler l’aîné et Chloe la cadette s’installent dans une grande maison de banlieue. Las, l’endroit est habité par un Poltergeist, autrement dit un phénomène paranormal… Cette Présence est témoin de la dégradation croissante des relations au sein du foyer. Le mariage des parents est en crise : Rebecca a commis une fraude financière au travail. Chris envisage de la quitter. Rebecca est obsédée par Tyler, un champion de natation arrogant et prête peu d’attention à sa fille Chloe. Chris, lui, s’inquiète pour sa fille qui pleure la mort de sa meilleure amie Nadia, l’une des deux jeunes femmes de la communauté récemment décédées dans leur sommeil. Chloe sent la Présence, qui se cache souvent dans le placard de sa chambre, et croit que c’est l’esprit de Nadia. Chloe rencontre un ami de Tyler, Ryan. Ils se défoncent et discutent de la perte et du chagrin, jusqu’à ce que Chloe s’effondre, sanglotant pendant que Ryan la console. Il lui dit qu’elle décidera quand et où ils auront des rapports sexuels, il parle de ses problèmes psychologiques et de son obsession du contrôle. La Présence fait s’effondrer une étagère dans le placard de Chloe afin de les empêcher de devenir intimes. Quelques jours plus tard, Chloe et Ryan ont finalement eu des relations sexuelles. Ryan ajoute une poudre blanche suspecte à la boisson de Chloe, mais la Présence la renverse avant que Chloe puisse la boire. Pendant ce temps, Tyler et ses amis font une blague à une camarade de classe, sollicitant une photo intime d’elle qu’ils font ensuite circuler sur les réseaux sociaux. Rebecca est indulgente, mais Chris et Chloe sont consternés. La Présence détruit la chambre de Tyler, révélant son existence au reste de la famille… Titulaire de la Palme d’or cannoise pour Sexe, mensonges et vidéo (1989), son premier long-métrage, l’Américain Steven Soderbergh a ensuite touché à tous les genres, la SF avec Solaris (2002), le film social (Erin Brockovich en 2000), le thriller (Ocean’s Eleven en 2001), le drame biographique (Che en 2008), le drame psychologique (Side effets en 2013) et il aborde ici le fantastique avec une famille vivant dans une maison hantée. Mais ce qui fait la force de Présence, c’est que le film se distingue par son dispositif formel innovant et sa narration immersive. En effet, l’histoire est vue du point de vue d’un Poltergeist, ce qui permet d’explorer la dynamique familiale et les thèmes du deuil, de la confiance et des secrets. Audacieusement, et avec une vraie maîtrise de la part de Soderbergh dans l’usage du plan-séquence, la mise en scène amène le spectateur à s’interroger sur la perception, le regard et la présence, en superposant trois niveaux de perception : celui de l’entité, celui du spectateur, et celui du réalisateur. Le grand retour de Soderbergh ! (Blaq Out)
Maison LacLA MAISON DU LAC
Norman Thayer et sa femme Ethel, un couple âgé, viennent comme chaque année passer l’été dans leur maison de vacances sur le lac, à Golden Pond. Leur fille Chelsea leur rend visite avec son nouveau fiancé, Bill et le fils de ce dernier, Billy. En conflit avec son père depuis toujours à cause de son comportement bourru, Chelsea demande malgré tout à ses parents s’ils peuvent garder Billy le temps d’un voyage avec Bill en Europe. Le jeune garçon se retrouve alors seul face à des étrangers beaucoup plus âgés, sans ami ni occupation. Les rapports entre Norman et Billy sont, dans un premier temps, orageux mais leurs parties de pêche sur le Golden Pond vont les faire se rapprocher et s’apprécier. Au retour de Chelsea, cette dernière est plutôt contrariée de la relation que son père entretient avec ce garçon alors qu’il ne s’est jamais comporté ainsi avec elle. Mais la relation d’amitié entre Norman et Billy la force à ouvrir les yeux et à faire l’effort pour enfin dépasser cette mésentente ancienne avec son père. Vers la fin des années 1970, Mark Rydell connaît un bon succès critique et commercial avec The Rose. Bette Midler, qui tient là son premier grand rôle au cinéma, y incarne une chanteuse populaire dont le destin semble modelé sur celui de Janis Joplin. The Rose sera nommés pour quatre Oscars. Rydell enchaîne avec On Golden Pond (en v.o.), une comédie familiale et nostalgique produite par Jane Fonda qui y incarne Chelsea face à son père dont ce sera le dernier rôle au cinéma puisqu’il disparaît moins d’un an plus tard. Dans le rôle d’Ethel, on trouve une autre gloire d’Hollywood en la personne de Katharine Hepburn. Le film sera un grand succès et il remportera trois Oscars pour Katharine Hepburn et Henry Fonda, meilleurs acteurs et meilleure adaptation pour Ernest Thompson, auteur de la pièce dont est tiré le film. (BQHL)
