L’AMERICAINE, LE CADRE, LE CAPITAINE ET LA GARDE DU CORPS

Daisy MillerDAISY MILLER
En compagnie de sa mère et de son jeune frère, l’Américaine Daisy Miller sillonne l’Europe. En Suisse, elle rencontre Frederick Winterbourne, un compatriote, depuis longtemps exilé sur le vieux continent. Le charme et la candeur de Daisy intriguent le jeune aristocrate, vite séduit par cette jeune femme bavarde… Après les succès successifs de On s’fait la valise, docteur ? (1972) et de La barbe à papa (1974), Peter Bogdanovich a le vent en poupe. Il adapte une nouvelle d’Henry James, met en scène un film en costumes et confie le rôle principal à sa muse, Cybill Sheperd, révélée en 1971, dans La dernière séance. Le film fut un imposant échec public. Pourtant, dans une métaphore de la relation complexe de l’Amérique et de l’Europe, le cinéaste, disparu en janvier dernier, en s’inspirant autant de l’univers de James que de celui de John Ford ou de Howard Hawks, brosse, sur fond de mélancolie et de solitude, le portrait d’une femme émancipée, extravertie et espiègle… (Carlotta)
Un Autre MondeUN AUTRE MONDE
Après La loi du marché (2015) et En guerre (2018), Stéphane Brizé poursuit dans cette idée de captation du réel qui fait la singularité de ses films. Philippe Lemesle (Vincent Lindon) et sa femme (Sandrine Kiberlain) ont désormais beaucoup du mal à fonctionner en couple. Alors même que leur grand adolescent de fils va mal et est hospitalisé, la rupture intervient dans le couple au moment où ce cadre performant dans un groupe industriel international ne sait plus répondre aux injonctions incohérentes de sa direction. Hier dirigeant, on le veut aujourd’hui exécuteur, au sens violent du terme, d’un plan social… Avec un Vincent Lindon remarquable, Brizé se penche avec acuité sur le désarroi d’un cadre supérieur face à son action et sa responsabilité à l’intérieur de l’entreprise et de sa famille. (Diaphana)
Histoire Ma FemmeL’HISTOIRE DE MA FEMME
Dans un café, au cours des années 20, Jakob Störr, capitaine au long cours, fait un pari avec un ami : il épousera la première femme qui en franchira le seuil. Voilà qu’entre Lizzy, une Parisienne mondaine… Connue pour Mon XXe siècle qui avait obtenu la Caméra d’or à Cannes en 1989, la Hongroise Ildiko Enyedi adapte un roman de son compatriote Milan Füst et signe un film classique « à l’ancienne » entre éclosion d’un amour sincère et naissance d’une jalousie maladive. Très fréquemment parti en mer, Jakob (le Hollandais Gijs Naber), se persuade que la mystérieuse Lizzy (Léa Seydoux, remarquable) le trompe avec un écrivain (Louis Garrel). Une réflexion sur la jalousie et l’importance de la confiance au sein d’un couple… (Pyramide)
RobusteROBUSTE
Star de cinéma vieillissante, Georges vit, au cœur de Paris, dans une grande et belle maison avec piscine. Mais l’homme est seul et en souffrance. Lorsque l’habituel employé de Georges doit partir au loin, la société de surveillance confie le job à Aïssa, une jeune agent de sécurité. Le premier long-métrage de Constance Meyer se concentre sur la rencontre de l’acteur et de sa garde du corps qui se « flairent » d’abord avant de se rapprocher lentement dans une relation qui tient tout à la fois de l’amour platonique, de l’amitié pudique et du rapport filial… Avec un personnage qui, évidemment, lui ressemble, Gérard Depardieu est superbe d’humanité. Mieux, il n’écrase jamais Déborah Lukumuena (découverte, en 2016, dans Divines qui lui valut le César de la meilleure actrice dans un second rôle) qui occupe parfaitement toute sa place… (Diaphana)
Les VedettesLES VEDETTES
Vendeurs dans l’électroménager, Daniel, chanteur raté (« C’est juste un pauvre type qui rêve d’être connu ») et Stéphane, type naïf et prétentieux (« J’ai été employé du mois pendant un an ») ne s’entendent pas plus que cela. Mais Daniel, pour retrouver les feux des projecteurs, décide d’utiliser Stéphane pour participer à des jeux télévisés. Devant la caméra de Jonathan Barré, Grégoire Ludig et David Marsais, le délirant duo du Palmashow, s’amusent à passer à la moulinette de leur humour parodique, l’univers des jeux télé. Un univers (cathodique) impitoyable où les deux hurluberlus, très premier degré, vont faire de joyeux dégâts. (Gaumont)
