UNE VOIX D’OR ET UN DICTATEUR À L’AGONIE

ChoristesLES CHORISTES
En 2003, alors qu’il s’apprête à donner l’un de ses concerts aux Etats-Unis, le chef d’orchestre Pierre Morhange apprend que sa mère est décédée. Il retourne donc chez lui, en France, après son concert pour ses funérailles. Pépinot, un de ses amis, arrive chez lui avec un journal intime ayant appartenu à Clément Mathieu, l’un de leurs surveillants au pensionnat. Ils le lisent ensemble. Une cinquantaine d’années auparavant, en 1948, Clément Mathieu, musicien raté et professeur de musique sans emploi, arrive au Fond de l’Étang, un home pour garçons, afin d’y être employé comme surveillant. Près du portail, il aperçoit un très jeune garçon nommé Pépinot, attendant le samedi, jour où, selon lui, son père viendra le chercher. On découvrira plus tard que les parents du gamin sont morts pendant l’Occupation, mais que, traumatisé, ce dernier n’arrive pas à accepter cette réalité. Clément découvre que les garçons de l’internat sont sévèrement punis par Rachin, le directeur : punitions corporelles, travail d’intérêt général, isolement dans un cachot pouvant aller jusqu’à plusieurs semaines et punitions arbitraires pour favoriser les délations d’élèves fautifs. Il essaie alors d’utiliser l’humour et la gentillesse pour affirmer son autorité, ce qui, à sa grande surprise, fonctionne. En initiant ces enfants plus fragiles que difficiles à la musique et au chant choral, Mathieu, éducateur humaniste, parviendra à transformer leur quotidien. Sorti en 2004, Les choristes a fêté ses 20 ans l’an passé avec une ressortie en version restaurée dans les salles de cinéma. Le premier film de Christophe Barratier a connu un véritable triomphe en 2004, cumulant 9 millions d’entrées. Récompensé aux César et nommé aux Oscars, le film qui a révélé Jean-Baptiste Maunier, dans le rôle du jeune Morhange, sort dans des éditions inédites UHD/Blu-ray et DVD. Pour son premier film, Christophe Barratier s’est inspiré librement d’une œuvre (oubliée) de Jean Dréville, La cage aux rossignols (1944) interprété par Noël-Noël et les Petits chanteurs à la croix de bois. En songeant aussi à sa propre enfance, le cinéaste se penche sur les méthodes éducatives et répressives à l’oeuvre après la guerre. On plonge ainsi dans une maison de redressement implantée dans un village perdu d’Auvergne où sont réunis tous les cas sociaux du canton. Le brutal Rachin et son acolyte Chabert dirigent l’endroit d’une main de fer. Jusqu’à ce qu’au milieu de ce huis clos pesant débarque Clément, un nouveau pion… Gérard Jugnot en tête, le casting réunit François Berléand, Kad Merad, Jacques Perrin et bien sûr, dans le rôle de Morhange le révolté, Jean-Baptiste Maunier qui porte, ici avec sa voix puissante et cristalline, la beauté du chant dans une chorale, point central et sensible du film. Pour la musique, le réalisateur a fait appel à Bruno Coulais, compositeur de Microcosmos et du Peuple migrateur. Spécialiste des bandes originales complexes, il compose pour Les choristes des harmonies parfaites. Les voix de la chorale dirigées par Nicolas Porte sont interprétées par les Petits chanteurs de Saint-Marc. La plupart des jeunes comédiens chantent en play-back, les chants ayant été enregistrés préalablement au tournage et soutenus ensuite par une orchestration complémentaire. Un petit joyau de tendresse, d’émotion, de drôlerie, de musique et d’espoir. (Pathé)
Derniers Jours MussoliniLES DERNIERS JOURS DE MUSSOLINI
En avril 1945, l’éphémère république de Salò vit ses dernières heures. Benito Mussolini, qui se trouve à Milan sous protection allemande, refuse de suivre les recommandations de l’évêque de la ville, le cardinal Schuster, qui l’enjoint de se livrer aux partisans au CLN Alta Italia, le Comité de libération nationale. Accompagné de sa maîtresse Clara Petacci et de ses plus fidèles lieutenants, le Duce s’enfuit sous escorte allemande en direction de la Suisse, dans l’espoir de se rendre aux troupes américaines et d’échapper ainsi à la vindicte populaire. Mais son chemin s’arrête trois jours plus tard, sur les rives du lac de Côme. Escorté par des soldats de la Wehrmacht et des SS avec lesquels Mussolini essaye de jouer au chat et à la souris, la colonne est interceptée par un groupe de partisans qui, à la suite des accords signés entre les autorités allemandes et la résistance, accepte de laisser passer les troupes allemandes à condition que celles-ci leur remettent les cadres fascistes. Au bout du rouleau, le Duce enfile une capote vert-de-gris sur son uniforme italien et se terre à l’arrière d’un camion au milieu de soldats allemands en déroute. A un poste de contrôle, à Dongo, sur les rives du lac, le Duce est démasqué. On le fait descendre du camion. Son sort est quasiment joué. Le Comité de libération nationale va charger le colonel Walter Audisio, alias Valerio (la star italienne Franco Nero) d’exécuter Mussolini. Le matin du 28 avril 1945, le Duce est conduit à Giulino di Mezzegra où, sans autre forme de procès, il est fusillé en compagnie