LA CITE DES REVES, LES RICHES DE SEOUL ET UN MAITRE NIPPON CYBERPUNK

BabylonBABYLON
Un éléphant, des chevaux, un lézard et un serpent à sonnette… Comme une métaphore du Los Angeles des années vingt ? Un univers bestial ? Le pachyderme que le malheureux Manny Torrès tente de faire grimper une côte sur un camion branlant, est l’une des attractions d’une soirée offerte dans son manoir par un tycoon du Hollywood des années vingt. Et comme la pauvre bête défèque de trouille, l’épanchement donne déjà le ton… Babylon entre dans le vif du sujet avec une longue séquence orgiaque où l’alcool coule à flots et les bouteilles de champagne finissent dans un endroit que la pudeur nous interdit d’évoquer ici. L’Hollywood des années vingt est un bordel à ciel ouvert. Damien Chazelle invite, dans les pas de Manny, jeune immigrant mexicain fasciné par le cinéma et prêt à tout pour entrer dans cet univers, à une visite guidée à travers une chronique qui lève le voile sur les coulisses de la cité des rêves. Le cinéaste franco-américain s’inscrit dans un genre -le cinéma sur le cinéma- où il est précédé par Fellini (Huit et demi), Tornatore (Cinema Paradiso), Truffaut (La nuit américaine) ou son confrère Tarantino avec Once Upon a Time… in Hollywood dans lequel on trouvait déjà Brad Pitt. Chazelle ausculte les débuts d’une forme d’art et d’une industrie, lorsque toutes deux étaient encore en train de trouver leurs marques, la mutation la plus cataclysmique étant évidemment le passage du muet au parlant. Une rupture qui précipita la chute de stars qui n’avaient pas la voix adéquate pour durer… Le cinéaste de La La Land excelle à mettre en scène des tournages… C’est le cas pour une scène de bar dans lequel une certaine Nellie LaRoy, recrutée pour suppléer une actrice camée jusqu’aux yeux, va faire montre, seins en bataille, d’un beau talent. Dans une vaste galerie de personnages, le spectateur cinéphile peut se livrer à un amusant jeu de piste où il s’agit de débusquer, derrière les noms d’emprunt, Clara Bow, Gene Kelly, Anna May Wong ou Irvin Thalberg… Mais il n’est pas nécessaire d’avoir lu tous les livres sur Hollywood pour apprécier cet enthousiasmant Babylon dans lequel Brad Pitt et Margot Robbie sont éblouissants. Babylon s’achève par une pure déclaration d’amour au 7e art. Dans un long générique de fin, Chazelle salue aussi bien Le chien andalou de Luis Bunuel que Ben Hur de William Wyler en passant par Louise Brooks et Ingmar Bergman. « Parce que, comme le dit un personnage du film, ce qui est projeté là-haut, ça a de l’importance pour les gens. » (Paramount)
ParasitePARASITE
Vivant dans son sous-sol d’un quartier pauvre de Séoul, la famille Ki-taek est dans la mouise. Si l’endroit est sinistre, la cocasserie pourtant s’installe avec une « course » au réseau que Ki-woo et sa sœur Ki-jung finiront par retrouver, quasiment perchés sur les toilettes… Le montage de boîtes en carton pour la compagnie de pizzas voisine ne suffit pas à la survie de ces chômeurs au long cours. Lorsque un ami du fils des Ki-taek lui parle de la richissime famille Park et de leur fille qui a besoin de cours particuliers d’anglais, l’univers semble soudain s’éclairer… Le premier, Ki-woo, devenu Kevin, va s’introduire chez les Park. Beaux quartiers, pelouse parfaite, superbe maison d’architecte, gouvernante impeccable, on est loin du gourbi où croupissent Ki-taek et sa famille. Et comme la diaphane et superficielle Mme Park semble d’une insondable naïveté, Kevin obtient le job. Bientôt, Kevin évoque une certaine Jessica (qui n’est autre que sa sœur) grande spécialiste en art-thérapie, tout à fait à même de canaliser la « folie » du jeune Da-song, le petit dernier des Park… En 2019, le cinéaste sud-coréen Bong Joon-ho décroche la Palme d’or à Cannes avec une œuvre foisonnante en forme de fable