UNE ARTISTE ACTIVISTE, LES AMIS D’ENFANCE ET L’AMOUREUX PERDU

Toute BEautéTOUTE LA BEAUTE ET LE SANG VERSE
Née Nancy Goldin en septembre 1953 dans une famille juive de la classe moyenne de Washington, Nan Goldin a révolutionné l’art de la photographie et réinventé la notion du genre et les définitions de la normalité. Immense artiste mais aussi activiste infatigable, Goldin se bat, depuis des années, contre la famille Sackler, propriétaire de l’entreprise Purdue Pharma qui commercialise l’OxyContin impliqué dans la crise des opiacés aux États Unis et dans le monde. Tout à la fois rétrospective et manifeste de l’art, de la vie et de la lutte politique de la photographe américaine, Toute la beauté et le sang versé conduit le spectateur au cœur de ses combats artistiques et politiques, mus par l’amitié, l’humanisme et l’émotion. C’est Nan Goldin, elle-même, qui est à l’origine du film puisqu’elle souhaitait documenter les actions de son association militante P.A.I.N. (Prescription Addiction Intervention Now). Avec le documentaire de Laura Poitras, on saisit combien l’oeuvre de Goldin est inséparable de sa vie. Marquée par le suicide de sa sœur en 1963, elle évolue tout au long de son existence dans divers milieux qui nourrissent sa créativité. Ses photos prises sur le vif documentent une époque : drogue, prostitution, mouvement gay et lesbien, violence conjugale, crise du sida dans laquelle nombre de ses amis disparaissent. Depuis sa jeunesse, elle considère la photographie comme le médium idéal pour conserver des traces de vie, permettant ainsi de faire naître une deuxième mémoire. Connue pour avoir réalisé en 2015 Citizenfour retraçant les révélations d’Edward Snowden (et qui lui valut l’Oscar), la documentariste américaine Laura Poitras a remporté, avec Toute la beauté…, le Lion d’or à la Mostra de Venise 2022. Une récompense qui n’a pas empêché que la cinéaste soit placée, après ce film, sur la liste de surveillance du département de la Sécurité intérieure américain en tant que « menace maximale ». (Pyramide)
Chien CasseCHIENS DE LA CASSE
Dans un petit village paisible à quelques encablures de Montpellier, vivent Dog et Mirales, amis d’enfance, qui passent la majeure partie de leurs journées à traîner ou à jouer au foot sur une playstation… Le petit jeu entre les deux, c’est que Mirales ne cesse de taquiner Dog, de le mettre mal à l’aise, de lui clouer le bec… Mais cet automne-là, sur une petite route, Dog s’arrête pour prendre Elsa en stop. Etudiante en littérature comparée à Rennes, elle vient vivre quelque temps chez une parente. Entre Dog et Elsa, s’esquisse une histoire d’amour. Peu à peu, Dog prend ses distances avec Mirales… Le premier long-métrage de Jean-Baptiste Durand est une véritable réussite. Névrosé, déjà cabossé, Mirales est un type qui ne sait pas aimer car même s’il aime profondément son pote, il veut le changer, l’insulte et n’œuvre pas pour son bien. Son univers est à l’envi : il est mal dans sa peau, mal dans sa place et porte un regard abimé sur son monde qu’il aimerait aussi transformer, ou quitter. Durand capte avec brio un personnage constamment au bord du gouffre et de l’explosion. Dog est, lui, quelqu’un de simple dans le bon sens du terme. C’est-à-dire qu’il est aussi intelligent que Mirales mais comme il ne parle pas, on lui prête quelque chose de plus instinctif et animal. Avec l’arrivée d’Elsa, le film file la métaphore amoureuse. Car la jeune femme met en lumière les rapports dans lesquels Dog et Mirales sont englués. La bromance, cette relation émotionnelle puissante, mais sans composante sexuelle, que vivent Mirales et Dog éclaire la puissance des liens d’amitié qui unissent des êtres qui se construisent dans l’univers clos d’un village. Avec une évidente bienveillance pour ses personnages dans un film régionaliste au meilleur sens du terme, le cinéaste bénéficie de trois jeunes comédiens simplement remarquables : Anthony Bajon (Dog), Galatéa Bellugi (Elsa) et la révélation du film : Raphaël Quenard, l’impressionnant Mirales dont la gouaille fait étrangement froid dans le dos… (Blaq Out)
Vie Pour VraiLA VIE POUR DE VRAI
