DES SOLDATS RUSSES, UN FLIC JAPONAIS ET UNE FAMILLE DE BRAQUEURS

Quarante UniemeLE QUARANTE ET UNIEME
Au cours de la Guerre civile russe (1918-1921), une unité de l’Armée rouge en marche dans une région désertique du Turkestan fait prisonnier un officier blanc. Il doit être emmené à l’état-major par un détachement de trois soldats, parmi lesquels Marioutka, tireuse d’élite, qui a déjà abattu quarante gardes blancs. Alors que le détachement subit une tempête sur la mer d’Aral, Marioutka et le prisonnier trouvent refuge sur une île. Dans cet isolement, ils vont vivre une histoire d’amour. Mais des gardes blancs débarquent sur l’île et Marioutka, malgré la nouvelle découverte de son humanité, abat son prisonnier. Honoré à Cannes en 1957 (prix spécial à l’unanimité) pour « son scénario original, sa qualité humaine et sa grandeur romanesque », La Quarante et unième reflète une sensibilité nouvelle dans le cinéma soviétique, marqué, comme dans d’autres domaines, par la déstalinisation et l’esprit du XXe congrès du Parti communiste de l’Union soviétique. En 1956, dans le journal Les Izvestia, la journaliste Valeria Guerasimova observe : « Au premier abord, on a l’impression de voir un drame intime, personnel. Mais même l’ombre de cette pensée est évacuée par le spectacle cruel et magnifique des sables du Karakoroum. Il n’est pas difficile d’imaginer qu’on aurait pu tourner cette histoire sur le mode mélodramatique (…) ou la geler dans le dogme édifiant. Mais dès le premier plan, c’est la vérité qui tient le centre du film ». En adaptant en 1956, une nouvelle de Boris Lavrenev, considéré comme un pionnier de la dramaturgie révolutionnaire et héroïque dans la littérature soviétique, le réalisateur Grigori Tchoukhraï signe, à contre-courant de l’idéologie officielle, une fresque sur le devoir révolutionnaire confronté à une aspiration pathétique au bonheur au coeur de la tourmente de l’Histoire. (Potemkine)
Ballade SoldatLA BALLADE DU SOLDAT
Après le succès de La Quarante et unième, Tchoukhraï enchaîne, en 1959, avec une œuvre qui va lui apporter une notoriété mondiale. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Aliocha, jeune soldat russe s’étant distingué sur le front, se voit offrir une décoration. Il refuse toutefois ce grand honneur et, au lieu de cela, demande à obtenir une permission pour rendre visite à sa mère. Son voyage est long et difficile : il doit sauter de train en train, et de nombreux obstacles lui font prendre du retard. Il rencontrera tout au long de son périple diverses personnes, qui l’aideront, ou à qui il apportera son aide. Et puis il fera la rencontre de Choura, jeune fille voyageant dans la même direction que lui. Pendant le trajet, tous deux font connaissance, et tombent amoureux. Mais à peine ont-ils le temps de se le dire, à peine Aliocha (Vladmir Ivachov) serre-t-il sa mère dans ses bras, que déjà il doit repartir au front. Pour ne plus en revenir… Dans des propos reproduits dans le livre Le cinéma russe et soviétique (éd. L’Equerre), le cinéaste dit : « J’ai été soldat. C’est comme soldat que j’ai parcouru le chemin de Stalingrad à Vienne. En route, j’ai laissé beaucoup de camarades qui m’étaient chers. (…) Ce que nous avons voulu montrer, Valentin Ezhov (son scénariste, ndlr) et moi, ce n’est pas comment notre héros a fait la guerre, mais quelle sorte d’homme il était, pourquoi il s’est battu. Renonçant aux scènes de bataille (…) nous avons cherché un sujet qui flétrit la guerre. (…) Ce garçon pouvait devenir un bon père de famille, un mari affectueux, un ingénieur ou un savant, il pouvait cultiver le blé ou des jardins. La guerre ne l’a pas permis. Il n’est pas revenu. Combien d’autres ne sont pas revenus ! » (Potemkine)
Detroit FaimLE DETROIT DE LA FAIM
