DE RARES OZU, UNE ROMANCE POLITIQUE ET LE MALAISE DE TARA

Coffret OzuOZU – 6 FILMS RARES OU INEDITS
Cinéaste de la famille et du temps qui passe (Gilles Deleuze note que le réalisateur « réussit à rendre visibles et sonores le temps et la pensée »), Yasujiro Ozu raconta le vingtième siècle de manière à la fois minimaliste et spectaculaire, apportant sa contribution au septième art pour l’éternité. L’œuvre d’Ozu reste cependant inconnue en France jusqu’en 1978, soit quinze ans après sa mort. Trois films sortent alors sur les écrans français : Voyage à Tokyo, Le Goût du saké et Fin d’automne. À l’occasion des 120 ans de sa naissance et des 60 ans de sa disparition, six films rares ou inédits sont présentés pour la première fois dans un coffret de quatre Blu-ray dans leur nouvelle restauration 4K. Trois de ces films sont incarnés par la grande actrice, et bientôt réalisatrice, Kinuyo Tanaka dont on a pu découvrir l’oeuvre, l’an dernier, dans un beau coffret, déjà chez Carlotta. Du polar muet à la comédie nostalgique en passant par le drame conjugal, voici six œuvres qui permettent de comprendre la portée universelle du cinéaste japonais le plus intemporel. Femmes et voyous (1933) raconte la double vie de Tokiko, dactylographe le jour, qui traîne avec une bande de gangsters le soir. Il était un père (1942) met en scène les tourments du professeur Horikawa dont l’un des étudiants s’est noyé lors d’un voyage de classe. Récit d’un propriétaire (1947) suit un jeune sans-logis dans le Tokyo de l’immédiat après-guerre, Il sera confié à une veuve acariâtre qui n’a jamais aimé les enfants… Dans Une femme dans le vent (1948), Tokiko vit seule avec son jeune fils en attendant le retour de son mari sous les drapeaux. Elle survit tant bien que mal. Mais son enfant tombe gravement malade, elle est contrainte de se prostituer… Les sœurs Munakata (1950) gravite autour de la famille tiraillée entre tradition et modernité à travers deux sœurs que tout sépare… Enfin, avec Dernier Caprice (1961), son avant-dernier film, Ozu suit Manbei Kohayagawa, patron d’une petite brasserie de saké au bord de la faillite. Le vieil homme vit entouré de ses trois filles. Manbei trouve du réconfort auprès de son ancienne maîtresse chez qui il se rend en cachette. Mais la santé du patriarche commence à décliner… Parmi les multiples suppléments, outre une livret (80 p.) rédigé par Pascal-Alex Vincent, on trouve Quand la cloche de la jeunesse a sonné (1963), un film TV inédit réalisé par Tsuneo Hatanaka et coscénarisé par Ton Satomi et Yasujiro Ozu. M. Yamaguchi et M. Ogawa apprécient beaucoup la compagnie de Chizuru, la fille de leur amour de jeunesse. Rétive à l’idée de se marier, la jeune femme décide de partir quelques jours à Tokyo en compagnie de ses deux pères de substitution… « Si l’œuvre du cinéaste japonais nous accompagne comme une présence familière, elle reste toujours à découvrir » écrivent Les Cahiers du cinéma. On ne saurait mieux dire. (Carlotta)
Fete ContinueET LA FETE CONTINUE !