ApprendreAPPRENDRE
Apprendre, lever le doigt, ne pas se tromper. Avoir envie que la maîtresse ou le maître dise « C’est bien ! » Savoir lire, écrire, compter, c’est pas toujours facile. Apprendre aux enfants, détecter dans leurs yeux ce qui coince, les encourager, les aider. Les faire lire, chanter. Apprendre à se parler dans la cour plutôt que se battre. Par les temps qui courent, le documentaire de Claire Simon prend évidemment une résonance particulière. Parce qu’il est bon de dire et de répéter que l’école publique est un sanctuaire du savoir et de la formation de l’individu. Un « lieu sacré », où se jouent des enjeux universels, dont la cinéaste ouvre les portes. Cela se passe dans l’école élémentaire Makarenko d’Ivry-sur-Seine, dans la banlieue parisienne… Venue au cinéma par le biais du montage, Claire Simon s’est imposée comme une remarquable cinéaste documentaire même si elle tourna aussi des fictions comme Gare du Nord (2013)avec Nicole Garcia, Monia Chokri, François Damiens et Reda Kateb. Son dernier film, Notre corps (2023) fut, dit-elle, une occasion de « filmer à l’hôpital l’épopée des corps féminins, dans leur diversité, leur singularité, leur beauté tout au long des étapes sur le chemin de la vie. » Avec Apprendre, elle permet, par le biais d’une observation discrète (les moyens de filmage mis en œuvre étaient très légers) au spectateur d’entrer dans un univers à hauteur d’enfant. Un univers presqu’interdit aux parents qui laissent leur progéniture à la porte de l’établissement. Au-delà des savoirs académiques, le film explore l’apprentissage de la sociabilité, du respect et de la gestion des émotions, illustré par des scènes telles qu’une dispute entre élèves ou l’intégration d’un groupe. Rien de révolutionnaire cependant dans cette école mais une manière de « vie de tous les jours » et des gestes précis, des situations concrètes captées avec sensibilité et sincérité. Un invitation à la réflexion sur le rôle de l’école et sur la nature même de l’éducation, dans une approche respectueuse et poétique. (Condor)
Arme FataleL’ARME FATALE
A l’aube de ses cinquante ans, Roger Murtaugh, flic las et peinard, se voit assigner un nouveau coéquipier. Hélas, Martin Riggs est tout son contraire, en l’occurrence un policier complètement impulsif et incontrôlable. Pire, il est plutôt suicidaire depuis la perte de sa femme dans un accident de voiture. Pour Murtaugh qui comptait bien la jouer calme et tranquille jusqu’à sa retraite, c’est la catastrophe. Mais les deux hommes, membres de la brigade criminelle de Los Angeles, se découvrent un passé commun puisqu’ils ont été tous deus sous les drapeaux au Vietnam. Leur collaboration débute de manière tumultueuse, mais ils doivent unir leurs forces pour enquêter sur la mort mystérieuse d’une jeune femme, Amanda, fille d’un ancien ami de Murtaugh. Plus encore, ils vont devoir faire montre de toutes leurs qualités lorsque Rianne, la fille de Murtaugh est enlevée par d’anciens agents des forces spéciales devenus trafiquants de drogue… En 1987, Richard Donner va signer un film d’action qui deviendra culte et qui apparaîtra comme le maître-étalon du buddy movie, ce genre cinématographique qui consiste à placer, au coeur de l’intrigue, deux personnages très différents, voire aux antipodes l’un de l’autre. Et on ne pouvait trouver mieux, pour incarner le duo de choc, que les sergents Murtaugh et Riggs. Le succès fut au rendez-vous avec des recettes s’élevant à 120,2 millions de dollars dans le monde. Si le personnage de Murtaugh revint assez vite à Danny Glover, brièvement en rivalité avec Brian Dennehy, un très grand nombre de comédiens avaient été envisagés pour incarner