Tridan Lagache est né dans un Club Med du Mexique. Et il a constamment vécu là avec ses parents. Le gamin a toujours été désespéré de voir partir, par le bus du retour, des amis qu’il avait connus pendant leurs huit jours de vacances… A 50 ans, Tridan décide de tourner la page. Il quitte le Club Med avec une idée précise et… fixe en tête : retrouver la petite Violette dont il était tombé à 8 ans à Los Feliz. Naïf et perdu, il débarque à Paris avec une adresse en poche. Celle du petit appartement que lui a légué son père. Lorsqu’il sonne, il se retrouve nez à nez avec Louis. Plutôt mal embouché, ce chauffeur de VTC apprend ainsi l’existence d’un demi-frère très vite encombrant. D’autant que l’ex-GO ne démord pas de trouver la piste de son amour d’enfance… Alors Louis a une idée… S’il faut une Violette, on va en trouver une… Cinéaste à très gros succès, Dany Boon développe ici deux pistes. Celle de la quête de Violette par un Tridan qui a une vision pure et quasiment naïve de l’amour et celle de la rencontre de deux demi-frères plutôt mal assortis que la comédie va rapprocher. Non sans que Louis et Tridan se soient bien pris la tête. Dany Boon campe un Tridan plein de drôlerie et d’humanité aux côtés de Kad Merad (Louis) et de Charlotte Gainsbourg. Une comédie sentimentale plutôt enlevée et agréable… (Pathé)
DriveDRIVE
A Los Angeles, un jeune mécanicien taciturne travaille dans un petit garage et effectue à l’occasion des cascades pour des acteurs hollywoodiens. Mais de nuit, il sert aussi de conducteur à des membres du crime organisé. La combine est bien rodée jusqu’au jour où l’un des casses tourne mal et l’entraîne dans une course-poursuite infernale. Pour sauver celle qu’il aime (Carey Mulligan), il devra se venger de ceux qui l’ont trahi… Pour sa part, Shannon, le patron du garage, voudrait voir son protégé participer à des courses professionnelles de stock-car. Pour concrétiser le projet, il finit par solliciter le soutien financier du mafieux Bernie Rose… Pour la première fois en Blu-ray 4K ultra HD, on retrouve le film qui fit, en 2011, au Festival de Cannes, de Ryan Gosling un star… Influencé, selon ses dires, par Bullitt et Le jour du fléau, le cinéaste danois Nicolas Winding Refn signe un thriller en forme d’expérience sensorielle dont l’intensité infuse inexorablement avant l’explosion. Dans les compléments, le nouveau commentaire audio inédit du réalisateur. (Wild Side)
LA Plays ItselfLOS ANGELES PLAYS ITSELF
Composé de plus de 200 extraits de films, d’Assurance sur la mort à L.A. Confidential en passant par Chinatown ou Blade Runner, Los Angeles Plays Itself, réalisé en 2003, dissèque avec brio la représentation, souvent mythifiée, de la mégalopole américaine dans le septième art. Figure majeure du cinéma documentaire contemporain, Thom Andersen conçoit une œuvre critique qui explique comment sa ville a été exploitée, formée et déformée par la machine à fantasmes hollywoodienne, jusqu’à façonner, à travers une multiplicité d’images incontournables, l’imaginaire des cinéphiles. Ce portrait édifiant de Los Angeles, raconté depuis les débuts du cinéma américain, déconstruit sans concession les clichés associés à la Cité des Anges. Dans les suppléments de ce film passionnant (en version restaurée et Inédit en Blu-ray), on trouve The Tony Longo trilogy (2014 – 14 mn) de Thom Andersen qui évoque cet acteur qui, bien que cantonné à des rôles secondaires, fut une figure emblématique du cinéma d’action américain. Le documentaire compile les apparitions à l’écran de l’acteur (1961-2015) dans trois de ses films les plus mémorables dont Mulholland Drive (2001). Enfin, cette sortie est accompagnée d’un livret (32 pages) où Andersen refait l’histoire de la mégalopole californienne à sa manière, et invite le point de vue sociologique de l’historien américain Mike Davis sur la ville pétrie de contradictions, entre rêve et réalité. (Carlotta)
BasilischiLES BASILISCHI