sociale, qui, dans un subtil dosage d’humour, de suspense et d’émotion, décrit une société dévorée par les inégalités… Les rebondissements s’enchaînent dans un jubilatoire jeu de massacre. Une comédie sans clowns, une tragédie sans méchants… On sait depuis Jean Renoir et La règle du jeu (1939) que les grands bourgeois vivent dans les pièces d’apparat alors que la domesticité exerce ses talents dans les sous-sols. Au maître français, on peut désormais adjoindre l’excellent Bong Joon Ho (déjà remarqué pour Memories of Murder ou The Host) qui contribue, avec un humour corrosif et une férocité certaine, à cette réflexion sociétale… Allègre, noir, cruel, vertigineux, imprévisible, mystérieux, drôle, terrifiant, triste, bouffon, vénéneux, violent, déroutant, timbré, métaphorique, voilà des qualificatifs qui conviennent tous à une œuvre impressionnante qui laisse entendre que tout cela va mal finir… (The Jokers)
Coffret TsukamotoSHINA TSUKAMOTO
On ne dira jamais assez combien le blu-ray et le dvd sont de magnifiques outils pour découvrir des perles de cinéma ! C’est ce que Carlotta démontre, une nouvelle fois, avec le coffret consacré à Shinya Tsukamoto. Né en janvier 1960 à Tokyo, le réalisateur est considéré comme le chef de file de la mouvance cyberpunk au Japon. Dès la fin des années 80, Tsukamoto s’impose comme l’un des maîtres du cinéma transgressif nippon avec des œuvres radicales et nerveuses comme Tokyo Fist (1995), Bullet Ballet (1998) et les deux premiers volets de Tetsuo (1989 et 1992). Bien que visuellement très différents les uns des autres, les films de Tsukamoto, qui explorent fréquemment les thèmes de l’aliénation urbaine, de la transformation physique et de l’obsession psychosexuelle, sondent chacun l’âme humaine et ses penchants les plus extrêmes, qu’il n’hésite pas à mettre en scène de façon très graphique. En suggérant que cette violence serait le nouveau mal moderne, le cinéaste pose un regard critique sur son pays et sur la société de consommation dans son ensemble, mais refusant toute nostalgie ou glorification du passé. Un coffret réunit dix films de Tsukamoto dont les quatre cités plus haut mais aussi Les aventures de Denchu Kozo (1987), A Snake of June (2002), Vital (2004), Haze (2005), Kotoko (2011) ou Killing (2018). Le coffret comprend aussi plus de cinq heures de suppléments dont Une agression des sens, une analyse du style Tsukamoto et enfin un livret de 80 pages illustrée de photo de plateau exclusives. (Carlotta)
VivreVIVRE
Londres, en 1953, panse encore ses plaies. Fonctionnaire discret au bureau des travaux publics municipaux, M. Williams est un rouage impuissant du système administratif. Sa vie est morne et sans intérêt. Tout bascule lorsque son médecin lui annonce qu’il lui reste six mois, au mieux neuf mois à vivre. Déchiré par la nouvelle mais n’en laissant rien paraître, Williams est contraint de faire le point sur son existence. Au lieu de prendre, une nouvelle fois, le train de banlieue du matin qui va l’amener à Waterloo Station puis à son travail, il choisit de passer outre… Dans un café au bord de la mer, il croise un inconnu auquel il se confie et qui va l’aider à rejeter son quotidien banal et routinier. Au sortir d’un pub, une fille lui vole son chapeau melon qui sera remplacé par un feutre mou. Williams peut commencer enfin à vivre pleinement sa vie. Remarquable acteur de comédie, Bill Nighy est, ici, magnifique de dignité en homme né à l’époque édouardienne, rigide, conformiste mais qui va faire sauter un verrou. Le Sud-africain Oliver Hermanus signe un remake du film japonais éponyme (1952) dAkira Kurosawa, lui-même inspiré du roman La Mort d’Ivan Ilitch de Léon Tolstoï publié en 1886. Dans une reconstitution historique soignée mais pas trop envahissante, le cinéaste se concentre sur un homme digne mais engoncé dans les convenances auquel une ultime et utile réalisation va permettre de se regarder en face et d’affronter, avec un fin sourire, la dernière épreuve. (Metropolitan)