Riggs. On avait ainsi pensé à Pierce Brosnan, Nicolas Cage, Kevin Costner, Michael Keaton, Sean Penn, Liam Neeson, Tom Selleck avant que Mel Gibson, 31 ans, devenu célèbre avec Mad Max (1979), ne s’impose dans ce qui allait devenir une saga à succès avec quatre films entre 1987 et 1998. « Je suis trop vieux pour ces conneries » disait Roger Mutaugh et ce n’est là que l’une des répliques-cultes de Leathal Weapon (en v.o.) tout comme « Ton dossier dit aussi que tu es spécialiste en arts martiaux, le taï chi… et autres trucs de tueur. Je suppose qu’on devrait t’inscrire à l’arsenal comme l’arme fatale ! ». Pour la première fois en 4K UHD dans une édition collector. Pour le pur plaisir de l’action ! (Warner)
GorilleLE GORILLE VOUS SALUE BIEN – LA VALSE DU GORILLE
En 1958 et 1959, le réalisateur Bernard Borderie adapte, pour le cinéma, Le Gorille, personnage haut en couleur échappé de la célèbre série romanesque d’Antoine Dominique, nom de plume de Dominique Ponchardier, inventeur du mot « barbouze » et, semble-t-il barbouze lui-même. As des services secrets français, le Gorille, de son vrai nom Géo Paquet, a connu un beau succès auprès du public des salles obscures. Dans Le gorille vous salue bien, Géo Paquet est incarné par Lino Ventura qui décroche, ici, une rôle de tête d’affiche même si on l’a déjà largement remarqué, en flic ou en truand, dans Touchez pas au grisbi (1954), Razzia sur la chnouf (1955), Le rouge est mis (1957) ou Ascenseur pour l’échafaud (1958). Dans ce premier film, Le Gorille s’évade de prison aidé de l’extérieur. Son emprisonnement n’était qu’un camouflage destiné à masquer son activité au sein des Services de Renseignements dont il est l’agent n°1. La D.S.T s’inquiète de la disparition de plans de l’aéronautique militaire et c’est seul et poursuivi par la police légale que Géo Paquet mène l’enquête. Le gaillard n’est pas bavard mais il a une incroyable éloquence du geste. Qui, évidemment, impose le respect. Lorsque Borderie décide de tourner un nouveau Gorille, il propose le rôle à Ventura qui décline, ne voulant pas être enfermé dans un personnage. Dans La valse du gorille, c’est donc Roger Hanin qui reprend le rôle et qui le gardera dans le dernier film de trilogie, Le gorille a mordu l’archevêque réalisé en 1962 par Maurice Labro. Voici donc une valse des espions internationaux autour de la formule d’une invention secrète du savant allemand Keibel. Ted the Hook, l’Américain, Boris Almazian le Soviétique, Otto Lohn l’Allemand, et bien sûr Berthomieu dit « Le Vieux », chef des services d’espionnage français, se déchaîneront pour l’obtenir. Géo Paquet ne sera pas le moins acharné à défendre son supérieur et les intérêts de son pays. Dans les deux films, on remarque Charles Vanel, savoureux en chef du contre-espionnage. S’il fallait cependant choisir entre les deux productions, c’est assurément celle avec Lino Ventura qui l’emporte… Films d’espionnage qui ne se prennent pas au sérieux, Le gorille vous salue bien et La valse du gorille viennent d’être restaurés. L’occasion de (re)découvrir ces deux films cultes dans de très belles éditions restaurées Coffret DVD et Coffret Blu-ray. (Pathé)
Bridget Jones Folle LuiBRIDGET JONES : FOLLE DE LUI
Ce soir, Bridget Jones est de sortie. Mais, à la maison, c’est quand même le grand bazar. Billy et Mabel, ses deux gamins, ne sont pas du genre paisible et voilà que débarque ce cher Daniel Cleaver. Les gamins l’adorent. Bridget, elle, tord un peu le nez à ses blagues foireuses et sexuelles. Bridget est veuve après dix années de bonheur. Son cher Mark Darcy a été tué, il y a quatre ans, lors d’une mission humanitaire au Darfour. Et Bridget ne parvient pas à faire son deuil, d’autant que le fantôme de Mark apparaît volontiers à l’heure où Billy et Mabel doivent se coucher. Bien sûr, autour d’elle, ses amis se font un devoir de lui dire que rien n’est terminé et qu’elle devrait refaire sa vie. Ah, les amis et leurs bons conseils ! A 52 ans, Bridget se sent tout simplement « impraticable et asexuée ». Sur son lit de mort, son vieux père lui a dit : « Survivre ne suffit pas. Il faut vivre ! » Lors d’une sortie dans un parc, les enfants ont escaladé