LE PSYCHOPATHE, LES PAIENS, LE PROTAGONISTE ET UN GENOCIDE AFRICAIN

JOKER
JokerEmacié, les flancs creux (l’extraordinaire Joaquin Phoenix, qui a été couronné de l’Oscar du meilleur acteur, a perdu 25 kilos pour le rôle), le regard tourmenté, Arthur Fleck est un frère en désespérance violente du Travis Bickle de Taxi Driver. En racontant la naissance du pire ennemi de Bruce Wayne, alias Batman, Todd Philipps, plutôt connu pour des comédies potaches comme la trilogie Very Bad Trip, réussit un vrai film d’auteur tout en voguant aux marges de l’industrie super-héroïque. Il embarque le spectateur dans la lancinante folie de ce Fleck qui dit « Je ne veux plus me sentir aussi mal ! » alors même que Penny, sa mère lui avait assigné de donner le sourire aux autres parce que le monde est trop sombre. Lorsque ce type solitaire se retrouve avec un revolver dans les mains, la pente devient dangereuse et le chaos guette. Remarquable ! (Warner)
THE WICKER MAN
Wicker ManSur l’île écossaise reculée de Summerisle, le sergent de police Neil Howie enquête sur la disparition de la jeune Rowan Morrison. Chrétien intégriste, Howie est vite choqué par les mœurs libres des îliens, adeptes du paganisme celtique. De plus, les insulaires affirment que Rowan n’a jamais existé. Avec un ton libertaire et jubilatoire, voici une œuvre à la fois amusante et angoissante dans laquelle Christopher Lee, en seigneur de Summerisle, tient l’un de ses meilleurs rôles. Parce qu’elle fut vite invisible, cette (en)quête est devenue culte. Provocateur pour son époque (1973), ce film, le premier réalisé par Robin Hardy, est considéré par le British Film Institute comme l’une des meilleurs ce l’histoire du cinéma britannique. La collection Make my Day le remet fort à propos dans la lumière… (Studiocanal)
TENET
TenetMême sans être titulaire d’un master de philosophie, on peut clairement prendre plaisir au nouvel opus du talentueux Christopher Nolan, réalisateur notamment d’Inception, Interstellar ou Dunkerque. Blockbuster chargé de dynamiser les salles obscures après le premier confinement, ce thriller est d’une virtuosité impressionnante tant en ce qui concerne le scénario qu’une mise en scène qui n’hésite pas à jouer la carte des effets spéciaux. Le cinéaste anglo-américain a concocté un mix d’action et de science-fiction. Où l’on part, dans un monde clair-obscur, sur les traces du « Protagoniste » (John David Washington), un agent de la CIA, chargé d’empêcher, avec pour maigre viatique le mot Tenet, une troisième Guerre mondiale. Une brillante intrigue à base d’entropie et d’inversion du temps. (Warner)
PETIT PAYS
Petit PaysDans son livre éponyme paru en 2016 chez Grasset, Gaël Faye raconte, en 1993, la vie de Gabriel dans son pays natal, le Burundi, avec sa petite sœur Ana, sa mère tutsie rwandaise et son père, entrepreneur français expatrié. Eric Barbier (connu pour Les promesses de l’aube) s’est emparé de ce drame placé sous le signe de l’identité et de la folie guerrière entre les Hutus et les Tutsis. On passe, ici, d’une enfance rêvée (Gabriel, qui a une dizaine d’années en 1993, et ses copains font les 400 coups) dans un pays merveilleux à l’explosion sauvage d’un génocide sans précédent. Jean-Paul Rouve incarne avec conviction un père qui tente d’arracher sa famille à la tragédie. Un film fort et bouleversant sur un enfant face à l’atrocité… (Pathé)
SOCIETE ANONYME ANTI-CRIME
Société Anonyme AntiCrimeFace aux voyous impunis, aux truands récidivistes qui échappent à la justice et à la presse qui s’ingénie à dénoncer les méthodes de la police, le commissaire Bertone refuse de baisser les bras. A Rome, il est pourtant bien seul face à une société italienne où les institutions sont gangrenées par la corruption. Stefano Vanzina (1917-1988), plus connu sous le pseudonyme de Steno, était un spécialiste de la comédie italienne où il dirigea notamment Toto, Alberto Sordi mais aussi Bud Spencer. Ici, en 1972, il signe un solide « polizziottesco » où le flic intègre et solitaire (Enrico Maria Salerno) va affronter des collègues réunis dans un escadron de la mort, soutenu au plus niveau, qui abat froidement ceux qui dérangent l’« ordre ». Bertone le payera cher mais un procureur reprendra (peut-être) le flambeau. Un polar italien efficace ! (Artus Films)
MYSTERY ROAD – SAISON 2
Mystery RoadDu côté de Gideon, dans les terres du Nord, un corps décapité a été découvert, flottant entre deux eaux, par un pêcheur de crabes… Une nouvelle enquête commence pour Jay Swan, le flic aborigène teigneux et taiseux incarné par Aaron Pedersen, à la fois puissant et mélancolique. Pour une deuxième saison, Mystery Road plonge à nouveau, grâce à une photographie superbe, dans les grands espaces de l’Outback australien. Entre thriller et western du bush, cette saison 2 (six épisodes de 55 mn) entraîne, entre loi et traditions aborigènes ancestrales, l’enquêteur secondé par Fran Davis, une flic locale (Jada Alberts), sur la trace de vrais affreux liés à un considérable trafic de drogue. A l’œuvre sur un chantier de fouilles, une archéologue va être mêlée à l’enquête. Captivant… (Arte)
