LE CINEASTE, LES FEMMES FATALES ET UN JEUNE FANATIQUE

DOULEUR ET GLOIRE
Douleur Gloire« Et si tu ne tournais plus, tu ferais quoi ? Vivre, je suppose… » Le dernier Almodovar est-il fondé sur la vraie vie du cinéaste ? Non et oui, absolument, répond le réalisateur de Tout sur ma mère. On se glisse avec une réelle empathie dans ce portrait d’un cinéaste qui souffre d’une crise d’inspiration et qui se penche aussi bien sur ses relations avec sa mère (incarnée, jeune, par Penelope Cruz) que sur les hommes de sa vie. Entrant dans la peau de cet artiste en souffrance qui ressemble comme un double à Pedro Almodovar, Antonio Banderas, brillant compagnon de route du metteur en scène, a été couronné meilleur acteur à Cannes. Almodovar n’a toujours pas remporté de Palme sur la Croisette mais il signe un émouvant film-bilan. (Pathé)
L’ANGE NOIR
Ange NoirCinéphile invétéré et autodidacte du 7e art, Jean-Claude Brisseau rendait, en 1994, hommage au film noir américain avec des clins d’œil à Wyler (La lettre) ou à Kim Novak dans le Vertigo de Hitchcock.  Thriller stylisé et brillant, L’ange noir est construit pour une Sylvie Vartan rare au grand écran. Dans son meilleur rôle, elle incarne une inquiétante femme de la bourgeoisie bordelaise, épouse d’un haut magistrat (Michel Piccoli) et mère d’une jeune fille inquiétante. Stéphanie Feuvrier vient de tuer un homme à son domicile… Dans la collection Make my Day de Jean-Baptiste Thoret, voici le passionnant portrait que Brisseau (1944-2019) fait d’une femme fatale tout en interrogeant les arcanes du désir féminin. (Studiocanal)
LA FEMME REVEE
Femme ReveeRescapé d’un accident de voiture, l’homme d’affaires Angel Caal est soigné à Séville par la timide et dévouée Mercedes. Epris, Angel entraîne la jeune femme à Paris. Bientôt Mercedes va gouter les tentations de la capitale auprès de Suzanne, l’ancienne maîtresse de Caal et du danseur mondain Harry Pilcer… En 1928, Jean Durand, cinéaste aujourd’hui injustement oublié, signe un envoûtant et beau film muet longtemps présumé perdu et récemment restauré. Avec Charles Vanel (Caal), Alice Roberte (Mercedes) et Arlette Marchal (Suzanne), voici un faux drame bourgeois qui évoque un trio entre liberté des femmes et plaisirs de la nuit parisienne… (Gaumont)
SEDUIS-MOI SI TU PEUX
Séduis Mo iSi Tu PeuxBrillante et habile secrétaire d’Etat, Charlotte Field croise, au cours d’une soirée, Fred Flarsky, journaliste pugnace mais instable et sans filtre dont elle fut jadis la baby-sitter. Candidate à la présidence des Etats-Unis, Charlotte décide, au grand dam de son entourage, d’embaucher Fred pour tonifier ses discours… La séduisante Charlize Théron et le rondouillard Seth Rogen, constamment attifé en plouc à casquette, Long Shot (en v.o.) est une comédie romantique « à l’ancienne ». On songe parfois au Président et Miss Wade et on déguste cette romance politique enlevée, cultivant parfois une verve incorrecte qui mêle écologie, belles valeurs et passion amoureuse. (M6)
LE JEUNE AHMED
Jeune AhmedEn compétition à Cannes, les frères Dardenne ont décroché le prix de la mise en scène pour ce drame voulu comme une « ode à la vie ».  En Belgique, voici le parcours d’un jeune adolescent (Idir Ben Addi, remarquable) en perte de repères qui, sous l’influence de l’imam extrémiste de son quartier, bascule dans le fanatisme religieux. Fidèle à leur cinéma, les Dardenne collent à leurs personnages et les observent, avec une réelle perplexité, dans une quête qui confine à l’obsession. Dans un film très tendu, on suit le jeune Ahmed, dans sa radicalisation galopante, agissant comme une grenade dégoupillée alors même qu’un éducateur lui dit que « la mort, c’est autre chose qu’une piqûre de moustique »… (Diaphana)
