LE PETIT ÉTRANGER PARANOÏAQUE ET LE DOCTEUR FREUD FACE A DIEU
LE LOCATAIRE
Petit homme timide, solitaire et réservé, M. Trelkovsky s’enquiert d’un appartement à louer dans un vieil immeuble parisien du nord de Paris. Mal embouchée, la concierge lui permet cependant de visiter les deux chambrettes, non sans lui apprendre, dans un éclat de rire, que Simone Choule, l’ancienne locataire, a voulu se suicider sans raison apparente, en se jetant de la fenêtre de l’appartement. Inquiet de savoir si Simone Choule peut revenir chez elle, Trelkovsky se rend à l’hôpital où Mlle Choule est sur le point de succomber. A cette occasion, il croise Stella, une amie de la mourante, avec laquelle il prend une boisson dans un café avant de se rendre dans un cinéma où ils flirtent allègrement. Après le décès de l’ancienne locataire, le futur occupant va rendre visite à M. Zy, le propriétaire des lieux, qui explique que l’immeuble est habité par des gens respectables et très soucieux de calme. Mais comme M. Zy dit apprécier le nouveau venu, il accepte de lui louer l’appartement. Quelques jours après avoir emménagé, Trelkovsky reçoit ses collègues de bureau. Ces derniers s’amusent en riant fort. Bientôt tout l’immeuble semble se liguer contre le petit homme. S’imaginait le bouc émissaire du voisinage, le modeste fonctionnaire d’origine polonaise sombre peu à peu dans la paranoïa et se met à imaginer que tous ses voisins le poussent au suicide. S’ouvrant sur un superbe et virtuose plan sur la façade de l’immeuble, Le locataire plante d’emblée le décor d’un univers froid et inquiétant. C’est dans un labyrinthe de couloirs, de paliers, d’escaliers que Polanski installe le malheureux Trelkovsky. Et que dire de la cour intérieure avec, en contrebas, la verrière, toujours brisée, dans laquelle s’est précipitée la malheureuse Mademoiselle Choule et qui semble vouloir maintenant aspirer ce brave type qui se fait un devoir de ne déranger personne et qui va petit à petit déranger tout le monde. Tiré du roman Le locataire chimérique de l’écrivain français Roland Topor publié en 1964, The Tenant (en v.o.) est le dernier volet de la « Trilogie des appartements maudits », après Répulsion (1965) tourné à Londres et Rosemary’s Baby (1968) tourné à New York. Avec Chinatown (1974), dernier film qu’il tourne aux USA avant son départ pour l’Europe, Polanski avait connu un imposant succès. Le cinéaste avait envie de revenir à un projet plus « serré » et aussi de tourner à Paris, sa ville natale. De fait, Raymond Thierry Liebling, qui deviendra Roman Polanski, est né en août 1933 dans le 11e arrondissement de la capitale avant que ses parents ne décident, en 1937, de retourner vivre en Pologne. Polanski réussit, ici, en 1976, un sommet d’angoisse kafkaïenne et dirige une impressionnante galerie de personnages qui semblent, tous, vouloir en attenter à l’intégrité mentale de cet étranger que Polanski compose avec un maximum d’ambiguïté. Autour de lui, on trouve une large palette d’acteurs américains comme Melvyn Douglas, Shelly Winters, Jo van Fleet ou français comme Isabelle Adjani (Stella), Bernard Fresson, Claude Dauphin, Rufus, Romain Bouteille, Claude Piéplu ou encore Josiane Balasko, Gérard Jugnot ou Michel Blanc à leurs débuts. Le locataire, disponible pour la première fois en Blu-ray et dans une restauration 4K Ultra HD, sort dans une belle édition riche en suppléments. On y trouve Paranoïaque à Paris (23 mn), un entretien inédit en France dans lequel le cinéaste se remémore le tournage du film. Dans L’artiste invisible (15 mn), le directeur de la photographie François Catonné, alors assistant opérateur sur le film, raconte avec enthousiasme un tournage qui fut l’un des plus beaux moments de sa vie et n’hésite pas à parler de Polanski comme d’un génie du cinéma.. Avec Assurer la continuité (5 mn), la scripte en chef du film, Sylvette Baudrot, livre des souvenirs et anecdotes de tournage. Etranger (32 mn) est un entretien inédit avec Samuel Blumenfeld, journaliste et critique au Monde. Pour sa part, David Gregory a imaginé un récit de voyage (11 mn) qui visite les quartiers de Paris présents dans le film. Enfin, en audio, on peut suivre une analyse du film (20 mn) par Samm Deighan et des entretiens, dirigés par Frédéric Albert Lévy, avec l’écrivain Roland Topor (1980 – 6 mn) et le scénariste Gérard Brach (1986 – 5 mn). (Carlotta)
FREUD – LA DERNIERE CONFESSION
