FRITZ LANG AU TEMPS DU MUET ET LE COURAGE DES FEMMES

EspionsLES ESPIONS
Les éditions Potemkine donnent l’occasion, dans une belle restauration et en Blu-ray, de retrouver deux œuvres majeures de la période muette et allemande de l’immense Fritz Lang, les deux tirées d’oeuvres de sa compagne d’alors Théa von Harbou. Réalisé en 1928, Les espions suit le personnage de Haghi, banquier hypercapitaliste qui, saisi par la folie des grandeurs, est devenu le cerveau d’une organisation criminelle internationale. Il tire les ficelles, manipule les corps et les cœurs et anticipe chaque mouvement de ses adversaires pour la bonne et simple raison qu’il en fait partie : sous un déguisement et un numéro – 719 –, c’est un agent qui se traque lui-même… Face à lui, le râleur chef des services secrets et le héros du film (Willy Fritsch), qu’on ne connaît que sous son matricule : 326. Sans oublier Sonya (Gerda Maurus), une séduisante espionne russe, qui va s’en mêler aussi. Lang a confié le rôle de Haghi à Rudolf Klein-Rogge qui incarna le docteur Mabuse dans la premier film muet en 1922 mais aussi dans Le testament du docteur Mabuse en 1933. Lang et Von Harbou, en s’appuyant sur de vrais faits divers, imaginent, dans une mise en scène allègre, diverses péripéties à partir d’un traité entre l’Angleterre et le Japon qui, révélé, provoquerait un embrasement général. Fritz Lang qui eut une relation avec Gerda Maurus sur le tournage et qui divorça ensuite de Théa von Harbou, qualifia, plein de fausse modestie, son film de « petit, avec beaucoup d’action »… Dans les suppléments, on trouve un entretien (36 mn) avec Bernard Eisenschitz, spécialiste de Fritz Lang, The Void machine, un texte de Murielle Joudet – montage par Julien Wautier (13 min), Un petit film mais avec beaucoup d’action (documentaire, 69 min) et un texte d’Olivier Père, directeur général d’ARTE France Cinéma. (Potemkine)
Femme Sur La LuneLA FEMME SUR LA LUNE
Le professeur Manfeldt est moqué par ses confrères lorsqu’il prétend qu’il existe des mines d’or sur l’astre lunaire. Trente ans plus tard, Wolf Helius souhaite construire une fusée pour aller sur la Lune. Friede Velten et l’ingénieur Hans Windegger sont intéressés par ce projet. Un groupement financier contrôlant le marché de l’or impose sa participation à leur expédition. Dans la foulée des Espions, Lang adapte encore un roman de Théa von Harbou et signe en 1929 avec La femme sur la lune, son ultime muet sous la forme d’une aventure d’anticipation en deux parties. La première décrit la préhistoire du lancement mais également l’histoire de deux conjurations antagonistes, dont celle du professeur et de ses jeunes amis, qui entend prouver l’exactitude de sa théorie sur l’or lunaire. En face d’eux, on trouve quelques-uns des personnages les plus riches du monde qui veulent garder sous contrôle les réserves mondiales d’or… La seconde se passe sur la Lune où les hommes se lancent à la recherche de trésors enfouis. Dans les suppléments, on trouve un entretien avec Bernard Eisenschitz, historien et spécialiste de Fritz Lang, En apesanteur, une analyse (10 mn) par Julien Wautier et Céline Staskiewicz et un texte d’Olivier Père, directeur général d’ARTE France Cinéma. (Potemkine)
Sixieme EnfantLE SIXIEME ENFANT
Les Meyer, gitans sédentarisés, ont cinq enfants et en attendent un sixième. Les Verlet ne peuvent en avoir. Les premiers habitent dans une caravane en banlieue et vivent d’expédients, les seconds sont avocats. C’est à l’occasion d’un affaire de cuivre volé que Me Verlet rencontre Franck Meyer. L’avocat lui sauve la mise en obtenant du sursis devant le tribunal. Me Verlet ramène Franck Meyer dans son campement de banlieue et celui-ci lui offre l’apéritif. Bientôt, Anna, l’épouse de l’avocat, va rencontrer Meriem Meyer. De fil en aiguille, va germer l’idée d’un arrangement improbable, impensable et dangereux. Autour du désir d’enfant, Léopold Legrand a construit, pour son premier long-métrage, un implacable thriller intime sur des trajectoires humaines douloureuses. Benjamin Lavernhe et Damien Bonnard campent des pères désemparés. Sara Giraudeau et Judith Chemla sont magnifiques en femmes qui font alliance… (Pyramide)