« Il faut affirmer sans cesse que rien n’est fini. Que tout commence… » Ce sont les derniers mots du 23e et dernier film en date de Robert Guédiguian. Ces mots prononcés face à la mer, à Marseille, ce sont ceux de Rosa, infirmière à l’hôpital de la Timone et proche de la retraite. Une militante qui se démène pour regrouper les militants de gauche et écologistes pour les prochaines élections municipales. Tout en s’occupant sans cesse de sa tribu, en l’occurrence ses fils Sarkis et Minas, Tonio son frère, chauffeur de taxi communiste mais aussi d’Alice, le bel amour de Sarkis, une comédienne qui milite avec les personnes du quartier qui ont été touchées par l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne… De fait, le réalisateur de Marius et Jeannette a donné, pour toile de fond de son film, le drame de la rue d’Aubagne qui a vu, le 5 novembre 2018, deux immeubles vétustes et insalubres s’effondrer, tuant huit personnes et provoquant l’indignation, la honte, la colère et la rage de la population. A travers ce film choral porté par six personnages principaux dont deux de femmes militantes appartenant à deux générations, Guédiguian poursuit tout à la fois sa célébration de sa ville natale (en filmant d’autres lieux marseillais que l’emblématique Estaque) et sa glorification des valeurs de générosité et d’humanisme. Comme il le fit, notamment dans Le voyage en Arménie (2006), le cinéaste installe son récit dans le cadre de l’importante diaspora arménienne de la cité phocéenne. Ainsi Minas et Sarkis, profondément attachés à leurs racines, veulent soutenir l’Arménie en guerre contre l’Azerbaïdjan. Le second rêve d’ailleurs d’une famille nombreuse, qu’il voit comme une revanche sur le génocide arménien. Et la fête continue ! vogue, aux accents de Schubert, Mozart et du Emmenez-moi de Charles Aznavour, entre une réflexion politique avec l’investissement à gauche d’une Rosa qui pourrait se retrouver tête de liste aux élections municipales et une douce chronique amoureuse. Rosa tombe en effet follement amoureuse d’Henri, le père d’Alice, venu vivre au bord de la Méditerranée pour se rapprocher de sa fille. Evidemment, on retrouve ici toute la bande de Guédiguian avec, en tête, Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin et Gérard Meylan entourés de Robinson Stevenin, Lola Naymark ou Grégoire Leprince-Ringuet. (Diaphana)
How To Have SexHOW TO HAVE SEX
Afin de célébrer la fin de leurs années lycée, Tara, Skye et Em, trois amies anglaises, décident de s’offrir leur première escapade entre copines dans la station balnéaire prisée d’Heraklion en Grèce. Leur plan ? Enchaîner les fêtes, les soirées bien arrosées et les nuits blanches en compagnie de colocs anglais rencontrés dès leur arrivée. Pour la jeune Tara, ce voyage de tous les excès a la saveur des premières fois, mais elle se retrouve rapidement dépassée. Confrontée à l’effervescence collective, elle se demande si elle est réellement libre d’accepter ou de refuser chaque nouvelle expérience qui se présente à elle… Pour son premier long-métrage en tant que réalisatrice, la Britannique Molly Manning Walker, également directrice de la photographie, emporte le spectateur dans l’univers de ce que les Américains nomment le Spring Break (relâchement de printemps en v.f.), cette semaine de vacances accordée aux étudiants nord-américains qui la passent, souvent à Cancun au Mexique, à se mettre la tête à l’envers entre alcool à gogo, drogue et filles dénudées. De Nightmare Beach à Piranha 3D en passant par le trash Spring Breakers d’Harmony Korine, le cinéma a souvent tourné sa caméra sur ces débordements festifs. How to have Sex (primé à Un Certain regard à Cannes) semble s’inscrire aussi dans cette débauche étudiante sur fond de piscine bondée, de sable chaud la nuit sur la plage et de picole sans discontinuer, jusqu’à en vomir tripes et boyaux. Mais la cinéaste retourne habilement le propos. L’aventure des trois copines délurées prend, peu à peu, un tour plus glauque à l’image de ces plans larges et vides sur une cité balnéaire