GodlandGODLAND
Jeune prêtre danois, Lucas est envoyé en mission en Islande à la fin du 19e siècle par sa hiérarchie pour deux raisons : d’un côté, photographier la population locale devant les paysages du pays et de l’autre, aider à la construction d’une église dans un petit village… D’abord soucieux de remplir convenablement son rôle, malgré sa position dominatrice de colon danois face à la plèbe islandaise, Lucas essaye d’apprendre la langue locale. Sauf que le jeune homme déchante devant sa complexité. Bientôt, il voit son périple prendre une autre tournure. Après une traversée en bateau marqué par un solide mal de mer, il s’effondre à genoux sur la plage du pays, d’ores et déjà exténué par un voyage qui vient à peine de débuter. En s’enfonçant chaque jour un peu plus dans l’Islande profonde pour rejoindre le village où il doit bâtir son église, Lucas (le comédien danois Elliott Crosset Hove) va être happé par le doute. Remarqué pour ses deux premiers longs-métrages, Winter Brothers (2017) et Un jour si blanc (2019), le réalisateur islandais Hlynur Palmason observe comment le jeune prêtre, incapable de dompter l’environnement qui l’entoure, va d’abord voir s’étioler sa bienveillance première avant de connaître une aigreur d’autant plus forte que Ragnar, le rustique guide de l’expédition, ne croit pas spécialement en Dieu. Entre Lucas et Ragnar, les échanges deviennent de plus en plus vifs… L’odyssée de Lucas, entre rivières en crue et volcans en éruption, se transforme en un voyage en terre inconnue. Dans des paysages superbes mais très rudes, le jeune prêtre s’interroge sur une foi vacillante. Arrivé cependant à son but, Lucas va devoir affronter d’autres remises en cause et notamment l’émergence de sentiments que son statut de prêtre lui interdit. Une œuvre superbement photographiée et une réflexion profonde sur l’existence. (Jour2fête)
Rouge pour TruandDU ROUGE POUR UN TRUAND
Frappée par un père abusif alors même qu’elle a été prise en otage dans un hold-up, Polly Franklin décide de quitter la ferme familiale pour Chicago. Elle sera tour à tour couturière, danseuse, prostituée et serveuse, et fera même un séjour en prison. Son parcours la rapproche du monde de la pègre des années 1930, jusqu’au jour fatidique où Polly fait la rencontre d’un certain John Dillinger… Un an avant leur collaboration sur L’Incroyable alligator, le réalisateur Lewis Teague et le scénariste John Sayles s’attaquent au film de gangsters. En dépit d’un budget modeste, leur reconstitution de l’Amérique des années 1930 force le respect. Du rouge pour un truand tire également son épingle du jeu par son point de vue exclusivement féminin : l’univers du crime et de la Grande Dépression est ici vu à travers les yeux de Polly Franklin, l’épatante Pamela Sue Martin. En un seul rôle, elle incarne toutes celles qui se sont brisées devant le rêve américain. Quelque part entre Bonnie & Clyde et Il était une fois en Amérique, Du rouge pour un truand est disponible pour la première fois en Blu-ray. Restauré HD, ce film, sorti en 1979, est accompagné de bons suppléments dont un entretien inédit avec Lewis Teague qui évoque sa découverte du métier auprès de Roger Corman et aussi de l’influence de la Nouvelle vague française sur son premier long-métrage… (Carlotta)
La PassagereLA PASSAGERE