SimoneSIMONE – LE VOYAGE DU SIECLE
Ministre de la Santé et militante de la dépénalisation de l’IVG, première présidente du Parlement européen, Simone Veil (1927-2017) est simplement une grande dame pétrie d’humilité. Celle qui repose, avec son mari Antoine Veil, au Panthéon, méritait un biopic. C’est chose faite avec Olivier Dahan qui, en s’appuyant sur l’autobiographie de Simone Veil parue en 2007, met en scène le parcours d’une femme qui survécut à la Shoah pour s’imposer comme une femme d’Etat. Le destin de Simone Veil, son enfance, ses combats politiques, ses tragédies composent le portrait épique et intime d’une femme au parcours hors du commun qui a bousculé son époque en défendant un message humaniste toujours d’une brûlante actualité. Elsa Zylberstein et Rebecca Marder (pour les jeunes années) incarnent un personnage d’une formidable résilience. Une réalisation impeccable qui fait la part belle à l’émotion. Dans les bonus, on trouve un documentaire exclusif (52 minutes) qui retrace la vie et l’oeuvre sous le titre Simone Veil, la loi d’une femme. (Warner)
Derive ContinentsLA DERIVE DES CONTINENTS (AU SUD)
Chargée de mission pour l’Union européenne, Nathalie doit organiser la prochaine visite de Macron et Merkel dans un camp de migrants de Sicile. Par hasard, elle croise Albert, son fils (Théodore Pellerin), militant dans une ONG, qu’elle avait perdu de vue depuis longtemps. Les retrouvailles seront loin d’être paisibles. Autour d’un voyage diplomatique, le Suisse Lionel Baier organise une comédie lucide et grinçante en mêlant allégrement satire politique, immigration et liens familiaux. Le burlesque féroce prend vite le dessus et débusque notamment l’instrumentalisation politique de l’immigration. La savoureuse Nathalie (Isabelle Carré) va faire voler, au propre comme au figuré, ses doutes et sa culpabilité… (Blaq Out)
Mitraillette KellyMITRAILLETTE KELLY
Braqueur de banque, George « Mitraillette » Kelly perd de sa superbe après un coup manqué. Il planifie l’enlèvement de la fille d’un riche industriel afin de redorer son blason. En 1958, Roger Corman tourne en seulement huit jours, cette série B inspirée de la vie d’un gangster qui eut son heure de gloire pendant la Grande Dépression. Fin directeur d’acteurs, Corman a choisi Susan Cabot, une habituée de ses productions, pour jouer la fiancée dominatrice de Kelly. Mais, surtout, à 36 ans, Charles Bronson obtient sa première vraie tête d’affiche en bandit brutal mais lâche qui n’est rien sans son arme fétiche. Remarquable ! (Sidonis Calysta)
NovembreNOVEMBRE
Dans les heures qui suivent les attentats du 13 novembre 2015, alors que la France a peur, la police et plus spécialement les hommes de l’anti-terrorisme s’activent frénétiquement dans une enquête rapidement hors-normes. Robuste polar sur une authentique tragédie, le film de Cedric Jimenez (qui avait fait auparavant Bac Nord) tient constamment en haleine, qu’il évoque l’impressionnante logistique mise en œuvre, la valeur de l’instinct ou le poids de l’intime conviction. Avec une belle distribution autour de Jean Dujardin en flic « super-héros », on expérimente la tension qui s’installe entre policiers et des terroristes ciblant « la capitale des abominations et de la perversion ». Palpitant. (Studiocanal)
Petit NicolasLE PETIT NICOLAS – QU’EST-CE QU’ON ATTEND POUR ETRE HEUREUX ?
