LE MAITRE, LES WESTERNERS, LES ETUDIANTS ET LES DANSEURS…

A LA RECHERCHE D’INGMAR BERGMAN

BergmanCinéaste fêtée des Années de plomb (1981), Margarethe von Trotta a toujours désigné Ingmar Bergman comme son maître. Avec A la recherche d’Ingmar Bergman, elle consacre un documentaire au maître de Farö. Dans une approche personnelle, la réalisatrice allemande traite d’un génie du 7e art sans occulter la part, parfois sombre, de l’homme. Observant l’influence du réalisateur de Persona sur le cinéma mondial mais aussi les cauchemars et la joie de vivre d’un artiste tourmenté, Von Trotta analyse de grands thèmes qui traversent l’œuvre comme le miroir, l’humiliation ou les relations familiales… Réalisé à l’occasion du centenaire de la naissance du cinéaste en 2018, voici un documentaire sur un héritage artistique qui continue d’inspirer des générations de réalisateurs. (Epicentre)

LES FRERES SISTERS

Freres SistersTueurs à gages, les frères Eli et Charlie Sisters sont engagés par le Commodore pour récupérer la formule du chimiste Hermann Kermit Warm, capable de détecter l’or… Le détective John Morris est également lancé sur la trace du scientifique. On n’attendait pas le réalisateur du Prophète se lançant dans le western. Pourtant, avec Les frères Sisters, le Français Jacques Audiard donne une forte épopée et brosse le portrait d’un Amérique en pleine évolution dans l’Oregon de 1851, à l’heure de la ruée vers l’or. Avec quatre remarquables comédiens qui jouent au diapason (Joaquin Phoenix, John C. Reilly, Jake Gyllenhaal et Riz Ahmed), cette nocturne et implacable traque amènera des individus sauvages à s’interroger sur le sens de l’existence tandis que l’Ouest s’avance doucement vers la civilisation. (UGC)

PREMIERE ANNEE

Première AnneeTous les étudiants en médecine ont connu les affres de la fameuse « première année ». Médecin et cinéaste (Hippocrate en 2014 et Médecin de campagne en 2016), Thomas Lilti détaille cet épuisant parcours du combattant où il s’agit d’ingurgiter des connaissances à recracher ensuite… Il le fait à travers l’aventure d’Antoine (Vincent Lacoste) qui entame sa première année pour la troisième (et dernière) fois et de Benjamin (William Lebghil) qui débarque du lycée. Les deux savent que cette première année ne sera pas une promenade de santé. Si Première année distille parfois des airs de comédie, le film montre aussi avec justesse le climat de compétition, souvent violente, qui règne dans cet impitoyable système… Quand les journées de cours ardues succèdent aux nuits dédiées aux révisions… (Le Pacte)

CLIMAX

ClimaxA l’appel d’une chorégraphe de renom, un groupe de danseurs urbains se retrouvent dans un local de répétition… Entre une salle plutôt sinistre et un dortoir glauque reliés par un long couloir digne d’un film d’épouvante, de jeunes danseurs professionnels ont achevé la préparation d’un spectacle en vue d’une tournée qui doit les entraîner jusqu’en Amérique. La petite fête qui clôt la répétition va tourner au cauchemar car  quelqu’un aurait versé une substance illicite et dangereuse dans la sangria… Faux documentaire versant dans le film d’horreur sous acide, l’hypnotisant Climax permet à Gaspar Noé de réunir ses obsessions autour de naître et de mourir, vivre en France ou encore la part des pulsions sexuelles dans le comportement humain. Une musique étourdissante, des danses exaltées, une transe permanente. Une expérience de cinéma ! Dans les suppléments, on trouve une discussion cinéphilique entre le réalisateur de Irréversible (2002) et Love (2015) et son collègue Jan Kounen. (Wild Side)

PHOTO DE FAMILLE

Photo de FamilleGabrielle (Vanessa Paradis), Elsa (Camille Cottin) et Mao (Pierre Deladonchamps) sont frère et sœurs mais, au fil du temps, les liens se sont distendus entre eux. Un jour, survient la question de l’avenir de leur grand-mère qui perd doucement la tête. Avec Photo de famille, Cécilia Rouaud (auteur de Je me suis fait tout petit en 2012 avec déjà Vanessa Paradis) pose un regard délicat sur une fratrie à l’heure de décisions importantes. Car Gabrielle, qui vit en faisant la statue vivante pour les touristes, a des soucis avec son fils adolescent, Mao, brillant game designer, est dépressif tandis qu’Elsa, qui n’arrive pas à avoir d’enfant, est en colère contre la terre entière. Les comédiens sont excellents (Jean-Pierre Bacri et Chantal Lauby sont aussi de la partie) et le récit est tendre et attachant. Une réflexion sensible sur la manière de resserrer les liens de famille… (M6)