Jeunes hommes privilégiés, Francesco, Sergio et Antonio vivent à Minervino Murge, ville provinciale située entre les Pouilles et la Basilicate dans le sud de l’Italie… Ils passent leurs journées à s’ennuyer, à regarder les filles sans oser franchement leur parler. Les semaines et les mois s’écoulent, interminablement semblables, meublés des mêmes discussions et de la même absence d’activité. Pour satisfaire à la tradition familiale, Antonio poursuit des études de notaire à Bari, mais le jeune homme rêve d’ailleurs… Un jour la tante d’Antonio, une universitaire apathique, lui propose d’aller vivre avec elle à Rome, en transférant son inscription de l’université de Bari à celle de la capitale… Mais Antonio renonce et retourne dans son village, incapable d’abandonner les préjugés, les clichés et les rituels de sa province natale, irréversiblement ancrés dans son être. Pour son premier film après sa collaboration avec Fellini sur , Lina Wertmüller signe, en 1963, une chronique d’une jeunesse de province amorphe qui a les accents felliniens des Vitelloni sorti sur les écrans dix ans plus tôt. Grand succès à sa sortie, I Basilischi témoigne de la maîtrise précoce de la future réalisatrice de Pasquale et Film d’amour et d’anarchie qui radiographie des rêves et des ambitions souvent brisés. (Carlotta)
Jeune ImamLE JEUNE IMAM
À 14 ans, Ali est un adolescent à la dérive. Sa mère qui l’élève seule ne trouve d’autres solutions que de l’envoyer au village au Mali pour finir son éducation. Dix ans plus tard, Ali revient. Malgré les doutes de sa mère auprès de qui il est prêt à tout pour briller, il devient l’imam de la cité. Adulé de tous et poussé par ses succès, Ali décide d’aider les fidèles à réaliser le rêve de tout musulman : faire le pèlerinage à La Mecque. En s’inspirant de différents faits-divers autour d’arnaques au pèlerinage à la Mecque, Kim Chapiron (Sheitan, Dog Pound, La crème de la crème) a écrit, avec Ladj Ly (Les misérables), une histoire qui repose sur le thème intime de la famille. « Pour Le jeune imam, dit le cinéaste, l’enjeu était de capter l’intensité extrême de ces rapports humains débarrassés de tout superficiel. On est au plus proche du cœur des personnages. On s’attelle à la gravité du réel. » Abdulah Sissoko incarne cet imam qui appartient à son époque. A travers une modernité connectée, le film montre comment la tradition est vécue par les nouvelles générations, comment la manière classique de pratiquer sa religion est pulvérisée par les nouvelles façons de communiquer et comment toutes ces nouvelles technologies au service de la foi génèrent aussi des dérives.… (Le Pacte)
Showing UpSHOWING UP
A quelques semaines du vernissage de sa nouvelle exposition, Lizzie, un artiste, recueille un pigeon blessé dont sa voisine, et propriétaire, ne veut plus. Son chauffe-eau tombe en panne. Sa famille dysfonctionne… Voici le portrait réaliste d’une sculptrice plongée dans le quotidien. A travers les quelques jours qui séparent Lizzie de sa prochaine exposition, on assiste, à travers des plans rapides, aux contretemps et distractions qui perturbent ses journées de création. L’évolution des situations conduit à se demander dans quelle mesure la figure de l’animal constitue un double de l’artiste. Comptant parmi les réalisatrices les plus importants du cinéma américain contemporain, Kelly Reichardt a signé des œuvres remarquables comme Old Joy (2006), La dernière piste (2010), Night Moves (2013), Certaines femmes (2016) ou encore First Cow (2019). Elle met en scène, ici, une artiste face aux affres de la création. Applaudie dans My Week with Marilyn (2011), Manchester by the Sea (2016) ou le récent The Fabelmans de Spielberg, Michelle Williams retrouve Kelly Reichardt pour la quatrième fois et campe brillamment une plasticienne dans le chaos du monde. (Diaphana)
Avant EffondrementAVANT L’EFFONDREMENT
Dans un Paris caniculaire, Tristan, directeur de campagne d’une candidate aux législatives, reçoit un courrier anonyme contenant un test de grossesse positif… Parce qu’il est peut-être atteint d’une maladie génétique mortelle et incurable, il devient obsédé par l’idée de retrouver la femme qui lui a envoyé ce test. Mais a-t-il affaire à une blague morbide, une vengeance froide, un appel à l’aide ou une manœuvre politique ? Au péril de sa vie professionnelle et affective, Tristan décide de mener l’enquête… Lauréate du prix Goncourt des lycéens en 2017 avec son quatrième livre L’art de perdre, la romancière Alice Zeniter signe, en compagnie de Benoît Volnais, un premier film humoristique, philosophique et politique. A la fois fable d’anticipation et enquête intime, Avant l’effondrement est aussi une réflexion autour d’un avenir écologique et social incertain. Au fil de leurs rencontres et discussions, le duo campé par Niels Schneider et Ariane Labed tente de comprendre comment vivre dans une société en pleine mutation… (Pyramide)