de Clara Petacci. Carlo Lizzani (1922-2013) débute dans le cinéma à l’heure du néoréalisme (il collabore au scénario de Riz amer et est assistant sur Allemagne année zéro). Dès 1943, il participe en tant que partisan à la Résistance romaine et adhère au Parti communiste italien. Lorsqu’il se met à réaliser lui-même, Lizzani va traiter majoritairement de la Seconde Guerre mondiale et de la résistance, ainsi avec La chronique des pauvres amants (1954) mais aussi Traqués par la Gestapo (1961) sur la traque des Juifs de Rome ou Le procès de Vérone (1963) sur l’exécution du comte Ciano, gendre du Duce, par les extrémistes mussoliniens. Tourné en 1974, Mussolini, ultimo atto (titre original) apparaît comme une reconstitution minutieuse d’une page de l’histoire italienne. Lizzani scrute la fin de règne d’un tyran pathétique, avec une précision quasi documentaire qui tend parfois vers le thriller. Inédit en blu-ray dans sa nouvelle restauration 4K, Les derniers jours de Mussolini est interprété par deux vedettes d’Hollywood pour donner plus d’impact populaire au film. Henry Fonda est le cardinal Schuster et Rod Steiger (Dans la chaleur de la nuit ou Il était une fois la révolution) est un Duce enfoncé dans la solitude. A noter que le comédien est l’objet de Rod Steiger, briller dans l’ombre, un livre de Baptiste André à paraître fin septembre. Enfin, dans les suppléments, on trouve Noir dessein (26 mn), un entretien inédit avec Jean-François Rauger, critique de cinéma et directeur de la programmation à la Cinémathèque française, qui observe : « La volonté de Carlo Lizzani, c’est d’éviter l’emphase, il faut avoir l’impression de raconter objectivement les faits. […] Toute l’Italie voulait la mort de Mussolini, c’était symboliquement une manière de rompre avec une phase historique dont on ne voulait plus entendre parler. » (Carlotta)
Partir Un JourPARTIR UN JOUR
Dans sa cuisine, Cécile vient de prendre un coup sur la tête ! Le test de grossesse est positif. La nouvelle a tout d’une galère pour cette jeune femme de la quarantaine. Avec Sofiane, son collaborateur et compagnon, elle est dans la dernière ligne droite avant l’ouverture de son restaurant gastronomique. Car la récente gagnante du concours Top Chef est bien décidée à gravir avec sa cuisine toutes les étapes vers les trois étoiles. Et cela même si elle n’a pas encore trouvé son plat-signature. De sa province natale, un message l’informe que Gérard, son père, a été hospitalisé après un troisième infarctus. A Sofiane, auquel elle cache son état, elle confie qu’elle n’a aucune envie de retourner sur les lieux de son enfance. Mais, évidemment, elle finira par retrouver L’Escale, ce grand restaurant fréquenté par les routiers. Gérard a déjà quitté l’hôpital pour retrouver ses fourneaux et sa macédoine de légumes qui fait grincer les dents de Cécile. Mais elle va mettre la main à la pâte pour dépanner Gérard et Fanfan, sa mère plutôt fantasque. Le retour de Cécile est un événement car tout le monde a suivi les émissions de Top Chef qui ont vu l’enfant du pays l’emporter. Parmi tout ce petit monde chaleureux, la cheffe tombe aussi sur Raphaël, le garagiste du coin, avec lequel elle a souvent fait la fête et qui était son amour de jeunesse. Cécile veut retourner très vite dans la capitale. Pourtant son séjour « à la maison » s’éternise quand même. Partir un jour est un beau film qui distille une mélancolie douce et légère. Amélie Bonnin, la réalisatrice, explique que son film raconte « le lien aux choses, aux lieux dont on ne peut pas se défaire ». En même temps, l’active et ambitieuse Cécile est une sorte de transfuge de classe qui revient dans un lieu de passage tenu par des gens, ses parents, qui ne bougent pas. Les retrouvailles ont quelque chose de tendrement poétique qui emporte l’adhésion. Partant du constat que la musique est partout dans nos vies, tout le temps, Amélie Bonnin a donné à son film les atours d’une comédie musicale où les protagonistes, soudain, se mettent à chanter, voire à danser. La musique, dit la réalisatrice, constitue un socle commun, voire un lien entre les gens d’une génération… Du coup, Partir un jour contient une fameuse play-list avec Alors on danse (Stromae), Mourir sur scène (Dalida), Le Loir & Cher (Michel Delpech), Pour que tu m’aimes encore (Céline Dion), Je l’aime à mourir (Francis Cabrel), Paroles, paroles (Dalida & Alain Delon) et, in fine, une version soyeuse du Partir un jour de 2Be3, par Juliette Armanet. De quoi aussi, il faut bien le dire, « épaissir » un récit parfois léger. Comme enfin les comédiens (Juliette Armanet en tête mais aussi Bastien Bouillon, François Rollin et Dominique Blanc) donnent leur pleine mesure, Partir un jour constitue tout simplement un agréable divertissement. (Pathé)
Femme AbattreLA FEMME A ABATTRE