A la veille de la Seconde Guerre mondiale, Sigmund Freud s’est réfugié à Londres, en compagnie de sa fille Anna. Sous l’effet de l’âge et de la maladie, la figure emblématique de la psychanalyse s’est changée en un vieillard aigri et capricieux. Tournant en rond dans son grand appartement des beaux quartiers d’Hampstead, Freud souffre d’un cancer de la bouche qu’il tente de « soigner » en mélangeant whisky et morphine. Sa curiosité est piquée au vif lorsqu’un certain C.S Lewis, professeur de littérature anglaise à Oxford, romancier et chrétien revendiqué, le mentionne dans l’une de ses publications. C’est ce C.S. Lewis qui sonne à la porte de Freud. Rapidement les deux hommes vont s’affronter à fleuret moucheté autour de la question de Dieu… Adaptation de Freud’s last session, la pièce de théâtre de Mark St. Germain, elle-même inspirée d’un ouvrage intitulé The Question of God rédigé par Armand Nicholi, docteur en psychiatrie et professeur à Harvard, le film se penche sur l’idée que deux personnes puissent s’engager dans une discussion sur une question aussi controversée que l’existence de Dieu, et qu’elles le fassent avec la volonté sincère d’échanger. Un propos qui a fasciné l’Américain Matthew Brown convaincu que tolérance et respect mutuel sont essentielles. Voici donc un quasi huis-clos avec la rencontre de deux intellectuels qui commencent par se tourner autour, tentant de se cerner l’autre, d’observer ses failles comme ses certitudes. Face à son célèbre divan, Freud est un homme au bout du rouleau qui écoute la radio pour se tenir au courant de l’état du monde et entend Hitler prôner l’annihilation de la race juive en Europe mais aussi le premier ministre Chamberlain annoncer l’entrée en guerre de l’Angleterre. Face à lui, C.S. Lewis, souriant et attentif, le regarde évoluer dans son univers, aller et venir, revenant l’« affronter » dans sa certitude que Dieu existe. A l’occasion d’une alerte aérienne, les deux hommes se retrouvent dans un abri dans le sous-sol d’une église. Tandis que Freud reconnaît la statue de Sainte Dymphne, la patronne des fous et des égarés, Lewis, secoué par le vacarme des sirènes, est pris d’une crise liée à un stress post-traumatique. Dans les tranchées de 14-18, il a assisté à la mort de son meilleur ami, déchiqueté sous ses yeux. Dans sa mise en scène, Brown se garde d’un récit linéaire, choisissant d’explorer le subconscient de ses personnages en utilisant des flashbacks ou des éléments de fantaisie pour rester, ainsi, dans une fidélité aux écrits de Freud et Lewis, le premier étant l’auteur de L’Interprétation des rêves, le second ayant, au côté de Tolkien notamment, construit des univers fantastiques comme le fameux Monde de Narnia. Sigmund Freud, toujours malmené par sa souffrance, disserte sur les blagues juives, sur la Sehnsucht, sur la Bible, grand recueil de mythes et de légendes souvent brandi comme une arme. « Mais Jésus a existé » contre Lewis. « Mes patients qui se prennent pour Dieu, aussi » rétorque Freud. Au fur et à mesure de l’échange, le film dessine un Freud, fervent incroyant fasciné par les croyances, constatant « Nous sommes tous lâches devant la mort ». Un Freud profondément traumatisé par la mort de sa fille aînée Sophie mais capable aussi de remettre constamment en question ses propres idées. Anthony Hopkins se glisse, avec une parfaite aisance, dans la peau d’un praticien fatigué et hanté, révélant un homme empreint d’une grande humanité et regardant sa propre mortalité en face. Quant à Matthew Goode, connu pour avoir été l’interprète de Lord Snowdon dans la série The Crown, il est un Lewis paisible en apparence et tourmenté en profondeur. Dans la réalité historique, il n’y a pas de traces de la rencontre entre Freud et Lewis. Mais des recherches ont montré que Freud avait bien reçu, à Londres, un professeur d’Oxford dont l’identité n’a jamais été connue. Et si ça avait été C.S. Lewis ? L’idée, en tout cas, est belle… (Condor)
HONG KONG 1941
Trois amis, deux hommes et une femme, vivent dans la colonie britannique juste avant la bataille de Hong Kong. Ils devront survivre durant l’occupation militaire de la ville par les troupes nippones. Han Yuk-nam raconte ce qu’elle a vécu durant ces années. Jeune femme séduisante qui voulait échapper au sinistre mariage arrangé par son père, un riche marchand de riz, elle est en proie à de terribles crises de douleur. Son turbulent ami d’enfance, John Koh-wang, dont la famille était riche mais désormais devenue pauvre, est un jeune homme débrouillard et est amoureux d’elle. David Fei est, pour sa part, un comédien venu du nord qui veut émigrer aux États-Unis ou en Australie. Ils forment un trio inséparable mais le jour où ils tentent de quitter Hong Kong, l’invasion japonaise les en empêche. Fei devient alors collaborateur pour les Japonais afin de sauver la vie de ses amis. Évoquant d’abord, par son savoureux cocktail d’aventure et de légèreté, un Jules et Jim à la manière de Hong Kong, l’histoire du triangle amoureux formé par la belle Han Yuck-nam et ses deux soupirants John Koh-wang et David Fei bascule bientôt dans le film