BorgenBORGEN – LE POUVOIR ET LA GLOIRE
Birgitte Nyborg vit seule, ses enfants sont grands, sa fille vit aux Etats-Unis et son fils Magnus est devenu un activiste écologiste et vegan qui participe à une action illégale contre un élevage porcin. Elle se consacre à son poste de ministre des affaires étrangères dans un gouvernement dirigé par une femme travailliste, Signe Kragh. Les relations entre les deux femmes sont tendues. Katrine Fønsmark, elle, devient directrice de l’information à TV1, alors que la chaîne connaît une forte baisse de son audience. Au Groenland, on découvre un gisement de pétrole. Si le gouvernement groenlandais y voit une manne permettant d’assurer l’indépendance du territoire, Birgitte, elle, se préoccupe des conséquences environnementales et climatiques de l’exploitation de cette ressource. Elle est en conflit sur ce point avec Signe Kragh. Birgitte apprend que Signe Kragh a l’intention de nommer Michael Laugesen chef de cabinet avec des pouvoirs étendus, et en informe secrètement Torben pour que TV1 rende l’information publique. Il en résulte un scandale et la première ministre est obligée de renoncer à cette nomination. Neuf années après la fin de la saison 3, la fameuse série politique danoise a fait son retour avec une suite de huit épisodes où l’on retrouve évidemment l’emblématique Sidse Babett Knudsen qui, malgré les embûches, n’entend toujours pas s’en laisse conter…. Comme le disait Sénèque : « Ce n’est pas parce que c’est difficile qu’on n’ose pas, c’est parce qu’on n’ose pas que c’est difficile. » (Arte)
ComplicesLES COMPLICES
Depuis que sa femme l’a quitté, Max, un impitoyable tueur à gages de cinquante ans, découvre qu’il a un problème : il s’évanouit désormais devant la moindre goutte de sang. Son avenir dans la profession étant compromis, il va devoir se reconvertir. Mais pas si simple quand sa seule compétence professionnelle est de tuer des gens. Comme il est incapable de continuer, ses précédents employeurs lui envoient une armée d’assassins afin de se débarrasser de lui. Face à cette menace, Max reçoit l’aide d’un couple de jeunes voisins, Karim et Stéphanie, qui n’imaginent pas un instant à qui ils ont affaire… Max s’attache, malgré lui, au jeune couple, jusqu’à ce que son passé le rattrape. Pour son troisième long-métrage après Je me suis fait tout petit (2012) et Photo de famille (2018), Cécilia Rouaud réussit une agréable comédie d’humour noir où les meurtres se succèdent tandis qu’on rit allègrement. Il est vrai que la cinéaste peut compter sur l’excellent François Damiens. Avec son personnage au bout du rouleau, il nous régale ! En plus, il est bien entouré par la Mulhousienne Laura Felpin (Stéphanie), William Lebghil (Karim) ou encore Vanessa Paradis et Bruno Podalydès. (M6)
Beau AfraidBEAU IS AFRAID
Beau Wassermann est un homme doux mais paranoiaque qui s’embarque dans une odyssée surréaliste pour retrouver sa mère, affrontant ses plus grandes peurs en chemin. Car Beau a peur de se faire voler ses clefs quand il attrape son fil dentaire. Il a peur de son quartier, de tomber nez à nez avec le maniaque des infos. Il a peur des gens trop bienveillants, des ados et des syndromes post-traumatiques. Il a peur de de l’introspection, de creuser son passé et son futur au détour d’une représentation théâtrale. Il a peur des retrouvailles avec son amour de jeunesse. Il a peur du gonflement suspect de ses testicules. Et bien entendu, il a peur de sa mère, spectre qui plane sur sa vie depuis sa tendre enfance, voire depuis sa naissance. Pour son troisième long-métrage après Hérédité (2018) et Midsommar (2019), l’Américain Ari Aster observe un solide névrosé qui déforme le monde alentour au gré de ses montées de stress. Grâce au talent de Joaquin Phoenix, le spectateur est emporté dans un long (2h59) mäelstrom de surréalisme, d’humour noir et d’horreur existentielle… (Seven)
Une Histoire AmourUNE HISTOIRE D’AMOUR