Magistrat engagé dans une lutte sans merci contre une puissante organisation criminelle, le district attorney Martin Ferguson est sur les charbons ardents. Il tient (enfin) le témoin crucial qu’il compte bien amener le lendemain à la barre du tribunal pour faire (enfin) tomber un gros caïd. Mais Joe Rico, le témoin, tremble de tous ses membres et hésite de plus en plus à témoigner. De plus, des tueurs à gages sont bien décidés à le rendre définitivement muet. Pire, Rico va commettre l’irréparable. A quelques heures du procès, les enquêteurs n’ont que peu de temps pour trouver la preuve qui empêchera le principal inculpé de ressortir libre du tribunal. Réalisé en 1951, The Enforcer (en v.o.) est-il un film de Bretaigne Windust ou du (grand) Raoul Walsh ? Selon une première version, Bretaigne Windust serait tombé malade durant le tournage, et Humphrey Bogart aurait demandé à Raoul Walsh de le remplacer. Une seconde version, plus crédible, veut qu’après avoir vu les premiers rushs, la Warner (pour laquelle Bogey tourne pour la dernière fois) se soit rendu compte que Windust n’était pas fait pour tourner un film noir, faire parler des gangsters ou rendre l’atmosphère de la rue. En catastrophe, il aurait fait appel à Walsh qui, à l’époque, n’avait pas souhaité être crédité au générique, pour ne pas faire de l’ombre à Bretaigne Windust. Considéré comme une perle du film noir, La femme à abattre marque un tournant dans l’histoire du cinéma américain. C’est en effet le premier film qui explique comment fonctionne le milieu du crime organisé, et qui emploie des termes tels que contract (contrat) ou hit (cible), utilisés par les tueurs pour déjouer les écoutes téléphoniques. Il possède aussi tous les ingrédients du genre: procureur incorruptible, gangsters inquiétants, éclairages expressionnistes. Après une ouverture en temps réel sur la traque du témoin, le film repose sur une construction en flashbacks imbriqués. Les enquêteurs passent en revue les interrogatoires des différents protagonistes, qui à leur tour, se remémorent les événements dont ils ont été les témoins. Cette construction complexe reste étonnamment fluide, et la mise en scène nerveuse et captivante sert un scénario riche, pour une histoire d’une efficacité redoutable. Et puis, au milieu de comédiens de talents (Ted de Corsia, Zero Mostel, Everett Sloane), il y a l’incomparable figure d’Humphrey Bogart en procureur déterminé et efficace dans un thriller glaçant. Ce classique du film noir sort, pour la première fois, en blu-ray Haute définition. Avec, en suppléments, un entretien inédit (35 mn) sur la genèse du film avec Florent Tréguer, enseignant et spécialiste du cinéma américain et une interview de Raoul Walsh (39 mn) extraite de Raoul Walsh ou le bon vieux temps de la collection Cinéastes de notre temps. (Rimini éditions)
WomenWOMEN
Lorsqu’elle découvre que son mari la trompe, Bao-er demande immédiatement le divorce. Elle rejoint alors le clan des femmes célibataires « heureuses pour toujours », qu’ont intégré avant elle ses meilleures amies. Résolue à ne pas se laisser abattre, Bao-er doit apprendre à construire une nouvelle vie avec son jeune fils, Dang-dang, tandis que son ex-mari officialise sa relation avec sa maîtresse… Malgré l’apparence de bonheur que ses « sœurs » affichent, chacune d’entre elles aspire secrètement à avoir un homme dans sa vie. Lorsque son mari repentant demande pardon, Bao-er est forcée de décider ce qu’elle veut vraiment. Et si, finalement, elle revenait à son mari, d’autant que ce dernier lui confie qu’il n’a pas vraiment d’atomes crochus avec sa jeune et excitée nouvelle compagne… Né à Hong Kong en 1957, Stanley Kwan, formé auprès de grands noms du cinéma hongkongais comme Ann Hui et Patrick Tam, fait partie, aux côtés de Wong Kar-wai et de Fruit Chan, de la troisième « Nouvelle vague » apparue dans les années 1980. Alors en marge d’un cinéma commercial et populaire, le réalisateur fait appel, à ses débuts, à des acteurs célèbres, à l’instar de Chow Yun-fat, pour se faire connaître et ainsi développer son propre style. Dès Women, son premier long-métrage tourné en 1985 et dans lequel Chow Yun-fat incarne Derek, le mari, Kwan révèle une appétence et un talent certain pour le romanesque et le portrait de femmes tout en délicatesse. Dans la lignée des comédies de remariage, ce sous-genre cinématographique hollywoodien, qui donna des pépites comme New York Miami (1934) de Capra, Cette sacrée vérité (1937) de MacCarey ou Femmes (1939) de Cukor, Stanley Kwan réussit une savoureuse comédie qui s’appuie sur un drame intimiste en croisant les thèmes des désillusions amoureuses, de la solitude et du sens à donner à sa vie. Avec des comédiennes en verve (Cora Miao et Cherie Chung Cho-hung en tête), il ausculte avec brio et sensibilité les tourments féminins dans un style visuel maîtrisé. Dans des mouvements de caméra fluides, se mêlent abandon et force de personnages féminins croqués avec délicatesse et humour (Bao-er qui n’est plus obligée de se cacher dans les toilettes pour… péter!) et grâce sur fond d’amour, de haine, de jalousie et de désirs. Dans les suppléments, on trouve Divorce Hong Kong Style (21 mn), un entretien inédit avec Stanley Kwan dans lequel le cinéaste raconte son passage à la réalisation après dix années passées comme assistant auprès d’Hui et Tam et se souvient de la chance qu’il a eue de faire appel à de grands noms du cinéma hongkongais des années 1980 pour son premier film. Un tourbillon d’émotions ! (Carlotta)