de résistance d’un peuple occupé. Mêlant avec brio comédie et cinéma de guerre, romance et action, politique et tragédie, Hong Kong 1941, réalisé en 1984, parvient à une remarquable cohérence grâce à l’habileté de sa narration et à la richesse de sa mise en scène. Voici un savoureux mélange de romance et action qui doit beaucoup à son trio de stars hongkongaises au charisme irrésistible, à commencer par Chow Yun-fat, largement reconnu aussi au plan international et dont le nom est indissociable de John Woo avec lequel il tourna Le syndicat du crime (1986), City of Fire (1987) ou The Killer (1989). A ses côtés, on trouve Cecilia Yip découverte en 1982 dans Nomad de Patrick Tam et Alex Man, vu dans As Tears Go By (1988) de Wong Kar-wai, dans le rôle de John Koh-wang. Ce film à découvrir, pour la première fois en Blu-ray dans une nouvelle restauration 4K, est accompagné, comme très souvent chez Carlotta, par de nombreux suppléments. Ainsi, dans Croiser les cultures (22 mn), Po-Chih Leong revient sur ses débuts à la BBC, son arrivée à Hong Kong et sa proximité avec d’autres cinéastes de l’archipel tels que Tsui Hark, Ann Hui ou John Woo. On peut aussi découvrir, autour du film et de la question identitaire (22 mn) une masterclass tournée en 2023 à Udine, dans le cadre du Far East Film Festival, dans laquelle le cinéaste détaille son travail de mise en scène visant à retranscrire une société au bord du chaos. Dans une interview (30 mn), Tony Rayns, historien du cinéma, rappelle la place majeure du film de Po-chih Leong à l’époque de sa production comme au sein de la Nouvelle Vague hongkongaise. Enfin, on trouve, ici trois entretiens d’époque avec les comédiens Chow Yun-Fat (13 mn), Cecilia Yip (12 mn) et Paul Chun Pui (8 mn). (Carlotta)
THE ISLAND
Le professeur Cheung emmène six de ses élèves en excursion sur une île déserte. À leur arrivée, ils font la rencontre de trois frères, derniers habitants de l’île, qui tiennent une épicerie locale. Les adolescents et leur professeur se sentent mal à l’aise en leur compagnie, et pour cause : au chevet de leur mère mourante, les frères ont juré de marier le benjamin afin de prolonger leur lignée… Après avoir jeté leur dévolu sur une réfugiée chinoise qui s’avéra être impure à leurs yeux, la jeune Phyllis semble être la proie idéale. Mais ses camarades de classe tout comme M. Cheung refusent de se soumettre et vont se lancer dans une lutte sans merci contre la terrible fratrie… Le cinéaste sino-britannique Po-chih Leong, né à Londres en 1939, signe ici, en 1985, son film de genre le plus abouti, lorgnant aussi bien du côté du Délivrance de Boorman que du fameux Massacre à la tronçonneuse de Hooper ou encore de La colline a des yeux de Craven. Suivant les traces de ses illustres prédécesseurs occidentaux, The Island met en scène un conflit de classes aigu opposant des citadins éduqués aux membres violents d’une communauté rurale isolée. Po-chih Leong prouve avec brio que le survival movie est tout aussi terrifiant sur une île déserte de l’Asie du Sud-Est que dans les contrées reculées des États-Unis. Une édition inédite en Blu-ray présentée dans une nouvelle restauration 2K. Dans les suppléments, avec Croiser les genres : un entretien avec Po-Chih Leong (20 mn), le cinéaste revient sur sa riche filmographie et sur l’hybridation des genres, qu’il considère comme une caractéristique majeure du cinéma asiatique contemporain. Avec Un cinéma de survie (23 mn), le cinéaste, lors d’une masterclass tournée en 2023 à Udine, dans le cadre du Far East Film Festival, évoque la genèse de The Island et l’enjeu de son tournage en pleine nature. Enfin, dans une interview (17 mn), l’historien Tony Rayns rappelle les influences du cinéma d’horreur américain et hongkongais sur The Island et analyse la singularité du film de Po-chih Leong. Le Massacre à la tronçonneuse hongkongais, une pépite totalement inédite ! (Carlotta)
A NORMAL FAMILY
Avocat fortuné et matérialiste, Jae-wan s’est remarié, après la disparition de son épouse, avec Ji-soo, jeune propriétaire d’une pâtisserie. Son frère cadet, Jae-gyoo, est un chirurgien idéaliste qui travaille à l’hôpital et mène une vie bourgeoise aisée mais moins riche avec son épouse, Yeon-kyeong, traductrice. Hébergée chez Jae-gyoo, la mère des deux frères souffre manifestement de la maladie d’Alzheimer. Les deux frères et leurs épouses se retrouvent dans une restaurant de luxe de Séoul pour dîner et évoquer le départ de leur mère dans un luxueux établissement de retraite. Les tensions sont manifestes. Pendant ce temps là, Si-ho et Hye-yoon, leurs enfants respectifs, passent la soirée ensemble à boire et à fumer. Dans la nuit, cette sortie des cousins vire au cauchemar extra-violent. Dans une ruelle, les deux tabassent