INTEGRALE CLAUDE BERRI

Coffret BerriIl disait de lui : « A ma mort, en voyant mes films, on pourra me connaître, savoir l’enfant, l’adolescent et l’homme que j’ai été ». Claude Berri (1934-2009) est considéré à juste titre comme  l’une  des  figures  les  plus  emblématiques  du  cinéma  français.  Surnommé « le dernier nabab » ou « le parrain » du 7e art national, Claude Langmann devenu Claude Berri, a été  acteur,  scénariste,  dialoguiste,  producteur et distributeur…  et il fut sans  aucun  doute  l’un  des  plus  grands  ambassadeurs  du  cinéma  français à travers le monde. À son sujet,  François Truffaut  dira « Berri n’est pas un metteur en scène cinéphile, il ne se réfère pas aux films existants mais à la vie elle-même. Il puise à la source, il a d’abord des histoires à raconter. » De fait, derrière sa caméra, Claude Berri s’est montré au plus près de celui qu’il était vraiment. Dans son Autoportrait, paru en 2003 aux éditions Léo Scheer, ce fils d’une famille juive ashkénaze (son père était fourreur et sa mère ouvrière) écrivait : « Je suis né Passage du Désir, et j’en ai eu. J’en ai encore ».

Dix  ans  après  sa  disparition, Pathé édite un magnifique coffret  réunissant l’œuvre de Claude  Berri cinéaste.  21 films en haute définition, dont seize en version restaurée,  pour dévoiler la partie la plus intime d’un artiste inépuisable et imprévisible qui savait œuvrer dans tous les registres. D’autant que la grande majorité des films qu’il a réalisés, il les a puisés dans sa propre vie. A commencer bien sûr par l’admirable Vieil homme et l’enfant (1966) qui raconte, dans la France de l’Occupation allemande, la vie du petit Claude Langmann envoyé par ses parents dans une famille d’accueil pour éviter les rafles nazies. Pépé (Michel Simon), ancien poilu de la Grande Guerre, aussi anticlérical qu’antisémite, ne cesse d’accuser les Juifs, les rouges, les maçons d’être la cause de tous les maux de la France. Mais l’arrivée de Claude, auquel ses parents ont formellement interdit de révéler ses origines juives, va bouleverser les certitudes de Pépé et révéler l’homme bon qui sommeille en lui. Ce sillon, Berri continuera à l’explorer en livrant ses réflexions sur le mariage (Mazel Tov, 1969), son service militaire (Le pistonné, 1970), sur l’amour qu’il porte à son père (Le cinéma de papa, 1970), sur la libération sexuelle (Sex-shop, 1972), ses crises conjugales (Le mâle du siècle, 1975) ou raconte l’adolescent qu’il fut (La première fois, 1976).

Fasciné par le métier de comédien –qui était sa première passion- il mit en lumière dans ses films les plus fortes figures du cinéma français : Catherine Deneuve dans Je vous aime, 1980) et le fameux Dieu est un fumeur de havanes chanté par Gainsbourg ; Coluche dans son premier grand rôle en militaire insoumis dans Le pistonné puis en prof soixante-huitard dans Le maître d’école (1981) et en formidable pompiste alcoolique dans Tchao Pantin (1983)…

Dans ses superproductions inspirées de fresques historiques ou littéraires (Uranus, 1990, Germinal, 1993 ou Lucie Aubrac, 1997) se succèdent alors les stars : Depardieu, Montand, Auteuil, Marielle, Noiret, Renaud ou Emmanuelle Béart et Carole Bouquet. Quant à Jean de Florette et Manon des sources, en 1986, ils lui permirent de devenir l’empereur incontesté du box-office, le diptyque adapté de l’œuvre de Pagnol s’imposant comme son plus grand succès avec 14 millions de spectateurs dans les salles…

A la fin de sa carrière, exceptée pour Ensemble c’est tout (2007), adaptation du roman d’Anna Gavalda, Claude Berri, entre perte du désir, dépression ou culpabilité, continuera à se dévoiler davantage avec La débandade (1999), Une femme de ménage (2002) ou L’un reste, l’autre part (2004). Quant à Trésor (2009), au cours du tournage duquel il disparut, il racontait le couple qu’il formait avec Nathalie Rheims, sa dernière compagne.

Personnage tour à tour impulsif, exigeant, tendre et généreux, Claude Berri avait encore une autre casquette, celle de collectionneur d’art. Amateur éclairé, il avait eu, dans le Marais, une galerie où il montra Robert Ryman (qui figurait dans sa collection au même titre que Ad Reinhardt ou Lucio Fontana), Yves Klein, Daniel Buren, Sol LeWitt ou Simon Hantaï.

Cet incontournable coffret comprend enfin une multitude suppléments dont Le poulet qui obtint, en 1965 à Hollywood, l’Oscar du meilleur court-métrage mais aussi des documents sur Michel Simon, sur l’aventure de Jean de Florette et Manon (40 min) ou encore le making of (39 min) de Germinal…

Claude Berri sur le tournage de "Germinal". DR

Claude Berri sur le tournage de « Germinal ». DR

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