Juste une image…

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Parce que le cinéma est aussi une industrie, l’aventure d’Avatar est de celles qui met le secteur de l’entertainment en joie.
En 2009, on découvrait Avatar et Pandora, l’une des lunes de Polyphème, une planète géante gazeuse en orbite autour d’Alpha Centauri A dans le système stellaire le plus proche de la Terre. Nous sommes en 2154 et l’exolune, recouverte d’une jungle luxuriante, est le théâtre du choc entre les autochtones Na’vis et les Terriens. Les premiers vivent en parfaite symbiose avec leur environnement et tentent de se défendre face à l’invasion militarisée des seconds, venus exploiter un minerai rare susceptible de résoudre la crise énergétique sur Terre : l’unobtanium. La succès est au rendez-vous du film de James Cameron avec 15,3 millions d’entrées pour la seule France. Ce qui place le film en septième position des plus gros succès du box-office en France de tous les temps !
En 2022, Cameron remettait évidemment le couvert avec Avatar La voie de l’eau. Sur Pandora, plus d’une décennie après la guerre entre le peuple autochtone des Na’vi et les humains de la Ressource Development Administration (RDA), Jake Sully est désormais le chef des Omaticaya. Neytiri et lui s’occupent de leur famille : Neteyam, leur fils aîné, Lo’ak, leur fils cadet, Kiri, leur fille adoptive (mystérieusement née de l’avatar inerte du Dr Grace Augustine), Spider, un enfant humain abandonné sur la planète, et Tuk, leur fille benjamine. Une nuit, la RDA et ses troupes reviennent en force sur Pandora. Leur mission est de préparer la planète à devenir une nouvelle Terre et accueillir leur exode. Jake, Neytiri et les Omaticaya sont les premiers à s’opposer à eux. Là encore, le succès est considérable avec 14,2 millions d’entrées en France.
Rien de surprenant, donc, que James Cameron revienne en exclusivité sur les grands écrans le 17 décembre prochain avec le troisième opus de la saga phénomène.
Avec Avatar : de feu et de cendres, le cinéaste américain embarque les spectateurs pour un nouveau voyage immersif sur Pandora en compagnie du Marine devenu Na’vi Jake Sully (Sam Worthington), de la guerrière Na’vi Neytiri (Zoe Saldana) et de toute la famille Sully. La famille est encore aux prises avec le chagrin causé par la mort de Neteyam. Ils rencontrent une nouvelle tribu Na’vi agressive, le Peuple des cendres, menée par la fougueuse Varang, tandis que le conflit sur Pandora s’intensifie…
Autour de Sam Worthington (Jack Sully) et de Zoe Saldana (Na’vi Neytiri), on verra Sigourney Weaver, Stephen Lang, Oona Chaplin, Cliff Curtis, Joel David Moore, CCH Pounder, Edie Falco, David Thewlis, Jemaine Clement, Giovanni Ribisi, Britain Dalton, Jamie Flatters, Trinity Jo-Li Bliss, Jack Champion, Brendan Cowell, Bailey Bass, Filip Geljo, Duane Evans Jr et Kate Winslet.
Enfin, pour mettre les spectateurs en appétit, Avatar La voie de l’eau reviendra au cinéma pour une semaine seulement, du 1er au 7 octobre 2025, exclusivement en 3D.

© DR

 