Une Pointe AmourUNE POINTE D’AMOUR
Les examens médicaux de Mélanie ne sont pas excellents. On lui dit que tout peut s’arrêter brutalement… Mais cette pétulante jeune avocate n’entend pas baisser les bras. Bien qu’handicapée et en fauteuil roulant, elle veut croquer la vie. Et encore plus que les autres puisque son temps est limité… Et surtout Mélanie veut enfin connaître le grand frisson du sexe. Elle a entendu parler d’une maison close en Espagne où elle pourrait enfin explorer sa sexualité. Elle réussit à convaincre Benjamin, son ami en fauteuil roulant, d’entreprendre ce voyage peu commun. Pour conduire le van qui doit les emmener vers le plaisir, elle choisit Lucas, un type bourru, dont elle s’occupe en justice et auquel elle est parvenu à éviter un nouveau retour derrière les barreaux. Au volant de son propre véhicule, Lucas va donc emporter Mélanie et Benjamin vers l’Espagne… En adaptant (librement et avec des personnages différents) Hasta la vista (2011) du cinéaste belge Geoffrey Enthoven, Maël Piriou donne un road-movie à la fois savoureux et tendre dans lequel trois personnages vont tisser des liens indéfectibles entre eux, tout en vivant des situations qui vont faire évoluer profondément leurs existences. D’ailleurs, Mélanie, qui entretient une correspondance par tchat avec un correspondant amoureux, va aller de surprise en surprise. Tout en abordant le thème de la sexualité chez les personnes en situation de handicap, le cinéaste raconte d’abord, avec humour et en dédramatisant un sujet sensible, une histoire légère, avec des protagonistes haut en couleurs, qui met en avant la liberté, l’amour et la découverte de soi. Mélanie veut vivre à toute force. Benjamin, lui, se contente de sa situation et n’a guère envie de bouger. Lucas se demande ce qu’il fait là avec deux hurluberlus. L’alchimie entre les trois comédiens finit par faire le reste. Julia Piaton (que l’on voit de plus en plus souvent au cinéma) est une Mélanie pugnace et fragile. Quentin Dolmaire (découvert, adolescent, dans Trois souvenirs de ma jeunesse de Desplechin) est un Benjamin taiseux mais qui cache son jeu. Et on retrouve, toujours avec le même plaisir, l’imposant Grégory Gadebois (Lucas) qui impose instantanément, une présence impressionnante.. Sans pathos et avec un trio lumineux, un voyage joyeux et émouvant. (Pathé)
Comte Monte CristoLE COMTE DE MONTE CRISTO
Un matin de février 1815, le Pharaon, un beau trois-mâts, entre dans le port de Marseille. Parti pour un long voyage commercial, on croyait le bateau perdu au large des côtes de l’Inde. Son capitaine étant mort à bord, c’est le premier maître Edmond Dantès, qui avait pris, avec l’appui de l’équipage, le commandement du navire marchand. Au grand dam de Caderousse, le quartier maître. Ce refus avait provoqué pour l’ancien un sentiment de jalousie vis-à-vis de son jeune rival. Quelques jours auparavant, Dantès avait fait une halte sur l’île d’Elbe, où était retenu en exil l’Empereur Napoléon. Préparant son retour imminent des « Cent-Jours » au pouvoir, Napoléon lui avait remis un pli fermé destiné à un certain Noirtier. Grisé par un retour triomphal, promu nouveau capitaine par son armateur, Dantès est impatient de retrouver sa jolie fiancée catalane, Mercedès, qui lui est restée toujours fidèle durant sa longue absence, malgré les oppressantes assiduités de son cousin, le sous-lieutenant de cavalerie Fernand Mondego. Dans l’ombre, un complot se trame contre Dantès. Condamné à la prison à la vie au château d’If, Dantès y rencontre l’abbé Faria, son voisin de cellule. Qui lui révèle l’existence d’un fabuleux trésor sur l’ile de Montecristo. Dantès réussit à s’échapper. A présent inépuisablement riche, le futur Comte de Monte-Cristo va pouvoir consacrer sa vie à venger Edmond Dantès. Publié de 1844 à 1846, le roman d’Alexandre Dumas a connu de multiples adaptations au cinéma, la dernière, l’année passée, avec la version de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière et Pierre Niney dans le rôle-titre. En 1943, c’est Robert Vernay qui signait une version en noir et blanc avec Pierre-Richard Willms dans le rôle de Dantès. Le même cinéaste allait, en 1954, signer un remake en couleurs de sa propre œuvre divisée en deux époques respectivement baptisées La trahison et La vengeance. Cette fois, Vernay confiait le rôle à un Jean Marais incarnant parfaitement le personnage mythique, mi-aventurier mi-aristocrate, poignant prisonnier Dantès, puis romantique Monte-Cristo. Dans les années cinquante, Jean Marais, vu dès 1946 dans La belle et la bête de Cocteau, est au sommet de sa gloire et enchaîne les triomphes populaires. Ainsi le second Monte Cristo de Vernay réunira près de 8 millions de spectateurs dans les salles françaises. (Sidonis Calysta)
Lettres SiciliennesLETTRES SICILIENNES
