AMERICAN HONEY

American HoneyAvec American Honey, son premier film tourné aux Etats-Unis (prix du jury à Cannes 2016), la cinéaste britannique Andrea Arnold tend un miroir pas franchement sympathique au rêve américain. C’est dans un univers de grande précarité qu’évolue la jeune Star, toujours suivie de ses deux petits frère et soeur. Et lorsqu’ils rentrent chez eux, où le frigo est bien vide, c’est pour trouver un type qui n’hésite pas à peloter Star. Et on comprend alors mieux pourquoi, lorsque Star et les petits font la course vers un supermarché, ils se lancent: « Le dernier arrivé est un pédophile! »
Un jour, sur l’immense parking d’un supermarché, Star remarque un gros van d’où sort une bande de garçons et de filles qui lui ressemblent. Avec eux, Jake, un homme à peine plus âgé, qui observe Star… Echange de regards malicieux et de mots taquins. Jake lui propose un boulot. Star se méfie. Jake (Shia LaBeouf) lui fixe un rendez-vous, le lendemain, au petit matin, devant un motel. Comme Star a une folle envie de prendre le large, elle va devoir se débarrasser de Rubin et Kelsey. Mais sa mère, une femme décavée qui danse et boit dans un saloon, ne l’entend pas de cette oreille. Alors Star prend les jambes à son cou.
C’est en lisant en 2007 un article dans le New York Times qu’Andrea Arnold a découvert l’univers de la vente au porte-à-porte. Composées de jeunes gens employés par des sociétés souvent douteuses, ces équipes de démarcheurs vendent des abonnements à des magazines, comme le faisaient les colporteurs d’antan. Fascinée par cette sous-culture, la cinéaste (dont on avait aimé Red Road en 2006 et Fish Tank en 2009) a suivi un de ces groupes, dormant avec eux dans des motels miteux et partageant leur quotidien. Parmi ces jeunes gens, beaucoup quittaient leur foyer pour la première fois. Faire partie d’une telle équipe est, pour eux, plus un mode de vie qu’un véritable travail et les membres de l’équipe sont bien plus que de simples collègues. Ils forment une espèce de famille recomposée passablement foldingue…
Portrait d’une adolescente rebelle et mal dans sa peau (la débutante Sasha Lane,tout à fait épatante) American Honey -titre d’une chanson reprise à tue-tête par les jeunes vendeurs entassés dans leur van- est un grand road-movie (de près de 3h) à travers un Midwest américain déprimant. C’est aussi la course effrénée de jeunes gens paumés qui veulent absolument dévorer la vie et tant pis si c’est à travers un rêve chaotique.

(Diaphana)

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