un grand arbre et n’arrivent plus à redescendre. Bridget grimpe à son tour et reste coincée en mauvaise posture. Elle assure que tout va bien mais lorsque passe Roxster, un jeune garde forestier, Bridget est bien obligée de demander de l’aide… Depuis toujours -enfin depuis qu’on la suit sur les écrans- Bridget Jones se bagarre pour ne pas rester seule. Avec Bridget Jones : Folle de lui, on peut penser que la voilà rangée des voitures. Mais non, tout n’est pas fini et même sa gynécologue lui conseille de se bouger. Une amie l’inscrit sur Tinder. « Veuve éplorée recherche éveil sexuel », ça peut marcher ? Soutenue par son entourage, Bridget va d’abord retourner à son boulot de productrice de télévision et décider ensuite de filer, un temps, le parfait amour avec Roxster. Mais est-ce bien sérieux quand la différence d’âge est si grande ? Avec ce quatrième épisode des aventures et mésaventures de Bridget Jones, on retrouve donc le personnage, imaginé par la romancière Helen Fielding, qui a fait de Renée Zellweger une vedette internationale. Pour la dernière fois, on le suppose, la comédienne américaine, qui a l’âge de son personnage, repique au truc. Tout cela va son petit bonhomme de chemin. Rien de surprenant, ni de rédhibitoire non plus. (Studiocanal)
Sarah Bernadt DivineSARAH BERNHARDT – LA DIVINE
Après une enfance en nourrice à Quimperlé, puis en couvent à Versailles, Henriette Rosine Bernard entre au Conservatoire à Paris en 1859. Elle en sort avec un deuxième prix d’interprétation et un nouveau nom : Sarah Bernhardt. Après un bref passage à la Comédie-Française,, Sarah devient une « demi-mondaine » repérée par la police des mœurs. Maîtresse du directeur de l’Odéon, elle y triomphe dans le rôle de la reine dans Ruy Blas de Victor Hugo. La Comédie-Française la rappelle mais elle la quitte avec fracas en 1880. Le théâtre est alors un art en mouvement qui tente de sortir des carcans du répertoire comme du style boulevardier. L’actrice cherche surtout à se mettre en scène, privilégiant les rôles dans lesquels elle meurt sur scène, renforçant l’image d’une tragédienne dans une époque fascinée par la mort et l’au-delà. Alors que le naturalisme s’est imposé au théâtre, notamment dans la diction, elle rejoue au contraire le classicisme de la parole poétique. Première artiste à la carrière réellement internationale, Sarah Bernhardt organise en 1896, au Grand Hôtel à Paris, une journée où le tout-Paris se croise à la gloire de l’artiste… Dans le tourbillon fou que fut son existence et sa carrière, le film fait le choix de dégager deux axes : la journée du jubilé de 1896 et l’amputation de sa jambe droite due à une tuberculose osseuse du genou. Exit donc le biopic réaliste ou le récit totalisant. En choisissant de raconter la femme derrière la légende, Guillaume Nicloux coche joyeusement toutes les cases. Nous avons l’amoureuse libre et moderne qui se fiche des conventions et collectionne les amants, l’artiste capricieuse, la femme suicidaire ou la rebelle qui pousse Emile Zola à défendre le capitaine Dreyfus, persuadée qu’elle est de son innocence. On croise aussi Edmond Rostand, Louise Abbéla, Mucha, Sigmund Freud ou encore Pitou, le dévoué valet. Et puis le plus grand amour de la vie de Sarah Bernhardt, en l’occurrence Lucien Guitry… On entre agréablement dans cette évocation colorée d’une vraie icône à travers un récit impressionniste qui cultive le mot d’esprit et saute d’un temps à un autre. Au milieu de ce feu d’artifice, Sandrine Kiberlain, toute en légèreté, en frivolité et brio, campe une Sarah Bernhardt étourdissante. Au générique de fin, on voit quelques images de la vraie Sarah Bernhardt filmée en 1915 par Sacha Guitry dans Ceux de chez nous, un documentaire sur d’ « admirables Français ». (Memento)
Hola FridaHOLA FRIDA
