DE VIEUX MESSIEURS, LES FEMMES DE CHABROL, SIMONE SIGNORET ET UN TUEUR

THE FATHER
The FatherVivant dans son bel appartement londonien, Anthony, retraité aisé, refuse toutes les aides-soignantes que sa fille Anne tente de lui faire accepter. Car Anne ne pourra plus venir tous les jours, décidée à partir à Paris pour vivre avec l’homme qu’elle aime. Et surtout Anthony commence sérieusement à décliner… En adaptant Le père, sa propre pièce de théâtre et en s’appuyant sur le magnifique duo Olivia Colman – Anthony Hopkins, Florian Zeller réussit, pour son premier long-métrage, un véritable coup de maître. Il fait littéralement entrer le spectateur dans l’esprit vacillant d’un vieil homme (Hopkins a été couronné de l’Oscar du meilleur acteur) qui tente, en vain, de comprendre ce qui se passe autour de lui. Cette descente dans le labyrinthe de questions sans réponse qu’est la démence sénile est aussi vertigineux qu’absolument bouleversant…  (Orange Studio)
FALLING
FallingParce que Willis, son père, décline de plus en plus, John Peterson décide de le faire venir en Californie où il vit avec son compagnon Eric et leur fille adoptive. En l’accueillant chez lui, John espère pouvoir offrir une fin de vie paisible à son père. Mais Willis (excellent Lance Henriksen) refuse absolument changer à son mode de vie. Pire, il se conduit de manière odieuse et homophobe… Devant et derrière la caméra, Viggo Mortensen (remarquable récemment dans Green Book) réussit un excellent film, minimaliste dans sa mise en scène, sur les rapports, difficiles voire violents (Willis est complément désinhibé dans ses paroles), d’un père et de son fils. Un drame qui touche profondément parce qu’il y est question du temps qui passe, de la mémoire qui s’enfuit, de l’âge qui vient et meurtrit… (Metropolitan)
CHABROL
ChabrolAprès le récent et beau coffret Suspense au féminin, déjà chez Carlotta avec notamment L’enfer, Rien ne va plus ou Merci pour le chocolat, on retrouve Claude Chabrol en remarquable directeur d’actrices. En 1988, il signe ainsi Une affaire de femmes, portrait d’une faiseuse d’anges dans la France de Vichy dans lequel excelle Isabelle Huppert. Elle est encore de la partie dans Madame Bovary (1991), adaptation de Flaubert et regard sur une certaine condition féminine et son aliénation. Quant à Betty (1992), c’est l’occasion, dans une adaptation de Simenon, de retrouver Marie Trintignant en femme partagée entre l’humain et l’animal. Les trois films sont enrichis d’excellents suppléments et il très agréable et instructif d’entendre le cinéaste détailler lui-même sa manière de mettre en scène. (Carlotta)
LE JOUR ET L’HEURE
Jour HeureEn 1944, Thérèse Dutheil, une bourgeoise parisienne dont le mari est prisonnier de guerre, se retrouve, malgré elle, emportée dans une action de la Résistance en venant en aide à un pilote américain (Stuart Whitman) tombé en France. En 1962, René Clément (qui signa, en 1946, la fameuse Bataille du rail) raconte une manière de brève rencontre en brossant le portrait d’une femme qui affirme « Je ne suis pas un héros » mais qui s’investit pourtant au péril de sa vie dans une mission qui peut la mener entre les mains de la Gestapo ou… de la police française. Alors, au sommet de sa trajectoire internationale mais dans le creux de sa carrière en France, Simone Signoret apparaît lumineuse dans ce film insolite pour son époque. Avec de l’humour noir mais en dénonçant toujours le manque de liberté, Clément observe, sans fard, une France attentiste… (Gaumont)
HENRY, PORTRAIT D’UN SERIAL KILLER
Henry Portrait Serial KillerQuand le Mal est à l’œuvre et que le spectateur n’a pas une seconde de répit… En 1986, pour son premier film de fiction, John MacNaughton (qui donnera plus tard le vénéneux Sexcrimes) frappe très fort en contant les affres d’Henry, un tueur psychopathe et compulsif (Michael Rooker impressionnant) hanté par son enfance martyre et qui se libère de ses démons dans des virées sanglantes. Inspiré de l’histoire du tueur en série Henry Lee Lucas, voici un concentré de terreur qui interroge sur la banalité du crime. Ce film dérangeant et néanmoins fascinant ressort dans une édition restaurée et inédite en blu-ray. Dans les suppléments, plusieurs entretiens avec le réalisateur, un long making-of et une vingtaine de minutes de scènes coupées et de chutes commentées par McNaughton. (Carlotta)
LUCA
LucaSur la riviera italienne, le jeune Luca s’apprête à vivre un été de fête entre gelati et pasta, mer, soleil et virée en Vespa avec son copain Alberto. Mais les deux amis cachent un gros secret : ils sont, en réalité, deux monstres marins qui passent leur temps sous la mer à garder des poissons-moutons. Même si leurs parents leur interdisent de monter à la surface par crainte des humains, Luca et Alberto ont pourtant l’ambition, en compagnie de la débrouillarde Giulia, de gagner le célèbre triathlon de Portorosso où il s’agit de nager, de manger des pâtes et de faire du vélo… Beau bijou de Pixar, voici un clin d’œil au charme transalpin mâtiné d’aventures terrestres et maritimes. Un film d’initiation à l’animation vive et enchanteresse ! (Disney)
