Les jeux du désir et du pouvoir

Passé un peu inaperçu à Cannes malgré son casting et sa présence en sélection officielle hors compétition, L’homme qu’on aimait trop nous replonge dans l’histoire de la disparition, en 1977, d’Agnès Le Roux, riche héritière niçoise du Palais de la Méditerranée. Disparition volontaire, mort accidentelle, assassinat par la pègre de la Côte d’Azur ou meurtre commis par Maurice Agnelet, l’amant d’Agnès ? Le doute plane mais une certitude demeure : le corps d’Agnès Le Roux n’a jamais été retrouvé.

On l’imagine bien, voici l’une de ces « belles » affaires criminelles dont le grand écran aime à faire son ordinaire. D’autant que cette histoire, toujours nimbée d’un certain mystère, s’étend sur trente années. Le dossier vient encore, tout récemment, de connaître une nouvelle péripétie judiciaire avec la condamnation, mi-avril dernier, de Maurice Agnelet à une peine de 20 années de réclusion prononcée par les Assises d’Ile-et-Vilaine. Un verdict qui arrive après un non-lieu en 1985, un acquittement d’Agnelet en 2006, une condamnation en appel en 2007 à 20 années de prison, une décision en 2013 de la Cour européenne des droits de l’homme estimant le procès non-équitable et donc les 20 ans de Rennes il y a trois mois…

Deneuve-300x186

Catherine Deneuve et Guillaume Canet. DR

Haenel-300x199

Adèle Haenel. DR

Voilà donc un matériau scénaristique qui tend les bras au cinéma. Même si l’on sait qu’André  Téchiné a accepté, ici, une commande (la libre adaptation de Une femme face à la Mafia, les mémoires de Renée Le Roux écrites par son fils Jean-Charles), on devine aisément que le cinéaste de Barocco et d’Hôtel des Amériques, a bien senti le potentiel romanesque de cette aventure située entre le noir polar et la chronique de mœurs.

Passé un peu inaperçu à Cannes malgré son casting et sa présence en sélection officielle hors compétition, L’homme qu’on aimait trop nous replonge dans l’histoire de la disparition, en 1977, d’Agnès Le Roux, riche héritière niçoise du Palais de la Méditerranée. Disparition volontaire, mort accidentelle, assassinat par la pègre de la Côte d’Azur ou meurtre commis par Maurice Agnelet, l’amant d’Agnès ? Le doute plane mais une certitude demeure : le corps d’Agnès Le Roux n’a jamais été retrouvé.

On l’imagine bien, voici l’une de ces « belles » affaires criminelles dont le grand écran aime à faire son ordinaire. D’autant que cette histoire, toujours nimbée d’un certain mystère, s’étend sur trente années. Le dossier vient encore, tout récemment, de connaître une nouvelle péripétie judiciaire avec la condamnation, mi-avril dernier, de Maurice Agnelet à une peine de 20 années de réclusion prononcée par les Assises d’Ile-et-Vilaine. Un verdict qui arrive après un non-lieu en 1985, un acquittement d’Agnelet en 2006, une condamnation en appel en 2007 à 20 années de prison, une décision en 2013 de la Cour européenne des droits de l’homme estimant le procès non-équitable et donc les 20 ans de Rennes il y a trois mois…

Voilà donc un matériau scénaristique qui tend les bras au cinéma. Même si l’on sait qu’André  Téchiné a accepté, ici, une commande (la libre adaptation de Une femme face à la Mafia, les mémoires de Renée Le Roux écrites par son fils Jean-Charles), on devine aisément que le cinéaste de Barocco et d’Hôtel des Amériques, a bien senti le potentiel romanesque de cette aventure située entre le noir polar et la chronique de mœurs.

Nous sommes en 1976. Après un mariage raté, Agnès Le Roux rentre d’Afrique et retrouve sa mère, Renée, propriétaire du casino Le Palais de la Méditerranée. La jeune femme tombe amoureuse de l’homme de confiance de Renée, Maurice Agnelet, un avocat de dix ans son aîné. Maurice a d’autres liaisons mais qu’importe. Libre et rebelle, Agnès l’aime à la folie. Actionnaire du casino, Agnès veut vendre sa part de l’héritage familial pour voler de ses propres ailes…

Commence alors une rude dégringolade… De parties truquées (pour siphonner les caisses de la salle de jeux) en manœuvres guerrières sur lesquelles plane l’ombre de la mafia (le film évoque clairement Fratoni, patron du casino concurrent du Palais de la Méditerranée), voici Agnelet, tombé en disgrâce auprès de Renée, qui met Agnès en relation avec Fratoni. Celui-ci  lui offre trois millions de francs pour qu’elle vote contre sa mère au conseil d’administration du Palais de la Méditerranée…

Tandis qu’Agnès supporte mal sa propre trahison, Renée perd le contrôle du casino et Agnelet  s’éloigne. Téchiné trouve, lui, les ingrédients d’un… « film de guerre » à hauteur humaine. Voici une maîtresse femme, une fille insoumise, un Agnelet taraudé par son désir de reconnaissance sociale. Le cinéaste souligne d’ailleurs voir en Agnès un personnage de la trempe de Julie de Lespinasse, écrivaine du 18e siècle et femme passionnée, lorsqu’elle écrit à Agnelet: «Je vous aime comme il faut aimer, avec excès, avec folie, transport et désespoir ».

Si L’homme qu’on aimait trop n’atteint pas les sommets du cinéma de Téchiné, on y goûte pourtant la force de trois portraits réussis. Catherine Deneuve, fidèle de Téchiné (ils sont tourné sept films ensemble) est une Renée Le Roux parfaite. Cet ancien mannequin de Balenciaga est toujours en représentation mais c’est aussi un monstre sacré qui surveille son royaume. Dans le rôle plus court mais d’une belle densité dramatique et… amoureuse, Adèle Haenel est lumineuse. Quant à Guillaume Canet, il apporte à ce (faux) gendre idéal qu’est Agnelet l’opacité intéressante d’un séducteur sans vergogne que, cependant, le film n’accable pas.

Tout en conservant les noms, Téchiné a taillé dans les faits réels, supprimant quelques personnages des familles Agnelet et Le Roux, glissant sur la dimension politique de l’affaire (le rôle de Jacques Médecin n’est qu’évoqué) pour finalement signer une fresque où il est question d’argent et de goût du pouvoir, de classes sociales et de violence, de domination au cœur d’un trio, de pulsion et d’insoumission…

L’HOMME QU’ON AIMAIT TROP Thriller (France – 1h56) d’André Téchiné avec Guillaume Canet, Catherine Deneuve, Adèle Haenel, Jean Corso, Judith Chemla. En salles le 16 juillet.

 

Laisser une réponse