Katia et Justine tombent amoureuses. Malgré la peur de l’engagement et le regard des autres, elles décident de faire un enfant, laissant le hasard décider de qui le portera. Mais alors que Katia tombe enceinte, Justine la quitte soudainement. Douze ans plus tard, Justine (Marie-Camille Soyer) est retournée à une vie rangée et Katia (Juliette Delacroix), qui a gardé l’enfant, apprend qu’elle est condamnée. Contrainte de trouver en urgence un tuteur pour sa fille, elle se tourne vers sa seule option : son frère William, écrivain cynique et désabusé… Comme il l’avait fait en 2019 pour Edmond, son premier long-métrage consacré à Edmond Rostand, le dramaturge Alexis Michalik adapte à nouveau la pièce de théâtre éponyme qu’il avait lui-même mis en scène à La Scala, à Paris, en 2020. Le film reprend non seulement la même histoire, mais aussi le même casting que la pièce de théâtre initiale. Une comédie tendre sur la famille et la transmission. (Le Pacte)
Prix PassageLE PRIX DU PASSAGE
Jeune mère célibataire, Natacha, 25 ans, travaille comme serveuse dans un bar de Calais et galère pour élever son fils Enzo, 8 ans. Elle cherche à tout prix de l’argent pour réparer le ballon d’eau chaude de sa salle de bains. Walid, lui, migrant d’origine irakienne, attend de réunir assez d’argent pour financer son passage vers l’Angleterre. Quand Natacha l’interroge sur son voyage d’Irak jusqu’aux rivages de la Manche, il dit : « Turquie, Grèce, Macédoine, Serbie, ensuite Budapest, Autriche, Allemagne, Calais ». Aux abois, ces deux-là vont improviser de concert une filière artisanale de passages clandestins… Le prix du passage, c’est alors la prise de conscience douloureuse de l’existence d’un autre que soi, qui a besoin d’asile, de protection. Thierry Binisti (L’outremangeur, Une bouteille à la mer) donne un solide thriller social sur deux personnages bloqués par la vie qui fait songer au Welcome de Philippe Lioret. Alice Isaaz incarne une Natacha fragile et forte à la fois, immature aussi. Adam Bessa est un Walid survivant mais pas victime, amateur de littérature qui cite Voltaire : « L’homme est libre au moment qu’il veut l’être ». (Diaphana)
KandaharKANDAHAR
Agent d’élite de la CIA, Tom Harris officie comme « infiltré » en Iran. Il est parvenu à saboter, par piratage informatique, une centrale d’enrichissement d’uranium. Harris doit désormais se rendre à Londres pour assister à la remise de diplôme de sa fille. Mais, sur le chemin du retour, son officier traitant le convainc de faire un détour par l’Afghanistan, accompagné d’un interprète, Mohammed Doud, alias « Mo ». Cependant, son identité et son rôle réel dans le sabotage sont rendus publics par une journaliste et il devient la cible de tous les ennemis de l’Occident dans la région. Le seul espoir de Tom et Mo consiste à traverser le désert jusqu’à un aérodrome dans la province de Kandahar, où un avion britannique pourra les exfiltrer. Bientôt ils sont traqués non seulement par les Gardiens de la Révolution iraniens, mais aussi par les talibans inféodés aux Renseignements pakistanais. Sans grande surprise, l’Américain Ric Roman Waugh a taillé sur mesure un personnage de gros dur, forcément infaillible, pour l’Ecossais Gerard Butler, un habitué du genre action musclée… (Metropolitan)
Temps MortTEMPS MORT
Pour la première fois depuis longtemps, trois détenus obtiennent une permission de sortir pour un week-end. L’occasion de renouer avec leurs proches, tout en rattrapant le temps perdu. Pour son premier film de fiction, la réalisatrice Eve Duchemin se penche sur la problématique de la réhabilitation des détenus. Auparavant, la cinéaste avait longuement étudié les enjeux autour de la privation de liberté, notamment à travers un précédent documentaire En bataille, portrait d’une directrice de prison. A travers trois histoires distinctes, Temps mort dresse le minutieux portrait de trois détenus qui goûtent brièvement à la liberté. Sans s’arrêter sur le passé de ces trois hommes et les raisons de leur présence derrière les barreaux, Eve Duchemin préfère montrer l’instant présent, les fêlures causés par le passé. Les difficultés des trois hommes ne sont pas de même nature (problèmes psychiatriques pour l’un, liens familiaux rompus pour les deux autres) mais les trois personnages souffrent tous d’un enfermement mental que la permission n’efface pas. Au côté de Issaka Sawadogo et du jeune rappeur Jarod Cousyns, Karim Leklou domine la distribution. (Pyramide)
Dernière ReineLA DERNIERE REINE