à mort un SDF qui s’est trouvé sur leur passage. Une caméra de surveillance filme toute l’agression et les images deviennent rapidement virales sur les réseaux sociaux… Film sud-coréen tourné en 2023 par Jin-Ho Hur, A Normal Family est une adaptation du roman Le dîner du romancier néerlandais Herman Koch qui raconte comment la loyauté de quatre parents envers leurs enfants est mise à l’épreuve quand il s’avère qu’ils ont un crime sur la conscience : peut-on continuer à protéger ses enfants dans de telles circonstances ? Inspiré d’un fait-divers réel qui s’est produit à Barcelone en 2005, le roman a été un succès de librairie et a donné lieu à pas moins de trois films hollandais (2013), italien (Nos enfants, 2014) et américain (The Dinner, 2017) ce dernier avec Richard Gere et Laura Linney. Ici, c’est donc au tour du cinéaste coréen Jin-Ho Hur d’explorer le fonctionnement de deux familles bourgeoises dans une situation qui met à l’épreuve leurs valeurs morales et leur sens de la famille. A travers ces quatre adultes et leurs deux adolescents incarnés par d’excellents comédiens (Sul Kyeong-gu, Jang Dong-gun, Kim Hee-ae, Claudia Kim, Hong Ye-ji et Kim Jung-chul), le film interroge aussi bien la déshumanisation et le rejet des comportements altruistes dans la société contemporaine que les fractures générationnelles. Dans des décors composés souvent d’intérieurs luxueux, la mise en scène est quasiment froide et clinique avant de faire affleurer les tensions pour faire de A Normal Family, un thriller glaçant qui dépeint avec cynisme les contradictions de la bourgeoisie coréenne, tout en posant des questions universelles sur la morale et la famille. « J’ai essayé, dit le cinéaste, de dépeindre la nature humaine qui se révèle lorsque des personnages dans leurs apparences parfaites se retrouvent dans des situations inattendues. » (Diaphana)
UN HOMME EN OR
Fonctionnaire modeste et sans ambition, Papon mène une vie paisible avec son épouse Jeannette, qu’il aime profondément. Un jour, il découvre que sa femme le trompe. Plutôt que de réagir avec colère, il décide de tout ignorer et cache cette découverte. Il se lance dans les affaires et devient très riche. Il pense, de cette façon, reconquérir son épouse (Suzy Vernon), mais c’est seulement lorsqu’elle apprend sa délicatesse qu’elle lui demande de lui pardonner. Jean Dréville (1906-1997) est aujourd’hui un réalisateur français quelque peu tombé dans l’oubli. Formé au dessin publicitaire et à la photographie, il écrit des critiques dans des revues de cinéma avant de tourner, en 1928, son premier film, en l’occurrence un documentaire sur le tournage de L’argent de Marcel Lherbier. En 1944, il fait tourner Noël-Noël dans Les casse-pieds pour lequel il obtiendra le prix Louis Delluc. C’est aussi lui qui lance la carrière cinématographique de Bourvil en 1945 avec La ferme du pendu. C’est en 1934 que Dréville tourne Un homme en or (présenté dans une belle édition Blu-ray) qui évoque aussi bien la trahison et le pardon, la quête de la réussite matérielle que les relations conjugales et la réconciliation. Si le film ne brille pas par son action, il est remarquable par son écriture et son audacieuse mise en images à laquelle Léonce-Henri Burel n’est sans doute pas étranger. Collaborateur d’Abel Gance, notamment pour La roue (1920) et Napoléon (1927), Burel était l’un des plus grands directeurs de la photographie des années vingt et trente. Enfin, Un homme en or est l’un des beaux rôles d’Harry Baur (1880-1943) considéré comme l’un des plus grands acteurs de la première moitié du 20e siècle. Né à Paris et fils de Meinrad Baur, un horloger alsacien originaire de Heimsbrunn, le comédien était un « monstre sacré » dont la carrière décolle en 1930 avec la rencontre de Julien Duvivier pour David Golder, le premier film parlant du réalisateur. Baur sera aussi un grand Jean Valjean dans Les misérables de Raymond Bernard et un Beethoven saisissant dans Un grand amour de Beethoven (1936) de Gance. Avec Papon, Harry Baur compose un personnage tout en subtilité. Son petit fonctionnaire devenu très riche est un honnête homme qui pense que le pardon est la plus belle forme du courage. (Gaumont)
LIFE OF CHUCK
