LES MUTINS, LA STAR ET QUELQUES DETECTIVES

LE CUIRASSE POTEMKINE
PotemkineRéalisé en 1925, le second film de Serguei Eisenstein, Le cuirassé Potemkine est tout bonnement considéré comme le film le plus célèbre du monde ! Cette tragédie en cinq actes fut d’abord une commande pour célébrer le 20e anniversaire de la révolution russe. Lyrique, formaliste, audacieux, Potemkine, histoire de la mutinerie de l’équipage du cuirassé du même nom, est présenté dans une belle édition blu-ray et en version restaurée avec de multiples et riches suppléments dont le documentaire d’Emmanuel Hamon L’utopie des images de la révolution russe ainsi que plusieurs bandes-son dont l’originale d’Edmund Meisel et des compositions récentes. On ne se lasse pas de voir et revoir la séquence fameuse du landau dévalant les escaliers d’Odessa tandis que les troupes tsaristes tirent sur la foule. Monumental et incontournable ! (Mk2)

ROLLERBALL
RollerballLorsque l’Américain Norman Jewison, qui a déjà à son actif L’affaire Thomas Crown (1968) ou Jesus Christ Superstar (1973), entame, en 1975, le tournage de Rollerball, 2018 est un futur lointain… En 2018, les nations ont disparu et le monde, désormais paisible et confortable, est soumis à la loi de consortiums qui décident de tout. Quant au peuple, des élites lointaines canalisent ses frustrations dans de violents jeux du cirque. Film d’anticipation qui n’a pas trop vieilli dans sa dimension action, Rollerball raconte la trajectoire de Jonathan E., star du rollerball (James Caan), un jeu très violent. Mis d’office à la retraite par les élites, Jonathan entre dans un dernier combat pour rendre à l’individu sa vraie valeur dans une société satisfaite mais déshumanisée. Un film culte par sa réflexion sur un monde futur… Un double dvd enrichi en bons suppléments. (L’atelier d’images)

L’EVADE DE L’ENFER
Evadé EnferAu sortir de prison, le gangster Eddie Kagle est assassiné par son ancien complice Smiley Williams. Il se retrouve en enfer où il conclut un pacte avec le diable nommé Nick. Celui-ci lui offre de revenir sur terre dans la peau de Fred Parker, un juge intègre que Méphistopheles veut détruire. Avec L’évadé de l’enfer, Archie Mayo signe, en 1946, son ultime film. Dans les années 30-40, le cinéma américain voit se développer avec succès un courant, celui de la comédie ou du conte fantastique. Angel on my Shoulder (en v.o.) en est un intéressant fleuron. Voici une histoire de sombre vengeance où le diable manipule un gangster mais où ce dernier, dans la peau d’un honnête homme, finira par tomber amoureux et ira vers la rédemption en écoutant l’ange sur son épaule. Kagle est incarné par Paul Muni, l’inoubliable Scarface de 1932 tantdis que Claude Rains, grand second rôle américain (Les enchaînés, Casablanca) est un diable souriant et affable… (Artus)

LES YEUX DANS LES TENEBRES
Yeux TenebresEn 1942, Fred Zinnemann n’est pas encore le cinéaste fêté du Train sifflera trois fois (1952) ou de Tant qu’il y aura des hommes (1953) mais il signe néanmoins une agréable intrigue policière qui va s’aventurer du côté du film d’espionnage. Le héros des Yeux dans les ténèbres est Duncan McLain, un détective aveugle secondé par Friday, un chien malin et Marty, un assistant un peu benêt. Ce limier rond et compétent (Edward Arnold) est sollicité par sa vieille amie Norma (Ann Harding) soucieuse de voir sa jeune belle-fille (Donna Reed) s’amouracher d’un acteur fat et bien plus âgé qu’elle… Mais bientôt l’acteur est assassiné et surtout un réseau d’espions nazis pointe le bout de son nez. Une bonne série B qui mêle enquête et… fantaisie policière. Le succès du film suscita, dès 1945, une séquelle toujours interprétée par Edward Arnold. (Artus)

MARY SHELLEY
Mary ShelleyEn 1814, Mary Wollstonecraft Godwin a 16 ans et entame une liaison passionnée avec le poète Percy Bysshe Shelley… Dans l’Angleterre bien-pensante, leur romance fait scandale d’autant qu’elle s’appuie sur un discours progressiste et aussi sur une aventure en trio avec le fameux lord Byron. Avec Mary Shelley, la réalisatrice saoudienne Haifaa Al Mansour qui avait signé, en 2013, le beau Wadjda, donne un beau portrait fiévreux aux accents résolument féministes de l’auteure de Frankenstein ou le Promethée moderne : « Ce fut par une lugubre nuit de novembre que je contemplai mon œuvre terminée… ». La diaphane Américaine Elle Fanning incarne cette femme tourmentée qui fut contrainte de longuement batailler pour être reconnue comme une grande figure de la littérature… (Pyramide)

