Juste une image…
Dans quelques jours avec Alain Delon dans l’un de ses plus grands rôles, le Ciné-club de Pierre-Louis Cereja ouvre sa douzième saison au Palace, avenue de Colmar à Mulhouse. De septembre à juin, à raison d’un rendez-vous par mois, ce sera l’occasion d’une « visite commentée » dans le cinéma de patrimoine mais aussi dans des cinématographies à découvrir, qu’il s’agisse de Hong Kong ou de l’Ouzbekistan… Pour le double plaisir des images de cinéma sur grand écran et de l’échange cinéphilique.
LE SAMOURAÏ
de Jean-Pierre Melville, 1967, France. (1h45)
Tueur à gages quasiment mutique et sûrement schizophrène, Jef Costello exécute ses contrats froidement et anonymement. Suite au meurtre d’un gérant de cabaret, il est arrêté par la police mais relâché, faute de preuves. Pourtant les commanditaires du meurtre veulent éliminer leur employé. Alain Delon tout au sommet de son art comme Melville qui donne un somptueux et envoûtant film noir… en couleurs. Implacable.
Le mardi 16 septembre à 19h30
LA STRADA
de Federico Fellini, 1954, Italie (1h55)
La naïve Gelsomina a été tout bonnement vendue par sa mère à Zampano, un brutal bateleur de foire (Anthony Quinn). Le couple sillonne les routes d’une Italie désolée, menant la rude vie des forains. Un jour, surgit « Le fou » avec lequel, enfin, Gelsomina peut parler. Par la grâce de Giuletta Masina et sur un fameux air de trompette, le maestro brise toutes les chaînes. Sublime.
Le mardi 16 octobre à 19h30
LES SENTIERS DE LA GLOIRE
de Stanley Kubrick, 1957, USA (88 mn)
En 1916, les calculs du haut commandement militaire français face à l’enlisement du conflit, conduisent à l’exécution, pour l’exemple, de trois soldats. Le colonel Dax (Kirk Douglas), avocat dans le civil, se révèle impuissant à sauver ses hommes. Dans des tranchées filmées en longs travellings, s’exprime toute l’horreur de la guerre à travers le drame des fusillés pour l’exemple. Un film longtemps invisible en France. Terrible.
Le mardi 18 novembre à 19h30
ROUGE
de Stanley Kwan, 1987, Hong-Kong (1h36)
En 1934, à Hong Kong, Fleur, une courtisane, rencontre Chan. C’est le coup de foudre mais les parents de Chan s’opposent formellement à leur union. Les amants décident ensemble de se suicider. Cinquante ans plus tard, le fantôme de Fleur hante Hong Kong à la recherche de son amour perdu. Par le maître du mélodrame queer, un hommage à un Hong Kong disparu et un drame sensuel et mélancolique. Etourdissant.
Le mardi 9 décembre à 19h30
CONVERSATION SECRETE
de Francis Ford Coppola, 1974, USA (1h54)
Aussi taciturne que misanthrope, Harry Caul (Gene Hackman, impressionnant) est un spécialiste de la surveillance. Engagé pour enregistrer la conversation d’un jeune couple à San Francisco, il va comprendre que ce couple est en danger de mort. A l’heure du Watergate, dans une ambiance d’espionnage, Coppola excelle à décrypter les mécanismes froids et dérisoires des paranoïaques des écoutes. Palme d’or à Cannes 1974. Angoissant.
Le mardi 13 janvier 2026 à 19h30
LE GENOU DE CLAIRE
d’Eric Rohmer, 1970, France (1h45)
Jérôme, trente-cinq ans, attaché d’ambassade (Jean-Claude Brialy), se rend sur les bords du lac d’Annecy pour vendre la propriété familiale. Il y retrouve une ancienne amie, Aurora, romancière, son hôtesse, Mme Walter, et sa fille Laura, une lycéenne de seize ans. L’auteur des « Contes moraux » distille, avec le cinquième des six contes, une étude du désir et une raffinée psychologie de la séduction. Des fragments d’un discours amoureux, à la manière de Rohmer. Elégant.
Le mardi 10 février à 19h30
DIMANCHES
de Shokir Kholikov, 2023, Ouzbekistan (1h37)
Un couple de paysans âgés vit paisiblement dans un petit village de la campagne ouzbek où il travaille la laine. Leurs deux fils insistent pour faire pénétrer la technologie chez eux. Avec une idée derrière la tête : démolir la vieille maison des parents pour en construire une nouvelle qui servirait de résidence secondaire au plus jeune des fils… Entre gestes ancestraux et modernité, un premier film maîtrisé en forme d’élégie douce-amère. On songe au cinéma d’Ozu pour le thème de l’incompréhension générationnelle. Délicat.
Le mardi 10 mars à 19h30
LE SCHPOUNTZ
de Marcel Pagnol, 1938, France (2h03)
Jeune commis épicier entre Marseille et Aubagne, mythomane et benêt, Irénée Fabre est convaincu qu’il deviendra un acteur célèbre. Le passage d’une équipe de tournage va l’amener à rêver et à monter à Paris. Fernandel est exceptionnel en « fada » et le cinéaste marseillais donne une comédie populaire, bon enfant mais aussi grinçante sur les vertiges du cinéma. La scène où Irenée donne une variation sur « Tout condamné à mort aura la tête tranchée » est mythique. Divertissant.
Le mardi 14 avril à 19h30
LES ANNEES DE PLOMB
de Margarethe von Trotta, 1981, Allemagne (1h46)
Elles ont été élevées dans l’Allemagne de l’immédiat après-guerre. Juliane la révoltée est devenue journaliste. Sa sœur Marianne, jadis la plus soumise, s’est engagée dans la lutte armée au coeur d’une Allemagne à la société déstabilisée par la violence terroriste d’extrême-gauche… En s’inspirant des sœurs Ensslin (Gudrun fit partie de la bande à Baader), la cinéaste allemande propose une quête de la vérité et des monstruosités de l’Histoire.. Lion d’or à la Mostra de Venise 1981. Effrayant.
Le mardi 12 mai à 19h30
LA SOIF DU MAL
d’Orson Welles, 1958, USA (1h35)
Une bombe explose à Los Robles, à la frontière des Etats-Unis et du Mexique. Mike Vargas, un flic mexicain en voyage de noces, s’investit dans l’enquête et découvre les méthodes d’une police locale corrompue et notamment de
son homologue Hank Quinlan. Une séquence d’ouverture légendaire. Un vrai film noir ! Des stars (Charlton Heston, Janet Leigh, Marlène Dietrich) pour l’ultime film hollywoodien de Welles ! Brillant.
Le mardi 9 juin à 19h30
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