Dans la classe de Marty Anderson, un élève planche sur un texte de Walt Whitman. Quand soudain, la vie s’arrête. Exit l’étude du plus grand poète de la littérature américaine. Une partie de la Californie vient de disparaître dans le Pacifique. Pire que cela, les téléphones portables ne fonctionnent plus. Internet a rendu l’âme. La télévision ne diffuse plus rien… sauf une étrange « pub » qui, avec le visage souriant d’un parfait comptable, salue les 39 merveilleuses années de Charles Krantz. Thanks Chuck ! Dans les rues de la ville, tout n’est qu’encombrements, embouteillages, désolation. Ici et là, on remarque le Thanks Chuck… Philosophes, Marty et son voisin sont bien obligés de constater que quelque chose se termine. La fin du monde, tout bonnement ? Dans le ciel, les étoiles et les planètes s’éteignent toutes. Le comptable, on le retrouve, déambulant dans une ville où il est venu pour une réunion. Pas loin de là, une jeune musicienne de rue a installé sa batterie. Elle commence à jouer lorsqu’Arthur Krantz s’approche. Doucement, le comptable, gentiment étriqué, se met à bouger. Bientôt il se lance dans une chorégraphie aussi élégante qu’enlevée. Janice Halliday vient de quitter la librairie où elle a passé une rude journée de travail. De plus, son petit copain l’a laissé tomber. Par la grâce de la musique et à cause de l’invitation de Chuck, elle va entrer dans la danse. Tous les deux offrent un superbe spectacle aux passants… Ayant perdu ses parents dans un accident de la circulation, le petit Chuck est élevé par ses grands parents. Enfant, il passe une enfance heureuse. Sarah, sa grand-mère, est fan autant de cuisine que de rock. C’est elle qui lui donnera l’amour de la danse. Quant à Albie, son grand-père, c’est un homme des chiffres qui a malheureusement un penchant pour l’alcool. C’est pourtant avec lui que Chuck apprendra que la pratique des nombres est un art. Et puis, Albie garde les clés d’une pièce fermée de leur grande maison victorienne. Là haut, sous les toits, se cache un mystère qui ne cesse d’intriguer le gamin… Le réalisateur américain Mike Flanagan adapte une nouvelle presque joyeuse de Stephen King. En trois chapitres qui remontent le temps, voici la vie extraordinaire d’un homme ordinaire. Dans ce conte très lumineux et baigné d’onirisme, on entend revenir, comme un mantra, les mots de Whitman : « Je suis vaste. Je contiens des multitudes ». Comme l’existence de chacun, affirme le cinéaste. Avec une belle distribution (Tom Hiddleston, Chiwetel Ejiofor, Karen Gillan, Jacob Tremblay et Mark -Star Wars- Hamill), voici une aventure humaine teintée de tristesse mais qui séduit profondément. (Nour Films)
LES COPAINS D’EDDIE COYLE
Petit truand sans envergure et quasiment au bout du rouleau, Eddie Coyle vit de petits boulots, de combines, de trafic d’armes et de contrebande. Pour échapper à une condamnation et éviter de finir ses jours derrière les barreaux, il accepte de travailler comme indicateur pour Dave Foley, un agent du FBI. Tourné dans un Boston sombre et poisseux, entre bars misérables et parkings sordides, The Friends of Eddie Coyle est un polar noir à l’extrême, notamment grâce au style sobre et épuré de Peter Yates. Le réalisateur du fameux Bullitt (1968) avec Steve McQueen en lieutenant de police de San Francisco, devenu célèbre pour sa course-poursuite dans les rues de Frisco, adapte, ici le roman éponyme de George V. Higgins, écrivain américain reconnu pour la qualité de ses dialogues. Le cinéaste britannique (1929-2011) s’attache à l’atmosphère de son film. Jouant sur des ambiances feutrées, des personnages crédibles aux regards fatigués, Yates opte pour un style quasi documentaire, ne tournant aucune scène en studio. Sans effets spectaculaires et avec peu de coups de feu, le réalisateur parvient pourtant à captiver, grâce à sa façon de laisser l’action s’installer. Visuellement, le film est une belle réussite grâce aux plans millimétrés de Peter Yates et à la superbe photographie de Victor J. Kemper (Un Après-midi de chien en 1975). Dans cette histoire qui dresse le portrait d’une bande de malfrats minables au cœur d’une Amérique grise, on trouve le légendaire Robert Mitchum dans ce qui est considéré comme l’un de ses plus beaux rôles. L’acteur qui venait de tourner La fille de Ryan (1970) de David Lean et qui allait enchaîner avec Yakusa (1974) de Sydney Pollack, incarne, ici, un criminel usé, qui tente tant bien que mal de s’épargner la prison et de sauver sa famille. À ses côtés, on retrouve dans un grand second rôle, Peter Boyle dans le rôle de l’inquiétant Dillon et Richard Jordan en agent du FBI. A sa sortie, le film ne rencontra pas de succès. Aujourd’hui il apparaît comme une référence du film noir. Longtemps relativement confidentiel, le film n’est jamais sorti en France en dvd ni en Blu-Ray. Voici donc une belle édition avec un livret (44 p.) sur la genèse du film et, en bonus, une conversation passionnante entre Jean-Baptiste Thoret, auteur du Cinéma américain des années 70 et Samuel Blumenfeld, critique au Monde. (Rimini éditions)
HOT MILK