Quelque part, dans un bateau sur l’océan, au large des côtes de la Vendée, un couple de marins-pêcheurs ramène dans ses filets crabes et homards. Bientôt, cette belle pêche ira garnir les tables… Chiara Maertens a quitté sa Belgique natale pour venir vivre sur une île de la côte atlantique, là où son mari Antoine a grandi. Ils forment un couple heureux et amoureux. Chiara a appris le métier d’Antoine, la pêche, et travaille à ses côtés depuis deux décennies. Pour l’aider dans sa tâche, le couple a décidé de recruter un apprenti. Le nouveau venu, Maxence, va peu à peu bousculer les certitudes de Chiara… Lors du mariage d’un vieil ami du couple, dans une maison vide, commence alors un jeu érotique où Chiara cède à Maxence. Heloïse Pelloquet signe son premier « long » et parle d’un personnage autonome et fort, ici une femme de la quarantaine, une travailleuse, qui va vivre une histoire d’amour adultère avec un très jeune homme. De manière agréable, le film s’inscrit dans un milieu réaliste sur fond de mer et de vent et se développe dans un récit romanesque et sensuel où une femme bien dans sa peau (Cécile de France, parfaite) revendique son droit au plaisir de façon naturelle, en suivant son élan, sans que cela ne provienne pas d’une blessure intime à panser ou d’une réflexion élaborée. (Blaq Out)
EnvolL’ENVOL
Dans le Nord de la France, du côté de la Baie de Somme, Juliette, jeune fille solitaire passionnée par le chant, la musique et la lecture, grandit seule avec son père, Raphaël, un soldat rescapé de la Première Guerre mondiale. Celui s’est découvert, au retour du conflit, père d’une petite Juliette dont Madame Adeline s’est occupée depuis le décès de Marie, la maman. En raison de sa nature rêveuse qui la pousse à s’isoler, Juliette n’est pas appréciée des autres villageois, en particulier des hommes. Un jour, au bord de la rivière, une sorcière prédit que des « voiles écarlates » arriveront pour l’emmener loin de là… Juliette continue de l’espérer jusqu’au jour où la prophétie semble se réaliser, lorsque Jean, un bel aviateur lui tombe littéralement dessus du ciel. Avec son premier film en langue française, le réalisateur italien Pietro Marcello (qui adapte la nouvelle Les voiles écarlates de l’écrivain russe Alexandre Grine) se penche sur l’émancipation d’une jeune femme qui n’a pas froid aux yeux. On passe d’une chronique sociale réaliste à une sorte de comédie musicale poétique, notamment à cause des chansons qu’interprète Juliette. Celle-ci est incarnée par Juliette Jouan dont c’est la première apparition à l’écran. A ses côtés, on remarque Raphaël Thiéry (Raphaël), Louis Garrel (Jean), Noémie Lvovsky (Adeline) et Yolande (a magicienne de la forêt). (Le Pacte)
La LigneLA LIGNE
Au ralenti, des objets divers et variés volent à travers l’espace et se fracassent sur les murs. Parmi eux, des partitions de musique… Dans la maison familiale, un violent affrontement violent oppose une mère et sa fille. Touchée au visage, Christina chute et frappe lourdement le bord d’un piano… Margaret, 35 ans, est littéralement expulsée hors de la maison par les membres de sa famille. Pour avoir ainsi agressé violemment sa mère, Margaret doit se soumettre à une mesure stricte d’éloignement: elle n’a plus le droit, pour une durée de trois mois, de rentrer en contact avec sa mère, ni de s’approcher à moins de cent mètres de la maison familiale. Mais cette distance qui la sépare de son foyer ne fait qu’exacerber son désir de se rapprocher des siens. Margaret est littéralement « enfermée dehors ». La ligne, tracée à la peinture bleue par Marion, la jeune sœur de Margaret, devient une quasi-frontière contre laquelle Margaret se frotte, bute, se cogne. Devant ce mur invisible, l’impuissance de Margaret s’amplifie et se nourrit encore de sa propre violence. Avec ce western urbain et hivernal dans la Suisse d’aujourd’hui, Ursula Meier orchestre de permanentes tensions. Pianiste de talent, Christina, la mère blessée (Valeria Bruni-Tedeschi) perd le contact avec le réel. Margaret (Stéphanie Blanchoud) se bat contre elle-même, taisant un besoin effréné d’amour et de reconnaissance trop enfoui au fond du cœur. Il y a cependant, ici de belles séquences apaisées, ainsi celle où Margaret retrouve Julien, son ancien amoureux (Benjamin Biolay) auprès duquel elle mesure tout ce qu’elle a gâché. (Diaphana)