La critique de film

LA PASSION DE FATIMA, LA FUITE D’UN NAZI, L’ACCENT DE PAGNOL ET UN HOMME DANS UN MONDE DÉMESURÉ  

"La petite...": Fatima (Nadia Melliti, à droite) avec sa mère et ses soeurs. DR

« La petite… »: Fatima (Nadia Melliti, à droite) avec sa mère et ses soeurs. DR

CHEMIN.- Dans la salle de bain du petit appartement de ses parents, quelque part dans une banlieue, Fatima accomplit ses ablutions rituelles. Alors que le jour se lève, couverte d’une voile, la jeune fille fait sa prière avant de rejoindre sa mère et ses deux grandes sœurs pour manger des crêpes au chocolat et rigoler des choses de la vie. Sur la moto d’un copain, Fatima rejoint son lycée, retrouve ses copains-frères qui ne cessent de parler de sexe. Elle est bonne élève et prépare son bac avec application pour rejoindre ensuite une fac de philosophie. Dans une coursive sombre, Fatima est attendue par un garçon qui voudrait bien l’épouser mais elle élude. Au lycée, Ryan se fait traiter de pédale et réagit brutalement en accusant Fatima d’être lesbienne…
Sur un site de rencontres, sous le pseudonyme de Linda, Fatima fixe un rendez-vous à une femme. Dans une voiture, dans la nuit d’un terrain vague, tandis que Fatima ne fait qu’écouter, cette femme lui explique, assez crûment, des choses à apprendre. Dans un bar, sous un autre pseudonyme, Fatima drague encore, un peu moins timidement, une fille.
Comme elle souffre d’asthme, Fatima participe à une session dirigée par un pneumologue. C’est là qu’elle croise Ji-Na (Ji-Min Park), une jeune infirmière d’origine coréenne. Entre les deux jeunes femmes, un fort sentiment amoureux prend forme…
Troisième long-métrage d’Hafsia Herzi en tant que réalisatrice, après Tu mérites un amour en 2019 et Bonne mère en 2021, La petite dernière (France – 1h47. Dans les salles le 22 octobre) est le beau portrait d’une jeune femme qui s’émancipe de sa famille et de ses traditions. Et qui se met à questionner son identité. Comment concilier sa foi avec ses désirs naissants mais puissants.
Comédienne de talent (déjà césarisée à deux reprises pour La graine et le mulet (2007) de Kechiche puis pour Borgo (2023) de Demoustier) Hafsia Herzi s’impose désormais comme une cinéaste habile et chevronnée. L’amour lesbien est-il soluble dans l’islam ?

"La petite..." une tendre étreinte entre Ji-Na (Ji-Min Park) et Fatima. DR

« La petite… » une tendre étreinte
entre Ji-Na (Ji-Min Park) et Fatima. DR

En s’appuyant sur le roman éponyme de Fatima Daas, paru en 2020, la cinéaste raconte l’itinéraire d’une jeune femme mal à l’intérieur : « Pour autant, elle ne se cherche pas, elle sait qui elle est et par qui elle est attirée sexuellement. Mais elle ressent de la culpabilité par rapport à sa religion, à sa famille et à elle-même. Je pense qu’elle ne s’aime pas vraiment. Elle est dans une dualité; à la fois mal à l’aise avec son homosexualité et totalement désireuse de la vivre pleinement. »
En rythmant son film au fil des saisons puisque cette histoire se déroule sur une année, Hafsia Herzi suit au plus près -en multipliant les gros plans- cette Fatima tiraillée dont le mot « lesbienne » déclenche l’agressivité. Car il lui fait entendre ce qu’elle est mais n’est pas totalement encore prête à être. En posant le mot, c’est comme si le secret s’effondrait.
Ecartelée entre tradition et modernité, Fatima est dans une quête douloureuse (sa visite chez l’imam est rude) et elle vit un rejet silencieux qui la martyrise. Mais, malgré le poids écrasant qui s’exerce sur elle, Fatima, sous sa casquette de base-ball, est combattive, résiliente et surtout digne.
Avec La petite dernière, la cinéaste donne un film rare sur une femme lesbienne, arabe et musulmane. « Elle se fait, dit-elle, ses propres expériences en allant au-devant de sa vie, de sa sexualité, avec le courage nécessaire. C’est un chemin, certes pas simple, vers la lumière. » Pour porter son personnage, Hafsia Herzi a trouvé, dans un casting sauvage, Nadia Melliti dont c’est le premier rôle au cinéma. Avec son masque de princesse nubienne, la jeune femme, couronnée du prix d’interprétation au dernier festival de Cannes, est une Fatima souvent minérale (l’un de ses sœurs dit : « Elle a zéro féminité ») dont on va voir naître le sourire. Et c’est beau !

"La disparition...": Mengele (August Diehl), un nazi en fuite. DR

« La disparition… »: Mengele (August Diehl),
un nazi en fuite. DR

MASQUE.- Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Josef Mengele, celui que ses victimes au camp d’extermination d’Auschwitz surnommaient l’ « ange de la mort» parvient à s’enfuir en Amérique du Sud pour refaire sa vie dans la clandestinité. De Buenos Aires au Paraguay, en passant par le Brésil, Mengele, sous différentes identités, va organiser sa méthodique disparition pour échapper à toute forme de procès. Quitte, cependant, à revenir en Allemagne pour retrouver brièvement sa famille demeurée influente. Mais c’est évidemment dans la torpeur des villes sud-américaines ou dans des campagnes désolées que Mengele ressemble à un angoissant fantôme.
Dans La disparition de Josef Mengele (Allemagne – 2h16. Dans les salles le 22 octobre), le cinéaste russe Kirll Serebrennikov suit au plus ce criminel de guerre notoire, un homme qui apparaît traqué en permanence, toujours aux aguets, toujours en train de se fabriquer un personnage jusque dans son apparence physique et vestimentaire, persuadé que le Mossad est à ses trousses. Ce faisant, le réalisateur né à Rostov-sur-le-Don, dans le sud-ouest de la Russie mais vivant, depuis 2022, en exil à Berlin, poursuit sa quête de personnages « extrêmes », qu’il s’agisse d’Antonina Milioukova dans La femme de Tchaïkovski (2022) et plus encore de l’extravagant Edouard Limonov dans Limonov, la ballade (2024).
Incarné par un August Diehl (Le jeune Karl Marx, Inglourious Basterds) méconnaissable, Mengele est un monstre aux abois pour lequel Serebrennikov ne manifeste aucune compassion même s’il amène le spectateur, dans le derniers tiers du film, à entrer dans sa tête. Un type sinistre qui ne se considère pas du tout comme l’incarnation du Mal absolu. « Il y avait plein d’autres médecins à Auschwitz, pourquoi devrais-je être l’emblème du Mal ? » soupire-t-il, presque excédé.