dévastée et jonchée de déchets. Car ce qui intéresse Molly Manning Walker, sous les faux airs de teen movie de son film, c’est ce que deviennent ses jeunes personnages et essentiellement Tara (Mia McKenna-Bruce) dans cet univers. Car Tara est bien venue en Grèce avec l’idée d’en finir avec sa virginité et ses copines ne se privent pas de la charrier là-dessus. Et si Badger, le voisin de chambre à l’hôtel, allait être celui-là. En fait, ce sera son copain Paddy qui entraînera Tara sur la plage. Mais voilà la jeune fille n’a pas envie de se mettre du sable partout. Qu’importe. Et Paddy récidivera le lendemain en se glissant dans le lit d’une Tara qui cuve plus son malaise que la vodka. Sous ses dehors colorés et sonores, How to have Sex est un regard grave sur la question du consentement. A Em qui lui demande comment c’était, Tara répondra, tristement, « J’étais endormie ». (Condor)
Tokyo-GaTOKYO-GA
Printemps 1983. Vingt ans après la disparition du grand réalisateur Yasujiro Ozu (1903-1963), Wim Wenders décide de partir à Tokyo sur les traces de son maître de cinéma. Alors que ce dernier a documenté à travers ses films les métamorphoses de la vie au Japon de la fin des années 1920 au début de la décennie 1960, reste-t-il encore dans la capitale des images de son univers cinématographique ? Quarante ans avant Perfect Days, sa nouvelle aventure tokyoïte, Wim Wenders déambule de jour comme de nuit à travers une ville frénétique, s’aventure dans des salles de pachinko, dans des stands d’entrainement de golf, dans une fabrique de faux aliments en cire, plus vrais que nature, dans des cimetières où les enfants jouent au base-ball ou dans des parcs où des adolescents dansent le rock. Sur son chemin, il croise aussi la route de deux fidèles de l’univers d’Ozu, l’acteur Chishu Ryu (il dit « J’étais devenu un couleur sur sa palette ») et le directeur de la photographie Yuharu Atsuta. Éclairé par les réflexions et impressions de son réalisateur, Tokyo-Ga, qui s’ouvre et s’achève sur un extrait de Voyage à Tokyo (1953), pose un regard nostalgique sur le caractère éphémère des choses et la beauté si fragile du cinéma. Dans ce «  journal filmé » aussi passionnant que sensible (pour la première fois en Blu-ray dans sa nouvelle restauration 2K), le réalisateur de Paris Texas s’intéresse aux traces d’Ozu dans le Japon du début des années 80 et constate que sa mémoire est partout. Dans les suppléments, on trouve un entretien avec Wenders (43 mn) dans lequel le réalisateur, après être revenu en détail sur le tournage de son documentaire sorti en 1985, raconte sa rencontre manquée avec l’actrice Setsuko Hara, son nouveau film Perfect Days et sa filiation avec Ozu, ainsi que le lien particulier qu’entretient le cinéma avec les lieux. (Carlotta)
Notre CorpsNOTRE CORPS
Comment une femme vit-elle une IVG, l’annonce d’un cancer du sein, le recours à la PMA ? Claire Simon plonge, ici, avec un regard intense dans le quotidien d’un service de gynécologie-obstétrique d’un hôpital parisien, où les destins de femmes se croisent. Premières consultations gynécologiques, interventions chirurgicales, soins palliatifs, transitions de genre, accouchements… La réalisatrice filme les patientes et leur intimité, et recueille leurs histoires, leurs espoirs, leurs désirs mais aussi leurs peurs. Avec pour objectif de filmer le corps des femmes, de mettre en avant ce qu’elles traversent tout au long de leur vie gynécologique et de montrer que leurs corps souffrent davantage que celui des hommes. « J’ai eu l’occasion, dit Claire Simon, de filmer à l’hôpital l’épopée des corps féminins, dans leur diversité, leur singularité, leur beauté tout au long des étapes sur le chemin de la vie. Un parcours de désirs, de peurs, de luttes et d’histoires uniques que chacune est seule à éprouver. Un jour j’ai dû passer devant la caméra. » En effet, ce documentaire intimiste plein d’empathie et de dignité devient d’autant plus émouvant lorsque la réalisatrice elle-même se retrouve soudainement propulsée dans son film : alors qu’elle est en plein tournage, Claire Simon apprend en effet qu’elle a un cancer du sein. De visiteuse, elle devient patiente et son combat victorieux contre la maladie ajoute un supplément d’âme à un film déjà bouleversant d’humanité. La cinéaste parle des femmes comme de « combattantes » et souligne combien ces pathologies gynécologiques pèsent sur les vies, les amours, les désirs, les espoirs… (Blaq Out)