PRODIGAL SON
Prodigal SonNul n’est responsable de ses parents et Malcolm Bright, expert criminel au sein du NYPD, en sait quelque chose, lui dont le père, Martin Whitly n’est autre que « Le chirurgien », un redoutable serial killer ! Ancien du FBI, Bright œuvre comme consultant auprès de la police de New York. Un tueur en série qui imite les méthodes du « Chirurgien » va contraindre le fils à se confronter à un père longtemps perdu de vue. S’imposant comme un profiler hors du commun, Malcolm Bright (Tom Payne) excelle dans ses enquêtes au point que ses coéquipiers, les détectives Powell et Tarmel ou le docteur Tanaka, finissent par se demander si Bright n’est pas lui-même un psychopathe. La saison 1 de la série créée par Chris Fedak et Sam Sklaver, c’est de la belle ouvrage, idéale pour s’offrir des sueurs froides. (Warner)
ENRAGÉ
EnragéCoincée dans un bouchon sur une rocade de La Nouvelle Orléans alors qu’elle doit conduire son fils Kyle à l’école, Rachel Hunter apprend qu’elle vient de perdre sa meilleure cliente.  A un feu tricolore, elle klaxonne énergiquement parce que le conducteur qui la précède, ne démarre pas. Las, le type est au bout du rouleau. Enervé, il exige des excuses et veut en obtenir coûte que coûte. Pour Rachel (Caren Pistorius) traquée en compagnie de son jeune adolescent de fils, c’est un véritable cauchemar qui commence. Massif et angoissant, Russell Crowe n’est pas vraiment dans la nuance avec son personnage d’automobiliste enragé virant au fou furieux. Mais, même s’il ne fait pas dans la dentelle, ce thriller routier est bien efficace tout en proposant une bonne réflexion sur la violence urbaine… (M6)
SUR LA ROUTE DE COMPOSTELLE
Route Compostelle
Six « pèlerins » sur le fameux chemin de Compostelle, long de 900 kilomètres entre la France et l’Espagne sont les héros du documentaire imaginé par le cinéaste australien Noel Smyth et le producteur néo-zélandais Fergus Grady. Les deux jeunes auteurs se penchent, de manière à la fois réconfortante et méditative, sur les motivations de quatre femmes et deux hommes engagés sur le « Camino » au rythme quotidien de 25 kilomètres. « Nous cherchions à saisir les événements tels qu’ils survenaient et à construire la narration au gré des réflexions de nos compagnons marcheurs. Nous voulions que l’image, le son et la musique emportent les spectateurs dans ce voyage. » Sans être spécialement en quête d’élévation religieuse ou spirituelle, ils manifestent tous un beau courage et affirment une foi dans la vie. Une traversée intérieure sur un chemin de fraternité. (L’Atelier d’images)
L’INFIRMIERE
Infirmière
« A-t-on droit au bonheur quand on a détruit une famille ? » Infirmière à domicile, Ichiko s’occupe d’une vieille dame au sein d’une famille qui la considère depuis toujours comme une des leurs. Mais lorsque la cadette de la famille disparaît, Ichiko se trouve suspectée de complicité d’enlèvement. Le cinéaste japonais Kôji Fukada, remarqué naguère pour l’angoissant Harmonium, réussit, au coeur d’un thriller bien construit et glaçant, l’impressionnant portrait d’une femme (Mariko Tsutsui parfaite) emportée dans un redoutable engrenage sur fond de dérive des médias contemporains. Au-delà de la réflexion sur individu et médias, ce polar minimaliste se teinte de fantastique sur fond de vacillement mental. Le trouble envahit enfin le spectateur : Ichiko est-elle coupable ? Et, surtout, qui est-elle vraiment ? (Blaq Out)
NARCOS: MEXICO
Narcos Mexico S2
Si la saison originale de la série se penchait sur la traque du fameux baron colombien Pablo Escobar, Narcos : Mexico se concentre sur un nouvel univers avec le narcotrafic au Mexique et notamment l’ascension fulgurante de Miguel Angel Gallardo à la tête du cartel de Guadalajara ainsi que le combat de l’opiniâtre agent de la DEA Kiki Camarena (Michael Pena) qui finira tragiquement… Avec la saison 2, on suit la guerre menée par Walt Breslin dans le cadre de l’opération Leyenda. Il s’agit de capturer ou de tuer ceux qui sont mêlés à la mort de Camarena tout en démantelant le cartel de Guadalajara. Mais, au fil de sa mission, Breslin s’avisera que le Bien et le Mal sont des notions bien complexes. En dix épisodes, un thriller efficace, intense et (très) violent… (Gaumont)
LES BLAGUES DE TOTO
Blagues Toto
« Je fais rien que des bêtises » disait une chanson déjà ancienne que Toto pourrait évidemment reprendre à son compte. Car le blond petit mariole les enchaîne, les bêtises… Changer la température de l’eau de la douche, faire tomber toutes les pommes à l’étal de l’épicier… Toto (Gavril Dartevelle entouré de Guillaume de Tonquédec, Anne Marivin ou Ramzy Bédia) ne sait pas résister à une blague, quitte à pourrir la vie de ses parents, de ses profs ou du boss de son père. Mais, pour l’impertinent, le séjour à la pension guette. En adaptant la bande dessinée de Thierry Coppée, Pascal Bourdiaux signe une comédie allègre et bien troussée même si elle ne révolutionne pas le genre. Dans les salles, le film a passé la barre du million d’entrées. A déguster désormais en dvd… (M6)

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