LE DRAME GAI DE RENOIR ET LES CHANSONS DE BOB DYLAN
LA REGLE DU JEU
Sur l’aéroport du Bourget, de nuit, une foule en liesse attend André Jurieux. L’aviateur vient de battre le record de traversée de l’Atlantique. Son ami Octave arrive et peine à se frayer un chemin. Octave apprend au héros du jour que la femme pour laquelle il avait entrepris son raid n’a pu venir. À la journaliste de radio qui lui tend son micro, l’aviateur laisse éclater son amertume en la qualifiant de « déloyale ». Cette femme, c’est la ravissante Christine de La Chesnaye. Dans son luxueux appartement parisien, elle écoute l’émission radiophonique consacrée à l’exploit mais éteint rapidement l’appareil. Christine est mariée depuis trois ans au marquis Robert de La Chesnaye. Sa femme de chambre, Lisette, a épousé il y a deux ans Édouard Schumacher. C’est le garde-chasse du domaine de La Colinière, luxueuse résidence de campagne que possède le couple en Sologne. Une discussion entre Christine et le marquis révèle qu’il connaît la relation ambiguë de son épouse avec André. Mais le mari semble pardonner à sa femme et rejette la faute sur l’aviateur, qu’il juge trop naïf. Tout semble rentrer dans l’ordre. Robert s’absente un instant afin de téléphoner. Il désire rencontrer sa maîtresse, Geneviève de Marras, pour mettre un terme à leur relation. Dès le lendemain, Robert et Geneviève se retrouvent. Le marquis n’arrive pas à rompre. Trop faible, il se rend aux arguments de Geneviève et l’invite à un week-end de chasse. À La Colinière, Schumacher patrouille dans les bois. Il surprend Marceau, un braconnier, qui a pris un lapin dans un collet. Ils croisent le marquis. Agacé par la prolifération des lapins, La Chesnaye sympathise immédiatement avec Marceau, auquel il procure un emploi de domestique. Dès son arrivée au château, Marceau courtise Lisette, qui ne se montre pas insensible à ses avances… Une grande chasse va réunir les invités, aristocrates et grands bourgeois, du marquis. Les amours vont se faire et se défaire jusqu’au drame final. A la fin des années trente, Jean Renoir aligne ses grands films. En 1937, il signe La grande illusion puis La Marseillaise (1938), La bête humaine (1938) et enfin cette Règle du jeu dont il dira qu’il s’agit d’un « drame gai » ou d’une « fantaisie dramatique ». Pour le cinéaste (qui va quitter ensuite la France pour s’installer à Hollywood), le film a pour ambition d’être, à la fin des années 30, une peinture de mœurs de l’aristocratie et de la grande bourgeoisie ainsi que des domestiques qui les servent. Sur le fonctionnement de cette société, Renoir porte un regard hautement critique mais aussi résolument humaniste. Le tout interprété par des comédiens (Marcel Dalio, Nora Gregor, Julien Carette, Roland Toutain, Paulette Dubost, Mila Parély, Pierre Renoir, Gaston Modot) au meilleur de leur art. Aujourd’hui, La règle du jeu est considéré comme un monument du cinéma mondial. Pourtant, à sa sortie, en juillet 1939, il avait été bien mal reçu. A droite comme à gauche, ce fut un tollé. Etait-ce la peinture acide de l’aristocratie, la mise en cause explicite du mensonge social, les allusions à l’antisémitisme ? Peut-être que le rejet vint de l’impressionnante modernité de la mise en scène. Selon François Truffaut, La règle du jeu constitue « le credo des cinéphiles, le film des films »… Voici une belle occasion, avec cette magnifique édition, de s’y replonger. (Rimini Editions)
UN PARFAIT INCONNU
Dans le New York de 1961, débarque un petit gars fluet, une casquette sur la tête, une grosse écharpe autour du cou, un sac sur le dos et une valise de guitare à la main. Plus tard, le jeune homme va croiser Pete Seeger à l’hôpital auprès d’un Woody Guthrie très malade et désormais muet sur son lit de douleur. Si vous aimez plus que tout la chanson française ou le krautrock germanique, passez votre chemin. Tous les autres peuvent se laisser emporter par l’aventure folk d’un petit gars du Minnesota nommé Robert Zimmermann en passe, ici, de devenir l’immense Bob Dylan, seul chanteur à ce jour à avoir obtenu le prix Nobel de Littérature. Avec aisance, James Mangold embarque le spectateur du côté d’une scène musicale en pleine effervescence. Bobby Dylan, 19 ans, débarque tandis que la guerre du Vietnam bat son plein, que la crise des missiles de Cuba amène la Guerre froide à un moment paroxystique, que les Noirs militent pour les droits civiques… Mangold a conçu Un parfait inconnu avec comme référence Amadeus de Milos Forman. Le cinéaste a ainsi exploré le parcours de Dylan, pendant les quatre années de sa vie de nomade en galère à son statut d’icône rock, à travers le prisme des autres personnages. Porte-parole musical de la classe ouvrière, Woody Guthrie (1912-1967) fait figure de maître spirituel tandis que Pete Seeger (1919-2014), véritable pionnier de la musique folk, sera un ami, une écoute