Rayane, simple flic promis à la mort

Rayane (Tarek Boudali), Stéphanie (Vanessa Guide) et Pierre (Julien Arruti) mènent l'enquête.

Rayane (Tarek Boudali), Stéphanie (Vanessa Guide) et Pierre (Julien Arruti) mènent l’enquête.

Para bailar la bamba se necesita / Una poca de gracia y otra cosita… On cite volontiers les premières lignes de La Bamba. Le fameux air traditionnel mexicain a été interprété par une kyrielle de chanteurs dont, en 1958, le rocker américain Ritchie Valens, premier Latino à placer un hit dans le top 50 des ventes de disques aux USA avec la dite Bamba
Si on évoque, ici, ce tube, c’est qu’on l’entend dans 30 jours max mais surtout, et à contrario, parce que la chanson parle « d’un peu de grâce ». Grâce qui, justement, fait cruellement défaut à cette comédie policière française.
Jeune gardien de la paix, Rayane est un type aussi trouillard que maladroit. Il n’est policier que pour honorer la mémoire de son père, flic tombé en service commandé. Tout à sa contemplation de sa collègue Stéphanie pour laquelle il se meurt d’un amour silencieux, il tarde à poursuivre un malfrat (on a cru reconnaître Jérôme Le Banner, ancien champion mondial de kick-boxing) qui vient de s’échapper de leur véhicule de service, non sans lui avoir demandé s’il avait « pécho » la belle… Parti à la poursuite de l’affreux, Rayane finit dans une benne à ordures où il se fait mordre par un rat. Un médecin (Philippe Duquesne) le soigne, lui ordonne des analyses et lui apprend, un peu plus tard, qu’il ne lui reste que trente jours à vivre.

Tony (Philippe Lacheau), un flic allumé.

Tony (Philippe Lacheau), un flic allumé.

Désormais, Rayane n’a plus rien à perdre. Décidé à saisir sa chance, il entend devenir le héros de son commissariat et surtout d’impressionner sa charmante collègue. Las, chargé d’une petite surveillance de rien du tout au cœur d’une grosse opération visant à prendre en flag’ un gros trafiquant, il la fait lamentablement capoter en aidant le caïd (José Garcia) à se sortir indemne du piège… Plus que jamais tricard parmi les siens, Rayane le boloss a du pain sur la planche, d’autant que deux flics des stupéfiants sont désormais dans ses pattes…
Diplômé d’un BTS en négociation relation client, Tarek Boudali est membre de La Bande à Fifi, troupe comique, formée en 2005 sous l’impulsion de Michel Denisot qui la recrute pour Le Grand Journal, sur Canal+, où ils jouent leurs sketches en direct. En 2007, La Bande à Fifi quitte Canal pour se consacrer au cinéma et au théâtre. En 2012, Tarek Boudali intègre le casting de la sitcom En famille sur M6 où il incarne Kader, un jeune père de famille.
Côté grand écran, on verra La Bande… à l’œuvre notamment dans Babysitting (2014) puis Babysitting 2 (2015) qui seront des succès publics avec respectivement 2,3 et 3,2 millions d’entrées dans les salles françaises. L’équipe, menée par Philippe Lacheau, Julien Arruti ou Tarek Boudali remettra le couvert, en 2017, avec Alibi.com (3,5 millions d’entrées) ou encore Epouse-moi, mon pote (2,4 millions d’entrées) déjà réalisé par Tarek Boudali.

Rayane en action...

Rayane en action…

Boudali remet donc le couvert, ici, avec cette comédie plutôt décousue qui part, dans tous les sens puisque son héros, convaincu que ses jours sont comptés, s’en donne à cœur-joie d’autant que la police lui a laissé une ultime chance de se racheter en faisant tomber le Rat, le redoutable dealer auquel il avait permis d’échapper à l’arrestation.
Se greffant à l’enquête menée par Tony et Pierre, les deux flics des Stups, l’un mal embouché, l’autre très lèche-bottes (Philippe Lacheau et Julien Arruti), Rayane va en voir de toutes les couleurs.
Si les comédiens sont too much, c’est que les péripéties le permettent… mais, bigre, que les séquences au cirque ou à l’ambassade du Mexique sont longues. Bien sûr, José Garcia en truand vociférant, est constamment en roue libre alors que Nicolas Marié, en commissaire hystérique et crétin, mérite mieux. Il devrait se rattraper, dès mercredi prochain dans Adieu les cons de Dupontel. Quant à Marie-Anne Chazel, en mamie saisie par le démon des réseaux sociaux, elle fait peine. Vanessa Guide (Stéphanie) n’a pas grand’chose à défendre et Reem Kherici, membre de La Bande à Fifi, en fait des tonnes en influenceuse.

José Garcia en malfrat teigneux. Photos David Koskas

José Garcia en malfrat teigneux.
Photos David Koskas

Sans être pisse-froid, le pire, dans cette aventure, c’est la vulgarité qui la traverse. On pense au jet de pus dans le cabinet médical, au jet d’urine de la boutonnière du clown (« Non, ce n’est pas de l’eau »), à la crotte qui éclabousse le visage de Rayane, au tutto de Mamie avec sa crème dépilatoire intime, au gag récurrent de Chantal Ladesou, prostituée en camionnette qui se retrouve à croupetons sur ses clients, le pompon revenant au pigeon qui « ken » la tête de Rayane dans un plan qui fait sans doute référence au gag du « gel dans les cheveux » de Mary à tout prix (1998). Quant à la « métamorphose » de Tony, elle est terriblement lourde. Opéré par erreur (dans un hôpital du monde d’avant où le masque n’est pas de rigueur), il se retrouve avec une jolie paire de seins que son coéquipier des Stups tripoterait volontiers. C’est fin, ça se mange sans faim, comme auraient dit d’autres comiques…
A la fin, Rayane peut conclure : « J’ai appris à surmonter mes peurs ». On est content pour lui. Beaucoup beaucoup moins pour nous.

30 JOURS MAX Comédie (France – 1h27) de et avec Tarek Boudali et Philippe Lacheau, Julien Arruti, Vanessa Guide, José Garcia, Marie-Anne Chazel, Reem Kherici, Nicolas Marié, Philippe Duquesne, Chantal Ladesou. Dans les salles le 14 octobre.

 

Laisser une réponse