PHANTOM OF THE PARADISE

Phantom ParadiseIl est des vexations qui ont parfois des effets bénéfiques. Lorsqu’il met en chantier son Phantom of the Paradise, Brian de Palma se souvient du goût amer qu’il avait dans la bouche en 1972. Cette année-là, il tourne Get to Know Your Rabbit et a la chance de diriger l’immense Orson Welles. Mais le tournage est difficile et De Palma, débarqué par la Warner, se sentira douloureusement dépossédé de son film. Cette dépossession, c’est aussi celle que va vivre Winslow Leach, jeune compositeur inconnu mais talentueux dans Phantom of the Paradise. Profitant de l’entracte qui suit le concert des Juicy Fruits, le groupe pop à la mode, Leach joue sa cantate Faust. Las, Swan, le plus grand producteur de musique de tous les temps, l’entend et décide d’en faire sa musique pour l’inauguration du Paradise, son temple du rock. Pour parvenir à ses fins, Swan vole la partition de Leach et le fait jeter en prison. Derrière les barreaux, Winslow entend à la radio une version dégénérée de sa musique promue pour le lancement du Paradise. Il s’échappe, s’introduit dans l’usine Death Records, propriété de Swan, pour détruire les disques. Une glissade le fait tomber dans une presse qui lui détruit la moitié du visage. Poursuivi par la police, Winslow se réfugie au Paradise, se confectionne une tenue pour cacher son identité et n’aura plus qu’une obsession: se venger de Swan…
Dans l’excellente collection Ultra-collector (qui avait déjà consacré en décembre 2015 son premier volume à De Palma avec Body Double), voici cette fois, un cauchemar rock et baroque qui revisite Le fantôme de l’opéra de Gaston Leroux en s’inspirant aussi du pacte faustien ou des mythes de Frankenstein et de Dorian Gray et en tendant à la société du spectacle un rude miroir.
Opéra rock, thriller d’horreur et film-culte, Phantom of the Paradise (1974) qui obtiendra le Grand prix à Avoriaz en 1975, va définitivement consacrer Brian de Palma et le ranger parmi les grands cinéastes américains du Nouvel Hollywood. Outre la bonne version restaurée du film, le coffret propose de multiples suppléments. On y découvre par exemple les coulisses du tournage en compagnie du cinéaste mais aussi un long entretien mené par Guillermo del Toro avec Paul Williams, le compositeur de la musique du film, auquel De Palma a confié le personnage de Swan… Enfin Dr. Brian and Mr. De Palma est un livre (160 p.) inédit et très documenté qui analyse Phantom mais observe aussi l’approche iconoclaste du réalisateur entre célébration et critique de la culture populaire. Un nouveau must chez Ultra-collector!

(Carlotta)

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