attentive et un professionnel aguerri qui va lui mettre le pied à l’étrier. Et puis, il y a deux femmes qui occupent une place d’importance dans l’existence de Dylan. C’est évidemment Joan Baez (84 ans), reine du folk, que Dylan croise lors de ses apparitions en scène à New York avec, à la clé une fructueuse collaboration avec des duos autour de titres mythiques comme Blowin’ in the Wind, archétype du protest song (1962) ou I Ain’t Me Babe avant que les deux se prennent la tête. L’autre femme, Sylvie Russo, est un personnage fictif largement inspiré de Susan Rotolo (1943-2011), dessinatrice et peintre, qui fut la petite amie de Dylan de 1961 à 1964. Le film ne cherche pas l’exactitude mais bien une atmosphère, celle de musiciens de génie en pleine création. En s’appuyant sur une reconstitution historique de qualité, le cinéaste propose un récit constamment bruissant dans lequel s’élèvent des chansons mythiques comme I Was Young when I Left Home, Masters of War, A Hard Rain’s A-Gonna Fall, The Time There are a Changing, Maggie’s Farm et évidemment Highway 61 ou Like a Rolling Stone. Entouré de comédiens en verve (Edward Norton, Elle Fanning, Monica Barbaro, Boyd Holbrook), Timothée Chalamet, affublé d’une discrète prothèse de nez, est un Dylan épatant, tour à tour poète maudit, zombie spectral, musicien de légende (Chalamet chante en live), mi-enfant de choeur, mi-beatnik, grand ado fonçant sur sa moto Triumph, artiste affabulant son passé mais conscient de sa valeur lorsqu’il dit : « La bonne question n’est pas de savoir d’où viennent mes chansons mais de savoir pourquoi elles ne leur sont pas venues à eux ! » (Studiocanal)
LE TERRORISTE
Durant l’hiver 1943, un groupe de résistants réussit à faire exploser une charge à la Kommandantur de Venise. La réussite de l’opération menée par « l’ingénieur », chef du groupe et ses trois exécutants est toute relative. Une prostituée vénitienne y laisse la vie tandis que le commandant nazi en réchappe. Les Allemands menacent de fusiller quarante otages si « l’ingénieur » ne leur est pas livré. Les représentants des cinq partis clandestins d’opposition au sein du Comité de Libération qui représentent la Résistance à Venise, réunis en secret, sont très divisés sur la conduite à tenir et l’action clandestine en cours. Devant la menace des Allemands de fusiller les otages, le Comité décide de faire intervenir l’archevêque et de stopper, pour un moment, les attentats menés par « l’ingénieur ». Cependant, le soir même, un haut-parleur servant à la propagande fasciste saute. Ancien membre du Comité de libération nationale et des Groupes d’action partisane, Gianfranco De Bosio (1924-2022) était une figure de proue de la résistance italienne en Vénétie. Après-guerre, il devient metteur en scène au théâtre puis cinéaste, et signe avec Il terrorista une œuvre puissante, d’une grande authenticité. Le réalisateur s’est en effet appuyé sur sa propre expérience, sur des événements auxquels il a assisté et participé, pour livrer un film de réflexion idéologique et morale dont le message résonne encore aujourd’hui. Si l’action du film se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale, au cœur d’une Venise occupée, divisée entre deux pouvoirs – les nazis et les fascistes – les thèmes abordés par le film restent en effet d’actualité : la notion de terrorisme, les enjeux moraux autour de la résistance à l’oppression, l’analyse toute en nuances de l’escalade de la violence… À l’époque, Venise est l’une des dernières régions d’Italie à se libérer. Elle est alors marquée par des faits de résistance radicaux, hautement controversés en raison des victimes collatérales et des représailles de l’ennemi que génèrent ces attentats. À travers différentes séquences de discussions, et en montrant toute la complexité des rouages politiques, le film offre une passionnante interrogation sur la négociation politique opposée à la guerre et aux actes de résistance. Lauréat du prix de la Critique italienne en 1963, Le terroriste, présenté dans une belle restauration 4K, est construit sur une mise en scène recherchée, sublimée par le cadre qu’offre une Venise hivernale, à la fois magnifique et sinistre. Son architecture singulière et labyrinthique, ses ruelles étroites, ses canaux vides baignés de brume, confèrent ainsi au drame un relief singulier. En dehors du passage de nazis à bord de gondoles, la cité est désertée, reflétant la solitude du héros interprété par l’un des plus grands acteurs italiens Gian Maria Volonté. Outre un livret de 32 pages sur le film, on trouve des suppléments inédits avec un entretien avec Me Stefano de Bosio, avocat et fils du réalisateur (44 mn) et Le terroriste et Venise, un retour sur les principaux lieux du film (23 mn) (Rimini Editions)
LA PIE VOLEUSE
