Quand elle a besoin de respirer, Claire Simon s’évade souvent vers le bois de Vincennes… Documentaire curieux et rigoureux, Le bois dont les rêves sont faits est une échappée dans cette forêt où la cinéaste des Bureaux de Dieu (2008) et de Gare du Nord (2013) croise des personnages, à la fois étranges, curieux, surprenants ou glauques. Filmés avec bienveillance, tous livrent la vision d’une nature avec laquelle ils entrent, à leur manière, en symbiose. On voit passer des cyclistes ou des joggeurs, on regarde des jardiniers affairés ou des pêcheurs tranquilles. Un homme souriant montre les coins touffus où se déroulent les dragues homosexuelles. Une prostituée raconte comment se passent les passes dans les bois. Un campeur détaille une vie de solitude alors qu’une femme entre deux âges explique qu’elle a quitté sa Bretagne pour venir vivre dans la forêt parisienne. Et puis il y a aussi ce voyeur qui espionne des couples et qui donne des indications à la cinéaste sur la meilleure manière de poser sa caméra pour avoir la bonne scène… Tous ces anonymes composent un étonnant microcosme sur lequel s’élève régulièrement la voix du philosophe Gilles Deleuze qui enseigna au Centre universitaire expérimental de Vincennes (1968-1980) dont il ne reste que les ruines…

(Blaq Out)