"La disparition...": un retour en Allemagne. DR

« La disparition… »: un retour en Allemagne. DR

Avec ce film tourné dans un noir et blanc (volontairement) crade, le metteur en scène demande au spectateur de « mettre le masque de Mengele sur lui-même pour comprendre que le chemin qui va de l’homme ordinaire au criminel et au sadique peut être très court. » Il s’applique aussi à montrer que, comme le disait Sartre, que l’enfer, c’est les autres, en l’occurrence, ici, tous ceux qui, en connaissance de cause, ont aidé, soutenu, caché Mengele, soit par fidélité aux thèses nazies, soit par l’appât du gain.
Le film, adaptation de son livre éponyme paru en 2017, a été validé par Olivier Guez après quelques modifications. Récompensé par le prix Renaudot, l »écrivain strasbourgeois s’est documenté et a travaillé trois ans sur cet officier SS. Au Monde, Olivier Guez déclara : « Je vivais avec lui, avec ce personnage abject, d’une médiocrité abyssale. Je montais sur le ring. Je l’affrontais. Les six premiers mois, il m’arrivait de crier son nom la nuit ». Le spectateur, lui aussi, notamment avec une insoutenable séquence, à la manière d’un film amateur en couleurs, sur Mengele à l’oeuvre dans sa salle d’expérimentation d’Auschwitz, a le coeur au bord des lèvres. Mais La disparition… est probablement utile aujourd’hui, alors que d’aucuns remettent en cause la réalité de la Shoah.

"Marcel...": Le petit Marcel encourage Pagnol. DR

« Marcel… »: Le petit Marcel
encourage Pagnol. DR

PROVENCE.- Marcel Pagnol n’est pas heureux. Pire, il se sent vieux. Alors, enfermé dans son bureau, l’académicien bricole une machine au mouvement perpétuel et ronchonne : « Ici, au moins, les lettres françaises me foutront la paix ! » Un jour de 1956, il rencontre Pierre Lazareff. Le mythique patron de France-Soir est accompagné de son épouse Hélène qui dirige Elle et qui lui propose d’écrire un feuilleton littéraire pour son magazine. Pour raconter son enfance, sa Provence, ses premières amours. En rédigeant les premiers feuillets, l’enfant qu’il a été autrefois, le petit Marcel, en version plus jeune de lui, apparaît soudain à ses côtés. Marcel Pagnol est alors au faîte de sa gloire et il va s’immerger dans ses riches souvenirs…
Depuis le beau succès des Triplettes de Belleville (2003), on connaît le cinéma de Sylvain Chomet. Et on a aimé aussi son animation dans L’illusionniste (2010) tiré d’un scénario inédit de Jacques Tati. Avec Marcel et Monsieur Pagnol (France – 1h 30. Dans les salles le 15 octobre), le cinéaste fait la part belle au plus grand conteur de tous les temps en lui offrant de devenir le héros de sa propre histoire.
Cette aventure-là, c’est celle de la littérature, du théâtre et enfin du cinéma. Pour le petit Marcel, le vieil homme va se mettre à explorer sa vie et à revivre les plus belles rencontres et les plus beaux souvenirs. Reviennent ainsi la table familiale, un père pauvre mais honnête, une mère trop tôt disparue et un gamin en colère à qui la pratique de la boxe vaudra un nez cabossé. Voilà Pagnol prof d’anglais muté à Paris, vivant dans un hôtel de passe avec le moral dans les chaussettes. Un ami l’entraînera à une soirée où Pagnol rencontre Orane Demazis et tombe sous son charme…