Le cheveu rare et blanchi, Catello Palumbo sort de la prison de Cunéo dans le lointain Piémont. Celui que l’on surnommait « Le proviseur » parce qu’il dirigea autrefois un établissement scolaire, s’empresse de retourner dans sa Sicile natale même s’il a tout perdu là-bas. Il a des dettes partout, sa femme le méprise mais, en caressant toujours le rêve de construire un hôtel de luxe en bord de mer, il tente néanmoins de revenir dans une société qui ne veut plus de lui… C’est ce type, ancien élu local corrompu jusqu’à l’os et au bout du rouleau, que les services secrets italiens vont manipuler pour faire tomber Matteo, un parrain mafieux en cavale. Pour les services secrets, Catello est l’homme qu’il faut pour faire sortir de l’ombre celui qui fut son filleul. Pour l’atteindre, Catello n’a qu’un outil, les pizzini, ces minuscules bouts de papier que la mafia sicilienne utilise pour faire passer des messages secrets. Avec Iddu (titre original), les réalisateurs Fabio Grassadonia et Antonio Piazza ont construit une œuvre captivante qui permet, même si tout n’est pas toujours limpide, de se glisser dans les arcanes de la mafia en Sicile. Les cinéastes (remarqués en 2013 avec Salvo, sur l’étrange relation, à Palerme, entre un tueur à gages et sa captive aveugle) le font par le moyen d’une correspondance feutrée, ambiguë et périlleuse entre Catello et Matteo. A travers ces missives, ils s’observent, se jaugent, se manipulent, chacun tentant de gagner du terrain sur l’autre tandis que les autorités tentent de prendre le parrain (réfugié chez une veuve d’un mafieux assassiné et qu’il vengea) dans leurs filets. Inspiré par la vraie traque de Matteo Messina Denaro (1962-2023), l’un des derniers grands chefs de Cosa Nostra, Lettres siciliennes explore les liens complexes entre la mafia sicilienne, le pouvoir politique (les agissements des services secrets sont clairement douteux) et la société italienne, montrant aussi comment la mafia maintient un « équilibre précaire » dans l’ombre de l’État italien. Dans ce portrait d’une Sicile à la fois réelle et mythologique, Grassadonia et Piazza proposent une vision onirique, complexe et grinçante de la mafia à laquelle Elio Germano en inquiétant mafieux toujours dans l’ombre et Toni Servillo, habitué des films de Sorrentino, en Catello paumé et pathétique apportent une présence forte. Une variation italienne sur la morale et le pouvoir. (Blaq Out)
On Ne Meurt Que Deux FoisON NE MEURT QUE DEUX FOIS
Paris, une nuit d’hiver. Une voiture se gare dans un terrain vague désert. Une femme en bas résille et talons aiguilles descend côté passager. Un homme chaussé de derby sort, côté conducteur. Il ouvre le coffre. Un homme ensanglanté agonise. Le lendemain, Charly Berliner, musicien et concertiste, est retrouvé mort par la maréchaussée. Flic aux méthodes peu orthodoxes, l’inspecteur Staniland est chargé d’enquêter sur la mort de cet homme. Au cours de l’enquête, il découvre une histoire d’amour passionnée et tumultueuse entre Berliner et une femme nommée Barbara, ainsi que des éléments de jalousie et de violence liés à la victime. Il y a du beau monde au casting de cette adaptation d’Il est mort les yeux ouverts, le roman du Britannique Robin Cook paru en 1984 et publié en français chez Gallimard. Jacques Deray, bien sûr, à la réalisation, qui tourne en 1985 ce policier tortueux entre deux polars avec Belmondo (Le marginal en 1983 et Le solitaire en 1987), Jean Penzer à la photographie (couronnée d’un César en 1986), Claude Bolling à la musique et Michel Audiard qui, en (co)signant le scénario et l’adaptation, livre, pour l’avant-dernière fois (sa dernière, ce sera La cage aux folles 3) ses fameux dialogues. Audiard disparaît en juillet 1985 et le film sort en octobre 1985. Enfin il y a un bien beau casting avec Charlotte Rampling, Xavier Deluc, Gérard Darmon, Jean-Pierre Bacri, Elisabeth Depardieu, Jean-Pierre Darroussin, Jean-Paul Roussillon et, last but not least, Michel Serrault qui se régale de son Staniland déstabilisé puis charmé par une femme fatale aux mœurs très libres pour laquelle Charlotte Rampling distille un trouble vénéneux et bienvenu. Même si Deray n’est pas, ici, au niveau de La piscine (1969) ou Flic story (1975), il donne cependant un polar très eighties (le film sort justement dans la collection Nos années 80) qui s’intéresse moins à l’enquête policière classique qu’aux relations complexes et érotiques entre Barbara Spark et Robert Staniland. Et les deux comédiens tirent joliment leur épingle de ce jeu sensuel. (Studiocanal)
The AmateurTHE AMATEUR