LES AVENTURES DE PINOCCHIO
Aventures de PinocchioDans la Toscane de la fin du 19e siècle, le pauvre menuisier Gepetto fabrique un pantin de bois qu’il nomme Pinocchio. La fée Turquoise anime la marionnette qui se comportera comme un gamin de chair et de sang. En 1972, Luigi Comencini, qui a souvent traité de l’enfance dans ses œuvres, adapte le célèbre conte de Carlo Collodi pour la télévision. En 1975, il fera de cette série un film pour le grand écran avec Nino Manfredi et Gina Lollobrigida en tête d’affiche. Loin de la version animée donnée par Disney en 1940, voici, entre réalisme et fantastique, une réflexion souvent cruelle sur l’enfance face à la misère du monde. Mais la magie de l’imaginaire est là aussi… (Le Pacte)
JEANNE LA PUCELLE
Jeanne PucelleDe Méliès à Preminger en passant par Rossellini et Luc Besson sans oublier le tout récent Jeanne de Bruno Dumont, Jeanne d’Arc est devenue un personnage de cinéma. Chez Jacques Rivette, en 1994, c’est Sandrine Bonnaire, révélée par Pialat quelques années auparavant, qui se glisse dans l’armure de cette jeune fille qui a quitté sa famille à 17 ans et a été brûlée à 19 ans. Dans une vaste fresque de 5h30 et en deux volets (Les batailles et Les prisons), Rivette (1928-2016), fidèle à son goût de l’expérimentation, travaille la lenteur pour mieux saisir les émotions. Sur une belle bande-son de Jordi Savall, Jeanne est plus du côté de la spiritualité que de la guerre… (Potemkine)
QUAND PASSENT LES CIGOGNES
Quand Passent CigognesA Moscou, en 1941, Veronica et Boris, jeune couple très amoureux, vont se marier. Mais le 22 juin, l’Allemagne envahit par surprise la Russie. Boris part au front. Son cousin Mark, planqué peu glorieux, courtise Veronica qui finit par l’épouser. Commence alors une descente aux enfers entre amour, doute et désespoir. En 1957, Mikhail Kalatozov tourne son film le plus fameux qui obtiendra la Palme d’or à Cannes 58. Loin des élans patriotiques du cinéma russe, cette œuvre réputée pour ses somptueux mouvements d’appareil, symbolise le dégel du régime soviétique sous Khrouchtchev. Voici une mélodique évocation des horreurs de la guerre vues à travers le regard de la romantique Veronica incarnée par la belle Tatiana Samoïlova… (Potemkine)
CUJO
CujoLa terreur a un nom : Cujo… Pourtant Cujo est un gros mais gentil saint-bernard appartenant à un mécanicien d’un bled américain. Sauf que le brave chien a été mordu par une chauve-souris enragée. Lorsque Donna (Dee Wallace) et son jeune fils viennent faire réparer leur voiture au garage, ils ignorent que Cujo a déjà dévoré son maître. Prisonniers de leur auto en panne, ils risquent le pire. En 1983, Lewis Teague adapte le maître Stephen King (qui apprécia le résultat final) et signe un film efficace où les attaques canines sont sauvages. Cujo est présenté pour la première fois en dvd dans son montage intégral. Toujours mordant ! (Carlotta)
LA NUIT DES JUGES
Nuit JugesJeune juge idéaliste, Steven Harlin est contraint d’acquitter un criminel et déplore l’impuissance du tribunal auprès de son collègue Caufield. Celui-ci lui avoue l’existence d’une chambre clandestine, dont il fait partie, qui liquide, de manière expéditive, les meurtriers trop facilement innocentés lors de leurs jugements. En 1983, l’Américain Peter Hyams s’inscrit dans la lignée des films « de vengeance » mais adopte un ton moins racoleur, voire plus argumenté. Michael Douglas incarne un magistrat, pris entre sa vocation et ses idéaux, qui s’interroge sur la justice et la loi. Si les images ont un peu vieilli, le propos, lui, demeure toujours d’actualité. (L’Atelier des images)
