GUEDIGUIAN, LES KI-TAEK, MIZOGUCHI, LE BONIMENTEUR ET L’ESPIONNE

INTEGRALE ROBERT GUEDIGUIAN
GuédiguianAlors que son dernier film (Gloria Mundi) est désormais sur les écrans, un coffret rassemble, en versions restaurées, l’intégralité des films de Robert Guédiguian. En vingt œuvres, le cinéaste marseillais d’origine arménienne a imposé un cinéma porté par une forte approche sociale et par une attention constante aux gens du peuple. Avec de bons suppléments (dont deux documentaires inédits sur un cinéaste militant et engagé à gauche), ce beau coffret permet d’aller de Dernier été (1981) à La villa (2017) en passant par des œuvres fameuses comme Marius et Jeannette (1997), le plus gros succès à ce jour de Guédiguian ou Marie-Jo et ses deux amours (2002) sans oublier les plus rares Rouge Midi (1985) ou Lady Jane (2008). Indispensable ! (Diaphana)
PARASITE
ParasitePalme d’or unanimement appréciée au dernier Festival de Cannes, le film du Sud-Coréen Bong Joon-ho est un véritable bijou de cinéma qui mélange, avec un brio dans l’écriture et une subtilité dans l’évocation des thèmes, le thriller, le film d’horreur et la rude chronique sociale. Chez les Ki-taek (le père est incarné par Song Kang-ho, la star du cinéma sud-coréen), tout le monde est au chômage et la fortune de la famille Park, chez laquelle le fils a réussi à se faire admettre, leur donne de (très mauvaises) idées ! Les Ki-taek sont des laissés-pour-compte dont la survie dépend d’une arnaque qui va prendre des proportions inattendues et violentes. Un film rageur et époustouflant ! (M6)
MIZOGUCHI EN 8 FILMS
AAAMizoguchiAvec Kurosawa et Ozu, Kenji Mizoguchi est l’un des plus grands maîtres du cinéma japonais. Avec huit chefs-d’oeuvre remasterisés dont Miss Oyu (1951), Les contes de la lune vague après la pluie (1953), L’intendant Sansho (1954) ou l’ultime Rue de la honte (1956), on retrouve ses derniers films dans un beau coffret qui rend hommage à un cinéaste (1898-1956) dont les cadres, les compositions, le rythme, le travail sur le temps et sur l’espace, toujours placés sous le signe de la poésie, ont fait merveille. En bonus, le coffret contient un livre inédit (128 p.) qui propose une analyse critique de l’œuvre mais aussi des entretiens menés en 1964 par Ariane Mnouchkine avec les collaborateurs du maître. Pour une belle découverte nippone ! (Capricci)
ELMER GANTRY, LE CHARLATAN
Elmer GantryDans l’Amérique des années 20, le représentant de commerce Elmer Gantry, attiré par une belle évangéliste, va mettre son talent de brillant bonimenteur au service d’un « spectacle » religieux. En 1960, Richard Brooks signe l’un de ses grands films en évoquant, avec pour toile de fond le mouvement revivaliste, le puritanisme et la fanatisation du sentiment religieux à travers un tonitruant prédicateur. Porté par un Burt Lancaster séducteur et carnassier (il obtiendra l’Oscar en 61), Gantry est tour à tour cynique et démagogue et aussi d’une innocence désarmante. Au comble de sa popularité, le prêcheur lancé dans une lutte contre les bars clandestins ou les maisons closes, chutera à cause d’une fille de joie… (Wild Side)
THE OPERATIVE
The OperativeA la fin des années 2000, alors que le monde craint que l’Iran ne se dote de l’arme atomique, Rachel, ex-agente du Mossad infiltrée à Téhéran, disparaît sans laisser de trace… Entre Téhéran, Cologne, Leipzig et Jérusalem et en s’appuyant sur un best-seller de l’ancien agent du Mossad Reicher Atir, le cinéaste israélien Yuval Adler décrit, avec précision, le métier d’espion aujourd’hui tout en observant l’impact émotionnel provoqué par une existence secrète au long cours. Diane Kruger incarne une Rachel, femme sans racines et désormais en perdition alors que le Mossad songe clairement à l’éliminer. Un excellent thriller dépouillé où la tension psychologique prime sur l’action. (Le Pacte)
L’ŒUVRE SANS AUTEUR
Oeuvre Sans AuteurOscarisé pour l’excellent La vie des autres (2006), Florian Henckel von Donnersmarck se penche avec cette saga allemande qui s’étend de 1937 aux années 60, sur trois décennies dans l’histoire de son pays, sur sa culpabilité mais aussi sur la puissance de l’art et de la création. Jeune peintre de talent (le cinéaste s’est inspiré de Gerhard Richter et évoque également la figure de Joseph Beuys), Kurt Barnert (Tom Schilling) croise, lorsqu’il rencontre l’amour de sa vie (Paula Beer), un gynécologue (Sebastian Koch) impliqué, aux pires heures du nazisme, dans l’élimination des handicapés et auquel il est lié par un terrible passé. Une œuvre brillante et fascinante ! (Diaphana)
EN TOUTE INNOCENCE