Brillant cryptographe mais individu très introverti, Charlie Heller travaille pour les services secrets américains. Sa vie bascule lorsqu’il apprend que sa femme Sarah, partie à Londres en voyage d’affaires, a été tuée lors d’une attaque terroriste. Insatisfait de l’inaction de ses supérieurs à la CIA, il décide de prendre les choses en main pour se venger. Utilisant ses compétences en technologie, il traque les responsables de l’attaque à travers le monde, notamment en Angleterre, en France, en Turquie, en Roumanie et en Russie. Du côté de la CIA, on va tout faire pour le retrouver et mettre fin à ses agissements. De son côté, Heller doit faire face à ses propres faiblesses et à ses remords, tout en étant hanté par le souvenir de sa femme. On avait remarqué, en 2023, la première apparition de James Hawes à la réalisation cinématographique avec Une vie dans lequel Anthony Hopkins incarnait Sir Nicholas Winton, un agent de change anglais parfois surnommé le Schindler britannique pour avoir sauvé 669 enfants juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette fois, quittant le biopic, Hawes s’aventure, en adaptant le roman éponyme de Robert Littell, sur le double terrain du film d’espionnage et du film de vengeance. Ce faisant on songe autant à des aventures comme celles de Jack Ryan dans Jeux de guerre ou La somme de toutes les peurs qu’à la trilogie Taken dans laquelle Liam Neeson faisait le ménage sans états d’âme. Sauf que Charlie Heller n’est pas un superhéros mais plutôt un type timide et bien vulnérable. D’ailleurs, dans un camp d’entraînement où il excelle dans la fabrication de bombes, il est considéré, par ses supérieurs, comme « incapable de tuer »… Pourtant Heller va s’accrocher à sa quête de vengeance. Malgré sa mise en scène très classique, The Amateur se regarde sans déplaisir. D’autant que Rami Malek, couronné d’un Oscar du meilleur acteur pour son incarnation de Freddie Mercury dans Bohemian Rhapsody (2018), campe un Charlie Heller crédible. (Fox)
Conjuring WarrenCONJURING : LES DOSSIERS WARREN
Ed et Lorraine Warren sont un couple de parapsychologues réputés dans le monde entier. Ces spécialistes des enquêtes sur les phénomènes paranormaux vont intervenir, au début des années 1970, auprès de la famille Perron, qui a emménagé dans une vieille ferme isolée à Harrisville, en Nouvelle-Angleterre. Rapidement, des événements étranges et inquiétants se produisent dans la maison : bruits inexpliqués, apparitions, comportements bizarres des enfants, lévitations d’objets, et manifestations de plus en plus violentes et oppressantes. Les Warren découvrent que la maison est hantée par une entité maléfique liée à Bathsheba Sherman, une femme du XIXe siècle soupçonnée de sorcellerie, qui aurait maudit la demeure. La présence de cette entité devient de plus en plus dangereuse, menant à des attaques physiques et sexuelles contre la famille, notamment sur Carolyn Perron, la mère. Les Warren tentent alors de la libérer de cette influence maléfique par un exorcisme, se confrontant à un esprit démoniaque particulièrement malfaisant. Inspiré d’une affaire réelle, le film réalisé en 2013 par James Wan (et qui sort dans une version blu-ray 4K Ultra HD) suit le couple de « chasseurs de démons » dans l’exercice difficile de leurs enquêtes paranomales. Une lutte entre le bien et le mal qui souligne également la complexité de distinguer la réalité de la légende, notamment celle de la figure de Bathsheba Sherman, dont la légende populaire est largement embellie par rapport aux faits historiques. Contraints d’affronter une créature démoniaque d’une force redoutable, le couple Warren (incarné par Vera Farmiga et Patrick Wilson) se retrouve face à l’affaire la plus terrifiante de leur carrière… (Warner)
Regles ArtLES REGLES DE L’ART
Yonathan Cobb est un expert en montres de luxe. Alors qu’il mène une vie très tranquille et monotone, il fait la connaissance d’Éric Moreno, un escroc spécialisé dans le recel d’objets volés. Fasciné et intrigué, Yonathan entre peu à peu dans ce monde dont il ignore tout. Par ailleurs, Éric fait appel à Jo, un expert du cambriolage. Ce dernier va alors dérober pour lui cinq tableaux considérés comme des chefs-d’œuvre de la peinture au musée d’Art moderne de Paris. Estimé à 100 millions d’euros, ce casse devient vite très médiatisé. Autant dire que Yonathan, Eric et Jo vont être embarqués dans une spirale infernale. Dans la nuit du mercredi 19 au jeudi 20 mai 2010, au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, eut lieu l’un des plus importants vols d’oeuvres d’art du XXIe siècle. Le cambrioleur est entré par une fenêtre donnant sur la Seine après avoir simplement cassé un carreau. Le butin, estimé à environ 100 millions d’euros à l’époque, comprend notamment des œuvres de Pablo Picasso, Henri Matisse, Amedeo Modigliani, Georges Braque et Fernand Léger. L’enquête a mis en lumière des défaillances du système de sécurité (alarme et vidéosurveillance). Surnommé « l’homme-araignée », le cambrioleur, Vjéran Tomic, sera interpellé environ un an plus tard. Pour l’heure, les cinq toiles restaient introuvables… Les règles de l’art s’inspire de cette histoire vraie qui raconte le plus grand casse jamais perpétré dans un musée français. Le réalisateur Dominique Baumard s’attache au personnage de Jo, expert en cambriolage avant d’explorer le recel et la vente des œuvres par Cobb et Moreno. Avec une mise en scène soignée, le film mêle humour et gravité pour offrir une vision désenchantée mais lucide de ce casse historique, tout en soulignant la fragilité du patrimoine artistique face à la cupidité et à la criminalité. Melvil Poupaud incarne l’horloger Yonathan Cobb, le chanteur Sofiane Zermani, vu dans le récent Le roi Soleil, joue le receleur Éric Moreno et Steve Tientcheu (Les misérables de Ladj Ly) est Jo, le cambrioleur… (Le Pacte)
