LA QUETE DE L’HARMONIE ET LA RECHERCHE DE L’ABSTINENCE
LES MUSICIENS
Un luthier se penche longuement sur un violon. Il l’ausculte, introduit une fine caméra dans l’une des ouïes. Lorsqu’il se relève, il lance : « C’est l’instrument que vous cherchez ! » Astrid Thompson manque de défaillir. C’est bien le Stradivarius San Domenico qu’elle cherche depuis longtemps. Désormais il importe à la présidente de la fondation Thompson de réaliser le rêve de son défunt père : réunir quatre Stradivarius pour un concert unique attendu par les mélomanes du monde entier. Las, la grande entreprise, à laquelle est adossée la fondation, n’a plus les reins aussi solides qu’aux temps déjà anciens de son grand patron. A la tête de la boîte, le frère d’Astrid se fait tirer l’oreille. Prête à dépenser plus de dix millions dans une vente aux enchères pour obtenir l’un des instruments, Astrid s’accroche. Mais elle n’en a pas fini avec cette aventure musicale. Car Lise, George, Peter et Apolline, les quatre virtuoses recrutés pour l’évènement, sont incapables de jouer ensemble. Les crises d’égo se succèdent au rythme des répétitions. Sans solution, Astrid se résout à aller chercher le seul qui, à ses yeux, peut encore sauver la situation : Charlie Beaumont, le compositeur de la partition. Mais le compositeur est devenu un ermite qui ne s’intéresse qu’aux chants des oiseaux. Parce que la passion de la musique et la curiosité par rapport à une œuvre écrite trente ans plus tôt, est plus forte que le reste, il viendra quand même… S’ouvrant sur un plan à… l’intérieur d’un violon, Les musiciens propose un récit auquel on s’attache très rapidement. Il y a bien sûr un petit côté recrutement d’une équipe (voir ainsi Les douze salopards) mais ce qui intéresse surtout le cinéaste, c’est de décrire, autour du travail de quatre musiciens réunis dans un quatuor à cordes, une quête du son, un son d’ensemble, une symbiose à trouver, celui d’un seul instrument fait de quatre voix, un exercice d’équilibristes fait de modestie et d’affirmation de soi. Alors, tandis que le décompte final est en route, qu’Astrid s’arrache peu à peu les cheveux devant les exigences comme les chichitteries de ses (talentueuses) recrues et que Charlie Beaumont murmure : « Je n’aime pas du tout ce que j’ai écris… » Grégory Magne, auteur en 2020 des Parfums, cette fois sur le sens de l’odorat, relève un sacré défi. Rendre compréhensible et explicite le fait que de tels musiciens puissent ne pas forcément jouer « parfaitement » lorsqu’il s’agit de jouer ensemble. Grâce à Valérie Donzelli en organisatrice émérite (elle sauve quand une situation quasi-désepérée), à un compositeur inspiré (Grégoire Hetzel) et quatre brillants musiciens/acteurs (Mathieu Spinosi, Emma Ravier, Daniel Garlitsky et Marie Vialle), Les musiciens montre, même aux profanes, l’avancée faite d’ajustements, de concessions, de renoncements, vers l’harmonie. Et quel plaisir de passer un moment avec Frédéric Pierrot, le psy de la remarquable série En thérapie sur Arte, ici, en compositeur sensible… (Pyramide)
DES JOURS MEILLEURS
Victime d’un malaise à son travail, Suzanne revient, tant bien que mal, chez elle. Et son premier geste est de retrouver des bouteilles de vodka planquées ici et là. Elle a du mal à s’occuper de ses enfants. Et le drame advient lorsqu’un matin, où elle ne s’est pas réveillée à l’heure, elle part en catastrophe vers l’école avec ses enfants dans la voiture et emboutit violemment une auto en stationnement. Cette fois, plus question d’échapper au centre de désintoxication pour alcooliques d’autant que Suzanne (Valérie Bonneton) a perdu la garde de ses enfants. C’est une femme au bout du rouleau qui arrive dans ce centre où elle va croiser Alice (Sabrina Ouazani) et Diane (Michèle Laroque), deux femmes au caractère bien trempé, elles aussi en lutte contre leurs addictions. La première est dans une constante agressivité, la seconde, actrice connue, s’inscrivant dans un alcoolisme mondain, festif, plus insidieux. Sous la houlette de Denis, un éducateur sportif et ancien alcoolique (Clovis Cornillac) qui va faire preuve de beaucoup de patience et de pédagogie, le trio se lance dans un projet ambitieux : participer au Rallye des Dunes dans le désert marocain. Le sevrage est compliqué et elles n’y connaissent rien en mécanique. Par les entraînements et les épreuves du rallye, elles apprennent à se soutenir mutuellement, à affronter leurs peurs et à reconstruire leur estime de soi. « Faire ce film, dit Elsa Bennett, co-réalisatrice avec Hippolyte Dard, était une nécessité. Je souhaitais traiter le sujet de l’alcoolisme des femmes afin d’essayer de les aider à sortir du silence et avoir l’espoir d’entrouvrir une porte sur ce tabou qui perdure alors qu’il s’agit, en réalité, d’un véritable enjeu de santé publique. (…) La spécificité de l’alcoolisme féminin est qu’il est très souvent vécu dans la honte, la culpabilité et donc dans le silence. Encore trop de femmes