Une experte en rapports humains

En sortant de voir Tu veux ou tu veux pas, j’avais une antique chanson de Bobby Lapointe qui me trottait dans l’oreille… Le joyeux drille affirmait: « Elle a l’oeil vif, la fesse fraîche et le sein arrogant… », précisant: « Et même si c’est l’automne, je m’écrie en la voyant: Tiens, voilà l’printemps. » La coquine se nommait Marcelle et c’est toute la différence avec la Judith imaginée par Tonie Marshall…

Voilà un bout de temps que Tonie Marshall avait disparu des écrans radar. Son dernier film, assez oubliable (Passe-passe), date déjà de 2008 alors que son film le plus connu, Venus Beauté (Institut), remonte à 1999. Avec Tu veux ou tu veux pas, la réalisatrice renoue avec une comédie légère qui prend en compte l’air du temps puisqu’il y est beaucoup question de sexe. Et, pour que la chose soit piquante, de sexe qui, ici, se refuse longtemps.

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Sophie Marceau et Patrick Bruel, version addicts. DR

Judith Chabrier a travaillé dans l’import-export à travers le monde et elle n’a pas hésité à payer de sa personne pour faire aboutir ses affaires. Mais, ce n’est pas à son corps défendant que la belle a sacrifié à Venus. Non, la pétulante Judith aime la gaudriole. S’il fallait trouver une définition, elle serait tout bonnement nymphomane. Mais voilà que Judith se retrouve sur le carreau. De retour à Paris, elle pose ses valises chez un vieil oncle bourru et se met à la recherche d’un emploi. Et la voilà, passant un entretien pour un poste de thérapeute conjugale en duo avec le charmant Lambert Levallois. Las, Judith ne peut s’en empêcher. Elle fait immédiatement un solide rentre-dedans à Lambert. Sans savoir que celui-ci, immense coureur devant l’éternel, est désormais abstinent depuis précisément  dix mois, trois semaines et deux jours…

On peut dès lors imaginer les péripéties promises dans une comédie qui s’amuse d’abord dans le registre affriolant avec une Judith toujours prête à tomber les voiles, à s’étirer lascivement sur le premier canapé venu ou à glisser, l’oeil allumé, à un Lambert qui lui fait observer qu’elle a un bas qui file: « C’est pour vous montrer le chemin! » Et puis le scénario choisit, à mi-parcours, une voie plus conventionnelle, celle de la comédie romantique. Ce n’est pas trahir l’intrigue que de dire que Judith et Lambert fileront in fine le parfait amour.

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Patrick Bruel et Sophie Marceau, version thérapeutes du couple. DR

Tu veux ou tu veux pas (titre d’une chanson fameuse de Marcel Zanini qui défile sur un joli générique vintage) fonctionne sur des dialogues enlevés (le « Travailler plus pour baiser moins » sonne de manière très contemporaine) et bien entendu sur des comédiens qui tiennent avec aisance le rythme de la comédie. Du côté des seconds rôles, on voit passer Sylvie Vartan, en mère de Lambert et femme taraudée par le démon de midi et quart, Philippe Lellouche en ami-hockeyeur-dragueur, Jean-Pierre Marielle délicieux dans son propre rôle ou encore l’ami André Wilms, savoureux en oncle (?) parfumeur de Judith qui cache sans doute un gros secret de famille. Et puis, en bonne fille, Tonie Marshall fait aussi un clin d’oeil à sa maman Micheline Presle.

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André Wilms. DR

Et puis il y a Patrick Bruel, séducteur de ces dames, qui se régale d’un personnage de sex addict repenti. Il lutte de toutes ses forces contre une Judith dévorante et lorsque, poussé dans ses retranchements, il craque, c’est pour, dit-il, un petit coup vite fait, debout contre le chambranle. Evidemment, Lambert choisira de garder Judith, une experte des rapports humains, à ses côtés pour écouter ses désopilants patients aux prises avec fantasmes, blocages, complexes, traumatismes et autres tabous.

Enfin, voici Sophie Marceau, tout en haut de son talent de star française. Si l’on excepte Arrêtez-moi de Jean-Paul Lilienfeld où elle incarne une femme battue et meurtière, les années 2010 de Sophie Marceau auront été, jusque là, placées sous le signe de la comédie. Avec Tu veux ou tu veux pas, la comédienne chouchou des Français poursuit donc dans cette voie. Allègrement même puisque, comme on disait dans les années 1900, sa Judith est une vraie friponne. En tenues moulantes, Sophie Marceau, 47 ans, est, elle, une vraie bombe érotique.

Le thème de l’addiction au sexe a été, naguère, traité de manière très noire et violente par Steve McQueen dans Shame. Tonie Marshall choisit un ton infiniment plus léger pour un pur divertissement. Tout cela ne prête évidemment pas à conséquence. Sinon qu’on sort de Tu veux ou tu veux pas, encore plus addict à Sophie Marceau qu’on ne l’était en entrant dans la salle…

TU VEUX OU TU VEUX PAS Comédie (France – 1h22) de Tonie Marshall avec Sophie Marceau, Patrick Bruel, André Wilms, Sylvie Vartan, François Morel, Philippe Lellouche, Jean-Pierre Marrielle, Patrick Braoudé. Dans les salles le 1er octobre.

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