Soudan Souviens ToiSOUDAN, SOUVIENS-TOI
En 2018, la journaliste et documentariste Hind Meddeb rencontre de jeunes exilés soudanais ayant fui la répression et qui sont entassés dans des tentes aux abords de la place Stalingrad, à Paris. Forte de ses cultures mêlées – française, tunisienne et marocaine –, la réalisatrice y tisse des amitiés. Elle raconte ainsi que ces jeunes Soudanais l’ont priée d’aller voir ce qu’il en était dans leur pays. Neuvième documentaire d’Hind Meddeb, Soudan, souviens-toi suit le soulèvement de la jeunesse contre le régime d’Omar el-Béchir, de la révolution pacifique en 2019 au début de la guerre civile en 2023, en mettant en lumière la lutte d’un peuple à travers la poésie, la mémoire et la résistance. Le film suit le parcours de jeunes Soudanais, poètes, artistes et activistes, qui, par leurs mots, chants et créations, défient la répression et portent l’espoir d’un avenir démocratique. Le film retrace ainsi la chute du régime d’Omar el-Béchir en 2019, suite à un soulèvement populaire massif, la période du sit-in de Khartoum, symbole d’une utopie démocratique, où la jeunesse exprimait ses rêves et ses revendications par la parole, la poésie, et l’art mais aussi la brutalité de la répression lors du massacre du 3 juin 2019, la reprise du pouvoir par la junte militaire en 2021, confisquant la révolution, enfin la guerre ouverte en 2023, plongeant le pays dans le chaos et l’exil. La poésie est omniprésente dans ce film, malgré ou justement à cause de la dictature islamo-militaire qui prive la population de tout lien avec l’extérieur. Soudan… insiste sur la place centrale de la parole, de la poésie et de la mémoire comme formes de résistance face à une dictature et à l’oubli. Hind Meddeb filme aussi la résilience des femmes, héritières des reines Kandaka, et l’importance de la culture orale dans un pays où l’image a été censurée. Une œuvre forte sur une révolution confisquée, mais jamais éteinte, portée par la jeunesse, les femmes et la parole, et agit comme une œuvre de mémoire et de résistance contre l’oubli. (Blaq Out)
Dernier SouffleLE DERNIER SOUFFLE
Le docteur Augustin Masset est chef d’un service de soins palliatifs à l’hôpital. Un jour, il croise Fabrice Toussaint, un écrivain-philosophe réputé, confronté à un sombre pronostic médical, qui vient de passer une IRM. Dans un dialogue amical et passionné, les deux hommes vont engager une réflexion philosophique sur la fin de vie. Le médecin montre la diversité de réactions et d’attitude de ses patients, et l’écrivain observe les situations qui font écho à son propre destin, affrontant ainsi ses peurs et ses angoisses. On avait laissé Costa-Gavras en 2019 avec Adults in the Room, une adaptation du livre Conversations entre adultes. Dans les coulisses secrètes de l’Europe de l’ancien ministre grec Yánis Varoufákis dont l’intrigue prenait place en 2015 pendant la crise de la dette grecque. On retrouve le cinéaste franco-grec, aujourd’hui âgé de 92 ans, dans une œuvre de fiction qui se penche sur la thématique de la fin de vie, en mettant en lumière les enjeux humains, philosophiques et sociaux liés à la mort. En effet, le médecin et l’écrivain (remarquablement interprétés par Kad Merad et Denis Podalydès) se confrontent pour l’un à la fin de vie de ses patients et pour l’autre à sa propre fatalité. Emportés par un tourbillon de visites et de rencontres, tous deux démarrent un voyage sensible entre rires et larmes : une aventure humaine au cœur de notre vie à tous. Le prolifique réalisateur de Z, L’aveu, Etat de siège, Section spéciale, Missing ou Amen. explore la réflexion des deux hommes sur la manière d’accompagner la fin de vie de façon humaine et digne, en questionnant la réalité des soins palliatifs et leur rôle dans le respect de la personne en fin de vie, la difficulté pour les proches d’accepter la volonté du mourant mais aussi la philosophie de la mort, avec des réflexions sur ce qui se passe après la mort, la nécessité de vivre sa propre fin comme on vit chaque jour, enfin la nécessité d’accepter cette étape inévitable. « Personne ne veut croire à sa propre mort et personne ne veut l’étudier » dit un personnage. A travers des récits, des témoignages et des scènes de la vie quotidienne dans une unité de soins palliatifs, le film mêle tragicomédie pédagogique et conte moral sur un sujet éminemment délicat traité de manière fine et respectueuse. (Blaq Out)
De Mauvaise FoiDE MAUVAISE FOI