ne parviennent pas à se faire aider car la pression sociale, professionnelle et familiale est trop forte. Ainsi, le sujet reste très sensible, en particulier pour les mères de famille. » Si le sujet du film est dur avec des personnages en détresse et souvent dans le déni, les deux cinéastes y ont pourtant injecté une part de comédie dramatique afin que le film soit porteur d’espoir, la comédie insufflant de l’oxygène au récit. Didactique et militant, Des jours meilleurs est parfois proche du documentaire comme lorsque les patientes du centre livrent, face caméra, leurs expériences, leurs angoisses, leurs souffrances mais aussi la solitude et la honte ou encore la peur de la rechute. Un film qui montre les mouvements de très hauts et de très bas, dans la trajectoire du combat contre l’addiction. Et qui fait entendre une phrase fondamentale lorsque le médecin dit : « Vous n’allez pas passer de la honte de boire, à la honte de ne pas boire. ». Et les cinéastes de pointer la charge mentale que le monde extérieur met sur les gens qui ne boivent plus. (Wild Side)
DR. CALIGARI
A l’asile d’aliénés de Caligari (C.I.A. en abrégé), le docteur Caligari mène de sinistres expériences psycho-sexuelles sur ses patients au demeurant récalcitrants, leur transférant des fluides cérébraux glandulaires des uns aux autres. Deux de ses principaux patients, Gus Pratt, un tueur en série cannibale, et Mme Van Houten, une femme au foyer nymphomane, sont les principaux sujets de ses manipulations mentales. Mme Van Houten devient la cannibale et Pratt la nymphomane, bien qu’ils semblent conserver certains éléments d’eux-mêmes. Apparemment, l’idée très peu conventionnelle de Caligari est de guérir les gens en introduisant des traits également opposés pour équilibrer leurs esprits perturbés… Plusieurs autres médecins, dont un couple marié, les Lodger, s’inquiètent des expériences de Caligari et approchent le père de Mme Lodger, le Dr Avol, qui affronte Caligari, avant d’être victime de ses manipulations mentales et de recevoir une injection du liquide cérébral de Mme Van Houten, ce qui le transforme en nymphomane travesti… Scénariste, chef décorateur et réalisateur, l’Américain Stephen Sayadian s’est fait remarquer dès ses deux premiers longs-métrages: Flesh en 1982 et ce Caligari sorti en1989. Selon certains critiques, Sayadian est l’un des grands stylistes, surréalistes et humoristes américains. Variation libre sur le fameux Cabinet du Dr Caligari (1920) de Robert Wiene, le film invente une descendance au plus grand savant fou du cinéma muet, sous la forme d’une psychiatre dominatrice et perverse (Madeleine Reynal). Dr. Caligari évoque tour à tour l’œuvre de David Lynch et Bertrand Mandico à travers son environnement hallucinatoire, où l’expressionnisme allemand flirte avec un pop art horrifique et l’onirisme sexuel le plus débridé. Servi par des dialogues aussi tordants que provocateurs, le film mêle la sensuelle étrangeté de ses images à une critique acerbe et subversive des institutions médicales. Ce monument du cinéma camp sort pour la première fois en 4K Ultra HD dans une superbe restauration supervisée et approuvée par Stephen Sayadian. Dans les suppléments, on trouve un entretien (30mn) avec Stephen Sayadian qui revient sur l’aventure de Dr. Caligari, du choix de ses actrices à sa réception critique, en passant par ses effets spéciaux sophistiqués. Trois autres entretiens sont proposés avec le coscénariste Jerry Stahl (10mn), l’actrice Madeleine Reynal (18 mn) et l’actrice Laura Albert (20mn) qui incarne la délurée Mme Van Houten. Une comédie culte, sexy et déjantée ! (Carlotta)
CAFÉ FLESH
Après l’apocalypse nucléaire, l’humanité est partagée en deux groupes : les « Positifs » qui ont conservé la faculté de faire l’amour et la grande majorité des « Négatifs sexuels» rendus malades par tout contact érotique et devenus impuissants. Pour accéder à un succédané de plaisir, ces derniers n’ont plus d’alternative que de regarder les « positifs » se donner en spectacle sur des scènes de théâtre telles que celle du mystérieux Café Flesh. Les « positifs » sont tellement rares que lorsqu’ils sont découverts, ils ne peuvent se soustraire à ces spectacles et, sous la houlette de Max, le sarcastique maître de cérémonie, sont traités comme des esclaves de façon similaire aux gladiateurs de la Rome antique. Mais, au Café Flesh, on attend l’arrivée d’une nouvelle recrue prometteuse : la star Johnny Rico… Véritable ovni cinématographique réalisé en 1982 par Stephen Sayadaian sous le pseudonyme de Rinse Dream, Café Flesh fouille la question du désir, de la frustration et du voyeurisme à travers une esthétique sans équivalent. Orchestrant une orgie aussi délirante que jouissive entre les performances ritualisées du Cabaret de Bob Fosse, l’humour subversif d’un John Waters ou l’univers troublant et capiteux de David Lynch, le film suscita l’enthousiasme des plus grands noms de la contre-culture, de Frank Zappa