C’est l’histoire d’une petite fille différente. Son monde, c’est Coyoacan au Mexique. Pétillante, vibrante, tout l’intéresse. Très jeune, elle découvre la magie des couleurs. Elle déborde d’énergie, elle rit, elle pleure et lorsque les épreuves se présentent, elle leur fait face grâce à un imaginaire débordant. « Je devais avoir six ans lorsque j’ai vécu intensément une amitié imaginaire avec une petite fille, à peu près de mon âge. » Ces mots de Frida Kahlo, qu’elle écrit dans son journal en 1950, ouvrent et irriguent le pétillant film d’animation réalisé par André Kadi et Karine Vézina. Ces deux réalisateurs ont découvert et aimé le livre jeunesse intitulé Je m’appelle Frida Kahlo paru chez Casterman avec un texte de Sophie Faucher et des illustrations de Cara Carmina. L’enfance de Frida Kahlo, née en 1907 au Mexique, fut une épreuve et une souffrance. À l’âge de six ans, la fillette est victime d’une poliomyélite. Conséquence : sa jambe droite s’atrophie et son pied ne grandit plus. Elle n’atteindra jamais une taille normale. Pour ses camarades de classe, elle est Frida la coja (Frida la boiteuse). On suppose qu’elle souffrait d’une malformation congénitale de la colonne vertébrale… Elève dans l’un des meilleurs établissements scolaires du Mexique, Frida Kahlo sera victime, en septembre 1925, d’un grave accident de la circulation. Le bus qu’elle emprunte pour rentrer des cours, sort de la route et percute un tramway. La jeune fille a l’abdomen et la cavité pelvienne transpercés par une barre de fer. Sa jambe droite est fracturée en onze endroits. Le bassin, les côtes et la colonne vertébrale sont eux aussi brisés. Elle passera des mois, alitée à l’hôpital, contrainte de porter des corsets en plâtre… Sous la forme d’un récit tendre et insouciant, porté par une belle animation fluide et chaudement colorée, Hola Frida évoque, avec une douce et touchante naïveté, une fillette qui apprivoise son handicap grâce à la puissance de l’imaginaire et la créativité. En s’appuyant sur un vécu qui illumine des œuvres largement autobiographiques, Frida Kahlo (1907-1954) s’imposera comme une figure emblématique de l’art et de la culture mexicaine, reconnue pour sa force, son originalité et son engagement. L’album de ses jeunes années est une puissante leçon de vie ! (Blaq Out)
God Save TucheGOD SAVE THE TUCHE
Après être allé à Monaco, aux États-Unis et à l’Élysée, et avoir passé un Noël mémorable en famille, les Tuche mènent désormais une vie paisible à Bouzolles. Cathy tient une « baraque à frites », Stéphanie est designer pour Cathy, Jeff est devenu le président du club de football, le FC Bouzolles, Donald est manager de Green Bouzolles, et Wilfried fait de la musique depuis la séparation des Daft Punk. Grande fan de la famille royale britannique, Cathy rêve d’aller au Royaume-Uni pour le couronnement de Charles III. Elle a demandé une invitation mais elle découvre trop tard la réponse dans le sac-banane de Jeff. Un dirigeant d’un grand club de football anglais vient rendre visite au club de Jeff pour voir les « infrastructures » du FCB. Le dirigeant tombe des nues quand il voit Jiji, le petit-fils de Jeff (fils de Stéphanie et de Georges Diouf), jouer au football. Il propose au garçon de faire une semaine de stage en Angleterre. Les Tuche décident de l’accompagner. En tant qu’ancien président de la République française, Jeff est logé, avec sa famille, dans une résidence mise à disposition par l’ambassade. Lorsqu’une invitation leur arrive pour un déjeuner avec le roi Charles III et son épouse Camilla Parker-Bowles, les Tuche n’ont que trois jours pour se mettre à la culture anglaise… Le jour du déjeuner, à Balmoral, Jeff se fait remarquer en serrant la main du roi, ce qui est interdit par le protocole. Mais le roi sympathise avec Jeff et l’invite à boire un coup. Cathy, quant à elle, apprend à Camilla à nettoyer les vitres en crachant dans du papier journal avant d’essuyer… Dans son club de football, Jiji est surpris en train de manger des frites que sa mère Stéphanie lui a envoyées… Le patron du club avertit le roi que le garçon n’a pas respecté les règles. Mais Charles, lui, trouve les frites succulentes. D’ailleurs, le jour du départ des Tuche, le roi s’invite chez eux pour demander à Cathy la recette de ses frites : d’abord réticente, Cathy accepte finalement, et elle est décorée par le roi. Non sans qu’un drame survienne avec Camilla… Avec son ambiance british et ses clins d’oeil à Titanic ou Harry Potter, le cinquième volet de la saga Tuche, mise en scène par Jean-Paul Rouve (qui conserve évidemment le personnage de Jeff), a encore bien tiré son épingle du jeu dans les salles françaises. Plus de trois millions de spectateurs, c’est très bien même si le résultat est moins fort que les 4,6 millions d’entrées du n°2 et surtout les 5,6 millions du n°3. Bref, les spectateurs sont toujours fans des Tuche ! (Pathé)