En 1516, le corsaire Aroudj Barberousse libère la ville d’Alger du pouvoir des Espagnols, prenant ainsi le contrôle du royaume. Pourtant, il s’était allié au roi Salim Toumi, mais ce dernier décède dans des circonstances inexpliquées. Progressivement, la rumeur se répand que c’est Barberousse lui-même qui aurait assassiné le roi. L’épouse de ce dernier, la reine Zaphira, décide de lui tenir tête. C’est en lisant un livre sur l’histoire de l’Algérie, parlant notamment de la reine Zaphira, que le cinéaste Damien Ounouri a eu l’idée de ce film coréalisé avec Adila Bendimerad qui incarne aussi la reine Zaphira. A travers l’histoire et la légende de cette reine, les deux réalisateurs ont vu la possibilité de faire surgir la question de l’effacement des femmes dans l’Histoire ». Un thème d’autant plus important que Zaphira n’est pas une figure consensuelle, parfois remise en question mais d’autant plus humaine. Un film romanesque à grand spectacle avec des costumes et des décors superbes autour du portrait d’une femme qui va s’affirmer dans une époque où le pouvoir est à priori l’apanage des hommes. Le mythe et l’Histoire s’entremêlent dans cette fresque avec, en prime, un message féministe et anticolonial. (jour2fête)
A Mon Seul DésirA MON SEUL DESIR
Etudiante à Paris, Manon, lasse de sa colocation et en situation financièrement très précaire, pousse, un jour, par curiosité, la porte d’A mon seul désir, un club de striptease. Elle demande à pouvoir faire un essai et découvre un univers inconnu. Prenant le pseudonyme d’Aurore, la novice se lie d’amitié puis d’amour avec la très professionnelle et enjouée Mia (Zita Hanrot). Manon va successivement explorer une aventure sans lendemain avec le timide « Afflelou », un trio avec le gentil copain de Mia ou attirer un acteur connu dans ses filets. Après Fidelio, l’odyssée d’Alice (2014) et Chanson douce (2019), Lucie Borleteau interroge, autour de l’histoire d’une étudiante qui s’épanouit dans un univers érotique, la liberté de disposer de son corps. En s’appuyant sur l’excellente Louise Chevillotte, elle signe une comédie romantique en forme de conte baroque sur des jeux de masques qui aboutiront à une émancipation féminine… (Pyramide)
Legende Saint BuveurLA LEGENDE DU SAINT BUVEUR
Ancien mineur originaire de Silésie, Andreas Kartak vit désormais sous les ponts de Paris, une bouteille comme seul compagnon. Un jour, un riche inconnu lui remet une importante somme d’argent. Andreas s’engage à rembourser son bienfaiteur en rapportant l’argent à l’église Sainte-Marie des Batignolles. Désireux de tenir sa promesse, le marginal est toutefois tiraillé par la tentation de s’acheter à boire… Inspiré d’une nouvelle de l’Autrichien Joseph Roth, ce film de 1988 marque une véritable rupture dans l’œuvre d’Ermanno Olmi, le réalisateur italien du fameux Arbre aux sabots (1978) : première adaptation littéraire, première collaboration avec des acteurs professionnels et premier tournage loin de son Italie natale. Situé dans un Paris fantasmagorique, ce voyage initiatique d’un clochard céleste (Rutger Hauer, méconnaissable, impressionne dans ce rôle à contre-emploi) conte, sous forme de fable, l’histoire poignante d’une rédemption. Présenté pour la première fois en version restaurée et en Blu-ray, le film a obtenu le Lion d’or à la Mostra de Venise 1988. (Carlotta)
DalvaDALVA
Jolie comme un coeur, Dalva a 12 ans mais avec sa coiffure, son maquillage, ses vêtements, elle ressemble à une petite dame propre sur elle… Cette fillette est sous l’emprise incestueuse de son père, dont elle se croit amoureuse. Elle est brusquement retirée à ce père lorsque la police fait irruption dans leur maison. Les policiers arrêtent le père tandis que Dalva (la remarquable Zelda Samson) devient hystérique et se débat pour ne pas être arrachée à cet homme. Elle plonge alors dans l’incompréhension totale et dans la révolte. Elle rencontre un éducateur et une adolescente au sale caractère, grâce à qui la page semble tournée du moment où elle commence à se construire comme une fille de son âge… Pour son premier long-métrage, présenté à Cannes 2022, Emmanuelle Nicot signe une œuvre qui fonctionne comme une sourde explosion. On est constamment dans le malaise en suivant les tribulations d’une gamine élevée et transformée en femme. D’autant que ce film qui semble réalisé dans l’urgence, repose sur une écriture sèche… Une intéressante et subtile évocation de l’emprise dans le cercle familial. (Diaphana)
Donjons DragonsDONJONS ET DRAGONS – L’HONNEUR DES VOLEURS