à Hunter S. Thompson et Bertrand Mandico. Ce film qui sort, en version restaurée et non censurée (attention, il contient un certain nombre de plans pornographiques), pour la première fois en 4K Ultra HD et Blu-ray, est accompagné de multiples suppléments dont un entretien avec Stephen Sayadian (58 mn) qui raconte l’histoire rocambolesque de Café Flesh, de sa conception à sa redécouverte, en passant par son tournage « illégal ». Le coscénariste Jerry Stahl revient, lui, sur l’écriture de cette satire subversive de l’idéologie américaine et la comédienne Jessica Stoya loue le caractère novateur et complexe du film, et sa mise en abyme du voyeurisme. Enfin l’auteur et universitaire Jacob Smith analyse cette œuvre d’avant-garde postmoderne, totalement unique en son genre. Et puis, on peut voir, en trois minutes, une immersion dans les coulisses du tournage, filmée par des journalistes d’Eyewitness News. Une œuvre provocante et cul(te). (Carlotta)
MONTE WALSH
Les temps changent dans l’Ouest américain. En 1880, Monte Walsh et Chet Rollins, deux cow-boys au passé mouvementé, se retrouvent au chômage et seuls. Ils épousent respectivement une prostituée et la veuve d’un quincailler et acceptent de petits jobs au gré de leur vagabondage. Si Chet Rollins a des ambitions, Monte Walsh sacrifie surtout à l’alcool et à la débauche. Quant à leur ami Shorty Austin, il choisit le crime pour gagner de l’argent. Alors que plus personne n’a besoin du travail des cow-boys, ils vont devoir trouver leur place dans le monde… Au crépuscule de l’Ouest sauvage, Monte et Chet, ces deux copains sur le retour, se demandent bien quel est leur avenir. Et ils connaissent la réponse. L’Américain William A. Fraker (1923-2010) a fait l’essentiel de sa carrière comme directeur de la photo, notamment pour Roman Polanski (Rosemary’s Baby), Peter Yates (Bullitt), Steven Spielberg (1941), Mike Nichols (Le jour du dauphin) ou John Boorman (L’exorciste 2). Sa seule réalisation notable sur le grand écran est ce Monte Walsh, chant funèbre de l’Ouest des cow-boys. Sur une musique nostalgique et mélancolique de John Barry, voici l’un des meilleurs westerns crépusculaires. La réalisation est soignée et Monte Walsh devient, petit à petit, une œuvre poignante et même amère sur la fin d’une époque. Certes, il n’y a pas une action folle mais de beaux moments de cinéma comme lorsque Walsh tente de rouler sa cigarette matinale avec, sur les bras, Martine Bernard, une prostituée française plus de première jeunesse… Le film doit beaucoup à la triple interprétation de Lee Marvin (Monte Walsh), Jack Palance (Chet Rollins) et notre Jeanne Moreau nationale (Martine Bernard) qui venait de tourner avec Orson Welles dans The Deep, un film qui restera inachevé… Dans les suppléments, on trouve une présentation du film par Noël Simsolo, critique et historien du cinéma et Lee Marvin, un portrait intime (48 mn) par John Boorman qui le dirigea dans Le point de non-retour (1967) et Duel dans le Pacifique (1968). (Sidonis Calysta)
LE PASSAGE DE SANTA FE
Au milieu du 19e siècle, Kirby Randolph guide des convois à travers les territoires indiens. Pensant bien faire en allant négocier avec les Kiowas plutôt que devoir les affronter, il se fait pourtant avoir. Alors qu’il est en train de trinquer, avec Sam Beekman, son partenaire et le chef Satank, le gros de la tribu massacrait le convoi d’émigrants dont il avait la charge. A cause de cette tragédie, le travail de Kirby est déprécié. Du coup, il a beaucoup de mal à retrouver un emploi. Mais Jess Griswold qui croit en la seconde chance, lui confie la responsabilité d’un convoi qui doit se rendre à Santa Fe. Il tombe sous le charme de la promise de Griswold, la charmante Aurelie malgré le fait qu’elle ait refusé de se séparer de sa servante indienne. Car depuis sa terrible mésaventure, Kirby a pris en grippe tous les « peaux rouges ». La rivalité amoureuse entre Jess et Kirby, la cargaison d’armes transportée par les chariots et destinée à des insurgés mexicains, les Indiens sur le sentier de la guerre… Le voyage ne va pas être de tout repos… Metteur en scène prolifique entre 1937 et 1975, William Witney a surtout signé des séries B. Ici, en 1955, pour le compte des studios Republic, célèbres pour avoir produit Rio Grande de John Ford et Johnny Guitare de Nicholas Ray, il signe ce Santa Fe Passage qui, avec une belle photographie aux couleurs puissantes, multiplie les scènes d’action tout à fait efficaces, le tout dans les superbes décors naturels de l’Utah. Le film est interprété par deux comédiens vus dans de nombreuses séries B, John Payne en guide à la réputation détruite et Rod Cameron (Jess Griswold) et on remarque aussi, dans la peau de Sam Beekman, le comédien Slim Pickens qui accéda, en 1964, à la célébrité pour son rôle du commandant Kong, pilote texan d’un bombardier B-52 dans le film Docteur Folamour de Stanley Kubrick, faisant son dernier rodéo en hurlant à cheval sur une bombe atomique larguée sur l’URSS. Dans les suppléments, on trouve une présentation par Noël Simsolo et un livret redigé par Jean-François Giré. (Sidonis Calysta)
