De l’équilibre du monde galactique

Finn (John Boyega) et Poe Dameron (Oscar Isaac), le Stormtrooper déserteur et le pilote de la Résistance. Photos David James

Finn (John Boyega) et Poe Dameron (Oscar Isaac), le Stormtrooper déserteur et le pilote de la Résistance. Photos David James

A la caisse de mon cinéma favori, la dame, soixantaine souriante, flanquée d’un grand adolescent, avait presque l’air de s’excuser d’aller voir le nouveau Star Wars… Comme si toute cette histoire était simplement de trop. Trop comme le formidable déferlement médiatique et commercial qui a précédé et qui accompagne encore ce septième épisode de la kermesse galactique. Même les journaux télévisés ouvrent leur 20h par l’info. Quelle info? Le film est sur les écrans. Donc on sait tout sur ce Star Wars! Que le designer d’Apple a conseillé J.J. Abrams pour les sabres laser, que laposte.fr et les piles Duracell ont lié un pacte avec la Force pour leurs pubs dans les salles et que sais-je encore. Ah oui, que cette histoire a rapporté plus de 120 millions de dollars pour une soirée et une journée d’ouverture sur le territoire nord-américain et que le premier week-end devrait tourner autour de 215 millions de dollars, renvoyant dans les cordes les dinosaures spielbergiens de Jurrasic World qui n’avaient engrangé que 208,8 millions de dollars au printemps dernier…

« Par ailleurs, le cinéma est une industrie » écrivait, en 1946, André Malraux en conclusion de son Esquisse d’une psychologie du cinéma. Propos-couperet qui ne doit pas masquer que le cinéma est un art ET une industrie. Avec ce septième Star Wars, c’est donc l’industrie de l’entertainement qui est à l’oeuvre. Force, si l’on peut dire, est de reconnaître que George Lucas a inventé un imaginaire dans lequel des milliers de jeunes (et moins) spectateurs devenus fans se sont projetés. Et la saga Star Wars (le titre Guerre des étoiles ne s’emploie pratiquement plus) s’est imposée comme une clé de voûte de la culture populaire américaine.

Rey (Daisy Ridley) et l'amusant droïde BB-8.

Rey (Daisy Ridley) et l’amusant droïde BB-8.

Donc Star Wars est de retour et nul n’est censé l’ignorer. Il convenait donc d’accomplir son devoir de critique. Je confesse que je ne suis pas un accro de science-fiction même si j’avais un faible pour Blade Runner… Mais bon, il fallait quand même bien voir ce que ce nouvel space opera avait dans le ventre. Le vénérable George Lucas a, on le sait, passé les clés du camion à J.J. Abrams qui avait donné, naguère, un coup de jeune à Star Trek et qui s’y entend pour faire du spectacle. C’est donc encore le cas dans cet épisode 7 qui se situe, si on a bien compris, trente ans après les événements du Retour du Jedi. Une fois encore, il en va de l’équilibre du monde et du combat de la Résistance contre le Premier Ordre, le tout dans une quête du grand absent Luke Skywalker dont un personnage situe l’importance: « Je croyais que c’était un mythe »

En tout cas, J.J. Abrams, très respectueux de la saga, ne lésine pas sur l’action et lance les Stormtroopers dans la bagarre tandis que Poe Dameron s’impose comme le meilleur pilote de chasse de la Résistance. Il recevra l’aide inattendue de FN-2187, un Stormtrooper déserteur. Forcément, ce gaillard, désormais nommé Finn, en sait beaucoup sur ses anciens collègues. Ainsi, les masques des Stormtroopers peuvent filtrer les fumées mais pas les toxiques… Et puis Finn va bientôt croiser la belle Rey, pilleuse d’épaves promise cependant à un fameux destin…

Finn (John Boyega), Chewbacca (Peter Mayhew) et Han Solo (Harrison Ford).

Finn (John Boyega), Chewbacca (Peter Mayhew) et Han Solo (Harrison Ford).

Sitôt le générique déroulant et la musique de John Williams achevés, on se laisse volontiers embarquer dans une aventure qui repose, on le sait bien, sur l’affrontement du Bien et du Mal. Il y a des combats, des explosions, la menace d’une machine qui pompe l’énergie du soleil… Pourtant, une fois qu’on a pris la mesure du spectacle avec ses objets volants fonçant dans tous les sens et tirant sur tout ce qui bouge sans oublier ce bon vieux mais brinquebalant Faucon Millenium, on a l’impression que l’entreprise s’essouffle un brin. Curieusement, alors qu’on les attendait comme des vieux copains enfin de retour, les apparitions de Han Solo, de son fidèle Chewie ou encore de la princesse Leia devenue le général Organa semblent plaquées sur le reste du film… Il faudra d’ailleurs attendre un combat aux sabres laser (bleu contre rouge) dans la nuit et dans la neige pour que l’action rebondisse un tantinet. En route, on aura perdu de vue le brave pilote Poe Dameron (Oscar Isaac qui mérite mieux) tandis que s’esquisse une romance entre Rey et Finn…

Kylo Ren (Adam Driver) a dégainé son sabre laser...

Kylo Ren (Adam Driver) a dégainé
son sabre laser…

Si un film réussi est celui où le méchant fait vraiment peur, alors on peut se poser des questions sur Star Wars 7. Car le redoutable Kylo-Ren (on vous laisse, si nécessaire, découvrir de qui il est le fils) est une vraie déception. Ah qu’il est loin, le terrible Dark Vador! D’abord Kylo-Ren porte très mal la tenue. On a l’impression que son uniforme noir est un survêtement cheap qui fait une taille de trop. Pire quand ce vilain tombe le masque, on croit voir un adolescent boutonneux, impulsif et mal dans ses baskets…

La bonne surprise vient alors de BB-8, droïde blanc et orange, façon ballon de foot, qui nasille comme un joyeux canard. BB-8 prend brillamment la relève d’un C3Po toujours aussi empoté et d’un R2D2 encalminé et mutique.

STAR WARS: LE REVEIL DE LA FORCE Aventures (USA – 2h15) de J.J. Abrams avec Daisy Ridley, John Boyega, Oscar Isaac, Adam Driver, Domhall Gleeson, Harrison Ford, Carrie Fisher, Mark Hamill, Peter Mayhew, Max von Sydow, Andy Serkis. Dans les salles le 16 décembre.

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