Vincent Doit MourirVINCENT DOIT MOURIR
La vie tranquille de Vincent Borel bascule lorsqu’il devient la cible d’attaques meurtrières, sans motif apparent. Contraint de fuir et de réinventer sa vie à mesure que ces agressions s’intensifient, cet homme ordinaire est plongé dans une lutte pour sa survie. Présenté avec succès en séance spéciale à la Semaine de la critique au Festival de Cannes 2023, le premier long-métrage de Stéphane Castang (coécrit avec Mathieu Naert) est un film qui frappe immédiatement par la force de son point de départ. Au spectateur, le cinéaste suggère la question : Que se passerait-il si vous étiez soudain victime de la violence la plus extrême ? Or le personnage de Vincent est justement victime de cette violence à la fois banale et inexplicable. Stéphane Castang, qui ne lésine pas sur les scènes d’action, donne un vrai film de genre, pas dépourvu de quelques scories propres au premier film, qui associe le thriller et le fantastique autour d’un parfait anti-héros auquel on peut sans peine s’identifier. C’est le toujours excellent Karim Leklou (vu dans BAC Nord, Goutte d’Or ou Pour la France) qui se glisse brillamment dans la peau de ce monsieur-tout-le-monde qui se met à déclencher bien malgré lui des crises de folie meurtrière chez les gens qu’il croise. Heureusement pour lui, il croisera bientôt la route de Margaux, interprétée par Vimala Pons, qui semble immunisée contre ce mal étrange. Sur un monde en proie à une violence folle, un film solide et efficace où tout est dans le regard… (Capricci)
Smith TaciturneSMITH LE TACITURNE
Employé par une puissante compagnie de chemin de fer, le détective Luke Smith poursuit les trois frères Barton, des pilleurs de train. Si ceux-ci lui échappent une première fois, il parvient à leur tendre un piège et à en abattre deux. Lui-même blessé, Smith bénéficie des soins de Murray Sinclair, un ami d’enfance marié à la douce Marian, la femme qu’il aima bien des années plus tôt. A peine s’est-il débarrassé du dernier des frères Barton, que Smith soupçonne Sinclair de tremper dans des affaires louches, probablement en lien avec Rebstock, le puissant protecteur des Barton et l’instigateur des attaques des convois ferroviaires… Le déraillement d’un train et l’éviction de Murray, accusé de pillage du fret, retardent son départ. Luke est une nouvelle fois habilité à résoudre le mystère du déraillement et, dans le même temps, va essayer de faire réintégrer son ami à son poste… Le Britannique Leslie Fenton (1902-1978) n’est sans doute pas le plus fameux réalisateur de westerns mais il mérite la reconnaissance, ne serait-ce que pour avoir réussi, en 1948, avec Whispering Smith, une vraie perle du genre portée par des extérieurs bien filmés, une solide interprétation (Robert Preston, Brenda Marshall, Donald Crisp) et une action rapidement menée. Et puis, il y a évidemment, dans le rôle de Luke Smith, le policier du rail, surnommé Whispering Smith pour la manière qu’il a de s’exprimer toujours calmement, le westernien Alan Ladd dans le rôle d’un homme droit tiraillé entre son devoir et son amitié pour Murray. A noter que le personnage du détective privé Luke Smith a réellement existé… Dans les suppléments, on trouve un documentaire sur Alan Ladd et une portrait de l’acteur par Jean-Claude Missiaen. (Sidonis Calysta)
La TresseLA TRESSE