CHAIR POUR FRANKENSTEIN
Marié à sa sœur, le baron Frankenstein tente de créer des êtres parfaits à partir de cadavres. Il utilise des méthodes brutales et morbides, allant jusqu’à tuer des villageois pour obtenir la matière première nécessaire à sa « création ». Malgré ses efforts, les créatures qu’il crée refusent de se soumettre à son contrôle, ce qui mène à une révolte et à une fin sanglante. Figure du cinéma underground américain et réalisateur de la trilogie Flesh (1968), Trash (1970) et Heat (1972) en compagnie d’Andy Warhol, Paul Morrissey (1938-2024) fit, au milieu des seventies, une « escapade » transalpine pour mettre en scène Chair pour Frankenstein (1973) puis Du sang pour Dracula, l’année suivante, deux productions portées portée notamment par Carlo Ponti, Warhol ou… Jean Yanne ! Le film est connu pour son style trash, hystérique et excessif, mêlant horreur, érotisme et cruauté gore. Les scènes de violence et de sexualité sont particulièrement marquées, avec des dialogues choquants et des situations morbides. On peut aussi voir ce Frankenstein, doté d’ambitions nazifiantes, comme le créateur d’une nouvelle race aryenne, ce qui ajoute une dimension politique et controversée au film. Au côté de Joe Dallesandro (Nicolas, le paysan-valet de la baronne Frankenstein) et d’Udo Kier (le baron Frankenstein), on remarque deux belles du cinéma de ces années-là, l’Américaine d’origine belge Monique van Vooren qui incarne la baronne et l’Italienne Dalila di Lazzaro, mannequin des grandes maisons de mode puis actrice chez Lattuada, Comencini, Dario Argento ou Jacques Deray pour Trois hommes à abattre (1980) dans lequel elle donne la réplique à Alain Delon. Dans les suppléments, on trouve un livre (52 pages) écrit par Marc Toullec (Mad Movies), une présentation du film par Christophe Gans (55 min) et trois documents : Paul Morrissey, la chair et le sang (50 min), Udo Kier, l’extase de Frankenstein (18 min) et Joe Dallesandro en chair et en os (13 min) (Sidonis Calysta)
DU SANG POUR DRACULA
Le dernier descendant des Dracula, qui ne peut se nourrir que du sang de jeunes femmes vierges, est gravement malade car il ne trouve plus de quoi s’alimenter : du fait de la libéralisation des mœurs, les filles non déflorées se font rares. Avec son serviteur, il décide se rendre en Italie où il espère trouver de quoi se sustenter. Un marquis italien désargenté est prêt à lui offrir l’une de ses filles en mariage pour renflouer la fortune de la famille. Mais le vampire ignore que Mario Balato, le jardinier communiste du château est en train de séduire toutes les jeunes filles du voisinage, plus vite que lui-même ne peut boire leur sang. Morrrissey retrouve à nouveau ici Joe Dallensandro, son acteur de la trilogie Flesh, dans le rôle de Mario, le jardinier et l’Allemand Udo Kier, vu dans des films de Fassbinder, Borowczyk, Lars von Trier ou Werner Herzog qui compose un comte Dracula pathétique et souffreteux ou encore Vittorio de Sica en aristocrate italien ou Roman Polanski en joueur de cartes, non crédité au générique… Comme pour Chair pour Frankenstein, tous deux dans la collection Cauchemar, le réalisateur new-yorkais collabore avec Antonio Margheriti, prolifique pilier de la série B italienne et spécialiste du cinéma d’horreur. Toutefois, on évoque une controverse, le réalisateur italien aurait été mentionné au générique pour des raisons fiscales, entraînant un procès et une amende pour le prête-nom et le producteur. Il reste qu’ils donnent une relecture satirique et désenchantée (et moins hystérique que le Frankenstein) du mythe vampirique classique, considérée dans les années 70 comme un chef d’oeuvre du genre, mêlant horreur et érotisme.. Dans les suppléments, on trouve un livre (52 pages) écrit par Marc Toullec (Mad Movies), une présentation du film par Christophe Gans (55 min), Joe Dallesandro, les années Warhol (28 min) et Du sang pour Udo Kier (18 min). (Sidonis Calysta)
LES LINCEULS
Producteur, entre autres activités, de vidéos industrielles, Karsh, la cinquantaine, peine à se remettre de la mort de sa femme, Becca, emportée par un cancer. Il créée alors GraveTech, une application pour smartphones et ordinateurs utilisant une technologie aussi révolutionnaire que controversée à destination d’une clientèle à hauts revenus. Celle-ci permet aux familles — ainsi qu’aux personnes avec lesquelles elles partagent ces données — de voir le corps de leurs proches récemment disparus se décomposant dans leur cercueil, ce, grâce à un linceul digital connecté dont Karsh est l’inventeur, qui filme le corps en temps réel et en résolution 8K, à l’aide de « shroud cams ». Quand plusieurs tombes, dont celle de Becca (Diane Kruger), sont profanées, Karsh se lance à la recherche des responsables. Pour cela il demande de l’aide à son beau-frère