Edgin Darvis décide de faire don de sa personne en rejoignant la guilde des Ménestrels. Ses affaires finissent par se retourner contre lui et sa famille. En effet, alors qu’il a participé à l’arrestation de plusieurs représentants des Sorciers rouges de Thay, certains d’entre eux débarquent chez lui et assassinent son épouse. Dégoûté que ses activités aient coûté la vie de sa femme, le barde décide de rompre son serment de ménestrel. Menant une vie de débauché, et incapable de veiller sur sa toute jeune fille, il fait la rencontre d’Holga, chassée de sa tribu pour s’être mariée par amour. Ensemble ils commettent des méfaits et des vols afin d’assurer leur subsistance. Ils décident de participer à un dernier grand coup, organisé par le voleur Forge et la sorcière Sofina qui l’accompagne : secrètement, Edgin espère voler l’amulette de renaissance pour ramener sa femme à la vie. Mais le casse tourne mal… Réalisé par Jonathan Goldstein et John Francis Daley, voici une une adaptation du jeu de rôle sur table du même nom, créé par Gary Gygax et Dave Arneson, et d’un reboot de la franchise cinématographique inspirée du jeu, après des films sans succès et à l’accueil plus que mitigé. L’action se déroule au nord-ouest de Féérune, au sein des Royaumes oubliés, un univers fictif créé en 1975 par Ed Greenwood pour ledit jeu. (Paramount)
Tueurs EclipseLES TUEURS DE L’ECLIPSE
Une nuit d’éclipse, trois femmes de la même localité de Californie accouchent simultanément de trois bébés en pleine forme. Baptisés Debbie, Curtis et Steven, ils se préparent à fêter leur dixième anniversaire à leur manière. Comme poussés par une force aussi puissante que maléfique, ils éliminent méthodiquement ceux qui ont le tort de leur déplaire. Entre notamment une flèche dans l’œil, une balle dans le coeur et des coups de pelle, ils s’en prennent surtout aux adultes…Sur le thème de l’enfance maléfique cher au cinéma fantastique et d’épouvante, Ed Hunt (L’invasion des soucoupes volantes en 1977 ou Plague en 1978) réalise, en 1982, son meilleur film en multipliant des scènes chocs et en mettant en scène un trio d’enfants qui suscitent l’inquiétude à leur moindre apparition à l’écran. Une agréable série B horrifique inédite en DVD et en Blu-ray. Des visages d’ange, des âmes de démon ! (Sidonis Calysta)
Cavaliers EnferLES CAVALIERS DE L’ENFER
Evadés de prison, quatre hors-la-loi arrivent de nuit dans la tranquille bourgade de Paradise, Arizona. A leur tête, l’impitoyable Crip n’hésite pas à assassiner les habitants de sang-froid afin d’instaurer la terreur, espérant ainsi se faire obéir au doigt et à l’oeil. Après quatre assassinats dont celui du shérif, les bandits prennent la fuite non sans avoir dévalisé la banque et pris en otage Helen Caldwell, une jeune femme qu’ils violent et laissent pour morte dans un coin désertique. Les notables de la ville font appel à un ex-associé de l’homme de loi décédé, le tireur d’élite Banner Cole (Audie Murphy), pour organiser une expédition punitive et récupérer la jeune femme ainsi que l’argent de la banque. Mais la cruauté inaccoutumée des hors-la-loi fait que peu sont prêts à prendre de tels risques. Banner ne trouvera qu’une poignée de citoyens pour le suivre dont un jeune employé de banque qui ne supporte pas la violence de l’Ouest, un ex-soldat, Jock une tête brûlée et Johnny, un Indien. Leur quête sera semée d’embûches. Peu en sortiront indemnes… Pour son premier film en 1961, Herbert Coleman (qui fut l’assistant de Willy Wyler ou d’Alfred Hitchcock) signe une palpitante chasse à l’homme et l’un des meilleurs westerns du légendaire Audie Murphy qui avant d’être un star à Hollywood, fut le soldat américain le plus médaillé de la Seconde Guerre mondiale. Egalement, chez le même éditeur, Les sept chemins du couchant avec également Audie Murphy. (Sidonis Calysta)
HawaiiHAWAII