Deux cambrioleurs cagoulés braquent un magasin de musique de Marseille. Ils provoquent une inondation. Partout des factures et des chèques flottent dans l’eau… Cela va profondément impacter la vie de Maria, une sexagénaire souriante qui aide, tous les jours, des personnes plus âgées qu’elles. Ainsi ce brave monsieur Moreau, cloué dans son fauteuil roulant, qui lui confie régulièrement des chèques pour faire ses courses. Mais voilà Maria tire le diable par la queue. Et pourtant, elle a envie de goûter au plaisir de la vie. Surtout Maria entend tout faire pour que Nicolas, son petit-fils, devienne un virtuose du clavier. Ce qui passe aussi par la location d’un bon piano réglée avec un chèque de… Monsieur Moreau. Qui reçoit un courrier du magasin lui réclamant un nouveau chèque. Lorsque le fils Moreau tombe sur la lettre, les événements vont se succéder en cascade et une plainte pour abus de faiblesse venir tout bouleverser… Avec le cinéma de Robert Guédiguian, on est quasiment toujours en pays de connaissance. Parce qu’à de rares exceptions, l’action se passe volontiers à Marseille et souvent du côté de L’Estaque… Parce qu’il y a aussi des visages connus qui incarnent des personnages de préférence attachants et chaleureux. On songe évidemment à Ariane Ascaride, comédienne favorite et épouse de Guédiguian mais aussi à Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Jacques Boudet ou les plus jeunes Grégoire Leprince-Ringuet, Robinson Stévenin ou Lola Naymark… La pie voleuse ne fait pas exception. Et le cinéaste de Marius et Jeannette y raconte l’histoire d’une femme qui a assez d’ingénuité en elle pour penser que ce qu’elle fait, n’est pas répréhensible. Car Maria (Ariane Ascaride, lumineuse et marquée de fêlures) est très dévouée à ceux auxquels elle prélève un « petit » billet de dix ou vingt euros. En fait, elle a un rapport très aimant avec les gens chez qui elle travaille, qui eux-mêmes l’adorent. Maria outrepasse largement les tâches que ses employeurs exigent d’elle. Elle a de la bonté. Elle mesure presque le fait que ce ne soit pas une gêne pour les personnes. Que cela ne leur manquera pas. Et, en effet, cela ne leur manque pas. Avec ce conte coloré et ensoleillé, Guediguian aborde, sans avoir l’air d’y toucher, la question de la précarité et le droit de revendiquer plus que le strict minimum. « La vie ne peut pas se réduire au nécessaire, dit-il, il faut aussi un accès à la respiration, à la beauté. (…) Inconsciemment, Maria agit en anarchiste. Les couches moyennes devraient se montrer davantage solidaires envers les plus pauvres. Taxer les superprofits ne suffira pas. On ne règlera pas tous les problèmes du monde en taxant les 10% des personnes les plus riches. Il faut aussi que les gens d’un niveau social moyen aident leurs voisins moins dotés. » (Diaphana)
LA SORCIERE SANGLANTE
Accusée d’avoir tué le comte Franz en usant de ses pouvoirs maléfiques, Adèle Karnstein est condamnée à mourir sur le bûcher. Dans l’Europe centrale de 1499, sa fille aînée, Helen Rochefort va tenter d’arracher sa mère au supplice en offrant ses faveurs au vieux comte Humboldt. Mais il est déjà trop tard. Avant de mourir devant les yeux de Lisabeth, sa plus jeune fille, Adèle lance une terrible malédiction. Tous les Humboldt vont mourir le dernier jour de la fin du siècle. Peu après, Helen est tuée par le comte Humboldt, qui craint les représailles de l’église pour le crime d’adultère. La malédiction s’opère. Une épidémie de peste s’abat sur la région. Devenue adulte, Lisabeth, qui ressemble trait pour trait à sa mère, est courtisé par Kurt qui exige de l’épouser. Tandis que les villageois tentent d’investir le château pour échapper à la peste, un violet orage éclate. Un coup de foudre provoque le réveil d’Helen. Sortant de sa tombe, Helen se présente dans la chapelle où est dite la sainte messe de fin d’année. Le vieux comte est mort de peur et Kurt tombe instantanément sous le charme de celle qui se présente sous le nom de Mary. L’emprise de Mary est telle sur Kurt que celui-ci est prêt à empoisonner Lisabeth. Pour célébrer la fin de l’épidémie, on fabrique une grande marionnette articulée couverte de cheveux, symbole du caractère éphémère de tout ce qui est terrestre. Kurt, lui, bascule dans la folie. Il sera bâillonné et enfermé dans la marionnette qui sera enfin détruite par les flammes… C’est en 1964 que le cinéaste italien Antonio Margheriti (1930-2002) réalise I lunghi capelli della morte qui sera distribué en France sous le titre La sorcière sanglante. Avec Danse macabre, réalisé peu de temps auparavant, il s’agit là de deux vrais fleurons de l’âge d’or de l’horreur gothique qui place le cinéaste sur le même rang que ses confrères Riccardo Freda et Mario Bava. Par la suite, Margheriti se tournera vers d’autres formes du cinéma de genre et notamment la science-fiction pour laquelle il avait une affection particulière. Mis en scène dans un beau noir et blanc