Par un été chaud et étouffant, Rose et sa fille Sofia se rendent à Almeria, station balnéaire du sud de l’Espagne. Rose, qui se trouve clouée dans un fauteuil roulant, vient consulter l’étrange docteur Gómez qui pourrait soulager ses souffrances. Jusque-là entravée par une mère possessive, Sofia se sent pousser des ailes surtout lorsqu’elle croise, sur la plage, l’énigmatique Ingrid. Cette baroudeuse libre et cool qui ne fonctionne que selon ses règles, fascine Sofia qui va peu à peu céder à son charme magnétique. Tandis que Sofia s’émancipe, Rose ne supporte pas de voir sa fille lui échapper. Bientôt de vieilles rancœurs qui pèsent depuis longtemps sur la relation entre les deux Britanniques vont éclater au grand jour… Premier long-métrage de la scénariste anglaise Rebecca Lenkiewicz, Hot Milk est une adaptation du roman éponyme de l’Anglaise Deborah Levy qui fut, à la parution du livre en 2016, comparée à Virginia Woolf. Scénariste d’Ida (Pawel Pawlikowski, 2013) ou de Déobéissance (Sebatian Lelio, 2017), Rebecca Lenkiewicz s’attache, ici, à trois femmes prises, chacune à sa manière, dans un solide dilemme. Sur une terre étrangère où elles sont venues dans l’espoir d’une potentielle « guérison », la mère et la fille vont être amenées à s’éloigner l’une de l’autre. Malgré les efforts de Gomez, Rose va devoir s’accepter tandis que Sofia va enfin s’arracher à une pesante dépendance en apprenant à s’imposer, poussée par Ingrid en révélateur amoureux. A son directeur de la photo Christopher Blauvelt, la cinéaste a indiqué deux références pour créer l’univers visuel du film, d’une part Tous les autres s’appellent Ali (1974) de Fassbinder et certains aspects de 37°2 le matin (1986) de Beineix. Malgré un récit parfois hésitant, le film vaut par sa dimension féministe et par sa belle interprétation avec Fiona Shaw (Rose), une grande dame de la scène et du cinéma britannique, la Franco-anglaise Emma Mackey (vue dans Eiffel de Martin Bourboulon en 2022) en Sofia étouffée puis bouleversée et enfin la Luxembourgeoise Vicky Krieps, découverte dans Phantom Thread (2017) de Paul Thomas Anderson, qui passe comme une lumineuse et torride étoile filante. (Metropolitan)
LA VIE, L’AMOUR, LES VACHES
Mitch Robbins, Phil Berquist et Ed Furillo sont trois amis proches de la quarantaine, chacun traversant une crise existentielle. Après une escapade mouvementée à Pampelune pour les fêtes de San Fermin, Mitch rentre à New York avec un sentiment d’ennui profond et de vide grandissant. Lors d’une soirée, Phil et Ed lui présentent une brochure pour une aventure insolite : une expédition de deux semaines pour convoyer un troupeau de vaches du Nouveau-Mexique jusqu’au Colorado. Sur place, ils rencontrent Curly, un cow-boy bourru et taiseux qui, en se révélant sage et fascinant, bouleversera leurs vies… Vous approchez de la quarantaine, vous êtes en pleine crise existentielle ? Ou vous avez juste envie de regarder une chouette comédie, un western décalé et déjanté ? Alors, ce film est fait pour vous ! Réalisé en 1991 par Ron Underwood, City Slickers (en v.o.) est un western culte, qui narre les aventures improbables et délirantes d’une bande de potes, avec en fond les paysages sauvages de l’Ouest américain. Au casting, on trouve d’excellents comédiens comme Billy Cristal (Quand Harry rencontre Sally, 1989), Daniel Stern (Marvin dans Maman, j’ai raté l’avion, 1990) Bruno Kirby (Le parrain 2, 1974) sans oublier, évidemment, le vétéran Jack Palance dans le rôle de Curly. Il reprendra d’ailleurs le personnage du cow-boy en 1994 dans L’or de Curly. Une excellente performance, qui lui vaudra l’Oscar et le Golden Globe du meilleur acteur dans un seconde rôle. Ce western déjanté obtint d’ailleurs d’autres récompenses, dont le Golden Globe du meilleur acteur pour Billy Cristal. Comédie à la fois drôle et touchante, brillamment interprétée et offrant une réflexion sur le sens de la vie, La vie, l’amour, les vaches était inédit en Blu-ray en France. Après un gros travail de remasterisation, voici le film dans deux belles éditions enrichies de nombreux bonus, dont deux suppléments inédits réalisés spécialement pour cette édition, ainsi que d’un livret exclusif de 28 pages et de nombreux goodies pour l’édition collector. (Bubbelpop)
ET MAINTENANT ON L’APPELLE EL MAGNIFOCO