En Toute InnocenceDans la collection Make my Day, Jean-Baptiste Thoret met en lumière Alain Jessua (1932-2017), cinéaste à la filmographie singulière et volontiers étrange avec son huitième et avant-dernier film (1988), un thriller dans la bourgeoisie bordelaise. Entre suspense et ambiguïté perverse, il y observe la guerre psychologique entre un notable et sa bru. Par hasard, Paul Duchêne (Michel Serrault) surprend Catherine (Nathalie Baye) en situation compromettante. Fou de rage, il se blesse grièvement en voiture. Les jambes cassées et désormais muet, Duchêne est décidé à mener la vie dure à Catherine. Après avoir tenté en vain d’obtenir son pardon, Catherine décide de l’éliminer… (Studiocanal)
UN HOMME NOMME CHEVAL
Homme Nomme ChevalParti chasser dans le nord-ouest des Etats-Unis, John Morgan, un lord anglais, est capturé par des Indiens sioux. Humilié (le chef de la tribu l’a offert comme esclave à sa mère) et traité comme une bête, Morgan adapte son mode de vie aux coutumes des Indiens pour être considéré comme un homme. En 1970, dans les décors de l’Ouest américain, Elliott Silverstein réalise, avec cette aventure portée par l’excellent Richard Harris, un film fondateur, dans la lignée de Little Big Man et de Soldat bleu, qui renouvelle la figure de l’Indien dans le cinéma hollywoodien. Dans les suppléments, le cinéaste évoque le tournage et sa volonté de coller à la réalité historique… (Carlotta)
COFFRET FELLINI
FelliniC’est toujours un plaisir de cinéphile de se glisser dans l’œuvre baroque et foisonnante du maestro de Rimini. Dans un coffret Blu-ray enrichi de bons bonus, voici trois films de Federico Fellini (1920-1993) qui développent des thèmes comme la misère des êtres (Il bidone en 1955, un conte moral avec ses minables escrocs), la nostalgie du cirque et l’hommage à la magie et à la fantaisie (Les clowns en 1970 et le regard de l’enfant qui voit le chapiteau se gonfler) ou encore la création musicale mais aussi la révolte contre l’autorité avec Prova d’orchestra (1978) où un différend oppose un chef et le délégué syndical de l’orchestre… (Le Pacte)
MIDSOMMAR
MidsommarAttristé par le deuil qui frappe la famille de son amie Dani (Florence Pugh), Christian met de côté la séparation qu’ils envisageaient et l’entraîne à un festival qui n’a lieu qu’une fois tous les 90 ans dans un village suédois isolé. Mais les vacances vont prendre une tournure angoissante. Remarqué pour Hérédité (2008), l’Américain Ari Aster poursuit, ici, dans la veine de l’épouvante, cette fois dans le cadre d’une manipulation sectaire. Dans un style baroque qui ne craint pas les chocs visuels, le cinéaste distille, habilement, la montée de l’horreur au sein de rituels de plus en plus terrifiants… Quand la peur éclate en pleine lumière ! (Metropolitan)
THE DEVIL’S HOUR
Devils HourEn live sur le web, Drew et Max, deux jeunes entrepreneurs, diffusent d’impressionnantes séances d’exorcisme qui sont en fait des canulars. Mais le business, largement suivi à travers le monde, du « père Max » bascule lorsque l’actrice de The Cleansing Hour (qui est aussi la petite amie de Drew) devient mystérieusement possédée par le démon. Et le diable la soumet à des défis de plus en plus violents. Damien LeVeck a d’abord tourné un court-métrage avant d’en tirer un « long » présenté dans de nombreux festivals. Un film d’horreur enlevé dont les images marquantes font songer au fameux L’exorciste. (Wild Side)
MANTA RAY
Manta RayPrès d’une côte où abordent de nombreux réfugiés Rohingyas, un jeune pêcheur thaïlandais découvre, dans la mangrove, un blessé inconscient. Il lui porte secours, le nomme Thongchai et lui offre son amitié. Mais le pêcheur va disparaître mystérieusement en mer et Thongchai va peu à peu reprendre la vie de son ami, sa maison, son travail et son ex-femme… Présenté à la Mostra de Venise, le premier long-métrage du Thaïlandais Phuttiphong Aroonpheng, autour du sort tragique des Rohingyas, est une parabole parfois hermétique mais envoûtante. L’évocation des diamants qui éclairent la forêt des nuits de pleine lune est bien poétique… (Jour2fête)
PREMIER DE LA CLASSE
Premier Classe« Continue de descendre, Abou, tu trouveras du pétrole ! » La prof d’Abou, 14 ans, est affligée par le niveau du gamin. Qui fait pourtant la fierté de ses parents et spécialement de son père… auquel il fait croire qu’il est le premier de sa classe. Mais quand arrive la première et fatidique réunion parents-profs, Abou (Mutamba Kalonji) va monter un gros coup : recruter de faux profs dans son quartier pour faire face à son vrai père… Avec Pascal Nzonzi (l’inénarrable André Koffi de Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?) en père fort en gueule et Michèle Laroque en gentille prof de banlieue, voici une comédie « scolaire » qui aborde des thèmes de société tout en ne se prenant pas trop au sérieux… (UGC)

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