contrasté, La sorcière sanglante se déroule, non pas au 19e siècle comme la plupart des films d’horreur gothique, mais dans l’époque médiévale. Margheriti apporte d’ailleurs un grand soin à l’ancrage historique de son film, jouant avec la crypte, les passages secrets, la peste, la sorcellerie. A côté de George Ardisson qui incarne un Kurt, fils maudit et assassin hanté par le fantôme de sa victime, on trouve ici une légende du cinéma de genre en la personne de Barbara Steele. Avec son visage blême, ses yeux noirs et sa beauté diaphane, la comédienne anglaise est une véritable icône qui distillait un érotisme trouble. La « recomposition » du cadavre d’Helen est un morceau de bravoure ! La sorcière sanglante sort dans un beau coffret, enrichi de nombreux suppléments dont une présentation du film par Nicolas Stanick. Dans la même collection, Barbara Steele est aussi la vedette d’un autre film fantastique, Un ange pour Satan (1964) de Camillo Mastrocinque. (Artus Films)
JANE AUSTEN A GACHÉ MA VIE
Dans la très belle librairie Shakespeare and Company à Paris, Agathe est comme un poisson dans l’eau. Elle conseille les clients, leur recommande la lecture de Jane Austen, sa romancière favorite. Célibataire, elle rêve d’une histoire d’amour digne des meilleurs romans romantiques. Elle est libraire mais rêve d’être écrivain. Sans doute la vie n’est-elle jamais à la hauteur de ce que lui a promis la littérature. Comme son collègue Félix (Pablo Pauly) a lu, sur l’ordinateur d’Agathe, l’ébauche d’un roman, il la fait inviter à une résidence d’écrivains qui se tient, en Angleterre, dans l'(imaginaire) Jane Austen Residency. Mais Agathe, touchée par le syndrome de l’imposteur, refuse. Ce n’est là que l’une de ces histoires qu’elle commence et ne finit pas. Jane Austen a gâché ma vie est le premier long-métrage de Laura Piani. « J’ai une tendresse, dit-elle, pour les fêlés, les inadaptés. Les doux, les sincères, les romantiques. Ceux qui ne trouvent pas leur place. Ceux qui préfèrent se raconter des histoires. Ceux qui n’arrivent pas à̀ tomber amoureux, à grandir, à faire leur deuil ou à prendre des risques. Tous ceux qui ont peur de souffrir…. » Ainsi, elle nous entraîne dans l’aventure d’Agathe Robinson pour montrer comment les gens qui passent leur vie dans les livres peinent à vivre la réalité d’une histoire d’amour contemporaine mais aussi à écrire puisqu’ils ne lisent que des chefs d’œuvre. De fait, la pauvre Agathe se sent comme Anne Elliot, le personnage de Jane Austen, vieille fille fanée consciencieusement passée à côté de son existence. De Jane Austen, Laura Piani dit apprécier les mots, le talent de conteuse, l’humour, l’aspect politique d’une œuvre qui posait des questions déjà très féministes pour l’époque comme le rapport des femmes au mariage et à l’indépendance. Laura Piani a clairement du goût pour les comédies anglaises des années 90. Dans cette chorégraphie des corps et des sentiments, de l’hésitation amoureuse et des quiproquos, Agathe, grande guigue « empêchée » et mal à l’aise dans un monde qui va trop vite, va finir, dans sa résidence anglaise si cosy, par affronter ses peurs et ses doutes pour enfin réaliser son rêve d’écriture… et tomber amoureuse. Point de suspense ici mais l’envie de parler de la fragile délicatesse des sentiments. Camille Rutherford est drôle et pathétique à souhait avec son Agathe gracieuse, sensible et maladroite, emportée, lors d’un bal en costume d’époque, dans une valse sur Amour et printemps de Waldteufel. (Blaq Out)
LA PAMPA
Sur le terrain de moto-cross de « La pampa », Jojo s’entraîne sous les yeux attentifs de son père David et de son entraîneur Teddy, espérant remporter des titres nationaux. Son meilleur ami, Willy, l’aide avec la mécanique, et assiste régulièrement David et Jojo dans leurs travaux quotidiens au lieu de réviser pour le bac. À la suite du décès de son père, Willy vit avec sa mère et sa sœur, et a du mal à accepter que sa mère refasse sa vie et souhaite déménager. Un soir, Willy surprend Jojo et Teddy en train de faire l’amour, et découvre ainsi son homosexualité. Jojo explique que leur histoire dure depuis quelques mois, et que Teddy compte quitter sa femme enceinte pour partir vivre avec Jojo. Parallèlement, Willy se lie d’amitié avec Marina, une ancienne habitante du village taxée de fille facile par les locaux, qui est partie étudier l’art à Angers. Elle tente d’achever une reproduction de la tenture de l’Apocalypse en modèle réduit. Un jour, Steph, la femme de Teddy, surprend son mari et Jojo dans l’acte. En rentrant chez lui, Willy tombe sur le partenaire de sa mère en train de ranger le garage de son père décédé, l’entraînant dans une colère noire qui lui vaut d’être privé de sortie. Willy fugue pour Angers et rejoint Marina qui lui montre la tenture, et lui explique que sa réputation de fille facile est une invention. Alors