Le 13 janvier 2018 au matin, une alerte au missile balistique déclenche le Emergency Alert System à Hawaï. Une bande d’amis français, venus passer des vacances sur l’île américaine du Pacifique, reçoit comme tout le monde le message d’alerte. Ils sont alors tous persuadés qu’ils vont mourir. Face à la mort, ils se disent leurs « quatre vérités » et s’avouent tous ce qu’ils n’ont jamais dit les uns sur les autres. Sébastien leur apprend finalement qu’il s’agit d’une fausse alerte. Mais le mal est fait et le reste des vacances va être très tendu… L’idée du long-métrage (tourné, pour cause de Covid, à La Réunion) est issue d’une histoire vraie. Le 13 janvier 2018 une alerte au missile nucléaire est diffusée dans l’État américain d’Hawaï, avant qu’elle ne soit rapidement démentie. Découvrant l’anecdote en lisant un journal, le co-scénariste Vincent Juliet, propose ce postulat de départ à Mélissa Drigeart. Celle-ci, qui signe ici sa troisième comédie pour le cinéma, bénéficie d’un beau casting avec Bérénice Bejo, Elodie Bouchez, Émilie Caen, Eye Haïdara, Pierre Deladonchamps, Nicolas Duvauchelle, William Lebghil ou Manu Payet… (Warner)
Out of OrderOUT OF ORDER
Un vendredi soir, à l’heure de fermeture des bureaux, quatre personnes se retrouvent bloquées dans le même ascenseur : Jörg, un publicitaire fringant ; Marion, sa ravissante collègue et ancienne maîtresse ; Gössmann, un comptable peu loquace et Pit, jeune coursier désinvolte. Comprenant rapidement que personne ne viendra à leur secours, ils décident de se libérer par leurs propres moyens. Mais l’entreprise s’avère périlleuse et des tensions surgissent bientôt au sein du groupe…En 1984, le réalisateur suisse Carl Schenkel s’empare du genre bien connu du huis clos pour réussir une œuvre explosive (en version restaurée et pour la première fois en Blu-ray) entre le thriller psychologique et le film d’action. Production allemande, Out of Order excelle à rendre palpable la sensation d’oppression et d’enfermement vécue par ses personnages incarnés notamment par Götz George et Renée Soutendijk à travers une mise en scène vertigineuse qui rajoute à l’angoisse. Avec sa métaphore de l’ascenseur en panne comme symbole d’une société en bout de course, ce film devenu culte se mue en une fable sociale sarcastique et cruelle. (Carlotta)
Tout Petit Petit MariageNOTRE TOUT PETIT PETIT MARIAGE
Max et Lou forment un couple heureux et épanouis. Pour confirmer cet amour, le couple cherche à adopter un enfant. Malheureusement pour eux, l’administration leur fait comprendre que s’ils veulent une chance réelle d’adoption, le mariage est nécessaire. Toutefois, le couple n’est pas plus désireux que cela de s’unir devant le maire. Après réflexion, ils se disent que ce n’est qu’une formalité : un petit mariage, rien qu’entre eux et leurs deux témoins, et l’affaire est entendue. Mais bientôt, familles et amis s’invitent aux festivités, et de 4, ils finissent 300. Avec Ahmed Sylla et Camille Lou en tête d’affiche, le réalisateur Frédéric Quiring (Sales gosses en 2017 ou La très très grande classe en 2022) signe une modeste comédie, reposant sur des images live prises par les personnages du film. (UGC)
AAAPrixVeriteLE PRIX DE LA VERITE
A la fin des années 1990, dans l’état d’Orissa en Inde, Manav, un journaliste indien, est chargé d’enquêter sur Graham Staines, un missionnaire australien soupçonné d’acheter la conversion des pauvres au christianisme. Manav accepte d’investiguer sur cet homme avec la promesse d’obtenir un poste important en retour. Mais il découvre une série de révélations qui vont ébranler ses préjugés. Il se retrouve face à un choix crucial : favoriser son ambition professionnelle ou faire éclater la vérité. Le film d’Aneesh Daniel s’appuie sur l’histoire vraie de Graham Staines (Stephen Baldwin), qui soignait les lépreux en Inde depuis plus de trente ans. Le 23 janvier 1999, il est brûlé vif dans sa voiture avec deux de ses jeunes enfants par des fondamentalistes hindous. Entre drame social, enquête captivante et tragédie familiale, le film observe la face sombre de l’Inde, montrant le sort des lépreux rejetés par la société, explorant le sujet des tensions religieuses entre hindouisme et christianisme. (Saje)
Alice DarlingALICE DARLING
Jolie jeune femme, Alice cache à ses deux meilleures amies des éléments à propos de son petit ami actuel. Lors d’un week-end d’anniversaire entre filles dans la campagne américaine, ces secrets sont révélés lorsqu’une fille du coin est portée disparue et que son petit ami arrive sans prévenir. Mary Nighy, fille de l’acteur anglais Bill Nighy, signe un thriller bien interprété, notamment par Anna Kendrick (vue dans la saga Twilight), qui observe la relation toxique entre Alice et Simon, son compagnon, un pervers narcissique qui la dévalorise sans discontinuer… (Metropolitan)

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