"Marcel...": Pagnol en pause sur un tournage avec Fernandel et Raimu. DR

« Marcel… »: Pagnol en pause sur un tournage avec Fernandel et Raimu. DR

Contacté par deux producteurs pour confectionner quelques parties animées dans un documentaire sur Pagnol, Chomet a constaté que seules les séquences animées suscitaient l’intérêt. « Tout le monde, dit le cinéaste, était bouleversé de revoir Pagnol, Raimu et Fernandel reprendre vie ! J’ai donc décidé de me servir des connaissances obtenues avec le projet de documentaire pour écrire un biopic entièrement animé. »
Réalisée pour la première fois en numérique, voici une aventure humaine dans laquelle on plonge avec un vrai plaisir tant le dessin est plaisant et l’animation élégante. Ensuite, il suffit de se laisser emporter, au gré des pièces de théâtre, des amours du maître ou de l’invention du cinéma parlant dans le sillage de personnages (forcément) truculents. On aime entendre le grondement de Raimu quand il déclare : « Je vais te le faire ton boulanger cocu ! » ou encore qu’avec le Marius de Pierre Fresnay, « un Alsacien peut faire un bon Marseillais… » On aime écouter aussi, avec l’accent, Pagnol (avec la voix de Laurent Lafitte) dire : « Je suis né dans la ville d’Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers… » Voilà du cinéma qui fleure bon le soleil de la garrigue !

"L'homme...": Paul (Jean Dujardin" rapetisse. DR

« L’homme… »: Paul (Jean Dujardin) rapetisse. DR

FINITUDE.- Paul est un homme ordinaire qui partage sa vie entre son entreprise de construction navale, sa femme Elise, et leur fille Mia. Lors d’une sortie en mer, Paul se retrouve confronté à un étrange phénomène météorologique inexpliqué. Dès lors, Paul rétrécit inexorablement, sans que la science ne puisse lui expliquer quoi que ce soit, pire sans lui être d’aucun secours. « On se tasse toujours un peu avec l’âge » avance une blouse blanche. Dans sa belle maison, surplombant les dunes et l’océan, Paul tente de survivre tout en rapetissant de plus en plus. Elise fait ce qu’elle peut : « Tu veux aller où, Paul ? » Et Paul de répondre, amer, « Dans un cirque ? ». Quand, par accident, il se retrouve prisonnier dans sa propre cave, et alors qu’il ne mesure plus que quelques centimètres, il va devoir se battre pour survivre dans un environnement banal devenu hostile. Paul va se retrouver confronté à lui même, à sa force vitale, celle qui le pousse à continuer à vivre et avancer vers le mystère.
En 1956, pour Universal, major spécialisée dans le fantastique, Jack Arnold signait The Incredible Shrinking Man qui allait devenir un film-culte pour des générations de cinéphiles. Parmi ceux-ci figure Jean Dujardin ! Désireux depuis longtemps de se frotter à son tour à ce récit initiatique doublé d’un film d’aventure.
Pour L’homme qui rétrécit (France – 1h35. Tout public avec avertissement. Dans les salles le 22 octobre), Jan Kounen s’appuie autant sur le film que sur le classique du romancier américain Richard Matheson, plaçant d’entrée une citation : « Nous sommes des voyageurs ignorants dans un cosmos dont les secrets nous dépassent… »

"L'homme...": dans un environnement hostile. DR

« L’homme… »: un environnement hostile. DR

«  Il m’est apparu, dit le cinéaste, un horizon de mise en scène, une idée qui a été le guide de l’écriture, ne pas faire « l’homme qui rétrécit », mais « l’homme qui vit dans un monde qui chaque jour s’agrandit ».
En effet, tandis que Paul voit sa taille se réduire, l’agrandissement du monde dans lequel il vit se transforme en un voyage sensoriel où le malheureux va mesurer une solitude toujours plus immense. Elise (Marie-Josée Croze) et Mia (Daphné Richard) disparaissent de son univers pour la simple raison qu’il lui est impossible de communiquer avec elles. La cave, avec sa chaudière, ses cartons, son escalier désormais monumental, son aquarium illuminé, devient un endroit « invivable » et soudain terrifiant lorsque le chat de la maison passe par là ou qu’une araignée quitte sa toile pour attaquer Paul. Avec une aiguille devenue sabre, le microscopique humain tente de se défendre. Tout en s’interrogeant sur sa finitude et en se disant qu’il est temps de regarder la mort dans les yeux. Paul (Jean Dujardin crédible) regarde alors le ciel au-delà de la fine grille du soupirail. Dehors, la nature est une jungle. Paul n’a plus peur. Sous la voûte étoilée, il a compris que l’humain n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan. Et c’est assez émouvant.

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