qu’ils deviennent intimes, le téléphone de Willy est bombardé de notifications : une vidéo, montrant Jojo pratiquant une fellation à Teddy (qui n’est pas identifiable), a fuité sur les réseaux sociaux, entraînant une vague de commentaires homophobes de la part de leurs camarades de classe. « Le film, explique le réalisateur Antoine Chevrollier, vient d’une discussion à une terrasse de café avec un ami et au cours de laquelle est revenu à mon esprit ce terrain qui s’appelle la pampa et qui se trouve dans le village où j’ai grandi. C’est un terrain de moto-cross qui générait beaucoup de fantasmes à mes yeux à l’époque. C’est un sport qui coûte cher mais qui ne rapporte pas grand chose. Mes parents n’avaient pas les moyens de me payer une moto mais je regardais les autres à travers les grilles. Le fantasme n’était pas tant lié à la pratique qu’à ce qu’elle générait en virilisme exacerbé avec tous ces hommes, et ces femmes d’ailleurs aussi, qui jouaient très bien le jeu du patriarcat, de la masculinité toxique. Ça me fascinait. Je l’ai plus tard déconstruit. » Connu pour avoir oeuvré sur des séries françaises comme Le bureau des légendes, Baron noir ou Oussekine, Antoine Chevrollier signe, ici, son premier long-métrage avec l’histoire de Willy et Jojo, deux amis d’enfance que rien ne semble pouvoir séparer. En cela, le film s’inscrit dans une veine en vogue dans le cinéma français avec des films comme L’amour ouf ou Vingt dieux. Plongée dans une jeunesse rurale, La pampa, film lumineux porté par d’excellents comédiens (Sayyid El Alami, Damien Bonnard, Artus) évoque une amitié puissante et des rêves d’avenir confrontés à l’ennui, à la pression sociale mais aussi à la discrimination et à la quête d’identité. (Blaq Out)
TU NE TUERAS POINT
Fils d’un ancien soldat de la Première Guerre mondiale, le jeune Américain Desmond Doss (1919-2006) veut apporter sa pierre à l’édifice lorsqu’éclate la guerre du Pacifique contre le Japon lors de la Seconde Guerre mondiale. Cependant en raison de ses croyances religieuses d’adventiste du septième jour, s’il souhaite bien s’engager, il refuse de porter une arme au combat et évidemment de tuer. Après de difficiles négociations avec la hiérarchie de l’armée, il est néanmoins affecté au poste d’auxiliaire sanitaire. Malgré les pressions et moqueries de ses camarades, Doss va démontrer un courage absolument exemplaire. Affectée à la 77e division d’infanterie, l’unité de Doss va être engagée dans la bataille d’Okinawa qui se déroule sur la colline de Hacksaw Ridge. L’infirmier Doss sauvera la vie de 75 de ses camarades en les faisant redescendre un à un de la falaise d’Okinawa dans une civière de corde, restant pour cela exposé au sommet de la falaise aux tirs ennemis pendant toute l’opération de sauvetage. En priant : « Seigneur, donne-moi la force d’en sauver encore un ». L’histoire vraie de Desmond Doss a (forcément) fasciné le cinéma hollywoodien. Dès les années cinquante, le producteur Hal B. Wallis, qui oeuvra chez Warner avant de rejoindre Paramount, tenta de monter un film sur ce héros humble mais plus grand que nature. C’est finalement en 2016 que le projet aboutit avec la réalisation de Mel Gibson qui plonge le spectateur au coeur d’une bataille terriblement violente. Les images de Tu ne tueras point, par le réalisme de leur violence, n’ont rien à envier à celles du débarquement filmés par Spielberg dans Il faut sauver le soldat Ryan. En s’appuyant sur la remarquable composition d’Andrew Garfield (vu dans Boy A mais aussi dans Spider-Man), le cinéaste rend un bel hommage à la foi, au courage et l’altruisme d’un soldat qui refusa toujours qu’on le traite d’objecteur de conscience. Mais qui reçut cependant la Medal of Honor, la plus haute distinction militaire américaine. Le film, lui, fut nommé dans six catégories aux Oscars 2017 et remporta les statuettes du meilleur mixage de son et du meilleur montage. Un film de guerre très gibsonien qui développe des thèmes comme le rachat par la foi ou le pacifisme exalté au coeur d’un déchaînement général de violence. (Metropolitan)
PROMESSE – LES ENQUÊTES DU DÉPARTEMENT V
Sollicité par Christian Habersaat, un ancien collègue avec lequel il n’était pas toujours en phase, le détective Carl Mørck accepte d’envoyer sa jeune collaboratrice Rose sur l’île danoise de Bornholm. Celle-ci assiste au pot de départ à la retraite d’Habersaat lorsque, soudain, le vieux flic se tire une balle dans la tête, non sans avoir montré un énigmatique message à la caméra qui le filme. Même s’il y va à contre-coeur, Mørck accepte de se rendre sur l’île d’autant que Rose a annoncé qu’elle ne rentrerait pas avant la résolution de l’affaire. Avec son « Département V », Mørck va se lancer dans une affaire non classée : le meurtre d’une jeune fille retrouvée morte, au bord d’une route de campagne, accrochée dans les branches d’un