geek, Maury, qui a participé à la conception de GraveTech. Maury constate que les données des neuf tombes vandalisées ont été volées, puis chiffrées, alors qu’il n’y a pas eu demande de rançon. De plus, il constate que l’appartement de Karsh est « contaminé », tout ce qu’il y fait est surveillé en temps réel. Après avoir réussi à décrypter quelques images, Maury réalise que les cadavres de ces neuf tombes présentent les mêmes nodules que Becca, contrairement à ceux dont les tombes sont restées intactes. Les neuf tombes ont donc bien été ciblées. Selon Maury et grâce à l’aide de deux jeunes hackers russes qu’il a embauchés afin de pirater le cimetière de Karsh, il pourrait s’agir d’un réseau de surveillance clandestin en Occident créé par le gouvernement chinois, par l’intermédiaire de « Shining Clothes Technologies », la compagnie chinoise qui a participé au développement de la « shroud cam » et qui serait encore en phase de tests sur des cadavres… avant de passer aux vivants. Le dernier film de David Cronenberg est, dit-il, « un projet très personnel pour moi. Les gens qui me connaissent sauront quelles parties sont autobiographiques ». De fait, David Cronenberg a puisé son inspiration dans la mort de sa femme en 2017. Avec un Vincent Cassel (Karsh) qui s’est fait la tête du cinéaste canadien, Les linceuls explore, autour des thèmes de la paranoïa et de la technologie, la difficulté de faire son deuil et les mécanismes de résilience. Un film intimiste et funèbre. (Pyramide)
BERGERS
Jeune publicitaire québecois en recherche d’un sens à sa vie, Mathyas décide de quitter brusquement son emploi et part pour la France afin de réaliser son rêve : devenir berger dans les Alpes provençales. En rupture de ban avec sa ville, son pays, et plus largement la société de consommation, il rêve de travailler de ses mains et surtout de vivre au rythme et au pas de la nature. Apprendre le métier de berger dont il ne connaît rien s’avère difficile mais sa rencontre avec Élise, une fonctionnaire de France Travail qui a quitté, elle aussi, son emploi, l’aide à traverser les épreuves de la montagne. Pour raconter, avec des images superbes, cette aventure aussi pastorale qu’intime, la cinéaste quebécoise Sophie Deraspe s’est appuyé sur le roman D’où viens-tu, berger ? de Mathyas Lefebure, paru en 2006. L’écrivain canadien (qui co-scénarise le film) y racontait ses dix années vécues en alpage dans le sud de la France. Il a fallu dix annés à Sophie Deraspe pour mener à bien son projet. Porté par un regard humaniste, Bergers est tout à la fois un âpre récit d’apprentissage, un beau plaidoyer en faveur d’un métier menacé de toutes parts (ce sont de vrais bergers qui jouent), le tout en respectant une sérieuse approche documentaire. Au côté de Solène Rigot, remarquée dans La permission de minuit (2011), son premier film, dans le rôle d’Elise, le Québecois Félix-Antoine Duval est Mathyas, confronté à la rudesse du métier de berger. Considérée comme l’une des principales figures du nouveau cinéma québécois, Sophie Deraspe signe, ici, son sixième long-métrage pour le cinéma qui questionne, comme ses œuvres précédentes, les limites, en particulier celles de la représentation, du « réel » et de la fiction. Le film explore les durs labeurs et les épreuves que rencontre Mathyas, mais aussi la passion et la quiétude qu’il trouve dans cette nouvelle vie. En cela, Bergers est aussi un film militant, plein d’ironie sur le système social et la folie du travail. Un beau périple, émouvant, sensible et physique ! (Pyramide)
MEXICO 86
Lors de la guerre civile au Guatemala, Maria, activiste opposée à la junte militaire, est contrainte de fuir son pays après l’assassinat, en 1976, de son conjoint. Elle se réfugie au Mexique sous une nouvelle identité, laissant son fils Marco à sa mère. Dix ans plus tard, Maria vit toujours à Mexico où elle continue son combat politique tout en travaillant comme correctrice dans un journal sous le nom de Julia. Sa mère, malade, lui ramène Marco, alors âgé de 10 ans. Maria doit alors faire un choix cornélien entre son rôle de mère et son engagement militant. La guerre civile guatémaltèque a opposé, entre 1960 et 1996, la junte militaire au pouvoir à divers groupes rebelles de gauche soutenus par les peuples autochtones mayas et les paysans ladinos qui constituent l’ensemble de la population pauvre des zones rurales. Formé à la Fémis, le réalisateur belgo-guatémaltèque César Diaz a fait ses débuts dans le cinéma de fiction avec Nuestras madres qui avait déjà pour trame de fond historique la guerre civile au Guatémala. Le film fut présenté à Cannes 2019 où il remporta la prestigieuse Caméra d’or. Ici, en proposant une reconstitution d’époque très crédible et en s’inspirant du parcours de sa propre mère, il mêle habilement thriller politique haletant et drame familial à travers des scènes de tension et des moments émouvants, notamment dans les relations entre Maria et son fils Marco. En s’appuyant sur la belle interprétation de Bérénice Béjo, vedette de The Artist (2011) ou Le passé (2013) d’Asghar Farhadi qui lui valut le prix d’interprétation féminine à Cannes 2013, le cinéaste parle d’exil et d’identité, de lutte politique et de maternité et de filiation. (Blaq Out)