SIBYL
SibylRomancière reconvertie en psychanalyste mais reprise par le désir d’écrire, Sibyl quitte tous ses patients sauf Margot, jeune actrice en détresse. Il est vrai que Margot nourrit son inspiration. Après la comédie Victoria en 2016, Justine Triet concocte, avec l’incontournable Virginie Efira au centre de sa toile, un drame passionnel autour du thème de la création littéraire et cinématographique. C’est souvent brillant, parfois enchevêtré mais les personnages féminins (c’est Adèle Exarchopoulos qui incarne Margot) ont une belle densité. On se laisse prendre à cette fiction qui fait parfois, lors d’un tournage chahuté du côté du Stromboli, songer à Rossellini et Bergman… (Le Pacte)
ALADDIN
AladdinTout comme pour les récents Livre de la jungle ou Dumbo, Disney « reprend » cette fois le classique animé de 1992 en prises de vues réelles. Voici donc les aventures d’Aladdin, charmant garçon des rues (Mena Massoud) qui croise la route du Génie de la lampe auquel il demande de l’aider à conquérir le cœur de la belle et fougueuse princesse Jasmine (Naomi Scott)… Mais Jafar, le méchant Vizir, guette… Ce reboot live, porté par la star Will Smith en génie blagueur, aussi frais que léger, se regarde comme un divertissement agréable qui emporte le spectateur dans un voyage oriental sur un tapis volant, façon Disney. (Disney)
TERREUR SUR LE BRITANNIC
Terreur BritannicAlors que le Britannic fait route vers l’Amérique dans une mer démontée, son propriétaire reçoit, à Londres, l’appel d’un certain Juggernaut qui l’informe que le paquebot est miné et réclame une rançon, sinon les 1200 passagers du navire périront. Une équipe de démineurs est parachutée à bord du navire… En 1974, au début de la vague du film-catastrophe, Richard Lester, connu pour ses comédies (Quatre garçons dans le vent avec les Beatles en 1964 ou The Knack en 65), tourne un drame atypique en conservant un certain humour et en soignant sa galerie de personnages défendus par de bons comédiens Omar Sharif, Ian Holm, Anthony Hopkins, David Hemmings, Richard Harris). Un excellent suspense dans une belle version remastérisée! (Wild Side)
90’S
90'sDans le Los Angeles des années 90, Stevie, 13 ans, a du mal à trouver sa place entre sa mère souvent absente et un grand frère tyrannique. Quand une bande de skateurs, tous plus âgés que lui, le prend sous son aile, il se prépare à passer l’été de sa vie… Connu pour son travail de comédie avec Judd Apatow (En cloque, mode d’emploi ou Funny People), Jonah Hill signe, ici, une première mise en scène minimaliste et sans esbroufe pour distiller une certaine nostalgie des nineties entre skate et hip-hop. Le cinéaste raconte, avec tendresse, comment Stevie s’éloigne doucement de l’adolescence pour avancer vers l’âge adulte… (Diaphana)
JOHN WICK 3 – PARABELLUM
John Wick 3 ParabellumParce qu’il a transgressé les règles en éliminant, dans l’hôtel Continental, un membre de la Grande Table, John Wick  a été « excommunié » et est devenu, à Manhattan, un homme traqué dont la tête a été mise à prix pour 14 millions de dollars… Mais mettre Wick à terre n’est pas une mince affaire car ce tireur d’élite, combattant hors de pair, ne craint rien, ni personne. Le troisième volet de la saga Wick est un bon exemple de film d’action qui enchaîne les scènes sans lasser. Bien sûr, le scénario est mince mais, toujours à l’aise dans le troisième opus de la saga Wick, Keanu Reeves mène le bal des fusillades à gogo ! (Metropolitan)

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