BLACKKKLANSMAN

BlackkKlansmanPremier policier afro-américain de Colorado Springs en 1978, Ron Stallworth s’infiltre, avec l’appui de Flip Zimmermann, un collègue blanc expérimenté, dans la haute organisation du redoutable Ku Klux Klan… Après quelques années de vaches maigres, Spike Lee fait un retour en force avec BlacKkKlansman qui tient à la fois du polar, du biopic, du film en costumes (la fin des seventies) et aussi du pamphlet contemporain. En s’appuyant sur l’histoire vraie de Ron Stallworth, le cinéaste engagé de Malcolm X (1992) réussit des aventures où les nervis comme les penseurs du sinistre KKK sont allègrement passés à la moulinette. Mais Lee ne s’en tient pas là et s’en prend aussi de front à la politique de Donald Trump en évoquant le rassemblement de l’extrême droite américaine en août 2017 à Charlottesville. Porté par John David Washington et Adam Driver, ce thriller, souvent burlesque, est palpitant et enlevé. (Universal)

UN PEUPLE ET SON ROI

Peuple et son RoiEn 1789, le peuple gronde… Autour des personnages fictifs de Basile (Gaspard Ulliel) et de Françoise (Adèle Haenel) qui vivent à deux pas de la Bastille ou d’une vraie révolutionnaire comme le fut Reine Audu (Céline Sallette), Pierre Schoeller, réalisateur du remarquable L’Exercice de l’Etat (2011), compose, avec Un peuple et son roi, une vaste fresque historique sur les premières années de la Révolution française, de la prise de la Bastille à l’exécution du roi Louis XVI en passant par les multiples et sonores débats à l’assemblée nationale. On y croise de grandes figures comme Robespierre, Marat, Desmoulins, Saint-Just, Danton dans le souffle puissant de l’Histoire en marche… Avec de nombreux comédiens qui donnent notamment corps à une belle galerie de Parisiens, Schoeller met de la lumière sur la l’abolition de la monarchie et la naissance de la démocratie. (Studiocanal)

L’ENIGME DU LAC NOIR

Enigme Lac NoirEn fuite du bagne de Carson City dans le Nevada, cinq prisonniers tentent de rejoindre la Californie à travers les montagnes enneigées. Piégés par le blizzard, ils arrivent dans un bled perdu… Parmi les fuyards, Jim Canfield (Glenn Ford), injustement condamné, recherche celui qui l’a envoyé derrière les barreaux non sans lui voler une grosse somme. A la surprise des bandits, le village est uniquement occupé par des femmes. Sur un scénario original signé notamment du fameux Ben Hecht, ce bon artisan qu’est Michael Gordon signe, en 1951, L’énigme du lac noir. Dans la collection Westerns de légende, voici un solide film qui réunit de beaux personnages de femmes incarnées notamment par Gene Tierney et Ethel Barrymore en autoritaire doyenne. L’idylle entre Ford et la belle Gene est attendue mais le ton est étouffant et dramatique. (Sidonis)

JE VAIS MIEUX

Je Vais MieuxAuteur des Emotifs anonymes (2010) ou d’Une famille à louer (2015), Jean-Pierre Améris manifeste toujours, dans ses films, de la tendresse pour tous les êtres fragiles… Architecte de son état, Laurent est de ceux-là. Ce quinquagénaire souffre d’un mal de dos fulgurant contre lequel la médecine ne peut rien. Et si la racine du mal était psychologique ! En s’appuyant sur un Eric Elmosnino parfait dans la sourde souffrance et sur une galerie de bons comédiens (Alice Pol, Ary Abittan, Judith El Zein, François Berléand, Sacha Bourdo) et en adaptant un roman de David Foenkinos, le cinéaste propose une agréable comédie sur un type plié en deux qui ressemble à beaucoup d’entre nous… Pas franchement réaliste, cette aventure intimiste s’offre pas mal de chemins de traverse tandis que le héros se demande ce qu’il doit changer pour aller mieux. Sa posture, son travail, sa famille, sa femme ? (EuropaCorp)

PEPPERMINT

PeppermintDans une fête foraine, le mari et la fillette de Riley North sont abattus, sous ses yeux, par des narcotrafiquants. Totalement désespérée, Riley tente d’obtenir justice. Même si les tueurs sont parfaitement identifiés, ils échappent à la peine et se retrouvent libres. Disparue de la circulation pendant cinq ans, Riley revient et va accomplir méthodiquement une sauvage vengeance. Tandis que la police compte les coups et que les trafiquants sont aux abois, Riley frappe vite et fort. Auteur de Banlieue 13 (2004) et Taken (2008), le Français Pierre Morel signe un pur film d’action. En combattante dure au mal mais toujours traumatisée, Jennifer Garner hérite, avec Peppermint, d’un rôle (très) musclé quelque part dans le sillage d’un John Wick. Peu vraisemblable mais bigrement efficace. (Metropolitan)

ALPHA

AlphaQuelque part, en Europe, il y a 20 000 ans, une tribu pleure la mort du jeune Keda lors d’une chasse au bison des steppes. Mais Keda a survécu à une lourde chute. Dans une nature inhospitalière, il va devoir braver de multiples dangers pour retrouver les siens… Sur son chemin, il croise un chien-loup blessé. Avec Alpha, l’Américain Albert Hughes –qui réalise ici son premier film sans son frère jumeau Allen avec lequel il fit notamment From Hell en 2002 et Le livre d’Eli en 2010- livre un récit « préhistorique » fantaisiste autour de la survie et du devenir d’un chef. Avec son petit côté Guerre du feu, ce survival (tourné au Canada et en Islande) autour de la domestication d’un chien-loup, vaut surtout pour l’attachante relation entre l’homme et l’animal. (Sony)

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