En septembre 1947, sur l’île d’Hokkaido, un couple de prêteurs sur gages, les Sasada, est assassiné, leur demeure pillée et incendiée. Le ferry assurant la jonction entre Hokkaido et Honshu, l’île principale du Japon, coule en plein typhon. Parmi les noyés, on retrouve les corps de deux hommes non réclamés par les familles des victimes. Ils sont identifiés, plus tard, comme étant deux anciens détenus remis en liberté conditionnelle. Ils sont rapidement soupçonnés d’être les meurtriers des époux Sasada. Constatant des traces de violence sur le front des deux présumés assassins, l’inspecteur Yumisaka en déduit qu’il devait y avoir un troisième homme… Il découvre que cet homme a passé la nuit avec Yae, une jeune prostituée, mais celle-ci ne le dénonce pas. Dix ans plus tard, Yae le reconnaît en la personne de Tarumi, un riche industriel infiniment respecté. Elle cherche à le revoir afin de le remercier. Mais, celui-ci, affolé, la tue pour éliminer toute trace de son passé. Yumisaka va réussir à démasquer Tarumi (Rentaro Mikuni) mais les preuves de sa responsabilité dans l’assassinat du couple Sasada, puis dans l’exécution de ses deux complices ne sont pas formellement constatées. En 1965, pour la compte de la célèbre société de production Toei, Tomu Uchida, cinéaste engagé, met en scène, entre pamphlet social et film noir, une vaste et virtuose épopée policière en noir et blanc, prétexte à explorer les bouleversements sociaux qui frappèrent le Japon de l’après-guerre et à interroger la notion de culpabilité. (Carlotta)
InnocentL’INNOCENT
Abel panique quand il apprend que sa mère Sylvie, la soixantaine et animatrice d’un atelier-théâtre derrière les barreaux, va se marier avec un homme en prison. Épaulé par Clémence, sa meilleure amie, Abel va tout faire pour essayer de la protéger. Mais la rencontre avec Michel, son nouveau beau-père, lui ouvre de nouvelles perspectives. Et voilà que l’idée d’un braquage va travailler la famille. Entre histoire de famille et histoire criminelle, Louis Garrel, devant et derrière la caméra, confronte deux mondes et se régale, pour sa quatrième réalisation, de jouer la carte du cinéma de genre. Dans cette comédie savoureuse et loufoque, Anouk Grinberg, Roschdy Zem et Noémie Merlant donnent toute leur mesure. Quant à Louis Garrel, il s’amuse à casser son image de beaux ténébreux du cinéma intello français. Drôle et jubilatoire ! (Ad Vitam)
MizrahimMIZRAHIM
Mizrahim, c’est le nom que les Israéliens donnent aux juifs d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, victimes dès leur arrivée sur la Terre promise d’un système discriminatoire, qui fait d’eux des citoyens de seconde zone. Dans les années 70, un mouvement de révolte s’inspirant des Black Panthers américains, émerge pour défendre leurs droits… Avec un road-movie sous-titré Les oubliés de la Terre promise qui s’appuie sur des récits déchirants et des images d’archives percutantes, la cinéaste Michale Boganim part sur la traces de son père, ancien membre de ce mouvement, pour raconter le destin des juifs orientaux victime d’une ségrégation silencieuse et approcher par l’intime les questions d’exil et de transmission. Quand l’exil en Terre promise se transforme en désillusion… (Blaq Out)
HarkisLES HARKIS
Fin des années 50, début des années 60, la guerre d’Algérie se prolonge. Salah, Kaddour et d’autres jeunes Algériens sans ressources rejoignent l’armée française, en tant que harkis. À leur tête, le lieutenant Pascal. Comme l’issue du conflit laisse prévoir l’indépendance de l’Algérie, le sort des harkis paraît extremement incertain. Pascal (Théo Cholbi, vu dans La nuit du 12) s’oppose à sa hiérarchie pour obtenir le rapatriement en France de tous les hommes et son unité. Connu pour Samia (2000), La désintégration (2011) ou Fatima (2015), Philippe Faucon évoque l’abandon des soldats algériens engagés aux côtés de l’armée française. Les harkis vont se retrouver, lorsque les négociations en vue d’un cessez-le-feu et de l’indépendance de l’Algérie commencent, exposés aux représailles du FLN. Le cinéaste qui a vécu, sur place, les dernières années de la Guerre d’Algérie, livre une œuvre courageuse et nuancée qui, en s’intéressant à ses personnages, est aussi instructive qu’émouvante. (Pyramide)