Penchés sur une large feuille blanche, dans le Paris de 1955, Jean-Jacques Sempé et René Goscinny donnent vie à un petit garçon rieur et malicieux, le Petit Nicolas. Entre camaraderie, disputes, jeux, bêtises et punitions à la pelle, Nicolas vit une enfance faite de joies et d’apprentissages. Au fil du récit, le garçon se glisse dans l’atelier de ses créateurs, et les interpelle avec drôlerie. Dans un ravissant film d’animation sous-titré Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?, Amandine Fredon et Benjamin Massoubre célèbrent deux auteurs et s’élèvent à la hauteur de leur esprit et de leur élégance en imaginant Sempé et Goscinny racontant leur rencontre, leur amitié, leurs parcours, leurs secrets, leur enfance. C’est beau ! (M6)
Je Vous Salue MarieJE VOUS SALUE MARIE
Marie est la fille d’un gérant de station-service à Rolle et joue dans l’équipe de basket. Joseph est chauffeur de taxi. Au grand désespoir de Joseph (qui entretient une seconde relation avec Juliette), leur amour depuis deux ans n’est que platonique. Un soir, l’archange Gabriel se matérialise devant Marie. Cette apparition divine laissera quelques traces dans le corps de Marie… et chez Joseph. En 1985, le cinéaste suisse récemment disparu revisite, dans le monde contemporain et particulièrement dans les environs de Genève, l’histoire de Marie incarnée par une Myriem Roussel sublimée par JLG. En s’inspirant de L’Évangile au risque de la psychanalyse et sur des musiques de Bach et Dvorak, Godard signe, dans un mélange d’humour, de collages et de références bibliques, une œuvre contemplative qui fit scandale. Les fulgurances visuelles de JLG sont au rendez-vous. (Gaumont)
EtrangleurL’ETRANGLEUR
Dans un théâtre de Broadway, un meurtre a été commis au sein d’une troupe de music-hall. Une actrice de burlesque a été étranglée et très vite les soupçons se portent sur sa rivale, Dixie Daisy. Mais d’autres meurtres surviennent et Dixie décide de mettre en place un piège pour démasquer l’assassin. En 1943, Barbara Stanwyck est déjà, grâce à son tempérament et à sa fantaisie, une vraie star d’Hollywood. Connu pour Les ailes, William A. Wellman (qui retrouve Barbara Stanwyck, en tenue légère, pour la cinquième fois) embarque le spectateur, à la manière d’un film d’action, dans les coulisses, les loges et sur la scène du music-hall où évoluent de charmantes danseuses… (Artus Films)
Paranoid ParkPARANOID PARK
Alors que sa mère est au bord de la crise et que ses rares amis ne lui prêtent aucune attention, Alex, renfermé sur lui-même, se consacre au skateboard. Alors qu’il emprunte un train clandestinement, il tue involontairement un agent de sécurité. Il décide de garder le silence. En 2007, quatre après Elephant, Gus Van Sant fait une nouvelle incursion virtuose dans le monde trouble de l’adolescence sur fond de mort et de culpabilité. Avec des images magnifiques de Christopher Doyle et une bande-son remarquable, le film fouille la psyché d’un meurtrier complètement déconnecté du monde et amené à une prise de conscience libératrice. (Carlotta)
GerryGERRY
Deux jeunes hommes nommés tous les deux Gerry s’enfoncent dans le désert californien, en voiture puis à pied. Dans cette errance et alors que s’amenuise l’espoir de retrouver leur chemin, leur amitié est mise en péril… En 2001, Gus Van Sant s’inspire d’un fait-divers pour décrire, sur des partitions d’Arvo Pärt, une errance poétique à l’hypnotique beauté. Porté par Matt Damon et Casey Affleck (également co-scénaristes), voici une objet sensoriel rare et presque métaphysique. Perdus dans un labyrinthe physique et mental, les deux Gerry finissent par symboliser à eux seuls l’humanité tout entière, interrogeant notre rapport au monde et à l’autre. (Carlotta)
Cour MiraclesLA COUR DES MIRACLES
« Les enfants ont besoin de sentir la nature… » Mais du côté de Jacques Prévert, une école primaire en Seine-Saint-Denis, la tension monte à cause de l’ouverture d’un nouvel établissement scolaire bobo-écolo. Zahia (Rachida Brakni), la directrice de l’école, en quête de mixité sociale, s’associe à Marion, jeune instit (Anaïde Rozam) pleine d’idées, pour créer la première « école verte » de banlieue et attirer les nouveaux habitants. Las, l’équipe pédagogique n’est pas vraiment tournée vers la nature. Carine May et Hakim Zouhani donnent une comédie sociale et engagée pleine de verve et de drôlerie. Un film… éco-responsable ! (france.tv)
XX
A la fin des années 70, une petite équipe de tournage arrive dans le fin fond du Texas. Ils ont loué une maison isolée à un couple de personnes âgées pour en faire le décor d’un film hard. A la tombée de la nuit, les propriétaires surprennent le producteur, le réalisateur (qui a des ambitions artistiques) et les acteurs en plein travail. Pour la vieille dame, ces chauds ébats réveillent de lancinants souvenirs. Le tournage va virer au cauchemar et tourner au massacre. Habitué du cinéma d’horreur, l’Américain Ti West rend hommage au « slasher » où le massacre, souvent commis par des psychopathes masqués, est un règle du jeu. Avec Mia Goth (vue dans Nymphomaniac, volume II) dans le rôle d’une jeune hardeuse, X fait des clins d’oeil jubilatoires au genre… (Kinovista)

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