LE GRAND CHANTAGE

Le grand chantageLe cinéma s’est souvent penché sur la presse, donnant des films aussi passionnants que Les hommes du président (1976) qui raconte comment Woodward et Bernstein, reporters au Washington Post, firent tomber Nixon… Billy Wilder, lui, traita la question sur le ton de la comédie avec Spéciale Première (1974) ou du drame avec Le gouffre aux chimères (1951). Quant à l’admirable Bas les masques (1952), il permet à Richard Brooks, avec l’immense Humphrey Bogart en rédacteur en chef héroïque, de célèbrer le journal comme le plus bel instrument de la démocratie…
Le Britannique Alexander Mackendrick a choisi une tonalité très noire avec Le grand chantage (1957) pour livrer le portrait sans fards de la presse à scandales. Editorialiste le plus influent de New York (il fait et défait les les réputations du petit monde de Broadway), J.J. Hunsecker est furieux parce qu’il a appris que sa soeur est éprise d’un jeune musicien de jazz. Vouant un amour inconditionnel à sa soeur, il est décidé à empêcher cette relation et demande à Sidney Falco, attaché de presse minable et sans scrupules, de tout faire pour casser cette idylle… Avec Sweet Smell of Success (en v.o.), le cinéaste écossais signe, sur un brillant scénario du dramaturge Clifford Odets, une satire très cruelle sur des personnages dépourvus de moralité et dévorés par leur ambition. Le regard dur derrière ses grosses lunettes, Burt Lancaster est un inquiétant Hunsecker. Tony Curtis, dans l’un de ses plus grands rôles, incarne un Falco veule et pathétique. L’image en noir et blanc du chef opérateur James Wong Howe est superbe.
Ce grand film noir sort dans un beau coffret riche en suppléments dont The Man who walked away, un documentaire exclusif et très instructif sur Mackendrick. Enfin, Philippe Garnier signe un livre (220 p.), exclusif lui aussi, sur la genèse de l’œuvre.

(Wild Side)

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