Gentleman raffiné élevé en Europe, Sir Thomas Fitzpatrick Philip Moore débarque au coeur du Far West pour retrouver son père. Thomas détonne dans cet univers brutal. Ce « pied tendre » préfère la poésie aux revolvers, et la bicyclette au cheval. Refusant de se battre, il devient rapidement la cible des bandits locaux. Contre toute attente, son style, sa ruse et sa maîtrise vont lui permettre de retourner les situations les plus dangereuses à son avantage. Et un jour, il va devoir se frotter au gunman Morton qui convoite sa fiancée… Comment passer de poète rêveur et peureux, à un pistolero aguerri ? En 1973, alors qu’il est au sommet de son art après le triomphe des westerns comiques en duo avec Bud Spencer (On l’appelle Trinita, 1973), c’est en solo que le légendaire Terence Hill revient sur le grand écran, ave E poi lo chiamarono El Magnifico (en v.o.) dans une mise en scène de son compatriote italien E.B. Clucher, auteur de plusieurs films de la saga Trinita. Maladroit mais irrésistible en cow-boy, Terence Hill (de son vrai nom Massimo Girotti) interprète un anti-héros flamboyant, drôle et attachant, à la bonne humeur réjouissante, et confirme son talent charismatique pour la comédie. Partageant des similitudes remarquées avec l’album Le pied tendre de Morris (de la série Lucky Luke), Et maintenant, on l’appelle… est un western culte, qui casse les codes du western spaghetti. Le scénario, qui repose sur la confrontation du gentilhomme distingué à la rudesse de l’Ouest, s’avère fin et intelligent, tout en permettant de nombreux gags. Entre parodie et hommage, Clucher (alias Enzo Barboni) signe ici un western étonnant, qui n’était encore jamais sorti en Blu-ray en France. Pour les fans du genre et de Terence Hill, c’est l’occasion de redécouvrir le film dans les meilleures conditions puisqu’il a été entièrement remasterisé. L’éditeur propose deux magnifiques éditions comprenant Blu-Ray + dvd, ainsi que des bonus exclusifs passionnant, un livret de 28 pages, et de nombreux goodies pour l’édition spéciale limitée. Sur les deux éditions, on trouvera aussi de bons supplément avec On l’appelle El Magnifico (29 mn) par Jean-François Rauger et Entre western et comédie, la signature Terence Hill (30 mn) par Philippe Lombard. (Bubbelpop)
SUR LA ROUTE DE PAPA
Alors que son couple avec Sophie bat de l’aile, l’architecte Kamel est sur le point de signer son prochain grand projet avec des investisseurs qataris à Los Angeles. Il souhaite profiter de ce déplacement professionnel pour y emmener sa femme et ses deux enfants. Sauf qu’au même moment, sa mère Mima s’est mise en tête de ramener la vieille Renault 21 de feu son mari au village de ses origines au Maroc, juste à temps pour y célébrer un mariage. Guère confiante derrière le volant, Mima parvient à convaincre son fils de la conduire. Kamel accepte sous la pression de ses sœurs et par mauvaise conscience envers son milieu d’origine. Quoique toujours dans l’espoir d’avoir accompli cette corvée familiale avant son rendez-vous décisif à l’autre bout du monde, moins d’une semaine plus tard. Connu pour ses performances en stand-ups, Redouane Bougheraba, quitte, ici son registre habituel et se glisse, sans improvisation, dans le personnage de Kamel. Cela devant la caméra de Nabil Aitakkaouali et Olivier Dacourt. Amis depuis plus de vingt ans, Aitakkaouali et Dacourt (ancien international de football et joueur du Racing Strasbourg de 1992 à 1998) signent leur premier film. Inspirés par leur propre histoire et leurs souvenirs, ils ont eux-mêmes parcouru, pour préparer le tournage, les 2400 kilomètres qui séparent Aulnay-sous-Bois du bled… Plus qu’une comédie ou qu’un road-movie, Sur la route de papa explore la question de la transmission, des origines et des liens familiaux. Le film retrace ainsi le trajet emprunté par tant de familles immigrées entre souvenirs d’enfance, choc culturel et quête de soi. Tandis qu’à bord de la vieille bagnole, les rôles de chacun se redéfinissent, le périple devient, sur fond de rires, de rancœurs enfouies, de petits incidents fâcheux et de nostalgie, une allégorie sur les racines, la bienveillance, l’échange et le partage au sein de la famille. Une tendre comédie qui avance bien, portée par de bons comédiens et spécialement Farida Ouchani en robuste et attachante grand-mère… (UGC)
BALLERINA
Après la mort de son père, Eve Macarro, désormais orpheline, est recrutée dans la Ruska Roma, organisation criminelle puissante dont son père faisait partie. La jeune fille, qui, jusqu’alors, se destinait au ballet, commence sa formation d’assassin afin de venger son père. Dans la franchise John Wick, voici donc un spin-off qui tient ses promesses en terme d’action. Car Eve a oublié les grâces du ballet classique pour basculer dans le cauchemar de la violence. Evidemment, la pauvre a des excuses puisque sa famille a été détruite. Du coup, ceux qui ont brisé son bonheur, doivent s’attendre à tout. Connu pour Underworld (2003) et Underworld 2 (2006), un n° 4 de Die Hard (2007) ainsi qu’un remake du classique Total Recall (2012), l’Américain Len Wiseman raconte, ici, une quête de vengeance violente. Autour d’une Eva Macarro impitoyable, il réussit de bonnes séquences d’action, la tueuse à gages maniant aussi les armes lourdes que les… assiettes, le sabre en passant par le lance-flammes. On a évidemment plaisir à retrouver Keanu Reeves, l’interprète au long cours de John Wick mais c’est l’actrice cubano-espagnole Ana de Armas qui occupe le haut de l’affiche. Vue dans Blade runner 2049 (2017), en James Bond girl dans Mourir peut attendre (2021) et en Marilyn Monroe dans Blonde (2022), l’adaptation du best-seller de Joyce Carol Oates, la comédienne tire joliment son épingle du jeu dans ce divertissement d’action enlevé. (Metropolitan)