TU NE MENTIRAS POINT
Dans l’Irlande de 1985, Bill Furlong, modeste entrepreneur dans la vente de charbon, tache de maintenir à flot son entreprise, et de subvenir aux besoins de sa famille forte de cinq filles. Un jour, lors d’une livraison au couvent du Bon Pasteur de sa ville, il fait une découverte qui le bouleverse. Ce secret longtemps dissimulé va le confronter à son passé d’orphelin et au silence complice d’une communauté vivant dans la peur. Adaptation du roman Ce genre de petites choses de Claire Keegan qui parle des drames liés aux couvents de la Madeleine en Irlande, des institutions catholiques à l’origine d’abus envers des jeunes femmes, le film du cinéaste belge Tim Mielants se penche au plus près sur Furlong, un témoin qui doit faire face à son impuissance et à sa propre histoire. Car cette histoire à la mise en scène épurée et à la narration retenue, évoque, comme l’avait fait auparavant The Magdalene Sisters (2002) du Britannique Peter Mullan, l’histoire dramatique des couvents de la Madeleine. Dans ces établissements religieux, créés en Irlande au 19e siècle, les jeunes filles, considérées comme perdues par leurs familles, étaient placées pour expier et racheter leurs péchés. Elles comptaient parmi elles des femmes violées, des jeunes filles mères, des orphelines et d’autres qui étaient un peu trop jolies ou un peu trop coquettes. Avec Tim Mielants, c’est un témoin, et non des victimes, qui est au coeur du récit. Bill Furlong est incarné par le grand Cillian Murphy, couronné en 2023 de l’Oscar du meilleur acteur pour Oppenheimer de Christopher Nolan. Ici, l’acteur irlandais, également connu pour son interprétation de Thomas « Tommy » Shelby, le chef de file dans la série Peaky Blinders, le regard perdu, mutique, est un bloc de douleur dans un récit qui plonge le spectateur dans le silence et dans une pénombre glaciale nés des traumatismes de son passé. Tu ne mentiras point évite de montrer frontalement les violences, laissant l’imagination du spectateur concevoir l’indicible. Loin du pathos, voici une réflexion profonde sur la responsabilité et la morale. (Condor)
LES INDOMPTÉS
En partant vivre en Californie, Muriel et son mari Lee commencent une nouvelle vie lorsque ce dernier revient de la Guerre de Corée. Cependant, cette stabilité retrouvée est bouleversée par l’arrivée du charismatique jeune frère de Lee, Julius, un joueur invétéré au passé secret. Un triangle amoureux se forme rapidement. Lee souhaite que tous les trois construisent une nouvelle vie ensemble à San Diego, mais Julius décide plutôt de se rendre à Las Vegas, où il trouve un emploi dans un casino. Il y rencontre Henry, un collègue de travail. Julius et Henry tombent amoureux et les deux hommes entament une relation amoureuse secrète, vivant ensemble dans une chambre de motel. Cette décision ébranle Muriel qui se lance dans une vie secrète en Californie, jouant sur des chevaux de course et découvrant un amour qu’elle n’aurait jamais cru possible après avoir rencontré Sandra, une voisine… Le film réalisé par Daniel Minahan est une adaptation de Et nous nous enfuirons sur des chevaux ardents, le premier roman de l’Américaine Shannon Pufahl, à la fois roman noir et chronique de l’Amérique des années cinquante qui abordait la place du désir et la quête de soi à travers le destin d’une poignée de personnages qui refusent de se conformer aux diktats de leur époque, concernant notamment la répression des minorités sexuelles. En jouant avec les codes du cinéma hollywoodien des années cinquante, le cinéaste donne à son film les atours d’un mélodrame « à l’ancienne ». Certes, n’est pas Douglas Sirk qui veut mais On Swift Horses (titre original) distille cependant, au fil d’un rythme paisible, une élégante poésie bienvenue tout en questionnant la violence du conformisme. L’image est soignée, la reconstitution d’époque de qualité et les comédiens achèvent de rendre ce drame romantique tout à fait plaisant. La Londonienne Daisy Edgar-Jones, découverte dans la mini-série Normal People en 2020, est Muriel, jeune femme en quête d’absolu qui va jouer gros, sur tous les plans, au risque de tout perdre. A ses côtés l’Australien Jacob Elordi (l’Elvis Presley du Priscilla de Sofia Coppola) est Julius, un mystérieux flambeur. Vintage certes comme l’Amérique des fifties mais non sans résonance avec l’époque actuelle… (Metropolitan)
IL ETAIT UNE FOIS EN CHINE 6 : DR WONG EN AMERIQUE
