LES BAS-FONDS

Bas FondsWild Side poursuit son oeuvre de découverte du cinéma de celui que Spielberg surnomma le « Shakespeare des temps modernes » avec sa belle collection consacrée aux années Toho (1943-1970) pendant lesquelles le maître nippon donna une succession de films remarquables et passionnants pour ce mythique studio. Voici trois nouvelles perles restaurées d’Akira Kurosawa, toutes interprétées par l’emblématique Toshiro Mifune, acteur-culte au jeu sensible et intériorisé. Inspiré d’un polar de l’Américain Ed McBain, Entre le ciel et la terre (1963) est un thriller social à la fois cruel et ironique. Parti de rien, Kingo Gondo est devenu un homme d’affaires redoutable. Alors qu’il s’apprête à devenir l’actionnaire majoritaire de l’entreprise dans laquelle il a travaillé toute sa vie, un appel l’informe que son fils a été enlevé et qu’une énorme rançon doit être versée. Coup de théâtre: c’est le fils du chauffeur qui a été kidnappé. Gondo est désormais confronté à un terrible dilemme. Avec Les salauds dorment en paix (1960), Kurosawa poursuit dans une veine contemporaine. A travers une grande compagnie dans laquelle se produisent des incidents qui incitent à penser qu’un justicier veut semer la discorde chez des financiers véreux, Kurosawa signe une œuvre très sombre sur la corruption.
Enfin Les bas-fonds (1957) est une plongée lyrique dans un monde sans pitié. Après Jean Renoir en 1936, Kurosawa, à son tour, adapte l’oeuvre de Maxime Gorki. Dans les bas-fonds d’Edo, le Tokyo féodal, le bouge tenu par Robukei et sa femme accueille une bande d’épaves humaines. On trouve là un ancien samouraï, un voleur (Toshiro Mifune, magnifique), une prostituée, un avare, un comédien raté. Autant de laissés-pour-compte qui vivotent dans une existence qui semble hors du monde. Un jour, un mystérieux pèlerin arrive et redonne courage aux habitants de l’auberge en leur mentant et leur faisant croire aux miracles. Tous se mettent alors à rêver. Au sommet de son art, Kurosawa retrouve, même de façon indirecte, son thème du double, avec la marge de flou entre identité et différence… Toutes les éditions sont enrichies de bons suppléments (dont un grand portrait du cinéaste par Charles Tesson) et de trois livrets (66 pages) rédigés par Frédéric Albert Lévy qui éclairent les trois réalisations de Kurosawa…

(Wild Side)

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