Jack MimounJACK MIMOUN ET LE SECRET DE VAL DERDE
Ayant survécu seul sur l’île hostile de Val Verde, Jack Mimoun est devenu une star médiatique de l’aventure doublé d’un type frimeur et volontiers odieux dans son approche des autres. La mystérieuse Aurélie Diaz (Joséphine Japy) veut ramener Mimoun sur Val Verde pour retrouver la légendaire Épée du pirate La Buse. Mimoun n’en a aucune intention mais il a envie de séduire Aurélie. Entourés de Bruno, le manager de Jack, et de Jean-Marc Bastos, un imprévisible mercenaire, ils se lancent dans une très improbable chasse au trésor dans une jungle de tous les dangers. Malik Bentalha (qui joue Jack) et Ludovic Colbeau-Justin signent une comédie loufoque qui lorgne joyeusement sur Indiana Jones. François Damiens (la séquence de l’hélicoptère est un must), Jérôme Commandeur et Benoît Magimel sont désopilants… (Pathé)
Black AdamBLACK ADAM
Près de 5000 ans après avoir été doté des pouvoirs tout puissants des dieux égyptiens – et emprisonné très rapidement après – Teth-Adam est libéré de sa tombe terrestre. Son ancien royaume, Kahndaq, est désormais contrôlé par des mercenaires d’Intergang, qui exploitent les ressources locales et imposent une rude dictature aux habitants. Teth-Adam fait la connaissance d’Adrianna Tomaz et de son jeune fils qui le considère comme un héros. Ce n’est pas l’avis de la Justice Society, menée par Carter Hall / Hawkman, qui voit en lui une menace. Le cinéaste espagnol Jaume Collet-Serra fait carrière à Hollywood. Il a déjà dirigé Dwayne Johnson alias The Rock dans Jungle Cruise (2021) et il retrouve l’ancien catcheur américain en superhéros dans un blockbuster classique qui fait la part belle aux combats en tous genres sur fond d’effets spéciaux à gogo… (Warner)
PharaonLE PHARAON, LE SAUVAGE ET LA PRINCESSE
Trois contes, trois époques, trois univers : une épopée de l’Égypte antique (Pharaon!), une légende médiévale de l’Auvergne (Le beau sauvage), une fantaisie du 18e siècle dans des costumes ottomans et des palais turcs (La princesse des roses et le prince des beignets)… Quatre ans après Dilili à Paris, Michel Ocelot, maître de l’animation française, revient avec trois aventures emportés par des rêves contrastés, peuplés de dieux splendides, de tyrans révoltants, de justiciers réjouissants, d’amoureux astucieux, de princes et de princesses n’en faisant qu’à leur tête… Entre approche visuelle opulente ou épure fantaisiste, le vénérable cinéaste parle avec simplicité de liberté et d’amour… (Diaphana)
Juste Sous Vos YeuxJUSTE SOUS VOS YEUX
Actrice disparue des écrans depuis des années, Sang-ok est de retour en Corée. Venue des Etats-Unis où elle s’étaient installée, cette femme de la cinquantaine a posé ses affaires chez sa sœur. Autrefois ému par son jeu, le cinéaste Jae-won lui propose un rôle dans son prochain film. Malgré son désir de rejouer, Sang-ok hésite. Le Coréen Hong Sang-soo imagine, au fil d’une journée d’été, une méditation mélancolique et minimaliste sur des discussions et une attente. Le réalisateur de Sunshi et Un jour avec, un jour sans livre un film serein et grave sur la maladie et la mort, le sommeil et un beau rêve qu’il ne faut pas dévoiler avant midi de peur de le gâcher… (Capricci)
Piliers CielLES PILIERS DU CIEL