VaillanteVAILLANTE
Dans le New York des années 20, la jeune Georgia Nolan n’a qu’un seul désir : devenir pompier comme son père. Mais cette profession est interdite aux filles. Lorsqu’un mystérieux incendiaire s’en prend aux théâtres de Broadway et que de nombreux pompiers disparaissent, le maire de la ville demande au père de Georgia de reprendre du service et de constituer une nouvelle équipe d’intervention. Georgia n’hésite plus. Elle se travestit en garçon et prend du service. Avec une belle animation fluide et colorée et de bons gags visuels, Laurent Zeitoun (scénariste de Bellerina en 2016) et Theodore Ty racontent l’aventure d’une jeune héroïne rebelle et décidée à vivre pleinement son rêve. (M6)
Petite SolangePETITE SOLANGE
A 13 ans, Solange Maserati est pleine de vie et de curiosité. Cette frêle adolescente est sentimentale à l’excès et adore ses parents. Un jour, elle remarque une grosse crise entre ces derniers. Ils se disputent et commencent à s’éloigner. Alors que son grand-frère part à l’étranger pour s’éloigner d’une ambiance pesante, Solange voit que la rupture se précise. Pour son quatrième long-métrage, Axelle Ropert, remarquée avec La famille Wolberg (2009) et Tirez la langue, mademoiselle (2013), aborde la question du divorce d’un couple vu à travers le regard d’une enfant. Jade Springer magnifique en Solange ainsi que Léa Drucker et Philippe Katerine, dans le rôle des parents, portent, avec délicatesse, cette aventure intime et douloureuse… (France.tv)
MoonfallMOONFALL
En 2011, les astronautes Brian Harper, Jocinda Fowler et Marcus sont en mission en orbite pour réparer un satellite. Une force mystérieuse provoque la mort de Marcus. Brian parvient à ramener la navette sur Terre mais il est jugé responsable de l’accident car personne ne le croit, même pas Jocinda. Brian (Patrick Wilson) s’effondre lentement. Dix ans plus tard, il vit seul et croule sous les dettes. Divorcé de Brenda, il voit leur fils Sonny, 18 ans, aux prises avec la justice. C’est alors qu’il fait la connaissance d’un théoricien du complot convaincu que la Lune est une mégastructure qui a changé d’orbite et qui va bientôt s’écraser sur la Terre. Devenue cadre à la NASA, Jocinda (Halle Berry) a fait la même découverte. Roland Emmerich (Independence Day) signe un film-catastrophe sur la possible extinction de l’Humanité. (Metropolitan)
Gendarme Saint TropezLE GENDARME DE SAINT TROPEZ
Ludovic Cruchot, gendarme très zélé, a été muté à Saint-Tropez, sur la côte d’Azur, avec le grade de maréchal des logis-chef. Il y découvre une brigade où il fait bon vivre et participe aux récurrentes chasses aux nudistes et aux nombreuses activités détente de sa brigade, dirigée par l’adjudant Gerber. En 1964, Jean Girault construit entièrement cette comédie autour de Louis de Funès tandis que la brigade regroupe Michel Galabru (Gerber) et Jean Lefebvre, Christian Marin ou le duo Grosso et Modo. Conçu comme une « petite comédie sans prétention », avec un budget peu élevé, le film va rencontrer, à la surprise générale, un succès considérable, arrivant en tête du box-office français de l’année 1964 avec plus de 7,8 millions d’entrées. Installé pour la première fois en haut du box-office, De Funès voit sa carrière et sa célébrité définitivement lancées. Une nouvelle édition 4K. (M6)
Brice NiceBRICE DE NICE
À Nice, Brice Agostini mène la belle vie. Fan du film Point Break, il ne se déplace jamais sans sa planche de surf et attend la vague géante qui déferlera sur les rives de Nice. Comme aucune vague à Nice ne permet de surfer, Brice organise des soirées festives appelées « Yellow » où il participe à des joutes verbales, dont le perdant (toujours son adversaire) bascule dans la piscine. Sa vie se déroule dans l’insouciance, jusqu’au jour où son père, qui blanchit de l’argent pour la mafia sicilienne, est arrêté. Brice va découvrir les réalités de la vraie vie. Sorti en 2005 et réalisé par James Huth, le film (dans une nouvelle version 4K) repose sur un personnage inventé, dans un sketch, par Jean Dujardin. Malgré une critique moyenne, cette comédie a réuni 4 millions de spectateurs en salles. (M6)
Un Hiver New YorkUN HIVER A NEW YORK