arbre. C’est avec sa jeune fiancée que Carl débarque sur l’île danoise. A ses côtés, Assad, son coéquipier d’origine syrienne. Avec l’aide de la police locale, ils vont tous les trois tenter de résoudre ce meurtre. Sur cette île que Carl a bien connu autrefois, se trouve par ailleurs une communauté d’adorateurs du soleil. Le réalisateur et scénariste danois Ole Christian Madsen s’attaque pour la première fois à la saga du Département V, une série de romans de l’auteur danois Jussi Adler-Olsen. Promesse est la sixième adaptation du roman éponyme publié en 2014 après Miséricorde (2013), Profanation (2015), Délivrance (2016), Dossier 64 (2019) et Effet papillon (2021). On se retrouve, ici, en pays de connaissance avec un nouvel épisode de ces enquêtes menées par une petite équipe chargée des crimes non résolus. Cela nous vaut un solide thriller scandinave bien construit pour tenir le spectateur en haleine. Il faut dire qu’il y a de quoi se mettre sous la dent avec des secrets intimes honteux, de vieilles rancœurs familiales, de lourds silences, voire de l’inceste. Avec, en prime, le danger des sectes et de l’embrigadement des malheureux séduits par leurs promesses. D’ailleurs Rose va avoir à connaître des mœurs bien tordues de ces agités du bocal et elle aura bien du mal à s’arracher à leurs geôles. Quant à Mørck, flic blasé, taciturne et cynique (Ulrich Thomsen, vu dans Festen de Thomas Vinterberg), il plonge la tête la première dans les (mauvais) souvenirs en retrouvant une femme qu’il s’était employé à oublier. Avec son image récurrente et quasiment onirique de la jeune morte suspendue dans l’arbre, Promesse entre dans la catégorie des thrillers scandinaves qui ne répugnent pas à donner dans le glauque… (Wild Side)
LE DOSSIER MALDOROR
Du côté de Charleroi, deux gendarmes ramènent chez lui, un adolescent délinquant. La mère et le père du gamin envoient les deux fonctionnaires se faire voir. Pas question d’entrer dans leur domicile. Lorsque le père traite Paul Chartier de « chômeur », le gendarme explose, entre de force dans les lieux, se bat avec le père et le menace de son arme… De retour à la gendarmerie, Chartier est accablé par son adjudant, qui ne manque pas de lui rappeler d’où il vient. De fait, sa mère a travaillé dans un bar montant et son père est en prison. Mais, pour Chartier, tout cela, c’est fini. D’ailleurs, il va se marier avec Jeanne, une jeune femme appartenant à la communauté italienne du pays. Dans la Belgique de 1995, la population est bouleversée par la disparition inquiétante de deux jeunes filles, déclenchant une frénésie médiatique. Paul Chartier va rejoindre l’opération secrète Maldoror dédiée à la surveillance de Marcel Dedieu, suspect récidiviste. Face à la guerre, à peine feutrée, entre police judiciaire, gendarmerie et police communale, le gendarme idéaliste va se lancer, seul, dans une longue chasse à l’homme… Lorsque le cinéaste belge Fabrice du Welz évoque le projet du Dossier Maldoror autour de l’affaire Dutroux, il se heurte à une franche hostilité. De fait, l’affaire plongea la Belgique dans un cloaque. Le cinéaste approche son film comme « une coupe verticale, nette, dans le coeur d’une affaire tentaculaire ». On songe à un polar français des années 70 à la manière de Boisset et Corneau. Issu d’un milieu fracassé, Chartier prend conscience que le monde dans lequel il évolue comme gendarme est encore plus vérolé que celui dont il vient. Devant l’inertie du système et alors même qu’il a la sensation qu’il pourrait oeuvrer à l’exercice de la justice, Chartier va sombrer. Viré de la gendarmerie, il mène, seul, une traque sans issue mais complètement obsessionnelle… D’une tonalité naturaliste, le film bascule dans un univers horrifique autour du personnage d’« ogre » de Dedieu mais aussi de personnages spécialement tordus. Au coeur d’une faune peu ragoutante, Chartier patauge sans pouvoir franchement faire le ménage dans ces belges écuries d’Augias. Autour dAnthony Bajon (Chartier) on remarque Sergi Lopez, Alba Gaïa Bellugi, Alexis Manetti, Laurent Lucas, Jackie Berroyer, Lubna Azabal ou Béatrice Dalle. (The Jokers)
MON INSÉPARABLE
