FREDDY, L’AMOUR FOU, BERLUSCONI, LA PEDOPHILIE, L’APARTHEID ET TSUI HARK

BOHEMIAN RHAPSODY
Bohemian RhapsodyBien sûr, Freddy Mercury (1946-1991) n’était pas un angelot propre sur lui… Il n’en reste pas moins qu’il était (et demeure !) une véritable star du rock doublée d’une sacrée icône gay. Avec Bohemian Rhapsody, Bryan Singer signe un biopic enlevé et rythmé du chanteur de Queen. Il construit cette aventure musicale autour du fameux concert Live Aid de juillet 1985 au stade de Wembley. Couronné de l’Oscar du meilleur acteur, le mince Rami Malek se glisse, avec aisance, dans les tenues délirantes de Mercury la flamboyante. Sur fond de tubes immortels, une belle célébration d’un mythe même si a reproché au film (validé par les survivants du groupe) de « sanctifier » un peu trop le bon Freddy. Mais on n’a pas fini de chantonner devant son écran ! (Fox)

COLD WAR
Cold WarOn avait découvert Pawel Pawlikowski en 2013 avec l’excellent et oscarisé Ida. On retrouve le cinéaste voguant, durant la Guerre froide, entre la Pologne stalinienne et le Paris bohème des années 50, pour saisir la tumultueuse aventure amoureuse de Viktor, musicien et chef d’orchestre épris de liberté (Tomasz Kot) et de Zula, jeune chanteuse passionnée incarnée par la belle Joanna Kulig. Ils s’aiment et se repoussent sans cesse, incapables de rester ensemble et malheureux quand ils sont éloignés l’un de l’autre. Sur une magnifique photo en noir et blanc et dans une mise en scène dépouillée et néanmoins lyrique, Cold War est un superbe poème sur l’amour fou. (Diaphana)

SILVIO ET LES AUTRES
Silvio et les AutresDes bimbos se trémoussent au bord d’une piscine somptueuse tandis que Silvio Berlusconi susurre une chanson d’amour. Images étonnantes qui racontent l’un des hommes politiques les plus extravagants et les plus inquiétants qui soient… Si Silvio et les autres est le « le fruit de la libre création de ses auteurs », Paolo Sorrentino (qui avait déjà traité de la politique italienne dans Il divo (2008) sur l’activité de Giulio Andreotti) distille pourtant un portrait baroque et décapant du Cavaliere. Un biopic politique qui mêle le grotesque et la tragédie, le tout servi par un Toni Servillo, largement maquillé, qui compose un séducteur à la vitalité exacerbée, persuasif marchand de rêves qui a le charisme du ruisseau. Une brillante proposition sur le mystère Berlusconi ! (Pathé)

LES CHATOUILLES
Les ChatouillesGamine de 8 ans, Odette aime la danse et le dessin. Elle n’a aucune raison de se méfier d’un bon ami de ses parents qui lui propose de jouer aux chatouilles. Andréa Bescond (qui a elle-même subi ces abus sexuels) et Eric Métayer réussissent, avec Les chatouilles, un brûlot puissant et remarquable parce qu’il aborde, avec finesse et courage, une effrayante histoire de pédophilie. Andréa Bescond, qui incarne Odette adulte, détaille la manière dont elle a lutté pour surmonter son douloureux secret, notamment en dansant sa colère… La longue aventure d’une difficile reconstruction racontée avec réalisme et… humour. Dans le rôle de la mère d’Odette, Karin Viard est pathétique et magnifique. Les César 2019 l’ont couronné comme meilleure actrice dans un second rôle. (Orange)

LE PROCES CONTRE MANDELA ET LES AUTRES
Proces Mandela et les autresL’histoire de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud ne retient qu’un seul homme : Nelson Mandela qui aurait eu cent ans cette année. Cependant, en 1963 et 1964 à Pretoria, durant neuf mois, ils sont neuf membres de l’ANC, dont Nelson Mandela, à passer en jugement et à risquer la peine de mort. Face à un procureur pugnace, les accusés décident de transformer leur procès en tribune contre l’apartheid. Il n’existe aucune image de ce procès historique mais 256 heures d’archives sonores. Avec ce son pour matière première, Nicolas Champeaux et Gilles Porte, les auteurs du Procès contre Mandela et les autres, réussissent un passionnant documentaire qui s’appuie notamment sur les témoignages des survivants nonagénaires du procès mais aussi sur un beau travail d’animation signé Oerd. (Arte)