Notaire dijonnais un peu roublard, Réginald Le Vaillant comprend que sa fille Athenais est bien décidée à épouser Elliott Moulard, un jeune loup prétentieux, non croyant et très gauche caviar. Réginald et son épouse Blandine sont coincés car, outre l’amour de leur fille, le gendre idéal prend en charge financièrement la restauration de leur château familial. En traitant la succession d’une comtesse mourante à Arthur, un jeune artiste bohème, lui vient une idée, en l’occurrence, brancher le garçon en question avec sa fille. L’héritage lui permettait d’ailleurs également de faire rénover leur château, en mauvais état. Mais la comtesse a mis une condition à son héritage : qu’Arthur prouve qu’il est un bon catholique… L’affaire étant loin d’être gagnée, Réginald choisit de s’en remettre à la Sainte Vierge : quoi de mieux qu’un pèlerinage à Lourdes pour tout arranger ? Albéric Saint-Martin adapte le roman Les pieuses combines de Réginald de Thomas Hervouët pour mettre en scène une comédie satirique qui mêle humour, traditions et enjeux familiaux autour d’un héritage rocambolesque. Au coeur de cette confrontation entre modernité et traditions, le personnage du notaire joyeusement (ou odieusement) roublard donne du piment au propos. Car il est bien, ici, question de la foi, de la transmission, des valeurs sociales, et surtout des petits arrangements avec la morale. Le tout, comédie oblige, sur fond de situations absurdes, de quiproquos et de retournements de situation. On songe tout à la fois à Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, à La vie est un long fleuve tranquille ou même à la trilogie La vérité si je mens, dans la mesure où ces films exploraient un milieu sociologique précis. Et donc, avec De mauvaise foi, le milieu des catholiques de tradition. En notaire, Pascal Demolon, vu dans Elle l’adore (2014) ou Le rire de ma mère (2017), s’en donne à cœur joie. (Saje Distribution)
SchirkoaSCHIRKOA – LA CITÉ DES FABLES
Un employé de bureau qui s’ennuie dans sa vie, déclenche accidentellement une révolution dans un monde dystopique. Schirkoa est une cité-Etat où tous les habitants portent un sac en papier sur la tête afin d’éviter les conflits et d’effacer leurs différences politiques, culturelles et religieuses. Dans ce monde ultra divisé, un homme portant une cravate rouge fréquente une femme du Blue District, qu’il rejoint dans une chambre située au-dessus d’un cabaret. La ville est en guerre contre des anomalies, et les autorités contrôlent la population, qui semble conformiste et sous surveillance constante. Film d’animation franco-indien réalisé par Ishan Shukla qui se sert, ici, du moteur de jeu Unreal pour la motion capture, Schirkoa mêle la science-fiction, le fantastique et l’anticipation et se distingue par son univers hybride, mêlant techniques d’animation 2D et 3D. L’intrigue développe une réflexion sur la société, la diversité, la liberté et l’émancipation, à travers la rencontre inattendue entre le héros et une jeune femme tatouée, qui ose enlever son sac pour fumer dans une ruelle. Ces personnages entament une discussion sur Konthaqa, une mythique cité des réfugiés où les gens ne portent pas de sacs, symbolisant peut-être une société idéale ou une utopie. Avec les voix d’Asia Argento, Golshifteh Farahani, Soko ou Gaspar Noé, le film se présente comme une œuvre singulière et artistiquement ambitieuse mais qui souffre quand même d’une mise en œuvre, parfois chaotique, des images de synthèse et du graphisme. (Blaq Out)
AlterloveALTERLOVE
Paris, la nuit. Dans un bar, Jade se fait baratiner par un bellâtre terriblement vantard. Qui va disparaître de la circulation dès que la jeune femme se met, elle aussi, à baratiner. Un peu plus tard, de manière inattendue, la jeune femme désabusée rencontre Léo, un jeune homme charismatique. Ils se lancent dans un rendez-vous spontané et non conventionnel, rempli de légèreté, de thérapie destructrice et de conversations sans fin. En explorant la ville ensemble, en passant de bar en cabaret, ils découvrent un lien qui transcende les normes et les attentes sociales, remettant en question le sens de l’amour et des relations dans le monde moderne. Second long-métrage de Jonathan Taïeb (dix ans après le thriller moscovite Stand), cette déambulation poético-parisienne apparaît avant tout comme un exercice de cinéma en forme d’exploration d’une vision moderne de l’amour remettant en cause les conventions romantiques traditionnelles. Tourné en dix nuits et avec un modique budget de 300 000 euros, Alterlove est évidemment atypique dans le paysage de la production cinématographique française courante et a reposé aussi sur le volontarisme et la bienveillance de toute l’équipe. Il est aussi atypique par sa facture comme par le ton et l’atmosphère qu’il dégage. Les deux comédiens (Kim Higelin et Victor Poirier) s’ingénient, avec force mots, à proposer une approche authentique et nuancée de l’amour contemporain, en phase avec les préoccupations actuelles telles que la quête de connexion réelle et la redéfinition des normes sentimentales. Enfin, on est ravi de retrouver, ici, dans une séquence à bord d’un taxi, Christophe Lambert en chauffeur meurtri et émouvant. (Blaq Out)

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