Dans un village de l’Uttar Pradesh en Inde, Smita, une Intouchable, rêve de voir sa fille Lalita échapper à sa condition misérable et entrer à l’école. A Palerme, Giulia travaille dans l’atelier de son père. Lorsqu’il est victime d’un accident, elle découvre que l’entreprise familiale est ruinée. A Montréal, Sarah, avocate réputée et grande travailleuse, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu’elle est malade. Trois vies, trois femmes, trois continents. Trois combats à mener. Si elles ne se connaissent pas, Smita, Giulia et Sarah sont liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier. Comédienne, récemment, chez Cédric Kahn et Yvan Attal, Laetitia Colombani réalise, ici, son troisième long-métrage après A la folie… pas du tout (2002) et Mes stars et moi (2008) et adapte avec grand bonheur, son (premier) roman éponyme paru en 2017 chez Grasset et lu par plus de cinq millions de lecteurs. La cinéaste raconte tour à tour les parcours de ces trois femmes qui ne se rencontrent jamais tout en étant attentive à ce qui va pouvoir les relier. Si la mise en scène est dynamique, le ton est plutôt du côté du conte allégorique dans cette histoire de rapports humains traversés par la détresse, les combats, la solidarité et l’espérance. L’Américaine Kim Raver (pour l’épisode canadien), l’Italienne Fotini Peluso et l’Indienne Mia Maelzer participent de la réussite du film. (M6)
Comme Par MagieCOMME PAR MAGIE
Jeune magicien en pleine ascension, Victor, devenu père et veuf le même jour, élève, depuis, seul sa fille Lison. C’est sans compter Jacques, son fantasque beau-père, qui se mêle contre son avis de l’éducation de la petite. Un tandem improbable qui aura pour arbitre Nina, l’amie d’enfance de Victor, une jeune femme au caractère bien trempé. Mais Victor est décidé à ne pas laisser sa profession de magicien prendre le dessus sur son rôle de père qui l’emmène dans une tournée lointaine… En 2004, Christophe Barratier signe, avec Les choristes, son premier long-métrage et frappe très fort puisque le film réunit 8,5 millions de spectateurs dans les salles françaises. Autour des thèmes de la filiation et de l’éducation, déjà des ingrédients des Choristes, le cinéaste s’applique à mettre en scène de jolies émotions même si les ficelles du scénario sont un peu épaisses et les effets sonores trop appuyés. Si Kev Adams (Victor) fait le job, on note plus volontiers la prestation de Claire Chust (Nina) et, évidemment, Gérard Jugnot. Celui qui fut Clément, le surveillant passionné de chant choral dans Les choristes, est, ici, un grand-père aussi fantasque que touchant. (Orange Studio)
Nuits Blanches PetersbourgLES NUITS BLANCHES DE SAINT-PETERSBOURG
Au début du 20e siècle, à Saint-Pétersbourg, le haut fonctionnaire Borowsky recueille son ami Serge Pozdnycheff, jeune fêtard ruiné pour avoir mené une vie de débauche. Serge séduit Sonia, l’épouse de Borowsky, ce qui pousse ce dernier au suicide. Traumatisé par ce drame et pris de remords, Serge s’installe dans le domaine familial avec sa mère, à la campagne. Il fait la connaissance d’Hélène Voronine et l’épouse. Quelques années plus tard, le couple est installé à Saint-Pétersbourg avec Vassia, leur jeune fils. Par l’intermédiaire de Katia, sa jeune sœur, Hélène fréquente les salons mondains et rencontre ainsi le violoniste virtuose Toukatchewsky… En proie à une jalousie maladive, Serge tente d’assassiner sa femme et le musicien qu’il croit être l’amant d’Hélène. Il sera condamné mais sa femme, qui l’a toujours aimé, l’attendra à son retour de prison. En 1944, Jean Dréville fut récompensé du prestigieux prix Louis Delluc pour Les casse-pieds avec Noël-Noël. Juste avant la guerre, en 1938, il mettait en scène, dans les studios de Joinville, cette adaptation de La sonate à Kreutzer de Léon Tolstoï, considérée comme l’une des meilleures parmi la dizaine consacrée au roman de l’écrivain russe. Ce film, qui sort dans une bonne édition Blu-ray, est interprété par Pierre Renoir (Borowsky) mais surtout Jean Yonnel, sociétaire du Français, dans le rôle de Pozdnycheff et Gaby Morlay en Hélène Voronine. Celle qui fit, pendant l’Occupation, pleurer la France avec le dramatique Voile bleu (1942) est un peu mal à l’aise avec son personnage de jeune fille, elle qui a alors déjà 45 ans… (Gaumont)
Moi Hommes 40 ansMOI ET LES HOMMES DE QUARANTE ANS