Dans l’Orégon de 1868, les tribus indiennes de la région, presque toutes converties au christianisme, ont enterré la hache de guerre. Sous la tutelle bienveillante du sergent Bell, gardien de leur réserve, elles se révoltent à nouveau lorsque la Cavalerie, commandée par le colonel Stedlow jette un pont sur leur rivière et commence à tracer une route à travers leurs terres. Jeune chef impétueux , Kamiakin veut partir en guerre. Seul, Bell pourrait enrayer la révolte. En 1956, avec un beau casting (Jeff Chandler, Dorothy Malone, Ward Bond, Lee Marvin) et dans les superbes paysages de l’Oregon, le vétéran George Marshall décrit, avec nuances, la relation difficile entre les Indiens et les Blancs… (Sidonis Calysta)
Ticket ParadiseTICKET TO PARADISE
David et Georgia sont divorcés depuis 25 ans mais ces parents partent néanmoins, évidemment contraints et forcés, à Bali. En effet, ils ont appris que leur fille, Lily (Kaitlyn Dever), promise à une belle carrière, envisage d’épouser un homme nommé Gede, qu’elle vient de rencontrer sur place. Tous les deux décident d’oeuvrer pour saboter le mariage afin d’empêcher Lily de commettre la même erreur qu’eux il y a longtemps. Le Britannique Ol Parker signe une agréable mais pas forcément surprenante comédie du remariage. La beauté de Bali, le choc des cultures, le sourire éclatant de Julia Roberts, le charme tranquille de George Clooney et la complicité des deux stars sont les arguments de poids de cette comédie romantique écrite sur mesure pour eux. Charmant ! (Universal)
Belle SebastienBELLE ET SEBASTIEN – NOUVELLE GENERATION
Passionné de skateboard, Sébastien doit à contre-coeur, passer son été dans les Hautes-Pyrénées chez sa grand-mère (Michèle Laroque) et sa tante. L’heure n’est pas aux vacances. Sebastien (Robinson Mensah-Rouanet) doit aider à la bergerie. Il n’y trouve pas d’intérêt jusqu’au moment où il croise Belle, une belle et robuste chienne, victime de mauvais traitements par son maître. Pour tenter de sauver sa nouvelle amie, Sébastien va se lancer dans une folle aventure. Auteur pour la jeunesse, Pierre Coré revisite la saga imaginée par Cécile Aubry et qui fut traitée dans une trilogie entre 2013 et 2017. Dans une comédie familiale, il lui donne un agréable coup de jeune et d’air frais montagnard sur fond de belle amitié. (Gaumont)
One Dark NightONE DARK NIGHT
Spécialiste des pouvoirs télékinésiques, Karl Rhamarevich vient de mourir… Au même moment, la jeune Julie (Meg Tilly dans son premier rôle au cinéma) est soumise à un rite d’initiation pour intégrer une confrérie étudiante. Elle doit passer une nuit dans une crypte sous le contrôle de deux autres étudiantes. Pas de chance, cet immense mausolée est celui où Rhamarevich a été récemment enterré. En 1983, Tom McLoughlin (qui explique avoir eu l’idée de son film en visitant, dans sa jeuensse, les catacombes de Paris) joue la carte de l’ambiance, du surnaturel et du suspense plus que du gore et des effets sanglants pour offrir un solide film d’horreur un peu tombé dans l’oubli… (Rimini Editions)
Samourai AcademySAMOURAI ACADEMY
Hank, un chien plutôt malingre, a toujours rêvé de devenir un samouraï. Lorsqu’il devient responsable de la protection de la ville de Kakamucho, il apprend que la ville est entièrement peuplée de chats. Et ceux-ci se réservent évidemment cette haute fonction. Mais Hank ne veut rien lâcher. Il va trouve en Jimbo, un gros matou grognon, un maître exigeant qui affirme : « La peur n’existe que dans ton esprit ». A quoi Hank répond : « Et un peu dans mon kimono… » En jouant sur les codes du film de sabre, Rob Minkoff (Le roi Lion) donne un film d’animation plein d’humour et d’actions spectaculaires. Un agréable petit côté King Fu Panda. (M6)

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