L'ImmensitaL’IMMENSITA
Dans la Rome des années 1970, tout ne va pour le mieux dans la famille Borghetti. Clara, la mère venue d’Espagne et Felice, le père sicilien, ne s’aiment plus mais n’arrivent pas à se quitter. Dans cette famille, les enfants vont à la dérive, surtout Adriana, l’aînée, née dans une corps qui ne lui correspond pas. Sous le regard de son jeune frère et de sa petite sœur, « Adri », 12 ans, tente de trouver ses marques en traversant les hautes herbes qui séparent les nouveaux beaux quartiers de la Cité éternelle d’une zone en construction occupée par des migrants. Celle qui se fait appeler Andrea va y rencontrer une fille de son âge avec laquelle le courant passe… Le film prend une connotation particulière lorsque l’on sait qu’Emanuele Crialese a révélé à la Mostra de Venise, qu’il était née femme et qu’il avait fait sa transition… Si le cinéaste romain s’est défendu du caractère strictement autobiographique de son film, il n’a pas nié que L’immensita, son cinquième long-métrage, puisait largement à sa propre histoire et à ses souvenirs. Crialese enquête sur une famille qui ne parvient pas à offrir une protection, où les enfants ne trouvent pas la sécurité, où manque l’amour conjugal, la complicité et la maturité des figures de référence. Penelope Cruz incarne une figure maternelle désemparée et fragile trouvant refuge dans la relation complice avec ses trois enfants, en particulier avec « Adri ». Faisant fi d’un mari macho et brutal qui l’étouffe mais aussi des jugements de son entourage, Clara s’ingénie à insuffler de la fantaisie dans sa vie… (Pathé)
Deserteur AlamoLE DESERTEUR DE FORT ALAMO
En 1836, le Texas lutte pour son indépendance. Le Fort Alamo résiste face aux attaques de l’armée mexicaine du général Santa Anna. Tiré au sort pour quitter le fort et aller prévenir les familles des environs du danger des envahisseurs mexicains, John Stroud arrive trop tard. Sa femme et son fils ont été tués par des hors-la-loi. Le Fort Alamo tombe. Stroud gagne Franklin où le lieutenant Lamar le fait arrêter pour désertion… Les habitants ayant appris que Fort Alamo était tombé et, prenant Stroud pour un lâche, tentent de le lyncher. Trois ans avant Sept hommes à abattre, sa plus belle réussite, Budd Boetticher signe, en 1953, The Man from The Alamo dont l’intrigue trouve sa source dans un fait historique marquant : le siège de Fort Alamo au Texas où 180 soldats et miliciens menés par William Travis, Jim Bowie et Davy Crockett opposèrent jusqu’à leur dernier souffle une résistance farouche aux 3000 hommes dr l’armée mexicaine. En 1960, John Wayne s’emparera, à son tour avec Alamo, de ce fait d’histoire. Boetticher centre son récit sur la figure de Stroud (Glenn Ford), un anonyme milicien du Texas et un héros très discret considéré par tous comme un lâche… Pour l’anecdote, on remarque, dans un petit rôle de sergent, Guy Williams qui sera le futur et célèbre Zorro de la télévision. (Sidonis Calysta)
Violence JerichoVIOLENCE A JERICHO
Aux États-Unis, sur le chemin qui mène à la petite ville de Jericho, Alex Flood attaque la diligence en blessant Ben Hickman, son conducteur et s’enfuit sans être identifié. En arrivant en ville, Dolan, ex-shérif reconverti en joueur professionnel de poker), passager de la diligence, apprend que Flood, ex-policier devenu chef de gang, veut prendre le contrôle du service de transport dirigé par Hickman (John McIntire) et son associée Molly Lang. Celle-ci s’oppose à Flood et, essayant de rallier les habitants à sa cause, trouve un volontaire en la personne de Dolan qui s’est épris d’elle. Avec l’aide d’une petite troupe, Dolan défie Flood en