Fuyant Buffalo et un mari violent avec ses enfants, Clara débarque à New York avec ses deux garçons. Elle espère y recommencer sa vie. Récemment sorti de prison, Marc, ancien gérant de restaurant, est embauché dans un bistrot russe. Il y croise Timofey qui promène son spleen british et Alice, une infirmière solitaire qui s’occupe de laissés-pour-compte… Dans un film choral, la Danoise Lone Scherfig (découverte, en 2000, avec Italian for Beginners)  s’appuye notamment sur Zoé Kazan, Tahar Rahim, Bill Nighy, Jay Baruchel, Caleb Landry Jones ou Andrea Riseborough, pour orchestrer un gentil conte de fées moderne sur fond d’émouvants destins croisés. Quand des mains bienveillantes se tendent au cœur de Big Apple. (Condor)
Marry MeMARRY ME
Star mondiale de la scène musicale internationale, Katalina Valdez surnommée Kat, est célèbre aussi pour le couple très glamour qu’elle forme avec le jeune chanteur Bastian. D’ailleurs les deux vedettes ont prévu de se dire oui devant un parterre de fans déchaînés dans une grande émission de télé. Quelques minutes avant le show, Kat apprend que Bastian la trompe. En scène, bouleversée, elle accroche, dans le public, le regard d’un inconnu qui tient un panneau « Epouse-moi ». Et elle dit oui… Simple prof de maths propulsé dans un univers glamour, le pauvre Charlie ne peut que faire le constat : « On est en plein délire ! »… En fait, on est surtout en pleine comédie romantique comme les Américains savent les faire. Avec Jennifer Lopez et Owen Wilson, voici une sucrerie totalement prévisible mais qu’on consomme comme un délicieux « feelgood movie ». (Universal)
AAAPostMortemPOST MORTEM
Sur un champ de bataille, Tomás, considéré comme mort à la suite d’une explosion, est jeté à la fosse commune. Un homme remarque qu’il respire encore et l’en extirpe. Mis ko par l’effet de souffle, le soldat a eu une étrange vision, celle d’une jeune fille le rappelant à la vie. Six mois plus tard, alors qu’il propose aux proches de défunts des photos en forme de tableau de famille où vivants et morts se côtoient, Tomás voit se matérialiser cette hallucination. Il va suivre la jeune orpheline Anna dans son village où la terre gelée empêche l’enterrement des très nombreuses victimes de la grippe espagnole. Sur fond de grippe espagnole (on songe aux masques de la pandémie de covid), le Hongrois Peter Bergendy donne un film d’horreur historique. Les effets spéciaux sont réussis mais le récit est moins convaincant… (Condor)
KinjiteKINJITE – SUJET TABOU
Flic (très) dur à cuire, l’inspecteur Crowe est réputé pour ses interventions musclées. Ainsi, il ne cesse de traquer Duke, une petite frappe, chef d’un réseau pédophile qui pousse des jeunes filles sur le trottoir. Père d’une adolescente envers laquelle il est très (trop ?) protecteur, Crowe se charge de l’affaire d’un cadre supérieur japonais qui vient de s’installer aux Etats-Unis et dont la fille est tombée dans les filets de Duke. Las, le Japonais n’est pas très net, côté mœurs… Dans les années 80, le tandem Golan-Globus distille du bon gros cinéma bis qui offre régulièrement à Charles Bronson des rôles de justicier sans pitié dans un univers constamment violent. Grand cinéaste au long cours (on lui doit Les canons de Navarone en 1961), J. Lee Thompson réalise, en 1989, son dernier film, sorte de synthèse d’un genre disparu qui flattait volontiers les bas instincts du public… (Sidonis Calysta)
Adieu ParisADIEU PARIS
Le temps d’un déjeuner, dans un vieux bistrot parisien au charme éternel, huit grandes figures se retrouvent à table. Mais ces « rois de Paris » seraient-ils devenus des chefs-d’œuvre en péril ? Pour son quatrième long-métrage, Edouard Baer réunit un brillant casting (Jackie Berroyer, Pierre Arditi, Bernard Murat, François Damiens, Bernard Le Coq, Daniel Prévost, Benoît Poelvoorde, Gérard Depardieu) et manie tout à la fois la tendresse et la cruauté. A sa sortie en salles, ce huis-clos grinçant mais teinté de mélancolie a été détruit en vol par la critique. Peut-être mérite-t-il quand même qu’on prenne place un instant à la table de Baer… Juste, histoire de voir quelques numéros de grands cabots… (Le Pacte)

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