L’HOMME DU LARGE
Homme LargeRude pêcheur, Nolff s’est enfermé dans le silence. Cet homme qui ne vit que pour l’océan, a vu son fils, sur lequel il avait investi tout son amour paternel, céder aux tentations de la ville. Lorsque Michel vole les économies de sa défunte mère, Nolff, convaincu depuis toujours, que son fils partagerait son amour du large, décide de le « rendre à Dieu ». En s’appuyant sur une nouvelle de Balzac, Marcel L’Herbier réalise, en 1920, un drame de la mer dans lequel s’affrontent la puissance naturelle de l’océan et les avilissantes turpitudes de la ville représentée par un cabaret où Michel se laisse aller à l’alcool et aux femmes. Tourné sur la côte du Finistère, ce film muet (dans lequel, en mauvais garçon, Charles Boyer, futur star d’Hollywood, fait ses débuts au cinéma) est une belle célébration des flots portée ici par un essai symphonique d’Antoine Duhamel… (Gaumont)
ADN
ADNAprès la disparition de son grand-père bien-aimé et véritable pilier de sa vie, Neige, sa petite-fille, explore son héritage et se penche sur ses racines algériennes. Pour son cinquième long-métrage, Maïwenn met en scène une douloureuse quête des origines au cœur d’un contexte familial plus que chaotique. La cinéaste met la même intensité émotionnelle que dans Polisse (2011) mais, cette fois, au service d’une exploration existentielle intime. Ce film, qui fit polémique autour de la question de l’eugénisme, réunit un beau casting pour incarner une famille vénéneuse et chaleureuse : Fanny Ardant, Louis Garrel, Marine Vacth, Omar Marwan… (Le Pacte)
LES TIGRES VOLANTS
Tigres VolantsEn 1941, en Chine, un groupe d’aviateurs américains, tous volontaires, combattent les Japonais pour défendre le peuple chinois. Ils sont commandés par Jim Gordon, un homme droit et juste. En décembre 1941, l’escadrille apprend l’attaque sur Pearl Harbor et se retrouve désormais impliquée dans un conflit mondial. Réalisé en 1942 par David Miller, ce film de propagande, l’un des tous premiers du genre aux USA, marque la première incursion de John Wayne (Jim Gordon) dans le film de guerre, lui qui aurait aimé combattre pour son pays mais fut réformé à cause d’une blessure subie dans sa jeunesse. Avec de bonnes scènes de combats aériens, un film efficace. (Rimini éditions)
PRISON
PrisonEn 1964, le pénitencier de Creedmore ferme ses portes. Auparavant, Charlie Forsythe est exécuté pour un crime qu’il n’avait pas commis. Trente ans plus tard, la prison rouvre ses portes et Charlie « revient » à la vie pour se venger d’Eaton Sharpe, le gardien responsable de son exécution, devenu directeur de l’établissement. En 1988, Renny Harlin, futur auteur de Cliffhanger et de 52 minutes pour vivre, mélange, pour son second long-métrage, horreur et fantastique pour une vengeance venue de l’au-delà. En voleur de voiture condamné et parfait sosie du malheureux Forsythe, Viggo Mortensen fait quasiment là ses débuts au cinéma. Pour la première fois en blu-ray dans une belle édition accompagnée d’un livret sur une ghost-story en milieu carcéral. Perpète en enfer ! (Sidonis Calysta)
LAND
LandBouleversée par un événement mystérieux qu’on ne connaîtra que tardivement, Edee décide de tourner complètement le dos au monde qu’elle connaissait autrefois. Elle décide de partir vivre, seule, sans téléphone, sans voiture, dans l’univers sauvage des Rocheuses. Mais ces vastes paysages sublimes sont impitoyables. Edee manquera de mourir mais un chasseur de passage (Demian Bichir) viendra à son aide. Tout en incarnant Edee, Robin Wright signe, ici, un premier film très contemplatif où une femme va devoir trouver le moyen de vivre à nouveau. Une réflexion sur la perte, la reconstruction et l’importance de l’entraide et de la bonté humaine… (Universal)
ENVOLE-MOI
Envole MoiGrand fêtard, Thomas passe ses nuits en boîte et ses journées au lit… Lorsque Thomas finit avec sa voiture dans la piscine familiale, son médecin de père, lassé de ses frasques, lui met un marché en main. Il lui coupe les vivres ou alors Thomas s’occupe d’un de ses jeunes patients. Au contact du difficile quotidien de Marcus, Thomas va grandir… Auteur de l’énorme succès des Choristes (2004), Christophe Barratier signe un pur feel-good movie dont on imagine donc aisément le dénouement mais qui distille évidemment une jolie dose d’humanité. C’est aussi l’occasion de voir à l’œuvre Victor Belmondo, le petit fils du grand Bebel, entouré de Gérard Lanvin et de Yoann Eloundou qui campe, avec fraîcheur, le jeune Marcus. (Pathé)

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