s’emparant de son bétail et en dynamitant son ranch. S’ensuit une violente fusillade à l’issue de laquelle Flood tue lâchement Hickman avant de s’enfuir dans les collines. Il est rattrapé et abattu par Dolan (George Peppard). Le réalisateur Arnold Laven (qui a fait le plus gros de sa carrière à la télévision) n’est pas l’un des grands maîtres du western. Mais, malgré une idée de base usée jusqu’à la corde (le tyran local qu’il faut expulser) et une mise en scène pas spécialement surprenante, son Rough Night in Jericho, réalisé en 1977, a quand même des atouts et spécialement le personnage de Flood avec Dean Martin, dans l’un de ses très rares rôles de méchant. Autour de lui, on retrouve Jean Simmons (Molly Lang) qui avait été une belle « westernienne » en 1958 dans Les grands espaces de William Wyler, George Peppard (Dolan) ou John McIntire (Hickman). À l’heure de gloire du western spaghetti outre-Atlantique, Violence à Jericho est quasiment une valeur sûre du western américain classique. (Sidonis Calysta)
Guerre LulusLA GUERRE DES LULUS
À l’aube de la Première Guerre mondiale, dans un village de Picardie, Lucas, Luigi, Lucien et Ludwig, quatre amis inséparables, forment la bande des Lulus. Ces orphelins sont toujours prêts à unir leurs forces pour affronter la bande rivale d’Octave ou pour échapper à la surveillance de l’Abbé Turpin… Lorsque leur orphelinat est évacué en urgence, les Lulus manquent àah, t’entend l’appel. Oubliés derrière la ligne de front ennemie, les voilà livrés à eux-mêmes en plein conflit. Bientôt rejoints par Luce, une jeune fille séparée de ses parents, ils décident coûte que coûte de rejoindre la Suisse, le « pays jamais en guerre »… Les voilà projetés avec toute l’innocence et la naïveté de leur âge dans une aventure à laquelle rien ni personne ne les a préparés ! Onze ans après avoir porté au cinéma La guerre des boutons, Yann Samuell, passionné d’arts graphiques et révélé au grand écran avec Jeux d’enfants (2003), adapte la bande dessinée éponyme (2013) de Régis Hautière et Hardoc pour signer une aventure qui raconte, avec fraîcheur, la guerre à hauteur d’enfant. François Damiens, Alex Lutz, Isabelle Carré, Ahmed Sylla ou Didier Bourdon encadrent de jeunes comédiens très à l’aise. (Wild Side)
Fievre MediterranéenneFIEVRE MEDITERRANEENNE
Palestinien vivant à Haïfa avec sa femme et ses deux enfants, Walid, 40 ans, cultive sa dépression (il refuse de prendre le traitement prescrit par son psychiatre) et n’arrive pas à coucher son roman sur le papier. Il fait la connaissance de son nouveau voisin, Jalal, un escroc à la petite semaine. Les deux hommes deviennent bientôt inséparables : Jalal est persuadé d’aider l’écrivain en lui montrant ses combines et Walid y voit l’opportunité de réaliser un projet secret… Connue pour Personal Affairs (2016), Maha Haj orchestre une savoureuse comédie noire aux dialogues ciselés et à l’humour pince sans rire. Avec cette histoire d’une amitié improbable entre deux hommes que tout oppose, la cinéaste se penche aussi, en filigrane, sur le conflit israélo-palestinien. Le titre du film renvoie à une maladie dont un médecin dit que le plus jeune des enfants de Walid, pourrait être atteint. À l’annonce de cette nouvelle, Walid demande ce qu’est la fièvre méditerranéenne. On lui répond qu’il s’agit de quelque chose d’héréditaire, spécifique à cette région. C’est une réponse si ouverte qu’elle pourrait s’appliquer au Moyen-Orient tout entier. La fièvre méditerranéenne à laquelle le film s’intéresse n’est pas la maladie physique du fils, mais plutôt le fardeau politique, social et psychologique qu’être palestinien à Haïfa implique… Présenté à la section Un Certain regard du Festival de Cannes 2022, le film a obtenu le prix du meilleur scénario. (Blaq Out)

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