La saga Il était une fois en Chine raconte par le menu les multiples aventures de Wong Fei-Hong (1847-1924), personnage historique devenu une figure emblématique de la Chine populaire. Descendant de la lignée des moines de Shaolin et médecin, Wong Fei-Hong doit se battre contre des brigands, mais aussi les Britanniques et les Américains qui s’immiscent de plus en plus en Chine. Avec le volet n°6 mis en scène en 1997 par Sammo Hung, on retrouve Wong Fei-Hong qui se rend en Amérique avec Yee et Pied-bot pour visiter une succursale de sa clinique. Leur trajet est interrompu par une attaque d’Indiens, lors de laquelle Wong Fei-Hong est séparé de ses compagnons. Après l’attaque, Wong perd la mémoire… Le film explore les efforts de Wong pour retrouver sa mémoire et ses amis, tout en naviguant dans un environnement occidental hostile. Souvent comparé à Bruce Lee, l’acteur, producteur et spécialiste d’arts martiaux singapourien Jet Li a interprété Wong dans les trois premiers épisodes de la saga avant de laisser la place à Chiu Man-cheuk pour les volets 4 et 5. Le comédien, qu’on a vu aussi dans des films occidentaux comme L’arme fatale 4 (1998), Roméo doit mourir (2000), Le baiser mortel du dragon (2001) ou encore Expendables : Unité spéciale (2010), est de retour dans ce sixième opus où il brille dans un duel mémorable. En abordant les tensions entre le monde chinois et l’Occident, notamment à travers le thème du racisme anti-asiatique, le film fait aussi la part belle… au western en évoquant des thèmes comme les Indiens, les colons, les rascals et les desesperados, les villes vite sorties de terre et placées sous le contrôle de crapules corrompues sans oublier les vastes espaces ou la bagarre dans le saloon ! Mais qu’on se rassure, Wong est toujours un adepte du kung-fu. Un divertissement agréable, alliant humour et action et donc une touche de nostalgie western. (Metropolitan)
NOVOCAINE
Employé de banque à Saint Diego, en Californie, Nathan Caine est un brave type passablement transparent. Le genre grand couillon qui a peur des filles et passe ses nuits à jouer en ligne à des jeux de guerre. Nate Caine est normal. Presque. Il est en effet atteint d’une maladie rare, une CIP, autrement dit, en français, une insensibilité congénitale à la douleur. Jusque là, Nate se protégeait comme il pouvait des agressions du monde. Mais il n’est pas insensible au charme de la mignonne Sherry, guichetière dans sa banque. Mieux, Sherry lui sauve la mise lorsque, dans un bar où ils se retrouvent, débarque une grosse brute qui harcelait Nate au collège et le surnommait Novocaïne à cause de son problème… Tout part pourtant à vau l’eau lorsque trois braqueurs investissent, à la veille de Noël, la banque. Le directeur est tué, Sherry (Amber Midthunder) prise en otage, des policiers abattus et voilà Nate « empruntant » une voiture de police pour se lancer à la poursuite des méchants. De quoi passer pour un suspect potentiel aux yeux de la police… Voici donc l’improbable histoire d’un type qui ne souffre pas quand on lui tape dans le ventre. Une sorte de super-héros capable de plonger sa main dans un bain d’huile bouillante ou de prendre un carreau d’arbalète dans la cuisse sans même faire « Aïe ». Comme il le dit à un brave quincaillier chez lequel il referme une plaie avec de la super-glue : « Quand tu peux t’empaler sans t’en rendre compte, mieux vaut connaître les premiers secours ». Quitte à s’injecter un bon shot d’adrénaline. Geek maladroit et héros malgré lui, Jack Quaid, fils de Dennis Quaid et Meg Ryan, traverse toutes les épreuves en prenant de plus en plus de coups sans jamais se départir du flegme des « incassables ». Du coup, Nate va de bastons en bastons… Plutôt que des images de synthèse, Dan Berk et Robert Olsen, les réalisateurs, ont fait le choix d’effets spéciaux « à l’ancienne » avec des prothèses, du maquillage ou des cascades physiques. Avec une idée derrière la tête : insuffler à Novocaïne le ton fun et décalé propre aux blockbusters d’action qu’étaient Die Hard, L’arme fatale ou À toute épreuve. Mais on est quand même loin du compte. Le film a été un flop en salle. Seconde chance en dvd/blu-ray ? (Paramount)
RUMOURS
Réunis dans un château en Allemagne pour leur sommet annuel, les dirigeants des pays du G7 (États-Unis, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon et Royaume-Uni) s’installent en bordure d’une forêt, dans une jolie gloriette, pour préparer leur déclaration. Mais l’ambiance n’est pas au beau fixe. Le premier ministre canadien n’arrive pas à oublier l’aventure qu’il a eu avec la première ministre britannique et surtout tout le monde autour de la table sait qu’il est pris dans un vilain scandale politico-financier. Inquiet, le groupe constate que le personnel autour d’eux a disparu. Le Canadien va s’isoler dans la forêt. Bientôt suivi par la chancelière allemande. Pour apaiser son confrère, elle lui propose un… massage qui s’achève en jeu de la bête à deux dos. Bientôt, un inquiétant grondement sort de la forêt… En voulant retrouver le personnel disparu, les sept politiciens s’enfoncent plus avant dans une forêt qui s’avère pleine de périls et de mystères. Si l’on excepte la présence notable