Lassée des garçons de son âge, Caroline, une jeune et ravissante manucure décide de ne fréquenter que des hommes âgés de quarante ans. La charmante donzelle veut s’amuser, connaître d’autres choses qu’avec des garçons de son âge, qu’elle juge évidemment immatures… Mais, évidemment, les hommes qu’elle considère comme adultes, ont, eux, des idées peu catholiques derrière la tête… Bien sûr, Caroline renoncera à la frivolité et rentrera dans le rang. En 1965, Jack Pinoteau, connu pour avoir mis en scène Le triporteur (1957) d’après René Fallet et avec Darry Cowl, réalise son dernier film pour le grand écran avant de travailler pour la télévision. Il signe une comédie légère sur des dialogues de Philippe Bouvard et une musique de Claude Bolling dont la structure ressemble un peu à celle d’un film à sketches puisque la pétillante Caroline va rencontrer différents personnages masculins. En l’occurrence Paul Meurisse, Michel Galabru et Michel Serrault qui tournent autour de la blonde et souriante Dany Saval. Ce film qui sort dans une nouvelle présentation Blu-ray est léger à souhait dans sa manière de brocarder les relations hommes-femmes. On est alors au mitan des années soixante et MeToo est encore bien loin. (Gaumont)
Temps PaysansLE TEMPS DES PAYSANS
L’histoire de la paysannerie européenne débute dans les ruines de Rome. Avec la disparition de l’empire et des grandes villes, la majorité de la population se retrouve paysanne. Libérés de l’impôt, ces nouveaux paysans, plus autonomes qu’ils ne le seront jamais, ne produisent qu’à la mesure de leurs besoins. Mais à partir du IXe siècle, les élites guerrières imposent le retour de la domination, des taxes et des corvées, tandis que l’Église traque les anciens cultes ruraux. Voici venu le temps de la féodalité et de l’oppression. Privés de récits, les paysans européens, écrasés, déconsidérés, ont longtemps vécu dans le silence et l’obscurité, ne laissant, durant des siècles, aucun témoignage direct. Après Le temps des ouvriers (2020), le documentariste français Stan Neumann retrace, en quatre volets, l’histoire longue d’une catégorie méprisée et exploitée à l’heure où nous réalisons la fragilité de notre civilisation urbaine. Ce documentaire fleuve, narré par Catherine Ringer, s’appuie sur une myriade d’illustrations : iconographie religieuse, gravures, toiles, cartes postales, fables ancestrales, affiches politiques, chansons populaires, perles du cinéma en noir et blanc… Jouant avec les codes narratifs, Neumann opère, tout au long de ces quatre volets (Age d’or, âge de fer – Désastres et révoltes – Vers l’émancipation et Paysans, envers et contre tout) des allers-retours réguliers entre la grande histoire de la paysannerie et des interviews d’agriculteurs en activité, qu’ils soient bretons, italiens, roumains… Mêlant archives et séquences d’animation, ce voyage dans le temps et sur l’ensemble du continent offre aussi une plongée dans l’histoire politique, économique et coloniale de l’Europe. (Arte)
Maitre IlesLE MAITRE DES ILES
L’archipel d’Hawaï dans les années 1880. Descendant d’une riche famille américaine de planteurs, Whip Hoxworth hérite de terres après la mort de son père. Il va découvrir de l’eau et développer la culture de l’ananas. Avant de devenir le plus gros planteur d’Hawaï, Whip faisait du commerce avec des Chinois. Alors qu’il transportait, en tant que capitaine du cargo de commerce Le Carthaginois, de la main d’oeuvre chinoise jusqu’à Hawaï, cet aventurier avait découvert qu’une femme, Nyuk Tsin, voyageait clandestinement avec son mari et devait être vendue à une maison close d’Honolulu. Afin de les sauver, Hoxworth les engage comme domestiques dans sa demeure. Les années passant, Nyuk et son mari Mun deviennent parents de cinq enfants, tandis que leur patron développe, grâce au travail acharné de ses ouvriers chinois, un empire commercial. Descendante d’une famille noble de Hawaï, Purity, le femme de Whip, lui donne Noël, un fils qui sera élevé par Nyuk Tsin et Mun. Noël travaille au côté de son père et tombe amoureux de Mei Li, l’une des filles du couple