TIME AND TIDE
Time and TideAprès une brève parenthèse hollywoodienne où il réalise deux films mineurs avec Jean-Claude Van Damme (Double Team et Piège à Hong-Kong), Tsui Hark revient, en 2000, sur ses terres et à son genre de prédilection : le thriller d’action hongkongais. Avec Time and Tide, il réussit une oeuvre trépidante et bluffante par ses brillantes séquences d’action devenues véritablement des moments d’anthologie. Pour aider la mère de son futur enfant, Tyler devient garde du corps. Au cours d’une mission, il rencontre Jack, ancien mercenaire mexicain qui a refait sa vie avec la fille, elle aussi enceinte, d’un chef de gang. Restauré, le film sort en coffret édition prestige limitée avec de bons suppléments et de nombreux memorabilia. Un must du film d’action! (Carlotta)

UN AMOUR IMPOSSIBLE
Amour ImpossibleTiré du roman autobiographique et éponyme de Christine Angot paru en 2015 chez Flammarion, Un amour impossible, mis en scène par Catherine Corsini, plonge dans les rapports de couple dans la France des années 1960 à 2000. A Châteauroux, à la fin des années 50, Rachel Steiner, modeste et naïve employée à la Sécurité sociale, rencontre Philippe Arnold, un fils de bonne famille. De leur liaison, naît Chantal mais Philippe refuse de se marier hors de sa classe sociale. Pour Rachel (Virginie Efira, excellente), commence une longue bataille pour que Philippe reconnaisse Chantal qu’elle élève comme son grand bonheur… Quand la domination des hommes conduit à la tragédie… (Le Pacte)

QUIEN TE CANTARA
Quien Te CantaraAncienne star de la chanson des années 90, Lila Cassen prépare son grand retour sur scène après dix années de silence. Mais un accident la rend complètement amnésique. La manager de la star va demander à Violeta, grande fan de Lila et brillante imitatrice, de l’aider à redevenir elle-même. Remarqué pour son thriller La nina de fuego en 2014, l’Espagnol Carlos Vermut donne, avec Quien te cantara, un double portrait de femmes qui est une réflexion sur la célébrité et surtout sur l’identité. Il réussit aussi à installer une atmosphère tour à tour élégante et glaciale mais surtout oppressante qui finit par faire douter des réelles intentions des unes et des autres.  Najwa Nimri (Lila) et Eva Llorach (Violeta) incarnent deux femmes qui semblent parfois se confondre… (Le Pacte)

THE HOUSE THAT JACK BUILT
TheHouse That Jack BuiltJack considère chaque meurtre qu’il commet comme une œuvre d’art. Avec The House that Jack built, on suit, du point de vue de Jack, son parcours de serial killer tandis que l’intervention de la police ne cesse de se rapprocher. Après l’échec de Nymphomaniac  (2013) venant après ses démêlés cannois à l’heure de Melancholia (2011), Lars von Trier est resté silencieux jusqu’à ce thriller où se mêlent les pensées de Jack, le détail de ses meurtres et des réflexions métaphysiques sur la mort et l’au-delà. Conteur sans concessions commerciales, le Danois agace et séduit à la fois. Interprète de l’inquiétant Jack, Matt Dillon est remarquable… Dans le rôle du mystérieux Verge, on retrouve Bruno Ganz, récemment disparu, dans l’un de ses ultimes rôles. (Potemkine)

MILLENIUM : CE QUI NE ME TUE PAS
Millenium: Ce Qui Ne Me Tue PasAprès la Suédoise Noomi Rapace (dans les trois premiers films suédois de la saga) et l’Américaine Rooney Mara (dans le remake US des Hommes qui n’aimaient pas les femmes), c’est désormais l’Anglaise Claire Foy qui incarne Lisbeth Salander, l’indémontable hackeuse inventée en 2005 par l’écrivain suédois Stieg Larrson. Dans Millenium : ce qui ne me tue pas, réalisé par l’Uruguayen Fede Alvarez, Salander (suivie par une mystérieuse blonde) retrouve son ami, le journaliste Mickael Blomkvist pour affronter des espions, des cybercriminels et des membres corrompus du gouvernement autour d’un logiciel permettant de prendre le contrôle d’armes nucléaires. Si le scénario a quelques faiblesses, le film joue clairement la carte de l’action dans des univers toujours bien glauques… (Sony)

SOLIS
Solis« Ne regardez pas le passé avec tristesse. Il ne revient jamais ». En exergue de son space-opera… intimiste, Carl Strathie a placé cette citation… Car Troy Holloway, ingénieur à la compagnie minière Orbis, quelque part dans l’espace, a été victime d’un important accident sismique. Seul survivant à bord d’une capsule de sauvetage pourrie qu’il ne contrôle qu’avec difficulté, il dérive vers le soleil. Solis ou l’odyssée stellaire d’un type anonyme (le Canadien Steven Ogg connu par la série télé The Walking Dead) qui n’a plus que la voix désincarnée et lointaine de la commandante Roberts pour tenter de tenir dans une angoissante course contre une chaleur solaire de plus en plus intense… De la SF minimaliste mais agréablement palpitante. (Wild Side)

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