Jeune trentenaire en situation de handicap (il est porteur d’une déficience intellectuelle), Joël travaille dans un établissement spécialisé, un ESAT. Il apprend qu’Océane, son amie, elle aussi en situation de handicap, est enceinte. Le couple, qui est passionnément épris l’un de l’autre, souhaite garder l’enfant, mais Joël vit encore chez Mona, sa mère. La question se pose de garder ou non l’enfant, et dans quelles conditions. D’autant que Mona ignorait jusqu’à présent la future maternité d’Océane. La relation fusionnelle entre mère et fils commence sérieusement à vaciller. La cinéaste bisontine, grandie à Pontarlier, Anne-Sophie Bailly avait été remarqué en 2021 avec son court-métrage (présenté dans de nombreux festivals) La ventrière qui racontait l’histoire d’une sage-femme poursuivie par le veuf d’une femme morte en couches. Elle a aussi co-signé le scénario du Procès du chien, la comédie de Laetitia Dosch. Avec Mon inséparable, elle donne son premier « long » et raconte la relation complexe et émouvante entre une mère et son fils. Mona a consacré sa vie à élever son fils, qui vit avec un retard intellectuel. L’existence de Mona et Joël, profondément attachés l’un à l’autre, va connaître de sérieux bouleversements. Le récit explore une double quête d’émancipation : celle de Mona, qui doit retrouver sa propre identité de femme, et celle de Joël, qui cherche à s’affranchir de la protection excessive de sa mère pour gagner en indépendance, notamment en découvrant ses sentiments, sa sexualité et en envisageant de devenir père. Si la mise en scène n’est pas spécialement impressionnante, Anne-Sophie Bailly aborde avec beaucoup de nuances et de finesse la représentation du handicap sur fond d’enjeux de liberté et de responsabilité. En évitant les clichés, le film échappe aussi à la possible dimension de mélodrame compassionnel qui aurait pu pointer, la cinéaste choisissant de se placer au plus près de Mona. Ce faisant, elle peut brosser un beau portrait de femme qui se bagarre avec ses doutes, ses hésitations, ses convictions et ses errements. Pour porter ce personnage de mère-courage, la réalisatrice peut se reposer sur une Laure Calamy qui semble apprécier de relever le défi. Et la comédienne s’en sort à son avantage, y compris lorsqu’elle sera amenée à lâcher prise. Autour de l’actrice d’Antoinette dans les Cévennes, on remarque Julie Froger (Océane) et Charles Peccia-Galletto (Joël), premier comédien en situation de handicap à avoir été nominé aux César. (Blaq Out)
PADDINGTON AU PÉROU
Paddington continue d’écrire des lettres à sa tante Lucy pour la tenir informée de sa vie à Londres et des changements chez les Brown mais, un jour, il reçoit une lettre de la maison de retraite pour ours au Pérou l’informant qu’il manque profondément à tante Lucy et qu’elle agit étrangement. Paddington et les Brown décident d’aller au Pérou pour lui rendre visite. À leur arrivée au Pérou, les Brown apprennent de la mère supérieure que tante Lucy a mystérieusement disparu dans la jungle, ne laissant derrière elle que ses lunettes et son bracelet. Paddington trouve une carte dans la cabane de tante Lucy indiquant qu’ils devraient commencer leur recherche dans un endroit appelé Rumi Rock… Le plus célèbre consommateur de tartines à la confiture est de retour pour une troisième aventure ! Et il est bien normal, du point de l’industrie du cinéma, que Paddington revienne faire un tour sur les écrans. Le premier opus en 2014 avait réuni plus de 2,7 millions de spectateurs en France et le second en 2017 a frôlé les 2 millions. Pour donner du peps à ces nouvelles aventures, le réalisateur anglais Dougal Wilson (qui succède à Paul King) a choisi d’abandonner Londres pour les décors plus exotiques du Pérou. Sans doute, le charmant plantigrade, toujours si agréablement naïf et bienveillant, perd-il quelque chose de son humour si british en quittant la capitale anglaise mais le film gagne en ampleur pour devenir une sorte de film d’action, évidemment familial. Dans les luxuriants paysages d’Amérique latine (le film a été tourné au Pérou et en Colombie) bien photographiés, Paddington va connaître de multiples aventures, se confrontant même à un chasseur de trésor dévoré par la fièvre de l’or et atteignant aussi les hauteurs superbes du Machu Picchu. Ben Whishaw, Hugh Bonneville, Julie Walters, Jim Broadbent, Madeleine Harris, Samuel Joslin et Imelda Staunton sont toujours la partie. Et ils sont rejoints par Antonio Banderas ou Olivia Colman tandis qu’Emily Mortimer remplace Sally Hawkins dans le rôle de Mary Brown. Un bon spectacle familial ! (Studiocanal)
NOYADE INTERDITE
L’inspecteur principal Paul Molinat est de retour au pays. Voilà dix ans qu’il a quitté sa petite ville côtière du littoral atlantique après avoir fermé les yeux sur une escroquerie immobilière impliquant sa maîtresse de l’époque. Il est de retour pour enquêter sur la mort mystérieuse d’un homme dont le cadavre a été rejeté par la mer, suivi très vite par un deuxième corps. Au final, ce sont cinq morts qui finiront sur la grève. Nous sommes au début de la saison balnéaire et les macchabées sur le sable ne sont pas bons pour le commerce estival. L’affaire se complique pour Molinat lorsque débarque l’inspecteur Leroyer. Les relations entre les deux hommes sont exécrables et Molinat comprend très vite que son collègue mène une double enquête : sur la série de meurtres, mais aussi sur les ombres de son propre passé… Réalisateur notamment de La horse (1970), Le chat (1971), La veuve Couderc (1971), Le train (1973) ou Adieu Poulet (1975), Pierre Granier-Deferre