Fous StadeLES FOUS DU STADE
Graveson est un charmant petit village du Midi de la France, avec ses joueurs de pétanque dont l’accent fleure bon la Provence. Quatre amis farfelus en camping sauvage aux abords du village vont devoir faire face à une série de mésaventures rocambolesques, entre quiproquos, gags absurdes et courses-poursuites. En 1972, forts du succès des Bidasses en folie tourné un an plus tôt, les Charlots renouvellent l’aventure avec le réalisateur Claude Zidi pour une parodie des Jeux olympiques. Les fous du stade (en édition restaurée DVD/Blu-ray) est un marathon du rire qui remporta un grand succès au box-office avec près de six millions d’entrées en France. Avant de devenir des comédiens, les Charlots étaient avant tout musiciens. Connus sous le nom de groupe Les Problèmes, ils entament leur carrière dans le rock en 1965. Gérard Rinaldi au chant, Jean Sarrus à la basse, Gérard Filipelli à la guitare, Luis Rego à la guitare rythmique et Donald Rieubon à la batterie assurent les premières parties de toutes les stars des Yéyés, de Françoise Hardy à Claude François en passant par Johnny Hallyday et même les Rolling Stones. Ils connaissent alors un véritable succès en détournant une chanson d’Antoine, « Je dis ce que je pense et je vis comme je veux » et se lancent ainsi dans le chant humoristique. Les Problèmes deviennent Les Charlots, en hommage au personnage de Charlie Chaplin. Désormais chansonniers, ils enchaînent les succès avec des chansons originales ou des parodies de leurs contemporains. Poussés par Christian Fechner, leur jeune manager, qui ne tardera pas à devenir l’un des producteurs les plus prolifiques du cinéma français, ils ne vont pas tarder à se lancer dans le cinéma. Contre toute attente, ils sont, ici, des athlètes. Les JO de Paris de 1976 (jeux totalement fictifs) approchant à grands pas, la flamme olympique doit traverser le village de Graveson. Or c’est là que les Charlots passent leurs vacances. Entre la natation, le javelot, la perche, ils enchaînent les gags dans ce film burlesque placé sous le signe de l’absurde, du non-sens, voire du surréalisme. On pense parfois à Keaton et à Tati ! (Pathé)
La Tour DiableLA TOUR DU DIABLE
Perdue au large de l’Écosse, la petite île de Snape Island se remarque par son unique phare. Lorsqu’ils y accostent, deux pêcheurs découvrent le spectacle macabre de trois jeunes adolescents sauvagement assassinés. Seule survivante, Penny, terrorisée et dans un état second, tue un des deux pêcheurs avant d’être maîtrisée et incarcérée dans un institut psychiatrique. En relatant les faits, Penny évoque de la sorcellerie, des envoûtements ou des rituels macabres qui se sont déroulés sur l’île. Intrigués par une lance phénicienne très ancienne trouvée empalée dans le corps d’un des adolescents, une équipe de scientifiques, accompagnée du détective Evan Brent chargé de prouver l’innocence de Penny, décide de se rendre sur place à la recherche d’un trésor dédié à la divinité Baal. Ce qu’ils ignorent, c’est qu’un mystérieux tueur rôde sur l’île… En 1972, le cinéaste anglais Jim O’Connolly (1926-1986) signe l’avant-dernier film de sa carrière avec cette Tower of Evil qui s’inscrit dans le cinéma horrifique qui fit les beaux jours de la mythique Hammer. Ici, on est dans un registre plus kitsch qui cède aussi à l’air du temps (la libération sexuelle est passée par là) avec des scènes de nu. Mais, dans l’esprit du slasher, c’est quand même la manière dont les protagonistes se font trucider, qui importe le plus. Et le film ne se prive pas de flirter avec le gore. Tout cela date évidemment mais le film peut aussi être considéré, y compris sous l’angle de la manière dont il est mis en scène, comme un témoignage du cinéma d’horreur des seventies. (Rimini Editions)

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