chinois. Sachant son activité menacée par l’indépendance des îles, Hoxworth fomente une révolution de manière à ce que son territoire bénéficie du protectorat américain… En s’appuyant sur Hawaï, le roman de James Michener, l’Américain Tom Gries tourne, en 1970, cette aventure exotique dont le scénario se situe peu avant l’annexion pure et simple des îles Hawaï par les États-Unis. Charlton Heston qui venait d’être la vedette de La planète des singes (1968) et qui avait aussi été le héros du western Will Penny le solitaire du même Tom Gries, incarne ce parfait héros. Il est entouré par Géraldine Chaplin et John Phillip Law. Pour la première fois en dvd et Blu-ray. (Sidonis Calysta)
Chat CanariLE CHAT ET LE CANARI
À Glendiff, en Grande-Bretagne, le 27 septembre 1914, le riche et excentrique Cyrus West meurt dans son grand manoir. Vingt ans plus tard, Me Allison Crosby, notaire, est chargée de l’ouverture et de la divulgation du testament. Soudain une horloge se met à sonner. Miss Pleasant, la vieille gouvernante de West, s’inquiète. L’horloge était silencieuse depuis 20 ans… La notaire a donc convoqué les héritiers du défunt. Tout ce petit monde est réuni dans la grande salle à manger du château, à l’heure du dîner et Madame Crosby annonce que Cyrus West a laissé un message sous la forme d’un… film. Dans lequel le défunt salue une « bande de petites canailles ». Il s’avère que la jeune Annabelle, charmante créatrice de mode, est légataire universelle. Peu à peu, les invités disparaissent l’un après l’autre, froidement assassinés… Une atmosphère à la Agatha Christie, un petite touche de Cluedo pour cette histoire qui mêle le policier et le suspense. D’autant que l’inquiétant Hendricks les met en garde contre un malade qui se prend pour un chat. C’est Radley Metzger qui réalise en 1978 ce polar qui a, aujourd’hui, pris un petit coup de vieux mais qui se regarde encore avec le sourire. Metzger est connu pour être l’un des premiers réalisateurs de films de sexploitation puis de porno chic avec notamment, sous le pseudonyme d’Henry Paris, The Private Afternoon of Pamela Mann (1975) ou The Opening of Misty Beethoven (1976). Ici, c’est du cinéma classique qui fait la part belle à des comédiens anglo-saxons comme Edward Fox, Olivia Hussey, Peter McEnery, Wendy Hiller ou Honor Blackman qui fut, en 1964, la belle Pussy Galore dans Goldfinger ! (Rimini éditions)
Tiger CageTIGER CAGE – LA TRILOGIE
En quatre années, le cinéaste hongkongais Yen Woo-ping, spécialiste de la chorégraphie des scènes d’action au cinéma, notamment pour Matrix, Tigre et Dragon ou Kill Bill, mettait en scène trois Tiger Cage, désormais réunis dans un beau coffret. Une trilogie avec laquelle il introduit les arts martiaux dans le polar urbain. Dans Tiger Cage (La rançon des traitres – 1988), les policiers des Stups, sous la direction de l’inspecteur Hsiu, mettent sous les verrous un gang de de dealers. Mais leur chef Swatow réussit à s’échapper. Le lendemain, Hsiu est retrouvé mort. Ses collègues veulent le venger mais des flics sont également impliqués dans l’affaire… Dans Tiger Cage 2 (1990), l’inspecteur Dragon Yau, fraîchement divorcé, est blessé quand il tente de mettre fin à un hold-up. Accusé du crime avec Mandy Chang, l’avocate de son divorce, il se retrouve alors pourchassé par la police et les triades qui veulent mettre la main sur la main sur une mallette contenant des millions de dollars blanchis provenant du trafic de drogue. Enfin, avec Tiger Cage 3 (1991), on suit l’enquête de l’inspecteur James de la brigade financiière qui enquête sur Lee Siu-pong, soupçonné d’activités criminelles. Quand ce dernier se sent surveillé, il kidnappe Suki, la fiancée de James et tente d’assassiner le policier. Mais James survit et décide de se venger… Pas besoin de chercher midi à quatorze heures, voici du cinéma qui déménage avec du voyou à gogo, des flics à cran et du flingage à tous les coins de l’écran. Ce n’est pas du 7e art mais c’est bigrement efficace. (Metropolitan)

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