a dirigé de grands comédiens comme Gabin, Simone Signoret, Delon, Trintignant, Romy Schneider ou Lino Ventura. Ici, en adaptant un polar de l’Américain Andrew Coburn, il offre un beau personnage à Philippe Noiret en flic décalé et mal embouché. Si Guy Marchand incarne Leroyer, un rôle qui lui vaudra un César du meilleur acteur dans un second rôle, on remarque surtout le casting féminin avec Elizabeth Bourgine (qui venait d’avoir le premier rôle dans Cours privé, le précédent film de PGD), Andréa Ferréol, Gabrielle Lazure, Suzanne Flon, Stefania Sandrelli, Laura Betti, Anne Roussel et Marie Trintignant. Excusez du peu d’autant que toutes pourraient avoir trempé, de près ou de loin, dans les affaires. Des dialogues ciselés, un face-à-face au cordeau entre deux flics, les paysages de Saint-Palais-sur-Mer et des environs de Royan, voilà un film policier rondement mené et qui sort dans la collection Nos années 80. Du beau travail. (Studiocanal)
LES REINES DU DRAME
Mimi Madamour et Billie Kohler, deux jeunes chanteuses, se rencontrent pour la première fois lors d’un concours de chant télévisé organisé en 2005. Sélectionnée, Mimi connaît un grand succès pop tandis que Billie est rejetée et poursuit un succès clandestin en tant que rockeuse punk. Au sommet de sa popularité, Mimi cache pourtant à sa mère comme à ses fans son amour pour Billie. Cinquante ans plus tard, en 2055, Steevyshady, un youtubeur hyper botoxé et à perruque blonde, qui fut lui aussi, secrètement amoureux de Mimi, raconte, dans un récit mêlant nostalgie, critique sociale et satire, le destin incandescent de son idole, du top de sa gloire en 2005 à sa descente aux enfers, précipitée par son histoire d’amour avec Billie, l’icône underground. Car, pendant un demi-siècle, ces reines du drame ont chanté leur passion et leur rage sous le feu des projecteurs. Premier long-métrage d’Alexis Langlois, Les reines du drame a été présenté, en 2024, à la Semaine de la critique à Cannes et y a obtenu le prix Têtu du film queer. Le cinéaste avait déjà été remarqué pour ses courts-métrages à l’esthétique trash, certains évoquant même la touche de Gregg Araki ou de John Waters. En 2023, Langlois avait aussi défrayé la chronique avec le clip vidéo Marathon pour Bilal Hassani où il filmait les ébats de ce dernier avec un acteur porno. Ici, le metteur en scène, tout en jouant avec les clichés queer, signe une romance pop sur fond de célébrité, d’amour, de toxicité, de quête d’identité mais aussi de déchéance. Il ne lésine pas sur les couleurs saturées, des décors et des costumes aux couleurs acidulées et évidemment un rythme endiablé et flamboyant qui ne laisse pas une seconde de répit au spectateur tout en soulignant, in fine, que malgré tout, l’amour finit toujours par triompher. Quitte à passer par l’explosion d’une sexualité jusqu’alors tabou. Pour incarner la relation, les amours et désamours, somme toute tragiques même si le film pose un regard ironique sur le show-biz, de Mimi Madamour et Billie Kohler dans le star system des années 2000, on trouve, ici, Louiza Aura (Mimi) et Gio Ventura (Billie) tandis que Bilal Hassani est Steevyshady. (Blaq Out)
VOL A HAUT RISQUE
Comptable de la famille mafieuse Moretti, Winston est accusé d’avoir blanchi leur argent. Désormais en cavale, il se cache dans un motel miteux au fin fond de l’Alaska. C’est là que le débusque l’US Marshal Madelyn Harris. Il négocie un accord pour une immunité, en échange de son témoignage contre le chef mafieux. Mais, pour cela, il doit se rendre prochainement au procès à New York. Avant cela, Madelyn est chargée de l’escorter jusqu’à la grande ville la plus proche : Anchorage. Ils empruntent donc le seul avion disponible, un petit zinc piloté par un certain Daryl Booth. Madelyn va vite comprendre que ce type est un dangereux tueur à gages psychotique à la solde des Moretti. Réussissant à neutraliser Booth, Madelyn, malgré son inexpérience, prend les commandes de l’appareil, guidée par Hasan sur son téléphone satellite. Hasan va lui permettre de rejoindre sa destination et d’atterrir de manière bien chaotique. Inutile de chercher midi à quatorze heures, ce Flight Risk (en v.o.) n’a d’autre ambition que d’embarquer, c’est le cas de le dire, le spectateur dans un thriller d’action en forme de huis-clos volant. Derrière la caméra, Mel -Madmax- Gibson connaît le job et il ajoute à son film ce qu’il faut de rebondissements, Madelyn Harris se demandant notamment comment les mafieux ont eu connaissance du transfert de Winston. Et s’il y avait du complot dans l’air ! Enfin, le cinéaste peut s’appuyer sur des comédiens à l’aise avec l’Anglaise Michelle Dockery (connue pour son rôle de lady Mary Crawley Talbot dans la série Downton Abbey) dans le rôle de Madelyn Harris, Topher Grace (Winston) ou Mark Wahlberg, routier du cinéma d’action, dans celui de Booth. (Metropolitan)