du personnage du président américain dans le cinéma hollywoodien, l’homme politique n’est pas récurrent sur le grand écran. Rumours, nuit blanche au sommet a donc d’emblée l’attrait d’une satire géopolitique qui, de plus, ne craint pas de s’aventurer sur le terrain du fantastique. Contraints, disent-ils, par la catastrophe imminente qui nous est désormais que trop familière, Guy Maddin, Galen Johnson et Evan Johnson, trio à l’imagination fertile, signent un film dont on est en droit de se demander s’il s’agit bien d’une… comédie. Car l’on voit des gens de pouvoir perdre complètement pied alors qu’on pourrait peut-être attendre d’eux une capacité à se grandir dans la crise. Il est vrai que leur nuit en forêt va devenir de plus en plus vertigineuse avec la rencontre de corps momifiés datant de l’Age de fer, d’un cerveau géant ou de zombies… Mais Rumours ne parvient pas à nous captiver complètement. Bien sûr, les comédiens, Cate Blanchett, Charles Dance, Denis Ménochet en tête, sont bons mais on demeure à l’extérieur de cette farce qui charrie, in fine, trop de grain à moudre… (Potemkine)
LA FURIE DES VAMPIRES
Charmantes étudiantes en sciences occultes, Elvire et Geneviève sont à la recherche du tombeau de la comtesse Wandesa, un personnage sanguinaire du Moyen âge dont la légende voudrait qu’elle ait eu des rapports avec le diable. Égarées en pleine campagne dans le nord de la France, elles sont accueillies dans la demeure isolée du comte Waldemar Daninsky, condamné à se transformer en loup-garou depuis qu’il a été lui-même mordu. À la fois scénariste, acteur et réalisateur, Paul Nashy (1934-2009) est une icône de l’horreur et du fantastique en Espagne et même au-delà. De son vrai nom Jacinto Molina, le cinéaste a en effet consacré sa carrière aux films d’épouvante, et plus particulièrement au personnage du célèbre loup-garou Waldemar Daninsky, qu’il a interprété pas moins de douze fois à l’écran. Si c’est le film Les vampires du Docteur Dracula (1968) qui voit la naissance de ce loup-garou, le réalisateur considère La furie des vampires, quatrième apparition du lycanthrope au cinéma, comme « la minute de vérité du genre en Espagne ». La furie… (réalisé par Léon Klimowsky) confronte loup-garou et vampires, dans un film à l’atmosphère particulière. Les apparitions de vampires sont présentées à travers des ralentis vaporeux, qui confèrent un aspect onirique, sensuel et surréaliste à ces scènes, marquant d’autant plus l’opposition avec le loup-garou, qui représente la force brute et la violence sanglante. Avec son cachet gothique et sa très belle photographie, l’ambiance rappelle parfois les productions de la Hammer. Si le film n’est pas des plus gores, les attaques de loup-garou ainsi que les morsures de vampires apportent leur lot de coulées de sang. Paul Naschy reprend donc ici son rôle et cosigne le scénario. Il est entouré de Patty Shepard, la comtesse tandis que Barbara Capell et Gaby Fuchs prêtent leurs traits aux deux jeunes étudiantes. Jusqu’ici sorti uniquement en DVD, et uniquement en VF, le film est un ajout de choix à la collection Angoisse de Rimini Éditions, qui propose de plus le film en version courte et version longue ! Le combo Blu- ray + 2 DVD est enrichi d’un livret de 24 pages. Dans les suppléments, on trouve une interview de Paul Nashy datant de 2003 et une autre avec l’historien du cinéma Laurent Aknin. (Rimini éditions)
SHADOW FORCE
Autrefois chefs d’un groupe multinational de forces spéciales appelé Shadow Force, une équipe clandestine de la CIA, qui commettait des assassinats au nom du gouvernement américain, Kyrah Owens et Isaac Sarr ont enfreint les limites. Malgré les règles imposées par Jack Cinder, le patron de Shadow Force, Isaac et Kyrah sont tombés amoureux et Kyrah a ensuite donné naissance à un fils, Ky. Les deux agents ont alors fait désertion et ont vécu dans la clandestinité pour élever leur enfant en paix. Mais l’explosif Jack Cinder ne supporte pas la défaite et refuse de leur pardonner leur acte de « trahison » à son égard. De plus, il était attiré de manière obsessionnelle par Kyrah… Le reste de la Shadow Force, dirigé par Jack Cinder, est alors envoyé à leurs trousses pour les tuer. Remarqué en 2012 en tant que coscénariste et réalisateur, avec L’agence tous risques, superproduction adaptée de la célèbre série éponyme des années 1980, l’Américain Joe Carnahan signe un film d’action qui s’ouvre sur une citation du neuropsychologue et romancier Paul Pearsall : « Notre instinct primaire n’est pas la survie, mais la famille ». Las, le scénario n’est pas bien gros, les personnages manquent d’épaisseur et on redemande de l’action. Dans le rôle de Kyrah, on trouve Kerry Washington, vue dans Ray (2004), Le dernier roi d’Ecosse (2006), Les couleurs du destin (2010) ou Django Unchained (2012). Cocorico, Isaac Sarr est incarné par Omar Sy qui n’écrit pas, malheuresuement, la page la plus flamboyante de sa carrière américaine. (Metropolitan)