LES DEMONS DU MAIS
Shining, Carrie, Ça, Christine, Misery… Les adaptations à succès de l’œuvre du grand Stephen King sont nombreuses ! Les démons du maïs, adapté de l’une de ses nouvelles, est moins connu du grand public, et pourtant ce long-métrage a donné le jour à toute une saga, devenue culte auprès des fans du genre. Au total pas moins de onze films ont été réalisés, ainsi qu’un court métrage dès 1983. Stephen King lui-même souhaitait déjà adapter sa nouvelle, écrite en 1977, et avait tenté de rédiger un scénario en 1979. Il fallut attendre 1984 pour voir un long-métrage voir le jour, sous la réalisation de Fritz Kiersch dont c’est alors le premier film, et qui travaillera plus tard sur la série télé Swamp Thing. Ce premier opus de la saga réussit à créer une atmosphère angoissante très réussie : une petite ville isolée et désolée, un soleil de plomb sur une terre aride, une superbe mais inquiétante croix avec son épouvantail, des champs de maïs à n’en plus finir… un décor sinistre à souhait au milieu duquel évoluent des enfants diaboliques. Les deux principaux protagonistes marquent les esprits : Isaac, leader d’un culte terrifiant, au regard perçant et au visage impassible et Malachai, avec ses cheveux roux, ses taches de rousseur et son rictus terrifiant, c’est le psychopathe du groupe. On notera aussi dans ce premier opus, la présence au casting de Linda Hamilton, quelques mois avant la sortie de Terminator. Les démons du maïs (1984) raconte comment, dans un coin reculé du Nebraska, un jeune couple doit affronter une bande d’enfants psychotiques, décidés à éliminer tous les adultes. Les démons du maïs 2, le sacrifice final (1992) montre un journaliste qui se rend dans la petite ville de Gatlin, qui avait été le théâtre de la mort atroce de plusieurs adultes. Un enfant relance le sinistre culte du maïs. Enfin, avec Les démons du maïs 3, les moissons de la terreur (1995), on voit comment, après la mort atroce du fermier Earl Hutch, ses deux enfants sont placés dans une famille de Chicago. Doté d’étranges pouvoirs, le plus jeune va déclencher une série de meurtres. Les démons du maïs prendra une place importante dans la tradition du folk horror américain, ce qui explique peut-être les nombreux autres volets qui sortiront ensuite, reprenant le thème d’enfants terrifiants, voués à un culte mystérieux lié aux champs de maïs. Inédits en Blu-ray en France, les deux coffrets permettent de redécouvrir les trois premiers films, dans des versions entièrement restaurées. L’édition Blu-ray est accompagnée d’un superbe livret de 52 pages, retraçant la genèse de toute la saga. (Rimini éditions)
A WORKING MAN
Ancien commando des Royal Marines, Levon Cade est rentré dans le rang à la suite de la mort de son épouse. Il tente désormais de mener une existence paisible en tant qu’ouvrier du bâtiment à Chicago. Mais lorsque Jenny, la fille de son employeur, est enlevée par un réseau de trafic humain en accointance avec la mafia russe, Cade se voit contraint de redevenir une machine de guerre. Car la Bratva, dirigée par Symon Kharchenko, n’est pas décidée à baisser les bras. Lorsque Cade tue Wolo, le frère de Symon, celui-ci lance ses fils Danya et Vanko à sa poursuite. Les choses vont se gâter de plus en plus et Cade doit même confier Merry, sa propre fille, à Gunny, un ancien soldat. En effet des voyous ont découvert son identité et l’ont menacé… David Ayer, scénariste de Training Day (2000) ou Fast and Furious (2001), passe ensuite derrière la caméra pour des films d’action comme Bad Times (2005), Sabotage (2014), le succès Fury (2014) mais aussi Suicide Squad (2016) qui met en scène plusieurs méchants emblématiques de l’univers DC. Ici, il adapte, en compagnie de Sylvester Stallone, le roman Levon’s Trade: A Vigilante Justice Thriller de Chuck Dixon et signe un thriller plutôt convenu mais tout à fait efficace qui vaut évidemment par la présence, dans le rôle de Levon Cade, de Jason Statham. D’ailleurs, le cinéaste retrouve le comédien britannique qu’il avait déjà dirigé, l’année précédente, dans The Beekeeper. On se doute bien que c’est l’acteur de la saga d’action Le transporteur (2002-2015) qui apporte, ici, le plus du film. De fait, Jason Statham ne déçoit que rarement quand on lui offre ce genre de personnage prêt à tout donner pour faire régner l’ordre et la justice. Autant dire qu’avec ce Levon Cade, les méchants peuvent se faire du souci. (Warner)