UNE PLUIE SANS FIN
Pluie sans finUn homme sort de prison et se souvient… En 1997, quelques mois avant la rétrocession de Hong Kong à la Chine, il était vigile sur un vaste site sidérurgique. Tandis que la pluie tombait sans discontinuer cet hiver-là,  la police enquêtait sur les agissements d’un tueur en série qui venait d’assassiner une troisième jeune femme aux abords de l’usine. Yu Gowei, que ses amis surnomment « détective Yu », cherche à aider la police. Rapidement cette aide devient une quête obsessionnelle du meurtrier… Avec Une pluie sans fin, tourné dans la ville de Hengyang, dans la province du Hunan, le Chinois Dong Yue donne un premier film, impressionnant par sa mise en scène rigoureuse, sa lumière plombée et ses décors sinistres, entre polar et cinéma social sans oublier l’esquisse d’une impossible romance. Le cinéaste explique avoir voulu évoquer « avec précision l’atmosphère de cette période de transition, juste avant l’avènement de la tempête sociale ».(Wild Side)

UNDER THE SILVER LAKE
Under Silver LakeSam, 33 ans, traîne sa flemme dans Los Angeles en rêvant de célébrité. Lorsque la charmante Sarah s’installe dans un appartement proche du sien, ce jeune type apathique tombe immédiatement sous son charme. Mais l’étrange voisine (Riley Keough, vue dans la série The Girlfriend Experience) disparaît brusquement et Sam va se lancer à sa recherche… Avec Under The Silver Lake, l’Américain David Robert Mitchell signe un intrigant et parfois déroutant jeu de piste, envoyant son antihéros (Andrew Garfield en parfait hipster) jusque dans les profondeurs les plus inquiétantes de la Cité des Anges. Une enquête surréaliste et déjantée qui prend un tour fantastique lorsque Sam se demande s’il n’est pas en train de perdre la boule. Sur fond de disparitions douteuses et de meurtres mystérieux, un polar qui décoiffe. (Le Pacte)

LA TULIPE NOIRE
Tulipe NoireEn juin 1789, à la veille de la Révolution française, dans le Roussillon (le film a été tourné en Espagne), Guillaume de Saint Preux vole les riches et met l’aristocratie en émoi… Caché sous le masque noir d’un aventurier galopant sur son cheval Voltaire, il défie La Mouche, le chef de la police. Mais, piégé par La Mouche, il sera balafré à la joue. Pour se sortir d’affaire et continuer à berner son monde, Guillaume fait appel à son frère jumeau Julien. En 1964, Christian-Jaque réussit une rocambolesque et fantaisiste comédie d’aventures avec La tulipe noire. Dans la lignée de son Fanfan la tulipe (1952) où triompha Gérard Philipe, il imagine, avec l’indéniable apport du fameux scénariste Henri Jeanson, un beau personnage de héros bretteur. Après avoir été Tancredi pour Visconti dans Le Guépard (1963) et avant de retrouver René Clément (qui le lança en 1960 dans Plein soleil) pour Les félins, Alain Delon s’offre à la fois un double rôle à la beauté canaille et une joyeuse récréation. Pour le pur plaisir, dans une édition restaurée, du film de cape et d’épée. (TF1)

THE LAST MOVIE
Last MovieUne équipe de cinéma est venue tourner un western dans un village péruvien niché dans les Andes. Une fois, le film terminé, tous les Américains s’en vont à l’exception de Kansas, un cascadeur. Les choses dégénèrent lorsque les habitants décident de tourner leur propre film : les caméras, les perches et les projecteurs sont faux mais la violence qu’ils mettent en scène est bien réelle. Kansas, incarné par Hopper lui-même, va se retrouver héros malgré lui de cette « fiction ». En 1969, Dennis Hopper devient un metteur en scène fêté avec Easy Rider, un road movie emblématique de la génération hippie. Fort de ce succès, le comédien-réalisateur se lance, en 1971, dans l’aventure de The Last Movie, œuvre virtuose tout à la fois sur l’innocence perdue, un film-trip sur le processus de création et une violente diatribe contre le système hollywoodien. Œuvre hallucinée et chaotique, cet ovni (qui fut un gros échec commercial) devint vite culte. On retrouve cette production légendaire des années 70 dans une nouvelle version restaurée enrichie de memorabilia inédits (dont le fac-similé du dossier de presse de l’époque) et de nombreux suppléments dont Scene Missing (49 minutes), un documentaire d’Alex Cox sur la préparation et le tournage du film. (Carlotta)

 

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